Film américain – 2005 – 2h04 – Drame réalisé par Niki Caro. Avec
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Film américain – 2005 – 2h04 – Drame réalisé par Niki Caro. Avec
Régie du secteur socioculturel Activité cinéma Loriol sur Drôme N°22 - JANVIER / FEVRIER 2009 Dans le cadre de la journée de la femme et en partenariat avec l’association K’Barré, la régie du secteur socioculturel organise une soirée ciné thème vendredi 6 mars à partir de 19h30 avec en première partie une intervention de Josiane Berruyer, présidente du CIDFF (Centre d Information sur les Droits des Femmes et des Familles) de la Drôme. Cette intervention comprendra deux parties, l’une sur l’histoire des femmes et de leurs luttes pour l’égalité des droits, l’autre sur les femmes et le monde du travail. Du reste le film retenu dans le cadre de cette soirée, l’affaire Josey Aimes, évoque les difficultés d’une femme dans un métier traditionnellement réservé aux hommes... Comme à l’accoutumée la régie propose de développer dans le journal du cinéma un thème en rapport avec la programmation du moment ou telle ou telle manifestation. Aussi il peut être instructif de présenter le féminisme, ses caractéristiques et son évolution dans le temps. Film américain – 2005 – 2h04 – Drame réalisé par Niki Caro. Avec Charlize Theron, Frances McDormand, Sissy Spacek. Divorcée, mère de deux jeunes enfants, Josey Aimes a regagné sa bourgade natale du Minnesota à la recherche d'un emploi. Un seul débouché s'offre à elle : la mine. La mine est un fief masculin, où les rares femmes s'exposent à l'hostilité d'un certain nombre de mineurs qui jugent qu'elles n'y ont pas leur place... I - Le féminisme Séances Définition Le féminisme est un ensemble d'idées politiques qui cherchent à promouvoir les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile. Il entend également construire de nouveaux rapports sociaux et développer des outils propres à la défense des droits des femmes et de leurs acquis. Cette définition ne saurait évidemment épuiser le sujet, comme tout texte il est nécessaire de le replacer dans son contexte pour mieux en saisir le sens, sens étant à prendre ici dans sa double acception, signification et orientation. Né au XVIII° siècle, le féminisme est soutenu principalement par des femmes parfois par des hommes. Les féministes cherchent à faire progresser les femmes dans leur environnement politique et socioéconomique mais aussi dans la perception qu'elles ont d'elles-mêmes. Les origines du féminisme Historiquement dans les sociétés pré-modernes, la femme a été généralement exclue de nombreuses sphères qui lui sont aujourd'hui accessibles (politique, etc.). Dans la Grèce antique, bien que libres, les femmes ne prennent pas part aux affaires de la cité. Bien plus tard L’affaire Josey Aimes Vendredi 6 mars 19h30 Dimanche 8 mars 16h30 encore elles ne pourront voter car le droit de vote est lié au paiement de l'impôt. Leur rôle s’est souvent limité à la sphère domestique, le travail incombant aux hommes. Mais il s’agit là plus d’un modèle que d’une réalité car, dans les faits, le travail des femmes est indispensable à la survie de la famille. Toutefois les femmes restent mineures : après avoir été à la charge de leurs parents, elles sont à celle de leurs époux. Le patriarcat implique la subordination des femmes à l’homme détenteur de l’autorité au sein de la famille (pater familias). La perpétuation de cette autorité qui passe notamment par la transmission du patronyme impliquerait l'oppression d'un sexe sur l'autre et l’exploitation d’une classe par une autre. Selon cette approche marxisante, le patriarcat est un système sexiste fondé sur la division sexuée du travail (ségrégation horizontale et verticale du marché du travail, sous emploi féminin, etc.) et un système de classes, les NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE hommes bénéficiant du travail gratuit des femmes. Mais cette analyse n’est pas exempte de critiques. En effet, on distingue le sexe et le genre (selon Simone de Beauvoir, la construction des individualités impose des rôles différents, selon le genre, aux personnes des deux sexes ; cf. infra), en faisant comme si le genre, qui est un e modalité des relations sociales, était un attribut de la personne, pour accréditer l’idée que l’identité sexuée ne s’acquière que socialement. En abolissant le plus possible les rôles sociaux masculins-féminins, on pose l’égalité comme similitude et la hiérarchie comme synonyme d’exclusion. Or la hiérarchie est d’abord inclusion et englobement du contraire, les travaux de Louis Dumont en témoignent (Homo hierarchicus. Essai sur le système des castes, 1971). Il a donné une dimension théorique à la notion de relation hiérarchique à partie d’études sur les systèmes de caste en Inde. La relation hiérarchique manifeste selon lui une transcendance au cœur de la vie sociale, le caractère extérieur de ce qui fonde une société. D'un point de vue structuraliste (cf. les travaux de Lévi Strauss), le monde social serait organisé selon un principe hiérarchique et les relations d'opposition (droite/gauche, Adam/Ève, Pape/Roi) seraient à penser sur un mode hiérarchique : les deux termes de l’opposition n’étant pas égaux, l'un englobe l’autre et lui est supérieur. L'un des termes est tout et partie. Ainsi Ève née d’une côte surnuméraire d'Adam constitue une altérité inférieure. On peut traduire logiquement cette relation comme suit : [Adam / [Adam/ Eve]] soit [totalité / parties]… Toutefois si un large consensus existait par le passé sur ce système, son inadéquation avec les mœurs et l'évolution de la société est devenu manifeste, le féminisme contribuant pour sa part à la réalisation inconditionnelle et universelle des droits des femmes… II - La marche vers l’égalité des droits Les féministes considèrent que les religions abrahamiques (pour la plupart monothéistes) sont défavorables aux femmes. En s'attaquant à ces systèmes religieux, elles visent les positions conservatrices de la société – traditionnelle - en général. Pourtant les femmes ont souvent été des personnages clefs dans l'histoire des religions (voir l’importance du culte marial chez les catholiques) lesquelles ont participé parfois à leur émancipation. À Rome, sous le pape Innocent IX (1519 -1591), hommes et femmes de plus de 14 ans eurent le droit de vote… La Révolution française : les femmes entrent en scène… Le terme « féminisme », longtemps attribué à tort à Fourier, ne date en réalité que de 1874. Mais c'est au cours de la révolution française que naît le mouvement de revendication sociale et politique qu'il désigne, de nombreuses femmes prenant part alors aux actions et aux débats révolutionnaires. Malgré les contributions féminines à la rédaction des cahiers de doléances et le rôle que jouent les femmes du peuple parisien dans les évènements de 1789, elles n'obtiennent pas le droit de vote. Elles n'en continuent pas moins à investir l'espace public. Théroigne de Méricourt et Olympe de Gouges figurent parmi les personnalités féminines notoires de l’époque. La première appelle le peuple à prendre les armes et participe à la prise de la Bastille, la seconde, publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Dans cette déclaration, elle affirme l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes, ainsi elle écrit : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. ». Olympe de Gouges milite pour l’instauration du divorce, le seul droit conféré aux femmes par la Révolution, pour la suppression du mariage religieux et son remplacement par une sorte de contrat civil signé entre concubins, pour un système de protection maternelle et infantile, pour la création de maternités, d’ateliers nationaux pour les chômeurs et de foyers pour mendiants… Révolution et répression Mais en s’opposant à Marat et en soupçonnant Robespierre d’aspirer à la dictature, les jours d’Olympe de Gouges sont comptés. Elle est arrêtée. Après un procès sommaire, le tribunal révolutionnaire la condamne à la peine de mort. Le procureur de la Commune de Paris, Pierre-Gaspard Chaumette, applaudissant à l’exécution de plusieurs femmes et fustigeant leur mémoire, évoque cette « virago, la femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes [...] Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois. Et vous voudriez les imiter ? Non ! Vous sentirez que vous ne serez vraiment intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes. »… En 1793 se développe à Paris un militantisme féminin, porté par des femmes du peuple parisien proches des sans-culottes. Les Marie-Olympe de Gouges (17481793) est l’auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs. femmes du Club des citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline Léon, occupent les tribunes publiques de la Constituante et apostrophent les députés. Leurs appels véhéments à la Terreur, à l'égalité et les autres manifestations spectaculaires des « enragées » allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui nourrira longtemps les réticences du pouvoir masculin. Cependant, plus que les excès d'une violence largement partagée à l'époque, ce sont d'abord les réticences des hommes au pouvoir qui excluent ces femmes de la sphère politique. La plupart des députés partagent les conceptions de Rousseau d'un idéal féminin restreint au rôle de mères et d'épouses, rares étant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes. Le féminisme au XIXe siècle En France, un féminisme militant va se développer à nouveau dans les milieux socialistes de la génération romantique, en particulier chez les saint-simoniens de la capitale. Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majorité de la population, le combat des femmes rejoint celui des premiers défenseurs des ouvriers et des prolétaires, mais elles se mobilisent aussi contre le statut civil de la femme, soumise en matière juridique et financière à son mari et pour le rétablissement du divorce interdit par la Restauration (1816). La Révolution de 1848 permet au féminisme de s'exprimer publiquement à travers des associations actives… Le Second empire permet des avancées dans le domaine de l'éducation des femmes. comme l'obtention du baccalauréat par JulieVictoire Daubié (à Lyon en 1861), l'inscription en faculté de médecine de Madeleine Brès, la création d'écoles professionnelles par Elisa Lemonnier, la prise en charge des enfants en salle d'asile par du personnel formé… récalcitrantes… Afin de mettre fin à l’indignation de l'opinion publique, le gouvernement britannique promulgue Temporary Discharge for Ill Health Act 1913), appelé le Cat and Mouse Act par les journalistes de l’époque. Cette loi qui permet de mettre fin à l'alimentation forcée des suffragettes incarcérées en les libérant quand leur état de santé s’avère critique ne résout rien. Contestée par l'opinion publique, cette loi va même affecté la popularité du gouvernement de Herbert Asquith au profit du Parti travailliste… La Première Guerre mondiale modifie la donne. En effet les femmes vont devoir occuper des emplois traditionnellement réservés aux hommes compte tenu de la pénurie de main-d'œuvre masculine. Dès lors les mentalités évoluent. En 1918, le Parlement britannique vote une loi, the Representation of the People Act 1918, qui accorde le droit de vote aux femmes de plus de 30 ans (contre 21 ans pour les hommes) propriétaires terriennes ou locataires ayant un loyer annuel supérieur à 5 livres. Finalement, en 1928 le statut d’électeur est le même pour tous. Le Royaume-Uni est le huitième pays à III - Les suffragettes et le féminisme dans les années 60 Les suffragettes et la première guerre mondiale Le mouvement féministe se développe peu à peu au Royaume-Uni puis aux États-Unis. En 1897, Millicent Fawcett fonde l'Union nationale pour le suffrage féminin (National Union of Women's Suffrage). Espérant obtenir le droit de vote pour les femmes par des moyens pacifiques, Fawcett place sa revendication sur le terrain de la dialectique : les femmes qui doivent obéir aux lois devraient avoir le droit de participer à leur élaboration… Le mouvement féministe prend une forme plus militante au début du XXe siècle notamment au Royaume-Uni. Ses membres revendiquent l'élargissement du droit de vote aux femmes, d’où leur surnom, les suffragettes. En 1903, avec l'Union sociale et politique féminine (Women's Social and Political Union, WSPU) de Emeline Pankhurst, une bataille plus violente commence pour obtenir l'égalité entre hommes et femmes. Les suffragettes de la WSPU recourent au vandalisme (bris de vitres, incendies volontaires, outrages à agent) et sont régulièrement emprisonnées. Elles s’insurgent contre les méthodes du gouvernement par des grèves de la faim qui obligent les autorités carcérales à les libérer. Les arrestations devenant inefficaces, le gouvernement ordonne l'alimentation par sonde nasales des Suffrage parade, New York City, 6 mai 1912 . Suffragettes brandissant à New York des pancartes demandant au Président Wilson de favoriser le vote des femmes, en 1916, en pleine Première Guerre mondiale. avoir donné le droit de vote aux femmes (En France, les femmes ne pourront voter qu'en 1944, à la fin de la Seconde Guerre mondiale). Le féminisme des années 60 à nos jours… À partir des années 1960, aux États-Unis, l'égalité des droits progresse. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis. Mais c'est à partir des années 1970, avec la contestation sociale née dans l'université de Berkeley en Californie, que les revendications féministes se structurent en véritables mouvements tels que le Women's Lib. En France, le MLF (Mouvement de libération des femmes) est né de plusieurs courants, les uns réformistes, les autres radicaux. Il est à la fois héritier du mouvement de mai 1968 et du Women's Lib américain, des luttes pour le droit à la contraception et à l'avortement amorcées par le planning familial, des revendications à l'égalité de tous les droits, moraux, sexuels, juridiques, économiques, symboliques, et de la lutte contre toutes les formes d'oppression et de misogynie. La première sortie médiatique du Mouvement a lieu le 26 août 1970, quand un groupe d'une dizaine de femmes déposent sous l’Arc de Triomphe, à Paris, une gerbe à la femme du soldat inconnu. Sur les banderoles, on peut lire : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme ». Monique Wittig porte une banderole dont le slogan marquera les esprits, « un homme sur deux est une femme » ! Le MLF n’est pas un mouvement mono bloque. Trois tendances se distinguent en son sein. La première tente d’associer l’analyse marxiste et la revendication féministe. La deuxième tendance, féministe, se subdivise entre féministes radicales et féministes réformistes. Pour les plus radicales comme Monique Wittig, il s’agit d’accéder au lesbianisme, le « genre » (le queer) prévalant sur le « sexe ». L’orientation réformiste s’incarne dans la Ligue du droit des femmes, présidée par Simone de Beauvoir et dans plusieurs collectifs d’aide aux femmes (tels que SOS Femmes violées). Enfin, la tendance « Psychanalyse et Politique », incarnée par Antoinette Fouque, propose une articulation de l'inconscient et de l'histoire. Elle veut « faire émerger le sujet femme » et concevoir une autre libido, la libido utérine, au contraire de la libido « phallique » consubstantielle au dogme freudien. Depuis 2003, le mouvement français Ni putes ni soumises (NPNS) a repris le flambeau du MLF. Médiatisées, ces filles, surtout originaires de banlieues, ont fait plus largement connaître des problèmes comme les mariages forcés, les viols, l'excision. Toutefois ce mouvement produit un discours qui stigmatise les banlieues et leurs habitants. Très vite, le voile focalise l’attention notamment après le 11 septembre, les médias et Fadela Amara dénonçant l’islam radical puis pêle-mêle les violes, les comportements archaïques des jeunes (hommes) issus de l’immigration, etc. NPNS épaule désormais le gouvernement dans sa volonté de ramener l’ordre dans les territoires « « perdus » de la République. Ainsi NPNS, surfant sur les thèmes de la laïcité, de l’intégration et de l’islamisation, sont d’autant plus entendues par l’élite parisienne qu’elles sont parfois marginales au sein des populations qu’elles sont censées représenter (ces populations réclamant surtout une société plus égalitaire)... Ici la stratégie politique semble l’emporter sur les réalités du terrain, au final on est bien loin du féminisme des origines et de sa lutte pour l’obtention du droit de vote... Désormais les femmes votent dans le monde occidental dont la plupart des parlements ont voté des lois sur le divorce, la légalisation de la contraception et de l'avortement. Ces droits ne sont pas effectifs dans tous les pays y compris en Occident, les situations étant très variables d'un pays voire d'une région à l’autre. Des études conduites dans le cadre de la Conférence de Pékin, 1995 sur la condition féminine dans le monde, en témoignent. Synthèse réalisée par Olivier VENET Directeur de la régie du secteur socioculturel Tarif plein : 6 euros - Tarif réduit : 5 euros Antoinette Fouque, psychanalyste et politologue, est une des grandes figures de la lutte pour l'émancipation des femmes... Programme disponible sur camerapress, cinefil.com, allocine.fr & loriol.com Info. / horaires : 08 92 68 07 46 (0,34 € / mn)