dédicace - Faculté de Médecine et de Pharmacie Fès
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Dédicaces Toutes les lettres ne sauraient trouver les mots qu’il faut… Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, l’amour, Le respect, la reconnaissance… Aussi, c’est tout simplement que Je dédie cette Thèse…? Dédicaces A MA TRÈS CHÈRE MÈRE : Lamhamdi Aicha Autant de phrases aussi expressives soient-elles ne sauraient montrer le degré d’amour et d’affection que j’éprouve pour toi. Tu m’as comblé avec ta tendresse et affection tout au long de mon parcours. Tu n’as cessé de me soutenir et de m’encourager durant toutes les années de mes études, tu as toujours été présente à mes cotés pour me consoler quand il fallait. En ce jour mémorable, pour moi ainsi que pour toi, reçoit ce travail en signe de ma vive reconnaissance et mon profond estime. Puisse le tout puissant te donner santé, bonheur et longue vie afin que je puisse te combler à mon tour. Dédicaces A MON TRÈS CHER PÈRE : ELMEKKAOUI Mohammed Autant de phrases et d’expressions aussi éloquentes soit-elles ne sauraient exprimer ma gratitude et ma reconnaissance. Tu as su m’inculquer le sens de la responsabilité, de l’optimisme et de la confiance en soi face aux difficultés de la vie. Tes conseils ont toujours guidé mes pas vers la réussite. Ta patience sans fin, ta compréhension et ton encouragement sont pour moi le soutien indispensable que tu as toujours su m’apporter. Je te dois ce que je suis aujourd’hui et ce que je serai demain et je ferai toujours de mon mieux pour rester ta fierté et ne jamais te décevoir. que Dieu le tout puissant te préserve, t’accorde santé, bonheur, quiétude de l’esprit et te protège de tout mal. Dédicaces A Mon cher grand père maternel Ma chère grand-mère paternelle Que ce modeste travail, , soit l’expression des vœux que vous n’avez cessé de formuler dans vos prières. Que Dieu vous préserve santé et longue vie. A la mémoire de mon grand père paternel, la mémoire de ma grand-mère maternelle Qui ont été toujours dans mon esprit et dans mon cœur, je vous dédie aujourd’hui ma réussite. Que Dieu, le miséricordieux, vous accueille dans son éternel paradis. Dédicaces A MA TRÈS CHÈRE EPOUSE ZINEB Ton encouragement et ton soutien étaient la bouffée d’oxygène qui me ressourçait dans les moments pénibles, de solitude et de souffrance. Merci d’être toujours à mes côtés, par ta présence, par ton amour dévoué et ta tendresse, pour donner du goût et du sens à notre vie de famille En témoignage de mon amour, de mon admiration et de ma grande affection , je te prie de trouver dans ce travail l’expression de mon estime et mon sincère attachement. Je prie dieu le tout puissant pour qu’il te donne bonheur et prospérité. Dédicaces A ma très chère sœur Rachida En souvenir d’une enfance dont nous avons partagé les meilleurs et les plus agréables moments. Pour toute la complicité et l’entente qui nous unissent, ce travail est un témoignage de mon attachement et de mon amour. A mon cher petit frère Anas Pour toute l’ambiance dont tu m’as entouré, pour toute la spontanéité et ton élan chaleureux, Je te dédie ce travail . Puisse Dieu le tout puissant exhausser tous tes vœux. A ma grande famille : je cite en particulier Mustapha Hajjami, mes tantes, mes oncles ainsi que mes cousins et cousines. Dédicaces A mes beaux-parents : Lhaj Ahmed Benbrahim et Lhajja Zahra Oudghiri Je ne pourrais jamais exprimer le respect que j’ai pour vous. Vos prières, vos encouragements et votre soutien m’ont toujours été d’un grand secours. Puisse Dieu, le tout puissant vous préserver du mal, vous combler de santé, de bonheur et vous procurer une longue vie. A mes beaux-frères et soeurs: Aziz, Bouchra, Khadija , Hayate et Mohammed et leurs enfants Aux familles : Berrada, Lahlou, Benbrahim, Oudghiri. Merci de m’avoir accueillir parmi vous. Puisse ce travail témoigner de ma profonde affection et de ma sincère estime. Dédicaces A ma famille adoptive, A laquelle j’y crois beaucoup celle des médecins internes c’est une grande fierté pour moi d’être parmi vous. Et je vous remercie pour la confiance dont vous m’avez fait part. A la promotion d’internat 2004 et la première promotion de faculté de médecine et de pharmacie de Fès A tout les médecins et médecins résidents du CHU Hassan II de Fès Dédicaces A MONSIEUR LE DOYEN MR LE PROFESSEUR M.H.FARIH MESSIEURS LES VIS-DOYENS MR LE PROFESSEUR M.N.EL ALAMI MR LE PROFESSEUR F.BELAHSEN MONSIEUR LE DIRECTEUR DU CHU DE FES MONSIEUR LE PROFESSEUR K .AIT TALEB TOUT LE PERSONNEL DE LA FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE FES Il vous revient le mérite de nous avoir prodigué un enseignement profitable et une formation complète. Veuillez accepter mes remerciements les plus sincères. Dédicaces A Messieurs mes maîtres Monsieur le professeur S.A. Ibrahimi. Monsieur le professeur M. El Abkari. Monsieur le professeur D.Benajeh Monsieur le professeur N.Akoudad Monsieur le docteur A Squalli. En témoignage de mon respect et de ma grande affection. Au personnel du service de Gastrologie du CHU Hassan II Fès: Mlles : souad, salwa, Kawtar ; Mesdames Imane, Latefa, Rahma, Fatema, Siham, Assia, Aziza, Khadija et Messieurs Najmi et Najji. Mes chers amis : Dr A.Hamoudane, Dr A.Touyar, Dr M.Azouaoui, S.Elbekkaoui Mes consoeurs : Dr B.Oudghiri, Dr I.Mallouki, Dr M. Elyousfi, Dr R.Zamharir, Dr N.Lahmidani, Dr M.Lahbabi, Dr M.Sekkat, Dr N.Ouazzani, Dr B.Loukili, Dr. Naoual Lazaâr, Dr H.Abid et Dr N.TAZI. Merci pour votre amitié Dédicaces A mes très chers amis Ali Chouaib et Hicham Ras. A mes chers amis : Issam, Noufel, B.Taoufik M.Drissi(s), Y.Lamrrani, S. Naïm,M Lahlou, I Lahlou, A.zouagi, S.Labib, S.Mallas, A.Derkaoui, A.Ibrahimi, Y.Satarra, A.Alaoui, A.Doaudi, B.Chbani, Y,Ahallal, F.Ammar,Younes, Abdelhalim, Kamal,Zakaria, Abdelrrazak, Akram…. A mes amies : S. Elalaoui Rachidi, F. Lamrabet, M.Elmachkour, S. Chahbouni, H. Benjelloun, N.Bousfiha, J.Lamrrani, Ghizlane, Zineb, Leila, Amal, Fatima Zahra, Kaoutar, Houda, Fatema, Ikram, Imane, Meriem, Ouafae, Najoua…. A tous ceux dont l’oubli du nom n’est pas celui du cœur. A toute l’équipe du service d’épidémiologie : Pr Najjari, Dr AlGhazi, Dr Berrahou, Dr Zineb………….. A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce travail. Dédicaces Remerciements Dédicaces A NOTRE MAITRE ET PRÉSIDENT DE THÈSE MONSIEUR LE PROFESSEUR S.A. Ibrahimi Professeur et chef du service de Gastro-entérologie Au CHU Hassan II de Fès Nous sommes très sensibles à l’honneur que vous nous avez fait en acceptant la présidence de notre jury de thèse. Vos qualités scientifiques, pédagogiques et surtout humaines seront pour nous un exemple à suivre dans l’exercice de notre profession. Nous vous reconnaissons d’avoir guidé nos premiers pas dans le chemin de l’ Hépato-Gastro-Entérologie. Et nous tenons à vous remercier pour le meilleur accueil que vous nous avez réservé. Veuillez croire à l’expression de notre grande admiration et notre profond respect. Dédicaces A NOTRE MAITRE ET RAPPORTEUR DE THÈSE MONSIEUR LE PROFESSEUR D.BENAJEH Professeur Assistant de gastro-entérologie Au CHU Hassan II de Fès Nous vous reconnaissons la gentillesse et la spontanéité lesquelles vous avez bien voulu diriger ce travail. avec Vous vous y êtes grandement impliqués par vos directives, vos remarques et suggestions, mais aussi par vos encouragements dans les moments clés de son élaboration. Nous tenons à vous remercier aussi pour cette liberté que vous avez permise, votre manière de penser et de procéder, votre manière d’être, bref toute votre personnalité. Dédicaces A NOTRE MAITRE ET JUGE DE THÈSE MONSIEUR LE PROFESSEUR C.NAJJARI Professeur d’Epidémiologie Au CHU Hassan II de Fès Nous vous sommes très reconnaissants de l’honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce travail. Vous avez eu l’amabilité de discuter avec nous certains points clés de notre analyse, vos remarques pertinentes contribueront sans doute au perfectionnement du présent travail. Nous avons toujours admiré vos qualités humaines et professionnelles ainsi que votre compétence et votre disponibilité chaque fois que vous étiez sollicités Veuillez accepter, cher Maître, l’assurance de notre estime et profond respect. Dédicaces A NOTRE MAITRE ET JUGE DE THÈSE MONSIEUR LE PROFESSEUR N.KANJAA Professeur d’Anesthésie-Réanimation Au CHU Hassan II de Fès Nous vous sommes très reconnaissants de l’honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce travail. Vos qualités humaines et professionnelles jointes à votre compétence et votre disponibilité seront pour nous un exemple à suivre dans l’exercice de notre profession. Veuillez accepter, cher Maître, l’assurance de notre estime et profond respect. Dédicaces A NOTRE MAITRE ET JUGE DE THÈSE MONSIEUR LE PROFESSEUR K.MAZAZ Professeur de chirurgie viscérale Au CHU Hassan II de Fès C’est pour nous un grand honneur que vous accepter de siéger parmi cet honorable jury. Nous avons toujours admiré vos qualités humaines professionnelles ainsi votre modestie qui restent exemplaires. et Qu’il nous soit permis de vous exprimer notre reconnaissance et notre grand estime. Dédicaces A NOTRE MAITRE MONSIEUR LE PROFESSEUR M .EL ABKARI Professeur Agrégé de Gastro-entérologie Au CHU Hassan II de Fès Votre compétence, votre dynamique, votre rigueur et vos qualités humaines et professionnelles ont suscité en nous une grande admiration et un profond respect. Nous voudrons être digne de la confiance que vous nous avez accordée et vous prions, chère Maître, de trouver ici le témoignage de notre sincère reconnaissance et profonde gratitude. Dédicaces A Monsieur le Docteur A.SQUALLI Médecin spécialiste en gastro-entérologie Au CHU Hassan II de Fès Mes sincères remerciements pour votre extrême courtoisie, votre aide, vous êtes bien veillant, aimable, vous m’avez soutenu pendant tout mon passage au service. Je vous remercie pour votre gentillesse, votre disponibilité et les conseils que vous m’avez prodigués. Vous êtes un grand, je vous respecte énormément.. Abréviations AINS : Anti-inflammatoires non stéroïdiens. APC : Plasma Argon. ASA : American society of anaesthesiologists. ATCD : Antécédents. CIM : Cimétidine. COX : Cyclo-oxygénase. ECL : cellule entérochromafine like. FC : Fréquence cardiaque. FOGD : Fibroscopie oeso-gastroduodénale. H/F : Homme/Femme. Hb : Hémoglobine. HDH : Hémorragie digestive haute. HDU : Hémorragie digestive ulcéreuse. http : Hyper tension portale. IPP : Inhibiteur de la pompe à protons. IV : Intraveineuse. MGB : Métaplasie gastrique de la muqueuse bulbaire. mmHg : Millimètre de mercure. NEJM : New England Journal of Medecine. NO : monoxyde d’azote. NS : Non significative. OME : Oméprazole. UBH : Ulcère bulbaire hémorragique. OR : Odd Ratio. TAS : Tension artérielle systolique/ D : diastolique. TNF : Tumour necrosis factor. TP : Taux de prothrombine. TTT : Traitement. UGD : Ulcère gastroduodénal. Plan Introduction…………………………………………………………………..……… 1 Ulcère bulbaire hémorragique : données de littérature …………………… 3 I. Données épidémiologiques : ………………………………………………… 4 1- Ulcère duodénal non compliqué : …………………………..………… 4 2- ulcère duodénal hémorragique. ……………………………………… 4 § Données générales. …………………………………………………..…… 4 § Epidémiologie descriptive et analytique : ……………………….…… 6 § Mortalité : ……………………………………………………………….…… 6 § Evolution dans le temps du profil épidémiologique des HDU : … 7 § Changement climatique et hémorragie digestive haute : ………… 9 II. Physiopathologie de l’ulcère bulbaire: ………………………………….… 10 1- Etat normal : équilibre entre facteurs de défense et facteurs d’agression. ……………………………………………………………… 11 1-1 Facteurs de défense : ……………………………………………… 11 1-2 Facteurs d’agression : ………………………………………….… 13 2- Les différents facteurs étiologiques d’UGD ………………………… 14 2-1 Helicobacter pylori (HP) est le premier facteur étiologique… 14 2-2 la prise d’aspirine et d’AINS : ………………………………..…… 18 2-3 Autres affections en cause : …………………………………….… 22 III. Pathogénie de l’hémorragie ulcéreuse : ……………………………….… 24 1- Aspect histologique : …………………………………………………… 24 2- Facteurs de risque : ……………………………………………………… 25 2-1 AINS : …………………………………………………………………… 25 2-2 Helicobacter Pylori : …………………………………………………. 25 2-3 AINS + HP : …………………………………………………………… 26 2-4 Autres : ………………………………………………………………… 26 IV. Présentation clinique : ……………………………………………………… 27 V. Endoscopie : …………………………………………………………………… 28 VI. Facteurs prédictifs de gravité et de récidive : …………………………… 30 VII. Prise en charge : …………………………………………………………… 38 1- Prise en charge initiale. ………………………………………………… 38 2- Traitement spécifique des épisodes aigus hémorragiques. …… 39 2-1 Traitement pharmacologique : …………………………………… 42 a- Moyens : ………………………………………………..……………… 42 § Les anti-sécrétoires : ……………………………………..………… 42 o Les anti-H2………………………………………………………… 42 o Les IPP……………………………………………………………..… 43 § Drogues vaso-actives : somatostatine et dérivés : …………… 44 b- Pharmacologie des anti-sécrétoires : …………………………… 44 b-1 La sécrétion gastrique acide. ……………………………..…… 45 b-2 Les Inhibiteurs de la Pompe à Protons : IPP (Oméprazole). 47 b-3 Les antihistaminiques H2 : Anti-H2 (cimétidine). ………… 50 c- Rôle des anti-H2 dans la prise en charge des UBH. ……..…… 52 d- Rôle des IPP dans la prise en charge des UBH. ………………… 55 § IPP par voie orale. ………………………………………………..…… 55 § IPP par voie injectable : ……………………………………………… 58 e- IPP versus anti-H2. …………………………………………………… 61 2-2 Traitement endoscopique : ………………………………………… 67 § Traitement par injection : ……………………………………..… 67 § Dispositifs thermiques : ………………………………………… 69 § Dispositifs mécaniques. ………………………………………… 69 § La thérapie combinée ou double thérapie. ……………..…… 71 § Méthodes endoscopiques : synthèse ………………………… 71 § L’intérêt du doppler. ……………………………………………… 73 § Que faire en cas de caillot adhérent ? ……………………..… 73 § Endoscopie de « second look ». ……………………………..… 74 § Que faire devant une récidive hémorragique après hémostase initiale ? ………………………………………..…… 75 2-3 Traitement chirurgical et embolisation artérielle. …………..… 75 Notre étude. …………………………………………………………………..…… 79 I- Introduction. ……………………………………………………………..…… 80 II- Objectifs de l’étude. ………………………………………………………… 81 III- Matériels et méthodes. ……………………………………………..……… 82 IV- Résultats. ……………………………………………………………………… 93 V- Discussion. …………………………………………………………………… 110 VI- Conclusion. …………………………………………………………………… 130 Résumé……………………………………………………………………………… 134 Références…………………………………………………………………………… 138 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Introduction. L ’hémorragie digestive haute (HDH) reste une complication assez fréquente de la pathologie ulcéreuse gastro-duodénale, et l’une des principales urgences digestives, elle demeure une cause importante de morbidité et de mortalité. L’hémorragie digestive est une urgence dont les causes les plus fréquentes sont l’hypertension portale et l’ulcère peptique hémorragique. Ce dernier présente environ 40% des HDH. Un arrêt spontané de l’hémorragie se voit dans 80% des cas avec un taux de récidive entre 12 et 30%. La stratégie diagnostique et thérapeutique a beaucoup évolué ces 15 dernières années, grâce à l’avènement des traitements anti-sécrétoires, de l’endoscopie interventionnelle et l’amélioration des moyens de réanimation. Malgré ces progrès la mortalité par hémorragie ulcéreuse reste stable, comprise entre 6 et 14%. Cette absence apparente d’amélioration est expliquée par l’utilisation croissante des AINS et le vieillissement (surtout dans les payés occidentaux) de la population et son corollaire de comorbidité. L’individualisation de critères pronostics, cliniques et endoscopiques regroupés sous forme de scores, a modifié la prise en charge des malades. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 1 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 La prise en charge des HDU comporte un traitement symptomatique (mesure de réanimation, restauration de la volémie) et un traitement spécifique basé sur les moyens pharmacologiques (anti-sécrétoires), et si nécessaire, endoscopiques ou chirurgicales. Les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) à forte dose par voie parentérale est actuellement recommandée dans la prise en charge de la phase aiguë des ulcères hémorragiques, vue leur supériorité par rapport aux anti-H2 et au placebo, dans la diminution du taux de récidives, des besoins transfusionnels et de passage à la chirurgie. Les études comparant l’Oméprazole par voie orale avec les anti-H2 ou placebo sont peu fréquentes et ont donné des résultats controversés. Au Maroc, il est de pratique courante que les patients reçoivent de la Cimétidine injectable devant la suspicion d’une HDU, surtout avant la réalisation de la FOGD (les IPP injectables restent inaccessibles ou excessivement chers). D’où l’intérêt de notre travail de comparer l’efficacité de l’Oméprazole par voie orale à celle de la Cimétidine par voie injectable dans la prise en charge d’un ulcère bulbaire hémorragique (UBH) à haut risque endoscopique de récidive, en utilisant comme critère majeur de jugement : Le taux de récidive hémorragique précoce. C’est une étude prospective et randomisée en simple insu sur une période d’une année. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 2 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Ulcère bulbaire hémorragique : données de littérature I. Données épidémiologiques : II. Physiopathologie de l’ulcère bulbaire: III. Pathogénie de l’hémorragie ulcéreuse : IV. Présentation clinique : V. Endoscopie : VI. Facteurs prédictifs de gravité et de récidive : VII. Prise en charge : EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 3 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive I. Données épidémiologiques : 1- Ulcère duodénal non compliqué : Juin 2008 La prévalence de l’ulcère duodénal est estimée dans les pays occidentaux entre 5% et 10% avec une incidence annuelle de 0,2% chez l’adulte [1], cette incidence a augmenté depuis 1900 pour atteindre un maximum en 1950. les études ont également montré que durant les trois dernières décennies l’incidence de l’ulcère duodénal non compliqué a baissé de 70% notamment chez l’adulte jeune [1, 2] alors qu’elle augmente chez le sujet âgé [3]. Cette constatation serait plus compatible avec une plus importante contamination par L’HP chez les personnes entre 60 et 80 ans mais aussi et surtout avec une prise plus importante d’AINS et d’aspirine [4]. Le sexe ratio est en faveur d’une prédominance masculine, sachant que cette prédominance change d’une région géographique à une autre (de 1/1 aux Etats-Unis à 18/1 en Inde) et dans le temps (de 2/1 à 1/1 dans les deux dernières décennies aux Etats-Unis), l’augmentation de la consommation du tabac chez la femme et sa diminution chez l’homme peuvent jouer un rôle dans cette évolution. 2- ulcère duodénal hémorragique. Au moins 35% des patients présentant des ulcères duodénaux présentent au cours de leur vie une hémorragie digestive, avec un risque annuel de 2,5% et d’environ 5% avec la présence d’un antécédent d’hémorragie digestive. § Données générales. Les études épidémiologiques estiment l’incidence annuelle des HDH [5-16] entre 50 et 120/100000 habitants / an (Tableau N°1) , dont 34 à 60% sont des HDU dont les deux tiers sont des hommes (sexe-ratio H/F = 2:1) [7, 9, 11, 15, 17, EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 4 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 18]. Six pour cent des HDH surviennent au cours d’une hospitalisation pour une autre pathologie, cette situation est caractérisée par un taux plus élevé de mortalité essentiellement chez les sujets âgés [19]. La moyenne d’age varie autour de 45±5 ans dans les pays en voie de développement [20-23] et autour de 60±5 ans dans les pays développés [24-27]. Des études récentes ont rapporté une augmentation de l’incidence des hémorragies digestives avec l’âge (dans les pays occidentaux), puisqu’elle est devenue six fois plus importante chez les sujets âgés de plus de 75 ans que ceux âgés moins de trente ans [24, 25] Par ailleurs, la prédominance masculine est rapportée dans toutes les études épidémiologiques [25-27], mais cette tendance, bien qu’encore existante, tend à être moins marquée dans les pays développés, ce qui pourrait être expliquée par l’augmentation de la consommation du tabac chez les femmes dans ces pays. Tableau 1 : Incidence annuelle des HDH dans les pays industrialisés. Pays. Incidence /100000 habitants/an. USA [5-8] 50 à 150 U.K [10] 103 France [11] 143 Grèce [15] 160 Espagne [9] 108* * incidence des HDH non liées à L’HTP. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 5 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 Epidémiologie descriptive et analytique : Les données épidémiologiques sont difficiles à apprécier au Maroc, du fait de l’absence de registres nationaux d’épidémiologie. Les données disponibles sont ceux des pays industrialisés tout en signalant que les Anglo-saxons restent les plus performants dans ce domaine. Néanmoins, une étude rétrospective menée au service de gastro-entérologie du CHU Hassan II de Fès [20] a évalué le profil épidémiologique des patients présentant une hémorragie ulcéreuse. L’étude comportait 290 patients recrutés sur une période de trois ans. Les principales caractéristiques qui en ressortent sont (Tableau n°2): § Un âge moyen jeune par rapport aux pays développés. § Une nette prédominance masculine (similaire aux données de la littérature : Tableau n°2). § Deux cent soixante patients présentaient un ulcère bulbaire. § Prise récente d’AINS chez 9,5% des patients seulement. § Deux patients seulement avaient une cardiopathie décompensée. § Et un taux de récidive et de mortalité estimés respectivement à 14,5% et 3,8%. § Mortalité : La mortalité générale reste voisine de 10% (3,5 à 14%) [28-32]. Elle augmente avec l’âge, plus de 70% des décès sont âgés plus de 60 ans [13, 14, 16, 18, 33-37]. Ces malades ne décèdent pas habituellement de leur exsanguination, mais plutôt de la décompensation de leurs tares associées [32, 38]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 6 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 Evolution dans le temps du profil épidémiologique des HDU : Malgré les progrès du traitement de la pathologie ulcéreuse, la fréquence des hémorragies digestives ainsi que la mortalité causée par celle-ci restent stables [28]. Il est donc intéressant d’examiner les évolutions récentes qui ont affecté le profil épidémiologique de l’hémorragie digestive ulcéreuse (voir tableau 2), afin d’envisager les voies d’une amélioration de son pronostic. Une première donnée est l’augmentation de la proportion de personnes âgées et porteuses de comorbidités. Une autre constatation importante réside dans le fait que désormais, environ 50% des malades admis pour HDU sont des consommateurs d’aspirine ou d’AINS [27]. Ainsi les études comparant l’évolution des données épidémiologiques actuelle avec celles d’il y’a 10-15 ans [10, 39] (Tableau n°3), ont objectivé une superposition de la persistance du taux élevé des HDU avec deux données : une incidence plus élevée des sujets âgés présentant une HDH avec un taux élevé de prise d’AINS et une incidence moindre des sujets jeunes grâce aux progrès thérapeutiques de la maladie ulcéreuse gastroduodénale [24, 40]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 7 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 2 : Caractéristiques des patients ayants une hémorragie digestive ulcéreuse. Caractéristiques cliniques et analytiques des patients. Pays Benajah et al. [20]. Maroc (Fès) Sotoudehmanesh et al [21] Iran (n=290) (n=161) Age (ans) 46,7 ∓ 17 Sexe masculin (%) Gisbert et al. [41]. Espagne Papatheodoridis et al.* [42]. Grèce Andriulli et Bencheqrou al. [43]. n et al. [22] Italie Maroc (Rabat) (n=341) (n=80) (n=369) (n=235) 48,3 ∓18 62 ∓ 16 67 ∓ 15 66 48 75,86 72,7 72 66 65 88,9 Prise d’AINS (%) 9,5 45,4 45 100* 62 6,5 Tabagisme (%) _ 19,9 32 23 _ Prise d’alcool (%) _ 1,2 15 21 _ - Comorbidité (%) 0,7** - 45 55 25 29,7 13 3 _ - Prise d’anti- coagulant (%) Antécédents de chirurgie gastrique 1 - 1,4 - 4 _ _ - hémodynamique _ - 11 _ 11 13 Ulcère duodnale (%) 91 76,4 60 67 79 Transfusion 41,2 - 32 _ _ - 14,5% - 7,4 _ 8,5 - (%) Instabilité (%). Persistance ou récidive hémorragique * : L’étude est menée sur des patients prenant des AINS ayant présenté une HDU. ** : Deux patients avaient une cardiopathie décompensée. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 8 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 3 : Comparaison des données épidémiologiques entre deux périodes A : 1989/1990 et B : 1999/2000 [39]. Paramètres. Période A. Période B. P HDU. 48,7/100000 H. 51,4/100000 H. NS. HDU duodénale. 24,9/100000 H. 25,7/100000 H. NS. HDU≥ 70 ans. 41%. 56%. HDU≤70 ans. 59%. 44%. 0,0005. Prise d’AINS. 27%. 45%. 0,0001. § Changement climatique et hémorragie digestive haute : Il est admis actuellement que les changements climatiques influencent l’incidence de survenue des hémorragies digestives hautes. Beaucoup d’études ont prouvé que celle-ci est inversement reliée à la température ambiante et au degré d’humidité, et a une relation parallèle avec la pression atmosphérique [44]. Ainsi une augmentation d’incidence d’hémorragie ulcéreuse au cours des saisons froides (automne et hiver) a été notée dans plusieurs études [45]. Cette influence semble toucher surtout les HDH secondaires à un ulcère gastrique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 9 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive II. Juin 2008 Physiopathologie de l’ulcère duodénal: [1, 18, 46-57] L’ulcère gastroduodénal (UGD) est une perte de substance reposant sur un socle scléreux et qui atteint la musculeuse (fig.1) Il est dû à une autodigestion de la muqueuse gastrique ou duodénale causée par un déséquilibre entre les facteurs agresseurs (acide chlorhydrique, pepsine) et les facteurs de défense de la muqueuse gastrique et intestinale (renouvellement cellulaire, débit sanguin, mucus). Les lumières apportées par l'ère de Helicobacter pylori (HP) ont révolutionné la compréhension de la physiopathologie de la maladie ulcéreuse gastroduodénale. Néanmoins quelques acquis classiques concernant la maladie n’ont pas changé: - La maladie ulcéreuse demeure plurifactorielle. - L'acide (pour la localisation duodénale), et des modifications histologiques préexistantes de la muqueuse gastro-bulbaire sont généralement nécessaires pour aboutir à un ulcère. La physiopathologie de l’ulcère duodénal est différente de celle de l’ulcère gastrique. • La genèse de ce dernier passe par la diminution de la résistance de la muqueuse gastrique due à : o Une déficience de ses constituants, à savoir la barrière mucobicarbonate et le revêtement épithélial de surface. o et à une diminution de la résistance de la muqueuse aux agents d'agression secondairement a une diminution du flux sanguin. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 10 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive • Juin 2008 Par ailleurs, La MGB et l’augmentation de la charge acide duodénale (comme décrit plus tard) sont les éléments essentiels dans la genèse de l’ulcère duodénal. Figure 1 : aspect schématique d’un ulcère vrai [1]. 1: muqueuse ; 2 : muscularis mucosae ; 3 : sous-muqueuse ; 4 : musculeuse. 1- Etat normal : équilibre entre facteurs de défense et facteurs d’agression. 1-1 Facteurs de défense : • La muqueuse s’oppose à la rétrodiffusion d’ions H+ luminale au moyen de trois lignes de défense. - La première ligne de défense est la couche de mucus riche en bicarbonate, qui sont produits par les cellules à pôle muqueux fermé de l’épithélium gastroduodénal. (fig.2). Le mucus est un gel viscoélastique : q Composé de glycoprotéines et de phospholipides, ce qui lui confie sa propriété hydrophobe. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 11 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive q Juin 2008 Organisé en réseau, ce qui lui permet de ralentir les ions H+ à l’intérieur du gel et le neutraliser par les ions HCO3-. q La prostaglandine de la série E stimule la sécrétion de mucus et de bicarbonates et augmente les flux sanguins muqueux, ce qui explique en partie la toxicité des AINS (les AINS inhibent la synthèse de la prostaglandine). - La deuxième ligne de défense est l’épithélium qui expulse les ions H+ grâce à une Na+/K+ ATPase située au pôle basal des cellules épithéliales. - La troisième ligne est la lamina propria. Elle apporte l’oxygène et les bicarbonates par les capillaires sanguins très fenêtrès. - La dernière ligne de défense est le processus de renouvellement des cellules du revêtement épithéliales appelé réépithélialisation ou restitution. Figure 2 : Représentation schématique de l’épithélium superficiel de la muqueuse gastrique. Concept de barrière de protection mucus-bicarbonate. [49] EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 12 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 1-2 Facteurs d’agression : La sécrétion acide gastrique est le principal facteur d’agression : • La sécrétion acide gastrique est produite par les cellules pariétales fundiques. Les ions H+ sont sécrétés par l’ATPase H+/K+ situés au pôle apical de ces cellules, également dénommée pompe à protons (qui est antagonisée par les IPP). 1. Les principaux agents stimulants cette sécrétion sont l’histamine, la gastrine et l’acétylecholine. L’histamine est sécrétée par les cellules ECL (EntéroChromaffin Like ou histaminocyte), agit par voie paracrine sur les récepteurs H2 (antagonisés par les anti-H2) et joue un rôle principal dans la stimulation de la sécrétion acide. La gastrine est produite par les cellules G de l’antre. Elle agit soit directement sur la cellule pariétale par voie endocrine, soit indirectement en stimulant la libération d’histamine. L’acétylecholine, médiateur neurologique du nerf vague, agit directement sur les cellules pariétales, et indirectement en stimulant la libération d’histamine. 2. Le risque d'ulcère est accru si la sécrétion acide est augmentée. Cependant, si la présence d'acide est nécessaire pour provoquer un ulcère, elle n'est généralement pas suffisante. La survenue d'un ulcère paraît résulter de la conjonction de plusieurs éléments physiopathologiques (acide et pepsine, cytoprotection…). 3. La rétrodiffusion d'ions H+ dans la muqueuse constitue une phase essentielle de l'agression. En effet si la pepsine de sa part érode la couche de mucus superficielle, son action reste limitée en surface, car elle ne peut diffuser à l'intérieur du gel, lequel est renouvelé en permanence. Une protéolyse en profondeur n’est possible que si préalablement le revêtement muqueux a été éliminé par corrosion acide. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 13 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 2- Les différents facteurs étiologiques d’UGD Juin 2008 entraînant un déséquilibre entre facteurs de défense et facteurs d’agression : 2-1 Helicobacter pylori (HP) est le premier facteur étiologique :+++ C’est un bacille gram négatif spiralé, microaerophilie, découvert en § 1983 par Warren et Marshall. La pathogénie d’HP est liée aux trois facteurs suivants : l'aptitude de la § bactérie à : - Coloniser la muqueuse gastrique. - Persister dans l'estomac en échappant aux mécanismes de défense de l'hôte. -Et enfin, à induire la lésion de la muqueuse (cf infra). Après ingestion, HP colonise le mucus de type gastrique, ce qui lui § permet de s’étendre au niveau : - de la muqueuse gastrique, au niveau de l’antre, déterminant une gastrite aiguë puis chronique active de type B avec distribution hétérogène de la bactérie, ce qui peut entraîner des faux négatifs lorsqu’on la recherche sur des biopsies. - de la muqueuse bulbaire, par l’intermédiaire d’une métaplasie gastrique de la muqueuse bulbaire (MGB), qui permet le développement de la bactérie à ce niveau. Helicobacter § pylori favoriserait l’ulcérogénèse par plusieurs mécanismes : q Altération des facteurs de défense muqueuse par : EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 14 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 - Production bactérienne de protéines cytotoxiques vacuolisantes (vac A), et l’antigène cag-A, dont les expressions sont variables selon les souches bactériennes (différence de virulence) [58]. - Stimulation de la production gastrique de cytokines proinflammaotoires (notamment de l’interleukine-8). q Augmentation des facteurs d’agressions par : - Hypergastrinémie basale et stimulée, secondaire en premier à une diminution de la sécrétion de la somatostatine par les cellules D antrales. Mais aussi à une stimulation directe des cellules G antrales par une protéine hydrosoluble (WSP) produite par HP et par les interleukines, issues du processus inflammatoire engendré par HP (voir figure 5). - Augmentation de la masse cellulaire pariétale fundique avec une hypersécrétion acide qui serait responsable de l’apparition de zones de métaplasie gastrique au niveau du bulbe (MGB). Ces zones seront colonisées par la suite par HP avec possibilité d’apparition d’un ulcère. - Augmentation de la charge acide duodénale. - Hyperpepsinogénémie. - Radicaux libres oxygénés, réputés pour leur rôle d’agression tissulaire, dont la quantité est augmentée par les phénomènes inflammatoires provoqués par HP. - Production excessive du monoxyde d’azote (NO), grâce à la NOsynthétase inductible (iNOS) des cellules inflammatoires. L’activité de la iNOS dans la muqueuse gastrique est deux fois plus élevée chez les UD HP+ que chez les sujets normaux HP+. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 15 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 En résumé, on peut admettre que dès que HP colonise la muqueuse digestive haute, une cascade de phénomènes inflammatoires se met en jeu aboutissant progressivement à l'érosion et à l'ulcère. Il est probable que cette cascade d'événements n'est pas le phénomène initial. Il semble nécessaire que la muqueuse duodénale soit transformée en muqueuse pylorique : c’est la métaplasie gastrique de la muqueuse bulbaire, cette dernière deviendrait ainsi l'événement premier de l'ulcérogénèse et paraît en rapport avec une charge acide duodénale accrue, elle-même liée à une sécrétion acide augmentée et déversée trop vite dans le bulbe duodénal. L'hypersécrétion gastrique acide, apparaît quant à elle liée soit à une hypersensibilité des cellules pariétales à des stimulations de type gastrinique par exemple soit à une augmentation de la masse des cellules pariétales. Dans ce dernier cas, trois candidats sont possibles : le facteur vagal, les facteurs génétiques et le facteur gastrinique où le rôle de l'inflammation antrale induite par HP apparaît fort probable. (fig.6). EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 16 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Figure 5 : schéma montrant la Place de l’helicobacter pylori dans la physiologie sécrétoire. [49]. G : récepteur à la gastrine ; RPAF : récepteur au platelet activating factor ; H2 et H3 : récepteur à l’histamine de type 2 et 3 ; SSTR : récepteur à la somatostatine ; EC-L : entérochromaffine-like. Diminution de la somatostatine Figure 6 : Schéma physiopathologique de l’ulcère duodénal. [46, 49]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 17 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 2-2 la prise d’aspirine et d’AINS : • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens induisent l’apparition d’ulcérations ou d’ulcère gastro-duodénal. Le plus souvent gastrique que duodénal. • La toxicité gastroduodénale des AINS non sélectifs fait intervenir schématiquement deux mécanismes : toxicité locale par contact direct avec l’épithélium de surface, et systémique représentée principalement par l’inhibition de la cyclo-oxygénase dans la muqueuse. [55, 56] • Toxicité locale : La toxicité de contact des AINS se traduit dans un premier temps par une augmentation de la perméabilité muqueuse (rupture de la barrière muqueuse), les AINS altèrent également les propriétés hydrophobes des phospholipides qui forment en avant de l’épithélium superficiel une barrière protectrice contre l’agression acide favorisant ainsi une rétrodiffusion massive des ions H+, ce qui est l’origine des lésions nécrotico-hémorragiques. En effet en l’absence d’acide, les lésions restent superficielles et sont rapidement réparées (Ainsi s’explique l’effet protecteur des traitements antisécrétoires puissants). Cette toxicité locale dépend en partie des propriétés physico-chimiques des molécules et également des mécanismes biochimiques comme le blocage de la phosphorylation oxydative intramitochondriale dans les cellules de l’épithélium de surface. • Toxicité systémique : Les AINS agissent en inhibant les cyclo-oxygénases (COX). Ces COX sont des enzymes responsables de la biotransformation de l’acide arachidonique (acide gras essentiellement situé au niveau des membranes cellulaires) en prostaglandines et leucotriènes. Il existe deux EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 18 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 isoformes de la COX : COX-1 et COX-2. Ces deux enzymes sont codés par des gènes différents. La COX-2 est une enzyme inductible, synthétisée uniquement lors d’un processus inflammatoire (aucune production n’est détectable en période non inflammatoire). La COX-1 est constitutionnelle et responsable de la production des prostaglandines qui ont une action protectrice de la muqueuse gastroduodénale : d’une part en inhibant la sécrétion gastrique et en stimulant la sécrétion de mucus et de bicarbonates et d’autre part en exerçant un puissant effet vasodilatateur (fig.7). • Ainsi l’inhibition de la cyclooxygénase induite par les AINS provoque une réduction du flux sanguin muqueux. L’inhibition de la COX-1 provoque également la production de leucotriènes, ces derniers favorisent l’adhérence des polynucléaires à la paroi endothéliale ce qui provoque une libération de radicaux libres et de protéases au niveau de l’endothélium détruisant ainsi les capillaires. Les lésions endothéliales accentuent la baisse du débit sanguin muqueux et favorisent le processus inflammatoire dans la muqueuse digestive. L’inflammation est ensuite amplifiée par l’expression de TNFα induite par les anti-inflammatoires dans les macrophages (voir figure 8). Au bout de quelques jours d’administration d’un anti-inflammatoire, ce processus lésionnel est compensé par une prolifération épithéliale et un accroissement du débit sanguin muqueux qui dépend, en partie, de l’expression de la cyclooxygénase2 et de la production de monoxyde d’azote. Les inhibiteurs sélectifs de la cyclooxygénase-2 ont une toxicité digestive réduite, mais non nulle qui pourrait être partiellement expliquée par la participation de la COX-2 à la protection des muqueuses digestives en cas d’inflammation ou de réparation épithéliale. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 19 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Tube digestif normal Juin 2008 Site d’inflammation Acide arachidonique Cox1 constitutive (+) Cytokines Facteurs de croissance Endotoxines Cox2 inductible Glucocorticoïdes (-) (-) (-) (-) (-) Inhibiteurs sélectifs de la de cox2 AINS Prostaglandines physiologiques (cytoprotection) Prostaglandines pathologiques (inflammation) Augmentation du Flux sanguin Inhibition de la sécrétion acide Augmentation de la Sécrétion mucus Figure 7: Fonction et régulation de deux types de cyclooxygénase dans la muqueuse digestive. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 20 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Etape 1. Etape 2. Etape 3 Figure 8 : Séquences de la pathogénie des lésions ulcérées induites par les AINS (étapes1-3). Les flèches noires indiquent les lésions initiales provoquées par l’inhibition des prostaglandines. Les flèches bleues indiquent les lésions provoquées par les polynucléaires infiltrant la muqueuse et le Tumour Necrosis Factor α (TNFα) qu’ils produisent. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 21 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Le risque d’ulcère gastroduodénal concerne tous les AINS non sélectifs et • également l’aspirine. Ce risque est majoré en cas : [55, 59-61] • _ D’utilisation de plus d’un AINS. - De co-administration de corticoïdes*. _ D’âge > 65 ans. _ De co-administration d’anticoagulants. - De traitement prolongé ou à des posologies élevées, (sachant que ce risque est présent même en dose anti-aggrégantes en cas d’aspirine). _ D’un antécédent d’ulcère simple ou compliqué. - D’autres facteurs de risques: Maladie systémique sévère, cirrhose. Antécédent d’intolérance aux AINS, consommation de tabac ou d’alcool. * NB : cette notion a été mise en doute par des études pharmacologiques récentes qui suggèrent plutôt un effet protecteur des glucocorticoïdes dans la genèse des ulcères induit par les AINS et les ulcères de stress [62, 63] 2-3 Autres affections en cause : • Le syndrome de Zollinger-Ellison : Causé par un gastrinome, tumeur essentiellement pancréatique ou duodénale productrice de gastrine. La maladie ulcéreuse est gastrique et/ou surtout duodénale, résistante au traitement, de localisation multiple et/ou atypique (D2, voire D3 ou D4). • L’hyperparathyroïdie et l’hypercalcémie en augmentant la sécrétion acide gastrique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 22 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive • Juin 2008 Le tabac : il augmente le risque de survenue d’un UGD et favorise la récidive par une stimulation de la sécrétion acide et une diminution de la sécrétion de bicarbonate et du flux sanguin. • Insuffisance rénale chronique. • Pancréatite chronique et cirrhose. • Une situation à mettre à part : les ulcères aigus de stress. Ils surviennent surtout chez les malades de réanimation, dans un état de choc, d’insuffisance cardiaque ou respiratoire ou de transplantation d’organe. Le mécanisme est différent de celui des ulcères chroniques, avec notamment une diminution du flux sanguin muqueux. L’évolution est souvent compliquée d’hémorragie ou de perforation. Les localisations sont volontiers multiples et plus souvent gastriques que duodénales. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 23 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive III. Juin 2008 Pathogénie de l’hémorragie ulcéreuse : 1- Aspect histologique : L’hémorragie ulcéreuse est la conséquence d’une rupture artérielle ou artériolaire au fond du cratère ulcéreux (cas d’ulcère ancien) [13, 64] (fig.9), ou d’un saignement de la muqueuse dans la zone de l’ulcère (ulcère récent). Dans la grande majorité des cas l’artère qui saigne est de faible diamètre 0,7 mm en moyenne (extrémités : 0,1 à 1,8). L’atteinte d’une artère de plus gros calibre est probablement associée à une morbidité et une mortalité accrues et à un échec plus fréquent des techniques d’hémostase [65]. Figure 9: Photographie microscopique d'un ulcère avec vaisseau visible. [13] EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 24 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 2- Facteurs de risque : 2-1 AINS : L’utilisation des AINS est un facteur de risque majeur de saignement ulcéreux [66-72]. Ils augmentent le risque hémorragique par un facteur de 4,85 [73]. Les complications peuvent survenir rapidement après le début du traitement AINS et sont plus fréquentes au cours du premier mois de traitement. Chez les patients sous AINS, un traitement anticoagulant oral, un antécédent d’ulcère peptique, une corticothérapie, une intoxication tabagique, un âge >60 ans et l’utilisation concomitante d’un autre AINS, sont les facteurs de risque d’HDU identifiés ces dernières années [74-78] Une étude cohorte prospective a montré qu’une prise récente d’AINS augmente aussi le risque de récidive hémorragique précoce indépendamment de l’âge ou de stigmate endoscopique de saignement [35, 79]. L’aspirine de sa part a vu ses indications s’élargir depuis quelques années du fait de son action anti-agrégant plaquettaire. Une augmentation du nombre d’hémorragies digestives a accompagné cette extension de la prescription d’aspirine. Le risque est dose-dépendant et existe même pour de faibles doses (75mg) [72, 75, 80-82]. 2-2 Helicobacter Pylori : La prévalence de l’infection par HP est estimée à 90% au cours des ulcères duodénaux non compliqués [21]. En revanche, chez les patients ayant une HDU, la prévalence de l’infection est plus faible, comprise entre 57 et 73%. Cependant Le rôle physiopathologique d’HP n’est pas discuté dans la survenue d’une hémorragie. En effet, son éradication entraîne une diminution de la fréquence des EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 25 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 récidives hémorragiques [42, 73, 83-87]. Par ailleurs l’expression de la cytotoxine cagA serait associée à une augmentation du risque [42, 85, 87]. 2-3 La AINS + HP : prise d’AINS ou d’aspirine chez un patient HP+, augmente considérablement le risque d’hémorragie [42, 84, 88, 89]. Ce risque est doublé dans l’étude de Aalykke et al. [90] et augmenté de 6,13 fois selon la méta-analyse d’Huang et al [73]. Selon l’étude de Ootani et al [84], Seulement 1,7% des patients présentant des ulcères hémorragiques sont HP négatifs et non-utilisateurs d’AINS. 2-4 Autres : • Les corticoïdes seuls n’augmentent pas le risque ulcéreux ni le risque d’HDH. Cependant l’utilisation concomitante avec des AINS est associée avec un risque accru d’HDH. • Les anticoagulants : Les études qui ont étudié l’effet des anticoagulants sur l’augmentation du risque d’hémorragie chez les malades ulcéreux ont donné des résultats contradictoires. Des essais contrôlés utilisant le warafrine n’ont pas permis de mettre en évidence une augmentation significative du risque de saignement augmentation ulcéreux du risque [13], de d’autres plus l’hémorragie récentes chez les ont patients objectivé utilisant une les anticoagulants (warafrine, clopidogrel) en cas d’antécédents d’HDH ou d’ulcère peptique [25, 91-93], de plus ce risque est majoré en cas d’utilisation concomitante d’AINS [93]. Une étude prospective récente a objectivé que les patients sous anticoagulant (warafrine) ayant présenté une HDH ont plus de risque de faire un saignement sévère avec des stigmates de saignement récent à EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 26 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 l’endoscopie sans qu’il y ait pour autant une augmentation significative du taux de récidives hémorragiques ou de mortalité [94]. • La prise de paracétamol à des doses supérieure > 2g/j et l’administration des antidépresseurs tricycliques ou sérotoninergiques pourraient augmenter le risque d’HDH [95-97] . • L’utilisation de spironolactone augmenterait le risque d’hémorragie digestive haute, ce risque est dose dépendant d’après des études cas-témoins [98]. • L’intoxication alcoolique aiguë [64, 99] et l’utilisation des inhibiteurs calciques [100] sont décrites dans la littérature comme facteurs de risque des hémorragies ulcéreuses bien que l’association de ces facteurs à l’hémorragie n’est pas claire. IV. Présentation clinique : L’HDU s’extériorise sous forme d’hématémèse dans environ 30% des cas, sous forme de méléna dans 20% des cas et les deux dans 50% des cas [101]. Au moins 5% des malades avec un ulcère hémorragique ont des réctorragies [101, 102]. La survenue de cette dernière signifie un saignement important souvent supérieure à un litre L’hémorragie peut également se présenter par un état de choc ou un malaise inexpliqué. En l’absence d’évidence, la pose d’une sonde gastrique permet de résoudre le problème dans prés de 80% des cas des HDH, elle permet aussi d’apprécier l’activité de l’hémorragie. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 27 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive V. Juin 2008 Endoscopie : L’endoscopie a révolutionné la prise en charge des HDH. Elle permet de poser le diagnostic. D’établir une description des lésions et une évaluation de leur gravité et d’intervenir pour une hémostase endoscopique en cas de besoin. La qualité de l’endoscopie ne cesse de s’améliorer. L’apport de la vidéoendoscopie et la réalisation de la fibroscopie dans la salle d’endoscopie et avec du personnel spécialisé ont contribué à cette amélioration. En second lieu la perfusion de faible dose de l’Erythromycine (3mg/kg ou 250 mg en IV lent) permet de réaliser, moins de 30 min après l’injection, une endoscopie de bonne qualité. En effet, à cette dose, l’érythromycine a des propriétés agonistes des récepteurs de la motiline, ce qui provoque une stimulation de la vidange gastrique, permettant ainsi la réalisation de l’endoscopie dans un estomac vide et clair avec comme conséquence, une diminution de la durée de l’examen et du nombre d’endoscopie de « second look » [103-105]. Par ailleurs une étude récente [106] publiée dans le NEJM a trouvé que la perfusion d’oméprazole à haute dose, en attendant la réalisation de l’endoscopie, accélère la résolution des stigmates de saignement et réduit significativement le besoin d’hémostase endoscopique sans réduire pour autant le taux de la récidive hémorragique, cependant cette attitude ne fait pas partie des recommandations. L’endoscopie ne doit être pratiquée que lorsque l’état hémodynamique est stable. En cas de troubles de conscience ou ventilatoires, une intubation préalable peut être nécessaire en raison du risque d’inhalation [35, 103]. La FOGD permet de poser le diagnostic dans plus de 90% des cas. Elle précisera aussi la taille, l’aspect, et le siège de l’ulcère. La description de la lésion ulcéreuse fait appel à la classification de Forrest (Tableau n°4). Elle permet aussi EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 28 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 d’éliminer les autres lésions responsables d’hémorragie ou si elles existent, d’authentifier la lésion responsable de l’hémorragie. La fibroscopie permet surtout une hémostase thérapeutique en cas d’hémorragie active (voir chapitre « prise en charge »). TABLEAU 4 : Classification de Forrest : Description et fréquence des différents aspects et des complications. [13, 107] Forrest. Aspect. Prévalence Récidive 18 % % Chirurgie Mortalité % % 55 35 11 17 43 34 11 17 22 10 7 20 10 6 3 42 5 0,5 2 Hémorragie en jet. Ia Suintement diffus. Ib Vaisseau visible non IIa hémorragique. Caillot adhérent. IIb IIc III Taches pigmentées Cratère à fond propre EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 29 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 VI. Facteurs prédictifs de récidive et de gravité: • Une hémorragie ulcéreuse cesse spontanément chez au moins 80% des patients, cependant une récidive hémorragique survient entre 12% et 30% des cas pour les ulcères duodénaux. Plus de 90 % des récidives hémorragiques surviennent dans les 3-4 premiers jours, puis le risque diminue progressivement pour devenir négligeable après le 7eme jour [108]. • Le pronostic des HDH est étroitement lié au terrain et à la survenue d’une récidive hémorragique précoce [33, 100, 109, 110]. Un certain nombre de facteurs prédictifs de la récidive hémorragique et du décès (voir tableau 8 et 9) ont été rapportés et regroupés sous formes de scores incluant des critères cliniques et endoscopiques et stratifiant les patients dans deux catégories : à bas et à haut risque. • Le score de Rockall (tableau n°5) validé par plusieurs études [111-113] est parmi les scores les plus utilisés. L’étude menée par Sanders et al [112] a montré que seul le score de Rockall initial (n’incluant pas les données endoscopiques) est utile dans la prédiction du risque de décès chez les patients ayant une hémorragie ulcéreuse, alors que le score global est prédictif de récidive hémorragique. Pour Dulai et al. [114] le score de Rockall peut également participer au choix de prendre en charge certaine HDU en ambulatoire pour des malades ayant un score inférieur ou égal à 2. Ce dernier point a donné lieu à des travaux novateurs dont celui de Cipolletta et al. [115] qui ont comparé, à travers une étude prospective randomisée, une hospitalisation classique à une prise en charge en ambulatoire des patients à faible risque de récidive avec un ulcère au maximum stade IIc de Forrest, une Hb>8 g/dl et sans comorbidité. L’étude a conclu que la prise en EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 30 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 charge chez ces malades peut se faire en ambulatoire sans grand risque pour les patients avec un coût moindre. Courtney et al. [116] ont proposé des critères cliniques et biologiques pour identifier les patients à risques minimes, pouvant être traités en ambulatoire sans qu’une endoscopie soit faite dans l’immédiat. (tableau n° 6 et 7). Tableau 5: Score de Rockall. (d’après [114]) Variable 0 1 2 Âge <60 ans 60-70 ans >80 ans Choc Absent FC≥ 100, FC>100, TAS≥100mHg TAS<100mmHg Insuffisance cardiaque. Pathologie Absente associée Absente Mallory-Weis ou Tous les absence de autres lésion visible diagnostics Absent Absent Diagnostic récent Insuffisance rénale ou Cardiopathie hépatique. ischémique. Cancer Comorbidité grave disséminé Signes majeurs de saignement 3 Lésion maligne Forrest I a, II a ou II b FC : fréquence cardiaque, TAS : tension artérielle systolique. Score maximum avant le diagnostic = 7, score maximal après le diagnostic = 11. La mortalité est de respectivement 0,2%, 2,9%, 5,3%, 10,8%, 17,3%, 27% en cas de score de 2, 3, 4, 5, 7, et 8. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 31 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Score de Rockal, corrélation avec la récidive et la mortalité. Score Récidive % Mortalité % 0 5 0 1 3 0 2 5 0,2 3 11 3 4 14 5 5 24 11 6 33 17 7 44 27 >8 42 41 Tableau 6 : Conditions Tableau 7: comorbidités signifiantes nécessaires pour une prise en [116]. charge ambulatoire [116]. • age <60 ans. • Pas de méléna. • Hématémèse de faible abondance. • • coronarien, insuffisance cardiaque congestive, arythmie*. • • TAS > 100 mmHg. • Pas de changement orthostatique de la TAS. • Hb > 120g/l. • Absence de comorbidités signifiantes. (voir tableau n°7). Respiratoire : détresse aiguë, pneumonie, pneumopathie Pas d’ATCD de varice ou d’hépathopathie. Cardiovasculaire : syndrome obstructive chronique*. • Hépatique : cirrhose, hépatite aiguë. • Rénale : hémodialyse. • Neurologique : démence, delirium, accident vasculaire < 6mois. • Autres : malignité, sepsis. * symptomatique et requière un TTT. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 32 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive • Juin 2008 L’étude de Kohler et al [117] a proposé une nouvelle classification basée sur la présence d’un flux sanguin sous la base de l’ulcère, en utilisant une sonde à effet doppler. La récidive hémorragique est rare en l’absence du signal doppler [13, 117-120]. Cette technique est surtout utile dans le cas du vaisseau visible non hémorragique. Elle reste cependant très peu utilisée. • Le score de Baylor (Tableau n°8) spécifiquement élaboré pour l’hémorragie ulcéreuse a été validé comme un outil fiable d’évaluation du risque de récidive hémorragique et de décès et pour définir les patients qui peuvent avoir recours à une chirurgie d’hémostase [12, 121]. Tableau 8 : Score de Baylor [33, 121]. Score pré-endoscopique Score attribué Age (ans) Nombre Gravité des Site de Stigmates d’affections affections l’hémorragie. d’hémorragie. 0 < 30 0 1 30-49 1 ou 2 2 50-59 3 60-69 4 Score endoscopique Caillot adhérent Vaisseau visible 3 OU 4 Chronique Face postérieure du bulbe. 5 70 >5 Aiguë EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès Saignement actif 33 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive • Juin 2008 Dans la conférence de consensus canadienne [122], Barkun et al. ont formulé, à travers les données des études utilisant des analyses multivariées [110, 122127], leur propre schéma de score (tableau n° 9 et 10). Ils ont conclu qu’un âge avancé, un mauvais état général ou comorbidité, une récidive ou persistance hémorragique, la présence d’une hématémèse de sang rouge ou de réctorragies et la survenue de l’hémorragie chez un patient déjà hospitalisé sont des facteurs prédictifs de gravité. Les facteurs endoscopiques incluant un saignement actif ou stigmates majeurs de saignement, un ulcère > 2 cm de diamètre [128-130] et une localisation de l’ulcère à proximité d’une large artère (petite courbure, face postérieur duodénale) [126, 131] sont aussi identifiés comme facteurs prédictifs de la récidive hémorragique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 34 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 9: facteurs prédictifs de récidive et de persistance hémorragique. Selon Barkun et al. [122]. Odd Ratios Facteurs de risque d’augmentation du risque Facteurs cliniques q q Âge [125, 132] Âge>65 ans 1,3 Âge>70 ans 2,3 Etat de choc à l’admission (TAS<10 cm Hg) [109, 110, 123, 125, 126, 129, 133-135] q Statut physique : score ASA* (1 vs >2) [132] q Comorbidités [131, 132, 134, 135] q Saignement continue [135] 1,2-3,65 1,94-7,63 1,6-7,63 3,21 [1,53-6,74] Facteurs biologiques q L’hémoglobine à l’admission ≤100g/l ou hématocrite ≤ 30% [133, 134] 0,8-2,99 Présentation de l’hémorragie q Méléna [110] q Sang rouge au toucher rectal [136] q présence de sang dans la sonde gastrique [110, 130, 133, 136] q hématémèse [125, 133] 1,6 3,76 [2,26-6,26] 1,1-11,5 1,2-5,7 Facteurs endoscopiques q Saignement actif [110, 125, 126] q Présence de stigmate majeure de saignement récent (stade Ia, Ib, et IIa de Forrest) [110, 123, 128, 136] q Présence de caillot sanguin [110, 123] q Taille de l’ulcère ≥ 2 cm [109, 126, 129-131] q Localisation : Face postérieure [126, 131] EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 2,5-6,48 1,91-4,81 1,72-1,9 2,29-3,54 9,2 35 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 10 : Facteurs statistiquement significatifs de prédiction de mortalité. Selon Barkun et al [122]. Facteurs de risques ORs d’augmentation de risque Facteurs cliniques q Âge [110, 136-138] o 60-69 o ≥75 ans 4,5-12,7 o >80 ans 5,7 [2,9-10,2] q Etat de choc ou hypovolémie [136, 138] q Score ASA [109, 136] q Comorbidités [136, 138] q Récidive ou persistance hémorragique [109, 3,5 [1,5-4,7] 1,8-6,4 2,6-9,52 1,1 [9-12,1] 5,2 [9-76,23] 110, 136, 138] Présentation de l’hémorragie q Présence de sang dans la sonde gastrique [110, 0,43-18,9 136, 138, 139] q Hématémèse [137] q Sang rouge au toucher rectal [136] q Issue de l’hémorragie au cour d’une hospitalisation pour une autre pathologie [136] 2 [1,1-3,5] 2,95 [1,29-6,76] 2,77 [1,64-4,66] Facteurs biologiques q Urée élevée [136] q Transaminases élevées [138] q Créatinine élevée [138] q Sepsis [138] 5,5-18 4,2-20,2 14,8 [2,6-83,5] 5,4 [1,5-19,6] Facteurs endoscopiques: Présence de stigmates majeurs de saignement récent: - * ASA = American Society of Anesthesiologists. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 36 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 * : Détail du score ASA (d’après Owens et al. ASA physical status classification: a study of consistence of ratings. Anesthesiology 1978 ; 49 : 239). 1— Malade sain. Absence d’atteinte organique, physiologique, biochimique ou psychique. 2 — Malade avec atteinte systémique légère. Par exemple : hypertension artérielle légère, anémie, bronchite chronique peu sévère... 3 — Malade avec atteinte systémique sévère mais pas très invalidante. Par exemple : angine de poitrine modérée, diabète, hypertension artérielle grave, décompensation cardiaque débutante... 4 — Malade avec atteinte systémique invalidante, représentant une menace constante pour la vie. Par exemple : angine de poitrine au repos, insuffisance systémique prononcée... 5 — Malade mourant. Une survie de plus de 24 heures est improbable. • D’autres scores (Blatchford, critères de Longstreth pour traitement ambulatoire, score IGS…) [35, 140] ont été établis et validés comme moyens de prédiction de la récidive et de gravité. Cette multitude de scores, témoigne qu’aucun score n’est suffisant en lui-même et qu’ils doivent toujours être associés à la prise en compte de l’anamnèse, des facteurs de comorbidités et de l’examen clinique, tout en tenant compte des données endoscopiques pour l’évaluation d’un risque individuel. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 37 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 VII. Prise en charge thérapeutique : 1- Prise en charge initiale. La prise en charge des HDU nécessite une collaboration multidisciplinaire entre les urgentistes pré-hospitaliers et hospitaliers, les gastro-entérologues, les radiologues, les réanimateurs et les chirurgiens. Il convient de déterminer d’emblée la gravité de l’hémorragie (évaluer l’abondance de l’hémorragie et le caractère actif de celle-ci et chercher les pathologies associées) tout en instaurant les premières mesures de réanimation et effectuer les bilans de première intention. • L’abondance de l’hémorragie se détermine sur des paramètres cliniques, les premières mesures à prendre sont : l’évaluation hémodynamique (pression artérielle, fréquence cardiaque, recherche d’hypotension orthostatique). S’il n’y a pas d’état de choc, la pression artérielle et le pouls sont déterminés en décubitus puis si possible en position assise et debout. La chute de la pression artérielle avec une pression systolique inférieure à 90 mmHg en position debout correspond à une perte sanguine de 25 à 50 % [16]. L’intensité des signes cliniques est étroitement liée à la rapidité de la perte sanguine, elle permet de classer l’abondance de l’hémorragie ce qui guidera le remplissage vasculaire à entreprendre. • Les bilans biologiques nécessaires doivent être réalisés : la numération formule sanguine, la détermination du groupe sanguin et du Rhésus, de la coagulation et de la fonction rénale. • La mise en œuvre des mesures de réanimation. Le remplissage vasculaire dépend de l’abondance de l’hémorragie. Il est assuré par des cristalloïdes dans la EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 38 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 majorité des cas [141]. L’utilisation des colloïdes n’est justifiée qu’en cas de saignement abondant dans l’attente d’une transfusion. Une oxygénation par voie nasale doit être entreprise chez les sujets âgés, en cas d’hémorragie sévère ou chez le coronarien. • L’utilisation des scores de gravités sus cités va permettre de repérer des groupes à risque de récidive précoce et de mortalité à fin de proposer une surveillance étroite et une hospitalisation dans une unité de soins intensifs aux groupes à risque élevé et un retour à domicile précoce aux groupes à risque faible. Une endoscopie haute doit être pratiquer dans les 12-24 heures [142], les données de celle ci vont guider le traitement spécifique de l’ulcère hémorragique, selon la nature des lésions trouvées et de la présence ou non de stigmates de saignement récent. 2- Traitement spécifique des épisodes aigus hémorragiques. Le schéma (fig.10) propose un algorithme de prise en charge endoscopique et pharmacologique de l’ulcère hémorragique. L’hémostase par voie endoscopique est le traitement de référence des hémorragies ulcéreuses, les données actuelles suggèrent que la perfusion intraveineuse d’antisécrétoire à fortes doses (ou la prise de forte dose d’IPP par voie orale) potentialise l’effet hémostatique du traitement endoscopique et diminue ainsi le risque de récidive hémorragique, le besoin transfusionnel et le recours à la chirurgie, sans affecter pour autant la mortalité globale des patients présentant une hémorragie ulcéreuse. Certains auteurs avaient même suggéré que l’oméprazole par voie intraveineuse était aussi efficace que l’hémostase endoscopique en cas d’ulcère stade IIa. Il est également admis que le risque de EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 39 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 récidive hémorragique après traitement endoscopique est particulièrement élevé en cas d’hémorragie initialement active. En cas d’hémorragie active ou de vaisseau visible non hémorragique, un traitement endoscopique associé à un traitement pharmacologique à base d’IPP intraveineux à fortes doses doit être instauré. En revanche, l’intérêt du traitement endoscopique est plus discuté en cas de caillot adhérent (ce cas sera discuté plus tard). Les ulcères avec des taches pigmentés ou à fond propre ne nécessitent pas de traitement endoscopique et peuvent être traités par des IPP par voie orale. Un délai de trois jours après un traitement spécifique est proposé pour la surveillance dans un milieu hospitalier, en sachant que plus de 90 % des récidives hémorragiques surviennent dans ce délai puis le risque diminue progressivement pour devenir négligeable après le 7e jour. En cas de récidive hémorragique un nouveau traitement endoscopique doit être tenté. La chirurgie reste indiquée pour les hémorragies massives ou non contrôlées par l’endoscopie. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 40 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Diagnostic d’hémorragie ulcéreuse. Hémorragie active ou vaisseau visible. IPP à fortes doses en IVD + Hémostase endoscopique. Caillot adhérent. Taches pigmentées ou fond propre. IPP à fortes doses en IVD, pas de traitement endoscopique. Hémorragie contrôlée. Traitement médical : antisécrétoire double dose. Hémorragie non contrôlée. Récidive Succès. Nouveau traitement endoscopique. Echec. Chirurgie ou embolisation artérielle Surveillance 3 jours Pas de récidive Figure 10 : Prise en charge spécifique des ulcères hémorragiques. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 41 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 2-1 Traitement pharmacologique : L’acidité gastrique a un effet délétère sur l’agrégation plaquettaire et la coagulation [143, 144]. In-vitro : dans un milieu où la valeur de pH est inférieure à 6,8, l’agrégation et la coagulation deviennent anormales, et abolies à un pH 5,4. Au-dessous d’un pH 4, on assiste à une dissolution d’un caillot pré-formé. Les études in vivo ont conclu qu’un pH> 6,4 est nécessaire pour l’hémostase [143] (en favorisant l’agrégation plaquettaire et la coagulation et en inhibant l’activité peptique qui provoque la lyse du caillot [145, 146]) et que l’activité fibrinolytique de base est augmentée chez les patients ayant une HDU en particulier en présence de signes endoscopiques de saignement récent [145, 147], cette activité diminue lors de la réduction de la sécrétion gastrique acide. Par conséquent, un traitement anti-sécrétoire s’impose chez ces malades pour la stabilisation du caillot sanguin et la sécurisation de l’hémostase. La méta-analyse faite par Selby et al. [148] a démontré qu’un traitement antisécrétoire (IPP ou anti-H2) réduit significativement la récidive hémorragique et le taux de recours à une chirurgie d’hémostase d’urgence, mais n’a pas montré d’effet sur la mortalité. a- Moyens : Le traitement pharmacologique repose essentiellement sur les antisécrétoires. § o Les anti-sécrétoires : Les anti-H2 (fig.11) : cimétidine, Ranitidine, Famotidine. Nizatidine. Roxatidine. [149]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 42 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Figure 11 [18] : structure chimique et dénomination commune internationale des différents anti-H2 : A : Cimétidine ; B : Ranitidine ; C : Famotidine ; D : Nizatidine. o Les IPP (fig.12) : inhibiteur de la pompe à protons: Oméprazole, Pantaprazole, Lanzoprazole, Rabéprazole, Ransoprazole, Esoméprazole. - Par voie orale : Exemple : oméprazole : 40 à 80 mg par jour. Pendant 3 à 5 jours - Par voie injectable (perfusion) : Exemple oméprazole ou pantoprazole : Bolus de 80 mg puis perfusion de 8 mg/heure pendant 72 heures, avec relais par voie orale. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 43 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Figure 12 : structure chimique et dénomination commune internationale des différents inhibiteurs de la pompe à proton. [18] A : Oméprazole ; B : Lanzoprazole ; C : Pantaprazole. § Drogues vaso-actives : somatostatine et dérivés : Théoriquement, la somatostatine et ses analogues (octreotide, lanreotide) doivent exercer un effet bénéfique sur l’hémorragie ulcéreuse vu leur capacité de réduire le flux muqueux gastroduodénale, d’inhiber la sécrétion gastrique acide et la sécrétion de pepsine, et de stimuler la sécrétion du mucus [150]. La somatostatine a été utilisée dans la prise en charge des hémorragies digestives par ulcère. Des études préliminaires avaient montré des résultats intéressants notamment sur les besoins transfusionnels [151, 152]. Ces résultats n’ont pas été confirmés par des essais plus larges [153-155]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 44 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive b- Juin 2008 Pharmacologie des anti-sécrétoires [149, 156-162]: b-1 La sécrétion gastrique acide. L’ion H+ est sécrété exclusivement par les cellules pariétales du fundus, grâce à une pompe située au pôle apical, appelée (H+K+)-ATPase (antagonisée par les IPP) (fig.13). Différents récepteurs, situés au pôle baso-latéral de la cellule pariétale, régulent la sécrétion acide (fig. 14) : o certains ont une action stimulante : Ø Récepteurs histaminiques de type H2 (antagonisés par les antiH2). Ø Récepteurs à gastrine. Ø Récepteurs à acétylcholine. o d’autres ont une action inhibitrice : Ø Récepteurs à somatostatine. Ø Récepteurs des prostaglandines. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 45 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Figure 13 : Fonctionnement de l’ATPase (H+, K+). Ce schéma montre le contretransport H+/K+ et le recyclage K+ à travers un canal couplé lui-même à un canal transportant du Cl- (d’après Lewin, 1995). [49] M3 : récepteur muscarinique de type 3 ; SSTR : récepteur de la somatostatine ; G : récepteur de la gastrine ; H2 : récepteur histaminique de type 2 ; MP : membrane plasmique. [49] Figure 14 : La sécrétion des cellules pariétales est contrôlée à des sites spécifiques par des agonistes et des antagonistes. [163] EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 46 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 b-2 Les Inhibiteurs de la Pompe à Protons : IPP (Oméprazole). Les IPPs sont des benzimidazoles substitués qui sont des puissants antisécrétoires. Ils agissent au niveau de la phase terminale de la sécrétion acide en bloquant la pompe à proton H+/K+-ATPase assurant ainsi une inhibition de l’acidité gastrique basale et stimulée. Leur effet est dose-dépendant. Les IPPs sont des bases faibles sous forme de pro-drogues inactives, qui se concentrent en milieu acide dans les canalicules sécrétoires des cellules pariétales où ils sont transformés en dérivés actifs qui vont se fixer de manière covalente sur les groupes SH des résidus cystéines de la sous-unité alpha de l'ATPase pour rendre la pompe non fonctionnelle. Par ailleurs, son activité s'exerce spécifiquement au niveau gastrique, sans affecter notamment l'ATPase rénale. La cinétique de résorption des IPP dépend de sa présentation galénique, sous forme de suspension, la résorption est rapide, sous forme de comprimés à délitement entérique, la résorption est plus lente et très variable d’un jour à l’autre. Les IPP sont rapidement métabolisés par le foie, et ont une courte demivie (1,4 heures pour l’Oméprazole). Ils sont rapidement épurés des différents compartiments biologiques, sauf des canalicules acides des cellules pariétales. L’excrétion des métabolites inactifs est rénale et biliaire. Le métabolisme hépatique des IPP est lié à une capacité génétique d’hydroxylation déterminé par une enzyme de la de la famille du cytochrome P450 : la CYP 2C19 avec un important polymorphisme ; ce qui explique les variations interindividuelles et interethniques de la clairance et de la biodisponibilité du médicament ainsi que de son effet antisécrétoire [160, 161]. Leur durée d’action est très prolongée (persiste au-delà de l’épuration plasmatique) (fig.15 et tableau n°11), ce-ci est expliqué par la nature irréversible EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 47 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 de la liaison qu’ils établissent avec l’ATPase. Le rétablissement de la sécrétion acide dépend largement du taux de renouvellement des pompes d’acide « Novo synthétisé ». Pour une inhibition efficace de l’acidité gastrique durant 24 heures, une perfusion intraveineuse continue serait nécessaire [149]. En plus de l’effet antisécretoire l’oméprazole entraîne une modification minime de la sécrétion de pepsine. L’oméprazole per-os a un effet gastroprotecteur contre la gastrotoxicité de l’aspirine. Par ailleurs, les IPP ont aussi un effet bactériostatique sur l’HP. Les IPP sont en général bien tolérés et ont peu d’effets indésirables dont on peut citer : - Effets rares (2 à 4%) : Nausées ou vomissements, flatulence, céphalées et vertiges, diarrhée, douleurs abdominales. - Effets rapportés allergiques, de syndrome façon ponctuelle : confusionnel, Réactions leucopénie, cutanées thrombopénie, anémie hémolytique, agranulocytose, érection douloureuse. En pratique, il n’est pas nécessaire de réduire les doses en cas d’insuffisance rénale ou hépatique ou chez le sujet âgé. La grossesse et l’allaitement ne sont pas des contres indications absolues : - En dépit d'une utilisation fréquente, les données cliniques disponibles n'ont pas mis en évidence d'augmentation du risque de malformation ou de foetotoxicité. - Du fait d'un passage significatif dans le lait maternel, l'usage de l'oméprazole est déconseillé pendant l'allaitement. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 48 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Temps de pH > 4 Juin 2008 Médiane du pH gastrique 24 heures Médiane du pH gastrique Médiane du pH gastrique Diurne Nocturne Figure 15: activité sécrétoire des différents IPP chez des patients sains volontaires durant 24-Heures. Temps de pH >4 (h); (b) médiane de pH sur 24-heures; (c) médiane de pH diurne ; (d) médiane de pH nocturne. MUPS = multiple unit pellet system; * p ≤ 0.03 vs lansoprazole; ** p ≤ 0.03 vs pantoprazole; *** p ≤ 0.02 vs oméprazole; † p ≤ 0.04 vs oméprazole MUPS; ‡ p ≤ 0.04 vs placebo. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 49 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 11: Effet de l’oméprazole et de la cimétidine sur le pH de 24H intragastrique [143] Temps % de pH % de pH 6,84±0,41 85±11 53±13 7,01±0,45 6,81±0,47 86±14 66±15 35±30 min 7,25±0,80 6,91±0,65 83±15 55±14 38±30 min 5,80±1,3** 5,9 ±1,6** 36±11** 21±10** 100±50* min 5,60±1,3** 5,4 ±1,6** 35±9** nécessaire pour pH médian pH moyen Ome (8mg/h) 30±26 min 7,00±0,36 Ome (4mg/h) 36±36 min atteindre pH ≥ 6 Ome (40mg/12h) Ome (40mg/j) Cim (800mg/12h) ≥6 ≥7 16±11** *P <0,05 comparé à OME (8mg/h), (4mg/h), (40mg/12h) et (40 mg/j). ** p<0,05 comparé à OME (8mg/h), (4mg/h) et (40mg/12h) b-3 Les antihistaminiques H2 : Anti-H2 (cimétidine). Les antagonistes H2 possèdent des structures qui les apparentent à celle de l’histamine (noyau imidazole, furane ou thiazole). Ils réduisent la sécrétion gastrique en bloquant de façon compétitive et réversible les récepteurs H2 sur la membrane baso-latéral des cellules pariétales assurant ainsi une diminution de l’acidité basale notamment nocturne. Cependant, leur action est limitée contre l’acidité stimulée même à dose élevée. En outre, les anti-H2 sont très peu efficace pour la suppression de l’activité peptique et de la sécrétion de la pepsine. Le tableau 12 résume les valeurs de pH obtenues sous différents anti-H2 injectables. Les anti-H2 sont rapidement métabolisés par le foie, l’élimination urinaire (30 à 60% sous forme inchangée) se fait par filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire. Leur demi-vie est de 2 à 3 heures. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 50 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Les effets indésirables sont rares (moins de 5%): - Céphalée, constipation ou diarrhée, nausée, myalgie. - Eruptions cutanées, vertiges, asthénie ou excitation, hypersudation, bradycardie sinusale, élévation transitoire des transaminases, hépatites. - Des troubles neurologiques (syndrome confusionnel..) ont été décrits avec la cimétidine chez les personnes âgées, chez des insuffisants rénaux ou hépatiques. Une réduction de la posologie est nécessaire chez ces malades. - Très exceptionnels : leucopénie, thrombopénie, agranulocytose, pancytopénie. - Effets anti-androgéniques observés avec la cimétidine en rapport avec une augmentation de la sécrétion de prolactine: gynécomastie, galactorrhée et troubles érectiles essentiellement. Les antagonistes des récepteurs H2 sont des inhibiteurs puissants de la cytochrome 450. L’association avec certains médicaments (anti-vitamine K, théophylline, phénytoïne…) est susceptible d’avoir des conséquences cliniques. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 51 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 12: Résultats des mesures de pH intragastrique (24h) après traitement intraveineux des différents antisécrétoires. [164] Age Groupes (Année) Oméprazole (40mg IVL/12h) Famotidine (40mg IVD/ 12h) Ranitidine Cimétidine Pourcentage du temps moyen médian pH < 4 pH < 6 6,42 7,03 11.54 22.51 ±10,44 ±0,47 ±0,22 ±9.49 ±8.72 48,84 4,31 4,34 48.20 61.96 ± 2,06 ±23.76 ±23.00* 3,13 55.67 64.40 ± 3,44 ±40.16 ±38.12* 3,14 67.43 77.24 ± 2,38 ±27.04 ±24.63* ± 16,17 ± 1,31 3,73 ± 22,65 ± 2,48 47,60 (200mg IVD/6h) pH 46,00 49,00 (50mg IVD/8h) pH 3,33 ± 14,14 ± 1,68 p < 0,05 par rapport au groupe oméprazole c- Rôle des anti-H2 dans la prise en charge des UBH. L’étude menée par Stiel et al [165] en 1984 a trouvé que la cimétidine (800 mg/jour en intraveineux pendant deux jours avec relais par voie orale à dose de 1000 mg/jour pendant 10 jours) est plus efficace que le placebo dans la réduction de la récidive hémorragique et du recours à la chirurgie d’hémostase chez les patients ayant un ulcère hémorragique avec stigmates de saignement récent. Cette efficacité est trouvée seulement chez les patients > 60 ans. En 1985 une méta-analyse initiale (Collins et Langman [166]) a suggéré que les anti-H2 pourraient réduire le taux de récidive, de chirurgie et de mortalité par respectivement 10%, 29% et 30%, comparé au placebo. Cependant la différence était significative seulement pour la chirurgie et la mortalité, et il est apparu que ce bénéfice est confiné au patient ayant un ulcère gastrique hémorragique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 52 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Une autre méta-analyse plus récente (2002) [167] a conclu que les antagonistes des récepteurs H2 ne réduit pas de façon significative la récidive hémorragique, ni la chirurgie, ni la mortalité dans l’ulcère duodénal hémorragique. Une légère réduction mais significative a été observée dans l’ulcère gastrique hémorragique pour la récidive hémorragique, la chirurgie et la mortalité : les taux de réduction étaient de 7,2%, 6,7% et 3,2% respectivement (fig. 15 et 16). EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 53 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Récidive hémorragique Chirurgie Mortalité figure 15 : Odd-ratio (intervalle de confiance 95%) pour la récidive hémorragique, la chirurgie et la mortalité en comparant les anti-H2 au placebo dans l’ulcère duodénal hémorragique. D’après la méta-analyse [167]. Récidive hémorragique Chirurgie Mortalité figure 16 : Odd-ratio, avec intervalle de confiance 95%, pour la récidive hémorragique, la chirurgie et la mortalité en comparant les anti-H2 au placebo dans l’ulcère gastrique hémorragique. D’après la méta-analyse de Levine et al. [167]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 54 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive d§ Juin 2008 Rôle des IPP dans la prise en charge des UBH. IPP par voie orale. Dans une étude prospective randomisée en double aveugle, comparant l’oméprazole (40 mg *2/jour durant 5 jrs) au placebo dans la prise en charge sans hémostase endoscopique, Khuroo et al [168] ont objectivé une diminution significative du taux de récidive (10,9% contre 36,4%, P<0,001) de recours à la chirurgie (7,3% vs 23,6%, p<0,001) et du besoin transfusionnel chez les patients qui ont des HDU avec stigmates de saignement récent (stade IIa et IIb) (tableau n°13). La différence du taux de mortalité n’était pas statistiquement significative (1,8% vs 5,5%). Les données de cette étude sont importantes vu que les patients ne recevaient qu’un traitement pharmacologique sans aucune intervention endoscopique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 55 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 13 : résultats de l’étude [168] selon les stigmates de saignement récents. Résultats et Oméprazole Placebo Valeur p stigmates (N=110) (N=110) Vaisseau visible 2/17 (11,8 %) 10/18 (55,6%) 0,02 Caillot adhérent 0/64 13/61 (21,3%) <0,001 Vaisseau visible 1/17 (5,9%) 8/18 (44,4%) 0,02 Caillot adhérent 0/64 6/61 (9,8%) 0,02 Vaisseau visible 1/17 (5,9%) 2/18 (11,1%) - Caillot adhérent 0/64 1/61 (1,6%) - Récidive Chirurgie. Mortalité Deux études randomisées plus récentes [169, 170] ont évalué l’oméprazole per-os comme traitement adjuvant au traitement endoscopique des ulcères hémorragiques à haut risque de récidive en le comparant au placebo. Ils ont conclu à l’efficacité de l’oméprazole à réduire le taux de récidive hémorragique, du besoin transfusionnel et de durée d’hospitalisation (Tableau n°14). EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 56 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 14 : Résultats des patients ayant une HDU selon le traitement reçu. Résultats\Etudes Kaviani et al [169] Oméprazole Placebo Récidive Javid et al [170] p Oméprazole Placebo p 17 % 33 % 0,022 7% 21 % 0,02 22,8 heures 75 0,032 4,6 jours 6 jours <0,001 hémorragique Durée moyenne d’hospitalisation heures Durée d’hospitalisation 1 10 0,034 - - - 56 % 72 % 0,049 35 % 73 % <0 ,001 1,13 1,68 0,029 - - - 1% 1% N.S 2% 9% 0,17 0 1% N.S 1% 2% 0,98 >5 jours Besoin transfusionnel Moyenne de culot transfusé Chirurgie Décès Le travail de Jung et al [171] publié en 2002 dans le Journal American de Gastroentérologie (AJG) a trouvé que l’oméprazole par voie orale (40 mg toute les 12 heures) était aussi efficace que le traitement endoscopique par injection de l’éthanol pour les ulcères IIa et IIb. En revanche, une équipe taiwanaise a publié en 2007 une étude comparant l’esoméprazole par voie orale au placebo, dans la prise en charge des ulcères stade I ou IIa de Forrest après un traitement endoscopique qui a révélé que EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 57 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive l’esoméprazole par voie orale n’avait aucun bénéfice pour Juin 2008 la récidive hémorragique [172]. Les résultats de ces études asiatiques [168-172] ont été pris avec prudence chez les occidentaux, vu la possibilité de différence de caractère physiologique et de métabolisme des IPP entre population asiatique et occidentale [143]. La conférence de consensus canadienne [122] a donné une recommandation grade C seulement à l’administration des IPP chez les patients en attente pour l’endoscopie. Par contre, la méta-analyse réalisée par « The Cochrane Collaboration Group » en 2006 [173], recommande l’administration des IPP chez les patients présentant une HDU, indépendamment de la voie d’administration (orale ou intraveineuse), à condition qu’elle soit au moins le double de la dose standard pour la voie orale. § IPP par voie injectable : La première grande étude a été menée par Daneshmend et al sur 1147 patients randomisés en deux groupes recevant soit oméprazole IV soit placebo, n’a pas montré de différence significative du taux de récidive hémorragique, ni de mortalité entre les deux groupes [174, 175]. Cette étude a été largement critiquée vu que la randomisation se faisait avant la réalisation de l’endoscopie, ne tenant pas compte de l’origine de saignement (rupture de VO, ulcère hémorragique…) L’étude de Lau et al. incluant des patients ayant une hémorragie active ou un vaisseau visible non hémorragique, a comparé l’oméprazole (injection de 80 mg en un bolus intraveineux suivie d’une perfusion continue de 8mg/h pendant 72h) au placebo chez des patients ayant bénéficié d’un traitement endoscopique. Une diminution significative du taux de récidive hémorragique à 30 jours a été observée sous oméprazole (6,7%) par rapport au placebo (22,5%), l’étude a aussi EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 58 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 objectivé une diminution du taux de retraitement et de besoin transfusionnel. Les taux de chirurgie et de mortalité étaient moindres chez le groupe recevant l’oméprazole sans que la différence soit négative [176] (tableau n°15). Tableau 15 : effet de l’oméprazole intraveineux dans la récidive hémorragique ulcéreuse après traitement endoscopique d’après Lau et al [176] Groupe oméprazole Groupe placebo N=120 N=120 Ø À J3. 5 24 <0,001 Ø À J7 7 26 <0,001 Ø À J30 8 27 <0,001 Durée moyen d’hospitalisation 4 jours 5 jours 0,006 Durée d’hospitalisation < 5 jours 46,7% 31,7 % 0,02 2,7 3,5 0,04 Chirurgie 3 9 0,14 Décès 5 12 0,13 Résultat P Récidive hémorragique Nombre de culot transfusé en moyenne EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 59 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 L’efficacité de l’oméprazole injectable dans la diminution du taux de récidive hémorragique a été objectivée par trois récentes méta-analyses [34, 177, 178]. Khuroo et al. [177] ont trouvé en plus une diminution significative de la mortalité « due à l’ulcère » (OR : 0,58 ; intervalle de confiance : 0,35-0,96), alors que le taux de mortalité globale (par hémorragie ulcéreuse ou par décompensation de tares sous-jacentes) reste inchangé. L’étude de Bardou et al [34] a montré que l’administration intraveineuse de doses élevées d’IPP réduisait de façon significative la récidive hémorragique (- 14,6%), la chirurgie (- 5,4%) et la mortalité (- 2,7%) comparée au placebo. Cette même étude a objectivé que la perfusion d’IPP à des doses standards diminuait significativement le taux de récidive hémorragique. Devant ces données contradictoires « the Cochrane Collaboration Group » [173, 178] a élaboré une revue systémique de la littérature concernant le sujet. Vingt et un essais randomisés et contrôlés avec 4373 patients ont été identifiés. L’étude n’a pas trouvé de différence significative du taux de mortalité, cependant une réduction significative du taux de récidive hémorragique et de chirurgie ont été observé sous IPP (par voie orale et injectable). Malgré leur coût élevé, les IPP injectable trouvent leur place dans le traitement des ulcères hémorragique à haut risque de récidive. Ainsi l’administration des IPP injectables a été recommandée dans la conférence de consensus canadienne [122]: « Un bolus en intraveineux suivi d’une perfusion continue d’IPP est efficace dans la diminution du risque de récidive hémorragique chez les patients ayant reçu un traitement endoscopique réussi »: grade de recommandation : A. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 60 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive e- Juin 2008 IPP versus anti-H2. La perfusion de dose élevée d’IPP a une capacité de maintenir une valeur moyenne de pH > 6 pendant plus de 76h [144] avec une proportion du temps passé à un pH > 4 qui est similaire entre le premier et le troisième jour (93% et 96%) [146, 179]. Par contre avec les anti-H2 la proportion du temps passé à un pH > 4, passe de 67% le premier jour à 43% seulement le troisième jour (<0,001) [146, 179] à cause du phénomène de tolérance qui se voie avec les anti-H2 [180]. Une étude prospective randomisée de Lin et al [181] a comparé l’efficacité de deux protocoles d’anti-sécrétoires après traitement endoscopique : une perfusion d’oméprazole (bolus IV de 40mg suivie d’une perfusion continue de 160mg/j pendant 3 jrs) suivie par un relais d’oméprazole par voie orale versus une perfusion de cimétidine (bolus IV de 300 mg suivie de 1200 mg/j pendant 3 jrs et en perfusion continue) avec relais par cimétidine per-os, la durée moyenne d’un pH intra-gastrique > 6 est plus élevée chez le groupe d’oméprazole (84,4%) que chez le groupe de la cimétidine (53,5%) p<0,001. La récidive hémorragique à J14 a été-elle aussi moindre dans le groupe d’oméprazole (4% vs 12%, p=0,004). Lin revient en 2006 avec une nouvelle étude prospective randomisée [182] comparant trois protocoles pharmacologiques après injection endoscopique d’épinéphrine chez des patients ayant un ulcère hémorragique à haut risque : (fig17 et tableau n°16) § Injection de 40 mg d’oméprazole (OMP) chaque 12 h. § Injection de 40 mg d’oméprazole chaque 6 h. § Injection de 400 mg de cimétidine (CIM) chaque 12 h. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 61 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Patients ayant une hémorragie active ou vaisseau visible non hémorragique (n=214) Exclusion (n=14) Randomisation des patients et traitement. (n=200). OME 40mg/12h (n=66) Récidive (n=14) Hémostase (n=52) OME 40mg/6h (n=67) Récidive (n=6) Hémostase (n=61) CIM 400mg/12h (n=67) Récidive (n=22) Hémostase (n=45) Figure 17 [182]: Randomisation des patients dans l’étude de Lin et al [182] et résultats selon traitement. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 62 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 16: Résultats selon le traitement pharmacologique reçu chez des patients ayant reçu un traitement endoscopique. D’après l’étude de Lin et al.[182]. Besoin OME 40mg/6h OME 40mg/12h CIM 400mg/12h Valeur (n=67) (n=66) (n=67) p 1 241 (487–1 1 317 (947–1 995) 660)* 6 14 22** <0,01 6 11 14 0,15 0 0 3 0 ,12 7,64 (6.42–8.85) 7,92 (6.52–9.33) 0,21 1 3 0,17 710 (489–913) transfusionnel (ml) Récidive hémorragique Traitement par sonde thermique Chirurgie Durée d’hospitalisation (jours) Décès 5,89 (4.69– 7.09) 0 <0.01 *p = 0 ,001 entre le groupe OME 40mg/6h et le groupe OME 40mg/12h ; p<0,001 entre le groupe OME 40mg/6h et le groupe Cimétidine. **p < 0,001 entre le groupe OME 40mg/6h et le groupe Cimétidine. Une étude iranienne [183] a comparé l’oméprazole par voie orale (20 mg/12h pendant 3 jours relié par 20 mg/j d’oméprazole), à la cimétidine injectable (200mg/6H pendant 3 jours reliée par cimétidine orale 400 mg/12h) dans la PEC de l’ulcère duodénal hémorragique. L’oméprazole était plus efficace dans la prévention de la récidive hémorragique (15% vs 50%, p<0,001) et du diminution EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 63 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 du besoin transfusionnel (1,68 vs 3,58 unités, p<0,003), la différence du taux de mortalité était non significative (2,5 vs 7,5, p=0,24). Par ailleurs une récente étude japonaise [184] a tenté d’évaluer l’efficacité de la famotidine après un traitement endoscopique hémostatique réussi. La perfusion de 40mg/j de famotidine s’est montré aussi efficace qu’une perfusion de 40mg/j d’oméprazole dans la prévention de la récidive hémorragique. (tableau n°17). Tableau17 : Résultats selon traitement pharmacologique instauré selon l’étude de Kamada et al [184]. Famotidine (n=207) Durée d’hospitalisation Oméprazole (n=193) Valeur p 21.5 ± 0.9 18.4 ± 0.7 0.009 395.6 ± 47.2 404.4 ± 46.7 0.89 Récidive hémorragique 18 (8.7%) 16 (8.3%) 0.85 Mortalité 3 (1.4%) 1 (0.5%) 0.34 (jours) Transfusion (mL) Deux méta-analyses récentes [185, 186] viennent confirmer la supériorité des IPP par rapport aux anti-H2 dans la prévention de la persistance ou la récidive hémorragique (fig.18) et dans la diminution du taux d’hémostase chirurgicale [187] (fig19). En 2004 l’ASGE «the American Society of Gastrointestinal Endoscopy» a recommandé l’utilisations des IPP pour tout patient ayant une HDH nécessitant un traitement endoscopique et chez les patients ayant un ulcère hémorragique associé à une instabilité hémodynamique [188]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 64 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Anti-H2 Juin 2008 IPP En faveur d’IPP Effet commun des 8 études. Lésions hémorragiques (3 essais) Lésions non hémorragiques (3 essais) Bolus d’IPP (5 essais) IPP oral (2 essais) Figure 18 : Résultats de la méta-analyse de 8 essais cliniques randomisées comparants la récidive hémorragique sous IPP versus anti-H2. Les stigmates d’hémorragies inclus dans les essais originels sont aussi mentionnés. Selon la méta-analyse d’Andriulli et al [186]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 65 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Etudes IPP Anti-H2 Peto OR IC fixé à 95% Poids % Juin 2008 Peto OR IC fixé à 95% Non estimable (IC à 95%) En faveur d’IPP En faveur d’anti-H2 Figure 19 : effet sur le recours à l’hémostase chirurgicale, comparaison des inhibiteurs de la pompe à proton versus antagonistes H2. d’après la méta-analyse de Gisbert et al [185]. En résumé : Les études et les recommandations récentes préconisent l’utilisation des IPP injectables (plutôt que les anti-H2) comme traitement adjuvant au traitement endoscopique pour les ulcères hémorragiques à haut risque de récidive et l’utilisation de l’oméprazole par voie orale pour les ulcères hémorragique à faible risque.[145] EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 66 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 2-2 Juin 2008 Traitement endoscopique : Depuis les années 80, l’endoscopie est devenue largement acceptée comme la première ligne thérapeutique des HDU. Nombreux essais cliniques et métaanalyses ont confirmé l’efficacité du traitement endoscopique, en montrant clairement son rôle dans la diminution de la récidive hémorragique et de la chirurgie d’hémostase [12, 141, 189, 190]. L’hémorragie peut être arrêtée dans chez 90% des patients ayant eux une intervention endoscopique, cependant le taux de récidive hémorragique après une hémostase initiale varie entre 10% et 30% [191, 192] § Traitement par injection : L’injection d’adrénaline diluée (1 :10000) est largement utilisée vu sa simplicité. L’épinéphrine agit en causant une vasoconstriction, en modifiant la fonction plaquettaire et en stimulant la coagulation, mais le principal mécanisme reste l’effet de tamponnement induit par le volume de la solution injectée, ce qui explique la supériorité de l’injection de grande quantité (35-45ml) par rapport au volume standard (15-25ml) [193]. Plusieurs autres produits peuvent être utilisés comme le polidocanol, le sérum salé la thrombine et même le dextrose. Cependant l’utilisation de produits sclérosants devrait être évitée à cause du risque de survenue d’une nécrose tissulaire extensive et incontrôlable. Le travail de Laine et al.[194] a comparé un traitement par injection de sérum salé isotonique à l’électrocoagulation bipolaire devant une hémorragie initialement active et a objectivé un taux significativement plus élevé d’échec thérapeutique après réalisation d’injections qu’après la pratique d’une électrocoagulation bipolaire. Il est vraisemblable que le taux élevé d’échec de traitement par injection observé dans ce travail soit consécutif au choix discutable du sérum salé EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 67 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 isotonique et à l’utilisation d’un traitement médical qui n’a vraisemblablement pas été optimal. La supériorité des méthodes thermiques sur les injections n’apparaît donc pas clairement démontrée par ce travail. Par contre onze études comparatives ont suggéré une efficacité similaire entre les deux procédures (tableaux n°18). Tableau 18 : Essais randomisés en faveur de l’équivalence des méthodes thermiques et des injections.[108] Auteur, année (n) Avgerinos, 1989 49 Laine, 1990 60 Chung, 1991 132 Méthode thermique (n) Injection (n) Commentaires Thermocoagulation (17) Adrénaline (16) Groupe témoin (n = 16) Electrocoagulation multipolaire (31) Thermocoagulation (64) Éthanol (29) Adrénaline (68) Efficacité précoce supérieure de l’adrénaline. Electrocoagulation Waring, 1991 60 Choudari, 1992 120 Thermocoagulation (60) Panès, 1991 127 Saeed, 1993 multipolaire (29) Ethanol (31) Ethanol (60) Coagulation micro-ondes Éthanol + 80 Thermocoagulation (39) Éthanol (41) Jensen, 1994 71 Thermocoagulation (24) Alcool (24) Carter, 1994 44 Nd-Yag (21) Éthanol (23) (65) Pulanic, 1995 315 Nd-Yag (155) Llach, 1996 104 Thermocoagulation (53) Thermocoagulation sonde de 7 F polidocanol (62) Polidocanol (160) Groupe témoin (n = 23) Nd-Yag supérieur au polidocanol en cas de lésion Forrest I Adrénaline + polidocanol (51) EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 68 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Dispositifs thermiques : § Les dispositifs thermiques peuvent être divisés en deux types : avec contact thermique : sonde thermique (Heater-probe) (fig.20) électrocoagulation monopolaire et bipolaire et sans contact : Laser, plasma argon (APC). Alors que l’effet des sondes avec contact est bien établi, des études récentes [192, 195] ont objectivé que l’APC a une efficacité égale avec la sonde thermique. En effet aucune méthode endoscopique de coagulation thermique n’est supérieure aux autres[108]. A B C D Figure 20. Coagulation par sonde thermique de contact. Un vaisseau visible est situé à la base de l'ulcère (A). La sonde est positionnée sur le vaisseau (B). Après positionnement de la sonde, l'énergie est délivrée, coagulant le vaisseau comprimé (C). Quand la sonde est enlevée, une tache blanche est visible sur l'ancien emplacement de la sonde (D). § Dispositifs mécaniques. Les moyens mécaniques sont surtout utilisés dans le traitement hémostatique des ruptures de varices, rarement dans le traitement de l’ulcère hémorragique. Cipolleta et al. [196] ont trouvé une diminution significative du taux de récidive hémorragique après utilisation des clips hémostatiques par comparaison à la sonde thermique. La méta-analyse de Sung et al [197] EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 69 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 comparant l’Hémoclip au traitement par injection suggère la supériorité du premier au dernier dans l’obtention d’une hémostase définitive (86,5% vs 75,4%). Cependant cette efficacité est limitée dans la pratique par la difficulté d’une application réussie [198-200]. Les différents hémoclips présents dans le marché ont une efficacité similaire [201, 202], avec des différences techniques entres les différents clip (tableau n°19). Cependant deux études récentes suggèrent la supériorité des Hémoclips aux Triclips dans l’obtention d’une hémostase initiale [197, 203]. Tableau 19 : Comparaison entre les Hemoclips endoscopiques : Olympus, Cook Endoscopy et Microvasive selon l’étude de Jensen et al [202] Caractéristiques Quick Clip Tri Clip Resolution Clip (Olympus) (Cook) (Microvasive) Usage unique + + + Ouverture (mm) 8 8 12 Branches 2 3 2 Réouverture non non Oui Canal opérateur 2,8 2,8 3,2 Rotation oui oui Oui 2 <1 4 non non Non Durée (semaine) Interférence avec la cicatrisation de l’ulcère EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 70 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 La thérapie combinée ou double thérapie. La méta-analyse de Calvet et al. [204] a montré que l’addition d’une deuxième procédure (après injection d’épinéphrine) réduit le taux de récidive hémorragique, de chirurgie d’urgence et même de mortalité. D’autres métaanalyses plus récentes ont objectivé la supériorité d’une double thérapie (injection suivi d’autre méthodes) par rapport à une mono-thérapie par injection mais pas par rapport au mono-thérapie thermique ou mécanique [205]. Actuellement, la méthode standard la plus utilisée est l’injection d’épinéphrine diluée suivie d’une électrocoagulation par une sonde thermique 3,2 mm. En présence de facteurs prédictifs d’échec du traitement endoscopique (saignement actif, taille de l’ulcère >2 cm de diamètre [206]), le traitement initial doit être optimal à fin de réduire le risque de récidive hémorragique. En cas de présence d’un saignement en jet, la supériorité d’effet hémostatique de l’association injection et méthodes thermiques a été clairement démontrée [207]. Si l’on ne dispose pas d’un tel équipement, l’administration d’oméprazole à forte dose devrait constituer l’alternative une fois l’hémostase initiale est obtenue. § Méthodes endoscopiques : synthèse [108] On peut conclure que : - L’hémostase endoscopique, quelle que soit la méthode utilisée, diminue le risque de récidive hémorragique et le nombre de malades opérés en cas d’hémorragie active ou de vaisseau visible non hémorragique. l’effet sur la mortalité, bien que vraisemblable, n’est pas prouvé. - Il n’y a pas de différence d’efficacité entre les différentes méthodes d’hémostase endoscopique en fonction du caractère actif ou non actif de l’hémorragie. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 71 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 - L’efficacité des différentes méthodes thermiques est équivalente. - Au moins en termes de réduction du nombre de malades opérés et de mortalité, les méthodes thermiques ne sont pas supérieures aux injections et l’injection simultanée de plusieurs produits n’est pas supérieure à l’injection d’un seul produit. - L’addition d’une deuxième méthode (après injection d’épinéphrine) semble réduire le taux de récidive hémorragique, de chirurgie d’urgence et même de mortalité par rapport à l’injection seule. - Le tableau 20 résume la conduite à tenir devant un ulcère hémorragique avec hauts stigmates de saignement récent. Tableau 20 : Conduite pratique proposé par Gilles Lesur [208]. Inject ions Hémorragie en jet En premier Clips Ulcère de petite taille Méthodes thermiques Gros ulcère chronique et accessible Suintement diffus +++ Vaisseau visible Oui, d’abord non hémorragique en périphérie ± Pas nécessa ire Oui Eventuellement EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 72 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 L’intérêt du doppler. Une équipe allemande a montré que la réalisation d’un traitement endoscopique en fonction de la présence ou non d’un signal doppler dans l’ulcère, était associée à une réduction significativement plus importante du risque de récidive hémorragique que lorsque le traitement était réalisé selon la classification de Forrest. L’étude menée par Wong et al. [118] a montré que la persistance d’un signal Doppler après le traitement endoscopique était associée à un risque de récidive hémorragique significativement plus élevé que lorsque ce signal disparaissait (100% vs 11%, p=0,003). Cette technique séduisante et fiable se heurte au problème de disponibilité de matériel et de l’expérience de l’opérateur [114]. § Que faire en cas de caillot adhérent ? L’intérêt du traitement endoscopique en cas de caillot adhérent est encore un sujet très discuté. Le souci est de déclencher l’hémorragie après manipulation endoscopique du caillot [209]. Dans la plupart des études, le risque de récidive hémorragique en présence d’un caillot adhérent est considéré comme faible, de l’ordre de 20 % [108]. Toutefois, Laine et al ont montré chez 46 patients, qu’après une irrigation prolongée (5 min), que cet aspect de caillot adhérent pouvait masquer un autre aspect dans près d’un tiers des cas [108, 210]: Vaisseau visible (n = 7), hémorragie par suintement diffus (n = 6) ou en jet (n = 1) [108]. Lin et al. [108, 134] en étudiant l’évolution clinique pendant un mois des patients ayant présenté un aspect endoscopique initial de caillot adhérent, ont rapporté la survenue d’une récidive hémorragique chez un malade sur 4. Dans un autre EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 73 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 travail, la présence d’un aspect de caillot adhérent est un facteur de risque indépendant de récidive hémorragique [123]. Ces contradictions sont probablement liées à la mauvaise reproductibilité inter-observateurs de l’aspect endoscopique de caillot adhérent [108]. Une étude asiatique [171] a trouvé que l’oméprazole par voie orale a la même efficacité qu’un traitement endoscopique par injection d’éthanol pour un ulcère stade IIa et IIb. En revanche deux études nord-américaines [211, 212] ont clairement montré la supériorité d’un traitement endoscopique combiné à un traitement pharmacologique qu’un traitement pharmacologique seul, dans la prévention de la récidive hémorragique chez les malades ayant un ulcère hémorragique avec caillot adhérent. Ces même données ont été objectivées par les méta-analyses de Kahi et al [213] et celle d’Andriulli et al [186]. Cependant, ces résultats très en faveur du traitement endoscopique peuvent être liés à la grande expertise d’endoscopie intrventionnelle des équipes à l’origine de ces travaux, de plus l’utilisation d’un traitement médical non optimal, majore vraisemblablement les risques de récidive hémorragique chez les malades ayant reçu uniquement un traitement médical. § Endoscopie de « second look ». Une deuxième endoscopie dite de « seconde look » n’est pas recommandée dans la routine pour tous les patients [122]. Cependant elle reste indiqué en cas d’une première endoscopie incomplète (à cause d’un problème technique) et très souhaitable dans les 12-24h après un traitement endoscopique initial, chez des patients sélectionnés étant classés à haut risque endoscopique de récidive [214]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 74 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 Que faire devant une récidive hémorragique après hémostase initiale ? L’étude randomisée de Lau et al [215] a démontré qu’une seconde tentative de traitement endoscopique chez les patients présentant une récidive hémorragique après une hémostase endoscopique initiale du saignement, réduit le recours à la chirurgie d’hémostase sans augmenter le risque de mortalité et avec diminution des complications. Il est généralement recommandé en pratique de tenter un nouveau traitement endoscopique en cas de récidive hémorragique [192, 216, 217]. Cependant la chirurgie sera préférable en présence de facteurs prédictifs d’échec du traitement endoscopique (taille de l’ulcère >2cm, présence d’un état de choc au moment de la récidive, Hb basse < 10 g/dl, présence de sang frais dans l’estomac, et un saignement actif [206], en plus d’une localisation au niveau de la face postérieure bulbaire pour Thomopoulos et al [218]). En cas d’intervention chirurgicale un délai supérieur à 3 jours entre l’hémorragie et l’acte chirurgical est un facteur de mortalité opératoire. 2-3 Traitement chirurgical et embolisation artérielle. Le recours à la chirurgie d’hémostase en urgence est devenu peu fréquent grâce à l’avènement de l’hémostase endoscopique et à l’utilisation optimale des antisécrétoires [219]. Elle reste indiquée en urgence devant les hémorragies massives chez un patient instable malgré les mesures de réanimation (remplissage par plus de 5 culots érythrocytaires) ou en cas d’hémorragie active ne pouvant être contrôlée par l’endoscopie (en cas d’échec ou d’inaccessibilité des lésions) et elle peut être proposée comme chirurgie « semi-élective » après une hémostase endoscopique initiale avec présence de facteurs prédictifs de récidive (voir plus haut). EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 75 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Deux techniques d’hémostase sont possible directe et indirecte : • Directe, consiste à une suture locale du foyer hémorragique (fig.21), procédé simple qui a l’inconvénient de laisser l’ulcère en place et expose à une éventuelle récidive hémorragique L’hémostase est réalisée à l’aide de plusieurs points de fil non résorbable. Deux points complémentaires sont placés, l’un audessus de l’ulcère, le second en dessous, de façon à contrôler l’artère gastroduodénale en dehors de la zone ulcéreuse • indirecte qui s’adresse aux ulcères érodant l’artère gastro-duodénale, la suture de l’ulcère sera associée dans ce cas à une ligature de cette artère audessus et en dessous du duodénum (fig22). En plus de l’hémostase hémorragique l’intervention peut réaliser dans le même temps le traitement radical de la maladie ulcéreuse, qui associe une vagotomie (tronculaire, sélective ou supra-sélective) à une opération de vidange (gastroentéroanastomose ou pyloroplastie). Un autre procédé est possible et consiste à effectuer une antrectomie selon Polya (Finsterer ou Billroth II) associée à une vagotomie et une fermeture du moignon duodénal [220]. Cependant, la vagotomie et encore moins l’antrectomie ne semblent plus indispensables à l’heure des IPP et de l’éradication d’HP qui diminue le risque de récidive ulcéreuse [221]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 76 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Figure 21 : Hémostase directe de l’ulcère duodénal hémorragique. [220] A : suture directe de l’artère gastroduodénale au fond de l’ulcère. B : suture directe de l’ulcère complétée par une suture sus- et sous-jacente de l’artère par voie intraluminale du duodénum. Figure 22 : Hémostase indirecte de l’ulcère duodénal hémorragique. [220] A : suture directe de l’artère gastroduodénale au fond de l’ulcère, puis ligature et section éventuelle de l’artère gastroduodénale au bord supérieur du duodénum. B : en cas de persistance de l’hémorragie, suture de l’artère gastroduodénale au bord inférieur du duodénum. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 77 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 La morbidité et la mortalité du traitement chirurgical d’urgence reste élevé, entre 18 et 26 % pour la mortalité [222, 223] et plus de 30% pour la morbidité [222]. Pour les patients dont l’état général ne s’apprête pas à une intervention chirurgicale, une embolisation artérielle peut être proposée comme une alternative au traitement chirurgical dans le cas d’une hémorragie massive ou après échec du traitement endoscopique [224], cette technique séduisante paraît aussi efficace que le traitement chirurgical avec moins de complications et de mortalité pour les patients à risque de mortalité opératoire élevé [225, 226]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 78 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Notre étude. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 79 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive I- Juin 2008 Introduction : La prise en charge des ulcères hémorragiques repose, en dehors des mesures de réanimation habituelles, sur le traitement endoscopique et pharmacologique. Ces deux procédés ont comme but essentiel de réduire le taux de récidive hémorragique, diminuant ainsi le besoin d’hémostase chirurgicale et le taux globale de décès. Dans les cas où l’hémorragie est jugée à haut risque de récidive, l’efficacité d’un traitement à base de perfusion de forte dose d’IPP (oméprazole ou pantoprazole) est prouvé par plusieurs études randomisées, et fait parti des différentes recommandations de prise en charge des HDU. En effet le traitement injectable reste le mieux adapté dans le cadre de l’urgence, et ce pour plusieurs raisons : • La supériorité par rapport au traitement par voie orale. • Les conditions imposées par le contexte de l’urgence à savoir la présence de vomissements, d’hématémèse, la présence d’éventuelle sonde gastrique. • Le besoin que le patient reste à jeun pour pouvoir agir (endoscopiquement ou chirurgicalement) devant une éventuelle récidive. Devant la non accessibilité des IPP injectables, et les conditions sus cités, La question suivante s’impose : Quel traitement serait-il plus bénéfique dans la prise en charge d’un ulcère bulbaire hémorragique un IPP par voie orale ou un anti-H2 par voie injectable? Pour y répondre, nous avons réalisé une étude comparative de deux protocoles, l’un à base d’oméprazole par voie orale et l’autre à base de cimétidine injectable, dans la réduction du taux de récidive hémorragique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 80 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive II- Objectifs de l’étude: 1- Objectif principal : Juin 2008 Ce travail a comme objectif principal de comparer entre deux protocoles pharmacologiques (l’oméprazole par voie orale à la cimétidine par voie injectable) dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive. Le critère de jugement utilisé était le taux de récidive hémorragique Ø précoce (c’est à dire dans les 72 heures suivant la réalisation de l’endoscopie). Les critères secondaires de jugement utilisés étaient : Ø 2- • Les besoins transfusionnels. • La durée d’hospitalisation. • Le recours à la chirurgie d’hémostase. • Et le taux de mortalité. Objectifs spécifiques : Ø Dresser un Profil épidémiologique et clinique des patients ayant un ulcère bulbaire hémorragique à risque de récidive. Ø Comparaison entre les différents facteurs de risque par rapport aux données évolutives et pronostiques. 3- objectifs secondaires : Ø S’initier aux travaux scientifiques et à la recherche clinique. Ø S’habituer aux essais cliniques prospectifs et randomisés. Ø Impliquer les résidents de notre service dans un travail d’équipe… EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 81 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 III- Matériels et méthodes : 1- Type d’étude : Il s’agit d’une étude prospective randomisée (Essai contrôlé randomisé), comparant deux traitements antisécrétoires dans la diminution du taux de récidive hémorragique des ulcères bulbaires à haut risque de récidive. L’étude est menée au sein de service d’hépato-gastroentérologie du CHU Hassan II de Fès, sur une période de 13 mois (du début Août 2006 jusqu’au début Septembre 2007) et ayant inclus 38 patients répartis de façon randomisée en deux groupes. 2- Déroulement de l’étude. Les patients se présentant avec des signes d’hémorragies digestives hautes étaient des candidats potentiels à être inclus dans l’étude. Le diagnostic d’une HDH probable était retenu après que le patient soit interrogé et examiné par le médecin de garde gastroentérologie. La fibroscopie oeso-gastro-duodénale (FOGD) était réalisée après stabilisation de l’état hémodynamique, en général dans les 1ére 12 heures suivant l’admission du malade. Une fois le diagnostic d’un ulcère bulbaire hémorragique stade I ou II de Forrest est posé, les patients étaient soumis aux critères d’inclusion et d’exclusion, préétablis à travers une revue de littérature, à fin de minimiser au maximum les biais de recrutement, et permettant une meilleure interprétation des résultats. a- critères d’inclusion : Tout patient, âgé de plus de 16 ans ayant une hémorragie digestive haute secondaire à un ulcère bulbaire avec haut risque endoscopique de récidive, sont inclus dans l’étude. Le haut risque de récidive étant défini comme un ulcère EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 82 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 hémorragique stade I de Forrest (avec sainement actif soit en jet ou en nappe), ou stade II de Forrest incluant un vaisseau visible non hémorragique, un caillot adhérent, ou un ulcère avec présence de taches pigmentées. b- Critères d’exclusion : Ont été exclus de l’étude : - Les patients âgés de moins de 16 ans. - Les patients prenants un traitement susceptible de provoquer ou aggraver une hémorragie digestive haute en dehors des AINS (traitement anticoagulant par exemple). - Patients ayant une coagulopathie (TP < à 50%) ou une thrombopénie profonde (plaquettes <50000/mm3). - Les patients présentant à l’admission une défaillance hémodynamique nécessitant un geste chirurgicale en urgence. - Les ulcères bulbaires hémorragiques stades III de Forrest. - Un ulcère duodénal avec suspicion de malignité. - Une hémorragie digestive haute associée a une autre cause de saignement (ulcère gastrique, tumeur gastroduodénale, varices oesophagiennes). c- L’endoscopie : La FOGD était réalisée par des endoscopistes habitués aux HDH mais non experts aux techniques d’hémostase endoscopique. Les patients ayant un ulcère avec hémorragie active ou avec un vaisseau visible non hémorragique ont bénéficié d’un traitement endoscopique à base d’injection dans la sous muqueuse des quatre quadrants de l’ulcère, d’adrénaline diluée dans du sérum salé à raison de 1/10000. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 83 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 d- La randomisation : Après la réalisation de l’endoscopie, les patients répondants aux critères d’inclusion et d’exclusion ont été répartis de façon randomisée en deux groupes thérapeutiques : - Le premier groupe est mis sous protocoles Z : oméprazole par voie orale 80 mg/ jour réparti en deux prises (40 mg /12 heures), pendant 72 heures. - Le second est mis sous protocole Q : cimétidine injectable à raison de 1200 mg/ jour répartie en trois prise (40 mg en IVD/8 heures), pendant 72 heures. La randomisation s’est faite de la façon suivante : Une liste de permutation à six éléments a été obtenue à l’aide d’un programme informatique (voir figure 23). 541326 615243 246315 523614 156324 126345 126435 653412 425361 213645 523641 425361 641532 351624 621345 625431 245613 156423 324615 421536 132654 145362 513642 154623 531246 243516 135246 521643 235641 143256 241356 142635 426135 316425 514362 134562 132654 154623 623514 ……………………………………….. Les chiffres : 1, 2 et 3 correspond au traitement Oméprazole. Les chiffres : 4, 5 et 6 correspond au traitement Cimétidine. Figure 23 : liste de permutation à six éléments, qui nous a permis de faire la randomisation. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 84 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Par la suite une deuxième liste est obtenue après remplacement des chiffres par les traitements correspondants. (Voire figure 24). Le sens de la lecture QQZZZQ QZQZQZ ZQQZZQ QZZQZQ ZQQZZQ ZZQZQQ ZZQQZQ QQZQZZ QZQZQZ ZZZQQQ QZZQQZ QZQZQZ QQZQZZ ZQZQZQ QZZZQQ QZQQZZ ZQQQZZ ZQQQZZ ZZQQZQ QZZQZQ ZZZQQQ ZQQZQZ QZZQQZ ZQQQZZ QZZZQQ ZQZQZQ ZZQZQQ QZZQQZ ZZQQQZ ZQZZQQ ZQZZQQ ZQZQZQ QZQZZQ ZZQQZQ QZQZQZ ZZQQQZ ZZZQQQ ZQQQZZ QZZQZQ ………………………………………… Traitement par Oméprazole = Z. Traitement par Cimétidine = Q. La lecture se fait de gauche à droite et de haut en bas en commençant par la première ligne. Figure 24 : Liste de randomisation du choix thérapeutique. e- Nombre de patients inclus. Au total quarante-deux patients ont été inclus initialement dans l’étude, six entre eux ont été exclus pour les raisons suivantes (fig. n°25): - Un patient en grève de faim et qui a refusé toute médication par voie orale. - Un patient hospitalisé au service de psychiatrie, chez qui la mise en place d’une voie veineuse était impossible. - Un patient dont le schéma n’était pas respecté : patient hospitalisé initialement au service de traumatologie de l’hôpital, puis transféré en service de réanimation, entre ces deux services le patient a reçu des schémas thérapeutiques différents non conforme à la randomisation. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 85 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive - Juin 2008 Un patient qui a refusé l’hospitalisation, et qui est sorti contre avis médical. - Un patient dont le bilan a révélé une coagulopathie ayant un TP < 50%. - Un patient qui avait un ulcère en saignement actif (Forrest Ib) et qui n’a pas eu d’hémostase endoscopique. Patients ayant un ulcère bulbaire hémorragique inclus initialement dans l’étude (n=43). Randomisation des patients et traitement. Oméprazole per Cimétidine injectable os 40mg/12h (n=21) 400mg/8h Exclusion (n=6) (n=23) Trouble de crase (n=1). Manque de coopération (n=3). Inhabilité à obtenir une hémostase initiale (n=1). Non respect de la randomisation (n=1). Nombre définitif des patients inclus dans l’étude (n=38). Oméprazole per os 40mg/12h (n=19) Cimétidine injectable 400mg/8h (n=19) Figure 25 : randomisation des patients ayant répondu aux critères d’inclusion et d’exclusion. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 86 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 f- Fiche d’exploitation et collecte d’informations. Une fiche a été établie au sein de notre formation pour assurer une collecte des informations de façon prospective des patients inclus dans l’étude (fig. n°25). Les données étaient dûment recueillies et remplies sous la responsabilité d’un seul enquêteur pour réduire les biais liés à la multiplication des enquêteurs. Ce même enquêteur s’assurait du respect du protocole thérapeutique choisi et du suivi des malades. La fiche comportait plusieurs cases contenant les renseignements nécessaires allant des données démographiques à l’évolution de chaque patient. ∙ Identité du patient : Cette case contient les données personnelles du patient ( nom, prénom, âge, sexe, adresse..), de son dossier (datte d’entrée, numéro d’entrée, numéro d’ordre, numéro de fibroscopie..), la provenance du malade (les urgences, la réanimation ou autres services) ainsi que la durée d’hospitalisation. ∙ Antécédents du malade : Les différentes comorbidités associées ont été notées dans cette case qu’elles soient chroniques ou aiguës. Les habitudes toxiques ont été aussi cherchées (tabagisme, prise d’alcool, prise médicamenteuse notamment des AINS ou d’acide acétylsalicylique). La notion de tabagisme était considérée comme présente lorsque le patient fumait au mois cinq cigarettes par jour et pendant au moins deux ans. Quant au prise d’AINS nous l’avons défini comme étant une prise récente de moins de 3 mois, les prises ponctuelles dans le mois qui précède la survenue de l’hémorragie ont aussi été notées. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 87 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Les informations concernant un antécédent d’une HDH d’une maladie ulcéreuse antérieure ou de douleurs épigastriques en plus d’autres informations ( postopératoire, état de stress…) ont été notées sur la fiche. ∙ Présentation de l’hémorragie : La nature de l’hémorragie était précisée soit comme une hématémèse, une maelena, une hématémèse plus maelena, des réctorragies ou autres formes comme une issue de sang rouge dans une sonde gastrique, une instabilité hémodynamique inexpliquée.. ∙ examen physique : Cette case a précisé les différents paramètres traduisant l’état hémodynamique ainsi que la présence de signes cliniques en rapport avec la pathologie étudiée (sensibilité épigastrique, syndrome anémique présence de sang ou de maelena dans le toucher rectal etc..). ∙ Données biologiques : Notamment les résultats de l’hémogramme à savoir l’hémoglobine et l’hématocrite et du TP. ∙ La transfusion sanguine. La transfusion sanguine a été indiquée systématiquement chez tous les patients instables à l’admission, en cas de syndrome anémique mal toléré et devant tout chiffre d’Hb inférieur à 7g/dl exception faite d’un terrain particulier (âge avancé, comorbidité) où l’on transfusait si l’Hb était inférieur à 9g/dl. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 88 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 ∙ résultats de l’endoscopie : après avoir noté le délai de réalisation de l’endoscopie par rapport au premier épisode hémorragique, les différentes caractéristiques de l’ulcère ont été décrites, notamment celles pouvant avoir une influence sur la récidive de l’hémorragie : - Stade de Forrest. - Taille de l’ulcère. - Siège de l’ulcère. - Présence ou non de sang dans l’estomac au moment de l’endoscopie. - Présence ou non d’autres lésions associées. - Nombre d’ulcères. - Traitement endoscopique. ∙ Traitement : En plus du traitement médical choisi selon la randomisation (protocole Z ou protocole Q), nous avons aussi précisé le recours ou non à une hémostase endoscopique. Le traitement d’éradication de L’HP (en cas de clo-test positif) n’était démarré qu’après les trois jours des traitements sus-cités, ∙ L’évolution : Tous les patients ont été hospitalisés pour une durée minimale de 3 jours durant lesquels nous leur avons établi un suivi clinique et si nécessaire biologique. La récidive hémorragique précoce était le principal critère de jugement de l’efficacité d’un tel ou tel traitement. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 89 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Après une stabilisation initiale, une récidive hémorragique était définie comme une: - Survenue d’une instabilité hémodynamique (chute de la tension artérielle, accélération du pouls..). - Récidive d’hématémèse. - Apparition de réctorragies. - Persistance de maelena après trois jours ou une apparition de nouveau maelena après une coloration normale des selles. - Chute du taux d’hémoglobine de plus de 2g/dl dans l’espace de 24 heures. Les autres critères de jugement notés : - La durée d’hospitalisation réelle (sans tenir compte des jours d’hospitalisation dus aux problèmes administratifs). - Le besoin transfusionnel exprimé en nombre d’unités (culot globulaire) transfusées. Seuls les culots transfusés après la randomisation et le démarrage du traitement antisécrétoires ont été comptés. Les unités transfusées avant la réalisation de l’endoscopie ont été notées à part. - Le recours à une éventuelle hémostase chirurgicale (Un suivi post-opératoire a été assuré par le médecin enquêteur). - La survenue d’un décès, tout en précisant sa cause et ses circonstances. Par ailleurs tous les malades ont été convoqués après un mois pour marquer l’évolution clinique et éventuellement biologique à J30. A l’occasion des études menées en parallèle dans notre formation chez les mêmes patients, ils étaient revus aussi à J10 pour un éventuel traitement d’éradication de l’HP et après trois EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 90 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 mois pour le contrôle (endoscopique et au test respiratoire) de l’éradication de l’HP et de la cicatrisation de l’ulcère. Identité : Nom/prénom :……………………………....... NE :……………………NO……………………….. Age :…….ans Sexe : Masculin. Féminin. • Date d’entrée :………/………/………….. • Durée d’hospitalisation :………..jours. • Adresse :……………………………………….. ……………………………………………………….. • Province :………………Ville :………………… • Tel (fixe) :……………………………………….. • GSM :…………………………………………… • Référé de : □ Urgence. □ Service de médecine. □ Réanimation. □ Service de chirurgie. • • • Antécédents : • Maladies sous jacentes : □ Cardiaque : □ Rénale : □ Pulmonaire : □ Hépatique : • □ Tabagisme. • □ intoxication alcoolique. • □ AINS. • Autres prises médicamenteuses :…………… ……………………………………………………….. • □ HDH. • □ ulcère gastro-duodénal connu. • □ Syndrome ulcéreux / douleurs épigastriques. • Autres : post-op, poly-traumatisé. état de choc……………………. Commentaire :…………………………………….. ……………………………………………………….. Nature de l’hémorragie : □ Hématémèse. □ Hématémèse + maelena. □ Maelena. □ Réctorragies. □ Autres ( sang dans la sonde gastrique, EHD instable, Anomalie de la NFS…….), Commentaire :…………………………………. ……………………………………………………… Examen clinique : □ Syndrome anémique. □ Syndrome douloureux épigastrique. □ T.A à l’admission ……….cmhg/…………cmhg. □ F.C :……………………………………………. □ Autre :……………………………………………. Commentaire :……………………………………. ………………………………………………………. Bilan biologique : • Hb :……..g/dl ● Hte :………% • Pqt :……......./mm3 ●TP…………%. □ Transfusion :Nbre de CG……….U. Endoscopie : N° : …………… Délai :(depuis le premier épisode)……..Heures. Résultat : □ Présence de sang. □ Ulcère bulbaire : • Taille :……………mm • Nombres :………….. • Siège : □ Face antérieure. □ Sommet. □ Face postérieure. □ Base. • Stade de Forrest : □ Stade Ia. □ Stade Ib. □ Stade IIa. □ Stade IIb. □ Stade IIc □ Stade III. □ Autres lésions associées : (ulcère gastrique, Varices oesophagiennes, lésion tumorale…) • HP □ positif. □ negatif. □ inconnu. Commentaire :……………………………………… ………………………………………………………… Traitement : de l’hémorragie ulcéreuse : □ Protocole Z : IPP / VO. □ Protocole Q : Anti-H2 / V.injectable □ Hémostase endoscopique. □ Injection. □ Thermocoagulation. Commentaire :……………………………………... ………………………………………………………… Évolution : (jusqu'à J3) □ Pas de récidive. □ récidive hémorragique. □ contrôle endoscopique………………………. □ Hémostase endoscopique. □ Hémostase chirurgicale. □ Transfusion : Nbre de C.G………..U. □ Décès :…………cause :…………………………. Commentaire :... …………………………………... ………………………………………………………… □ Traitement d’éradication D’HP. Evolution : ( contrôle à 1mois,clinique et bio.). Commentaire :………………………………………. ……………………………………………………. Figure 25 : Fiche d’exploitation EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 91 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 2- Juin 2008 Analyse statistique : Les données ont été saisies sur Excel dans un premier temps, puis l’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel Epi Info. Selon la nature des variables, nous avons utilisé les tests suivants : § Pour les variables qualitatives, on a utilisé le test de X 2 (Chi-carrée). Pour les variables dont l’une des valeurs théoriques est inférieure à 5, ce test a été remplacé par le test du Fisher exact. § Pour les variables quantitatives le test de Student a été utilisé pour la comparaison des moyennes des différents paramètres étudiés. L’interprétation des résultats a été réalisée avec un intervalle de confiance à 95% et une valeur α à 5% ainsi un p ≤ 0,05 a été considérée comme statistiquement significative. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 92 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 IV- Résultats : 1- Etude descriptive : 1-1- Caractéristiques saisonnier et socio-démographiques: a- Selon la période : Sur une année, la saison d’automne a vu le recrutement de 41 % des patients admis, contre 11%, 24 % et 24% pendant successivement les saisons d’hiver, de printemps et d'été (fig. n°26). 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 41% 24% 24% ps hi ve r em pr in t au t om ne 11% Figure 26 : Répartition des patients selon les saisons. b- Selon l’âge : L’âge moyen de nos patients était de 41 ans ± 18,3 ans, une médiane à 36,5 ans et des extrémités d’âge allant de 17 ans à 100 ans. Quatre patients étaient âgés de plus de 60 ans (10,5% des malades) (tableau n°21). Les patients du groupe Q avaient un âge moyen de 40 ans (±21,7 ans) versus 42 ans (±14,6 ans) pour le groupe Z (p=0,70). EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 93 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 21: Répartition des malades selon les tranches d’âges AGE Nombre Fréquence Fréquence cumulée < 30 ans 14 36.9% 36,9% 30-60 ans 20 52.6% 89,5% 4 10.5% 100% 38 100.0% >60 ans Total c- Selon le sexe : Notre population est caractérisée par une nette prédominance masculine. En effet parmi les 38 malades inclus dans l’étude, 4 étaient des femmes. Le sexe ratio (femme/homme) était de 1/9 (fig. n°27 et tableau n°21). Féminin 11% Féminin Masculin Masculin 89% Figure 27: Répartition des patients selon le sexe. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 94 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 d- Selon la provenance et l’origine : Soixante pour cent des patients proviennent de la région de Fès, 21% de celle de Taounate , 11% de Sefrou et 8% d’autre région (Méknes , Boulmane, Eljadida,) Par ailleurs 39% (n=15) sont d’origine rurale contre 61% (n=23) d’origine urbaine (fig. n°28). PROVINCE D'ORIGINE FES TAOUNATE 8% 11% SEFROU AUTRES 39% 21% URBAIN 61% RURAL 60% Figure 28: Répartition des patients selon leurs origines géographiques. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 95 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 1-2- Caractéristiques selon les signes fonctionnels et antécédents: a- Comorbidité chronique : Quatre patients au total avaient une comorbidité chronique: deux avaient une insuffisance cardiaque, un patient avait une insuffisance rénale terminale et un autre avait une BPCO avec un cœur pulmonaire chronique. b- Comorbidité aiguë : Trois patients avaient une comorbidité aiguë: une patiente avait une intoxication au paraphénylène-diamine (Takaout), un deuxième était en postopératoire et le troisième patient âgé de 100 ans et qui avait une insuffisance respiratoire aiguë suite à une infection pulmonaire. c- Tabagisme et alcoolisme : La notion de tabagisme chronique a été notée chez 42,2% des patients de sexe masculin (n=14), aucune femme n’était par ailleurs une fumeuse. Pour la prise d’alcool, nous avons enregistré deux cas, soit 5,3 % des patients. d- Prise récente d’AINS. Une prise récente d’AINS a été notée chez 31.6% (n=12) de l’échantillon, 42.1% (n=8) chez les patients du protocoles Q et 21,1% (n=4) chez ceux du protocole Z. (tableau n°23) e- Antécédent de pathologie ulcéreuse : La présence d’un antécédent de pathologie ulcéreuse gastroduodénale a été notée chez 26,3% des cas (n=10), 36,8% (n=7) et 15,6% (n=3) dans les groupes Q et Z respectivement. (Tableau n°23) EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 96 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Une hémorragie digestive haute dans les antécédents a été trouvée chez 21,1% (8/38) de l’ensemble de l’échantillon, 26,3% (5/19) dans le groupe Q et 15,8% (3/19) dans le groupe Z. f- Formes de présentation de l’hémorragie digestive : Comme on peut le constater à travers les données du tableau n° 22 l’association d’hématémèse avec maelena est la forme de présentation de l’hémorragie la plus fréquente avec un pourcentage de 60,5% des cas (n=23); suivie de maelena isolé dans 31,6% des cas. Tableau 22: Répartition des patients selon le mode de présentation de l’hémorragie. Nature de l’hémorragie Hématémèse + Melena Hématémèse isolée Nombre de patients (n=38) 23 2 Pourcentage 60.5% 5.3% Melena isolé 12 31.6% Réctorragies 1 2.6% 1-3- Caractéristiques cliniques et biologiques à l’admission : L’examen clinique à l’admission a été marqué par la présence d’un syndrome anémique chez 68% des patients (n=26, 16 patients dans le groupe Q et 10 patients dans le groupe Z), ainsi que la présence d’une sensibilité épigastrique chez 73% des patients (29/38) dont 16 patients du groupe Z et 13 du groupe Q. Par ailleurs le toucher rectal a objectivé la présence de maelena dans 26% des cas (n=10). EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 97 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Une instabilité hémodynamique a été retrouvée chez 21,1 % des cas, le reste des données hémodynamiques est résumé dans le tableau n°23. Le taux moyen d’hémoglobine était de 8,5 g/dl (8,7 pour le groupe Z et 8,3 pour le groupe Q), avec une Hb < à 7 retrouvée chez 34,2% (n=13) des patients étudiés, 26,3% (n=5) et 42,1% (n=8) dans les protocoles Z et Q respectivement. Le taux moyen de plaquette était de 238.000/mm, trois seulement des malades (9,1%) avaient un taux inférieur à 150.000/mm, par contre ceux ayant un chiffre de plaquettes inférieur à 50.000 ont été exclus d’emblée de l’étude. Une transfusion sanguine a été jugée nécessaire avant la réalisation de l’endoscopie chez 39,5% des patients (n=15), quatre d’entre eux (deux malades dans chaque groupe) avaient besoin d’au moins quatre culots globulaires. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 98 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 23 : Données cliniques et biologiques. Totale (n=38) OMZ (n=19) CIM (n=19) P 40,9 (±18,3) 41,9 (±14,6) 39,9 (±21,7) 0.74 NS Âge > 65 ans 4 (10,5%) 1 (5,3%) 3 (15,8%) 0,30 (NS) Sexe ratio F/H 1/9 3/16 1/18 0,30 Comorbidités 8 3 5 0,30 (NS) ATCD d’ulcère 26,3% 15,7 % 36,3% 0,26 (NS) ATCD HDH 21% 15,7 % 26,3% 0,69 (NS) AINS 36% 30% 41% 0,29 (NS) 36,8% 42% 31,6% 0,50 (NS) 10,82 (±1,5) 10,69 (±1,4) 10,95 (±1,6) 0,59 (NS) 21% (n=8) 21% (n=4) 21% (n=4) 0,65 (NS) TAD moyenne (cmhg) 6,66 (± 1,1) 6,95 (±1,2) 6,37 (±0,9) 0,10 (NS) FC moyenne 85,8 (±12,9) 85,74 (±14,2) 85,8 (±11,8) 0,99 (NS) FC > 100 bpm 13,2% (n=5) 10,5% (n=2) 15,8% (n=3) 0,50 (NS) FC > 120 bpm 7,9% (n=3) 10,5% (n=2) 5,3 (n=1) 0,50 (NS) 8,5 8,7 8,3 NS 25,1 (±9,3) 26,3% 24,3% 0,62 (NS) 65,8% (n=25) 57,9% (n=11) 73,7% (n=14) 0,25 (NS) Âge moyen (ans) Tabagisme TAS moyenne (cmhg) TAS < 10 Hb (g/dl) moyenne Hématocrite moyenne % Hb < 10g/dl ±: écart type EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 99 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 NB : les données du tableau 19 montre qu’il n y’a pas de différence significative entre les deux groupes concernant les antécédents ainsi que les données clinicobiologiques. 1-4- Aspects endoscopiques: Le délai (calculé à partir du premier épisode hémorragique) a été en moyenne de 51 heures mais avec un écart type large arrivant à 50 heures, la médiane était de 33 heures avec des extrémités allant de 6 heures à 168 heures, sachant que 50% (n=19) des malades ont bénéficié d’une FOGD dans les 24 heures. Les patients présentant seulement une maelena avaient une tendance à consulter plus tardivement que les autres, ce qui explique leur délai moyen d’endoscopie plus long que les autres : 61 heures contre 46 heures, avec un délai ≥ à 48 heures chez 50 % des patients qui avaient seulement une maelena contre 20% seulement chez ceux qui avaient des hématémèses (p=0,07). La présence du sang au cours de la première endoscopie a été notée dans 31,6 % des cas (12/38), quatre patients du groupe Z (21,1%) et huit patients du groupe Q (42,2%), le p est égale à 0,16. Quatre-vingt-deux pour cent des patients (n=32, 16 dans chaque groupe) avaient un seul ulcère, le reste des patients avaient entre 2 ulcères (n=4) et 3 ulcères (n=2). Concernant la taille moyenne de ces ulcères, elle était de 9,7 mm ± 5,5 mm, quant à la médiane elle était de 9 mm [5mm-25mm]. La répartition des ulcères selon leurs tailles est résumée dans le tableau 24 EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 100 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 TABLEAU 24: Répartition des ulcères selon leurs tailles Taille en mm Total (n=38) OMZ (n=19) CIM (n=19) [5-10] 79% (n=30) 74% (n=14) 84% (n=16) [11-20] 18,4% (n=7) 21% (n=4) 16% (n=3) 2,6% (n=1) 5% (n=1) 0% (n=0) > 20 P ≃0,5 (NS) La majorité des patients avaient un ulcère de siège antérieur soit 60,5% (n=23), le siège postérieur et le sommet viennent en deuxième position avec une fréquence égale à 15,8% (n=6) chacun. Deux patients (5,3%) avaient par ailleurs un ulcère de la base et un autre avait un ulcère étendu de la face postérieure vers le sommet (Tableau n°25). Tableau 25 : Répartition des ulcères selon le siège. Siège Total % (n) OMZ % (n) CIM % (n) P Antérieur 60,5 (23) 52,6 (10) 68,4 (13) - Sommet 15,8 (6) 15,8 (6) 15,8 (3) - Postérieur 18,4 (7) 26,3 (5) 10,5 (2) 0,20* 5,3 (2) 5,3 (1) 5,3 (1) - Base * : p comparant les deux protocoles Z et Q concernant la fréquence du siège postérieur par rapport aux autres sièges. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 101 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Sur notre échantillon, on a constaté que 50% des patients (n=19) avaient un ulcère stade IIb de Forrest, 47,4% (n=9) et 52,6% (n=10) dans le groupe Z et Q respectivement. Le stade IIc était présent dans 42,1% des cas (n=16, dix cas dans le groupe Z, et 6 cas dans le groupe Q). Les stades Ib et IIa n’étaient présents que dans 2 cas (5,3%) et 1 cas (2,6%) respectivement, tous dans le groupe Q. Par ailleurs aucun ulcère stade Ia n’a été noté dans notre échantillon (tableau n°26). Tableau 26: Répartition des ulcères selon la stadification de Forrest. Stade OMZ CIM Total % Ia 0 0 0 0 Ib 0 2 2 5% IIa 0 1 1 2,6% IIb 9 10 19 50% IIc 10 6 16 42% P ≃ 0,25 (NS) Par ailleurs, le statut HP a été précisé chez 30 patients, parmi eux 86,7% sont HP positif, 13,3% (n=4) sont HP négatifs dont trois patients n’ayant pas de prise d’AINS (10%). Une hémostase endoscopique (par injection d’adrénaline diluée 1/10000) au cours de la première endoscopie était réalisée chez trois malades, deux d’entre eux avaient un ulcère stade Ib et le troisième avaient un stade IIa. L’hémostase primaire a été obtenue chez les trois patients. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 102 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 1-5- Evolution : Au bout de trois jours, la récidive hémorragique est survenue chez six patients (15,8%), trois patients dans chaque groupe. Un patient a bénéficié d’une hémostase endoscopique réussie après la récidive. Trois patients parmi ceux qui ont récidivé ont eu recours à une chirurgie d’hémostase (après une aggravation rapide de leur état hémodynamique, ne permettant pas une deuxième tentative de traitement endoscopique) représentant ainsi 7,9% des malades inclus dans notre série (un patient a eu une suture simple et les deux autres ont eux une bi-vagotomie + pyloroplastie en plus), la suite opératoire de ces patients était simple sans complications notables et sans aucun décès. Par ailleurs, un de ces patients a récidivé après deux semaines, sachant que le malade n’a pas suivi son traitement antisécrétoire après sa sortie de l’hôpital, heureusement il a bien évolué au cours de sa deuxième hospitalisation et n’a pas eu besoin d’hémostase endoscopique, le patient a eu un traitement d’éradication d’Hp (revenue positive à l’examen anatomopathologique) et a été sensibilisé sur l’importance du traitement, un mois après le patient a été revu avec une bonne amélioration clinique et biologique. On déplore le décès de deux patients (5,3% des patients) : § Une patiente âgée de 26 ans, hospitalisé au service de réanimation suite à une intoxication au Takaout, la patiente a été mise sous protocole Z, le décès est survenu à J2 après une récidive hémorragique avec installation rapide d’un état de choc hémorragique non contrôlé. § Le deuxième patient, âgé de cent ans, a été mis sous protocole EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 103 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Q, il a gardé des maelena tout au long de son hospitalisation, son hémoglobine a chuté de plus de 2g/dl en 24 heures, cinq jours après son admission au service il est décédé. A noter que le malade avait refusé tout contrôle ou intervention endoscopique, vu son état altéré. 2- Etude analytique. 2-1 § Comparaison de l’efficacité des deux protocoles. La récidive hémorragique : Trois malades sur dix-neuf ont récidivé dans chaque groupe (15,8%) (p=0,67). (Tableau n°27) § le recours à la chirurgie : Deux patients parmi le groupe Q ont eu recours à la chirurgie (10,5%) versus un seul patient dans le groupe Z (5,3%), le p = 0,50 § le taux de mortalité : On déplore le décès de deux patients dans l’ensemble de notre échantillon, un patient dans chaque groupe (p=0,75), le taux de mortalité est de 5,3%. § les besoins transfusionnels : Les patients sous protocole Q ont eu besoin d’être transfusé dans 42,1% des cas (8/19) contre 26,3% des cas chez les malades sous protocole Z (5/19), (p=0,16). Pour les besoins transfusionnels excédant quatre culots globulaires, ils sont présentes dans 21,1% (n=4) et 10,5% (n=2) des cas dans les groupes Q et Z respectivement (p=0,32) EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 104 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 la durée d’hospitalisation : La moyenne des nombres de jours d’hospitalisation est plus longue dans le groupe Q (6,2 jours, ±4,5) par rapport au groupe Z (4,4 jours, ±3,0), avec une médiane de 5 jours [3-20] dans le premier groupe et de 3 jours [1-13] dans le second, (p=0,16). Une durée d’hospitalisation supérieure à quatre jours a été trouvée dans 57,9% (11/19) des patients du groupe Q contre 21,1% seulement (4/19) dans le groupe Z, p=0,01. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 105 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 27 : Comparaison des deux protocoles par rapport aux différents critères de jugement. Oméprazole Cimétidine Total P (N=19) (N=19) (N=38) Récidive 15,8% (3) 15,8% (3) 15,8% (6) 0,67 Chirurgie 5,3% (1) 10,5% (2) 7,9% (3) 0,50 Décès 5,3% (1) 5,3% (1) 5,3% (2) 0,75 0 [0-8] 0 [0-4] 0 [0-8] 0,54 Transfusion médiane • Médiane [extrémité] • Notion de transfusion 26,3% (5) 42,1% (8) 34,2% (13) 0,16 • Transfusion ≥ 4 CG 10,5% (2) 21,1% (4) 15,8% (6) 0,32 Durée d’hospitalisation • Moyenne par jour 4,3 (±3) 6,2 (±4,5) 5,3 (±4) 0,15 • Médiane par jour [extrémité] 3 [1-13] 5 [3-20] 3,5 [1-20] - Durée d’hospitalisation > 4 jrs 21,1% (4) 57,9% (11) 39,5% (15) EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 0,01 106 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 2-2- Facteurs influençant le pronostic : a- L’âge : Un patient parmi les quatre (25%) âgés de plus de 60 ans a récidivé contre 14,7% chez les sujets moins de soixante ans (5/32), (p=0,51). Quant à la chirurgie, elle n’a pas été influencée par l’âge vu qu’aucun sujet de plus de soixante ans n’en a bénéficié (p=0,70). b- Comorbidités aiguës et chroniques : Les patients ayant une comorbidité aiguë ont récidivé dans 67% des cas (n=2/3) versus 11,4% seulement chez les autres (n=4/35) (p=0,05). La présence d’une comorbidité aiguë a été corrélée au taux de décès (66,7% contre 0%) (p=0,004). Par contre, ni la récidive hémorragique ni les autres critères de jugement n’ont été corrélés à la présence de comorbidité chronique (p=0,59). c- Paramètres cliniques et biologiques : Les patients ayant une importante hypotension artérielle à l’admission (TAS<10cmgh) ont récidivé dans 37,5% des cas (3/8) versus 10% seulement chez les autres patients (3/30), avec un p=0,09. Bien que la tachycardie a une relation étroite avec une TAS<10cmhg (p=0,004), aucune corrélation n’a été trouvé entre celle ci et les différents critères de jugement. L’analyse statistique d’un taux d’hémoglobine à l’admission inférieur à 10g/dl n’a pas objectivé de relation significative avec les différents critères de jugement, par contre les patients ayant un taux d’hémoglobine inférieur à 7g/dl avaient une tendance a récidivé plus que les autres (30,8% contre 8% avec un p=0,08), cette tendance est moins bien établie pour le recours à la chirurgie [15,4% (2/13) contre EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 107 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 4% (1/25), p=0,26] et pour le taux de décès [15,4% Juin 2008 (2/13) contre 0% (0/25), p=0,11] d- Facteurs endoscopiques. § Taille de l’ulcère Les ulcères dont la taille est supérieure à 1 cm ont tendance à récidiver plus que les autres (50% contre 15,6% avec un p=0,08), et influence de façon significative le taux de mortalité qui y est égale à 25% (2/8) contre 0% chez les malades ayant un ulcère inférieur à 1cm, avec un p=0,04. § Siège postérieur : Ce siège est corrélé à une récidive hémorragique dans 42,9% des cas (3/7), contre 9,7% des cas (3/31) dans les autres siéges (p=0,05). Par contre la relation entre le siège postérieur avec le recours à la chirurgie ou la mortalité est moins bien établie, puisque le p est égal successivement à 0,46 et 0,33. (Tableau n°28). Tableau 28 : Caractéristiques des ulcères de la face postérieure par rapport aux autres ulcères. Siège Autres sièges postérieur réunis p Récidive 42,9% (3/7) 9,7% (3/31) *0,05 Chirurgie 14,3% (1/7) 6,5% (2/31) 0,46 Mortalité 14,3% (1/7) 3,2% (1/31) 0,33 Durée d’hospitalisation > 4 jours 57,1% (4/7) 35,5% (11/31) 0,26 Transfusion > 4 CG 42,9% (3/7) 9,7% (3/31) *0,05 • *: statistiquement significative. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 108 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive § Juin 2008 Stadification de Forrest. L’analyse statistique concernant la comparaison respective des stades Ib, Ib+IIa et IIc (par exemple) avec l’ensemble des autres stades, n’a pas révélé de différence significative entre ces différents stades, au point de vue relation avec les critères de jugement, (Tableau n°29). Tableau 29 : Comparaison des ulcères hémorragiques stade Ib et IIa avec ceux du stade IIb et IIc. Stade Ib+IIa Stade IIb+IIc p Récidive 33,3% (1/3) 14,4% (5/35) 0,41 Chirurgie 33,3% (1/3) 5,7% (2/35) 0,22 Mortalité 0% 5,7% (2/35) 0,84 Durée d’hospitalisation > 4 jours 100% (3/3) 34,3% (12/35) *0,05 Transfusion > 4 CG 33,3% (1/3) 14,4% (5/35) 0,41 * : statistiquement significative. § Présence de sang. La présence de sang à la première endoscopie a été corrélée à une récidive ultérieure dans 33,3% des cas (4/12) versus 7,7% (2/26) dans les autres cas avec un p=0,06. Les autres critères de jugement n’ont pas été influencés par cette notion. e- Relation entre les décès et la récidive : Cent pour cent des décès (2/2) sont survenus suite à une récidive hémorragique, représentant ainsi le un tiers des patients qui ont récidivé (4/6) avec un p=0,02. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 109 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Discussion EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 110 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 1- Juin 2008 Forces et limites de l’étude : 1-1 particularité de notre travail : Etude originale : Notre étude est le premier essai thérapeutique au Maroc comparant deux protocoles pharmaceutiques dans la prise en charge des ulcères hémorragiques. Etude prospective randomisée : la fiche d’exploitation remplie au fur et à mesure du recrutement des malades et la randomisation des schémas thérapeutiques, nous ont permis une évaluation correcte de l’efficacité de chaque protocole par rapport aux différents critères de jugement. Etude de terrain : l’étude s’est déroulée dans un service hospitalier dans les conditions réelles de prise en charge de tout malade. Aucun conflit d’intérêt : notre travail s’est déroulé indépendamment de tout financement ou aide extérieure. Travail de groupe : toutes les ressources humaines techniques et logistiques ont été mises en disposition pour la bonne démarche des différentes études menées en parallèle dans notre formation. 1-2 Limites : Etude monocentrique. Taille de l’échantillon : qui reste assez petite, mais nous n’avançant que les résultats préliminaires, notre étude reste ouverte pour pouvoir donner des résultats plus significatifs. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 111 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 L’étude est en simple insu : une étude en double insu était difficile a réalisé vu que les deux protocoles étaient administrés différemment et vu la limite des moyens financiers. 2- Etude descriptive : 2-1 Profil épidémiologique : La population de notre échantillon était relativement jeune avec une moyenne d’âge de 41(±18) ans, en contraste avec l’âge moyen des patients ayant une hémorragie digestive ulcéreuse dans les payés occidentaux qui se situe aux alentours de 60 ans (tableau n°2), ainsi l’étude américaine (Dennis et al) comparant des IPP (pantoprazole) avec des antiH2 dans les ulcères hémorragiques la moyenne d’âge était de 57,4 ans (±16) [227], ce chiffre rejoint l’étude japonaise (Kamada et al) [184] avec une moyenne de 61 ans et l’étude taiwanaise (Lin et al) [181] (ayant comparé l’oméprazole parentérale à la cimétidine) avec un âge moyen de 65 ans. Par contre l’étude iranienne [183] (la seule comparant de la cimétidine injectable à l’oméprazole par voie orale) a trouvé un âge moyen proche du notre, estimé à 51,5 ans (±18). Le jeune âge de notre population explique le taux faible de comorbidité (21%) contre des taux élevés qui varient de 45% à 73% dans les autres essais comparatifs des pays développés [181, 184, 227]. La deuxième grande caractéristique de notre échantillon est la nette prédominance masculine avec un sexe ratio F/H de 1/9. cette prédominance du sexe masculin rejoint les données de la littérature et confirme le tropisme de la pathologie ulcéreuse et ses complications envers le sexe masculin [20, 21, 41-43, 181, 183, 184, 227]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 112 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Un antécédent de pathologie ulcéreuse a été noté chez 26% des malades, ce taux est moins important que dans l’étude comparative chinoise (comparant l’oméprazole au placebo) où ce taux est égale à 36% [176] et dans l’étude japonaise [184] avec un taux de 45%. Concernant le taux d’antécédent d’hémorragie digestive haute qui est estimé a 21% dans notre série, il est plus important que dans les deux études iraniennes (13% et 16%) [169, 183] mais moins que l’étude chinoise avec un taux de 30% [176]. La notion de tabagisme a été trouvée chez 38% des cas, un taux similaire a été retrouvé dans l’étude iranienne sus-citée (36%), dans l’étude chinoise 31% et dans l’étude indienne (48%) [170]. Par ailleurs, un tiers de nos malades (32%) avait une notion de prise d’AINS. Un taux similaire a été retrouvé dans la plupart des études comparatives sus cités, sauf dans l’étude américaine où ce taux augment à 94% [227] et dans l’étude indienne où ce taux diminue à 9% [170]. 2-2 Comparaison des profils des deux groupes Q et Z : La randomisation de l’étude rend non indispensable la comparaison statistique des deux groupes concernant le profile descriptif. Ceci dit, la comparaison entre les deux groupes Z et Q (comme le montre les tableaux 23, 24, 25, et 26) n’a pas trouvé de différence statistiquement significative concernant les données épidémiologiques, cliniques, biologiques, et endoscopiques. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 113 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 3- Juin 2008 Etude analytique : profil évolutif Selon le protocole : 3-1 Oméprazole oral : Ø La récidive hémorragique précoce: La récidive hémorragique est estimée dans notre échantillon à 15,8% sous protocole Z. L’étude de Javid et al.[170] ayant inclus 166 patients avec hémorragie ulcéreuse (au moins stade IIb) a trouvé un taux de récidive de 7% (6/82), sous oméprazole par voie orale (40mg/12h pendant cinq jours). Dans cet essai, l’oméprazole était donné comme traitement adjuvant au traitement endoscopique. Dans l’étude de Khuroo et al. [168], le taux de récidive s’est levé à 10% chez des patients ayant le même profil que ceux de la première étude mais qui n’ont pas bénéficié de traitement endoscopique. (Tableau n°30) L’étude de Jung et al [171], ayant comparé l’oméprazole par voie orale au traitement endoscopique seul dans la prise en charge des ulcères stade IIa et IIb, a trouvé une efficacité similaire des deux procédures avec un taux de récidive hémorragique (à expression clinique) sous oméprazole seul de 14,6% (11/48). Ce taux s’élève à 22,8% si on compte en plus les récidives objectivées au contrôle endoscopique systématique après 48 heures. Tous les patients qui ont récidivé dans cette série ont eu une intervention endoscopique. L’étude randomisée en double aveugle de Kaviani et al (mené dans deux centres hospitaliers universitaires) [169] a trouvé une différence significative entre l’oméprazole par voie orale (20mg/6h pendant 5 jours) et le placebo dans la réduction du taux de récidive hémorragique (après traitement endoscopique chez les malades ayant un saignement actif ou vaisseau visible). Ce taux était de 17% sous oméprazole contre 33% sous placebo. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 114 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Par ailleurs, deux études européennes, l’une italienne menée chez 73 patients (Corragio et al) et l’autre française (Michel et al) menée chez 75 patients, ont comparé respectivement l’oméprazole oral à la ranitidine orale et à la somatostatine et le lansoprazole oral à la ranitidine orale, chez des patients avec stigmates de saignement récent (après traitement endoscopique si saignement actif). Les deux études ont trouvé un taux de récidive sous IPP oral à 21% sans différence significative avec les groupes contrôles [228]. Une méta-analyse récente [228] évaluant les IPP dans le traitement des ulcères hémorragiques, a objectivé un taux de récidive de 9,5% chez le sous-groupe de patients sous IPP par voie orale (5 essais, incluant 658 patients). Ce taux était à 24% dans le groupe contrôle avec un odd-ratio de 0,32 [0,20-0,50] en faveur des IPP oraux. Au total : Les études sus cités ont objectivé l’efficacité de l’oméprazole oral dans la réduction du taux de récidive par rapport au placebo (notamment les chez les asiatiques). Le taux de récidive dans notre étude reste proche des autres études. Ce taux varie d’un essai à un autre entre 7% et 17% selon l’utilisation ou pas du traitement endoscopique, les stades de Forrest étudiés, la population étudiée++..). A noter que la plupart de ces études ont été menées chez des patients asiatiques connus comme des bons répondeurs au traitement par IPP, vu leur faible masse de cellules pariétales par rapport aux patients occidentaux [229]. Ø Hémostase chirurgicale : Un seul patient (parmi dix-neuf) sous oméprazole par voie orale a eu besoin d’une hémostase chirurgicale représentant un taux de 5,3%. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 115 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Les deux études asiatiques [169, 170] ayant utilisé l’hémostase endoscopique à la phase initiale avaient un taux de passage à la chirurgie de 1 et 2% chez les malades sous oméprazole oral. Par contre l’étude de khuroo [168] où l’oméprazole était utilisé seul ce taux s’est levé à 7,3%. L’étude de Michel et al ont trouvé un taux de besoin d’hémostase chirurgicale dans 13% des cas, celle de Corragio et al ont trouvé un taux avoisinant 21% [178, 228], la différence reste non significative avec le groupe contrôle dans ces deux essais. (Tableau n°30) La méta-analyse sus cités (Leontiadis et al [228]) a objectivé un taux de chirurgie moins important chez le groupe IPP que chez les groupes contrôles avec un odd-ratio de 0,61 [0,48-0,78] à IC de 95%. Le sous groupe des patients sous IPP oral avait un taux de chirurgie de 6,5% avec un odd-ratio de 0,38 [0,22-0,66]. Une analyse en méta régression a trouvé que cet effet est plus marqué dans les études asiatiques que les études réalisées autre part [178, 228]. Au total, l’oméprazole par voie orale réduit significativement le besoin d’hémostase chirurgicale, cependant cet effet est plus marqué dans les pays asiatiques que les autres pays notamment occidentaux. Ø La mortalité : Une seule patiente dans le groupe Z est décédée suite à une récidive hémorragique. Le taux de mortalité dans ce groupe est ainsi de 5,3%. Malgré l’effet prouvé des antisécrétoires dans la réduction du taux de récidive hémorragique et le besoin d’hémostase chirurgicale, le taux global de mortalité reste stable et non significativement différent par rapport aux groupes contrôles. Ce taux est de 0%, 1% et 1,8% dans les études de Kaviani [169], Javid [170] et EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 116 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Khuroo respectivement [168]. Pour les deux études européennes ce taux était de 5,3% et de 12,5% dans les études de Michel et Corragio respectivement [228]. La méta-analyse de Leontiadis et al [228] a objectivé un taux de mortalité dans le sous groupe sous oméprazole orale de 2,5% contre 3,6% dans le groupe contrôle mais la différence restait non significative. Par ailleurs, la méta-analyse de Khuroo et al [177] n’a pas trouvé de différence significative de mortalité entre les groupes sous IPP et les groupes sous contrôle. Par contre, la même méta-analyse a trouvé une différence statistiquement significative dans la réduction de la mortalité lié à l’ulcère dans le groupe sous IPP avec un p=0,03 (24/1962 contre 43/1986) et un odd-ratio à 0,57 [0,35-0,96] IC à 95%. Paradoxalement le taux de décès non lié à l’ulcère était significativement en faveur des groupes contrôles : p=0,03 et un odd-ratio à 1,60 [1,06-2,41]. En résumé, les IPP n’ont pas montré d’effet sur la mortalité globale, bien qu’ils aient un effet sur la mortalité lié à l’ulcère. Encore une fois cet effet bénéfique et plus marqué dans la population asiatique. Ø La transfusion : Un besoin transfusionnel était noté chez 56% (contre 72% sous placebo), 35% (contre 73% sous placebo) et 29% (contre 71% sous placebo) dans les études de kaviani, Javid et Khuroo et al respectivement. Là aussi l’oméprazole par voie orale s’est montré efficace dans la réduction significative du besoin transfusionnel par rapport au placebo. Dans notre série, 26% des malades ont été transfusé. Ø Durée d’hospitalisation : Dans les trois études sus cité, le séjour hospitalier était plus cours sous oméprazole par voie orale avec une moyenne (en jours) de 2,6 (±1,6), 4,6 (±1,1) EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 117 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 et 4,1 (±2,2) contre respectivement 3,1(±2,2), 6 (±0,7) et 7 (±2) dans les groupes placebo. La durée moyenne dans notre série était de 4,3 (±3). (Tableau n°30) NB : l’hétérogénéité des différentes études comparatives concernant la notion de transfusion et la durée d’hospitalisation n’a pas permis la réalisation d’une méta-analyse adéquate. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 118 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 30: Comparaison des caractéristiques de base et des résultats sous oméprazole oral dans les différentes études. Nombre Dose Khuroo et al Javid et al Kaviani et al Corragio et Notre étude (Inde) (Inde) (Iran) al (Italie) (Maroc) 110/220 82/166 40mg/12h 40mg/12h 71/149 24/48 19/38 20mg/6h 40mg/12h 40mg/12h (80mg/jour) (80mg/jour) (80mg/jour) (80mg/jour) (80mg/jour) Contrôle Placebo Placebo Placebo Ranitidine Cimétidine Age (ans) 58,8 ±8 55 ±9,8 52 58 42±14 UD 88% 90% 77% *0% **100% Ia 11% 16% 8% 4% 0% Ib 18% 25% 54% 19% 0% IIa 17% 22% 38% 71% 0% IIb 64% 37% - 6% 50% Non Tous Stade I-IIa Tous Stade I-IIa ***10,9% ***7% ***12% 21% 15,8% Chirurgie ***7,3% 2% 1% 21% 5,3% Mortalité 1,8% 1% 0% 12,5% 5,3% ***2,3±1 4,6%±1,1 2,6v1,1 13±4 4,3±3 ***29,1% 35% 56% - 26,3% Ulcère étudié Traitement endoscopique Récidive Durée d’hospitalisation en jours Transfusion *= étude menée chez des patients ayant un ulcère gastrique hémorragique. **= étude menée chez des patients ayant un ulcère duodénal hémorragique. ***= statistiquement significative en faveur de l’oméprazole. UD = ulcère duodénal. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 119 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 3-2 La cimétidine injectable : Ø La récidive hémorragique précoce: Une étude espagnole (Uribarrena et al) [230] a comparé la cimétidine injectable (1200mg/ 24h) à des bolus d’oméprazole (40mg/12h) sur 282 patients ayant des ulcères hémorragiques (stades Ia-IIb) après traitement endoscopique (pour les trois premiers stades). Le taux de récidive était de 7,3% et 3,9% dans les groupes sous antiH2 et sous IPP respectivement (différence non significative). L’étude publiée en 1998 par Lin et al [181] a comparé la cimétidine injectable (1200mg/jour) à l’oméprazole parentérale chez des patients ayant reçu un traitement endoscopique initial pour des ulcères hémorragiques stades I-IIa ( Tableau n°31). Le taux de récidive sous cimétidine était de 24% (12/50) contre 4% dans le groupe sous oméprazole (p=0,004). (Tableau n°31) En 2006, l’équipe taiwanaise de Lin et al [182] a publié une deuxième étude menée chez 200 patients avec des ulcères de stades I-IIb. Cet essai a comparé la cimétidine injectable (avec une dose moindre que la première : 400mg/12h) avec deux protocoles différents d’oméprazole parentéral. Le taux de récidive était de 32,8% (22/67) dans le groupe sous cimétidine, significativement plus important que dans le groupe sous oméprazole parentérale (40mg/6h). A noter que tous les patients ayant des ulcères stades I-IIa (154/200) ont eux un traitement endoscopique initial. Le taux de récidive sous cimétidine injectable (200mg/6h) dans une étude iranienne comparative (avec l’oméprazole oral) [183] était de 50% (20/40) chez des patients ayant des ulcères duodénaux hémorragiques. Par ailleurs, L’étude menée par Stiel et al [165] dans les années quatre-vingts a trouvé une supériorité de la cimétidine injectable par rapport au placebo dans la EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 120 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 réduction du taux de récidive hémorragique chez les patients ayant un ulcère duodénal hémorragique avec stigmate de saignement récent 17,2% (5/29) contre 42,3% (11/26) avec un p<0,05. Cet effet n’a été observé que chez les patients âgés de plus de 60 ans. D’autres études (dans la même période) ont comparé la cimétidine injectable au placebo. Les résultats de ces études sont similaires aux résultats de la métaanalyse de Levine et al [167] qui a conclu à un effet minime des anti-H2 dans la réduction de la récidive hémorragique des ulcères gastriques mais sans aucun effet sur les ulcères hémorragiques duodénaux. Le taux de récidive hémorragique de notre étude (15,8%) se trouve inférieur au taux de récidive hémorragique sous anti-H2 dans la méta-analyse de Levine et al qui est de 23,9% pour les ulcères duodénaux [167]. Par ailleurs ce taux (retrouvé dans notre série) est inférieur aussi au taux de récidive hémorragique sous cimétidine injectable des études récentes [181-183] qui varie entre 24% et 50% et à leur moyenne qui est de 34,4% (54/157). Ø Hémostase chirurgicale : Les deux études de Lin et al [181, 182] ont trouvé un taux de passage à la chirurgie de 0% et 4,5% (3/67). Dans l’étude espagnole [230] ce taux est égal à 4%. Ces taux faibles de besoin d’hémostase chirurgicale pourraient être expliqués par la grande expertise dans l’endoscopie interventionnelle en cas d’hémorragie ou de récidive hémorragique dans ces centres. Quant à l’étude iranienne ce taux s’est levé à 15% [183]. Dans notre série deux malades ont eux besoin d’une hémostase chirurgicale représentant 10,5% des patients du groupe Q. Ces chiffres restent près du taux trouvé dans la méta-analyse [167] (étudiant les anti-H2 dans la prise EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 121 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 en charge des ulcères duodénaux hémorragiques) qui est égal à 15,8%, ce taux est statistiquement non différent au placebo d’après la même analyse. Ø La mortalité : Un seul patient âgé de 100 ans est décédé dans ce groupe (5,3%). Des taux similaires ont été rapportés par les différentes études. Il est de 4 et 4,5% dans les deux études de Lin et al [181, 182], de 3% dans l’étude de Uribarrena et al [230] et de 7,5 dans l’étude iranienne [183]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 122 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 31: Comparaison des caractéristiques de base et des résultats sous cimétidine injectable dans les différentes études. Nombre Uribarrena Lin 1998 Lin 2006 Khushbaten Notre étude Espagne Taiwan Taiwan Iran Maroc 151/282 Perfusion Dose Perfusion 1200mg/jr Age (ans) 50/100 67/200 400mg/12h 1200mg/jr 40/80 400mg/12h 19/38 400mg/8h (800mg/jr) (800mg/jour) (1200mg/jr) - 65 67 54 40 47% 38% 50% *100% *100% 24% 7% 7,5% 0% 18% 62% 37,5% 10% 58% 15% 12,5% 5% Ulcère étudié UD Ia Ib 27% IIa IIb 66% - 16% 30% 50% IIc - - - 12,5 35% Stade I-IIa Stade I-IIa Stade I-IIa Stade I-IIa Stade I-IIa 7,3% 24% 32% 50% 15,8% Chirurgie 4% 0% 4,5% 15% 10,5% Mortalité 3% 4% 4,5% 7,5% 5,3% Traitement endoscopique Récidive *= études menées chez des patients ayant un ulcère duodénal hémorragique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 123 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 3-3 Comparaison entre cimétidine injectable et oméprazole oral : La récidive hémorragique est estimée à 15,8% dans chacun des deux groupes de notre série (p=0,67). L’étude de Khoshbaten et al [183] a comparé la cimétidine injectable (800mg/jour) à l’oméprazole oral (40mg/jour) chez les patients ayant un ulcère duodénal hémorragique stade I-IIc. Le taux de récidive était 3 fois plus important dans le groupe cimétidine injectable que dans le groupe oméprazole oral. Ce taux était respectivement de 50% (20/40) et de 15% (6/40) (p<0,001). il faut noter que dans cette étude plus de 51% des ulcères avaient de hauts stigmates de saignement récent (stade I-IIa de Forrest) contre 7,6% seulement dans notre étude. Dans l’étude iranienne, six cas (15%) dans le groupe cimétidine contre un seul (2,5%) dans le groupe oméprazole ont eux besoin d’une hémostase chirurgicale. Dans notre série deux malades (10,5%) dans le premier groupe contre un seul (5,3%) dans le deuxième, la différence restait non significative dans les deux études (tableau n°32). Bien que les IPP ont prouvé leur efficacité dans la réduction du taux de recours à la chirurgie dans les ulcères hémorragiques par rapport au placebo, par contre la supériorité des IPP par rapport aux anti-H2 reste statistiquement non significative dans les différentes études et méta-analyses [173, 185, 228]. Les taux de mortalité sont égaux entre les deux groupes de notre série (5,3%). La notion de mortalité reste assez indépendante du traitement pharmacologique dans les différentes études et méta-analyses [168-177, 181-186, 228, 230] puisque d’autres facteurs (l’âge, comorbidités, chirurgie..) interviennent dans la survenue du décès, ce dernier n’est pas toujours lié à la récidive hémorragique [231]. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 124 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 La notion de transfusion et de durée d’hospitalisation font partis des critères de jugement des différents essais cliniques. Dans notre série et celle de Khoshbaten et al, ces deux notions étaient plus importantes dans le groupe cimétidine que dans le groupe oméprazole mais la différence n’était significative dans notre étude que pour la durée d’hospitalisation qui excède quatre jours avec un p=0,01. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 125 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Tableau 32: Comparaison entre l’oméprazole oral et la cimétidine injectable dans notre série et celle de Khoshbaten. Oméprazole Cimétidine Variables Total P oral injectable Notre série (n=38) 15,8 15,8 15,8 0,67 Khoshbaten (n=80) 15,0 50,0 35,0 0,001 Notre série 5,3 10,5 7,9 0,50 Khoshbaten 2,5 15 8,7 NS Notre série 5,3 5,3 5,3 0,75 Khoshbaten 2,5 7,5 5 0,24 Notre série 4,3 (±3) 6,2 (±4,5) 5,3(±4) 0,15 Khoshbaten 5,6 7,4 6,5 0,07 Récidive (%) Chirurgie (%) Décès (%) Durée d’hospitalisation par jours Notre série 26,3 42,1 34,2 0,16 Khoshbaten - - - - Notre série - - - - 1,68 3,58 6 0,003 Transfusion (%) Moyenne de transfusion (CG) Khoshbaten EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 126 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Au total : Après treize mois de recrutement des patients présentant des ulcères hémorragiques avec stigmates de saignement récent, trente-huit patients ont été inclus. Les résultats présentés sont préliminaires puisque l’étude reste ouverte. La comparaison entre les deux protocoles étudiés dans ce travail n’a pas révélé de différence significative concernant les différents critères de jugement, contrairement à ce qui a été montré dans l’étude iranienne de Khoshbaten et al qui a objectivé une nette supériorité de l’oméprazole oral par rapport à la cimétidine injectable, notamment dans la réduction de la récidive hémorragique. Plusieurs questions se posent devant cette situation : Ø L’oméprazole orale serait-il moins efficace chez notre population ? En effet, des méta-analyses récentes [173, 228], ont objectivé que les études menées dans des pays asiatiques ont montré une efficacité meilleur des IPP par rapport aux études menées ailleurs. En effet, deux études menées en Europe [228] n’ont pas montré de différence significative entre les IPP oraux et la ranitidine (anti-H2) injectable. Ø La cimétidine injectable serait t-il plus efficace dans notre population ? Le taux de récidive sous cimétidine injectable dans notre étude est parmi les taux les plus faibles décrites dans les études comparatives (Tableau n°31). Il faut dire que la dose utilisée dans notre étude est parmi les plus élevées. Mais cette deuxième théorie reste peu probable, puisque les études (même européenne) ayants comparé les anti-H2 au placebo ont montré une efficacité limitée dans la prise en charge des ulcères duodénaux hémorragiques. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 127 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Ø Les résultats sus décrits sont-ils influencés par le faible effectif de notre étude? A cause du manque de puissance statistique due au faible échantillon de notre étude. D’où l’intérêt de continuer notre travail à fin d’avoir une force statistique suffisante pour en sortir avec des conclusions finales plus significatives. Ø Au terme de ces résultats quel protocole préféré ? Malgré les résultats similaires obtenus entre les deux protocoles, notre préférence reste pour l’oméprazole oral pour les raisons suivantes : • Les études pharmacologiques ont montré que les IPP et notamment l’oméprazole (même oral) sont plus efficaces que les anti-H2 pour le maintien d’un Ph élevé, nécessaire pour l’obtention et la stabilisation du caillot sanguin indispensable pour l’hémostase. • Les études récentes ont objectivé la supériorité de l’oméprazole par rapport au placebo dans la prise en charge des ulcères duodénaux hémorragiques. • La facilité pour le malade d’administrer le médicament par voie orale. • Les effets secondaires, décrits dans la littérature pour les deux protocoles, sont moins marqués pour l’oméprazole que pour la cimétidine. • Le coût moins élevé d’un traitement oral par rapport à un traitement par voie Injectable. • L’analyse des résultats préliminaires de notre étude, trouve une tendance à diminuer les besoins transfusionnels et les durées d’hospitalisation longues. Ce qui pourrait suggérer que l’oméprazole oral stabilise plus efficacement et plus rapidement l’hémostase de l’hémorragie ulcéreuse et diminue ainsi le coût de la prise en charge globale. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 128 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Cependant la cimétidine injectable garde une place dans des conditions particulières de l’urgence : comme la nécessité de rester à jeun pour une éventuelle intervention endoscopique ou chirurgicale, la présence d’une éventuelle sonde gastrique, la disponibilité du traitement injectable dans les différents services d’urgence…. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 129 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Conclusion EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 130 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 L’hémorragie digestive haute reste une complication assez fréquente de la pathologie ulcéreuse gastroduodénale, elle demeure une cause importante de morbidité et de mortalité. Le taux de récidive hémorragique, après un arrêt spontané, est entre 12 à 30%. La perfusion d’IPP à forte dose est actuellement recommandée dans la prise en charge de la phase aiguë des ulcères hémorragiques, or ce traitement reste encore cher dans notre pays et difficilement accessible, les médicaments les plus utilisés dans cette indication sont les IPP oraux voire les anti-H2 injectables. Les études comparant l’Oméprazole oral avec les anti-H2 ou placebo ont donné des résultats controversés. D’autres études sont nécessaires pour confirmer sa place dans le traitement des hémorragies digestives ulcéreuses. A travers cet essai prospectif randomisé, mené sur une période de treize mois et incluant trente-huit patients, nous avons comparé l’oméprazole oral (protocole Z: 80mg/jour en deux prises) à la cimétidine injectable (protocole Q:1200mg/jour en trois prises) dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques avec stigmates de saignement récent (stade I et II de Forrest). Les résultats préliminaires ont révélé que : § Notre population étudiée se caractérise par une moyenne d’age de 41 ans, avec une nette prédominance masculine. § Les deux groupes sont comparables concernant les données cliniques biologiques et endoscopiques. § Il n y’a pas de différence significative entre les deux protocoles concernant la récidive hémorragique, le recours à la chirurgie et la mortalité. Par contre, les besoins transfusionnels avaient EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès une 131 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 tendance à être plus importante chez les patients sous protocoles Q (42,1 Vs 26,3% ; p=0,16). § La présence d’une comorbidité aiguë, un ulcère de grande taille et la localisation postérieure, sont des facteurs prédictifs de récidive. La question concernant l’efficacité des IPP oraux et des anti-H2 injectables reste ouverte et nécessite d’inclure d’avantage de patients. Perspective : A la lumière des résultats de cette étude, plusieurs propositions peuvent être envisagées : § Continuer l’étude prospective. § Réaliser une étude multicentrique permettant d’avoir plus d’effectif et donc une plus forte puissance statistique. § Réaliser une étude comparative entre l’oméprazole oral et injectable. § Ajouter un troisième bras incluant : o Un IPP injectable. o Un autre anti-H2. o Une association IPP-anti-H2. § Evaluer de façon comparative deux anti-sécrétoires en mesurant le pH intragastrique de 24h. § Réaliser une étude comparant deux doses différentes d’un même antisécrétoire. § Les études de pharmacogénétique ont objectivé des différences interethniques de la biodisponibilité et de pharmacocinétique des antisécrétoires. Une étude EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 132 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 pareille serait intéressante chez notre population, mais difficile à réaliser dans notre contexte. § Evaluer la place d’une deuxième tentative de traitement endoscopique dans la prise en charge de la récidive hémorragique. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 133 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Résumé EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 134 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive L’hémorragie ulcéreuse cesse spontanément chez Juin 2008 80% des patients, cependant une récidive hémorragique survient chez 12% à 30% des patients. L’efficacité des antisécrétoires à hautes doses a été prouvée par plusieurs études. Le but du travail était de comparer un anti-H2 injectable à un IPP par voie orale, dans la réduction du taux de récidive, chez les patients ayants un ulcère bulbaire hémorragique à risque endoscopique de récidive (stade I et II de Forrest). Notre étude a été réalisée sur une période de 13 mois, nous avons recruté 38 patients randomisés en deux groupes. Le premier (19 patients) a été mis sous cimétidine injectable 1200mg /24h à raison de 400mg en IV /8h, le deuxième groupe (19 patients) sous oméprazole par voie orale 80mg/24h à raison de 40mg/12h. Le traitement pharmacologique a été administré seul dans les ulcères stades IIb et IIc de Forrest. Par contre les ulcères stades I et IIa ont bénéficié d’une intervention endoscopique associée au traitement médical. L’âge moyen de nos patients était de 41 ans, avec une nette prédominance masculine 9H/1F. La prise d’AINS était trouvé dans 31% des cas. Le taux de récidive était de 15% (6/38), trois patients dans chaque groupe (p=0,67). Par ailleurs, trois patients ont eu une hémostase chirurgicale (2 sous cimétidine, et 1 sous oméprazole) (p=0,50). On déplore le décès de deux patients (5%), un dans chaque groupe (p=0,75). Seul une durée d’hospitalisation excédant 4 jours était plus importante dans le groupe cimétidine (p=0,01). Les résultats préliminaires n’ont pas révélé de différence dans l’efficacité thérapeutique des deux protocoles dans la réduction du taux de récidive, de chirurgie d’hémostase et de mortalité. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 135 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Abstract Bleeding peptic ulcer stops spontaneously in 80% cases. However, rebleeding may occur at 12% to 30% of patients. The effectiveness of high doses of antisecretory was proved by several studies. The aim of our study was to compare an intravenous H2-receptor antagonist (H2-RA) to an oral PPI, in the reduction of rebleeding rate at patients having duodenal ulcer with stigmata of recent bleeding (Forrest I & II). Our study was realized in a period of 13 months. Thirty-eight patients were randomly assigned to two equal groups; one was treated with intravenous cimetidine (1200mg per day) and the other, with oral omeprazole (80mg per day). Patients with high risk of stigmata of bleeding (Forrest I and IIa) were treated with endoscopic injection of diluted epinephrine. The mean age of our patients was 41 years with clear men predominance 9M/1F. The NSAIDs taking was found in 31% cases. The rebleeding rate was 15% (6/38), three patients in each group (p=0.67). Surgical interventions were needed for three patients (two under cimetidine and one under omeprazole (p=0.50). While two patients died (5%) one in each group (p=0.75). The only significant difference was noted in the duration of hospitalization which exceeded four days with 21,4% and 57,9% at patients of groups omeprazole and cimetidine respectively (p=0,01). The preliminary report of our study didn’t show a difference in therapy effectiveness of the two protocols in decreasing the rates of rebleeding, surgery intervention and mortality. EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 136 Juin 2008 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive ﻣﻠﺨﺺ ﯾﺘﻮﻗﻒ ﻧﺰﯾﻒ اﻟﻘﺮﺣﺔ اﻟﻤﻌﺪﯾﺔ اﻟﻌﻔﺠﯿﺔ ﺗﻠﻘﺎﺋﯿﺎ ﻓﻲ 80 %ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,ﺑﯿﺪ أن ﺗﻜﺮار ﺣﺪوث اﻟﻨﺰﯾﻒ ﯾﺴﺠﻞ ﻋﻨﺪ 12%إﻟﻰ 30 %ﻣﻦ اﻟﻤﺮﺿﻰ .و ﻗﺪ أﻇﮭﺮت اﻟﻌﺪﯾﺪ ﻣﻦ اﻟﺪراﺳﺎت ﻓﻌﺎﻟﯿﺔ ﻣﻀﺎدات اﻻﻓﺮازات ﺑﺠﺮﻋﺎت ﻋﺎﻟﯿﺔ. اﻟﮭﺪف ﻣﻦ ھﺬا اﻟﻌﻤﻞ ھﻮ اﻟﻤﻘﺎرﻧﺔ ﺑﯿﻦ ﻣﻀﺎدات اﻟﮭﯿﺴﺘﺎﻣﯿﻦ 2-ﻋﻦ ﻃﺮﯾﻖ اﻟﺤﻘﻦ ﺑﻤﺜﺒﻄﺎت ﻣﻀﺨﺎت اﻟﺒﺮوﺗﻮﻧﺎت ﻋﻦ ﻃﺮﯾﻖ اﻟﻔﻢ ,ﻓﻲ ﺧﻔﺾ ﻧﺴﺒﺔ ﺣﺪوث ﻧﻜﺴﺔ ﻋﻨﺪ اﻟﻤﺮﺿﻰ ذوي ﻧﺰﯾﻒ ﻗﺮﺣﻲ ﻋﻔﺠﻲ, اﻟﻤﺮﺣﻠﺔ اﻷوﻟﻰ و اﻟﺜﺎﻧﯿﺔ ﻣﻦ ﺗﺼﻨﯿﻒ ''ﻓﻮرﯾﺴﺖ''. وﻟﻘﺪ أﺟﺮﯾﺖ ھﺬه اﻟﺪراﺳﺔ ﻋﻠﻰ ﻣﺪى 13ﺷﮭﺮا ,ﻗﻤﻨﺎ ﺧﻼﻟﮭﺎ ﺑﺘﻌﯿﯿﻦ 13ﻣﺮﯾﻀﺎ ,ﻣﻮزﻋﯿﻦ ﻋﺸﻮاﺋﯿﺎ ﻋﻠﻰ ﻣﺠﻤﻮﻋﺘﺎن .وﺿﻌﺖ اﻟﻤﺠﻤﻮﻋﺔ اﻷوﻟﻰ ﺗﺤﺖ ﺣﻘﻦ ''ﺳﯿﻤﯿﺘﯿﺪﯾﻦ'' 1200ﻣﻠﻐﻢ ﯾﻮﻣﯿﺎ ,ﺑﯿﻨﻤﺎ أﺧﺬت اﻟﻤﺠﻤﻮﻋﺔ اﻟﺜﺎﻧﯿﺔ دواء أﻣﺒﺮازول ﻋﻦ ﻃﺮﯾﻖ اﻟﻔﻢ 40 :ﻣﻠﻐﻢ ﻣﺮﺗﯿﻦ ﻓﻲ اﻟﯿﻮم .وﺣﺪھﺎ اﻟﻘﺮﺣﺎت اﻟﻨﺰﯾﻔﯿﺔ اﻟﻌﻔﺠﯿﺔ ذات ﻣﺮاﺣﻞ Iو IIب ﻣﻦ ﺗﺼﻨﯿﻒ ''ﻓﻮرﯾﺴﺖ'' اﺳﺘﻔﺎدت ﻣﻦ اﻹرﻗﺎء اﻟﻤﻨﻈﺎري اﻟﺪاﺧﻠﻲ. ﯾﺒﻠﻎ ﻣﺘﻮﺳﻂ اﻟﻌﻤﺮ ﻟﺬا ﻣﺮﺿﺎﻧﺎ 41ﻋﺎﻣﺎ ,ﺣﯿﺚ ﯾﻤﺜﻞ اﻟﺮﺟﺎل 90%ﻣﻦ ﻣﺠﻤﻮع اﻟﺤﺎﻻت ,و ﻗﺪ ﺳﺠﻠﺖ ﺣﺎﻻت ﺗﻨﺎول ﻣﻀﺎدات اﻻﻟﺘﮭﺎﺑﺎت ﻋﻨﺪ 31%ﻣﻦ اﻟﻤﺮﺿﻰ. ﻛﺎن ﻣﻌﺪل اﻟﻨﻜﺴﺔ ,(38/6) 15%ﺛﻼث ﺣﺎﻻت ﻓﻲ ﻛﻞ ﻣﺠﻤﻮﻋﺔ .و ﻗﺪ ﺗﻢ اﻟﻠﺠﻮء إﻟﻰ اﻟﺘﺪﺧﻞ اﻟﺠﺮاﺣﻲ ﻋﻨﺪ ﺛﻼث ﺣﺎﻻت ,اﺛﻨﺎن ﻓﻲ اﻟﻤﺠﻤﻮﻋﺔ اﻷوﻟﻰ و ﻣﺮﯾﺾ واﺣﺪ ﻓﻲ اﻟﻤﺠﻤﻮﻋﺔ اﻟﺜﺎﻧﯿﺔ .ﺑﯿﻨﻤﺎ ﻧـﺄﺳﻒ إﻟﻰ ﺣﺎﻟﺘﻲ وﻓﺎة ) ,(%5ﻣﺮﯾﺾ واﺣﺪ ﻓﻲ ﻛﻞ ﻣﺠﻤﻮﻋﺔ. ﻟﻢ ﺗﻜﺸﻒ اﻟﻨﺘﺎﺋﺞ اﻷوﻟﯿﺔ ﻟﺪراﺳﺘﻨﺎ ﻋﻦ ﻓﻮارق ذات دﻻﻻت إﺣﺼﺎﺋﯿﺔ ﺑﯿﻦ اﻟﺒﺮوﺗﻮﻛﻮﻟﯿﻦ ﻓﻲ ﺧﻔﺾ ﻣﻌﺪل اﻟﻨﻜﺴﺔ ,اﻟﺘﺪﺧﻞ اﻟﺠﺮاﺣﻲ و ﻧﺴﺒﺔ اﻟﻮﻓﯿﺎت. 137 EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive Juin 2008 Références EL MEKKAOUI Amine. Service d’Hépato-Gastroentérologie. CHU Hassan II. Fès 138 Oméprazole oral versus cimétidine injectable dans la prise en charge des ulcères bulbaires hémorragiques à risque de récidive 1. Juin 2008 D.Pospai, I.S., M,Mignon, Maladie ulcéreuse duodénale et gastrique non compliqué. Traité de gastroentérologie 2eme édition, 2005: p. 330. 2. Kalyanakrishnan R, a.R.S., Peptic Ulcer Disease. American Family Physician, 2007. 76, 7: p. 76:1005-12. 3. Kawano, S. and H.Y. Fu, [Epidemiology of peptic ulcer disease in the aged in Japan] résumé. Nippon Rinsho, 2002. 60(8): p. 1490-8. 4. Kurata, J.H. and A.N. Nogawa, Meta-analysis of risk factors for peptic ulcer. Nonsteroidal antiinflammatory drugs, Helicobacter pylori, and smoking. J Clin Gastroenterol, 1997. 24(1): p. 2-17. 5. 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