la deforestation et ses impacts sur le milieu dans la commune rurale

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la deforestation et ses impacts sur le milieu dans la commune rurale
Ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche Scientifique
Université de Toamasina
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département de Géographie
LA DEFORESTATION ET SES IMPACTS SUR LE MILIEU
DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA,
DISTRICT D’ANTALAHA (REGION SAVA)
Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de maîtrise ès
Lettres
Présenté par : JAONASY Jean Berchman
Sous la direction de Monsieur JAORIZIKY, Maître de conférences à l’Université
de Toamasina
Année Septembre 2011
Ministère de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche Scientifique
Université de Toamasina
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département de Géographie
Composition de membres du jury :
Président du jury : Madame RANDRIANARISON Josette, Professeur titulaire à
l’Université d’Antananarivo
Juge : Madame RATSIVALAKA Simone, Professeur à l’Université d’Antananarivo
Rapporteur : Monsieur JAORIZIKY, Maître de conférences à l’Université de
Toamasina
Année Septembre 2011
Sommaire
Sommaire ................................................................................................................................. i
Résumé .................................................................................................................................... ii
Liste des tableaux ................................................................................................................ iii
Liste des cartes et des figures ......................................................................................... iv
Liste des photos .................................................................................................................... v
Glossaire................................................................................................................................. vi
Les essences forestières les plus utilisées par les paysans locaux .................... vii
Liste des acronymes ......................................................................................................... viii
Introduction générale ........................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE ....... 5
CHAPITRE PREMIER : LES COMPOSANTES BIOPHYSIQUES ........................... 6
CHAPITRE DEUXIEME : LES COMPOSANTES HUMAINES ............................. 24
DEUXIEME PARTIE : ......................................................................................................... 33
LA DEFORESTATION DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA
.................................................................................................................................................. 33
CHAPITRE TROISIEME: DYNAMIQUE DE LA DEFORESTATION ...................... 34
CHAPITRE QUATRIEME : LES DIFFERENTES FORMES DE LADEGRADATION
DE LA FORETET LES MESURES D’ATTENUATION ........................................... 47
TROISIÈME PARTIE : IMPACTS DE LA DÉFORESTATION SUR LE MILIEU..... 62
CHAPITRE CINQUIEME : CHANGEMENT MICROCLIMATIQUE ET
DEGRADATION DU SOL ...................................................................................... 63
CHAPITRE SIXIEME : IMPACTS SUR LES COURS D’EAUETLES ACTIVITES
PAYSANNES ........................................................................................................ 71
Conclusion générale .......................................................................................................... 80
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 82
ANNEXES............................................................................................................................... 84
I LES TRAJECTOIRES DES CYCLONES ......................................................................... 85
II-PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES.............................................................................. 89
III-L’ARBRE GENEALOGIQUE DES DIRIGEANTS DE LA COMMUNE .................................... 91
Tables des matieres ................................................................................................................ 92
i
Résumé
La commune rurale d’Ambohitralanana se trouve dans le district d’Antalaha
région SAVA. Elle se trouve à 48 km au sud-est du chef-lieu du district d’Antalaha.
Elle est caractérisée par une plaine littorale et de paysages collinaires dont ces
derniers (les basses, les moyennes et les hautes collines) y dominent. L’altitude de la
commune varie de 0 à plus 700 m.
La commune rurale d’Ambohitralanana compte dix-huit mille cent quarantesept habitants en 2007 dont plus de la moitié ont moins de 18 ans. La population est
dominée par l’ethnie betsimisaraka, dont leur vie quotidienne est basée sur les
activités du secteur primaire. Le tavy, la riziculture inondée, la pêche et l’exploitation
forestière occupent la majorité de ces paysans.
La commune rurale d’Ambohitralanana possède soixante et un mille sept cent
soixante-quatre hectares de forêt dont trente-huit mille cinq cent soixante-quatorze
hectares sont inclues dans le parc national Masoala et les restes sont éparpillées en
série discontinue dans l’étendue de la commune. Cette forêt a un statut de forêt
tropicale humide sempervirente. Elle est composée de trois strates plus ou moins
imbriquées, dont la canopée mesure plus de 30 m de haut.
La forêt de la commune est actuellement menacée par une dégradation
quantitative et qualitative. Plusieurs causes sont évoquées lorsqu’on analyse les
sources de cette déforestation. Primo, les activités anthropiques telles que le tavy et
les exploitations des bois précieux sont les plus importants. Secundo les cataclysmes
naturels tels que les cyclones et la sécheresse prolongée la favorisent davantage.
Face à une telle déforestation, quelques mesures d’atténuation méritent d’être
avancées, telles que l’assistance technique du génie rurale envers les paysans
locaux, l’instruction des enfants en matières écologiques ainsi que la
responsabilisation avec motivation des paysans riveraines. Et enfin l’apport des
solutions adéquates aux problèmes socio-économiques des paysans locaux est l’un
des remèdes pouvant limiter les pressions à la forêt de la commune.
La destruction de cette forêt a entrainé beaucoup de conséquences négatives
sur le milieu. Ainsi le microclimat a fortement changé. La pluviométrie et la
température deviennent inhabituelles. Les cours d’eau se sont ensablés, et se
tarissent progressivement. Les activités paysannes sont sérieusement menacées.
Les mots clés sont : déforestation Tavy, exploitation forestière, bois précieux,
ensablement, envasement, changement climatique, cyclones.
ii
Liste des tableaux
Tableau n°01 : Les températures moyennes dans la st ation d’Antalaha, de 19611990 (°C et 1/10) ................................................................................................................... 18
Tableau n°0 2 : La pluviométrie à Cap est de 1951-1 980 (en mm et 1/10) ................. 19
Tableau n° 03 : Humidité relative de l’air à Cap es t (en %) de 1951 à 1980 ............... 21
Tableau n°04 : Les différents types de perturbation s atmosphériques dans les zones
tropicales ................................................................................................................................. 22
Tableau n°05 : Les cyclones ayant touché Madagascar entre 2000 et 2009............. 22
Tableau n° 06 : Les naissances dans la commune ......................................................... 26
Tableau n° 07 : Les décès dans la commune ................................................................... 27
Tableau n° 08 : L’accroissement naturel ........................................................................... 27
Tableau n°09 : L’évolution de la population ...................................................................... 28
Tableau n°10 : La distribution par classe d’âge de la population (en 2007) ................ 29
Tableau n°11 : Effectif de la population par fokont any en 2007 .................................... 30
Tableau n°12 : Evolution de la superficie défrichée dans la commune ........................ 39
Tableau N°13 : Evolution de la déforestation dans l a commune rurale
d’Ambohitralanana ................................................................................................................ 40
Tableau N°14 : Répartition par commune des stocks d e bois de rose en 2009 ......... 43
Tableau n° 15: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009 ............................ 47
Tableau N° 16: Nombre des campements recensés (de 2 005 à 2009) ....................... 51
Tableau N°17 : Composition démographique des Dalber gia dans un hectare ........... 52
Tableau N°18 : Utilisation des produits forestiers par les paysans du village de
Sahafary .................................................................................................................................. 54
Tableau N°19: Variation de température à Antalaha d e 1961 à 2002 .......................... 64
Tableau n°20 : Moyennes mensuelles des pluies à An talaha (1991 à 2003) ............ 65
Tableau N°21 : Les moyennes quinquennales mobiles ( station d’Antalaha) .............. 66
Tableau N°22 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 1985 à 1999 ........ 67
Tableau n°23 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 2000 à 2009 ........ 67
Tableau N° 24: Calendrier agricole de la rizicultur e inondée ......................................... 76
iii
Liste des cartes et des figures
1-Liste des cartes
Carte n°01 : Localisation de la commune rurale d’Am bohitralanana, page 4
Carte n°02 : Couverture végétale dans la commune ru rale d’Ambohitralanana, page
14
Carte n°03 : Les catégories de forêts dans la commu ne, page 45
Carte n°04 : Les problèmes des cours d’eau, page 74
Carte n°05 :L’ensablement et l’envasement de rizièr es, page 77
2-Liste des figures
Figure n°01 : Les températures moyennes dans la sta tion d’Antalaha de1961-1990
.............................................................................................................................. 19
Figure n° 02 : La pluviométrie moyennes de la stati on Cap est de 1951-1980 ..... 20
Figure n°03 : Courbe ombrothermique de la station d e Cap est ........................... 20
Figure n°04 : L’évolution de la population ........ ..................................................... 28
Figure n° 05 : La répartition de la population par classe d’âges ............................ 29
Figure n°06 : Les populations par fokontany en 2007 ........................................... 30
Figure n°07 : Evolution de la superficie forestière défrichée ................................. 39
Figure n°08 : Evolution de la déforestation....... ..................................................... 41
Figure n°09 : Répartition par commune de stocks de bois de rose à Antalaha en
2009 ...................................................................................................................... 43
Figure n° 10: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009 ....................... 48
Figure n°11 : Nombre des campements recensés (de 20 05 à 2009) .................... 51
Figure n°12 : Répartition par taille de dalbergia . ................................................... 52
Figure N°13 : Utilisation des produits forestiers p ar les paysans .......................... 55
Figure n°14 : Variation de température à Antalaha . .............................................. 64
Figure N°15 : Variation pluviométrique annuelle à A ntalaha ................................. 66
Figure n°16 : Courbes des moyennes quinquennales mo biles (station d’Antalaha)
.............................................................................................................................. 67
iv
Liste des photos
Photo n°1 : Quartz filonien au sud du village d’Amb ohimandresy, page 11 ;
Photo n°2 : Sables quartzitiques au village d’Amboh imandresy, page 11 ;
Photo n°3 : Bifurcation du fleuve Onive en deux au niveau de Sarandrano, page 12 ;
Photo n°4 : Vue de loin de l’embouchure du fleuve O nive et son lit très large, page12
Photo n°5 : Cours supérieur du fleuve Ratsianarana en amont du village Sarandrano,
page 13 ;
Photo n°6 : Cours inferieur du fleuve Ratsianarana (Andranomahitsy), page 13 ;
Photo n°7 : Des rondins de bois de rose attachés av ec des flotteurs sur la riviere
Ankavia, affluent de l’Onive, page 42 ;
Photo n°8 : Tavy sur de parcelles forestières tout près de Sarandrano dans le bassin
versant du fleuve Ratsianarana, page 47 ;
Photo n°9 : Forêt sur des versants orientaux de cer taines collines à l’abri des rafales
cycloniques, page 49 ;
Photo n°10 : Forêt sur des versants occidentaux de certaines collines assaillis par
des rafales cycloniques, page 49
Photo n°11 : Piste d’évacuation de bois de rose à l ’intérieur du parc Masoala, page
50 ;
Photo n°12 : Bilahy, une espèce végétale en voie de disparition dans cette commune
page 54 ;
Photo n°13 :Makolaody, flotteur de bois de rose pag e 54 ;
Photo n°14 : Eboulement à mis chemin entre Antanand avahely et Marivorano, page
69 ;
Photo n°15 : Une érosion marine touchant une route au niveau d’Andrombazaha,
page 70 ;
Photo n°16 : Formation des ilots de sable sur le fl euve Onive au niveau de Sahafary,
page 71 ;
Photo n°17 : Maison ancien modèle témoin de l’abond ance des matériaux ligneux,
page 78 ;
Photo n°18 : Maison nouveau modèle témoin de la rar éfaction actuelle des matériaux
ligneux, page 78 ;
v
Glossaire
Andramena : Bois de rose ou dalbergia
Borizina : couteau
Dina: accord consensuel d’une communauté
Fadinaody : Tabous venant du Guérisseur
Fadin-dRazana : Tabous hérités de l’ancêtre
Falafa : Tige de ravenala sèche utile à la construction des murs
Famaky mena : Grosse hache
Firaisampokotany : Ancienne appellation d’une collectivité territoriale décentralisée,
correspondant actuellement à la commune rurale (en brousse) ou arrondissement
administratif (en ville)
Fokontany: Collectivité territoriale décentralisée, correspondant actuellement au
quartier
Joro savoka : Demande d’expiation avant le défrichement
Kasaka : Feuille de ravenala sèche qui peut servir des toits des maisons
Mpimasy : Guérisseur
Mpisikidy : Celui qui fait la divination grâce à des graines d’essences forestières
Rapaka : Tronc de ravenala servant du parquet
Tangalamena : représentant de l’autorité traditionnelle d’une communauté rurale
Tavy : Essart ou culture itinérante sur brûlis
Tromba : culte de possession
Vary ririnina: Riz d’hiver
Vary taona: Riz d’été
vi
Les essences forestières les plus utilisées par les paysans locaux
Noms vernaculaires
Noms scientifiques
Familles
Amaninaombilahy
Leptolaenamultiflora
SARCOLAENACEAE
Ambora
Tambourissapurpurea
MONIMIACEAE
Amborasaha
Burasaiamadagascariensis
MENISPERMACEAE
Foraha
Calophyllum inophyllum
GUTTIFEREAE
Hazinimboalavo
Garcinia madagascariensis
CLUSIACEAE
Hazinimbohitra
Garcinia chapelieri
CLUSIACEAE
Hazinina
Symphoniafasciculata
CLUSIACEAE
Hazoambo
Xylopiabuxifolia
ANNONACEAE
Hazomafana
Diospyrosgracilipes
EBENACEAE
Hazomaintina
Diospyroslittoralis
EBENACEAE
Hazomaintinaberavina
Diospyrossphaerosepala
EBENACEAE
Hendramena
Dalbergia maritime
FABACEAE
Hintsikovika
Afzeliabijuga
FABACEAE
Hodipaso
Streblusobovata
MORACEAE
Hompa
Eugenia cloiselii
MYRTACEAE
Hompagavo
Eugenia pluricymosa
MYRTACEAE
Maintipototra
Diospyrospervillei
EBENACEAE
Mantalanany
Rothmanniafoliacea
RUBIACEAE
Marankoditra
Homaliumbrevipedunculatum
FLACOURTIACEAE
Matrambody
Asteropeiaamblyocarpa
ASTEROPEICEAE
Menahy
Campylospermumanceps
OCHNACEAE
Menavony
Campylospermumobtusifolium OCHNACEAE
Nantodinga
Labramiacostata
SAPOTACEAE
Nantofotsy
Labramialouvelii
SAPOTACEAE
Nantokapisaina
Fauchereahexandra
SAPOTACEAE
Nantomena
Fauchereaglutinosa
SAPOTACEAE
Nantonengitra
Capurodendrontampinense
SAPOTACEAE
Nantovasia
Mimusopslecomtei
SAPOTACEAE
Nantovoraka
Labourdonnaisialecomtei
SAPOTACEAE
Rahiny
Cleisthanthuscapuroni
EUPHORBIACEAE
Ràrà
Brochoneuramadagascariensis MYRISTICACEAE
Rotro
Syzygiumemirnense
MYRTACEAE
Rotroberavina
Eugenia bernieri
MYRTACEAE
sakoanala
Faguetiafalcata
ANACARDIACEAE
Tafonana
Ocoteacryptocaryoides
LAURACEAE
Tarantana
Campnospermamicrantheia
ANACARDIACEAE
Tsiaramiramy
Protiummadagascariense
BURSERACEAE
Tsifo
Canthiummajus
RUBIACEAE
Tsilaitraberavina
Noronhiagrandifolia
OLEACEAE
Tsilaitrakeliravina
Noronhiaseyrigii
OLEACEAE
Tsiloparimbarika
Dilleniatriquetra
DILLENIACEAE
Vasia
Labramiabojeri
SAPOTACEAE
Vatoana
Premnacorymbosa
VERBENACEAE
Vintanona
Calophyllum laxiflorum
CLUSIACEAE
Vintanona mena
Calophyllum parviflorum
CLUSIACEAE
Voantsilana
Cuphocarpusaculeatus
ARALIACEAE
Voapakafotsy
Uapacalittoralis
UAPACACEAE
Voapaka mena
Uapacaferruginea
UAPACACEAE
vii
Liste des acronymes
BV2 : Bassin Versant N°02 (dans les 10 grands fleuv es de Masoala)
CR: Commune Rurale
CTI : Cyclone Tropical Intense
CTTI: Cyclone Tropical Très Intense
FAO: Food and Agriculture Organization
FTM : Foiben-Toasarintanin’iMadagasikara
GCF : Gestion Contractualisée des Forêts
GELOSE : Gestion Locale Sécurisée
GES: Gaz à Effet de Serre
JRC: Joint Research Centre
MBG: Missouri Botanical Garden
MEF : Ministère de l’Environnement et des Forêts
MNP : Madagascar National Park (ex ANGAP)
MQM : Moyennes des Quinquennales Mobiles
ONG: Organisation Non Gouvernementale
PCD : Plan Communal de Développement
PCDI : Plan de Conservation et de Développement Intégré
PGCM : Plan de Gestion et de Conservation de Masoala
RNI: Reserve Naturelle Intégrale
SAVA : Sambava-Antalaha-Vohemar-Andapa
SRA : Système Rizicole Amélioré
SRI : Système Rizicole Intensif
STABEX: Système de Stabilisation des Recettes d’Exportation
TTM: Tempête Tropicale Modérée
WCS: Wildlife Conservation Society
viii
Introduction générale
La biodiversité malgache est mondialement considérée comme un sanctuaire
de la nature. Elle possède un taux d’endémisme très élevé. La flore malgache
renferme selon les estimations plus de 8500 à 12000 espèces. Mais cette flore
unique au monde est fortement dégradée par des actions anthropiques.
Actuellement la couverture végétale malgache ne reste plus que de 17 303200 ha
(JRC 1999)1, représentant plus de 29% de la superficie de la grande île. Elle est
distribuée en une large variété de formations dont 5532 800ha de forêt dense
humide et sempervirente, 4118 300ha de forêt sèche, 7199 100ha de formation
secondaire complexe et en fin 453 000ha de mangrove (JRC 1999).
D’après cette classification, la formation végétale secondaire occupe la plus grande
étendue de ces formations. Ceci témoigne que la déforestation à Madagascar est
déjà dans une phase alarmante. Elle a une vitesse moyenne de 128000ha par an
(encarta 2009).Dans la région d’Ambohitralanana, on assiste à une dégradation à
deux vitesses en fonction des zones concernées (dans le parc national Masoala ou à
l’extérieur).
La commune rurale d’Ambohitralanana se localise entre 15° 12’ et 15° 32’de
latitude sud d’une part et 50° 05’et 50°32’ de lon gitude Est d’autre part (carte n°01).
Aussi définie, elle a une superficie de 703 km2 dont 61 764 ha (87%) sont couvertes
de forêts denses humides et sempervirentes, avec 38 574 ha (54%) sont inclues
dans le parc national Masoala et plus de 23 190 ha (32%) à l’extérieur du parc.
Située dans le district d’Antalaha, à 48 km au sud-est du chef-lieu du district
(Antalaha ville),elle est entourée :
au nord par la commune rurale d’Ambalabe ;
au nord-ouest par la commune rurale d’Ampohibe ;
à l’ouest par la commune rurale de Marofinaritra ;
au
sud-ouest
par
la
commune
rurale
de
Maroantsetra) ;
au sud par la commune rurale d’Ampanavoana ;
à l’est par l’océan indien ;
1
Joint Research Centre
1
Mahalevona
(district
de
La commune elle-même occupe 12,02% de la superficie du district d’Antalaha
et 16.47% de la superficie de la presqu’île, ainsi que 13.04%
du parc national
Masoala.
Depuis longtemps cette zone en question est le théâtre des nombreux projets
d’exploitations forestières (scierie de Hardwick Wilson en 1850, la société Grand
moulin de Dakar en 1964…). Ces exploitations à grande échelle, conjuguées par des
actions anthropiques locales, détruisent une bonne partie de la couverture végétale
de la commune.
Cette anthropisation a provoqué une perte progressive de la couverture forestière
qui, par la suite, laissant des impacts sur le milieu.
La problématique principale peut être formulée par la question :
Comment se manifeste-t- elle la déforestation dans la commune rurale
d’Ambohitralanana ?
Quels sont ses impacts sur le milieu ?
Les solutions à ces problématiques forment les objectifs du présent mémoire qui
s’intitule « La déforestation et ses impacts sur le milieu géographique dans la
commune rurale d’Ambohitralanana district d’Antalaha (région Sava) »
Et pour
mener à bien cette recherche, nous avons adopté la démarche
suivante :
•
La documentation et la recherche bibliographique à Antananarivo, notamment
au service de la météorologie à Ampandrianomby pour les données
climatiques et au F.T.M pour la documentation cartographique, puis à la
bibliothèque de l’Université d’Antananarivo et de Toamasina pour les
indications didactiques, au MNP Maroantsetra/Antalaha pour les données
récentes concernant la couverture forestière de Masoala et à la mairie pour
les renseignements de la commune.
•
La collecte des informations brutes à partir des enquêtes directes auprès des
communautés de base en s’appuyant sur les dialogues.
•
La collecte des données supplémentaires à l’aide des entretiens effectués
auprès des personnels des autorités et des responsables des divers services.
•
L’analyse de ces données et de ces informations.
•
La rédaction du mémoire
2
Les résultats de notre recherche se présentent comme suit : une première
partie dans laquelle est donnée la présentation générale de la zone d’étude, où sont
traitées les composantes biophysiques et les composantes humaines. Ensuite, une
deuxième partie qui étudie la déforestation dans la commune. Elle propose la
dynamique de la déforestation à travers les quatre grandes périodes. Elle présente
aussi les différentes formes de la déforestation ainsi que des mesures d’atténuation.
Et enfin, la troisième et dernière partie analyse les différents impacts de la
déforestation sur le milieu dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Dans cette
partie, on analyse les changements microclimatiques locaux. On y traite également
les impacts de la déforestation sur les cours d’eau et les activités paysannes dans
cette commune.
3
OCEAN
INDIEN
Carte n°01 : Localisation de la commune rurale
d’Ambohitralanana
4
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA
ZONE D’ETUDE
5
CHAPITRE PREMIER : LES COMPOSANTES BIOPHYSIQUES
1-1Reliefs, sol et hydrographie
1-1-1 Les reliefs de la commune rurale d’Ambohitralanana
Selon la division morpho-structurale de Madagascar la retombée orientale
malgache se divise en trois unités morphologiques distinctes, à savoir « le ghât
méridional, le rift central et le jambage fléxural septentrional » (Petit (M), 1998), dont
fait partie notre secteur de recherche.
La Presqu’île Masoala, un demi-horst triangulaire de 65 km à la base et
80kmde hauteur, correspond à un escalier de failles. Elle est constituée d’une zone
montagneuse hachée par plusieurs systèmes de fractures issues de la tectonique
cassante relative à la séparation de l’Inde avec Madagascar. Cette dernière confère
à Masoala un relief extrêmement compartimenté et très accidenté.
Le relief de la presqu’île Masoala est très dissymétrique avec un versant
occidental très abrupt et un versant oriental beaucoup moins accentué, où se
localise la commune rurale d’Ambohitralanana en question. Le relief de la commune
peut être regroupé en deux unités morphologiques bien distinctes, à savoir la plaine
littorale, et les paysages collinaires
1-1-1-1La plaine littorale sableuse et marécageuse
Elle forme une étroite bande rectangulaire longeant les 35km de la côte. Elle
est généralement d’origine de la régression marine quaternaire. Elle remonte vers
l’intérieur jusqu’aux environs de 2 à 3km de la côte. Elle est essentiellement dominée
par des sables anciens et des roches d’épanchements volcaniques (basaltes), qui
viennent buter contre les granites monzonitiques à biotite du socle cristallin.
La roche basaltique issue de l’épanchement volcanique cénozoïque donne
souvent naissance à des plateaux parallèles à la côte. D’altitude variant de 0 à 15m
en moyenne, la plaine littorale se limite à l’intérieur par le village d’Ambatobe sur le
bassin versant de l’Onive et au niveau d’Ambodiatafana dans le bassin versant de
Ratsianarana. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, la plaine littorale
n’occupe que 10% de sa superficie. Actuellement, elle porte les diverses plantations,
sauf les grands marais d’Andranoanala à l’ouest du village d’Ambodirafia où ce
dernier constitue le vestige de la forêt littorale qui est sous la protection de MNP
Masoala et il a aussi des fonds sableux qui ne conviennent pas à l’agriculture
pérenne.
1-1-1-2 Les paysages collinaires granitiques
Les principales unités des paysages collinaires sont les basses, les
moyennes, les hautes collines et les bas-fonds.
6
a- Les basses collines
Ce sont les zones qui précédent la plaine littorale dans le sens d’Est en Ouest.
Elles se caractérisent par une altitude variant de 15 à 120 m. Elles proviennent de la
dissection d’une surface d’aplanissement quaternaire (SIII). Dans le secteur de basse
colline, les lignes de crêtes ne sont pas encore visibles. Les collines y sont à la fois
isolées et très espacées. Leur dénivellation moyenne du bas-fond au sommet est de
l’ordre de 30 à 60 m. Entre ces collines s’étendent des bas-fonds larges. Les cours
d’eaux y sont faiblement encaissés.
Dans le bassin versant du fleuve Onive, les basses collines se trouvent entre
le village d’Ambatobe et de Sahafary et puis entre le village d’Ambodiatafana et de
Sarandrano dans le bassin versant de Ratsianarana. Actuellement, les basses
collines ont été presque défrichées, car elles constituent les zones idéales pour le
tavy. Les basses collines occupent environ 20% de la superficie de la commune.
b -Les moyennes collines
D’altitude variant de 120 à 200m, elles occupent environ 25%de l’étendue de la
commune. Dans ce secteur, les collines deviennent de plus en plus denses. Elles
sont caractérisées par des sommets d’altitude subégale. Elles sont en général issues
de la dissection d’une surface d’aplanissement tertiaire (SIII). Les bas-fonds et les
cours d’eau y sont beaucoup plus encaissés que dans les basses collines. Les
moyennes collines se trouvent entre les villages de Sahafary et d’Antanandavahely
dans le bassin versant du fleuve Onive.
c-Les hautes collines
Ce sont des collines d’altitudes varie de 200 à 700m, reliées entre-elles par
des lignes de crêtes et taillées par des principaux axes de drainage et parsemées de
multitudes « facettes » de versants. Les crêtes, constituent les lignes sommitales des
hautes collines.
Les lignes de crêtes principales sont longues, à mailles très lâches et
continues. Elles constituent la vraie source des cours d’eau. A partir des crêtes
principales naissent les crêtes secondaires. Ces dernières, plus courtes et beaucoup
plus serrées forment avec les crêtes précédentes les versants multifaces forestiers.
Ces deux catégories de crêtes peuvent être d’origine de la dissection d’un
aplanissement ou d’un alignement structural des roches dures filoniennes (dykes).
En général les hautes collines sont caractérisées par :
-
Une altitude en progression continue vers le sommet, c’est-à-dire on observe
une succession de crêtes ;
Une évolution par soutirage des versants ;
Une prédominance des sols ferrallitiques ;
7
Dans le secteur de hautes collines, les pentes sont fortes. Les versants sont
drainés par d’innombrables ruisseaux. Ainsi les multiples facettes ont une pente qui
dépasse 30 à 45%. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, les hautes collines
occupent environ 40% de sa superficie.
En un mot, les hautes collines dans la commune ont des caractères de reliefs
disséqués, portant des sols ferrallitiques peu profonds sous forêt dense humide et
sempervirente
d-Les bas-fonds
Ce sont des zones dépressionnaires se trouvant taillées au fond des
paysages collinaires par la dissection d’une surface d’aplanissement. Ils sont très
étroits et ne représentent qu’une faible étendue dans la commune, 5% environ. En
général, les bas-fonds ont:
-
Un fond plat et assez large
Une pente transversale très faible (5%) vers le sens du cours d’eau. Ceci
ralentit l’écoulement d’eau vers l’aval
Par contre, ils n’ont pas de bourrelet de berge
Ainsi les caractères spécifiques des bas-fonds freinent l’écoulement de l’eau
lors d’une averse, d’où la formation des sols hydromorphes. L’hydromorphie de type
tourbeux caractérise les bas-fonds des zones très humides. Les bas-fonds sont rares
et très prisés par les paysans car ils sont susceptibles d’être transformés en rizières.
1-1-2 Les sols et les formations superficielles sableuses
Le versant oriental malgache est dominé par des sols ferrallitiques. Mais en
fonction des roches-mères sous-jacentes ils sont différents d’une zone à l’autre. En
effet quatre types de roches-mères existent dans la presqu’île Masoala. Le granite
qui occupe la plus grande partie de la presqu’île correspond à la zone d’altitude et de
basses collines et donne des sols de nature ferrallitique rouge et jaune. Les trois
autres types de roches-mères (à savoir le basalte, le quartz et les dunes anciennes)
sont limités à une mince bande le long de la côte orientale de la presqu’île. Ils
donnent soit du sol plutôt riche en alluvions argileuses et sableuses observées le
long de la frange littorale, soit du sol plus hydromorphe se rencontrant dans les
zones marécageuses (Hottin et al. 1964 ; carte géologique au 1/200000, service
Géographique de Madagascar, Du Puy et al. 1996).
Ces sols dominant la presqu’île Masoala s’observent aussi dans la commune
rurale d’Ambohitralanana. Ce sont les sols ferrallitiques, les sols hydromorphes, les
sols d’apports fluviatiles et les formations sableuses.
8
1-1-2-1Les sols ferrallitiques
Ils sont souvent désaturés et riches en concrétion et en résidus d’altération. Ils
prennent donc une coloration rouge et jaune du fait de fer qu’ils contiennent. Ils sont
composés de fer à l’état lié et de l’alumine. Ce type de sols est très fragile. Ils sont
favorables à la formation des lavaka. Ils sont parfois dégradés suivant l’état de la
couverture végétale. Mais c’est un sol très évolué, son épaisseur peut atteindre une
dizaine de mètres. Ils sont aussi très divers en fonction de la localité géographique.
Sur les pentes de collines, ils sont peu profonds et pauvres
organiques mais compacts à texture fine.
en matières
Sur les moyennes et hautes collines, ils sont fortement rajeunis et humifères
donc ils sont très sensibles à l’érosion. Leurs propriétés physiques sont bonnes mais
leur richesse chimique est faible.
Dans les sols ferrallitiques, les éléments métalliques (fer et alumine) sont
associés pour donner des minéraux argileux tels que la kaolinite (argile peu
gonflante) et la smectite ou montmorillonite (argile gonflante). Ainsi le premier est
agronomiquement peu fertile. Tandis que le deuxième est très favorable à
l’agriculture.
Dans la commune, les pentes restent les facteurs limitant de leur exploitation
rationnelle, car ce type de sol couvre le secteur de hautes, moyennes et de basses
collines. Dans les zones forestières où se pratique le tavy, ce type de sol est vite
dégradé par le rythme accéléré de défrichement.
1-1-2-2Les sols hydromorphes
Ce type de sol se rencontre dans les marais à proximité de la côte et les basfonds à l’intérieur. Ils sont en effet toujours imbibés d’eau. C’est un sol à PH très
acide(compris entre 5 et 5,5). Ils dégagent souvent une odeur de soufre. En général
ils sont de couleur noirâtre, mais les dépôts ferrugineux leur donnent souvent une
couleur rouille à la surface de l’eau. Cette situation rend difficile la décomposition des
matières organiques. Par conséquent ce type de sol est relativement ingrat : il ne
convient pas aux activités agricoles que s’il est bien drainé et ne favorise pas les
cultures pérennes.
Dans la commune, ce type de sol se localise :
-
Dans le grand marais d’Andranoanalaà l’ouest du village d’Ambodirafia,
Dans les marais à l’ouest du village d’Anjahamarina I,
En réalité ce type de sol est favorable aux végétations aquatiques telles le
nénuphar (Nymphea stellata), Fandrana (Primus concretus), Viha (typhonodorum
lindleanum), Zozoro (cyperus madagascariensis), Herana (cyperus latifolius).
9
1-1-2-3Les sols d’apports fluviatiles
Ce sont des sols riches qui se développent surtout dans les vallées, et le long
des cours d’eau permanents. Ils sont annuellement enrichis en éléments fertilisants
charriés par les fleuves qui débordent en période de pluie et laissent des alluvions
sur les bourrelets de berge et les zones basses environnantes. Le profil vertical de
ce sol montre la superposition de trois types d’alluvions (de bas en haut):
-
Alluvions sableuses anciennes
Alluvions argileuses anciennes
Alluvions récentes et actuelles
Dans la commune ce type de sol se localise :
-
Autour du chef-lieu de la commune de part et d’autre du fleuve Onive.
Entre la localité d’Ambodiatafana et de Sarandrano le long du fleuve
Ratsianarana
En réalité ce type de sol est agronomiquement favorable aux activités
agricoles pérennes pour autant qu’il ne soit pas inondable ou peut être aménagé en
rizière. C’est pourquoi actuellement, les sols d’apport fluviatiles sont presque
aménagés en rizières, mais leurs irrigations y demeurent encore un problème
majeur.
1-1-2-4Les formations sableuses
Elles sont constituées par les sables marins et les sables quartzitiques
a- Les Sables marins
Le long de la côte, basse et rectiligne s’observe presque en permanence une
formation sableuse marine quaternaire. Cette dernière occupe les 35km de côte de
la commune. Elle se présente comme suit, du nord au sud :
-
De l’embouchure de l’Onive à Ambodirafia : côte sableuse
Ambodirafia à Ambohimahery : falaise de l’épanchement volcanique
Ambohimahery à Antsambavy : côte sableuse
Les modifications climatiques du quaternaire ont laissé des héritages sur les
côtes sableuses. Ainsi la régression marine pléistocène a laissé une bande de
sables de couleur brune foncée, parfois noirâtre selon la couverture végétale qu’elle
porte. Elle vient directement buter contre le socle. Sa teneur en humus colloïdal est
plus poussée. Elle a une altitude moyenne de 6 à10m.
Ensuite la régression marine de l’holocène a laissé une autre bande de sables
de couleur beaucoup plus claire que la précédente et d’altitude 5m environ. Les
sables marins ont une granulométrie homogène. En effet leurs grains ont de
dimensions subégales et de polissage beaucoup plus poussé, car ils avaient subi
des transports fluviatiles et marins.
10
Et enfin les sables actuels ont une couleur beige plus claire et d’altitude
inférieure à 5m. Ils constituent la plage où s’effectue le balancement des marées.
b- Les sables quartzitiques
Photo n° 02 : sables quartzitiques au
village d’Ambohimandresy (prolongement
du quartz filonien de laphoto n°01)
Photo n° 01 : Quartz filonien au nord du
village d’Ambohimandresy auprès
d’Antanandavahely
Source : Auteur, Mars 2010
Les sables quartzitiques et les sables marins se diffèrent par :la granulométrie
et le degré de polissage. En effet, les sables quartzitiques ont une granulométrie
hétérogène, c’est-à-dire leurs grains ont de dimensions variables. Et en plus, ils sont
moins polis, car ils n’ont pas subi des transports fluviatiles et marins comme les
sables marins. Les sables quartzitiques proviennent de la désagrégation de
quartzite. Ils sont de couleur blanche et leurs grains sont moins polis que ceux des
sables marins.
La commune dispose d’une petite étendue de sables quartzitiques, qui se
trouve dans le village d’Ambohimandresy, à 18 km de la côte. Ceci est le
prolongement du filon de quartz qui est encore intact au nord du village
d’Ambohimandresy (photo n° 01). Le quartz filonien d’Ambohimandresy est en phase
de désagrégation. Tandis sur la photo n° 02, son pr olongement donne des sables
quartzitiques au village d’Ambohimandresy, sur le bassin versant du fleuve Onive.
1-1-3 L’hydrographie
La commune rurale d’Ambohitralanana est drainée par cinq fleuves, qui
constituent les exutoires de cette zone. Ce sont, du nord au sud, Onive,
Nasimamangy, Lalôgno, Ratsianarana et Antsahambavy. Parmi eux, seuls Onive et
Ratsianarana sont des véritables grands fleuves dans cette commune.
11
1-1-3-1Le fleuve Onive/Iagnobe
Photo n°04 : Vue de loin de
l’embouchure du fleuve Onive et son lit
très large
Photo n°03 : Bifurcation du fleuve Onive
en deux : Ankavia et Ankavanana, au
niveau de Sarandrano(Antanandavahely)
Source : Auteur, Mars 2010
C’est un fleuve à caractère rapide dans sa partie supérieure. Il prend sa
source environ à 50km de l’embouchure, au niveau d’Ampokafo (commune rurale de
Marofinaritra). C’est un fleuve à régime pluviométrique. Ainsi, du mois de décembre
au mois de juillet, il connait une période de hautes eaux, les crues sont fréquentes
avec une turbidité importante. Tandis que du mois d’août au mois de novembre, le
niveau de l’eau est très bas, à peine navigable en pirogue, c’est la période de basses
eaux ou l’étiage. Il a un lit à fond sableux et une largeur moyenne de 25 à 30 m. Ce
fleuve a deux affluents au niveau d’Antanandavahely qui sont :Ankavia, celui de
gauche et Ankavanana, celui de droite comme sur la photo n°3. La rivière Ankavia
de caractère torrentiel, a une profondeur moyenne de 1,5m tandis qu’Ankavanana1
m, est presque franchissable à gué. Les rivières Ankavanana et Ankavia ont un fond
sablo-caillouteux, avec des rives très abruptes en sillonnant les zones de moyennes
et hautes collines. De l’embouchure à Sarandrano, 23km de long, on compte plus de
18 affluents. Par contre Ankavia, 26 km de long environ dispose plus de 30 affluents.
Dans ce cas plus le fleuve sillonne la zone de haute altitude, plus leurs affluents
deviennent de plus en plus nombreux et serrés. Au total l’Onive et ses affluents
forment des arrêtes de poisson et ils ont une direction nord-est. Il est navigable
jusqu’à Antanandavahely (à 19km de l’embouchure).
Actuellement l’Onive ne traverse la forêt primaire qu’à partir de Sarandrano
vers l’amont. Et les 20 premiers kilomètres en aval sillonnent déjà les formations
végétales secondaires complexes.
12
1-1-3-2Le fleuve Ratsianarana
Photo n° 05 : Cours supérieur du fleuve
Ratsianarana, en amont du Sarandrano
Photo n° 06 : Cours inferieur du fleuve
Ratsianarana tout près du village
Ratsianarana(Andranomahitsy)
Source : Auteur, Mars 2010
Il prend sa source à 34km de son embouchure. Il n’a pas de grande ramification
mais seulement une trentaine de petits affluents divergeant de part et d’autre du
fleuve. Il est aussi influencé par le régime pluviométrique comme l’Onive. Il est plutôt
un fleuve à méandre, avec un fond sablo-limoneux et de lit rétréci. Il est plus profond
que l’Onive aussi bien en amont qu’en aval. Il est navigable pour la moitié inferieure de
son cours. Il traverse la forêt primaire depuis Sarandrano, à 12km de l’embouchure.
Son cours inferieur a une profondeur moyenne de 2m.
En générale, les fleuves de la commune ont une direction Nord Est, qui est en
rapport avec la direction dite« côte est » des failles et des dykes.
1-1-3-3Les lacs
La commune rurale d’Ambohitralanana dispose de deux petits lacs qui se
trouvent tous dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana.
Ainsi Amparihilava, un lac de 200m de long sur 10m de large et de profondeur
moyenne de 1,50 m se trouve près de Sarandrano dans l’ancien lit du fleuve
Ratsianarana. Betatamo, lac dans l’ancien lit du fleuve Ratsianarana aussi, de
dimension 350m de long sur 60m de large, de profondeur moyenne de 1m, est peuplé
d’Harefo (eleocharis equisetina), Tatamo (Nymphea stellata), Viha (typhonodorum
lindleanum). Il est presque à sec en saison sèche.
13
1-2 Les formations végétales
Carte n°02 : Couverture végétale dans la commune ru rale d’Ambohitralanana
FTM MNP
Janvier
2011
14
Les formations végétales présentent une grande diversité en fonction des
conditions climatiques et pédologiques conjuguées avec les actions anthropiques.
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, on a deux types de formations
végétales, à savoir les formations forestières et les savoka.
1-2-1 Les formations forestières
Il s’agit de la forêt dense humide et sempervirente. Les canopées sont
fermées avec une hauteur de 25 à 30m. Les émergeants peuvent dépasser plus de
50m de hauteur. Les sous-bois et la litière au sol sont très pauvres. La lumière ne
parvient presque pas au sol, du fait de frondaisons très serrées et continues. C’est
une forêt composée de trois strates dont la strate supérieure est dominée par des
épiphytes.
La composition floristique est caractérisée par : canarium (Burseraceae), Ocotea
(lauraceae), symphonia (clusiaceae), Tambourissa (monimiaceae), weinmannia
(cunoniaceae), Intsia (fabaceae), Diospyros (ebenaceae),Uapaca (uapacaceae) et
d’autres familles telles que les sapotaceae, les euphorbiaceae, les myrtaceae et les
sarcolaenaceae.
Ce type d’habitat est parmi le plus rare et pourtant le plus menacé aussi bien
dans la commune que sur tout le versant oriental malgache. Ce type de forêt occupe
la plus grande étendue de la commune avec plus de 38574ha de superficie. Il est
très riche aussi bien en espèces qu’en genres et en familles. D’après un inventaire
dans la presqu’île, plus de 600 espèces végétales, réparties dans 400 genres et plus
de 100 familles, ont été recensées (M.B.G et P.C.D.I. Masoala). Ce type de
formation végétale se trouve à partir du village d’Antanandavahely sur le bassin
versant de l’Onive et du village de Sarandrano dans le bassin versant du fleuve
Ratsianarana.
Il est aussi très dense en peuplement forestier. D’après une étude effectuée
dans la forêt communautaire de Sahafary, sur une parcelle de 5ha on a pu
inventorier 1415 arbres de diamètre supérieur ou égal à 10cm mesuré à 130 cm du
sol, (ISAIA RAYMOND, 1999). On estime à 198100 le nombre d’arbres dans 700ha
de cette forêt. Ce qui donne une densité moyenne de l’ordre de 283 arbres par
hectare.
D’après la carte n° 02, les forêts dans cette commu ne sont détruites à partir
des cours d’eau. Toutes les forêts avoisinant des cours d’eau sont presque
défrichées, mais celles qui se trouvent dans le bassin versant du fleuve Onive sont
les plus menacées. Donc les savoka s’élargissent progressivement à partir des cours
d’eau. Sur la côte, seule la forêt littorale d’Andranoanala et de Ratsianarana qui sont
encore plus ou moins conservées.
15
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, on observe de formations
végétales climaciques. Ce sont des formations végétales qui ne dépendent pas de
conditions climatiques mais uniquement des conditions édaphiques et
topographiques. Dans la commune ce type de formation se développe sur des
sables marins entrecoupés par des marais, qui par la suite formant la forêt littorale.
Les arbres de la forêt sur sables se répartissent en quatre strates plus ou
moins imbriquées : la voute forestière, la strate arborée, la strate arbustive et la
strate herbacée. Les arbres ont une hauteur moyenne de 12 m mais la voute
forestière peut atteindre 25 m.
Les troncs d’arbres ont un diamètre moyen de 20 cm, mais les troncs d’arbres
de la voute forestière peuvent atteindre 50 cm de diamètre. La voute forestière est
caractérisée par des symphonia sp (clusiaceae) ; Faucherea (sapotaceae) ;
Papourtia sp (anacardiaceae), uapaca( uapacaceae).
La
strate
arborée
est
caractérisée
par
des
Intsia
bijuga
(fabaceae) ;Nesogordonia sp (sterculiaceae) ; Labramia sp, Faucherea sp,
Sideroxylon sp (sapotaceae) ; Sarcolaena multiflora (sarcolaenaceae), Ambavia sp
(annonaceae) et de Suregadaboivinina (euphorbiaceae).
La strate herbacée est très discontinue et lâche. Elle est constituée
essentiellement par des plantes herbacées et des semis ou des plantules des
espèces ligneuses. Elle est caractérisée par des fougères, des acanthaceae et des
Nepenthaceae. On note l’absence de graminée. Les épiphytes sont constituées par
des platycerium sp, Nephrolepis bisserata, des Orchidae et Medinila. On note
l’absence des grosses lianes dans cette forêt littorale.
La zone inondée est caractérisée par des Anthostema (euphorbiaceae),
symphonia (clusiaceae), Brochoneura sp (myristicaceae), Samadera indica
(sumaribaceae), Pandanus (pandanaceae), Typhonodorum lindleanum (araceae) et
Nymphea stellata (nympheaceae).
Et enfin, les marécages sont caractérisés par des cypéracées, des Ravenala
madagascariensis et des typhonodorum lindleanum.
Ce type de formation végétale se localise dans le grand marais d’Andranoanala, à
l’ouest du village d’Ambodirafia et d’autre près du village de Ratsianarana.
1-2-2 Les formations végétales secondaires : les savoka
Ce sont des formations végétales dont la structure initiale a été perturbée ou
perdue soit par le prélèvement intensif de certains taxons ou par le défrichement de
couvert forestier originel. Elles prennent place à la suite de la disparition de la forêt
originelle par la pratique du tavy surtout. Ce sont des formations végétales à
apparence forestière où dominent les espèces héliophiles.
16
Ce type de formation varie dans le temps et dans l’espace. En effet dans la
commune rurale d’Ambohitralanana, étant exposé au vent d’est humidifiée, la savoka
de premier degré est constituée en majeure partie par des harongana (harungana
madagascariensis). Puis lorsque le sol s’est épuisé, cette dernière devient de savoka
à lingoza (Aframomum angistifolium) et à dingadingana (Psidia altissima).Cette
seconde formation végétale tend vers la savanisation.
Sur le terrain laissé à l’abandon après les cultures se développent les savoka
formées par des végétations arbustives très denses. Elles sont généralement
constituées par des peuplements monospecifiques difficiles à pénétrer et composés
surtout Afromumsp (lingoza), Trema orientalis (angezoka), Harungana
Madagascariensis
(Harongana),
Nastus
capitatus
(bambou),
Ravenala
Madagascariensis et quelques formations herbeuses parsemées de graminées et
d’autres espèces comme :cledimia hirta (trotrobato), Lantana Camara (radriaka).
En fonction des espèces dominantes, on distingue cinq types de savoka dans
la commune. Ce sont :
-
Savoka à Ravenala qui se trouve autour du chef-lieu de la commune
Savoka à Harongana qui répand un peu partout dans la commune surtout en
amont des cours d’eau
Savoka à Trema orientalis qui couvre le plus souvent le tavy de un à deux ans
après la récolte
Savokaà Bambous qui se localise généralement autour du village
d’Antanandavahely
Savoka mixte qui est presque omniprésente dans toutes les localités de la
commune
Ces formations recouvrent environ 8 536 ha, soit 12% de la superficie de la
commune, dont les savoka mixtes qui prédominent. En fonction de l’âge de la
jachère, les paysans appellent différemment les savoka :
-
Le matrangy : formation végétale après la récolte jusqu’à un an environ,
Le trematrema : formation végétale en jachère de deux à trois ans,
Savo-mody : jachère de quatre à six ans
Savo-maitso : jachère de sept à quinze ans,
Savo-matoy : jachère de plus de quinze ans,
C’est à ce stade que la savoka peut être qualifiée de forêt secondaire. Dans
la commune rurale d’Ambohitralanana, elle n’a jamais atteint le stade de Savomatoy, elle se culmine à Savo-maitso, car le cycle répétitif du défrichement est très
court (3 à 10 ans).
17
1-3Les conditions climatiques
La presqu’île Masoala dans laquelle se trouve la commune rurale
d’Ambohitralanana, est soumise à un climat tropical chaud et humide, caractéristique
de l’est Malgache.
1-3-1 La température
La commune rurale d’Ambohitralanana bénéficie d’un climat tropical chaud et
humide de type océanique. L’influence de la mer y est très significative aussi bien sur
la pluviométrie que sur la température. En effet, pendant l’hiver la mer plus chaude
réchauffe la terre plus froide. Tandis qu’en été, la mer plus froide adoucit la
température terrestre plus chaude. Dans ce cas la température de la commune ne va
pas être ni trop basse ni trop élevée. Donc la mer demeure un modérateur ou un
régulateur thermique pour les zones côtières.
Faute de données thermiques sur la commune, nous étions obligés de
prendre la température d’Antalaha ville qui est la plus proche de la commune.
Tableau n°01 : Les températures moyennes dans la st ation d’Antalaha, de 19611990 (°C et 1/10)
Mois
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
Min
Max
Moyen
nes
22,4
30,3
26,3
22,5
30 ,7
26,6
22,4
30,2
26,3
21,9
29,6
25,7
20,4
28,2
24,3
19
26,7
20,8
18,4
25,9
22,1
18,1
25,7
21,9
18,4
26,4
22,4
19,3
27,5
23,4
20,7
28,8
24,7
21,9
30
25,9
moyenn
e
20,4
28,3
24,2
Source : service météorologique Ampandrianomby
Le tableau n°1, révèle que la température moyenne a nnuelle d’Antalaha est
de l’ordre de 24,2°C. Il en résulte aussi que le mo is de février est le plus chaud
contre le mois de juin qui est le plus frais, avec de températures moyennes
respectives de 26,6°C et 20,8°C.L’amplitude thermiq ue entre le maxima et le minima
est l’ordre de 5,8°C. La température la plus basse des minima est de 18,1°C, tandis
que la plus élevée des maxima est de 30,7°C.
18
Figure n°01 : Les températures moyennes dans la sta tion d’Antalaha de1961-1990
Mois
Cette figure n°1, montre que la température de cett e station augmente dès le mois
d’Août jusqu’au mois de février. Puis elle diminue de nouveau du mois de février
jusqu’au mois d’Août. On note aussi la nette différence de températures entre l’hiver
et l’été. Ainsi la moyenne hivernale est de l’ordre de 22,8°C contre 25,9°C la
moyenne estivale. Ceci donne une amplitude thermique de 3,1°C.
1-3-2 Les pluies
Tableau n°0 2 : La pluviométrie à Cap est de 1951-1 980 (en mm et 1/10)
Mois
Pluies
Nb de Jrs
J
327,7
19
F
203,2
15
M
353,9
19
A
288,2
18
M
256,3
19
J
275,1
21
J
222,5
23
A
197,7
22
S
126,8
18
O
88,1
15
N
118,1
15
D
214,0
16
Source : Service météorologique Ampandrianomby.
Le tableau n°02, présente la quantité de pluies à C ap est durant la période de
1951 à 1980. Il révèle que la quantité de pluies qui tombe au mois de mars est la
plus abondante de l’année avec 353,9mm. Et le mois d’octobre demeure le plus sec
avec 88,1mm. La moyenne annuelle est de 2671mm.
Sur la côte Est de la presqu’ile Masoala la pluviométrie augmente du nord au
sud, allant de 2212mm/an à Antalaha, 2750mm/an à Cap Est, 3054mm/an à Cap
Masoala et 3751mm/an à Maroantsetra1. Cela est dû à la position de l’Anticyclone de
Mascareignes par apport à ces stations. Le nombre de jours de pluies varie de 15 à
23 par mois dont la moyenne est de 18 jours durant le période de1951 à 1980.Il pleut
pendant 220 jours par an.
1
Ce sont des données pluviométriques de 1936 -1970
19
Total
2671
220
Figure n° 02 : La pluviométrie moyennes de la stati on Cap est de 1951-1980
La figure n° 02, précise que la quantité pluviomét rique dans la commune
diminue dès le mois d’avril jusqu’au mois d’octobre. Puis elle croit sensiblement
jusqu’au mois de janvier pour diminuer au mois de février. La baisse de la quantité
pluviométrique entre les mois de Septembre et novembre résulte de l’affaiblissement
de l’Anticyclone de Mascareignes qui laisse la mousson régner à Madagascar.
Tandis que dès le mois de décembre l’anticyclone commence à rapprocher la côte
est malgache en apportant un vent chaud et humide générateur de pluies diluviennes
sur cette zone.
Figure n°03 : Courbe ombrothermique de la station d e Cap est
20
Cette figure n°3 est réalisée à partir de la formul e de Gaussen : P= 2T, dans laquelle
P désigne la pluviométrie et T indique la température.
D’après cette figure n°3,la commune rurale d’Amboh itralanana ne connait pas
de mois sec mais juste une diminution de quantité pluviométrique du mois d’Août
jusqu’au mois de Novembre. Ceci est dû à la pluie apportée par l’Alizé issu de
l’Anticyclone de Mascareignes, qui balaye cette zone presque toute l’année.
1-3-3 L’humidité
C’est la quantité de l’eau à l’état de vapeur contenue dans l’air. Elle est
variable dans le temps et dans l’espace.
Tableau n° 03 : Humidité relative de l’air à Cap es t (en %) de 1951 à 1980
Mois
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
Normale 07h 88 88 90 89 87 86 85 84 83 82 84
12h 77 78 80 81 80 80 79 77 75 73 73
17h 82 82 85 85 84 82 81 82 80 79 81
Moyennes/J
82 83 85 85 83 83 82 81 79 78 79
Source : Service météorologique Ampandrianomby.
D
86
75
82
80
Moyenne
86
77
82
81
D’après le tableau n°3, le mois de mars est le plu s humide avec une valeur
moyenne de 85%, et le mois d’octobre est le plus sec avec 78% en moyenne. Dans
la journée, l’humidité de l’air diminue pour atteindre la valeur minimale à 12h et
augmente de nouveau.
1-3-4 Les cyclones
Un cyclone tropical est un centre de basse pression circulaire très profond
avec une valeur en dessous de 1015 hectopascal et d’une centaine de kilomètres de
diamètre. Il est caractérisé par :
-
Un vent violent
Une forte humidité de l’air
Une pluviométrie très abondante
Madagascar en générale et la côte est malgache en particulier connaît les cinq types
de cyclones tropicaux (selon la classification du service météorologique), allant de la
tempête tropicale modérée au cyclone tropical très intense (tableau n°04 cidessous).
21
Tableau n°04 : Les différents types de perturbation s atmosphériques dans les zones
tropicales
Appellations
Vitesse moyenne du vent
Rafales du vent
Tempête Tropicale Modérée (TTM)
62à88km/h
95 à 130km/h
Forte Tempête Tropicale (FTT)
89 à 117km/h
132 à 176km/h
Cyclone Tropical (CT)
118 à 165km/h
178 à 252km/h
Cyclone Tropical Intense (CTI)
166 à 212km/h
254 à 330km/h
Cyclone Tropical Très Intense (CTTI)
>à 212km/h
>330km/h
Source : Service météorologique Ampandrianomby
Le nord-est de Madagascar est le secteur le plus touché par des perturbations
cycloniques, comme le montre le tableau n°05 ci-des sous.
Tableau n°05 : Les cyclones ayant touché Madagascar entre 2000 et 2009
Cyclones
Types
Ceux qui ont touché Date
notre zone d’étude
HUDAH
CTTI
×
02 Avril 2000
DERA
CT
Mars 2001
CYPRIEN
FTT
Janvier2002
HARY
CTTI
×
09 Mars 2002
KESINY
CT
Mai 2002
ABAIMBA
TTM
Septembre 2003
CELA
CT
Décembre 2003
ELITA
CT
Janvier 2004
GAFILO
CTTI
×
06 Mars 2004
ERNEST
CTI
Janvier 2005
FELAPI
TTM
Janvier 2005
BOLOETSE
CTI
Janvier 2006
BONDO
CTI
Décembre 2006
CLOVIS
CTTI
Décembre 2006
INDLALA
CTI
×
Mars 2007
JAYA
CTI
×
Mars 2007
FAME
FTT
Janvier 2008
IVAN
CT
Février 2008
JOKWE
CTI
Mars 2008
ERIC
TTM
Janvier 2009
FANELE
CTI
Mars 2009
JADE
FTT
×
Avril 2009
FAMI
TTM
HUBERT
FTT
Source : Service Météorologique Ampandrianomby
22
Sur les 24 cyclones qui ont touché Madagascar entre 2000 et 2009(tableau n°05),
six d’entre eux (x)1 ont traversé le secteur compris entre Vohémar (au nord)et
Maroantsetra(au Sud). Parmi ces six cyclones, trois d’entre eux ont de catégories
des cyclones tropicaux très intenses(CTTI), deux cyclones tropicaux intenses(CTI)
et une forte tempête tropicale(FTT).
D’après la monographie de la région SAVA, trois cyclones seulement ont
touché cette région durant la période de 1985 à 2000. A partir de l’an 2000, le
passage de cyclone y devient de plus en plus fréquent car en neuf ans (2000-2009),
six cyclones ont ravagé cette région.
1
Indiquant les cyclones qui touchent notre secteur d’étude
23
CHAPITRE DEUXIEME : LES COMPOSANTES HUMAINES
2-1 Histoire de peuplement, les us et coutumes
2-1-1 L’Origine de la population
Le peuplement de la presqu’île Masoala et la partie sud d’Antalaha a
concordé avec l’extension du royaume Betsimisaraka vers le nord au début du
XVIIIe S.D’après les enquêtes faites auprès des « Tangalamena » , la population
de la commune rurale d’Ambohitralanana viendrait de Mananara nord et de
Maroantsetra. Ceci est corroboré par l’existence de clan« Antimanagnara »dans la
commune qui sont des peuples primitifs de cette région. Ils seraient venus par
bateaux. Le premier village de cette commune appelé Andraoka était bâti sur la
côte près de l’embouchure du fleuve Onive. Ce dernier serait implanté vers la
deuxième moitié du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle .Faute des
sources historiques écrites , on ne sait rien sur ce village .
A cause de l’érosion marine, Andraoka fut abandonné vers le début du
XIX siècle et les populations s’installèrent à Andrombazaha.
e
Il est évident que toutes les populations d’Andraoka et d’Andrombazaha
sont des pêcheurs .
Le moment où Andrombazaha devenait un véritable village , des petits
hameaux de pêcheurs s’installèrent le long de la côte vers le sud tel
Ratsianarana et Antsahambavy. Ainsi Andrombazaha se développait car il est
naturellement un grand port d’échange avec l’extérieur. Il était dirigé par des
grands chefs, dont Botovelona, Tsalahatra, Ambaravavy, Koliny et Samisonina.
En ce moment-là, Andrombazaha n’était qu’un village d’habitation, mais
les champs de cultures se trouvaient à 7km(aux alentours de l’actuel
Ambohitralanana). A cet effet la population décida de s’installer dans l’actuel
village d’Ambohitralanana pour pouvoir se rapprocher des champs de cultures.
C’est la raison pour laquelle en 1911, l’école était transférée à l’actuel cheflieu de la commune. A cette date le chef-lieu de la commune n’était constitué
que par quelques grandes familles , dont celles de Samisonina , de Tiady , de
Belalahy Sahidy , de Belalahy lava , de Kalasy , de Totozafy , de Vahiny, de
Botomitsolava, de Borofotsy et de Rainizafimiharana1.
Depuis leur installation définitive à Ambohitralanana , les populations
s’intéressent davantage à l’agriculture qu’à la pêche , car cette dernière ne
permet plus satisfaire leurs besoins quotidiens .
En 1930 Ambohitralanana devenait un chef-lieu de canton délimité par
Sahantaha au nord ,Antsandragnonana à l’Ouest et Ratsianarana au sud. Il
est à cheval sur les communes d’Ampohibe et d’Ambalabe.
1
Ancêtre de l’auteur
24
En 1974, le Canton devient « Firaisampokontany »et le découpage
administratif a été modifié. A cette époque le Firaisampokontany d’Ambohitralanana
était limité par :
Le fokontany d’Anjahamarina I au nord
Le fokontany d’Andranoampaha au sud
Le fokontany d’Antanandavahely à l’ouest
Depuis 1992, le Firaisampokontany d’Ambohitralanana devient une commune
rurale, mais sa délimitation reste inchangée.
2-1-2 Les conditions de peuplement
En général le réseau hydrographique favorise la création des hameaux et des
villages car il constitue la meilleure voie d’accès et de communication. Au début, les
populations s’installèrent sur la côte, puis elles ont remonté vers l’intérieur en
empruntant les fleuves et les cours d’eau. Dans la commune, presque tous les
villages et hameaux se trouvent aux abords des cours d’eau et de mers.
La création de la réserve naturelle intégrale de Masoala en 1927, a aussi des
influences sur l’installation humaine dans la commune. Cette réserve intégrale est
limitée au nord-ouest par le fleuve Onive, à l’est par la mer (à l’exception du village
d’Ambohitralanana, de Ratsianarana et d’Ambodirafia) et au sud par le fleuve
Ratsianarana.
On constate que tous les villages implantés avant 1927 se trouvent sur la rive
droite de l’Onive(sauf Ambohitralanana). Ce sont d’aval en amont : AnjahamarinaI,
Ambatobe, Antanambao, Sahafary et Antanandavahely. Après le déclassement de la
Reserve en 1964, des nouveaux villages et hameaux viennent s’installer sur la rive
gauche de l’Onive. Ils sont d’aval en amont, Ambanimangy, Ambodimangatelo,
Sinda, Sahamalaza, Ambalavy et Marivorano. A l’exception de Ratsianarana et
d’Ambodirafia, tous les hameaux et villages le long de la côte ne sont devenus de
véritables villages qu’à partir de 1964. Ce sont du nord au sud Sahanjahana,
Ambohimahery, Maharavo, Analamanga et Andranoampaha.
Dans la commune, les reliefs sont très accidentés influençant ainsi les activités
agricoles, qui conditionnent à leur tour l’installation humaine. Par ailleurs les villages
sont plus denses dans le secteur de plaine que dans la zone montagneuse. Par
exemple, autour du chef-lieu de la commune situé sur une vaste plaine, on
dénombre quatre villages dans un rayon de 10km environ (Anjahamarina I,
Ambatobe, Antanambao, Ambanimangy).
2-1-3 Les us et coutumes
Ils s’agissent des tabous, de l’exhumation et partage des biens, la pratique de
Tavy et la croyance ancestrale. Ces phénomènes sociaux attachent fortement les
populations locales à leurs ancêtres et les nouent énormément les unes des autres.
25
2-1-3-1Les Tabous
Les populations dans la commune rurale d’Ambohitralanana sont fortement
croyantes et dépendent beaucoup des forces surnaturelle invisibles : les tabous
(fady).Ces derniers peuvent venir des ancêtres et transmis de génération en
génération. Par exemple, travailler le mardi et le jeudi est formellement interdit dans
cette commune. Ces tabous sont littéralement respectés par les populations, qui
croient que le non-respect à de ces tabous peut rendre malade et provoquer la
destruction des récoltes dans les champs.
Dans la commune il y a deux grands types de tabous : les tabous ancestraux
(fadin-dRazana) et les tabous venant du guérisseur (fadinaody). Ainsi ils sont très
différents car le premier est perpétuel et le second est temporaire. Ils sont aussi
différents d’une famille à l’autre.
2-1-3-2L’exhumation et le partage des biens
L’exhumation c’est un rite funéraire servant à la « purification » du défunt. Il
s’agit du déterrement des ossements dans la tombe. Après la « purification », le
défunt doit avoir sa part des biens. Les paysans locaux font du partage des biens
aux défunts, car pour eux, la mort est la continuation de la vie terrestre dans l’audelà là. Ils sacrifient des bœufs sans défaut pour le défunt.
2-1-3-3La pratique du Tavy
C’est une forme de mise en valeur la plus vieille et la plus répandue dans la
commune. Elle n’est pas seulement une technique agricole mais aussi une forme de
religion. En effet, avant le défrichement les paysans font des expiations aux
ancêtres, c’est le « joro savoka ». Ce dernier est la demande d’accès du terrain aux
ancêtres. Pour eux, la négligence de ce rite engendrerait des choses maléfiques et
de mauvaises récoltes.
2-1-3-4La croyance ancestrale
La majorité de la population locale sont plutôt fidèles à la croyance ancestrale
qu’au christianisme, car elles sont très attachées aux ancêtres. Dans cette commune
les Tromba , les Mpimasy et les Mpisikidy gagnent du terrain.
2.2 Les caractéristiques de la population
2 .2.1La natalité
Tableau n° 06 : Les naissances dans la commune
Année
2004
2005
Naissance
264
259
Population totale
16624
16793
Source : CR Ambohitralanana
26
2006
338
17864
2007
358
18147
Le tableau n°6, montre la naissance dans la commune rurale
d’Ambohitralanana de 2004 à 2007.Il en résulte que le nombre de naissances
annuelles est supérieur à 259.Il est en progression continue durant les trois dernières
années. Le taux de natalité (rapport entre le nombre de naissance et l’effectif total de
la population, multiplié par cent)dans la commune est de 1,75 % pour les trois
dernières années. Il est nettement inférieur au taux de natalité de l’ensemble du
district d’Antalaha qui est de 3,7%.1Il est aussi inférieur au taux de natalité de la
région SAVA, 3,5%.
2.2.2 La mortalité
D’abord, il faut signaler que tous les décès dans la commune ne sont pas
déclarés à la Mairie. Donc, le tableau ci-dessous ne donne que le nombre des décès
enregistrés à la Mairie.
Tableau n° 07 : Les décès dans la commune
Années
2004 2005 2006 2007
Décès
40
58
44
42
Population totale 16627 16793 17864 18147
Source : C R Ambohitralanana
D’après ce tableau, le nombre des décès dans la commune varie de 40 à 58
par an. Le taux de mortalité (rapport entre le nombre de décès et l’effectif total de la
population multiplié par cent)dans la commune est égal à 0,26% durant ces trois
dernières années. Il est inférieur à l’ensemble de district d’Antalaha qui est de
0,7%2. Encore plus bas en comparant avec celui de la région SAVA, qui est 0,7%
2.2.3 L’accroissement naturel
C’est la différence entre le nombre de naissance et le nombre de décès.
Tableau n° 08 :L’accroissement naturel
Année
2004 2005
2006
2007
Naissance
264
259
338
358
Décès
40
58
44
42
Accroissement naturel 224
201
294
316
Population totale
16627 16793 17864 18147
1
2
Taux de natalité en 1993 d’après la monographie de la région SAVA
Taux mortalité en 1993 d’après la monographie de la région SAVA
27
L’accroissement naturel dans la commune varie de 201 à 316 durant ces trois
dernières années. Ce qui fait que chaque année plus de 200 personnes viennent
naturellement s’ajouter à la population locale.
Le taux d’accroissement naturel (la différence entre le taux de natalité et le
taux de mortalité) est donc de 1,49% dans la commune durant les trois dernières
années. Il est inférieur à la moyenne du district d’Antalaha qui est de 3%1. A ce
rythme d’accroissement naturel très faible,(1,49 %), la population de la commune ne
doublera que dans 70 ans, car elle augmente naturellement de 258 habitants par an,
en moyenne
Tableau n°09 : L’évolution de la population
Année
2004
2005
Population
16627
16793
Source : CR Ambohitralanana
2006
17864
2007
18147
Figure n°04 :L’évolution de la population
Effectifs
18500
18000
17500
17000
16500
16000
15500
2004
2005
2006
2007
Années
Le tableau n°09 et la figure n°04, montrent l’évolu tion de la population dans la
commune rurale d’Ambohitralanana durant la période de 2004 à 2007.Il en résulte
que la population dans cette commune ne cesse d’augmenter durant les trois
dernières années. Elle est passée de 16627 habitants en 2004 à 18147 habitants en
2007 (soit 1520 habitants de plus), mais l’augmentation est particulièrement
importante entre 2005 et 2006 (1071 habitants de plus contre 166 entre 2004 et 2005
et 283 entre 2006 et 2007). En 2005, l’exploitation de bois de rose dans cette zone a
attiré beaucoup personnes. Et en plus, les exploitants font venir beaucoup de mains
d’œuvres dans cette zone. C’est pourquoi donc la montée exponentielle de
population de 2005 à 2006.
1
Accroissement naturel en 1993 d’après la monographie de la région SAVA
28
•
La répartition par catégorie d’âge de la population
Tableau n°10 : La distribution par classe d’âge de la population(en
population
2007)
Hommes
Femmes
0-5
1184
1465
6-10
1732
2042
11-17
2109
2392
18-59
2678
3039
Plus de 60
720
786
Total
8423
9724
Source : CR Ambohitralanana
Figure n° 05 : La r épartition de la population par classe
c
d’âges
Effectifs de la population
3500
3000
2500
2000
Hommes
1500
Femmes
1000
500
Classe d'âges
0
0à5
06 à 10
11 à 17
18 à 59
Plus de 60
Statistiquement parlant,
parlant plus de la moitié de la population ont moins de 18
1 ans
en 2007(10 924 sur 18 147 habitants).Cela
ela prouve que la population dans cette
commune est jeune.
Sur la figure n°5 , ce sont les femmes qui remportent sur les hommes en
termes d’effectif dans toutes les classes d’âges. Le sexe
sex ratio dans la commune est
de 87hommes pour 100 femmes en moyenne.
29
2-2-4 La répartition spatiale de la population
Tableau n°11 : Effectif de la population par fokontany en 2007
Fokontany
Population
Ambohitralanana
4034
Antanandavahely
2040
Sahafary
969
Ambatobe
2520
Anjahamarina I
941
Ambodirafia
982
Sahanjahana
1272
Ambohimahery
740
Maharavo
1637
Ratsianarana
2122
Andranoampaha
890
Total
18147
Source : CR Ambohitralanana
Le tableau n°11, résume la répartition spatiale par fokontany de la population
dans la commune rurale Ambohitralanana. Il en résulte que plus de la moitié des 11
fokontany, soit 08, ont une population de plus de 1000 habitants.
Figure n°06 : Les populations
population par fokontany en 2007
Effectifs de la population
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
FOKONTANY
La figure n°6, montre que la majorité de la population dans la commune se
concentrent dans les quatre principales localités, à savoir Ambohitralanana,
Ambatobe,, Ratsianarana et Antanandavahely. Par contre, Ambohimahery est la
localité le moins peuplé.
30
2-3 Les Activités humaines
Il s’agit des activités dans le secteur primaire qui sont l’agriculture, l’élevage,
la pêche et l’artisanat.
2-3-1 L’agriculture
Elle est la base des occupations paysannes dans la commune rurale
d’Ambohitralanana. Il y a deux systèmes de mise en valeur qui sont la riziculture
irriguée et la culture sur brûlis.
2-3-1-1La riziculture irriguée
Elle est caractérisée par des différentes phases de préparation. Tout d’abord,
elle commence par la préparation de semis et le pietinage de rizière. C’est après le
pietinage que commence le repiquage, suivi ainsi par le sarclage. Le gardiennage, la
récolte et le séchage terminent le cycle de cette activité.
La riziculture irriguée, demande la maîtrise d’eau et beaucoup de mains
d’œuvres. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, les mains d’œuvres sont
nombreuses mais les techniques utilisées demeurent encore traditionnelles et
rudimentaires.
Les paysans ne disposent que de l’Angady, la pelle, le Borizina (couteau)
comme outils agricoles. Même à l’heure actuelle, très peu des paysans utilisent déjà
la charrue.
Faute de la maîtrise d’eau, la riziculture irriguée reste dépendante des pluies.
En effet les paysans ne peuvent commencer les travaux qu’à l’arrivée de pluies et au
moment où les rizières ont trop d’eau ils ne peuvent aussi rien faire. Dans ce cas, ils
ne peuvent corriger ni l’insuffisance ni la surabondance de l’eau dans la rizière. Donc
la riziculture irriguée reste toujours tributaire de la maîtrise d’eau dans cette
commune.
2-3-1-2La culture sur brûlis
Elle est caractérisée par le défrichement suivi par le séchage ainsi que le
brûlis. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, le défrichement commence au
mois de septembre et octobre et puis le séchage et brûlis se dérouleront entre
octobre et décembre. Ainsi le semis se déroule entre novembre et janvier. Et le
sarclage ne dure que 2 mois, janvier et février. Le gardiennage au mois d’avril
s’enchaine par la récolte aux mois de mai et juin.
D’après le PCGM1999, la culture pluviale dans la presqu’île Masoala, y
compris notre zone d’étude produirait plus de 600kg à l’hectare. Or dans la commune
rurale d’Ambohitralanana, plus de 1424ha de terrains sont exploités en culture de riz
pluvial. Ceci donne annuellement une récolte de2397 tonnes avec un rendement de
1,7 tonne à l’hectare (PCD 2007). En plus de la culture du riz, les paysans font aussi
des alternatives de cultures telles les vanilliers, les caféiers les girofliers, les
bananes, le manioc, la patate, ainsi que des cultures maraichères.
31
2-3-2 L’élevage
Après l’agriculture, l’élevage vient en seconde place dans les occupations
paysannes dans la commune. L’élevage bovin tient le premier rang. Car les bovidés
sont très importants dans la vie des Betsimisaraka d’Ambohitralanana. Ils pratiquent
l’élevage extensif et contemplatif avec de méthodes encore empiriques. D’après le
PCD 2007, la commune rurale d’Ambohitralanana possède 788 têtes de bœufs, 70
têtes de moutons et 76têtes de porcs.
2-3-3 La pêche
Parmi les 11 fokontany dans la commune, huit d’entre-eux sont situés sur la
côte, bénéficiant ainsi des produits halieutiques. La pêche est l’activité principale
des habitants littoraux. Ils sont encore des petits pêcheurs qui pratiquent la pêche
traditionnelle. Ils utilisent à la fois la pêche à filet et la pêche en ligne. Ils utilisent
aussi la pirogue monoxyle à ramer ou à voile. Les produits obtenus sont encore
traités soit avec de feux ou des sels pour avoir les poissons fumés et les poissons
salés. La congélation des poissons est encore absente dans cette zone.
2-3-4 L’artisanat
Il s’agit de la transformation des ressources naturelles en objet de
consommation. Les matières premières utilisées sont les produits forestiers
secondaires tels le penja (cypéracées), horefo (cyperus latifolius), Rambo
(pandanus), rafia (raphia madagascariensis). La présence de grand marais engorgé
de différents types de cypéracées est l’apanage de cette activité. C’est ainsi que le
tressage est omniprésent dans chaque fokontany dans cette commune.
Les femmes sont les premières actrices de ce métier. Le tressage est souvent
exécuté durant les jours« fady », c’est-à-dire le mardi, le jeudi et le dimanche. Les
articles obtenus sont les soubiques, les nattes, les chapeaux et les cartables.
D’après le PCD2007, la commune rurale d’Ambohitralanana fournit chaque année
16000 soubiques, 1500 nattes en penja, 1200 nattes en horefo, 800 chapeaux en
penjaet 300 cartables.
Conclusion partielle :
En conclusion, le relief de la commune est essentiellement dominé par des
paysages collinaires dont plus d’un tiers sont occupés par les hautes collines. Ce
relief généralement recouvert des sols ferrallitiques est extrêmement accidenté.
Conjugué par des conditions climatiques rigoureuses, il est presque inhospitalier à
l’installation humaine. C’est pourquoi, appart du littoral, la commune rurale
d’Ambohitralanana est tardivement colonisée par les hommes. C’est pour cela
également qu’elle est encore recouverte d’une grande étendue forestière.
32
DEUXIEME PARTIE :
LA DEFORESTATION DANS LA COMMUNE RURALE
D’AMBOHITRALANANA
33
CHAPITRE TROISIEME: DYNAMIQUE DE LA DEFORESTATION
A l’échelle mondiale, aucun pays n’est à l’abri du phénomène de la
déforestation. Mais dans les pays tropicaux, elle atteint la phase critique. Selon la
FAO, environ 13 millions d’hectares de forêts disparaissent annuellement sur Terre.
C’est l’équivalent d’un terrain de foot Ball toutes les quinze secondes. A Madagascar,
elle est encore plus dramatique. Ainsi chaque année de 128000 à 300000 ha de
forêts malgaches sont détruites soit par le tavy ou par l’exploitation excessive ou par
les feux.
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, la déforestation aurait été existée
depuis la première installation humaine. Elle peut historiquement classifier en quatre
grandes périodes :
3-1 Avant 1927
Depuis la période coloniale, comme l’ensemble de la presqu’île Masoala, la
commune rurale d’Ambohitralanana a été le théâtre de nombreuses concessions
d’exploitations forestières accordées par le gouvernement malagasy aux étrangers.
Les forêts depuis Cap Est jusqu’aux environ d’Antalaha furent les premières
victimes. La première scierie de Masoala a été installée en 1850 par un dénommé
HARDWICK Wilson, originaire de l’île Maurice. Dès 1887, les autorités malgaches
ont délivré aux étrangers de gigantesques concessions pour l’exploitation de bois.
Ainsi DESIRE Maigrot, citoyen créole Mauricien et consul d’Italie, a reçu une
concession forestière de 2500 km2 à Masoala (soit 3fois la superficie de la commune
rurale d’Ambohitralanana) à titre de remerciements pour ses efficaces tractations lors
de la guerre franco-malgache de 1883 à 1885. La concession accordée à Maigrot
pour une période de 10 ans (1887-1897) s’étendait autour de l’ensemble de la
péninsule Masoala. Son principal centre d’activités était dans la région du Cap Est, à
Angôntsy.
Selon Chapotte en 1898, garde générale de la forêt, Maigrot avait aussi établi
d’autres bases autour de la côte. Il les avait utilisées comme centre d’exploitation
pour l’ébène, le palissandre, le bois de rose et le latex pour la fabrication des
gommes et du caoutchouc. Durant les dix années d’exploitation, Maigrot a soustrait
environ 10000 tonnes de bois dans la presqu’île Masoala. A part celle de Maigrot,
d’autres concessions ont été aussi attribuées au britannique Kingdom et aux
Mauriciens Thomé et Cayeux.
Toutes ces concessions d’exploitations forestières léguées étaient liées à une
contrepartie de 20% de bois abattus, un tiers de récoltes de caoutchouc et 10% des
taxes d’exportations, pour l’Etat. Le garde général de la forêt, CHAPOTTE 1898, a
précisé que 512m3 (soit 622t)de bois étaient sortis pour l’exportation du port
d’Angôntsy entre le 1erjuin 1897 et le 31mars1898.Il ajoute aussi que l’exportation de
bois pour l’ensemble de l’île n’était alors que 5 845t en 1922 dont 419t d’ébènes,
253t de palissandre et 5173tles autres bois. Dans ce cas le port d’Angôntsy détient le
10% d’exportation de bois de la grande île.
34
Le garde général de la forêt, Chapotte, en 1898 a fait une estimation globale
du potentiel forestier de la presqu’île Masoala : « la péninsule Masoala et la région
qui lui fait suite au nord jusqu’aux environs d’Antalaha peuvent être considérées,
dans leur ensemble, comme un immense bloc boisé. L’étendue de ce massif est
évaluée à environ 4000 km2 ou 400 000ha. Plusieurs brèches ou enclaves de
défrichement y ont été pratiquées depuis, du fait de l’homme. Toutefois, la surface
transformée en culture, en pâturages ou broussailles est évaluée à un dixième (soit à
40 000 ha). Chapotte cite que les régions attaquées par l’homme sont les suivantes:
vallées d’Antsanadriana et ses affluents (fleuve Ankavia à l’ouest d’Antalaha), celle
de Mahalevona et Anonibe (Maroantsetra), Onive (actuel Ambohitralanana), les
environs de Fampotabe (Fampotakely, Ampanavoana). Les régions d’Antsambavy,
de Ratsianarana et d’Angôntsy (dans la commune rurale d’Ambohitralanana), sans
être dépourvues de matériaux ligneux, ont déjà été fortement mises à contribution
par les exploitations directes ou indirectes d’anciens concessionnaires » (citée par
STEVEN (G), 2008, in Paysages naturels et biodiversité de Madagascar).
De Lassalle en 1797, longe la côte de Vinanibe à 7 lieues (38 km environ) au
sud d’Angôntsy, immédiatement au nord du Cap est, ce pays est très boisé et peu
peuplé. On ne pouvait pas faire ce trajet par terre parce que cette partie est si
fourrée qu’elle est impénétrable.
Un siècle plus tard M Coignet (1867) prospecte dans la région d’Angôntsy puis
se rend d’Angontsy à Maroantsetra. Lors de la première partie du voyage du Cap
Masoala à Managnarabe (ancien nom du fleuve Onive), en 1863, toute cette zone
était couverte de forêt presque continue : il n’existait de clairières que dans les
parties incendiées par les indigènes pour les plantations du riz. Plus à l’intérieur on
ne peut pas circuler qu’en remontant les fleuves et les cours d’eau.
Faute des données relatives à la déforestation de cette zone à cette époque,
nous ne pouvons pas donner des valeurs annuelles des superficies forestières
défrichées. Il est certes que, vu le faible effectif de population à cette époque et la
présence de plaines rizicoles autour du village d’Ambohitralanana, la déforestation y
aurait été très faible. Aux dires des paysans, l’activité principale des paysans à cette
époque était la pêche, la chasse et la cueillette de latex. Ce dernier est très
recherché par les colons. On l’obtient en coupant une liane appelée
« vahampingitra » (Andolphiamadagascariensis). Cette liane est très riche en latex.
Elle est actuellement en voie de disparition aussi bien dans la commune rurale
d’Ambohitralanana que dans la presqu’île Masoala en général.
Mais jusqu’en 1927, environ 2817ha de forêts ont disparu dans la commune rurale
d’Ambohitralanana. Ce chiffre est évalué à 33% des superficies forestières
défrichées jusqu’en 2009.
35
3-2 De 1927 à 1964
En 1927,une réserve naturelle intégrale fut créée à Masoala. Elle a une
superficie de 27682 hectares de forêt dense humide et sempervirente. Or à cette
époque400000 ha de massif forestier restant dans l’ensemble de la presqu’île. Ce
qui fait que 372 318 ha de forêts sont exclus de la protection dans la RNI de
Masoala. La RNI ne représente que 6,9% de la presqu’île Masoala. Les 94,46% sont
destinés à l’exploitation des ressources forestières. La réserve naturelle intégrale de
Masoala est délimitée sur les bassins versants du fleuve Onive et Ratsianarana
(dans l’actuelle commune rurale d’Ambohitralanana). Elle est limitée au nord par la
rive gauche du fleuve Onive et à l’est par la mer(océan indien),à l’exception des
villages Ambohitralanana, Ambodirafia, Ratsianarana et Antsambavy.
Toutes les forêts à l’intérieur de cette délimitation sont formellement interdites
à abattre. Et l’exploitation de forêts en dehors de la réserve est soumise à une
réglementation qui nécessite une autorisation préalable du service des eaux et forêts
français. D’après une source orale (Manoely Henri)1, la réserve naturelle intégrale de
Masoala était formée au début par toutes les forêts à l’est du fleuve Onive jusqu’à la
mer. Mais comme ces quatre villages cités ci-dessus étaient installés avant la
création de cette réserve, les populations résidentes ont demandé l’exclusion de ces
villages et les champs qui les entourent. Ainsi en 1955, une nouvelle délimitation de
cette réserve fut adoptée, définissant ainsi la RNI jusqu’en 1964. Elle est limitée au
nord par le fleuve Onive mais les bornes sont remontées au niveau de Sahafary. A
l’est, elle est fixée sur la côte juste au sud d’Ambodirafia ;Ratsianarana et
Antsambavy étaient exclus.
Les limites de la RNI définies en 1955 demeurent inchangées jusqu’à la fin de
la période coloniale. En 1962 la réserve naturelle intégrale de Masoala était
officiellement décrétée à nouveau par le premier gouvernement malgache.
Cependant, en 1964 ce décret fut abrogé et la RNI fut déclassée en forêt classée,
(décret n° 64-381 du16/09/64 cité dans la direction des eaux et forêts, 1993).
Durant la période de 1927 à 1964 la déforestation dans la commune rurale
d’Ambohitralanana ne touche que la zone à l’ouest du fleuve Onive car la partie sur
la rive gauche était minutieusement sous surveillance des services des eaux et forêts
à cette époque. Malgré le fait que l’administration forestière se déplace rarement
dans la zone forestière, les paysans ont peur d’elle. Un rapport explique d’ailleurs
que les villageois éprouvent véritablement de la peur devant les agents forestiers
(COEFFOR-KEPEM, 1998). Durant la colonisation, il y avait deux catégories de
pratiquants du Tavy. D’un côté, il y a ceux qui peuvent assumer les coûts de
transactions avec l’administration forestière et donc agissent presque au vue et au su
de tous. Cette catégorie regroupe les colons, les Malgaches riches et instruits.
1
Ancien président du Firaisampokontany d’Ambohitralanana
36
Tandis que de l’autre côté, les simples paysans qui ne faisaient pas partie de
ce groupe sont obligés d’aller plus loin dans les zones plus discrètes. Durant la
période de 1927 à 1964, la plupart des populations indigènes pratiquent le
défrichement illicite dans des vallées plus à l’écart échappant au contrôle de
l’administration forestière. C’est la raison pour laquelle que la forêt de Masoala est
parsemée de vallons défrichés. De 1927 à 1964 (37 ans), 1 793ha ont été défrichées
dans la commune rurale d’Ambohitralanana, donnant en moyenne 48ha par an. Ce
chiffre est évalué à 21% de l’ensemble de forêts défrichées dans la commune
jusqu’en 2009.
3-3 De 1964 à 1997
Après le déclassement de la réserve naturelle intégrale de Masoala en 1964,
elle était accordée en tant que concession d’exploitation forestière à la société Grand
Moulin de Dakar. Cette dernière avait établi une importante base à Cap Est (dans
l’actuelle commune rurale d’Ambohitralanana) où elle a installé les infrastructures
nécessaires à cette exploitation. Elle a implanté deux balises au port
d’Andrombazaha pour servir des repères d’accostage de leurs bateaux. Actuellement
ces balises sont encore en bon état. Elle a construit aussi une route pour
l’évacuation des bois vers le port et a créé des layons à l’intérieur de la forêt. Pour
ses hélicoptères, elle a aménagé deux terrains d’atterrissage : Antanandavahely et
Marivorano. Quand cette société s’est retirée en 1970, les forêts des plaines de cette
région étaient presque entièrement ravagées. Ainsi des milliers de troncs d’arbres
abattus non évacués sont laissés pourrir sur place.
La forêt littorale de la commune rurale d’Ambohitralanana s’étend jusqu’à
12km de la côte. Cela signifie qu’au moment où la société Grand Moulin s’est
retirée, toutes les forêts s’étendant jusqu’à 12km de la côte étaient disparues. A
partir du déclassement de la RNI en 1964 les paysans locaux étaient conscients que
les textes règlementaires relatifs au défrichement se relâchent davantage. Ainsi la
délivrance de permis d’exploitation forestière à la société Grand Moulin a donné
raison aux paysans qui pensaient que toutes les forêts de cette zone vont
disparaitre. C’est à partir de ce moment qu’ils se sont mobilisés davantage pour
approprier des terres par le biais du défrichement de forêts primaires. C’est à partir
de ce moment aussi que le défrichement de la forêt à l’est du fleuve Onive avait
effectivement commencé, car cette dernière était depuis protégée dans la RNI.
L’implantation de 1280ha de palmeraie en 1989 à SahanjahanaAmbohimahery a fait disparaitre 800 ha (62,5%) de forêts denses et humides de la
commune et seulement 480 ha (37,5%) de formations végétales secondaires.
L’ONG Care International, ancien gestionnaire du parc national Masoala (de
1997 à 2003) a souligné que le taux annuel moyen de la déforestation de la
péninsule Masoala de 1950 à 1991 (41 ans) était de 0,02%
37
En 1996, la société Malaisienne Timber Master a même demandé l’autorisation
d’abattre toute la forêt de Masoala. Heureusement le gouvernement s’est alors
opposé à ce projet et a décidé de protéger cette forêt.
De 1989 à 1991, le Missouri Botanical Garden (MBG), le département des
eaux et forêts (DEF) du Ministère et la branche de développement de l’église
luthérienne Malgache (SAFAFI), commencèrent un projet de conservation de forêts
dans la presqu’île Masoala pour être suspendu quelques temps après. En 1992
CARE international assura la réconceptualisation de ce projet de telle sorte qu’en
1993 CARE invita Wildlife Conservation Society (WCS) et Peregruine Found pour
prendre part à l’avant-projet de conservation. Finalement, le parc national Masoala a
vu officiellement le jour le 02 Mars 1997 sous le décret de création N° 97-141, cité
dans le journal officiel N° 2444 du 21/07/97 et don t l’inauguration a été effectuée le
19 octobre 1997.
La déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana a fait disparaitre
plus de 3841ha de forêts de 1964 à 1997 (33 ans), donnant ainsi une vitesse
moyenne annuelle de 116ha. Ce chiffre est évalué à 45% des forêts défrichées dans
cette commune jusqu’en 2009. Durant cette période, la déforestation y était dans une
phase alarmante.
Depuis que l’idée de créer un parc fut véhiculée dans cette zone, les paysans
locaux accélèrent l’extension de leurs parcelles par le défrichement, car ils ont cru
que les terrains déjà défrichés seront exclus du parc. Dans le bassin versant du
fleuve Onive, depuis le village d’Ambohitralanana jusqu’ à Antanandavahely la forêt
est fortement endommagée d’une manière discontinue. Pareillement le long des
affluents (Sinda, Sahamalaza rive gauche et Antsalovana, Ampandriambe rive
droite), toute portion de terrain aménageable est déjà exploitée par les premiers
venus.
A partir d’Antanandavahely, une dizaine d’hameaux se sont implantés pour les
mêmes raisons d’aménagements agricoles. Le long d’Ankavia et d’Ankavanana
(Onive), des zones défrichées forment un « collier de défrichement » qui est dû au
relief accidenté. Depuis les années 80, l’installation des hameaux s’est multipliée au
cœur de la forêt tout le long des cours d’eau. Ainsi de 1986 à 1993 huit nouveaux
hameaux ont été recensés dans l’étendue forestière du bassin versant d’OniveRatsianarana. Ce sont Tsararapaka en 1986, trois familles ;Beraesy en 1990, une
famille ; Anambatoaka en 1990, trois familles ; Ankavanankely en 1990, trois
familles ;Ampandriambe en 1990, trois familles; Bizono en 1993, trois familles ;
Ambodivahitra en 1993, une famille. Tous les habitants de ces hameaux sont en
quête des bas-fonds fertiles pour la rizière et des parcelles aménageables pour le
tavy, la plantation de café et de vanille. La déforestation dans le bassin versant du
fleuve Ratsianarana s’est essentiellement effectuée durant les quatre dernières
décennies (à partir de 1970).
38
Toute la partie basse est quasiment exploitée, obligeant les nouveaux venus à
remonter les fleuves. C’est ainsi que tout le long du fleuve a été défriché d’une
manière discontinue jusqu’à Sarandrano (Ratsianarana). Et en plus, les paysans
étendent petit à petit la surface qu’ils ont occupée : ils s’emparent d’abord des basfonds le long des cours d’eau et ensuite les zones environnantes.
3-4 De 1997 à 2009
La création du parc national Masoala en 1997 a apporté une grande
modification sur le rythme de la déforestation aussi bien dans la commune rurale
d’Ambohitralanana que dans la Presqu’île Masoala en général. A la création du parc
national Masoala en 1997, une bonne partie de la forêt de la commune a été déjà
défrichée et en 2009, elle ne reste plus que de 61 764ha.
Tableau n°12 : Evolution de la superficie défrichée dans la commune
Années
Superficie
en ha
1997
3,93
1998
8,4
1999
29,25
2000
15,25
2001
11,75
2002
7,7
2003
7,7
2004
6,7
2005
2,5
2006
3,44
2007
5,23
2008
3,3
Source : MNP Antalaha
Figure n°07 : Evolution de la superficie forestière défrichée
Superficie en ha
35
30
25
20
15
10
5
0
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Années
Le tableau n°12 et la figure n°7, précisent les sup erficies forestières défrichées
dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Il en résulte que depuis 1997 jusqu’en
1999 les superficies défrichées ont doublé chaque année dans la commune. Elles
passent de 3,93 ha en 1997 à 8,4 ha en 1998 et puis 29,25 ha en 1999. Elles
diminuent brusquement de2000 à 2005 et enfin elles se stabilisent à partir de 2006
jusqu’en 2009. Cette variation de la superficie forestière défrichée dans la commune
est due aux faits suivants :
De 1997 à 1999, les responsables du parc étaient encore dans la phase de
sensibilisation des paysans sur la limite du parc et l’interdiction de pratiquer le tavy
dans les forêts primaires.
39
2009
2,65
Au début, ces paysans ne connaissaient pas encore les limites du parc ainsi
que l’interdiction d’abattre les forêts primaires dans cette commune, c’est pourquoi ils
continueraient à défricher les forêts afin d’agrandir leurs champs. En plus, ils ont cru
aussi que les zones défrichées vont être exclues du parc et demeurent la possession
du défricheur pour toujours, car c’est le cas lors de la rédélimitation de la RNI en
1955.Ce sont probablement les raisons pour lesquelles que les superficies
défrichées dans la commune sont en progression continue entre 1997 et 1999.
Par ailleurs, de 1999 à 2005 les superficies ont fortement diminué. Cela est
dû au fait que les populations locales ont été sensibilisées à l’interdiction du tavy
dans l’étendue forestière de la commune et à la conservation de la forêt de cette
zone, sans oublier la peur de cinq ans d’emprisonnement pour les défricheurs pris en
flagrant délit.
Et en plus, la stabilité depuis 2006 jusqu’en 2009 découle de l’intensification
de l’exploitation de bois précieux dans cette zone. En fait l’exploitation des bois
précieux tels que les bois de rose, les bois d’ébène et autres, procure plus de
revenus aux paysans locaux que les productions agricoles issues du tavy.
En douze ans (1997-2009), la commune rurale d’Ambohitralanana a perdus
107,5 ha de forêt par le biais du tavy, donnant en moyenne 8,95 ha par an. Au total,
depuis 2000, la déforestation par la pratique du Tavy s’est atténuée dans la
commune rurale d’Ambohitralanana. Tandis que les coupes sélectives par le biais de
l’exploitation de bois précieux s’intensifient chaque année. Cela veut dire que la forêt
dans la commune rurale d’Ambohitralanana diminue faiblement en superficie mais
s’appauvrit rapidement en qualité.
Tableau N°13 : Evolution de la déforestation dans l a commune rurale
d’Ambohitralanana
Périodes
Avant 1927
1927-1964
1964-1997
1997-2009
Pourcentages
33%
21%
45%
1,26%
de forêts
défrichées
Menaces
Tavy+
Tavy+Exploitation Tavy+Exploitation Tavy+Exploitation
Exploitation
et Feux
Source : MNP Antalaha
40
Figure n°08 : Evolution de la déforestation
1%
33%
45%
Avant 1927
1927-1964
21%
1964-1997
1997-2009
Le tableau n°13 et la figure n°8,
n° révèlent que 45% des superficies forestières
défrichées dans cette commune sont effectuées durant la périodede1964à1997,
période
contre 21% de 1927 à 1964,et
64,et enfin33%
enfin
ont été entrepris
trepris avant 1927 contre 1,26%
1
seulement de 1997 à 2009. Car de 1964 à 1997 aucun programme de conservation
de forêts n’a été installé dans cette commune.
3-5
5 L’exploitation illicite de bois de rose dans la commune rurale
Ambohitralanana
3-5-1 Historique
L’origine de l’exploitation illicite des
de bois de rose remonte
monte en 2000 lors des
passages des cyclones successifs qui ont ravagé les forêts du versant oriental de la
péninsule Masoala. En effet,
effet après le passage du cyclone Hudah en avril 2000, une
autorisation a été délivrée par le Ministère responsable aux exploitants forestiers à
titre de ramassage des bois abattus. Mais cette mesure exceptionnelle a donné à
ces exploitants l’occasion pour effectuer la coupe généralisée des bois verts
vert encore
sur pied au cœur de la forêt.
Après le passage du cyclone Gafilo
Gafilo en Mars 2004, une autre autorisation de
collecte et d’évacuation a été attribuée aux exploitants pour une période de 3 mois
durant laquelle les exploitants se précipitèrent à couper des bois encore verts et non
à l’évacuation de produits autorisés. A la fin de la date butoir,
butoir les exploitants
déclarent au Ministère qu’ils ont encore beaucoup de produit à évacuer en brousse
ou stocks, d’où la naissance de « stocks élastiques ».. Dans ce cas le Ministère a dû
prolonger l’autorisation d’évacuation
évacuation des stocks.
ocks. C’est pourquoi à la fin de l’année
2006 jusqu’au début de l’année 2007, une nouvelle autorisation d’évacuation
d’
fut
attribuée aux exploitants. Dès le début de l’année 2009 jusqu’au début de l’année
2010 une autre nouvelle autorisation fut accordée aux exploitants pour leur
l
permettre
d’évacuer leurs stocks.
41
3-5-2 L’exploitation
Photo n° 07 : Des rondins de bois de rose attachés avec des flotteurs sur la
rivière Ankavia, affluent de l’Onive prêt à evacuer
Source : Auteur, Mars 2010
Les travaux d’exploitation de bois de rose sont des tâches dures et pénibles.
Les noyaux de bois de rose sont taillés par 2,5 m de long. Les produits
commercialisables ont un diamètre variant de 25 à45 cm, mais la taille idéale est de
35 à 40 cm de diamètre sur 2,5 m de long.
Les rondins sont trainés
avec de lianes spéciales (vahasariba et
vahambahegny) depuis sa souche jusqu’à la rivière où ils peuvent être trainés avec
des flotteurs. Un rondin de 2,5 m de long et 30 à 45 cm de diamètre, a besoin de
deux à cinq jeunes hommes pour sa tractation. Dans les rivières, à partir d’une
profondeur à hauteur du bassin, les rondins sont attachés à des flotteurs (photo
n°07) pour faciliter leur tractation jusqu’au point où ils seront embarqués dans des
pirogues monoxyles, qui par la suite les amènent jusqu’à l’embouchure.
Un rondin de bois de rose nécessite 02 à 05 flotteurs selon leur taille. Ainsi
trois espèces végétales peuvent servir de flotteur, à savoir Makolaody/Makorômbo
(Grewiasp), Harongana (harungana madagascariensis), Angezoka (Trema
orientalis).
Sur le plan économique, l’évacuation d’une pièce de rondin de bois de rose
d’amont vers l’aval (dès sa souche jusqu’à Antalaha) coûte en moyenne 400 000 Ar.
Or à nos jours le prix d’un kilogramme de bois de rose brute à Antalaha varie de 1
800 à 5000 Ar suivant leur qualité. Tandis que sur le marché international un kilo
vaut 8,5 Euros (soit plus de 20 000 Ar).
42
3-5-3
3 Les produits en stocks
Un
n inventaire de stocks de bois de rose a été effectué par le cantonnement de
l’environnement et de forêt
rêt d’Antalaha en novembre 2009. D’après cet inventaire, sur
les 16 communes dans le district d’Antalaha, 09 communes disposent de stocks de
rondins et de plaquettes.
Tableau N°14 :Répartition par commune des stocks de bois de rose en 2009
Communes concernées Nombre de rondins Nombre de plaquettes
Antalaha ville
1968346 (22,7%)
(22
37068
Ambohitralanana
3237977 (37,3%)
2260
Ambalabe
915737 (10,5%)
580
Ampanavoana
1491699 (17,2%)
238
Ambinanifaho
36676 (0,4%)
15053
Ampohibe
721420 (8,3%)
1149
Marofinaritra
112567 (1,2%)
100
Ampahana
87658 (1,01%)
0
Lanjarivo
93210 (1,07%)
0
TOTAL
8665290
56448
Source : Cantonnement de l’Environnement et Forêt (CEF) Antalaha
Figure n°09 : Répartition par commune de stocks de bois de rose à Antalaha
Antal
en 2009
Effectifs de rondins
3500000
3000000
2500000
2000000
1500000
1000000
500000
0
Communes
43
Le tableau n°14 et la figure n°9 indiquent la répa rtition par commune des
stocks de bois de rose dans le district d’Antalaha pour l’année 2009. Ils nous
montrent que la commune rurale d’Ambohitralanana détient le plus de stocks, avec
3237977 pièces de rondins de bois de rose soit 37,3% de l’ensemble de stocks du
district d’Antalaha. Cela signifie que les forêts dans la commune rurale
d’Ambohitralanana sont engorgées de cette espèce végétale, et en plus l’exploitation
de cette dernière y est très intense.
Aux dires des exploitants, un pied de bois de rose exploitable donne en
moyenne 4 à 5 rondins de 2,5m de long. Si on fait un calcul simple à partir des
stocks de cette commune, on obtient plus de 600 000 pieds de bois de rose vert.
Rien qu’en 2009, les quantités de stocks de bois de rose dans cette commune nous
donnent l’idée de l’intensification de l’exploitation de cette espèce végétale. En
2009, les exploitants de bois de rose qui suivent le fleuve Onive d’un côté et
Ratsianarana de l’autre se sont déjà rencontrés au cœur de la forêt. Cela veut dire
que les exploitants ont presque exploité tous les bois de rose de la commune. Donc
sans une mesure drastique, les espèces de dalbergia de grande taille vont bientôt
disparaitre dans la commune rurale d’Ambohitralanana.
3-6 L’état actuel de la couverture forestière dans la commune
La commune rurale d’Ambohitralanana dispose de 61 764 ha de forêt soit
87% de la superficie de la commune. Mais cette grande étendue forestière ne forme
pas un grand bloc forestier continu, mais elle est plutôt discontinue et découpée par
des complexes formations végétales secondaires et de plantations. Elle est formée
par trois catégories de forêts de statut nettement différent à savoir : les forêts dans
le grand parc Masoala, les forêts hors parc et la parcelle détachée d’Andranoanala,
carte n°3.
3-6-1 La forêt du grand parc Masoala
Elle est rattachée au grand bloc forestier de Masoala, carte n°3. Cette
formation forestière dense humide et sempervirente est composée de trois strates
plus ou moins imbriquées. La canopée est presque discontinue dans des zones à
forte pression d’exploitation de bois précieux. Tandis qu’elle est continue dans les
secteurs à l’abri de cette exploitation. Actuellement elle demeure la « zone rouge » à
cette exploitation. Elle est aussi pauvre en sous bois sauf dans les zones où les
canopées sont ouvertes laissant ainsi les jeunes plants à conquérir les espaces
vides. Dans cette zone, les arbres peuvent atteindre 25 à 30 m de haut et les
émergeants peuvent même dépasser 50 m. Les canopées sont dominées par des
épiphytes et les sous-bois sont presque les plantules des grands arbres de la
canopée.
La forêt du grand parc Masoala dans la commune rurale d’Ambohitralanana a
une étendue de 38 574 ha soit 54% de la superficie de la commune.
44
Carte n°03 : Les catégories des forêts dans la comm une
45
3-6-2 La forêt hors limite du parc
Elle a une superficie de 23 190 ha soit 32% de la superficie de la commune.
Elle est composée de trois strates. La canopée à frondaison dégradée est très
discontinue suite à des passages très fréquents des cyclones. Les strates
arborescentes et arbustives y sont très développées. Donc elle est une forêt en
phase de régénération. Les émergeants sont rares. Cette catégorie de forêt est très
disparate et éparpillée dans les formations végétales secondaires. Zone la plus
anthropisée, elle demeure le « réservoir » en produits forestiers pour les paysans
locaux. Ils y collectent les bois de construction, les bois d’œuvres. Actuellement elle
est « semi- protégée » car seule la collecte des produits forestiers y est autorisée et
non le défrichement ainsi que la mise à feu.
3-6-3 La parcelle détachée Andranoanala
Elle est composée par une partie incendiée et une autre non. Les deux parties
sont auparavant frappées par des cyclones très fréquents. Actuellement la partie
brulée est peuplée de fougères herbeuses et parsemée de Mongue macarangana
ainsi que des Ravenala plus ou moins espacés. L’essence forestière y est très rare.
De l’autre côté, la zone marécageuse est recouverte des cypéracées telles
que le Penja et Harefo. Les grands arbres y sont brulés et d’autres meurent sur pied.
Au total la partie incendiée ressemble au savoka de deux ans en friche, dans
laquelle les espèces héliophiles y dominent.
Par contre, la partie non brulée est une sorte de formation végétale en phase
de régénération. Sur le plan vertical, elle est composée de deux strates à savoir la
strate herbeuse et la strate arborescente. Cette dernière est très serrée et
impénétrable, pouvant atteindre jusqu’à 2 ou 3 m de haut. Les arbres qui doivent
former la canopée sont assommés par des cyclones et les feux.
Il n’y reste plus que des troncs morts sur place plus ou moins espacés. Ces
troncs témoignent que cette zone était recouverte de forêt littorale dense.
Sur les 1300 ha de la parcelle détachée d’Andranoanala, 281 ha (21,6%) sont déjà
partis en fumée. Donc, 1019 ha (78,3%) sont encore conservés pour l’instant.
46
CHAPITRE QUATRIEME : LES DIFFERENTES FORMES DE LADEGRADATION
DE LA FORETET LES MESURES D’ATTENUATION
Les forêts dans la commune rurale d’Ambohitralanana ont subi diverses
pressions humaines et climatiques. Le tavy et les feux accidentels les réduisent en
quantité tandis que l’exploitation des produits forestiers par le biais des coupes
sélectives les dégrade en qualité. Ainsi la dégradation quantitative et la dégradation
qualitative s’observent en même temps dans cette commune.
4-1 La dégradation quantitative
4-1-1 La dégradation provoquée par le tavy
Photo n° 08 : Tavy sur des parcelles forestières to ut près de Sarandrano dans le
bassin versant du fleuve Ratsianarana. Il est à l’extérieur du parcMasoala
Source : Auteur, Mars 2010
Le tavy en tant que forme de la dégradation de la forêt, a réduit au fil des
années la couverture forestière de la commune. Chaque année, les paysans locaux
défrichent les forêts primaires pour cultiver du riz pluvial. Ainsi les zones défrichées
avancent petit à petit au détriment de la couverture forestière.
Tableau n° 15: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009
Année
1927
1964
1997
Superficie forestière (ha) 67 494
65 702
61 861
Source : MNP Antalaha
47
2009
61 764
Figure n° 10: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009
Années
2009
1997
1964
1927
58 000
60 000
62 000
64 000
66 000
68 000
Superficies forestieres en ha
Le tableau n°15 et la figure n°10montrent l’évoluti on de la couverture végétale
dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ils révèlent que durant la période de
1964 à 1997, la couverture végétale de la commune a subi une forte régression, car
durant cette période aucun projet de conservation de la forêt n’y était en place. Par
contre de 1997 à 2009, cette régression s’est atténuée.
Le tavy fragmente le massif forestier en plusieurs petits blocs dispersés les
uns des autres. Dans la commune, la parcelle détachée d’Andranoanala, la forêt
communautaire de sahafary… sont toutes actuellement isolées les unes des autres
par le tavy.
4-1-2 Les Feux accidentels
Après le passage du cyclone Hudah en avril 2000, la forêt littorale
d’Andranoanala était gravement affectée. La canopée fermée devient ouverte,
favorisant ainsi la régénération des sous-bois. Les feuilles mortes, les branches
cassées et les grands arbres déracinés ainsi que le sol sableux qui retient peu
d’humidité, constituent des conditions favorables à la propagation des feux. Les
arbres morts sur pied conjugués par la sécheresse prolongée à la suite du passage
du cyclone y favorisent la progression des feux. C’est pourquoi en 2002 un feu de
nettoiement non maitrisé issu de la zone de culture, a ravagé 27 ha (2,07%) de la
forêt littorale d’Andranoanala. Après chaque passage de cyclone la vulnérabilité de
cette forêt s’accroit toujours.
Ainsi après le passage du cyclone Gafilo en mars 2004, encore 2 ha (0,15%)
de cette forêt sont partis en fumée. Mais le plus dramatique, c’était en 2007 où un
feu de nettoiement d’un champ de manioc non maîtrisé a brulé pendant un mois une
grande partie de cette forêt littorale. A cet effet, 251 ha (19,3%) ont disparu de ce
petit bloc forestier.
Au total, plus de 280 ha (soit 21,5% de la forêt littorale de la commune) ont été
brûlés en cinq ans (2002-2007), soit 56 ha par an en moyenne.
48
Par ailleurs, la partie de la forêt inclue dans le parc Masoala est à l’abri des
risques aux feux car dans cette parcelle le sol ferrallitique rouge/jaune et la canopée
fermée conjuguée
e par des pluies abondantes
abondant lui confèrent une humidité relativement
constante à l’intérieur de la forêt. Cette humidité quasi permanente est défavorable à
la propagation de feux. Donc,
Donc elle est à l’abri de la menace des feux. Bref, seule la
forêt littorale demeure le secteur cible des feux dans la commune.
4-1-3 Les effets cycloniques
Photo n° 09 : Forêt sur les versants
occidentaux de certaines collines à
l’abri des rafales des cyclones (dans le
bassin versant de la rivièreAnkavia.
Photo n° 10 : Forêt sur des versants
orientaux de certaines collines assaillis
par des rafales des cyclones (bassin
versant de la rivière Ankavia, affluent
de l’Onive)
Source : Auteur Mars 2010
La commune rurale d’Ambohitralanana
Ambohitralanana est une zone fréquemment touchée
par des perturbations cycloniques. Ainsi de 2000 à 2009 six cyclones l’ont touché. Le
passage d’un cyclone affecte profondément les forêts de la commune.
Pour la forêt littorale d’Andranoanala, les dégâts sont très importants.
importants Comme
elle est tout près de la mer, elle demeure la première cible. En 2000, le cyclone
Hudah l’a ravagé à 98%. Presque tous les arbres de cette forêt ont été abattus. Ceux
qui ne sont pas déracinés ont perdu toutes ses branches et se
e feuillages. Après le
passage de ce cyclone, on peut voir très loin jusqu’à 5km à travers cette forêt, ce qui
est impossible auparavant.
49
La forêt sur le versant occidental des collines est plus à l’abri des dangers que
celle de versant oriental, car les cyclones viennent souvent du nord est. Les rafales
issues de l’océan indien remontent le versant oriental en laissant en creux le versant
occidental pour sauter sur le versant oriental de la colline suivante. Dans ce cas la
physionomie de la forêt sur deux versants opposés d’une colline est nettement
différente dans la commune rurale d’Ambohitralanana.
Sur le versant oriental assaillis par de rafales, la canopée y est ouverte, les
branches sont cassées et les sous-bois deviennent de plus en plus denses, (photo
n°10). Tandis que sur le versant occidental, la can opée encore fermée, faible en
sous-bois et les frondaisons restent presque intactes, (photo n°9).
En 2002, le cyclone Hary a aggravé les dégâts du cyclone précédent. En effet,
les rejets encore très jeunes ont été assaillis par les rafales de vents. Le même
scenario s’est produit avec le passage du cyclone Gafilo, en 2004, de l’Indlala et
Jaya en 2007 ainsi que celui de Jade en avril 2009.On assiste à une dégradation
quantitative très poussée des forêts.
Au total les cyclones demeurent une menace sérieuse de la forêt dans la
commune rurale d’Ambohitralanana, car ils détruisent les structures physionomiques
de la végétation.
4-2 La dégradation qualitative
Comme nous l’avons mentionné plus haut, la forêt dans la commune rurale
d’Ambohitralanana est soumise non seulement à la dégradation quantitative mais
aussi à la dégradation qualitative. Cette dernière se présente sous plusieurs formes :
4-2-1 L’ouverture de canopées
Photo n° 11 : Piste d’évacuation de bois de rose em pruntée par les exploitants à
l’intérieur du parc Masoala dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana. Celle-ci crée
une vaste clairière au cœur de la forêt
Source : Auteur, Mars 2010
50
L’ouverture de canopées constitue une menace phénoménale dans la forêt de
la commune rurale d’Ambohitralanana. Les arbres y sont haubanés par la cime par
des lianes qui courent d’un arbre à l’autre. Dans ce cas un arbre tronçonné à sa base
ne s’écroule pas toujours. Il reste suspendu par la frondaison à ses voisins. Par
contre une trouée naturelle ou anthropique comme le percement d’une piste, la
coupe sélective intense qui isole les arbres, peut provoquer des écroulements en
série à la suite du passage d’un cyclone. Ce phénomène peut se produire dans un
milieu forestier à pente forte.
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, l’ouverture de la canopée est la
conséquence de l’exploitation illicite de bois précieux et du passage fréquent des
cyclones. Les exploitants des bois précieux ont créé des pistes d’évacuation des
rondins, photo n°11. En plus, la coupe et le tailla ge d’un pied de bois vert peuvent
ouvrir une clairière de 3 à 5 m de diamètre. Les exploitants installent des
campements au cœur de la forêt. Ces campement ne font que contribuer à
l’ouverture de canopées, dans lesquels où les exploitants défrichent leurs alentours
jusqu’à 5 à 10 m de diamètres. Un campement abrite entre 10 et 50 exploitants en
moyenne. A Mantazanina, à plus de 500 m d’altitude, aux abords de la rivière
Ankavia affluent du fleuve Onive, on y a compté plus de 108 paillotes dans un même
campement. Ceci est une sorte de petits hameaux créés au cœur de la forêt. D’après
une estimation, ce campement de Mantazanina abrite plus de 1000 exploitants.
Depuis 2005 le nombre de campements des exploitants recensés ne cesse
d’augmenter jusqu’à nos jours.
Tableau N° 16: Nombre des campements recensés (de 2 005 à 2009)
Année
2005
2006
2007
2008
Nombre de
13
15
20
82
campements
Source : MNP Antalaha
Figure n°11 : Nombre des campements recensés (de 20 05 à 2009)
Nombre de Campements
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2005
2006
2007
2008
Années
51
2009
2009
82
Le tableau n°15 et la figure n°11, indiquent le nom bre des campements
recensés dans la commune rurale d’Ambohitralanana de 2005 à 2009. Il en résulte
que les campements des exploitants y augmentent brusquement depuis 2007. Ceci
est dû au fait que les exploitants se multiplient de plus en plus.
Depuis 2006, les patrons font venir plusieurs milliers de mains d’œuvres dans
la commune, car les mains d’œuvres locales sont insuffisantes. De plus, à partir de
2007 la zone d’exploitation devient de plus en plus éloignée. Dans ce cas les
exploitants ne peuvent pas faire le va-et-vient entre leur village et la zone
d’exploitation, donc ils doivent camper dans la forêt pour mener à bien leur travail.
4-2-2 Diminution de la taille des arbres
Du fait d’une forte exploitation illicite de bois précieux et du prélèvement
excessif des produits forestiers, les futaies diminuent en nombre et en taille. Un
indicateur palpable de cette diminution est le fait qu’avant l’année 2005, le poids
moyen des rondins de bois de rose acheminés à Antalaha est de l’ordre de 200 kg
la pièce. Suite à la raréfaction des arbres de grandes dimensions, ce chiffre a
diminué. De 2005 à 2007,il se situe aux alentours de 150 kg. Tandis qu’actuellement,
il décroit à 100 kg la pièce.
Un inventaire de bois de rose réalisé par Raymond Rabevohitra et al, 2010, à
Beambazaha secteur Ambohitralanana nous y indique la composition
demographique de Dalbergia. Il est effectué en avril 2010 sur une parcelle de 3,5 ha.
Tableau N°17 : Composition démographique des Dalber gia dans un hectare
Diamètres
Andramenaberavina Andramenamadinidravina Andramenavolomborona
<5cm
75
6
3
5-10
2
2
0
>10cm
3
2
1
Nombre/ha
80
10
4
Source : MNP Antalaha
Figure n°12 : Répartition par taille de dalbergia
Effectifs de dalbergia
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
<5cm
5-10 cm
Diametres en (cm)
52
>10 cm
Le tableau n°16 et la figure n°12révèlent que sur 9 2 individus de Dalbergia
recensés dans un hectare, seulement quatre d’entre-eux ont un diamètre mesurant
entre 5 et 10 cm et six autres individus de diamètre supérieur à 10 cm. Cela signifie
que les individus de grandes dimensions ont été déjà exploités. Donc seuls les
individus de taille inférieure à 5cm dominent la population de Dalbergia dans ce
secteur.
En 2003 et 2004 sur le bassin versant du fleuve Onive, la zone d’exploitation
se situait à une heure de marche du village d’Antanandavahely. Mais de nos jours,
elle recule à 2jours de marche de ce même village, du fait uniquement de
l’épuisement des individus de grande taille. Tandis que sur le bassin versant du
fleuve Ratsianarana, elle était à 1 heure de temps du village de Ratsianarana, alors
qu’actuelle elle est à une journée de marche de ce village. Ceci nous montre que les
individus de grande dimension s’épuisent progressivement dans les deux grands
bassins versants de la commune.
Les fleuves et les cours d’eau constituent la voie d’accès à cette exploitation.
Par suite de l’exploitation excessive, certaines espèces végétales sont en voie de
disparition dans la commune rurale Ambohitralanana. Ce sont le Bilahy (Evodia
fatraina) photo n°12, Makolaody (Grewia sp) photo n°13, Manarana. Ils sont
respectivement nécessaires pour la fermentation de boissons alcooliques, flotteur de
bois de rose et confection artisanale.
De 2000 à 2008, les exploitants larguent sans se soucier des flotteurs utilisés
vers l’embouchure. Or suite à sa raréfaction depuis 2009, ils commencent à les
recycler. En effet, ils font remonter les flotteurs en aval pour la prochaine évacuation
et ainsi de suite.
Photo n° 12 : Bilahy (Evodiafatraina), une
espèce végétale en voie de disparition
dans la forêt de cette commune. Celle-ci a
été domestiquée tout près du village
Sarandrano (bassin versant du fleuve
Ratsianarana)
Photo n° 13 : Makolaody (grewia)
écorcée, prêt à être employée à
Marivorano ; une espèce végétale servant
de flotteurs de bois de rose. Elle est aussi
en voie de disparition dans cette
commune
53
Source : Auteur, Mars 2010
4-2-3 Destruction des individus de régénération
Elle est essentiellement due au prélèvement excessif des produits forestiers
par les paysans.
Tableau N°18 : Utilisation des produits forestiers par les paysans du village de
Sahafary
Utilisations
Nombre de tiges
Nombre de tiges
prélevées/ménage/an
prélevées/les 134
ménages/an
Préparation de boisson
3
45
alcoolique
Chapeaux
1
70
Bois de chauffe
22
3101
Fibres
13
1759
Murs
297
40 350
Nattes
1
151
Pirogues
1
99
Planches
12
262
Parquets
4
594
Piliers des maisons
15
1981
Toit de maison
375
50 897
Alimentation
11
1474
Total
755
100 783
Source : MNP Antalaha
54
Figure N°13 : Utilisation des produits forestiers par les paysans
Effectifs
60000
50000
40000
30000
20000
10000
0
Type d'utilisation
Le tableau n°18 révèle que chaque année, plus de 100
0 783 tiges sont
prélevées par les 134 ménages du village de Sahafary. En moyenne chaque ménage
prélève annuellement 733tiges pour satisfaire leurs besoins.
Or la majorité de ces tiges(les
tiges
matériaux de toits, de murs, de piliers, de fibres,
fibres
d’ornement et de parquets)
parquets se trouvent dans la strate arborescente qui est le plus
touchée par le prélèvement excessif des paysans. En somme ce sont les matériaux
relatifs à la construction d’habitation qui sont les plus prélevés.
4-3 Les facteurs de la dégradation de la forêt
4-3-1 Les Facteurs socio-culturels
socio
4-3-1-1 Appropriation des Terrains
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, selon la tradition les terrains qui
sont encore en friches n’appartiennent à personne. Ils sont donc considérés comme
les propriétés de la communauté toute entière mais en réalité c’est le premier
défricheur du terrain qui demeure le propriétaire définitif.. A cet effet,
effet pour avoir plus
des terrains il faut défricher plus de parcelles forestières. Cette
ette forme d’appropriation
de terrain est aggravée par la croissance démographique. En effet,
effet une famille
nouvellement fondée a besoin de ses propres terrains. Or ceux appartenant aux
parents ne peuvent pluss subvenir en même temps leurs enfants en âge de fonder
leur propre famille.. Dans ce cas les jeunes mariés sont obligéss de défricher de
nouvelles parcelles forestières.
forestière
55
Cette forme d’appropriation de terrains, conjuguée par la culture traditionnelle
devient catastrophique pour la couverture forestière dans la commune. La pratique
culturale traditionnelle ne donne qu’un faible rendement. Pour avoir une
autosuffisance alimentaire, les paysans doivent défricher une grande parcelle
forestière. Si le rendement annuel du tavy est estimé à 600 kg/ha dans la commune
rurale d’Ambohitralanana, une famille de cinq membres nécessite en moyenne deux
hectares pour l’autoconsommation annuelle. Avec un cycle de 3 à 10 ans, une
famille devrait cumuler des concessions de 6 à 20 ha. Si elle n’en possède pas
encore, elle est obligée de défricher d’autres parcelles forestières pour se subvenir.
4-3-1-2Besoins quotidiens des paysans
Les produits forestiers sont indispensables à la survie de la population locale.
Elle les utilise pour la construction des maisons d’habitation, le transport (pirogue),
l’artisanat et même pour les outils funéraires. Donc les produits forestiers sont
omniprésents dans leur vie quotidienne.
4-3-1-3Démonstration de valeurs sociales
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, la possession d’une grande
étendue de terrain détermine le rang social d’une famille. Plus elle détient plus de
terrains plus elle est considérée par la communauté locale, car cette dernière
considère la terre comme une richesse éternelle pour les descendants. C’est
pourquoi les paysans se mobilisent davantage pour s’approprier des terrains par le
biais du défrichement. Dans ce sens les paysans ont principalement le but d’avoir de
terrains plus que les autres sans tenir compte de leur mise en valeur rationnelle.
D’où la course aux défrichements.
4-3-1-4Faible niveau d’instruction des paysans
La plupart des paysans dans la commune rurale d’Ambohitralanana ne
bénéficient pas de l’éducation en matière environnementale. Ils ne sont pas
conscients de l’importance d’une couverture forestière en matière écologique. Le rôle
écologique de la forêt (génératrice de pluies, frein de l’érosion, régulateur du débit de
cours d’eau) échappe à leur connaissance.
Vu l’immensité de la forêt de Masoala, ces paysans ont cru qu’elle ne
s’épuisera jamais. Ils ne sont pas aussi conscients de l’impact de la déforestation
qu’ils ont entreprise. Une telle inconscience paysanne demeure catastrophique pour
l’avenir de la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana.
56
4-3-2Les facteurs physico-économiques
4-3-2-1La topographie
Elle favorise la dynamique de la déforestation car l’absence d’une grande
plaine à vocation rizicole à l’extérieur de la forêt incite la mobilité de la population à la
recherche des bas-fonds dans la zone forestière. C’est pourquoi plusieurs bas-fonds
défrichés sont enclavés géographiquement au cœur de la forêt de moyenne altitude.
Ce sont par exemple Mantazanina (rivière Ankavia, Onive), Marivorano (rivière
Ankavanana, Onive), Ampandriambe (affluent de la rivière Ankavanana, Onive). Ces
bas-fonds défrichés fragmentent et fragilisent l’étendue forestière de la commune. En
un mot, la présence des bas-fonds aménageables au cœur de la forêt incite les
paysans à y pénétrer.
4-3-2-2La pauvreté des paysans locaux
La majorité des paysans locaux sont pauvres économiquement. Elle n’atteint
le plus souvent que de son autosuffisance alimentaire. Et même certaines familles
n’arrivent pas à produire leurs besoins alimentaires annuels.
Pour compenser à cette insuffisance, les paysans cherchent à augmenter
leurs revenus grâce aux produits forestiers. Dans ce cas, ils fabriquent des planches,
des pirogues, et des rapaka (troncs de ravinala). Ils exploitent aussi le bilahy (Evodia
fatraina), les fibres et les troncs de fougères arborescentes pour uniquement des
raisons économiques. Tous ces produits forestiers procurent aux paysans une
somme variant de 5000 à 150 000 Ar la pièce. A l’arrivée de l’exploitation de bois de
rose dans cette zone, les paysans espèrent s’enrichir à travers elle, car cette
dernière est une activité très lucrative. C’est pourquoi les hommes, les femmes et les
enfants se sont rués dans cette nouvelle activité. Au niveau des paysans, le prix d’un
rondin ne cesse d’augmenter. Il coûte en moyenne entre20 000Aret100 000Ar de
2000 jusqu’en 2005 et entre50000 et200000Ar depuis 2006 (selon leur qualité et leur
taille).
Au total la forêt demeure la première source de revenus rapides, abondants et
accessibles par tous les paysans locaux. Donc son exploitation est la base de leur
survie.
4-3-3Les facteurs politico-institutionnels
4-3-3-1Manque de pouvoir de verbalisation au niveau des agents du parc
Le Madagascar National Park (MNP) est le gestionnaire de la forêt de
Masoala, y compris celle de la commune rurale d’Ambohitralanana. Ses agents
patrouillent et surveillent toute l’étendue de cette forêt. Ils assurent le gardiennage,
mais ne disposent pas de pouvoir juridique (établissement des procès-verbaux) face
aux délits commis dans le parc. Seuls les gardes des eaux et forêts en disposent.
Les agents du MNP doivent alors collaborer avec ceux du MEF pour inculper le
délinquant qui entre temps, aura le temps de s’enfuir. Dans ce sens, les agents du
MNP ne sont que « des sentinelles » à la surveillance de la forêt.
57
Par contre les agents du MEF qui détiennent le plein pouvoir à l’application de
la loi forestière, restent stationner dans leur cantonnement. Ils ne savent pas en
réalité ce qui se passe vraiment dans la forêt.
4-3-3-2Insuffisance d’effectif du personnel
L’effectif des agents des forêts est largement insuffisant aussi bien pour le
MEF que pour le MNP. Pour le cantonnement d’Antalaha, deux agents du MEF
seulement assurent la tâche d’administration de 350265 ha. De l’autre côté, le parc
national Masoala 240000 ha est sous surveillance de 41 agents de terrains, dans
laquelle un agent surveille en moyenne plus de 5853 ha de forêts. Cette insuffisance
d’effectif est beaucoup plus accentuée dans la commune rurale d’Ambohitralanana.
Ainsi quatre agents seulement assurent la surveillance de 61764 ha dont un agent
assure en moyenne 15441 ha. Ces quatre agents patrouillent une fois par mois
pendant 15 jours. Il est certes que certains endroits sont annuellement à l’écart de
leurs patrouilles, là où les paysans pratiquent le tavy, car cette forêt si immense
dispose beaucoup de vallons discrets.
En plus, ce faible effectif du personnel est aggravé par l’insuffisance des
moyens matériels. Les agents font les patrouilles soit à pied soit en pirogue. Donc les
moyens de locomotion pour traverser cette immense étendue de forêt sont
rudimentaires et insuffisants.
4-3-3-3Manque d’appui au développement
La politique nationale ainsi que la politique forestière sont incompatibles au
contexte actuel. On sait très bien que la majorité de la population locale vit grâce aux
produits forestiers. La confiscation d’une parcelle forestière exige en contrepartie la
création d’une autre alternative de vivre aux paysans riverains. Elle peut être, soit
l’intensification de l’agriculture par des techniques modernes soit une création
d’emplois. Or, depuis la colonisation jusqu’à nos jours, l’Etat confisque les parcelles
forestières sans se soucier des populations riveraines. Cette politique entreprise
depuis longtemps reste encore en vigueur dans la commune rurale
d’Ambohitralanana. Ainsi la création du parc national Masoala en 1997, qui
embrasse plus de la moitié de la superficie de la commune, n’a suscité aucun appui
au développement à la population locale. Or ce parc met en privé la forêt à l’usage
de paysans locaux. Si on compare la rentabilité entre une action de protection et
celle de l’exploitation de la forêt, cette dernière trouve une justification rationnelle
aux yeux des paysans. Car l’avantage de la protection de la forêt ne contribue pas à
l’amélioration de leurs vies quotidiennes.
Donc ils sont dépossédés de leur propriété ancestrale. Cette dépossession
suivie par l’absence de soutien au développement des paysans locaux rend
infructueux les efforts de protection de la forêt dans cette commune, car les paysans
continuent secrètement leurs activités dans la forêt.
58
En conclusion la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana se dégrade
à cause des actions anthropiques excessives qui sont aggravées par les formes
topographiques et les politiques entreprises par les responsables.
4-4 Les mesures d’atténuations
4-4-1 Amélioration des techniques culturales
Les techniques culturales dans la commune rurale d’Ambohitralanana
demeurent encore traditionnelles et peu productives. Actuellement peu des paysans
utilisent la charrue. Les outils les plus utilisés sont l’angady, le borizina, sans oublier
le système de pietinage à bœufs. L’amélioration de ces moyens de production
s’avère donc nécessaire voire indispensable. La vulgarisation de l’utilisation de
charrues qui est actuellement à la portée des paysans peut être envisagée. Les
petites plaines et bas-fonds doivent être aménagés. Faute d’irrigation, la plupart
d’entre-eux restent inutilisables. Donc l’irrigation suivie de l’application du SRI ou du
SRA assure le meilleur rendement agricole aux paysans. Le système de la STABEX
est indispensable à la rénovation de la culture d’exportation comme les vanilliers, les
girofliers et les caféiers. Cette amélioration du système cultural doit être aussi suivie
de la stabilité de prix. Une telle amélioration doit embrasser le domaine d’élevage en
introduisant le système d’élevage intensif à la place d’élevage extensif qui y domine
actuel.
4-4-2 Introduction des techniques alternatives viables
On peut en citer plusieurs qui sont applicables à la commune rurale
d’Ambohitralanana. Ce sont l’utilisation des foyers économiques, la technique de
pisciculture et l’amélioration de la technique de pêche. Les foyers économiques sont
très utiles à la réduction des bois de chauffe et charbon utilisé par les ménages.
Quant à la pisciculture, elle peut à la fois contribuer à l’augmentation des revenus
mais aussi servir de l’alimentation.
Comme la commune dispose de 35 km de côte, la pêche joue un rôle très
important dans la survie des paysans locaux. La pêche traditionnelle y est pratiquée.
Elle est peu productive et n’envisage pas l’avenir de cette filière. Donc la mise en
place des techniques modernes, respectant les normes requises assure
normalement la survie de pêcheurs, car leurs activités deviendront non seulement
productives mais aussi durables. Ce sont le respect des mailles de filet, le respect de
calendrier de pêche, l’utilisation des pirogues motorisés, le système de congélation,
ainsi que l’équipement des petits pêcheurs. D’après nos enquêtes aux petits
pêcheurs, ils ont gagné en moyenne de 150 000 à 200 000 Ar par mois selon les
conditions météorologiques locales. Dans ce cas, avec une bonne gestion de ses
revenus, ils peuvent avoir des pirogues motorisés et des matérielles de conservation.
Car s’il le faut une épargne de 100 000 Ar, au bout de trois ans les petits pécheurs
auront un « moteur hors-bord » 9 chevaux de puissance.
59
4-4-3 Augmentation des ressources : en personnel et matériel
On a signalé que les agents qui assurent la protection de la forêt dans la
commune sont largement insuffisants. Cette insuffisance de personnel est exacerbée
par le manque de moyens matériels. Dans ce cas l’augmentation d’effectif et des
moyens matériels est une bonne solution à envisager à la préservation de cette
couverture forestière. Elle doit être suivie par le renforcement de surveillance des
forêts en « décentralisant » les agents. En effet, il est nécessaire de mettre un ou
deux agents dans chaque fokontany de la commune au lieu de les laisser stationner
dans le chef-lieu de la commune.
4-4-4 Sensibilisation et éducation de la population riveraine
La plupart de populations riveraines ne savent pas à quel point une couverture
végétale est-elle importante en matière écologique. Dans ce cas, il est absolument
nécessaire de les sensibiliser, les éduquer et les informer pour qu’elles soient
conscientes de l’importance de la forêt. En fait, il est logique qu’on n’arrive pas à
respecter surtout à protéger quelque chose qu’on ignore son importance. Et la
sensibilisation doit toucher toutes les couches sociales, mais surtout les écoliers. Il
faut les apprendre à aimer et à protéger la nature dès son enfance. Pour cela le MNP
doit recruter des éducateurs spécialisés en matière écologique et environnementale.
4-4-5 Responsabilisation avec motivation de la population riveraine
Depuis la colonisation, les populations riveraines jugées destructrices des
forêts, ont été exclues de la responsabilité de la conservation de la forêt. Elles sont
privées de droit à cette dernière. Dans ce cas la remise de responsabilités aux
paysans avec motivation semble résoudre le problème de la déforestation dans
cette commune. Si possible, la gestion de la forêt toute entière dans la commune doit
être entre les mains de paysans locaux par le biais de la GELOSE ou GCF. Dans
ces deux modes de gestion l’élaboration et l’application des « DINA » est
indispensable. Ces deux modes de gestion semblent plus efficaces, car les paysans
jugés destructeurs de la forêt, vont assurer la protection et en plus ils tirent les profits
de cette protection.
4-4-6 La réorganisation de l’exploitation de palmiers à huile.
« Le palmier à huile » à Cap Est, est une plantation de 184 470 pieds de
palmes répartis dans 1290 ha de superficie. Cette plantation est installée à
Sahanjahana en 1989. Elle avait donné plus de 500 emplois aux jeunes locaux. Elle
est presque fermée depuis 2003, c'est-à-dire le responsable actuel ne recrute des
ouvriers qu’en période de moisson. A l’absence de récolte les ouvriers sont licenciés.
La société responsable actuelle ne s’intéresse qu’à la production. Donc la
réorganisation de celle-ci assure à nouveau la création de plus de 500 emplois
stables à la population locale. En effet, à l’absence des récoltes, au lieu de licencier
les ouvriers, ils doivent entretenir les pieds des palmiers pour que ces derniers
produisent plus. En même temps, les propriétaires auront de bon rendement et les
paysans locaux ont toujours d’emplois.
60
4-4-7 Application de lois
Dans une société, il y a toujours deux groupes de personnes : l’une est
consciente par une simple sensibilisation ou éducation et l’autre n’est consciente
qu’avec de pressions ou de punitions. Dans le cas de ces dernières, les sanctions
des délinquants en matière forestière sont utiles pour la préservation de la forêt dans
la commune rurale d’Ambohitralanana. Ce sont, par exemple la reforestation forcée
de parcelle défrichée par les défricheurs eux-mêmes et l’emprisonnement si
nécessaire.
Pour conclure, les mesures d’atténuation envisagées à la lutte contre la
déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana demeurent des solutions
relatives aux activités humaines. Elles améliorent directement ou indirectement la vie
courante des paysans locaux. Donc la lutte contre la pauvreté est aussi la lutte
contre la déforestation.
Conclusion partielle :
Pour conclure, la vitesse et les formes de la déforestation dans la commune
rurale d’Ambohitralanana varient en fonction de la situation politique de l’Etat. Avant
la période coloniale, la déforestation se progresse sans encombre par le biais du
tavy et de l’exploitation des bois précieux. Et après elle se ralentit jusqu’à
l’indépendance et de nouveau progresse davantage jusqu’à l’an 2000 par le biais du
tavy essentiellement. A partir de l’an 2000, elle se développe par l’intensification de
l’exploitation de bois de rose. Donc la déforestation dans la commune est due
essentiellement aux actions anthropiques. Mais elle est favorisée par des conditions
climatiques et topographiques locales. Dans ce cas, atténuer la déforestation c’est
de remédier les problèmes socio-économiques des populations locales.
61
TROISIÈME PARTIE :
IMPACTS DE LA DÉFORESTATION SUR LE MILIEU
62
CHAPITRE CINQUIEME : CHANGEMENT MICROCLIMATIQUE ET
DEGRADATION DU SOL
5-1 Le changement microclimatique
D’après la Direction générale de la météorologie Ampandrianomby, l’évolution
des températures de l’air à Madagascar durant le XIXème siècle identifiée dans la
moitié sud et nord est comme suit :
Les températures ont commencé à refroidir pendant les années 40, atteignant
un minimum durant la période 1950-1970 (identique pour les deux régions : nord et
sud).
Après cette période, il y a eu une augmentation globale de températures. Ce
fait est évident car l’augmentation des températures entre 1970 et 2000 est très
rapide. A Madagascar le réchauffement a commencé dans la moitié sud du pays à
partir de 1950 et s’étend au nord à partir de 1970.
En l’an 2000, le niveau de réchauffement de la moitié sud de Madagascar est
plus important que la moitié nord. Par apport aux quatre premières décennies du
siècle, la température moyenne en l’an 2000 a augmenté approximativement de
0,2°C. Mais pour la moitié nord du pays cette augme ntation est inférieure à 0,1°C.
L’évolution de températures à Madagascar est analogue à ce qui s’est passé
au niveau mondial. La tendance à l’augmentation de températures est significative à
Madagascar. Pour les tendances, selon les résultats des études faites au sein de la
Direction de la météorologie et de l’hydrologie de Madagascar, par apport à la
période 1961-1990, l’ensemble de Madagascar connaitrait une augmentation de la
température vers 2055. Cette hausse varie d’une région à une autre :
Une hausse importante dans le sud de 1,6°C à 2,6°C
Une augmentation plus faible le long des régions côtières, de 1,1°C à1,8°C
Une augmentation comprise entre 1,3°C et 2,5°C sur le reste de l’île.
5-1-1 L’Irrégularité de température
Le réchauffement climatique est un phénomène faisant suite au renforcement
de l’effet de serre naturel de l’atmosphère. Le responsable de ce réchauffement est
l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre qui sont en majorité
issues des activités humaines. La réponse du système climatique au réchauffement
de l’atmosphère se manifeste sous forme de changement climatique à l’échelle
globale ou locale. Donc la manifestation de ce dernier n’est pas identique à la
surface de la Terre.
63
Tableau N°19: Variation de température à Antalaha de 1961 à 2002
Période
Moyenne
Mois le plus
Mois le plus
annuelle
chaud
frais
1961-1990
24,4
26,6(Février)
20,8(Juin)
1991-2002
24,7
28,9(Février)
18,6(Août)
Amplitude
thermiques
5,8
10,3
Source : Monographie de la région SAVA
Figure n°14 : Variation de température à Antalaha
35
30
25
20
1961
1961-1990
15
1991
1991-2002
10
5
0
Moyenne
annuelle
Mois le plus
chaud
Mois le plus
frais
Amplitude
thermique
Le tableau n°19 et la figure n°1 4,, résument les températures de 1961 à1990 et
de 1991 à 2002.. Ils en résultent qu’il
qu’il y a une légère augmentation de température
estivale de 1991 à 2002 par apport de 1961 à 1990.Par contre en hiver, la
température diminue beaucoup plus profonde de 1991 à 2002 par apport de 1961 à
1990. Cette forte variation
tion thermique entre l’été et l’hiver pour les deux périodes est
due aux faits suivants :
lis des tavy et d’autres activités anthropiques, les gaz à effet
Par suite des brûlis
de serre se concentrent davantage dans
da
l’atmosphère.. Ce sont le dioxyde de
carbone(CO2), le méthane (CH4),
(CH4) l’ozone (O3), l’oxyde nitreux (NO2), le protoxyde
d’azote (NOx), la vapeur d’eau et les composés organiques volatiles non
méthaniques (COVNM).. Ces GES qui avaient laissé passer la lumière sans
encombre, ont par contre la propriété d’absorber
absorber une partie de ces infrarouges.
Tout comme la surface de la terre, ils vont dissiper cette énergie en émettant
eux aussi des infrarouges dont une partie retourne vers le sol et le chauffant donc
une deuxième fois après que le soleil l’ait fait une première fois.
64
Par contre en hiver, le froid excessif est dû :Les végétations assurent la
majorité de l’émission de vapeur d’eau dans l’atmosphère, même à l’absence de
forte chaleur. A la suite de la déforestation l’air devient de plus en plus sec. Cette
sécheresse de l’air s’exacerbe davantage en hiver. Or les vapeurs d’eau contribuent
approximativement à l’effet de serre jusqu’à 55%, contre le dioxyde de carbone 29%,
ozone 2%, méthane 2%, et oxyde nitreux 2% (www.manicore.com). Dans ce cas la
faible proportion de la vapeur d’eau en hiver favorise la diminution profonde de la
température.
En un mot, la déforestation déstabilise le phénomène thermique. Elle peut
entrainer à la fois l’augmentation excessive et la diminution profonde de la
température régionale.
5-1-2 L’irrégularité pluviométrique
Tableau n°20: Moyennes mensuelles des pluies à Ant alaha (1991 à 2003)
Janv Fév Mars Avr
Mai
Juin Juil
Aout Sept Oct
Nov Dec
410,4 59,4
1991
394,7 350,4 475
1992
297,8 694,8 130,5 576,6 196,2 180,9 102,1 95,1
1993
180
1994
202,3 198,4 443,6 44,2
303,4 56
217,9 137,5 80,9
101,2 54,4 425,6 2265,4
1995
612,9 399,8 168,4 383
263,9 53,6
179,8 130,1 58
140,2 88,4 282,3 2630,3
1996
243,8 578,8 287,4 53,7
241,4 98,6
127,8 106,6 50,6
91,8
1997
238,7 673,2 213,1 136,4 161
262,6 186,8 12,4
1998
320,4 288,5 249,6 234
66,2
1999
335,3 288,9 254,8 195,1 148,8 114,3 211,3 173,5 86,8
24,7
38,2 162,6 2034,3
2000
19,7
24,3
119 266,5 1974,2
2001
191,5 252,2 230,8 60,3
2002
192
2003
230,9 356,2 304
610,9 189,3 212,9 31,6
39
305,7 373,5 122,3 93,2
89,5
196,6 119,3 80,8
264,3 31,6 293
Total
2765
145,1 50,7
89,4 355,4 2914,6
129,7 219,6 110,2 165,8 77,1
88,5 111,3 2126,9
250
72,4
86,3
33
143,4 242,6 94,9
300,5 132,6 129,7 91,5
Moyenne 288,2 430,1 263,4 227,3 179,6 131,3 168
Source : Service météorologique Ampandrianomby
65
139,9 187,9 43,1
189,1 117,3 93,6
147,3 123,1 79,8
165,2 129,6 210,8 339,5 21,7
104,2 45,1
130,1 136
22,4 158,1 1773,6
10,5 266,4 2044
58,1 156
115,8 67,9 72,2
1855,1
1460,2
81,1
140 405,1 1955,1
44,8
30
122,4 109,7 91
242,8 1999
69,7 244,1 2316,4
Figure N°15 : Variation pluviométrique annuelle à A ntalaha
3500
3000
2500
2000
Pluies
1500
Moyennes annuelles
1000
500
0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
D’après la figure n°15, la quantité pluviométrique annuelle dans notre zone
d’étude ne cesse de diminuer depuis 1991jusqu’en 2003.Mais une forte diminution
s’est effectuée à partir de 1996.Sur les douze années étudiées, quatre années
seulement (1991, 1992, 1994 et 1995) ont la quantité supérieur ou égale à la
moyenne annuelles (2316,4mm).
Tableau N°21 : Les moyennes quinquennales mobiles ( station d’Antalaha)
Années Moyennes annuelles Moyenne Quinquennale mobile
(MQM)
1991
2765
1992
2914,6
1993
2126,9
2548,4
1994
2265,4
2342,1
1995
2630,3
2168
1996
1773,6
2113,6
1997
2044
2067,4
1998
1855,1
1936,2
1999
2034,3
1873,5
2000
1974,2
1855,7
2001
1460,2
1884,5
2002
1955,1
2003
1999
66
Figure n°16 : Courbes des moyennes quinquennales mobiles (station d’Antalaha)
Pluies en mm
3000
2500
2000
1500
MQM
1000
Moyennes annuelles
500
Années
0
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Le tableau n°21 et la figure n°16, montrent les moy ennes quinquennales
mobiles de la station d’Antalaha de 1991 à 2003. Même si la période que nous avons
étudié est assez courte, mais, on peut voir quand même la tendance pluviométrique
à travers cette période. Ainsi, la pluie dans cette zone a une tendance générale à
diminuer durant cette période, car sur cette figure la quantité pluviométrique ne
cesse de diminuer dès 1993 jusqu’en 2001.
En somme la quantité pluviométrique dans notre zone d’étude n’a pas non
seulement diminué, mais elle devient aussi inégalement répartie tout au long de
l’année durant la période de 1991 à 2003.
5-1-3 La fréquence des cyclones
Tableau N°22 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 1985 à 1999
Noms des perturbations Date du passage Appellation météorologique
NADIA
Mars 1994
CT
JOSIE
Février 1997
CT
Tableau n°23 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 2000 à 2009
Noms des perturbations Date du passage Appellation météorologique
GLORIA
Mars 2000
TTM
HUDAH
Avril 2000
CTTI
HARY
Mars 2002
CTTI
GAFILO
Mars 2004
CTTI
INDLALA
Mars 2007
CTI
JAYA
Mars 2007
CTI
JADE
Avril 2009
FTT
Source : Service météorologique Ampandrianomby
67
Les tableaux n°22 et 23, montrent les cyclones touc hant notre zone d’étude
depuis 1985 jusqu’en 2009 (24 ans). Deux cyclones l’ont touché de 1985 jusqu’en
1999 (14 ans).Tandis que de 2000 jusqu’en 2009 (09 ans), sept perturbations
cycloniques ont touché cette zone. Durant cette période, les cyclones deviennent de
plus en plus fréquents et puissants. Entre 1985 et 1999, on n’enregistrait que des
perturbations atmosphériques de type cyclone tropical (CT). Mais depuis l’an 2000
elles s’intensifient d’où la formation d’autres catégories : cyclone tropical
intense(CTI) et cyclone tropical très intense (CTTI).Les passages très fréquents des
perturbations cycloniques dans notre zone d’étude sont dus probablement aux faits
suivants : par suite de la déforestation, la température atmosphérique augmente.
Cette augmentation réchauffe à leur tour la surface de l’océan (océan indien).Et
l’océan chaud (26°C au moins),est une condition fav orable cyclones. Plus l’océan est
chaud plus les cyclones qui s’y traversent deviennent de plus en plus nombreux et
puissants.
En conclusion, la déforestation entraine la déstabilisation du régime
pluviométrique. Elle favorise la diminution de quantités pluviométriques et l’inégale
répartition annuelle des pluies. Elle favorise aussi l’augmentation de températures
atmosphériques. Cette dernière affecte celle de l’océan, et donnant ainsi la condition
favorable aux cyclones.
5-2 La dégradation du sol
5-2-1L’érosion
A la suite du défrichement d’une parcelle forestière, le sol devient sans
protège. Même si les formations végétales secondaires viennent s’y installer
rapidement, elles ne sont pas si efficaces comme les formations forestières à la
protection du sol. Au moment d’une averse, deux cas peuvent se produire, à savoir
l’érosion élémentaire et le glissement de terrain.
Dans le 1er cas, les formations végétales secondaires n’arrivent pas
efficacement à amortir le choc provoqué par les gouttes de pluies. Dans ce cas les
eaux, au lieu de s’infiltrer dans le manteau d’altération, vont former les eaux de
ruissellement très violent. Ces dernières arrachent les matériaux meubles sur leurs
trajets et les déversent dans les cours d’eau. Ces eaux de ruissellement vont
rapidement gonfler les cours d’eau en lui donnant ainsi la coloration rouge. Cette
dernière témoigne bel et bien la manifestation d’érosion en amont du cours d’eau.
Si la même parcelle est défrichée fréquemment, ce phénomène d’érosion
s’aggrave par la formation des rill set puis des gulies. Cette forme d’érosion réduit
agronomiquement la qualité du sol, car l’horizon A va être décapé progressivement
par les eaux de ruissellement.
68
Quant au glissement de terrain, il se produit sur des versants abrupts. A la
suite d’une grosse averse, les sols se ramollissent et deviennent visqueux. Sous la
force de pesanteur, les sols rengorgés d’eau se détachent du versant de colline,
comme sur la photo n°14. Ce phénomène se produit ra rement dans une parcelle
forestière. Par contre, il s’observe fréquemment sous la formation végétale herbeuse,
car les racines de cette dernière ne pénètrent pas en profondeur pour pouvoir
soutenir le sol.
Photo n°14 : Glissement de terrain
Cette photo n°14, prise sur le
bassin versant de la rivière
Ankavanana, affluent du fleuve
Onive montre un phénomène
de glissement de terrain de
type en planche. Cette
cicatrice a environ 5 m de large
sur 30 m de long. Il s’étend du
sommet jusqu’à la base du
versant.
Source : Auteur, Mars 2010
En un mot, la déforestation crée un déséquilibre pédologique. Elle favorise la
modification de la structure et de la composition du sol. Elle entraine aussi la
pauvreté en qualité mécanique et agronomique du sol.
5-2-2 L’érosion marine
De l’embouchure du fleuve Onive jusqu’au village d’Ambodirafia, la côte est
sableuse. Elle était recouverte par des végétations dont le filaos (casuarina
equisitifolia) est le plus abondant. Ce dernier assure la protection de la côte face à
l’érosion marine. Or depuis les années 80, les populations environnantes
commencèrent à les détruire pour leurs besoins quotidiens. En plus les récifs
frangeants qui protègent les côtes y sont discontinus. Cette discontinuité laisse les
vagues déferler directement sur la côte. Ainsi sur cette partie, les vagues vont, sans
encombre, déferler sur la côte. Ce déferlement entraine le démaigrissement de cette
partie. Aux dires des paysans locaux, le premier village dans la commune, Andraoka,
était abandonné au début du XIXème siècle à cause uniquement d’érosion marine.
Actuellement le vestige de ce village (affleurement rocheux en marée basse) se
trouve environ à 500 m de la côte actuelle. L’anse entre l’embouchure du fleuve
Onive et l’ancien village d’Andrombazaha s’enfonce de plus en plus. On voit cette
anse sur le fond de la photo n°:15
69
Photo n° 15 : Une érosion marine très active toucha nt cette route au
niveau d’Andrombazaha
Source : Auteur, Mars 2010
En 2000, cette route reliant le chef-lieu de la commune et le village
d’Ambodirafia, était à 20 m de la côte. Actuellement (2010), elle touche cette route
telle qu’on observe sur la photo n°15. L’érosion m arine sur cette partie a une vitesse
moyenne de 2 m par an.
Sur les autres parties de la côte dans la commune, l’érosion marine y est peu
importante, car les récifs frangeants empêchent le déferlement des vagues sur la
côte. Donc, ils assurent efficacement sa protection contre l’érosion marine.
Pour conclure, le changement microclimatique et la dégradation du sol sont
les conséquences négatives de la déforestation. A travers ces deux impacts, le
premier favorise l’aggravation du second dans la mesure où la sécheresse prolongée
accentue la manifestation d’érosion. Donc ils sont en étroites corrélations.
70
CHAPITRE SIXIEME : IMPACTS SUR LES COURS D’EAUETLES ACTIVITES
PAYSANNES
6-1 Impacts sur les cours d’eau
6-1-1 Ensablement du lit
Le phénomène d’ensablement du lit des cours d’eau caractérise actuellement
presque tous les cours d’eau de la presqu’île Masoala. Il est dû essentiellement à la
destruction des forêts sur les bassins versants. A l’absence de la couverture végétale
sur le bassin versant, les eaux de ruissellement enlèvent les matériaux meubles qui,
s’accumulent d’abord dans les ruisseaux et seront ensuite transportés dans les
rivières et les fleuves. A chaque crue, ils s’entassent de plus en plus dans les lits.
Au début, ces matériaux colmatent d’abord les eaux profondes. Et après, le
niveau du lit monte progressivement. Si ce phénomène continue, on aboutit à
l’affleurement des bancs sableux et des îlots de sables, comme sur la photo n°16
Photo n° 16 : Formation d’un banc sableux dans le l it du fleuve Onive au niveau de Sahafary.
Source : Auteur, Mars 2010
L’exhaussement du lit est très fréquent dans le fleuve Onive, qui finit par
l’apparition des bancs sableux et des ilots de sables. Depuis le village
d’Antanandavahely jusqu’à l’embouchure, on compte plus d’une dizaine d’îlots de
sables, dont le plus grand (photo n°16) se trouve à mi-distance entre le village de
Sahafary et celui d’Antanandavahely, a environ 100m de long sur 30 m de large.
Depuis l’an 2000, à cause du phénomène d’ensablement, le fleuve Onive devient
peu profond. Ainsi plus de la moitié de ce fleuve est franchissable à gué en été, et
surtout au mois d’octobre et novembre ; il est très difficile à naviguer même avec de
petites pirogues monoxyles.
71
Du fait de l’ensablement, les rapides disparaissent un en un dans le fleuve
Onive, car ce phénomène entraine le remblaiement du lit, d’où la disparition des
rapides. Depuis le village d’Antanandavahely jusqu’à l’embouchure on avait compté
12 rapides avant l’an 2000. De nos jours, 2010, il ne reste plus qu’un seul rapide,
celui d’Andriandava, qui est dû à la présence d’une faille qui recoupe ce fleuve au
niveau d’Ambohimandresy. C’est probablement pour cette raison qu’elle est encore
actuellement en bon état.
Avant l’an 2000, le fleuve Onive était navigable en bateau de 50t jusqu’à 5 km
de l’embouchure toute l’année. Mais à cause de l’ensablement il n’est actuellement
navigable qu’en bateau de 20 t, et uniquement en marée haute pendant la saison de
pluies.
Ailleurs, le phénomène d’ensablement du lit est moins important par rapport
au fleuve Onive. Il est encore minime dans le fleuve Ratsianarana, car la majorité de
leur bassin versant est encore recouverte de forêts primaires.
Phénomènes liés à la déforestation
GLISSEMENT DE
TERRAIN
DEFORESTATION
ENSABLEMENT
DU LIT
VEGETATION
SECONDAIRE
EROSION
SOL DEPOURVU DE
PROTECTION
FORMATION
DES RILLS
COLMATAGE DES
EAUXPROFONDES
FORMATION DES EAUX
DE RUISSELLEMENT
FORMATION
DES GULIES
REMBLAIEMENT DU
LIT
APPARITION DES
ILOTS DES SABLES
LIT A SEC
Pour conclure, le phénomène d’ensablement du lit des cours d’eau est le
prolongement du phénomène d’érosion. Plus les bassins versants sont érodés, plus
les cours d’eau sont ensablés. Or l’érosion est essentiellement due à la
déforestation. Donc la déforestation, l’érosion et l’ensablement du lit des cours d’eau
sont trois phénomènes en parfaite relation dans le façonnement des paysages.
72
6-1-2 Crues violentes
D’après ANDY LIPIKS, président fondateur de « Tree people », à la suite
d’une grosse averse, un arbre adulte emmagasine, comme dans une éponge, 216
litres d’eau. Il les purifie et les réintroduit dans la nappe phréatique. A l’absence
d’une telle végétation, ces eaux qui doivent s’infiltrer dans la nappe phréatique, vont
s’écouler rapidement et violemment dans les cours d’eau entrainant avec elles tous
les objets sur son passage.
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, les cours d’eau sont
généralement en crues une heure de temps après les grosses averses. Dans ce cas,
les cours d’eau deviennent très puissants favorisant ainsi l’élargissement de son lit.
D’après la carte n°04, le lit du fleuve Onive s’éla rgit progressivement depuis le
village d’Antanandavahely jusqu’à l’embouchure. Cet élargissement a environ une
vitesse moyenne de 0,5 à 1 m par an selon la position du rivage par apport au
courant d’eau. Les terrasses fluviatiles sont les plus touchées par ce phénomène.
Actuellement la largeur moyenne du lit du fleuve Onive varie de 50 à 150 m dans son
cour inferieur. A travers cet élargissement, deux faits vont se produire : l’érosion
latérale et l’alluvionnement. Ils se manifestent parallèlement, c'est-à-dire quant une
rive est érodée l’autre en opposée est engraissée. Quant au fleuve Ratsianarana,
l’ensablement est encore moins important. Sur ce dernier, très peu de bancs sableux
et de rives érodées s’y observent.
Pour conclure, la déforestation favorise les crues violentes qui déstabilisent
les rives des cours d’eau.
73
74
6-1-3 Assèchement progressif des cours d’eau.
La couverture végétale empêche l’évaporation de nappes phréatiques. Or la
plupart des sources des affluents de l’Onive et de Ratsianarana sont déjà défrichées.
En effet, sur les 48 affluents de l’Onive, 18 (37,5%) ont déjà des sources
pratiquement dénudées. A la suite du défrichement de sources des cours d’eau, les
nappes phréatiques ne sont plus suffisamment alimentées car le taux d’infiltration
diminue. Et en plus ces nappes phréatiques sont exposées à l’évaporation
provoquant la diminution progressive de son volume. Or, le débit d’un cours d’eau
dépend avant tout de l’importance de la nappe phréatique.
La majorité des cours d’eau dans la commune rurale d’Ambohitralanana est
actuellement menacée par l’assèchement progressif, notamment le fleuve Onive. Un
indicateur palpable à ce sujet est le tarissement progressif du ruisseau Antsalôvana,
(à l’ouest du village d’Antanandavahely). Avant les années 80, il est facilement
navigable en pirogue jusqu’à 3 km de son embouchure. De nos jours, il n’est
navigable qu’en crue seulement.
En été, surtout en marée haute, les eaux saumâtres remontent les fleuves.
Pour le cas de l’Onive, les eaux saumâtres ne peuvent remonter qu’à 3 km de
l’embouchure avant les années 80 et se manifestent uniquement en été. Tandis
qu’actuellement, elles peuvent remonter jusqu’à 5 à 7 km de l’embouchure et sont
quasi permanentes, (même en hiver).Ces situations sont dues à la diminution du
débit de ce fleuve entrainant la diminution de sa force qui repousse les eaux de mer,
d’où la montée relativement facile des eaux saumâtres. Aux dires des paysans
locaux, les marées hautes ne peuvent pas sentir que jusqu’à Ambanimangy (8 km de
l’embouchure environ), avant les années 80. Mais actuellement, elles peuvent se
manifester jusqu’à Sahafary (12 km de l’embouchure environ).
Pour le cas du fleuve Ratsianarana, il n’y a pas de grande modification, car le
débit de ce dernier est encore assez fort pour pouvoir repousser les eaux de mer.
En conclusion, à la suite de la déforestation, les cours d’eau tarissent
progressivement, les mécanismes des marées changent et Ils deviennent de plus en
plus inhabituels.
75
6-2 Impacts sur les activités paysannes.
6-2-1 Les enjeux de la riziculture inondée
Dans la commune rurale d’Ambohitralanana les rizicultures inondées ont été
aussi touchées par les effets de la déforestation. En été, les fleuves y sont
fréquemment en crues durant lesquelles, ils débordent en déposant des tonnes de
sables et des matériaux plus fins provoquant ainsi l’’alluvionnement et l’ensablement.
Si le premier phénomène assure la refertilisation du sol, le second par contre,
endommage les rizières qui deviennent inutilisables, car les sables sont défavorables
à la riziculture. Ce phénomène d’ensablement réduit la superficie des terrains
cultivable dans la commune, car il affecte beaucoup de rizières le long des fleuves
Onive et Ratsianarana (carte n°04), où sont concent rées plus de la moitié des
rizières. Seules les rizières à l’écart de ces deux fleuves sont à l’abri à ce
phénomène. Or par faute de la topographie dans la commune rurale
d’Amboitralanana, très peu de rizières se trouvent à l’écart de cours d’eau surtout les
fleuves.
A cause de l’irrégularité des pluies, les calendriers agricoles y ont changé. Ils
suivent strictement la tombée de pluies.
Avant les années 80, les pratiquants de « vary taona » y sont peu nombreux,
car la plupart des rizières ont trop d’eau, donc inaccessibles. Dans ce cas, la majorité
des paysans pratiquent uniquement le « vary ririnina ». Ainsi le semis se faisait au
mois de mai et la récolte au mois de septembre, tableau n°25. Si la récolte se
prolonge un peu, les cultures seront endommagées par des crues.
Actuellement, le semis de « vary ririnina » se fait au mois de juin, juillet et la
récolte au mois d’octobre et novembre. Ainsi de nos jours, tous les ménages
pratiquent à la fois le « vary ririnina » et le « vary taona », car les rizières deviennent
accessibles en été. Les paysans consacrent même davantage leur temps au second
qu’au premier car en hiver les pluies sont insuffisantes pour pouvoir inonder les
rizières, alors qu’en été, elles sont satisfaisantes.
Tableau N° 24: Calendrier agricole de la rizicultur e inondée
CALENDRIER AVANT LES ANNEES 80
Mois
J F M A M
J
J
A S
O
N
D
VaryRirinina
SEMIS
RECOLTE
VaryTaona Pratiquants peu nombreux (la majorité des paysans pratiquent le tavy)
CALENDRIER ACTUEL
Mois
J F M A M
J
J
A S
O
N
D
VaryRirinina
SEMIS
RECOLTE
VaryTaona
RECOLTE
SEMIS
Source : Paysans locaux
76
Carte n°05 : Ensablement et envasement des Rizières
Rizières ensablées ou envasées
77
6-2-2 Les enjeux de la culture de rentes
La commune rurale d’Ambohitralanana était une zone productrice de café, de
girofle et de vanille. Mais les cyclones très fréquents depuis l’an 2000 les ont détruits.
Par exemple, le cyclone Hudah en avril 2000 avait détruit à 90% les cultures de rente
dans cette commune. Puis les paysans ont réhabilité leurs plantations. Deux ans
après, (en 2002), ces mêmes plantations ont été à nouveau ravagées par le cyclone
Hary. Ainsi, le même scenario s’est reproduit en 2004, en 2007 et puis en 2009. La
destruction répétitive de ces plantations a découragé les paysans. Ainsi,
actuellement les paysans locaux s’orientent davantage vers la culture à cycle court,
comme le manioc, le maïs, le riz et certains légumes. Les vanilliers, les girofliers et
les caféiers sont presque abandonnés dans cette commune. Seules les personnes
âgées de plus de 40 ans les pratiquent encore. A titre d’exemple durant la campagne
de vanille 2010, cette commune n’a pas produit plus de 2 tonnes de vanilles vertes,
alors qu’avant cette date, elle pouvait produire jusqu’à 100 tonnes.
6-2-3 Les enjeux de la construction d’habitation
Photo n° 17 : Maison ancien modèle,
témoin de l’abondance des matériaux de
construction d’habitat dans le village
d’Ambohitralanana
Photo n° 18 : Maison nouveau modèle
témoin de la raréfaction actuelle des
matériaux de construction d’habitat à
Ambohitralanana
Source : Auteur, Mai 2010
A la suite de la déforestation progressive dans la commune, les matériaux de
construction deviennent de plus en plus rares. A travers cette difficulté, les paysans
locaux ont obligatoirement changé la taille et la forme de leur maison.
78
Avant les années 80 quand les matériaux de construction étaient encore
abondants et non loin du village, les paysans construisirent leurs maisons à la
dimension qu’ils ont voulue. Ainsi, la plupart ont généralement 6 m de long sur 4 m
de large et 4 m de hauteur, photo n°:17. En moyenne ce type d’habitat,« maison
ancien modèle »,a besoin de 36 piliers de 4m, 800 pièces de falafa de 4m, 800
pièces de kasaka et 20 pièces de rapaka de 5m. A titre d’exemple, au dire des
paysans la zone de collecte de matériaux de construction d’habitation était à une
heure de temps de marche du chef-lieu de la commune avant les années 80. Tandis
qu’actuellement elle est à 4 ou 5 heures de temps (parfois même plus). Par exemple,
on n’obtient le « rapaka »qu’à 12 km du chef-lieu de la commune, au niveau de
Sahafary.
Actuellement, les paysans locaux adoptent obligatoirement une nouvelle
forme d’habitation plus économique en matériaux. Elle a en général la dimension de
4 m de long sur 2,5 m de large et 2,5 m de hauteur. Elle emprunte donc la forme d’un
bungalow, photo n°18.Cette nouvelle forme d’habitat ion nécessite en moyenne de 17
piliers de 2m, 400 pièces de falafa de 2m, 300 pièces de kasaka et 10 pièces de
rapaka de 3m.
En plus de la rareté des matériaux, les passages très fréquents des cyclones
ont aussi obligé les paysans à adopter cette nouvelle forme d’habitation. Ainsi
comme elle est basse et de taille moyenne, elle devient plus résistante aux dégâts
cycloniques. Dans ce cas elle demeure le refuge des paysans locaux.
Conclusion partielle :
En un mot, la déforestation affecte profondément tous les éléments de la
commune rurale d’Ambohitralanana. L’aspect microclimatique a changé dont les
pluies et les températures qui deviennent irrégulières. Ceci favorise la dégradation
du sol dans laquelle l’érosion élémentaire et le glissement du terrain demeurent les
plus caractéristiques. A l’instar du microclimat, les cours d’eau et les activités
paysannes sont aussi sérieusement menacés. Les lits et les rizières sont ensablés
entrainant ainsi le remblaiement. Ce dernier favorise l’assèchement progressif des
cours d’eau et l’inaccessibilité des rizières.
79
Conclusion générale
En
guise
de
conclusion,
on
peut
dire
que
la
commune
rurale
d’Ambohitralanana est parmi les communes vertes à Madagascar, car elle dispose
d’une grande étendue de forêt. Mais cette dernière était depuis toujours menacée
par plusieurs formes de la déforestation, dont le tavy et l’exploitation forestière qui
demeurent les plus importants.
La déforestation est une activité par laquelle les paysans ruraux assurent leur survie
quotidienne, car leur vie dépend beaucoup des produits forestiers. Donc interdire la
déforestation sans mesures d’accompagnement aux profits des paysans riverains,
c’est mettre en danger leur vie.
A leurs yeux, la déforestation, que se soit par le tavy ou par l’exploitation des
produits forestiers trouve des justifications rationnelles que la protection de forêt, car
cette dernière ne contribue pas vraiment à l’amélioration des revenus des paysans
riverains. C’est pourquoi les efforts de conservation de la forêt étaient depuis
toujours, vains dans cette commune.
Il est certes qu’actuellement la déforestation a bouleversé les conditions climatiques,
les cours d’eau ainsi que les activités socio-économiques de la population riveraine,
mais les changements climatiques eux-mêmes favorisent l’ouverture progressive de
la couverture végétale. Pour les températures, elles augmentent de plus en plus en
été et diminuent profondément en hiver, avec une amplitude qui s’écarte de plus en
plus. Quant à la pluviométrie, elle a une tendance générale à la diminution durant la
dernière décennie. Et en plus, elle devient inégalement répartie tout au long de
l’année, c'est-à-dire l’écart entre le mois pluvieux et le moins pluvieux s’élargit
toujours. En plus, les pluies tombent tantôt en avance et tantôt en retard par rapport
au calendrier agricole local.
Les cyclones deviennent de plus en plus nombreux et puissants sur cette région
entrainant ainsi beaucoup de dégâts pour son passage.
Appart des conditions climatiques, les cours d’eau et les activités paysannes sont
aussi gravement affectés. En effet, certains lits sont ensablés et d’autre sont
menacés d’assèchement progressif. Les crues deviennent de plus en plus violentes
favorisant ainsi l’érosion latérale des lits. Les crues violentes refertilisent et
endommagent les rizières en même temps, dans la mesure où elles déposent à la
fois des limons argileux et des sables dans les rizières.
80
Comme la déforestation est en relation directe avec la survie des paysans, sa
solution est obligatoirement liée à cette dernière. Pour pouvoir freiner la déforestation
dans cette commune il faut résoudre d’abord les problèmes de développement axé
sur la survie des paysans locaux.
Les changements climatiques sont remarqués par les paysans eux-mêmes car les
activités agricoles, pastorales ainsi que l’exploitation des ressources halieutiques
sont sérieusement affectées, mais ils ne sont pas convaincus de la part de la
déforestation dans ce phénomène. Donc il est absolument nécessaire de les
sensibiliser à partir de cet indice pour parachever efficacement la lutte contre la
déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana.
Enfin, comme la forêt est encore un des moyens fondamentaux de survie des
paysans, l’interdiction totale de la déforestation est actuellement impossible, seule
l’atténuation y demeure possible dans la commune rurale d’Ambohitralanana.
81
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I-OUVRAGES GENERAUX
1- ANGAP, ONE, Monographie nationale sur la biodiversité, édition 1995,
2-DONQUE(G), 1966, Contribution géographique à l’étude du climat de Madagascar,
Paris, P.U.F, 356 pages.
3-GEORGES (P), 1970, Dictionnaire de Géographie, Paris, P.U.F, 485 pages.
4-PETIT (M), 2003, L’homme et la forêt à Madagascar, quatre siècles d’évolution du
paysage forestier, Institut de civilisation-Musée d’art et archéologie, série de travaux
et documents N°28, 332 pages.
5-PETIT (M), 1998, Présentation physique de la grande île Madagascar, FTM
Antananarivo, 178 pages.
6-RAJOELISON (L G), 1997, Etude sylvicole de la forêt tropicale Malagasy, ESSATForêt, Université d’Antananarivo, 138 pages.
7-SIGRID (A), RAZAFIARISON, BERTRAND (A), 2003, Déforestations et systèmes
agraires à Madagascar, les dynamiques du tavy sur la côte orientale, CIRAD, CITE,
FOFIFA, 210 pages.
8-STEVEN (G), 2008, Paysages naturels et biodiversité de Madagascar, 494 pages.
II- OUVRAGES SPECIFIQUES
A-DOCUMENTS
9-Monographie de la région SAVA, édition juin 2003.
10-Plan communal de développement de la commune rurale d’Ambohitralanana,
édition 2003 et 2007.
11-Plan de gestion et de conservation du parc national Masoala, édition 1999 et
2007
12-Proposition des limites du parc national Masoala soumise sous la direction des
Eaux et forêts, CARE, édition, Février 1995, Antananarivo.
13-ROGER (G) et al, 2005, Forêt pluviale de Masoala au zoo de Zurich, 164 pages.
82
B-RAPPORTS
14-RABEVOHITRA (R) et al, 2010, Rapport final sur l’inventaire de bois de rose dans
le parc national Masoala.
15-Rapport sur l’exploitation illicite de bois précieux, dans le secteur d’Antalaha du
parc national Masoala, ANGAP, Mars 2005.
16-RAYMOND(I) et al, 1996, Rapport sur le suivi de l’utilisation des ressources
naturelles forestières de Masoala (BV7, BV4, BV5, BV2).
17-RAYMOND(I) et al, 1999, Rapport sur le suivi de l’utilisation villageoise des
ressources naturelles forestières.
III- MEMOIRE
18-RAYMOND(I), 1995, Approche phytoécologique sur l’évaluation qualitative et
quantitative des utilisations villageoises des ressources naturelles en forêts denses
humides sempervirentes. Cas du village d’Ambanizana, presqu’île Masoala. Mémoire
de diplôme d’étude approfondie en sciences, Université d’Antananarivo.
IV-SITESWEB DE REFERENCE
19-site web wikipedia
20-www.cite-sciences.fr
21-www.cnes.fr
22-www.manicore.com
83
ANNEXES
84
I Les trajectoires des cyclones
85
86
87
88
II-Planches photographiques
Photo n°01: Andramena madinidravina
(Dalbergia Sp)
Photo n°02: Andramena beravina
(Dalbergia Sp)
Auteur, Mars 2010
Photo n°03 : Lit inferieur du fleuve
Onive attaqué par l’érosion latérale au
niveau du village d’Ambohitralanana
Photo n°04 : Vestige d’îlot d’Angôntsy
au nord est d’Ambodirafia
Auteur, Mars 2010
89
Photo n°05 : Champs de caféier
décapé par de crues au niveau
d’Ambohimandresy
Photo n°06 : Campement des
exploitants de bois de rose à
Mantazanina (affluent d’Ankavia)
Auteur, Mars 2010
Photo n°07 : Exploitants entrain de tirer
un rondin de bois de rose à Mantazanina
Photo n°08 : Népenthès (Plante
insectivore et carnivore), espèce
phare de la forêt littorale
d’Andranoanala
Auteur, Mars 2010
90
III-L’Arbre généalogique des dirigeants de la commune
On signale que les personnes ci-dessous sont citées par ordre de succession au
pouvoir.
Les grands chefsdu village d’Andrombazaha
Botovelona, Tsalahatra, Ambaravavy, Koliny, et Samisonina.
Les chefs de canton
RamonjaJaonary, Lala Andrianarison, Rakotoarimy Eugene, Zara Paul, Tsiahimpa
Bazily, Mena Bruno, Rabearison Simon, Rajaonarison Emile Albert, Mena Bruno,
Velonasa Ignace, Mandanona, Fanony, Armand Remy, Ravelomanantsoa Victor
(Menabaotra), Jocia, Razafimahatratra jean Louis, Rakotoniaina Gervé,
Rakotoarison Justin, Ndriantsoa Jerome, Eliane Armanana.
Les presidents de Firaisampokotany
Manoel Henri, Thomas Kamisy, Begnivo, Bernard Arson, Laibôtra François, Kiva
Jean Pierre.
Les Maires
Tavôno, Laibôtra François, Kiva Jean Pierre, Delien
91
Tables des matieres
Sommaire ................................................................................................................................. i
Résumé .................................................................................................................................... ii
Liste des tableaux ................................................................................................................ iii
Liste des cartes et des figures ......................................................................................... iv
Liste des photos .................................................................................................................... v
Glossaire................................................................................................................................. vi
Les essences forestières les plus utilisées par les paysans locaux .................... vii
Liste des acronymes ......................................................................................................... viii
Introduction générale ........................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE ....... 5
CHAPITRE PREMIER : LES COMPOSANTES BIOPHYSIQUES ........................... 6
1-1Reliefs, sol et hydrographie ................................................................................................... 6
1-1-1 Les reliefs de la commune rurale d’Ambohitralanana ............................................................. 6
1-1-1-1La plaine littorale sableuse et marécageuse .............................................................................. 6
1-1-1-2 Les paysages collinaires granitiques ......................................................................................... 6
a- Les basses collines ....................................................................................................................... 7
b -Les moyennes collines .................................................................................................................. 7
c-Les hautes collines ........................................................................................................................ 7
d-Les bas-fonds ................................................................................................................................. 8
1-1-2 Les sols et les formations superficielles sableuses ................................................................ 8
1-1-2-1Les sols ferrallitiques .................................................................................................................. 9
1-1-2-2Les sols hydromorphes .............................................................................................................. 9
1-1-2-3Les sols d’apports fluviatiles ..................................................................................................... 10
1-1-2-4Les formations sableuses ......................................................................................................... 10
aLes Sables marins .................................................................................................................. 10
bLes sables quartzitiques ......................................................................................................... 11
1-1-3 L’hydrographie .......................................................................................................................... 11
1-1-3-1Le fleuve Onive/Iagnobe ........................................................................................................... 12
1-1-3-2Le fleuve Ratsianarana ............................................................................................................. 13
1-1-3-3Les lacs .................................................................................................................................... 13
1-2 Les formations végétales ..................................................................................................... 14
1-2-1 Les formations forestières ............................................................................................................... 15
1-2-2 Les formations végétales secondaires : les savoka ........................................................................ 16
1-3Les conditions climatiques ................................................................................................... 18
1-3-1 La température ................................................................................................................................ 18
1-3-2 Les pluies ........................................................................................................................................ 19
1-3-3 L’humidité ........................................................................................................................................ 21
1-3-4 Les cyclones ................................................................................................................................... 21
CHAPITRE DEUXIEME : LES COMPOSANTES HUMAINES ............................. 24
2-1 Histoire de peuplement, les us et coutumes ................................................................ 24
2-1-1 L’Origine de la population ........................................................................................................... 24
2-1-2 Les conditions de peuplement......................................................................................................... 25
2-1-3 Les us et coutumes ......................................................................................................................... 25
2-1-3-1Les Tabous ............................................................................................................................... 26
2-1-3-2L’exhumation et le partage des biens ....................................................................................... 26
2-1-3-3La pratique du Tavy .................................................................................................................. 26
2-1-3-4La croyance ancestrale ............................................................................................................ 26
92
2.2 Les caractéristiques de la population ................................................................................. 26
2 .2.1La natalité ........................................................................................................................................ 26
2.2.2 La mortalité ...................................................................................................................................... 27
2.2.3 L’accroissement naturel................................................................................................................... 27
2-2-4 La répartition spatiale de la population............................................................................................ 30
2-3 Les Activités humaines ........................................................................................................ 31
2-3-1 L’agriculture .................................................................................................................................... 31
2-3-1-1La riziculture irriguée ................................................................................................................ 31
2-3-1-2La culture sur brûlis .................................................................................................................. 31
2-3-2 L’élevage ......................................................................................................................................... 32
2-3-3 La pêche ......................................................................................................................................... 32
2-3-4 L’artisanat ....................................................................................................................................... 32
DEUXIEME PARTIE :
LA DEFORESTATION DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA
.................................................................................................................................................. 33
CHAPITRE TROISIEME: DYNAMIQUE DE LA DEFORESTATION ...................... 34
3-1 Avant 1927 ............................................................................................................................. 34
3-2 De 1927 à 1964 ....................................................................................................................... 36
3-3 De 1964 à 1997 ....................................................................................................................... 37
3-5 L’exploitation illicite de bois de rose dans la commune rurale Ambohitralanana ......... 41
3-5-1 Historique ........................................................................................................................................ 41
3-5-2 L’exploitation ................................................................................................................................... 42
3-5-3 Les produits en stocks .................................................................................................................... 43
3-6 L’état actuel de la couverture forestière dans la commune ............................................. 44
3-6-1 La forêt du grand parc Masoala ...................................................................................................... 44
3-6-2 La forêt hors limite du parc .............................................................................................................. 46
CHAPITRE QUATRIEME : LES DIFFERENTES FORMES DE LADEGRADATION
DE LA FORETET LES MESURES D’ATTENUATION ........................................... 47
4-1 La dégradation quantitative ................................................................................................. 47
4-1-1 La dégradation provoquée par le tavy ............................................................................................. 47
4-1-2 Les Feux accidentels ...................................................................................................................... 48
4-1-3 Les effets cycloniques ..................................................................................................................... 49
4-2 La dégradation qualitative .................................................................................................... 50
4-2-2 Diminution de la taille des arbres .................................................................................................... 52
4-2-3 Destruction des individus de régénération ...................................................................................... 54
4-3 Les facteurs de la dégradation de la forêt .......................................................................... 55
4-3-1 Les Facteurs socio-culturels ........................................................................................................ 55
4-3-1-1 Appropriation des Terrains ...................................................................................................... 55
4-3-1-2Besoins quotidiens des paysans .............................................................................................. 56
4-3-1-4Faible niveau d’instruction des paysans ................................................................................... 56
4-3-2Les facteurs physico-économiques .................................................................................................. 57
4-3-2-1La topographie.......................................................................................................................... 57
4-3-2-2La pauvreté des paysans locaux .............................................................................................. 57
4-3-3Les facteurs politico-institutionnels................................................................................................... 57
4-3-3-1Manque de pouvoir de verbalisation au niveau des agents du parc ......................................... 57
4-3-3-2Insuffisance d’effectif du personnel ......................................................................................... 58
4-3-3-3Manque d’appui au développement.......................................................................................... 58
4-4 Les mesures d’atténuations ................................................................................................. 59
4-4-1 Amélioration des techniques culturales ........................................................................................... 59
4-4-2 Introduction des techniques alternatives viables ............................................................................. 59
4-4-3 Augmentation des ressources : en personnel et matériel ............................................................... 60
4-4-4 Sensibilisation et éducation de la population riveraine .................................................................... 60
4-4-5 Responsabilisation avec motivation de la population riveraine ....................................................... 60
4-4-6 La réorganisation de l’exploitation de palmiers à huile. ................................................................... 60
93
4-4-7 Application de lois .................................................................................................................... 61
TROISIÈME PARTIE : IMPACTS DE LA DÉFORESTATION SUR LE MILIEU.... 62
CHAPITRE CINQUIEME : CHANGEMENT MICROCLIMATIQUE ET
DEGRADATION DU SOL ...................................................................................... 63
5-1 Le changement microclimatique ......................................................................................... 63
5-1-1 L’Irrégularité de température ........................................................................................................... 63
5-1-2 L’irrégularité pluviométrique ............................................................................................................ 65
5-1-3 La fréquence des cyclones ............................................................................................................. 67
5-2 La dégradation du sol ........................................................................................................... 68
5-2-1L’érosion .......................................................................................................................................... 68
5-2-2 L’érosion marine.............................................................................................................................. 69
CHAPITRE SIXIEME : IMPACTS SUR LES COURS D’EAUETLES ACTIVITES
PAYSANNES ........................................................................................................ 71
6-1 Impacts sur les cours d’eau ................................................................................................. 71
6-1-1 Ensablement du lit........................................................................................................................... 71
6-1-2 Crues violentes ............................................................................................................................... 73
6-1-3 Assèchement progressif des cours d’eau. ...................................................................................... 75
6-2 Impacts sur les activités paysannes. .................................................................................. 76
6-2-1 Les enjeux de la riziculture inondée ................................................................................................ 76
6-2-2 Les enjeux de la culture de rentes .................................................................................................. 78
6-2-3 Les enjeux de la construction d’habitation ...................................................................................... 78
Conclusion générale .......................................................................................................... 80
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 82
ANNEXES .............................................................................................................................. 84
I LES TRAJECTOIRES DES CYCLONES ......................................................................... 85
II-PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES.............................................................................. 89
III-L’ARBRE GENEALOGIQUE DES DIRIGEANTS DE LA COMMUNE .................................... 91
Tables des matieres ................................................................................................................ 92
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