ziva-music-al-tabar - Concerts et Spectacles à PAU

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ziva-music-al-tabar - Concerts et Spectacles à PAU
INTERVIEW
AL TARBA
Beatmaking Et Série B
Al’Tarba vous connaissez ? Beatmaker toulousain surdoué, MC au sein de la Droogz
Brigade, passionné par le cinéma de série B et le son, il a sorti son premier album
« Rap, Ultraviolins and Beatmaking » en 2007 à 21 ans, suivi deux ans plus tard par
« Blood Out Connections », puis en 2011 par « Lullabies For Insomniacs », une
compilation de titres Abstract Hip-Hop qu’il propose en téléchargement gratuit sur le
web et qui lui a permis d’atteindre un large public tout en gardant sa fameuse patte à
la prod’. Profitant de son passage au Toi-Toi de Villeurbanne avec son complice DJ
Nix’on, ZYVA est allé à sa rencontre pour un petit taillage de bavette juste avant les
balances.
Al Tarba : (alors qu’il prend une clope dans le paquet de Dj Nix’on) Déjà je vais t’en
taxer, j’irai m’en acheter tout à l’heure. Parce que là, je te préviens, je vais fumer
comme un narvalo (ça veut dire « fou » en romani, ndlr) avec le stress !
ZYVA : Stress avant le concert ?
A.T. : Ah ouais… J’suis super sujet au stress (rires) !
Z. : Ça fait longtemps que tu tournes ?
A.T. : Dès le début, c’était tous les deux qu’on tournait, et là ça fait pas très
longtemps… Ça fait… 5 mois ?
DJ Nix’on : Depuis le Batofar. C’est quand ?
A.T. : Ouais, c’est depuis le début de l’été dernier.
Z. : Pourtant ça fait longtemps que t’es dans le milieu…
A.T. : Ouais, mais tu vois, avant je faisais pas de live. Je faisais mes productions
chez moi et puis…
Z. : Même avec la Droogz Brigade tu ne faisais pas de live ?
A.T. : Ah, si ! Mais c’était du live où je chantais. À la limite, chanter ça me faisait
moins flipper que là, où en appuyant sur un bouton, tu peux faire en sorte que tout
s’arrête. Quand tu chantes, t’es là : «Ouais, bon » … Tu t’en bats les couilles. Je
stressais déjà, mais moins.
Z. : Y a une appréhension aussi par rapport au fait que tu joues tes sons et que
tu es peut-être plus jugé par rapport à ça ?
A.T. : Ça compte aussi. Mais moi ce qui me fait surtout flipper c’est de faire des
pains monumentaux (rires) ! Ça nous arrive. Mais en général on rattrape bien le truc
parce qu’on est de bonne humeur et les gens le prennent bien. (Se tournant vers DJ
Nix’on) Encore que sur le dernier, on n’a pas fait de pains…
DJ N. : Nan mais après il y a « pains » et « pains ». Il y a des pains que le public ne
voit pas forcément, mais toi tu le sais parce que c’était pas ce que t’avais prévu.
C’est des pains qui passent.
Z. : Dans le pire des cas, tu craches un coup dans le micro histoire de dire…
A.T. : Ouais ouais ! La dernière fois j’lui ai carrément pris le micro et j’ai fait : « Bon,
j’ai chié mon enchaînement alors vous allez faire du bruiiiit » ! Bien rattrapé (rires) !
Z. : Pour en revenir à tes débuts, j’ai lu dans une interview que ton grand-père
était collectionneur de vinyles, que ton père en avait pas mal aussi, de musique
Punk. T’as baigné tout petit là dedans…
A.T. : Ouais ! En fait, c’est mes parents qui m’ont acheté mon premier skeud de Rap.
C’était «Authentik» de NTM, et «Métèque Et Mat» d’Akhenaton. C’est eux qui m’ont
acheté les deux premiers. Mais très jeune ils m’ont mis à la musique. Ils m’ont mis au
violon ! À l’époque, je les haïssais… J’avais envie d’aller faire du skate avec mes
potes dehors. Mais maintenant je les remercie quand même. Ils m’ont vraiment fait
écouter pas mal de zic. Mon père c’était plus Rock, genre les Clash, Ian Dury, les
trucs comme ça, et ma mère elle écoutait un peu de tout, dont Brassens justement,
dont j’ai samplé un titre pour un son. Ce morceau, je l’écoutais beaucoup avec ma
daronne en voiture quand j’étais petit… Donc c’est comme ça que j’y repense.
Z. : Mais ils étaient branchés Hip-Hop tes parents ?
A.T. : Ben écoute, on va dire les grands classiques de leur époque. C’est à dire NTM
et IAM. MC Solaar aussi. Je dirais pas que ça allait plus loin.
Z. : C’est déjà pas mal… Surtout NTM, qui n’avait pas une super réputation à
l’époque…
DJ N. : Chez les parents, non pas trop.
A.T. : Non, mes parents ça va. Ils m’ont offert « Authentik » un Noël. Je me souviens
que j’ai râlé parce que c’était pas celui là que je voulais(rires) ! Quel petit con quoi !
J’avais autour de 10, 11 ans… Assez proche de l’adolescence pour être un petit con
et râler (rires) !
Z. : Et la collection de vinyles de ton grand-père ?
A.T. : Il avait un pote qui passait son temps à acheter des vinyles sur des listes en
fait. Je sais pas trop ce que c’était… Il habitait à Perpignan et il avait cette grande
collection. Quand j’ai perdu mon grand-père, j’ai eu le droit d’aller dans cette pièce et
d’écouter un peu tous les trucs. Du coup, souvent, quand j’allais voir ma grand-mère,
je repartais avec des caisses de vinyles. Il avait plein de choses ! Il avait des vieux
imports japonais de Jazz des années 70, où c’est écrit qu’en japonais. Il écoutait
beaucoup de Reggae aussi, genre U-Roy, des trucs comme ça…
Z. : Ouais, donc quand même un bon environnement musical.
A.T. : C’est sûr que ça aide !
Z. : Et t’as tapé dans sa collection pour faire des beats ?
A.T. : Ouais, tu peux entendre pas mal de samples. Je saurais pas comme ça te
ressortir lesquels. En même temps, je suis un peu ingrat moi. Je sample les trucs et
après je les oublie (rires). Si, il y a I Hear You! Tu verras, dedans y a un piano un peu
jazzy qui est tout au long de la chanson et qui vient justement d’un des vinyles de
mon grand-père.
Z. : Pour continuer un peu sur tes débuts, tes premiers projets musicaux ça
commençait plutôt par le Punk je crois…
A.T. : Au tout tout début, j’ai commencé par le Rap. En fait, j’avais un groupe de Rap
quand j’étais en primaire. Mais je sais pas si on peut appeler ça un groupe ou un
dossier (rires)... Et après ouais je suis venu plus au Punk. D’abord j’ai commencé par
le Punk un peu plus classique, les Clash, les Sex Pistols, les Damned, les New-York
Dolls, les Ramones… Et après, plus par rapport à mon style de vie parce que je
faisais beaucoup de skate et de roller en fait à l’époque. On avait un skate park en
intérieur qui s’appelait Matos Skate Park, à Toulouse, qui était un immense hangar
où je passais tous mes week-ends. Et ils passaient du son Punk Rock. Et le Punk
Rock, peut-être pas les punks à crêtes, mais des groupes qui sont arrivés après
genre Millencolin, Rancid, No FX, des trucs plus californiens, ça se retrouvait pas mal
dans les vidéos de skate.
«En fait, j’avais un groupe de Rap quand j’étais en primaire. Mais je sais pas si
on peut appeler ça un groupe ou un dossier...»
Z. : Comment t’es revenu au Hip-Hop après ?
A.T : En fait, j’avais un groupe de Punk à l’époque, qui s’est séparé, et moi tu vois ça
me manquait. J’avais envie de continuer à faire de la musique. Et là, j’ai un pote qui
me dit : « Ouais, mais tu sais, avec ton ordi tu peux choper ce logiciel- qui s’appelait
Acid Pro- tu peux le télécharger sur internet, tu peux t’amuser à encastrer des
boucles, tout ça…» . Et à côté de ça, il y avait un mec avec qui je traînais qui écoutait
beaucoup de Rap, des trucs genre Necro, Non-Phixion, le Wu Tang… Moi je
connaissais que le Rap français, le Rap américain j’y connaissais quasiment que
dalle, à part les Roots. Mes parents les écoutaient beaucoup. Donc il m’a fait écouter
ces groupes, et direct, ça m’a donné envie de faire ça ! Necro, Jedi Mind Tricks, tous
ces trucs là… Je me souviens, à l’époque, on les chopait sur Soulseek. T’avais les
sons, et à chaque fois qu’il y en avait un nouveau qui arrivait, on était là «
waaaaaaaaaah » !
DJ N. : Soulseek c’est un peu La Mecque des mecs qui voulaient télécharger
uniquement de la musique à l’époque. C’était vraiment la mine d’or. Même pour les
samples, y avait beaucoup de gens qui téléchargeaient des vieilles B.O, des vieux
sons… Mais ça existe encore.
A.T. : Le principe c’est que tu peux parler avec les gens, aller sur leur dossier de
partage… C’est comme un chat, en fait, t’as des forums de discussions par thème, et
dans ce chat, tu peux parler aux gens, demander : « Est-ce que vous avez le dernier
? Est-ce que quelqu’un à ça ? » . Le principe c’est que tu peux télécharger autant
que tu partages.
Z. : Et le Punk, t’as pas arrêté parce que tu trouvais ça trop limité musicalement
?
A.T. : Ah non, pas du tout. Le groupe s’est arrêté, et puis après je me suis retrouvé
dans un groupe de Hardcore qui s’appelait Fat Society . Je jouais de la basse, mais
j’étais pas un très bon bassiste. Donc au bout d’un moment ils m’ont dit : « Bon, on
t’aime bien mais… » (rires). Et en plus les répét’ c’était le dimanche matin, tu vois…
Alors c’était un peu compliqué. Mais sinon je kifferais rejouer du Punk ! Après c’est
plus compliqué parce qu’il faut vraiment plus de motiv’ encore, faut se réunir dans
des salles de répét’… Mais j’ai jamais été un super bon musicien. La guitare je
faisais trois accords, le piano je sais pas en jouer du tout… Je suis plus un
bidouilleur.
Z. : Sur « Lullabies » t’as fait un morceau un peu de fusion, Do It…
A.T. : Ouais ! A l’époque, je faisais des DJ sets on va dire, mais vite fait, et il y avait
une soirée Hardcore où Disturb, un groupe de Marseille, m’avait invité. Et ils
m’avaient dit : « Ouais ce serait bien qu’entre les groupes tu passes des sons ». Et
ils m’avaient demandé de leur faire deux remix d’un de leurs sons. Et donc celui
qu’on entend, Do It, c’est un de ceux-là.
Z. : Et t’aimerais bien faire un gros album comme ça de fusion Rap-Punk ?
A.T. : Ben là c’était plus Fusion Rap-Hardcore, parce que je trouve que le Punk se
mélange moins bien avec le Rap. Le Hardcore encore ça se groove, tu vois. Comme
le Métal. Mais le Punk je me verrais pas trop le sampler.
Z. : Tu parles souvent du son qui doit être « sale » . Et quand tu jouais avec la
Droogz Brigade, tu avais fait un parallèle entre le Rap et Orange Mécanique. En
fait vous utilisiez des textes et des sons violents pour dénoncer la violence, un
peu comme ce que fait Kubrick dans Orange Mécanique…
A.T. : Je sais pas si ça serait pour la dénoncer, mais pour la montrer en tout cas. Je
considère que c’est pas forcément de l’apologie de parler de choses violentes. C’est
comme les films d’horreur. Souvent y a un discours plus sociologique derrière. Pas
pour tous. Mais la violence, et la poésie qu’il peut y avoir autour, me dérangent pas
forcément si c’est fait intelligemment. Ce que je voulais dire, c’est que plus que de la
dénoncer, on prônait pas la violence et on essayait pas de faire les violents. Y a des
trucs poétiques qui sont super violents. Je dirais pas non plus qu’on fait de la poésie,
j’aurais pas cette prétention, mais c’est un peu dans cette idée l’utilisation d’images
un peu crades, un peu violentes.
«Il y a des trucs poétiques qui sont super violents. Je dirais pas non plus qu’on
fait de la poésie, j’aurais pas cette prétention, mais c’est un peu dans cette idée
l’utilisation d’images un peu crades, un peu violentes»
Z. : Est-ce que tu composes de la même manière un morceau de Rap à la
Droogz Brigade, où tu sais que des gens vont poser des paroles dessus, qu’un
morceau à la «Lullabies» où l’émotion ne passera pas par le texte ?
A.T. : Sur «Lullabies», tous les sons ont été un peu faits selon des humeurs
différentes. Tu peux passer d’un son joyeux à un truc super dépressif. Puis c’est là,
vraiment, où je peux m’exprimer rien que par la musique. J’essaye quand même de
faire en sorte que la base ce soit de l’ambiance, qu’il y ait des ambiances posées,
plutôt que de faire des trucs patate, que patate. Mais c’est vrai qu’au final, je pense
qu’on compose pas de la même manière un morceau Abstract et un morceau HipHop, même si au final les deux partent un peu dans le même sens. Des beats
comme ceux de Necro… Je trouve que c’est un des meilleurs beatmakers, il va pas
composer ses sons de la même manière que, par exemple, DJ Shadow. Ça te
permet plus de choses un peu bizarroïdes, dans des évolutions Electro…
Z. : Et c’était quoi ton envie de départ pour «Lullabies» ?
A.T. : Je voulais m’y mettre. En fait, au début, j’étais un petit con, et j’avais un pote
qui me faisait écouter beaucoup d’Abstract. Et moi j’écoutais pas bien, c’était des
trucs genre Bonobo, et je disais que j’aimais pas, tu vois. J’avais envie qu’il y ait des
rappeurs dessus (rires) ! J’étais là : « Ouais, c’est d’la musique de bobo, bla bla… ».
J’étais con. Et au final, je me suis rendu compte qu’en fait, c’est ce que j’avais envie
de faire. Il y en avait un peu des prémices dans les autres albums. Deux, trois
morceaux comme ça…
Z. : Ouais, j’ai réécouté « Blood Out Connections » avant l’interview, et je
trouvais que « Lullabies » était plus ou moins une continuité…
A.T : Ouais, c’est ça ! C’est la continuité. L’album se terminait sur un morceau qui
était vraiment Abstract, qui s’appelait Dead End je crois, et je me disais qu’en fait la
fin de ce morceau serait le début de l’album suivant. Je savais déjà que je voulais
partir dans un truc un peu comme ça.
Z. : Et quand tu as comme ça plein de morceaux très différents, qui partent
dans tous les sens, comment tu fais pour équilibrer le tout et faire en sorte que
ce soit cohérent ?
A.T. : Ben en fait j’en enlevais. Si tu veux, à la base, sur «Lullabies», tous les
morceaux n’étaient pas destinés à être un album. J’étais parti sur un délire où
chaque semaine, je faisais un nouveau son, et si les gens le partageaient, faisaient
tourner la page Facebook, et ben je faisais un nouveau son qui correspondait à
l’humeur. Et au bout de quelques mois, je me suis retrouvé avec une sélection de
sons, et après j’en ai enlevé certains, j’ai changé l’ordre… Mais au final, ils étaient
tous liés, vu qu’ils correspondaient à une période assez retranchée de ma vie.
Z. : Du coup tu vas le sortir en physique ?
A.T. : Ouais. C’est pas encore sûr à 100 % , il y a encore des petits trucs à régler,
mais normalement ça va se faire ouais. En fait, ce serait un double vinyle avec une
grande illustration dessus, puis des dessins à l’intérieur. Enfin, tu verras, je laisse la
surprise.
Z. : Tu vas le retravailler ?
A.T. : En fait, il y aura double vinyle avec les morceaux de «Lullabies» : un disque
avec les mêmes morceaux, et un disque avec des inédits et des morceaux qui sont
sortis entre temps.
DJ N. : La pochette est énorme. C’est un mec qui s’appelle Gutter qui l’a faite. C’est
un triptyque que tu déplieras en fait, et ça fera un dessin unique. Personnellement,
rien que pour la pochette, je l’aurais acheté. Sans écouter ! Ce dessin est juste
énorme.
A.T. : Ah ouais, tu verras ! Il s’est pas foutu de ma gueule, putain !
Z. : Vous allez bosser un clip à côté pour accompagner ?
A.T. : Non. Ce qu’on va bosser avec Nico par contre, c’est une mixtape, sur le label
d’un pote, qui regroupe toutes les collaborations que j’ai faites ces dernières années
sur divers albums de Rap, à droite à gauche, et lui en fait il les mixera entre les
morceaux. La mixtape s’appelera «Breaking Tracks», et donc tu vas nous voir
habillés comme les mecs de Breaking Bad, comme si on fabriquait de la méth’ , sauf
qu’en fait on prépare du son, et là y aura justement un teaser avec le délire
« Caravane dans les bois et scientifique du mal » . ça va être marrant(rires) !
Z. : Comme t’es vachement branché ciné et que tes sons posent une ambiance,
je trouvais que la vidéo pouvait apporter un petit quelque chose en plus. Y a
qu’à voir avec le clip que le mec t’a fait pour « Mushroom Burgerz » (un fan a
fait un petit clip du titre en mixant des images de cartoons américains des
années 30, ndlr) !
A.T. : Ouais ! Il a trippé, hein ? Franchement, il était cool le mec parce que j’ai reçu
un message sur ma boite mail : « Ouais, j’ai fait ça et tout, dis moi si ça te plaît ».
Alors j’ai dit merci ! C’est marrant, il a retrouvé des images de trompette, tu vois le
gars qui vole dans les airs… Y a une image, quand tu vois la femme et Popeye, qui
correspond aux sons que j’ai samplés, mais sinon tout le reste ça a rien à voir avec
mes sons. Genre, quand tu vois le petit bonhomme se faire envoler par les
trompettes, le son c’est des trompettes d’un truc mexicain !
DJ N. : Il a vraiment trouvé des bons trucs !
Z. : Tu parles souvent aussi des musiques de films de série B italienne dans
tes interviews. Comment t’expliques qu’il y ait eu d’aussi bons sons pour des
films qui étaient, entre guillemets, d’un «sous genre» ? Par exemple, sur
«L’oiseau Au Plumage De Cristal », c’est Ennio Morricone qui a fait la musique,
pour «Suspiria » c’est les Goblins… C’est vraiment des purs sons…
A.T. : Je pense que c’était un genre qui s’autorisait plus de choses barrées en fait.
Surtout en Italie. Je sais pas pourquoi, mais ils avaient à l’époque un cinéma qui, par
rapport à un certain cinéma classique, pouvait partir dans des trucs complètement
déjantés, de violence, de cul… totalement immoral, et qui du coup permettait au
niveau de la musique de foutre des synthés bizarres, avec un clavecin. Mélanger des
instruments classiques, comme le piano, avec des synthés… Et ça s’entend ! Ça fait
kitsch ! Mais il y a un univers qui est développé que d’autres, pour des films de plus
grand standing, ne se seraient pas permis. Sauf Ennio Morricone. Mais après, je
mettrais pas les Goblins et Ennio Morricone dans le même panier non plus…
Z. : Non, mais c’était juste pour dire qu’il y avait de la bonne musique. Et ça a
été vachement récupéré dans le Rap. Cage, la musique de Suspiria, il l’a
récupérée pour un son par exemple.
A.T. : Ouais, Necro aussi il l’a récupérée. Elle a quelque chose cette musique. Ce
mélange avec les clochettes et une espèce de voix d’outre-tombe, et une espèce de
cithare… Le mélange improbable ! C’est un truc qui m’a toujours fasciné dans ces
B.O là…
DJ N. : Mais c’est typiquement italien je pense. C’est comme les films spaghettis…
Ce délire mi-western, mi-n’importe quoi, avec des musiques complètement barrées…
Et je crois que c’est spécifique à une époque en Italie.
A.T. : Les années 70, c’est clair. Les Lucio Fulci, les Dario Argento, les westerns
spaghettis… T’avais tout le temps des musiques barrées. Cannibal Ferox, la
musique elle est complètement véner’ ! Sur Cannibal Holocaust, la musique est
complètement chtarbée…
Z. : C’est italien Cannibal Holocaust ?
A.T. : Ouais ! J’ai vu plein d’interviews du mec qui l’a réalisé, mais je me souviens
plus de son blaze. C’est marrant parce qu’il avait dû prouver que les acteurs étaient
encore en vie après le film (rires) !
Z. : Faut dire que le film…
A.T. : Ah ouais, sacrément dégueulasse ! Pour le coup, moralement, il est limite le
film. Ça va loin. Quand ils tuent les animaux, il les tuent pour de vrai ! C’est des films
qui sont parfois pas d’un niveau de beauté absolue au niveau de la réalisation,
quoique Dario Argento a autant fait des classiques que des merdes, mais c’est ça
quoi. C’est des mecs qui s’autorisent plus de trucs vers le bizarre. Moi c’est ce que je
préfère de toute façon dans les sons, ce côté bizarre. En tout cas, dans le Rap. Les
trucs genre Cage, ça cherche pas à faire à chaque fois du gros « boum bap » qui
tape, et des fois t’as des ambiances… « Among The Sleep », je sais pas si tu vois la
cassette, c’est RJD2, qui est un beatmaker Abstract qui a fait la prod’… Délire de ouf
!
DJ N. : C’est dans celui-là que tu as le fameux Agent Orange, avec le sample
d’Orange Mécanique, qui est un grand classique qui claque bien.
A.T. : Mais même au niveau des paroles, il est complètement chtarbé Cage ! C’est
un de mes rappeurs préférés, en tout cas l’ancien Cage, peut être pas le nouveau,
avec Eminem. Ces espèces de paroles de dépressif drogué, moi ça me parle. Puis
surtout avec un humour… je sais même pas si on peut appeler ça de l’humour…
DJ N. : Ouais, c’est de l’humour noir.
A.T. : Les Gremlins quoi ! Sale Gremlins (rires) !
Titre d’un artiste qui pourrait vous représenter vous ou votre musique :
DJ N : C’est vaste. Moi je dirais, en tout cas à l’heure actuelle, un truc que je
réécoute assez souvent et qui assez vieux, c’est « Endtroducing » de Dj Shadow.
A.T. : Putain, moi je sais pas. J’avais envie de te piquer Dj Shadow du coup.
Mongrel Meets His Maker . Mais on va dire… Cage allez ! Avec Radiohead pour le
coté à la fois marrant du son, mais qui est en même temps pas très marrant.