Le marché de la revente se raffermit au Québec, mais
Transcription
Le marché de la revente se raffermit au Québec, mais
16 juin 2016 Le marché de la revente se raffermit au Québec, mais la construction neuve tourne au ralenti La première moitié de 2016 tire à sa fin avec quelques signaux positifs pour le secteur résidentiel. Les ventes de propriétés existantes ont repris de la vigueur dans la plupart des principales agglomérations de la province et la hausse annuelle des prix s’est légèrement accélérée à plus de 2 %. L’offre d’habitations demeure toutefois trop abondante, ce qui limite la construction neuve de maisons unifamiliales et de copropriétés. La dynamique s’avère donc bien différente de celle qui prévaut ailleurs au pays. Les marchés de l’Ontario et de la Colombie-Britannique sont en plein essor tandis qu’une chute des ventes et des prix afflige les provinces productrices de pétrole. Le Québec se situe entre les deux extrêmes en évoluant à un rythme modéré. Voilà qui atténue les inquiétudes de surchauffe et les risques de correction brusque du marché immobilier résidentiel. Le nombre de maisons unifamiliales et de copropriétés vendues par l’entremise d’un courtier immobilier a poursuivi sa remontée depuis le début de 2016 (graphique 1). De janvier à mai, la hausse a atteint 6 % par rapport à la même période de 2015 dans les deux segments de marché. Les prix ont progressé modestement pour les maisons unifamiliales, mais ils ont stagné pour les copropriétés. Le bassin de résidences à vendre a rétréci depuis le début de l’année de sorte que les conditions de marché se sont un peu améliorées pour les vendeurs. Malgré cela, le déséquilibre s’avère encore important et les acheteurs ont l’embarras du choix pour les copropriétés. La situation de surplus persiste dans les six régions métropolitaines de la province pour ce marché (graphique 2). Selon la compilation provinciale effectuée par la firme JLR, près du tiers des copropriétés achetées au cours des trois dernières années et revendues par la suite l’ont été à un prix égal ou moindre que le prix d’achat initial. Les ménages qui acquièrent une copropriété et qui la revendent dans un court délai ont moins de chance de récupérer le montant déboursé à l’achat, surtout si tous les frais associés à la transaction sont pris en compte. Pour les propriétaires qui ont acheté il y a de nombreuses années, et qui ont profité de l’ascension annuelle des prix de 5 % à 10 % au début de la décennie, un profit est pratiquement assuré à la vente même si les prix ont baissé récemment à certains endroits. Tout dépendant Graphique 1 – Les ventes de propriétés existantes remontent au Québec Graphique 2 – Plusieurs marchés excédentaires dans les RMR du Québec au premier trimestre de 2016 LES VENTES SE REDRESSENT En milliers En milliers Nombre Nombre Ratio vendeurs/acheteur 4 700 1 500 24 4 600 1 450 22 Maisons unifamiliales 22 20 Copropriétés 20 Maisons unifamiliales (gauche) Copropriétés (droite) 4 500 1 400 4 400 1 350 4 300 1 300 4 200 1 250 4 100 1 200 Moyennes mobiles 12 mois 4 000 1 150 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Sources : Fédération des chambres immobilières du Québec par le système Centris® et Desjardins, Études économiques François Dupuis Vice-président et économiste en chef Hélène Bégin Économiste principale 18 Surplus 24 18 16 16 14 14 12 12 10 10 8 8 6 6 4 4 Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Saguenay Trois-Rivières Sources : Fédération des chambres immobilières du Québec par le système Centris ® et Desjardins, Études économiques Chantal Routhier Économiste 418-835-2450 ou 1 866 835-8444, poste 5562450 Courriel : [email protected] NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office de la langue française, nous employons dans les textes et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement des caisses Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement des caisses Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marchés. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement des caisses Desjardins. Copyright © 2016, Mouvement des caisses Desjardins. Tous droits réservés. Juin 2016 Zoom sur l’habitation de la date de l’acquisition de la copropriété et du moment de la revente, un gain ou une perte peuvent être encaissés lors de la vente. www.desjardins.com/economie Graphique 4 – Marché de la revente de copropriétés : les surplus demeurent importants Ratio vendeurs/acheteur Ratio vendeurs/acheteur 22 LES PRIX DES COPROPRIÉTÉS NE MONTENT PLUS Bien que les prix se stabilisent à l’échelle provinciale et dans la région métropolitaine de Montréal, ils diminuent depuis un certain temps dans plusieurs agglomérations (graphique 3). La détérioration du marché des copropriétés se poursuit à Québec et le prix de vente a baissé depuis le début de 2016. Il s’agit de la troisième année consécutive de reculs des prix. RMR de Québec 20 18 RMR de Montréal 18 16 RMR de Gatineau 16 14 14 Surplus 12 10 12 10 Équilibre 8 8 Pénurie 6 6 4 2 Graphique 3 – Marché de la revente de copropriétés : baisses des prix moyens amorcées dans plusieurs RMR 22 20 4 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2 Sources : Fédération des chambres immobilières du Québec par le système Centris® et Desjardins, Études économiques Var. ann. en % Var. ann. en % 6 6 Année 2015 1er trimestre de 2016 4 Graphique 5 – Nombre de copropriétés neuves terminées de construire, mais invendues à Montréal 4 2 2 nd 0 nd 0 En unités En unités 1 200 (2) (2) 3 000 (4) (4) 2 800 RMR de Montréal (gauche) (6) (6) 2 600 Île de Montréal (droite) (8) (8) 2 400 (10) (10) (12) Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Saguenay TroisRivières Province (12) nd : non disponible Sources : Fédération des chambres immobilières du Québec par le système Centris® et Desjardins, Études économiques 1 100 1 000 900 2 200 2 000 800 1 800 700 1 600 600 1 400 500 1 200 Une certaine amélioration est en cours à Gatineau à la suite d’une chute d’environ 50 % des mises en chantier en 2015. Même si le ratio vendeurs/acheteur a baissé, il demeure à un niveau élevé et les prix ont fléchi légèrement depuis le début de l’année. Il est encore trop tôt pour une relance de la construction neuve afin d’assainir les bases du marché. Dans la grande région de Montréal, le ratio vendeurs/acheteur s’est replié un peu récemment (graphique 4). La baisse de 25 % des mises en chantier en 2015 et le recul de près de 5 % enregistré depuis le début de l’année a sans doute contribué à cette légère amélioration. Cependant, de nombreux projets présentement en construction, notamment au centre-ville de Montréal, s’ajouteront bientôt à l’offre d’unités disponibles. Même si le rythme des ventes est nettement plus rapide depuis la fin de 2015 dans ce secteur, certains projets suscitent peu d’engouement et quelques-uns ont dû être suspendus ou annulés. Plusieurs autres ont toutefois connu un succès immédiat, ce qui explique la forte progression des ventes. Signe positif, le nombre de copropriétés neuves invendues continue de diminuer (graphique 5). Cependant, les surplus sont encore importants sur le marché existant et la construction doit demeurer limitée en 2016 et en 2017. 2 1 000 400 2013 2014 2015 2016 Sources : Société canadienne d’hypothèques et de logement et Desjardins, Études économiques FORTE CONSTRUCTION D’APPARTEMENTS LOCATIFS Les mises en chantier de logements locatifs continuent d’étonner par leur vigueur. Il s’agit du seul type de construction qui affiche une forte croissance pour une deuxième année consécutive. Au cours des cinq premiers mois de 2016, les mises en chantier des principaux centres ont fait un bond de plus de 50 %, comparativement à la même période de 2015. Pourtant, des signes de saturation du marché locatif traditionnel sont déjà présents : le taux d’inoccupation excède le seuil d’équilibre de 3 % dans les six régions métropolitaines du Québec. Trois d’entre elles ont même un taux d’inoccupation supérieur à 6 % qui peut être associé à un phénomène de surconstruction, soit Saguenay (7,2 %), Trois-Rivières (6,2 %) et Gatineau (6,1 %). Les mises en chantier locatives sont pourtant à la hausse depuis le début de l’année dans ces agglomérations, ce qui risque d’entraîner un déséquilibre encore plus important. Juin 2016 Zoom sur l’habitation www.desjardins.com/economie Plusieurs projets locatifs en construction sont toutefois des résidences destinées aux personnes âgées. Même si le taux d’inoccupation n’est pas suffisamment faible pour justifier la construction immédiate de nouveaux complexes (graphique 6), l’engouement pour les appartements neufs semble être au rendez-vous. Le pari de certains promoteurs de se positionner dès maintenant pour combler les besoins d’une population vieillissante semble pertinent. Certains projets récemment achevés ont rapidement trouvé preneurs autant pour le locatif conventionnel que les résidences pour personnes âgées. La concurrence est donc forte pour les immeubles moins récents. Il s’avère maintenant plus difficile d’attirer de nouveaux locataires et même de retenir la clientèle existante. Les immeubles moins bien entretenus au cours des dernières années subissent les contrecoups d’un manque d’investissement. Taux d’inoccupation – Février 2016 6,8 6,2 RMR de Montréal Taux d’équilibre entre 4 % et 6 % 4,4 RMR de Québec RMR de Saguenay 8,3 RMR de Trois-Rivières 8,3 10,2 RMR de Sherbrooke En milliers 50 16 45 14 12 40 10 35 8 30 6 25 20 4 2 Moyennes mobiles 3 mois 15 0 2010 2011 2012 2013 Total (gauche) 2014 2015 2016 Logements collectifs (gauche) Maisons individuelles (droite) * Centres urbains de plus de 10 000 habitants. Sources : Société canadienne d’hypothèques et de logement et Desjardins, Études économiques 6,6 RMR de Gatineau En % En milliers Les ventes de propriétés existantes devraient continuer à se redresser d’ici la fin de 2016 et en 2017. La progression des prix restera toutefois modérée avec une hausse d’environ 2,5 % en moyenne cette année, puis de 3,0 % l’an prochain. L’amélioration du marché du travail, qui se caractérise par des gains d’emplois et un recul du taux de chômage sous les 7,5 %, continuera de stimuler la demande, notamment celle des acheteurs expérimentés. Les accédants à la propriété continueront d’être moins présents. Avec la hausse vertigineuse des prix des dernières années, il est désormais difficile d’amasser la mise de fonds minimale de 5 % pour le prix d’une résidence d’environ 275 000 $ en moyenne au Québec. Graphique 6 – Marché locatif des résidences pour personnes âgées au Québec Province de Québec Graphique 7 – Mouvement à la baisse des mises en chantier depuis la fin de 2015 au Québec 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Sources : Société canadienne d’hypothèques et de logement et Desjardins, Études économiques PERSPECTIVES EN BREF Même si les conditions du marché de la revente se sont améliorées récemment pour les maisons et les copropriétés, le déséquilibre est encore trop important pour espérer une relance de la construction. La tendance baissière des mises en chantier devrait donc se poursuivre d’ici la fin de 2016 (graphique 7) et elle fera place à une certaine stabilité en 2017. Le niveau annuel des mises en chantier devrait donc avoisiner 37 000 cette année et l’an prochain, comparativement à 37 926 nouveaux logements en 2015. Seuls les appartements locatifs seront à la hausse cette année avant de connaître une accalmie l’an prochain. Les ménages qui possèdent déjà une propriété et qui décident de changer pour une autre resteront le moteur des transactions sur le marché de la revente. Selon une étude récente1, une mise de fonds moyenne de près de 30 % est généralement versée lors de l’achat d’une propriété. De plus, la moitié des ménages ont complètement remboursé leur hypothèque vingt ans après l’acquisition. Fait intéressant, environ 10 % des propriétés sont entièrement payées à l’achat. Par conséquent, même si les premiers acheteurs sont moins présents sur le marché, la situation plus favorable de plusieurs propriétaires actuels permet de soutenir l’immobilier résidentiel. Étant donné que les taux hypothécaires resteront faibles au cours des prochains trimestres, l’élan du marché de la revente devrait se poursuivre au Québec. Hélène Bégin Économiste principale Marc-André Gauthier, Institut de la statistique du Québec « L’amortissement hypothécaire au Québec », Données démographiques en bref, Volume 20, numéro 2, février 2016. http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/conditions-viesociete/bulletins/sociodemo-vol20-no2.pdf 1 3 Juin 2016 Zoom sur l’habitation www.desjardins.com/economie Québec - Prévisions du marché de l'habitation 2016-2017 2013 2014 2015 2016p 2017p 9,0 (12,2) 8,7 (2,3) 8,3 (4,8) 8,4 1,0 8,6 2,4 37 758 (20,3) 38 810 2,8 37 926 (2,3) 37 000 (2,4) 37 500 1,4 Maisons Variation annuelle (%) - Individuelles Variation annuelle (%) - Jumelées Variation annuelle (%) - En rangée Variation annuelle (%) 17 100 (21,7) 13 144 (18,2) 2 835 (26,7) 1 121 (41,1) 15 707 (8,1) 11 227 (14,6) 3 083 8,7 1 397 24,6 13 593 (13,5) 9 698 (13,6) 2 650 (14,0) 1 245 (10,9) 12 000 (11,7) - 12 300 2,5 - Appartements 20 658 23 103 24 333 25 000 25 200 Variation annuelle (%) - Condos1 Variation annuelle (%) (19,1) 11 395 (28,9) 11,8 12 893 13,1 5,3 9 571 (25,8) 2,7 8 300 (13,3) 0,8 8 350 0,6 - Locatifs1 Variation annuelle (%) _________________ 8 332 (1,2) 8 939 7,3 13 588 52,0 16 000 17,8 14 500 (9,4) - Locatifs conventionnels2 6 635 6 204 9 218 11 500 9 000 Variation annuelle (%) - Résidences pour personnes âgées2 Variation annuelle (%) 21,6 1 411 (25,1) (6,5) 2 438 72,8 48,6 4 089 67,7 24,8 4 500 10,1 (21,7) 5 000 11,1 71 194 (8,0) 70 625 (0,8) 74 207 5,1 79 000 6,5 81 000 2,5 Prix moyen pondéré (en milliers de $) Variation annuelle (%) 268 1,3 271 1,3 275 1,5 282 2,5 291 3,0 Chiffre d'affaires (en milliards de $) Variation annuelle (%) 18,7 (7,3) 18,8 0,4 20,2 7,5 22,3 10,5 23,5 5,6 Taux d'inoccupation des logements locatifs3 (%) 3,1 3,7 4,3 4,8 5,1 Prix moyen des loyers3 (en $) Variation annuelle (%) 679 2,4 691 1,8 712 3,0 730 2,5 746 2,2 Dépenses de rénovation4 (en milliards de $) Variation annuelle (%) 11,5 2,0 12,2 6,3 12,7 4,0 12,5 (1,5) 12,8 2,4 Marché du logement neuf Construction neuve (en milliards de $) Variation annuelle (%) Mises en chantier Variation annuelle (%) Marché de la revente Nombre de transactions Variation annuelle (%) Autres indicateurs 1 Centres urbains de 10 000 habitants et plus seulement. La somme est légèrement inférieure au total provincial des appartements présenté plus haut. Déjà inclus dans les logements locatifs. 3 Trois logements et plus. Enquête semestrielle de l'automne. 4 Les dépenses d'entretien et de réparation sont exclues. Sources : Société canadienne d'hypothèques et de logement, Association canadienne de l'immeuble, Fédération des chambres immobilières du Québec, Statistique Canada et Desjardins, Études économiques. 2 4