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Discours prononcé par
Jean-François CORDET,
Préfet de la région Picardie,
Préfet de la Somme
à l’occasion du départ de
Thomas LAVIELLE,
Sous-Préfet, Directeur de Cabinet
du Préfet de la région Picardie
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Hôtel préfectoral - Amiens
le vendredi 4 avril 2014
Chers collègues du corps préfectoral,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le Recteur,
Mon général,
Messieurs les chefs de service de l’Etat en région et en département,
Mes colonels,
Mesdames et messieurs les élus,
Et vous toutes et tous en vos grades, titres et qualités,
Monsieur le directeur de cabinet,
Mon cher Thomas,
Le service de l’Etat a parfois de grandes exigences et vous avez pu le mesurer
pendant votre séjour en
Picardie. Il y a des personnalités qui sont formatées pour cela. Vous êtes une de celles-là ! S’il y a un Etat, c’est
qu’il y a une communauté d’hommes et de femmes organisés, s’il y a un Etat républicain, c’est parce que ces
mêmes hommes et femmes ont fait un choix de vivre ensemble dans une société démocratique, dont les valeurs
sont garanties par l’Etat et ses institutions. Alors, point d’appréhension, point de craintes pour la mise en œuvre
d’un processus de décentralisation accrue, point d’interrogations non plus pour la place de l’Etat, car s’il y a
décentralisation aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il y a un Etat central définissant les grandes orientations et
garantissant les grands principes de la République : La liberté, l’égalité et la fraternité.
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Cela vous l’avez vécu dans votre quotidien au cours des 22 mois passés en Préfecture de région Picardie et
Préfecture du département de la Somme.
Aucune des facettes de la vie démocratique de notre pays ne vous aura été étrangère.
Le directeur de cabinet du Préfet est en effet avant tout l’homme du quotidien, c’est à dire l’homme de
l’événement. Et, l’événement vous l’avez eu. Evènements de toutes sortes, à peine le pied posé sur le sol
picard : dans le domaine de la sécurité, de la gestion des crises, du fonctionnement des pouvoirs publics ou de la
communication, indispensable aujourd’hui à nos concitoyens.
Arrivé en préfecture le 2 juillet 2012, vous avez à peine le temps d’envoyer votre préfet du moment en
vacances, d’installer votre collègue secrétaire général dans ses fonctions que vous êtes saisi par le
déclenchement des émeutes urbaines d’Amiens Nord. Le mois d’août est formateur : gestion de l’ordre public
avec le directeur départemental de la sécurité publique, nomination d’un nouveau préfet et fonctionnement de la
préfecture avec un secrétaire général découvrant comme vous le beau et calme département de la Somme.
Cet épisode aurait pu, après tout être le seul de votre séjour, mais dans les curiosités évènementielles, vous vous
êtes trouvé également confronté à l’originalité de la gestion de la sécurité de la ferme des 1000 vaches (l’aviezvous imaginé ?), à celle de l’organisation d’un congrès national : celui des sapeurs pompiers en présence de
l’actuel Premier Ministre, alors Ministre de l’Intérieur, et enfin à un épisode neigeux généralisé en mars 2013.
Sur ce dernier point, je dois dire que j’ai perçu vos grandes capacités d’anticipation de l’événement, qualité
extrêmement rare ! En effet, 48 heures avant l’arrivée des neiges bloquantes, paralysantes parfois étouffantes,
vous aviez su rejoindre l’Ile de beauté, sans doute d’ailleurs pour un transfert d’expérience climatique….
Echappant aux deux premières nuits et journées de crise, n’écoutant que votre courage, vous nous rejoignez (en
tenue d’été) pour clore ce terrible épisode neigeux encore dans la mémoire collective.
Je me suis alors demandé si la neige avait cessé de tomber parce que vous nous reveniez….
Trêve momentanée de plaisanterie, vous avez avec une vigilance extrême et permanente
géré les nombreux
dossiers d’ordre public rencontrés, en lien avec le DDSP et le Colonel commandant le groupement de la
gendarmerie nationale, toujours dans le calme, la précision, l’efficacité et la réflexion.
Et puis, il a fallu vous habituer aux visites ministérielles : une trentaine durant votre séjour !
C’est dire le nombre de visites de reconnaissance que le directeur de cabinet a menées tambour battant. Le
nombre de versions de déroulés de visites, de liens à tisser et de sens diplomatique que requiert cette activité.
Sans compter les visites de reconnaissance pour des visites ministérielles qui n’auront pas lieu ! Parmi ces
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visites comment ne pas indiquer le nombre de visites de notre nouveau Premier Ministre, en qualité de
ministre de l’Intérieur : au lendemain des violences urbaines d’août 2013, au congrès national des sapeurs
pompiers, lors de l’installation de la Zone de Sécurité Prioritaire et bien des fois encore …
- les dossiers classiques du directeur de cabinet ne vous ont pas manqué non plus :
Multiples dossiers de police administrative où votre esprit imaginatif a pu se déployer, mettant à ma
signature des arrêtés préfectoraux portant interdiction de port et transport de paintballs, de vente d’acide
chlorydrique aux mineurs, pour ne citer que quelques exemples…
Dans le domaine de la sécurité civile, vous vous êtes épanoui : élaboration du PPI de la zone industrielle
d’Amiens Nord, plan fondamental devant permettre d’anticiper un accident potentiel au sein des 6 sites
SEVESO seuil haut de l’espace industriel Nord d’Amiens.
Vous n’avez pas ménagé vos efforts non plus dans l’organisation de 6 exercices de simulation
de crise de
grande ampleur : je ne citerai que l’exercice de récupération des comprimés d’iode périmés en juin 2013 sur tout
le département et l’exercice de submersion marine à Fort-Mahon en novembre 2013…Cela suffit à la
diversité…
Je ne voudrais pas oublier dans le domaine de la gestion des crises, l’ardeur que vous avez mise à rénover « un
centre opérationnel départemental » désuet pour le mettre aux normes performantes de notre époque
équipé
d’un mur d’image et de communications simultanées.
- La sécurité routière ne vous a pas échappé et vous y avez passé beaucoup de temps aux côtés des différents
acteurs. Vous avez piloté la mise en place du printemps de la sécurité routière, créé de nouveaux outils de
communication, de sensibilisation et piloté l’organisation des assises régionales de la sécurité routière.
Vous n’êtes donc pas totalement étranger aux excellents résultats de l’année 2013, année de référence dans
notre histoire récente, 2014 semblant hélas plus mal partie.
Il me faut aussi souligner une compétence rare, et acquise presque toute entière dans ce département,
celle de la chasse !
Il est vrai que vous avez pu vous appuyer sur les conseils avisés d’un parrain connaisseur : Bernard
FLORIN, sous-préfet de Montdidier, mon Sous-Préfet Chasse, comme je le nomme, qui a guidé vos
premiers pas avec une bienveillante autorité. D’autres, très qualifiés s’y sont ajoutés ensuite mais j’y
reviendrai.
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Enfin rien ne vous aura été épargné sur les autres facettes du métier de directeur du cabinet : gens du
voyage et grands passages d’été, sécurité économique, organisation des élections avec votre collègue
secrétaire général, avec cet exercice incontournable des prévisions que nous devons fournir au
Gouvernement et pour lequel on connaît notre singulière capacité à ne pas donner les résultats attendus…
Enfin, je n’aurais garde d’oublier les nombreuses audiences accordées, une cinquantaine avec des sujets
reflétant la vie de notre société : les sans papiers, les infirmières mécontentes, les motards en colère, les
représentations syndicales ainsi que de nombreux élus de notre département.
J’avais en introduction parlé de votre travail en communication, élément fondamental de l’explication de
l’action publique dans notre société : ce ne sont pas moins de 523 communiqués de presse que vous m’avez
soumis ! (enfin plus ou moins…).
En égrenant cette liste à la Prévert pour rendre hommage à l’action de mon directeur de cabinet, à votre
action Thomas, je rends bien sûr aussi hommage à l’action de tous vos collaborateurs, à toute cette équipe
que vous avez dirigé avec clairvoyance et subtilité.
Mais je ne voudrais pas ne pas revenir sur deux dossiers importants où vous m’avez apporté tout votre
concours : la ZSP et le conflit Goodyear.
Nous avons été parmi les tout premiers à mettre en œuvre la ZSP. Il a fallu inventer, organiser et réaliser.
Beaucoup de ce qui existe aujourd’hui au niveau national résulte de l’expérience amiénoise. Vous avez été
un artisan essentiel, et je ne boude pas mon plaisir en rappelant aujourd’hui les excellents résultats
obtenus : - 45 % de violences urbaines, forte baisse des cambriolages et calme revenu sur le quartier.
Que de chemin parcouru depuis les terribles violences urbaines d’août 2012, un mois éprouvant pour vous,
où il avait fallu faire face, tout en montant en quelques heures la première visite de M. VALLS. Que de
progrès réalisés : Maire d’Amiens, Procureur de la République, DDSP, grâce à notre travail collectif,
l’image du quartier a pu être redressée une fois le calme revenu. La population a retrouvé confiance en ses
institutions, et ceux qui me disaient alors que ces zones étaient de non droit et que la police ne pourrait y
revenir, voient aujourd’hui les patrouilleurs circuler dans le calme au sein du quartier et appréciés des
habitants. Merci, THOMAS de votre implication personnelle, de votre persévérance et de votre travail de
grande qualité sur tous les dossiers de sécurité intérieure dont celui particulier de la ZSP.
Nous le savons tous, sans sécurité, pas de liberté et c’est un principe de la République qui tombe !
Dans le département, la sécurité s’est accrue tout au long de l’année 2013, l’insécurité a fortement reculé et
j’en remercie à vos côtés les forces de police et de gendarmerie.
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Le conflit Goodyear : dans ce dossier difficile, il fallait éviter tous risques d’affrontements et le
gérer à vue, avec pragmatisme. Il fallait mobiliser élus, services de l’Etat dont la sécurité publique et la
DIRECCTE. J’ai pu évaluer et apprécier pendant toute cette période de crise votre solidité, votre sang froid
et votre sens des situations….. jusqu’aux dernières nuits de négociation à la demande du Premier Ministre
pour parvenir à la médiation de fin de conflit, j’ai pu compter sur vous.
Cher Thomas,
l’actualité fut dense, le travail n’a pas manqué. Le Préfet que je suis, avec sa petite expérience, a pu
apprécier votre puissance de travail, votre loyauté sans faille, votre rigueur, vos analyses, votre réactivité,
votre sens du dialogue et votre pragmatisme.
Il me faut aussi souligner, quels que soient les instants votre courtoisie vissée au corps, un sens profond de
la pédagogie, une idée limpide de la République et un incontestable sens de l’Etat.
Vous aurez été pour moi un collaborateur de très grande valeur (vous étiez mon 10ème directeur de cabinet)
sur qui j’ai pu m’appuyer, presque 24 h/24 et 7 j/7 . Une disponibilité de chaque instant ! C’est bien le sens
de notre métier ! Peu le comprennent encore aujourd’hui.
Cher Thomas, je vous remercie aujourd’hui publiquement de cet engagement permanent au service de
l’Etat.
Vos collègues, les chefs de service, vos collaborateurs du cabinet, les secrétariats, les personnels de la
résidence, et au-delà tous les agents de la préfecture qui ont travaillé avec vous, s’associent à ces
remerciements.
Comme le font également les élus ou les autorités judiciaires que vous avez côtoyés, comme le font aussi les
responsables associatifs (je pense notamment à notre ami Lucien Marcianno) ou socio-professionnels, les
journalistes, nos amis du monde cynégétique, ainsi que tous les partenaires avec lesquels vous avez œuvré
pendant ces vingt-deux mois.
Je sais qu’il vous est arrivé quelques aventures : lors du match de foot ACA-AMIENS contre PSG en
novembre 2013 vous étiez présent auprès du DDSP pour la sécurité. Tout se passe bien et vous rentrez chez
vous en vous arrêtant à une station service pour faire de l’essence. C’est alors que quelques jeunes vous
prennent à partie ! Ils n’avaient pas reconnu Thomas LAVIELLE !
Je ne résiste pas non plus à conter une seconde aventure : la visite du ministre ARIF a la nécropole française
de Rancourt fut quelque peu épique : le ministre ayant souhaité subitement bousculer le programme et le
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circuit de la visite, mon directeur de cabinet appuyé par le colonel, s’est livré à un épisode périlleux de
guide touristique, usant habilement de son Iphone ! Il est vrai que je ne l’ai jamais vu s’en séparer…
Dernière indiscrétion, votre passage dans la Somme vous aura permis d’étoffer votre brillant parcours
universitaire (Hypokhâgne au lycée Henri IV, Sciences Po Paris puis ENA promotion « Jean-Jacques
Rousseau ») avec l’obtention de l’examen du permis de chasser avec la note, excusez du peu, de 31 sur 31.
La chasse n’a donc plus de secret pour vous !
Et ceux qui vous ont guidé dans cette aventure, dissimulés, à l’affût dans cette salle ont pu apprécier vos
talents.
Le temps est maintenant venu de vous dire au revoir. Lundi 7 avril vous serez directeur adjoint du cabinet
du Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur. La encore, pour vos débuts vous choisissez une période
riche en évènements, un nouveau Gouvernement, un nouveau Ministre de l’Intérieur, de nouvelles équipes !
L’on se demande parfois quelle est votre part dans l’organisation de nouvelles conjonctures…
Je vous souhaite bon vent dans ces belles responsabilités que vous méritez et dont je suis fier pour vous.
Je souhaite que ce nouveau monde professionnel que je connais un peu ne vous change pas. C’est tel que
vous êtes, que nous nous sommes attachés à Thomas LAVIELLE ;
Je sais que vous conserverez ces qualités mises au service de nos concitoyens.
Merci Thomas.