cinébauges 126 - Les Amis des Bauges

Transcription

cinébauges 126 - Les Amis des Bauges
CINEBAUGES
126
Des nouvelles
Mardi 31 mai
Au Châtelard
A 20h30
QUAND
ON A 17 ANS
ANDRE TECHINE
Durée 116 mn
Avec Sandrine Kiberlain (Marianne) ,
Kacey Mottet Klein (Damien) , Corentin
Fila (Thomas) ...
Dans un lycée de montagne, Thomas,
un enfant adopté, se montre violent
avec Damien, le fils d'un militaire et de
Marianne, médecin. Une attitude que
personne ne comprend. Un jour,
Thomas appelle Marianne pour qu'elle
ausculte sa mère, malade depuis un
moment. Le médecin découvre que
cette dernière est enceinte. Un miracle
alors qu'elle a accumulé les fausses
couches. Pour soulager la future maman
et pour que le climat s'apaise entre les
deux
adolescents,
elle
propose
d'héberger Thomas, qui habite loin du
lycée. Entretemps, Nathan, le père de
Damien, revient enfin à la maison après
des mois passés en mission.
Un croche-pied, et le bon élève qui vient
de briller face à ses camarades de
terminale s'étale de tout son long entre
les tables au moment de regagner sa
place... André Téchiné avait envisagé,
un temps, de porter à l'écran le livre
d'Edouard Louis, En finir avec Eddy
Bellegueule. Son nouveau film témoigne
de cette tentation sans suite. Violence
et harcèlement en milieu scolaire, honte
sociale et désirs troubles scandent
l'histoire de Damien, le fils à maman,
petit-bourgeois blanc, et de Tom le
métis, enfant adoptif de fermiers
montagnards.
Damien, qui arbore une boucle d'oreille,
est du genre qu'on appelle en dernier
pour former une équipe de sport
collectif. Il cherche à s'endurcir en
apprenant la lutte chez un voisin
retraité, militaire comme l'est aussi son
père, toujours en mission au loin. Ces
figures martiales contrastent avec le
penchant du garçon pour la cuisine.
Quand on a 17 ans, on s'interroge sur
son identité et sa sexualité. En ce sens,
le film porte aussi la griffe de sa
coscénariste, Céline Sciamma, auteur de
Naissance des pieuvres, Tomboy et
Bande de filles, experte de la confusion
adolescente et de la quête de soi.
Au-delà de ces cousinages, nous
sommes bien chez Téchiné, de la
première à la dernière image. C'est bien
son mélange de romanesque et de
sensualisme. La délicatesse de son
regard sur la brutalité des gestes ou des
événements. Le film raconte, en trois
trimestres, les parcours de ces deux
lycéens qui se frappent sans trop savoir
pourquoi, du moins au début. Si
l'homosexualité de Damien se précise
peu à peu, Tom reste opaque, y compris
pour lui-même. Fruste et solitaire, il
s'inflige autant de violence qu'il en
manifeste à l'égard de Damien.
Quand les deux élèves ennemis doivent
cohabiter quelque temps, à l'initiative
de la mère de Damien (et chez elle), on
retrouve un triangle clé de l'oeuvre du
cinéaste : la mère, le fils et le « mauvais
garçon ». Comme dans Le Lieu du crime
(avec Deneuve) ou dans Les Egarés (avec
Béart), cette petite famille éphémère
est
mue
par
un
inconscient
passablement tortueux. C'est la mère
qui, en quelque sorte, désigne à son fils
l'objet du désir. Tout un château de
cartes de sentiments et de pulsions
s'échafaude alors, sur fond de révisions
pour le bac.
André Téchiné a souvent dit son
obsession du récit. Cette fois encore, les
rebondissements abondent, impliquant
des personnages secondaires pas
toujours convaincants (comme le père
de Damien), mais intéressants pour l'effet qu'ils produisent sur le trio
principal. Et malgré quelques scènes sur
le fil, ce film-là est le plus vibrant de son
auteur depuis Les Témoins, en 2007.
Sandrine Kiberlain s'approprie en
virtuose son personnage de mère rêvée :
ce médecin qui exerce une autorité
intellectuelle et morale tout en
débridant sa fantaisie et son charme le
soir à la maison. Ses deux formidables
partenaires, Kacey Mottet Klein et le
débutant Corentin Fila, sont dirigés à la
perfection. Une marque de fabrique du
réalisateur depuis des décennies.
Quand on a 17 ans cite un poème de
Rimbaud, qui avait peu ou prou cet âge
en l'écrivant. Ce n'est certes pas le cas
de Téchiné. Mais du moins ne fait-il pas
semblant. Il sait d'où il filme. Cette
jeunesse qu'il montre est en partie
fantasmée. A tel point qu'il s'offre, pour
une fois, une fin radieuse, joliment
édénique. La nature, paradis perdu, et
les saisons successives, autant dire les
âges de la vie, sont capitales dans cette
histoire.
Le
superbe
générique
d'ouverture annonce la couleur : on suit
une route de montagne en plein été, et
tout à coup, à la sortie d'un tunnel, nous
voilà en hiver. —
Louis Guichard
Les
Les prochains
prochains
films
films
Au Châtelard
-Mardi 14 juin à 17h30 « FIEVEL ET
LE NOUVEAU MONDE » et à
20h30 « GOOD LUCK ALGERIA ».
-Mardi 28 juin à 20h30 « DOUGH »
Et pour l’été, 6 films :
-Mardi 12 et 26 juillet, Mardi 9 et
23 août : CAFE SOCIETY à 20h30,
LE LIVRE DE LA JUNGLE à 17h30 et
JULIETA à 20h30, ANGRY BIRDS à
17h30 et LA LOI DE LA JUNGLE à
20h30, MA LOUTE à 20h30.
(Programme à confirmer)
Pour plus de détails sur les
programmes et les autres salles du
circuit, consultez www.cinebus.fr
Et sur votre
agenda
cinéphilique
cinéphilique
Chaque mois, dans les Bauges, de
septembre à juin, un film
documentaire et un débat
présenté par
La Halte du Doc
Voilà. C’est tout pout aujourd’hui.
A mardi !
Françoise Laurent