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Transcription

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2010
A G E N C E N AT I O N A L E D E R E C H E R C H E S
S U R L E S I D A E T L E S H É PAT I T E S V I R A L E S
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2010
L’intégralité de ce rapport ainsi que la bibliographie exhaustive sont disponibles sur le site www.anrs.fr.
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Éditorial
Entretiens avec les professeurs Jean-François Delfraissy
et Françoise Barré-Sinoussi
page 4
L’Anrs en bref
page 6
Chiffres-clés
page 10
Faits marquants
page 12
Organisation de la recherche et actualité scientifique
Recherches fondamentales y De nouvelles approches
page 16
Recherches cliniques y Les enseignements des cohortes
page 22
Recherches sur le vaccin préventif y Un nouveau processus
de recrutement des volontaires
page 32
Recherches sur les hépatites virales y Accompagner
une nouvelle ère thérapeutique
page 38
Recherches en santé publique, sciences de l’homme, société y
De nouvelles approches sur la prévention
page 46
Recherches dans les pays du Sud y Adapter la prise en charge
page 54
Regards transversaux
L’Europe y Le projet HIVERA est lancé
page 62
L’information scientifique et la communication
y Une communication en phase avec les priorités scientifiques
page 64
Les publications scientifiques
page 68
Les moyens humains et financiers y Une augmentation
du budget consacré à la prévention
page 70
Annexes
Organisation de l’Anrs en mars 2011
page 78
Les instances en janvier 2010
page 79
Résultats des appels d’offres
page 82
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E N T R E T I E N AV E C
L E P R J E A N - F R A N Ç O I S D E L F R A I S SY ,
D I R E CT E U R D E L’A N R S
Une année
riche
en nouveaux
défis
Quel bilan faites-vous
de l’année 2010 ?
Je retiens tout d’abord un certain nombre d’avancées scientifiques, notamment sur la prévention. De
nouvelles stratégies sont expérimentées, je pense
en particulier à l’utilisation des antirétroviraux en
« prophylaxie pré-exposition » (PreP) et au dépistage
par les tests rapides. L’Anrs est un des acteurs
majeurs des débats autour de ces questions au niveau
international. Les résultats de l’étude iPrEx, qui ont
apporté la première preuve du concept que la prise
des antirétroviraux peut être envisagée comme un
outil additionnel de prévention, ont confirmé l’intérêt de cette stratégie et nous incitent à poursuivre
les recherches dans ce domaine, au Nord comme au
Sud. Toujours sur la prévention, il me faut souligner l’implication des associations qui sont devenues
de véritables acteurs de la recherche, en particulier
dans l’élaboration et la réalisation de certaines études. C’est une évolution notable qu’il faut poursuivre et amplifier afin que la recherche soit toujours
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5
plus en mesure de répondre aux enjeux de terrain.
avec le vieillissement de la population des person-
En ce qui concerne la recherche clinique, il convient
nes infectées par le VIH, deviennent une question
de retenir les résultats de l’essai Anrs 1295 Came-
majeure. Des rapprochements avec l’Institut Natio-
lia qui permettent dorénavant d’envisager une opti-
nal du Cancer (INCa) doivent être mis en œuvre. Pour
misation de la prise en charge des patients co-infec-
les pays du Sud, l’agence doit davantage s’intéres-
tés VIH-tuberculose. Enfin, le lancement de l’essai
ser aux traitements de 2e et 3e ligne, d’une part en
NEAT 001/Anrs 143 dont l’Anrs est le promoteur
estimant les besoins des populations, d’autre part
marque une étape importante puisqu’il s’agit de la
en évaluant différentes stratégies thérapeutiques
plus grande étude académique jamais entreprise en
pour déterminer lesquelles sont les plus efficaces
Europe sur le traitement de l’infection par le VIH en
dans le contexte de ces pays. Nous allons également
première intention. Sur le plan budgétaire, 2010 s’est
développer des recherches opérationnelles, en par-
caractérisée par une stagnation des ressources de
ticulier l’évaluation de programmes d’accès élargi
l’agence. Heureusement, nous avons pu bénéficier
aux soins. Pour cela, j’espère que nous pourrons
d’une récupération de la « réserve budgétaire », ce
bénéficier de financement provenant des budgets
qui nous a permis de confirmer nos engagements
récemment individualisés par la France pour amé-
de recherche. En revanche, l’année a été marquée
liorer l’aide multilatérale mobilisée dans le cadre du
par un important souci vis-à-vis de la recherche dans
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose
les pays du Sud, en raison des refus des compagnies
et le paludisme. Enfin, je n’oublie pas notre pro-
d’assurance de couvrir les risques liés à deux essais
gramme de recherche vaccinale qui reste, bien
de prévention de la transmission mère-enfant du VIH
entendu, une de nos priorités.
que nous devions lancer. L’attitude des assureurs
met en péril la poursuite de notre programme de
recherche dans ce domaine pourtant crucial.
Quelles sont les priorités
que vous défendez actuellement ?
Concernant les hépatites virales,
quels sont les axes majeurs
de l’action de l’agence selon vous ?
L’arrivée des inhibiteurs de protéase anti-VHC constitue un tournant pour la prise en charge des patients
Nous devons concentrer nos efforts sur certains
atteints d’hépatite C chronique. Nous avons innové
domaines. Outre la prévention, je pense en particu-
en mettant en place avec l’Agence française de sécu-
lier à l’évaluation d’approches innovantes sur les
rité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et l’As-
réservoirs. Nous devons repenser à nos façons d’ap-
sociation française pour l’étude du foie (Afef) la
préhender cette question, afin de parvenir à une
cohorte Anrs CO20 Cupic, dans le cadre des ATU
meilleure compréhension du contrôle immunolo-
de cohortes ouvertes pour permettre l’accès à de
gique du réservoir. Il me semble également que nous
nouvelles molécules. C’est la première fois qu’un
devons intensifier nos travaux sur les cancers qui,
tel dispositif de recherche observationnelle est mis
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2010
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en œuvre au sein d’une ATU de cohorte. Parallèle-
thématiques liées au VIH et aux hépatites sont très
ment, nous avons ouvert des essais thérapeutiques
bien représentées parmi les projets retenus pour
sur ces inhibiteurs de protéase, essais qui s’adres-
ces investissements d’avenir. Je pense en particu-
sent notamment aux patients co-infectés par le VIH
lier à l’Institut de recherche sur le vaccin (Vaccine
et le VHC. Il est en effet essentiel que l’innovation
Research Institute, VRI) localisé à l'hôpital Henri-
thérapeutique que représentent ces molécules
Mondor de Créteil qui va nous permettre de renfor-
puisse être évaluée rapidement et largement chez
cer notablement notre programme de recherches
les patients co-infectés dont la prise en charge reste
vaccinales sur le VIH et également sur le VHC, mais
un enjeu crucial. Plus globalement, l’arrivée de ces
aussi à des équipes de l’Institut Pasteur, du CEA,
inhibiteurs de protéase, et d’autres nouvelles molé-
des universités de Strasbourg, de Montpellier, de
cules qui vont suivre, va avoir des répercussions sur
Marseille qui vont renforcer notre potentiel de
le plan médico-économique. Il est important que
recherche fondamentale sur le VIH et les hépatites.
nous nous attachions à évaluer cet impact, déter-
Dans ce contexte, il est apparu nécessaire de faire
miner les coûts immédiats mais aussi les bénéfices
évoluer l’agence sur le plan administratif. L’Anrs sera
à plus long terme puisqu’une guérison de l’hépa-
ainsi intégrée à l’Inserm au 1er janvier 2012. Nous
tite C est possible, afin d’aider à la planification des
consoliderons notre positionnement, mais conser-
besoins de prise en charge des patients. Enfin on
verons toutefois notre originalité et notre force en
sait que les personnes infectées par ce virus pré-
restant une agence autonome de coordination et de
sentent davantage de risque de présenter une fibrose
moyens, originalité qui nous a permis d’être dans
et/ou un carcinome hépatique y compris quand le
le trio de tête international en termes de produc-
virus est contrôlé. Nous devons donc développer nos
tion scientifique sur ces pathologies. Enfin, trente
recherches fondamentales vis-à-vis de ces deux
ans après que les premiers cas de sida ont été iden-
complications afin d’améliorer leur prise en charge.
tifiés, il nous faut penser à la manière d’intégrer les
nouvelles générations de chercheurs et de clini-
Comment voyez-vous
l’avenir de l’Anrs pour les années
qui viennent ?
Il me faut tout d’abord constater les profondes évolutions du paysage de la recherche survenues au
cours des trois dernières années, avec la place
accrue des Universités, la création de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan), et plus récemment les investissements d’avenir dans le cadre du « grand emprunt ». Les
ciens au sein de l’agence. La recherche a toujours
besoin de forces vives renouvelées qui sont un facteur de dynamisme et d’innovation. y
éd it o ri al
7
E N T R E T I E N AV E C
LE PR FRANÇOISE BARRÉ-SINOUSSI,
PRÉSIDENTE DU CONSEIL SCIENTIFIQUE
D E L’A N R S , I N S T I T U T PA S T E U R , PA R I S
Les articulations
entre disciplines
font toute
la pertinence de
l’Anrs
Quels sont pour vous les points forts
de la recherche française en 2010 ?
Deux domaines de recherche ont fait l’objet d’avancées importantes. Il s’agit tout d’abord des travaux
sur ce petit groupe de patients tout à fait particuliers
que l’on appelle les « contrôleurs ». Il a notamment
été montré l’an dernier, dans le cadre de la cohorte
soutenue par l’Anrs, qu’il existe deux groupes de
contrôleurs : d’une part des patients chez lesquels il
existe une forte réponse T CD8 capable d’éliminer
les cellules infectées par le VIH, d’autre part des
patients qui n’ont pas cette réponse supressive mais
dont les lymphocytes T CD4 et les macrophages sont
résistants à l’infection, probablement en raison d’un
facteur de restriction cellulaire. Ces informations
sont tout à fait essentielles pour mieux comprendre les mécanismes de la réponse immunitaire, mais
aussi pour élaborer de nouvelles approches thérapeutiques, notamment pour contrôler les réservoirs
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2010
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viraux. Ces derniers constituent un domaine de
Je retiens également de l’année 2010 les résultats de
recherche où l’agence a obtenu des résultats impor-
l’essai Anrs 1295 Camelia qui ont clairement montré
tants grâce aux équipes réunies au sein de l’action
pour les pays du Sud l’intérêt à traiter tôt la tubercu-
coordonnée n° 32 « Réservoirs viraux : formation et
lose après l’introduction des antirétroviraux chez
contrôle ». Ainsi, des nouveaux mécanismes molé-
les patients co-infectés par le VIH et le bacille de Koch.
culaires de la latence virale et du contrôle de l’in-
Ces résultats ont conduit l’OMS à engager une révi-
fection ont été identifiés. Par ailleurs, des études
sion de ses recommandations pour la prise en charge
chez le primate ont conduit à une meilleure locali-
de ces patients. Enfin, le programme de recherche
sation des réservoirs au niveau des muqueuses. Il
vaccinale de l’agence me paraît tout à fait innovant.
s’agit là de travaux tout à fait exemplaires qui nour-
J’en vois l’illustration dans l’avis positif émis par le
rissent la recherche clinique. Ainsi, plusieurs essais
comité international qui a évalué ce programme en
lancés ou en préparation visent à lever le blocage de
janvier 2011 et par l’acceptation du projet d’Institut
l’expression du virus dans les réservoirs par des
de recherche sur le vaccin dans le cadre des inves-
approches tout à fait innovantes (inhibiteurs d’HDAC,
tissements d’avenir.
micro-RNA, IL-7). On voit là toute la pertinence de
l’Anrs qui permet des articulations opérantes entre
la recherche la plus fondamentale et la recherche
clinique.
Un autre point fort de 2010 a été tout le travail réalisé
Quels sont les domaines
à renforcer dans les années
à venir ?
sur la prévention, notamment sur le dépistage. Les
L’Anrs produit déjà énormément de recherches et je
premiers résultats d’une étude de dépistage com-
ne pense pas que ses priorités, qui sont en phase
munautaire comme Com’test nous montrent qu’il est
avec les grands enjeux internationaux de la lutte
possible d’augmenter la fréquence des tests dans
contre le sida et les hépatites virales, doivent beau-
la population des homosexuels masculins et, par là,
coup évoluer. Cependant, il faut toujours chercher
d’accroître l’accès à la prévention et, en cas de conta-
à faire mieux. J’identifie essentiellement deux domai-
mination, aux soins.
nes qui mériteraient un effort accru : la recherche
clinique sur les hépatites, pour laquelle l’agence n’était pas aussi performante qu’elle le souhaitait, cette
légère faiblesse étant en passe d’être dépassée, et
la recherche sur les co-infections du VIH avec les
virus des hépatites et la tuberculose, maladies qui
constituent une question majeure dans les pays du
Sud. D’une manière plus globale, il faudrait que nous
renforcions encore davantage les passerelles entre
les disciplines, entre les sciences sociales et la cli-
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9
nique ou entre la recherche fondamentale et la cli-
dans un certain nombre de pays, notamment sur le
nique, à l’image de ce qui se passe de manière tout
continent africain. Par ailleurs, il nous faut absolu-
à fait remarquable pour les recherches sur les réser-
ment trouver une solution face à l’attitude des assu-
voirs viraux.
reurs qui bloquent nos essais sur la prévention de la
transmission mère-enfant du VIH dans les pays du
Vous co-présidez le site Anrs
d’Asie du Sud-Est : quelles sont
les grandes questions auxquelles
les scientifiques doivent répondre
pour les pays du Sud ?
Sud en refusant d’assurer ces essais. Je ne peux
Comme je l’ai évoqué, les co-infections sont un pro-
soins et aux antirétroviraux dans les pays à res-
blème de santé publique majeur. Au Vietnam par
sources limitées. Après la mobilisation qui a permis
exemple, la plupart des patients infectés par le VIH
un accès élargi des populations aux traitements et
sont également porteurs d’une hépatite chronique
à la prise en charge, il est désormais nécessaire de
du fait de leur contamination par l’usage de drogues.
passer à une étape supérieure : déterminer, par des
Nous avons ainsi le projet de mettre sur pied dans
indicateurs de qualité, les modalités optimales de
ce pays une cohorte pour réaliser différentes recher-
cet accès pour ensuite faire en sorte que les per-
ches, notamment sur l’accès aux soins et aux pro-
sonnes atteintes puissent en bénéficier partout dans
duits de substitution. Il m’apparaît également impor-
le monde. y
tant de s’intéresser à l’accès à la prise en charge
pour les populations vulnérables. Je pense non seulement aux usagers de drogue, mais aussi aux hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres
hommes qui font l’objet d’une répression évidente
accepter une telle attitude qui répond à une logique
purement financière dénuée de la moindre once d’humanité. Enfin, il me semble que l’Anrs doit s’impliquer davantage dans des recherches opérationnelles visant à évaluer sur un plan qualitatif l’accès aux
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53,3
y 53,3 millions d’euros
Budget
Plus de 95 % du budget est affecté aux projets de recherche
Plus de 19 millions d’euros de soutien en personnel dont
339 postes de doctorants et post-doctorants, de moniteurs
d’études cliniques, biologiques, en sciences sociales, et de
personnels dédiés à la réalisation des projets Anrs
Appels d’offres
295
53
76
7,6 %
18
59
y 295 projets de recherche déposés
y 96 retenus
y 50 allocations de recherche
Personnels
Recherches
fondamentales VIH
Recherches
vaccinales VIH
y 53 personnes
y 18 % des dépenses
y 76 projets en cours
y 7,6 % des dépenses
y 12 projets en cours
Recherches en santé publique,
y 8,3 % des dépenses
sciences de l’homme et de la société
y 18 projets en cours
sur le VIH et les hépatites virales
Recherches
cliniques VIH
y 28 % des dépenses
y 59 projets en cours
ch i f f r e s
11
c lés
74
Recherches sur
y 16,8 % des dépenses
les hépatites virales
y 74 projets en cours
Recherches dans les pays
y 20,8 % des dépenses
en développement sur le VIH
y 76 projets en cours
et les hépatites virales
Études cliniques
en France
10 000
y 67 études cliniques multicentriques dont l’Anrs est
40
promoteur sont en cours de financement, dont :
❘ 40 essais cliniques
❘ 19 cohortes
❘ 8 études physiopathologiques
y plus de 10 000 patients inclus
y 1 réseau global de plus de 300 services hospitaliers,
dont 40 assurent 70 % de l’activité
y 6 centres de méthodologie et de gestion
y 1 biothèque centralisée conservant les prélèvements
Publications 2010
544
6,8 %
y 544 publications scientifiques issues de projets financés
par l’Anrs, 6,8 % des publications se situent dans le « top
1 % d’excellence »
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Janvier
Symposiums satellites Anrs
1) Populations vulnérables
y 10e Réunion du réseau
et VIH/Sida : le rôle de la
national hépatites virales de
recherche
l’Anrs, Paris
2) Accéder à la charge
(250 participants)
virale dans les pays à
y Conseil scientifique du site
faibles ressources
Anrs en Égypte
y Accès décentralisé au
Février
traitement du VIH/sida.
Evaluation de l’expérience
y 17 th Conference on
VIH/sida
Se confronter
aux terrains
Expériences
et postures
de
recherche
Sous la direction de
Fanny Chabrol
Gabriel Girard
camerounaise, Collection
retrovirus and opportunistic
Anrs Sciences sociales et
infections (CROI), Boston,
sida (324 pages)
USA
y VIH/sida se confronter
aux terrains. Expériences et
postures de recherche,
10:09
Page 1
Collection Sciences sociales et sida
Accès
décentralisé
au traitement
du VIH/sida
Collection Anrs Sciences
sociales et sida (157 pages)
Évaluation de
l’expérience
camerounaise
Sous la direction de
Fred Eboko
Claude Abé
Christian Laurent
Mars
y 5e Conférence francophone
VIH/sida, Casablanca, Maroc
(2 000 participants)
Avril
F
y International Liver
Congress (EASL), Vienne –
s
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Collection Sciences sociales et sida
Autriche
10
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www.vihcasablanc
5e Conférence
Francophone
VIH/SIDA
Faculté de Médecine
et de Pharmacie
Casablanca
Maroc
28 - 31 mars 2010
Mai
y 3e Forum de recherche
fondamentale et clinique sur
le VIH, Institut Pasteur,
Organisée par
Paris (600 participants)
fa it s
13 m a r q u a n t s
nt s s
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Juin
Septembre
y Conseil scientifique du site
y 67e Journées de l’AFEF
Anrs au Sénégal
(Association française pour
Juillet
Symposium Anrs/Afef
Les cohortes hépatites : un
Conference, Vienne –
outil indispensable en 2010,
Autriche
Marseille (200 participants)
1) Harm reduction : time to
Octobre/novembre
switch from repression to
y 61 th meeting of American
evidence
association for the study of
2) Issues and challenges of
liver diseases (AASLD),
community-based research
Boston, USA
Conférence de presse
Arrivée des trithérapies
Co-infection VIH-
contre le VHC, de nouveaux
tuberculose : L’essai Anrs
projets de recherche sont
Camelia ouvra la voie à une
annoncés par l’Anrs
prise en charge optimale
Anrs au Burkina Faso
Décembre
l’étude du foie),
y 18 th International AIDS
Symposiums satelllites Anrs
y Conseil scientifique du site
y Annonce des résultats de
l’étude iPrEx (Prep chez les
HSH). L’Anrs annonce le
lancement de l’essai
Ipergay
Journée mondiale de lutte
contre le Sida
y 1er décembre, Paris, Cité de
la Santé/Arte : projection en
avant-première d’un
documentaire « Good Bye
Sida ? » (production ARTE)
y L’Anrs annonce le
lancement de l’étude TASP
dans une réunion organisée
par la ministre de la
recherche
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R e c h e rc h e s fo n d a m e n t a le s
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R e c h e rc h e s c l i n i q u e s
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Recherches sur le vaccin préventif
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R e c h e rc h e s s u r le s h é p a t i t e s v i ra le s
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Recherches en santé publique, sciences de l’homme, société
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R e c h e rc h e s d a n s le s p a y s d u S u d
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recherches fondamentales
16
recherches fondamentales
De nouvelles approches
L
es équipes de recherche fondamentale soutenues par l’Anrs travaillent sur les grandes
questions qui demeurent concernant l’infection par le VIH, en particulier la persistance virale et les réservoirs viraux. Dans
le même temps, des résultats intéressants ont été obtenus sur la transmission
sexuelle du VIH, les relations entre le virus et les macrophages, et sur la lignée de
cellules CD4 auxiliaires appelée Th17.
Les initiatives en 2010
y Mécanismes de la persistance du VIH. Contrôler la charge virale chez
les individus infectés par le VIH est essentiel pour empêcher l’évolution de
la maladie et pour diminuer la transmission du virus. Les traitements antiviraux efficaces permettent de réduire la charge virale mais le virus se multiplie de nouveau à l’interruption du traitement. Chez les rares individus qui
contrôlent la charge virale spontanément, la présence de l’ADN intracellulaire du VIH témoigne aussi d’une infection latente qui peut être réactivée in
vitro. Sous quelle forme et où se trouvent les virus à l’origine de ce rebond ?
Résulte-t-il de la réactivation de cellules infectées de façon latente qui survivent longtemps dans cet état et/ou d’une réplication à bas bruit, indétectable dans le sang ? Existe-t-il des « sanctuaires anatomiques » inaccessibles aux antiviraux et aux mécanismes de défense de l’hôte ? Quels sont les
mécanismes à l’origine de cette persistance virale ? Pour tenter de répondre à ces questions, l’Anrs a créé un groupe d’animation et de réflexion, puis
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17
dès 2008 une action coordonnée, l’AC 32 « Réservoirs viraux : formation et
contrôle ». Cette dernière réunit des chercheurs de sciences fondamentales,
précliniques et cliniques. Ce groupe est à l’origine de projets de recherche
fondamentale et translationnelle actuellement financés, ainsi que de plusieurs essais cliniques destinés à réduire le réservoir, comme Anrs 147 Optiprim et Anrs EP47 Visconti.
y Nouvelles approches sur les réservoirs viraux. Le problème des réser-
voirs viraux, qui représentent un obstacle majeur à la guérison, est devenu une
question essentielle dans la communauté internationale. Ainsi, à l’initiative
de Françoise Barré-Sinoussi, l’IAS, en partenariat avec les NIH et l’Anrs, a organisé, en préambule de la Conférence internationale sur le sida 2010 de Vienne,
un colloque international sur cette thématique, intitulé «Vers la guérison: réservoirs du VIH et stratégies pour les contrôler». Les principales conclusions ont
été relayées lors de la plénière inaugurale de la conférence. Plusieurs jeunes
chercheurs financés par l’Anrs, qui travaillent aujourd’hui en France ou à l’étranger, y ont participé. Les principaux sujets traités ont été résumés dans un papier
publié dans Science. Ils concernent: les mécanismes moléculaires d’établissement et de maintien de la latence; la caractérisation fine et la quantification
des réservoirs latents chez les sujets traités et chez les VIH contrôleurs; la part
de la réplication résiduelle dans l’activation cellulaire et la persistance virale;
le rôle de facteurs génétiques, cellulaires (facteurs de restriction) et immunologiques de l’hôte dans le contrôle du réservoir.
Les stratégies proposées pour envisager la guérison ou au moins la rémission à long terme sans médicaments ciblent donc l’élimination du réservoir
latent, la réplication résiduelle par l’intensification du traitement avec des
nouvelles drogues (maraviroc, raltégravir), ainsi que les stratégies dites de
« sabotage » du virus. Une approche cherche à purger les réservoirs en
forçant le virus latent à s’exprimer tout en maintenant un traitement antiviral puissant. Certains proposent de le faire en modifiant la structure de
la chromatine, qui contribue à la latence du VIH, à l’aide de molécules déjà
utilisées à cet effet dans le traitement du cancer. D’autres cherchent à
renforcer les interactions entre les protéines virales (comme Tat) et la machinerie de transcription pour lever la latence spécifique du VIH. Une autre
approche est de promouvoir la mort des cellules réservoirs, qui sont majoritairement des CD4 de type mémoire centrale, sans réactiver la latence
en ciblant les marqueurs spécifiques qu’elles expriment. Toutes ces pistes
de recherches peuvent aussi avoir des effets délétères sur l’hôte qui sont à
prendre en compte. C’est pourquoi des études sur l’excision du virus intégré avec des ciseaux moléculaires, de façon à éliminer le provirus sans affecter les cellules mémoires, sont aussi en cours.
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recherches fondamentales
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L’actualité scientifique
y Vers de nouvelles cibles thérapeutiques. La recherche de nouvelles cibles
thérapeutiques reste toujours d’actualité. On sait que la protéine virale transactivatrice Tat est essentielle à la transcription du génome viral et donc à la
production de nouveaux virions, et de nombreuses recherches portent sur la
connaissance des molécules impliquées dans la fabrication des ARN viraux.
Parmi celles-ci, le facteur d’élongation de la transcription P-TEFb, qui se lie
à Tat, serait une cible potentielle pour affaiblir la réplication virale. La liaison
de Tat à P-TEFb entraîne sa fixation au niveau de la séquence TAR de l’ARN,
ce qui provoque l’activation de l’ARN polymérase II et la fabrication de l’ARN
viral. Deux équipes soutenues par l’agence ont publié des données intéressantes sur le contrôle de l’activité de P-TEFb. Ce facteur cellulaire est présent
dans le noyau sous une forme active et une forme inactive où il est séquestré
par liaison d’un facteur inhibiteur HEXIM1. La première équipe a montré que
la protéine Tat est capable de dissocier ce facteur inhibiteur et de prendre sa
place, augmentant ainsi la quantité de la forme P-TEFb active pour effectuer
la transcription. Le site d’interaction a été précisé. Ce type de complexe a été
retrouvé par la seconde équipe qui a isolé à partir de noyaux cellulaires deux complexes protéiques contenant P-TEF et la protéine
la recherche de nouvelles
cibles thérapeutiques
reste toujours d’actualité
Tat. L’un de ces complexes est particulièrement stable et résistant
au stress cellulaire.
Ce type d’étude est important pour mieux comprendre les différentes étapes de la transcription du génome viral et concevoir des
médicaments très spécifiques qui n’affecteraient pas l’activité
transcriptionnelle normale des gènes cellulaires.
y Transmission du virus par voie sexuelle. Le VIH est majoritairement trans-
mis par voie sexuelle et il est nécessaire de décrypter les mécanismes conduisant à l’infection et à la dissémination du virus dans l’organisme. Le sperme,
vecteur essentiel de la transmission, renferme à la fois des virions libres ou
associés aux spermatozoïdes et des cellules infectées. Un nouveau mode de
transmission du virus a été mis en évidence chez le macaque par une équipe
du CEA. Des cellules de rate de macaque infecté par le SIV ont été prélevées
au moment du pic de l’infection et appliquées sur la muqueuse vaginale de
macaques femelles. Les cellules infectées comportaient des monocytes et
des lymphocytes et leur nombre correspondait à celui présent dans un éjaculât. En marquant les cellules infectées par un marqueur fluorescent et en
analysant les tissus des femelles infectées, les chercheurs ont observé que
dès deux jours des cellules fluorescentes, en majorité des lymphocytes T,
étaient présentes dans les ganglions proches puis distants de la muqueuse
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vaginale et même dans le sang périphérique. Ces résultats montrent pour la
première fois qu’une transmission efficace du virus simien SIV est effectuée
après une seule exposition de la muqueuse vaginale à des lymphocytes infectés. Ce nouveau mode de transmission doit être considéré dans certaines
approches prophylactiques comme celles utilisant des microbicides.
Les premières étapes de la pénétration du VIH ont été étudiées dans deux
modèles d’épithélium in vitro développés à partir de prépuce (explant et
reconstruction in vitro). Dans les cultures de prépuce interne (pas externe),
une transmission efficace du VIH par des cellules hautement infectées, mais
pas par du virus libre, est observée dès une heure d’exposition. Les cellules
infectées forment des synapses virales avec les kératinocytes du prépuce,
ce qui entraîne un bourgeonnement du virus, puis sa capture et son internalisation par les cellules de Langerhans. Ces cellules migrent ensuite rapidement à la jonction derme/épiderme où elles forment des conjugués avec
les lymphocytes T et leur transfèrent le VIH. Ces données fournissent des
bases biologiques pertinentes à la protection de la transmission du VIH
observée lors des essais de circoncision.
y Relations VIH-macrophages. Un nouveau groupe d’animation a été créé
au sein de l’AC 31 «Cellules dendritiques, présentation de l’antigène et immunité innée » pour favoriser les échanges entre les nombreuses équipes
travaillant sur l’infection du macrophage par le VIH. Une réunion s’est tenue
à l’automne, abordant les conséquences de l’infection par le VIH sur les multiples fonctions de ce type cellulaire. Un ensemble de revues rédigées par
des chercheurs soutenus par l’Anrs a également été publié dans Retrovirology. Elles abordent les particularités du cycle de réplication du virus dans
les macrophages, le rôle de réservoirs viraux joué par ces cellules à longue
durée de vie, ainsi que les perturbations des fonctions du macrophage entraînées par l’infection. Compte tenu du rôle essentiel que jouent les macrophages à l’interface de l’immunité innée et de l’immunité adaptative, l’infection de ces cellules par le VIH a de multiples conséquences pathogéniques.
Une fonction importante des macrophages est de reconnaître les microorganismes, de les phagocyter et de les dégrader. La reconnaissance est
assurée grâce à l’expression de récepteurs spécifiques portés par la membrane des macrophages. Le pathogène est ensuite internalisé après avoir
été enrobé dans une structure membranaire, le phagosome, issu d’un remodelage de la membrane plasmique et de la fusion de compartiments membranaires intracellulaires. Une équipe financée par l’Anrs s’est intéressée
au mécanisme intime de la phagocytose dans des macrophages primaires
infectés par le VIH. La phagocytose est diminuée dans les macrophages
infectés par une souche sauvage de VIH, mais n’est pas affectée lorsqu’une
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recherches fondamentales
20
souche de virus n’exprimant pas la protéine Nef est utilisée. L’utilisation
de mutants de Nef a permis de démontrer que l’effet inhibiteur de Nef était
dû à la perturbation des interactions avec une protéine AP1 nécessaire au
recrutement de certains compartiments membranaires intracellulaires.
Une recherche active sur les macrophages permettra de mieux apprécier
la part des macrophages dans la propagation du virus, leur contribution aux
réservoirs et de comprendre leurs effets pathogènes.
y Cellules Th17 et physiopathologie de l’infection. Les lymphocytes CD4
sont la cible préférentielle du VIH qui décime cette population provoquant
un déficit immunitaire. Deux lignées de cellules CD4, les Th1 et les Th2,
qui contrôlent respectivement les réponses immunitaires cellulaire et humorale, sont classiquement identifiées. Récemment, une nouvelle lignée de
cellules CD4 auxiliaires, nommée Th17, a été mise en évidence. Les cellules
Th17 sont localisées au niveau muqueux, notamment dans la muqueuse
intestinale. Ces cellules produisent plusieurs cytokines, en particulier une
cytokine pro-inflammatoire, l’IL-17. Elles jouent un rôle bénéfique contre
les infections bactériennes extra-cellulaires et les infections fongiques.
L’infection par le VIH est associée à une rapide altération de l’immu-
mieux apprécier la part
des macrophages dans
la propagation du virus
nité muqueuse et en particulier à un déséquilibre entre les sous-populations T CD4 au détriment des cellules Th17 dans le tractus intestinal. La perte des cellules Th17 à ce niveau entraînerait une fuite des
produits bactériens vers la circulation générale qui pourrait être la
cause de l’activation persistante du système immunitaire. Les causes
de cette déplétion sont encore inconnues.
Une équipe soutenue par l’Anrs s’est intéressée à la susceptibilité
à l’infection des différentes lignées de cellules CD4. Chacune d’elles exprime
à sa surface certains récepteurs de chimiokines qui vont déterminer leur
trafic dans l’organisme et leur domiciliation dans des sites immunologiques
où les ligands de ces récepteurs sont produits. Ainsi, les cellules Th17 expriment en particulier le récepteur CCR6 qui est un récepteur de domiciliation
dans l’intestin où ces cellules sont attirées par leur ligand, la chimiokine
CCL20. Les chercheurs ont démontré que ce sont les CD4 exprimant CCR6
qui sont les plus permissives à la réplication du VIH in vitro. Elles contiennent le plus haut niveau d’ADN viral intégré chez des patients récemment
infectés. Les cellules CCR6 + sont une source majeure de TNF-alpha et de
CCL20 et migrent dans l’intestin et les ganglions. Elles ont donc le potentiel
d’attirer d’autres cellules dans ces sites et ainsi de participer à la dissémination et à la persistance du virus dans l’organisme. Ces observations suggèrent que l’infection par le VIH serait la cause directe de la déplétion de la
lignée Th17 dans l’intestin. y
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recherches cliniques
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recherches cliniques
Les enseignements des
cohortes
D
e nombreux essais cliniques et
études de cohorte ou physiopathologique ont été lancés ou mis
en place en 2010. Ils portent en
particulier sur les grandes ques-
tions concernant les stratégies thérapeutiques (l’initiation du traitement,
l’intensification thérapeutique), mais aussi sur les cancers. Dans le même
temps, des résultats impactants pour la prise en charge ont été obtenus
notamment sur l’évolution de l’infection sous traitements, les résistances
et la transmission mère-enfant.
Les initiatives en 2010
y Deux nouvelles études sur les cancers. Les pathologies tumorales sont
aujourd’hui la première cause de décès chez les patients infectés par le
VIH. Le risque de cancer est deux à trois fois supérieur à celui de la population générale. C’est pourquoi l’Anrs s’attache à mettre en place des recherches
visant à mieux comprendre la survenue de ces pathologies et à améliorer
leur prise en charge. En 2010, l’agence a élaboré une enquête de faisabilité
du diagnostic précoce des cancers broncho-pulmonaires chez des patients
infectés par le VIH présentant un tabagisme chronique. L’étude Anrs EP48
HIV Chest a pour objectif principal d’estimer la prévalence de ce cancer par
tomodensitométrie thoracique faible dose et sans injection de produit de
contraste. L’étude prévoit d’inclure 450 patients dans une dizaine de centres.
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Parallèlement, l’Anrs a mis en place un essai évaluant l’efficacité d’un traitement immunomodulateur par lénalidomide chez des patients présentant une maladie de Kaposi évolutive et recevant une multithérapie antirétrovirale efficace. L’essai de phase II Anrs 154 LenaKap vise à déterminer la
proportion de réponses objectives (réponses complètes et réponses partielles) obtenues après administration du lénalidomide évalué à 24 semaines.
Il est prévu d’inclure dans un premier temps 14 patients. L’avis favorable du
CPP ayant été obtenu en décembre 2010 et l’accord de l’Afssaps en janvier 2011, cet essai doit débuter dans le courant du premier trimestre 2011.
Par ailleurs, l’agence poursuit la réalisation de la cohorte Anrs CO16 Lymphovir sur les lymphomes associés à l’infection par le VIH. Cette cohorte
multicentrique a pour objectifs principaux l’étude des lymphomes non hodgkiniens et hodgkiniens chez les patients infectés par le VIH, la prise en charge
et le devenir des patients dans le contexte des multithérapies antirétrovirales. Fin 2010, soit 30 mois après le lancement de la cohorte, 84 patients
étaient inclus.
Enfin, la cohorte Oncovih qui vise à caractériser les cancers survenant chez
les patients infectés par le VIH en France, a donné des résultats intéressants. Portant sur l’année 2006, ils indiquent que l’incidence estimée des
cancers dans cette population est de 14 pour 1 000 personnes-années. Comparé à la population générale, le risque relatif de cancers chez les patients
infectés par le VIH est de 3,5 pour les hommes et de 3,6 pour les femmes.
Ce risque est particulièrement élevé chez les patients jeunes. Les cancers
les plus fréquents sont les lymphomes non-hodgkiniens (21,5 %), le sarcome de Kaposi (16 %), le cancer du poumon (9,4 %), le cancer anal (8,2 %),
le lymphome hodgkinien (7,6 %), les cancers cutanés excepté le mélanome
(6,8 %) et les cancers hépatiques (5,6 %).
y Traitement de première intention. La recherche de la meilleure stratégie
thérapeutique possible chez les patients recevant un premier traitement
antirétroviral constitue, avec l’arrivée régulière de nouvelles molécules, un
enjeu important. L’Anrs a poursuivi en 2010 ses recherches dans ce domaine
avec trois nouvelles études cliniques. Anrs 143/NEAT 001 est un essai mis
en œuvre dans le cadre du réseau européen NEAT et dont l’agence est promoteur pour l’ensemble des 15 pays participants. Ce réseau veut favoriser
la mise en place de grands essais européens. L’essai Anrs 143 NEAT 001
compare, après randomisation sans insu, l’efficacité et la tolérance d’une
trithérapie associant darunavir/r + ténofovir/emtricitabine versus une bithérapie combinant darunavir/r + raltégravir. Les objectifs de l’essai sont notamment d’évaluer, après 96 semaines de traitement, la non-infériorité de la
bithérapie par rapport à la trithérapie et de déterminer si la bithérapie expose
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recherches cliniques
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à moins d’effets indésirables et est associée à une meilleure qualité de vie.
L’essai a été lancé en août 2010. À la fin décembre, 148 patients étaient inclus
(sur 800 attendus), dont 87 en France.
De son côté, l’essai Anrs 147 Optiprim évalue une stratégie de traitement
débuté durant la primo-infection. Lancé en avril 2010, cet essai compare
l’impact de deux multithérapies sur 24 mois sur les réservoirs viraux : d’un
côté un traitement optimisé par raltégravir + maraviroc + darunavir/r + emtricitabine/ténofovir, de l’autre une trithérapie classique associant darunavir/r
et emtricitabine/ténofovir. Fin décembre 2010, 45 patients étaient
randomisés dans cet essai, soit la moitié de l’effectif attendu.
déterminer le moment
optimal pour initier un
traitement antirétroviral
Toujours durant la primo-infection, l’agence a initié en 2010 une
étude pilote de physiopathologie, Anrs EP47 Visconti, pour explorer les mécanismes virologiques et immunologiques qui pourraient
être à l’origine du contrôle durable de l’infection observé, après
interruption du traitement antirétroviral, chez des patients traités peu après leur contamination par le VIH. Ces patients seront
comparés à une population traitée en primo-infection encore sous traitement et une autre traitée à la phase chronique de la maladie. Le recrutement était en cours à la fin 2010.
Dans le même temps, l’agence a poursuivi la réalisation de deux essais évaluant des stratégies thérapeutiques chez des patients naïfs d’antirétroviraux. L’essai international de phase IV Anrs 142 Start vise à déterminer le
moment optimal pour initier un traitement antirétroviral de première intention. Il compare sans insu l’initiation du traitement à plus de 500 CD4/mm3
ou différée jusqu’à 350 CD4/mm3 chez des patients naïfs. Une phase pilote,
lancée en septembre 2009 en France, ayant abouti à des résultats satisfaisants, le comité de pilotage international de l’essai a décidé en 2010 de poursuivre ce dernier dans sa seconde phase. Il est prévu d’inclure 4 000 patients
dans 23 pays, dont 100 en France. Parallèlement, le recrutement dans
l’essai Anrs 141 Tipi a pris fin en 2010. Débuté en mai 2009, cet essai pilote
multicentrique évalue la capacité d’une stratégie de trithérapie intermittente à maintenir une stabilité immunologique chez des patients naïfs avec
un nombre de CD4 ≥ 500/mm3. Une sous-étude qualitative en sciences
humaines sociales « Tipi Quali » a pour objectif d’étudier le vécu de l’infection à VIH chez les patients avec et sans traitement.
y Intensification thérapeutique. L’Anrs coordonne un essai international
visant à évaluer l’intensification d’une multithérapie par l’adjonction de l’inhibiteur du CCR5 maraviroc. Baptisé Anrs 146 Optimal, cet essai a été mis en
place en 2010 pour un lancement en 2011. Il s’agit d’un essai concernant des
patients naïfs de traitement pris en charge à un stade tardif de l’infection (CD4
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< 200/mm3 ou sida). Cet essai randomisé sans insu versus placebo pour le
maraviroc a pour objectif principal d’évaluer la supériorité clinique du traitement intensifié par rapport à une multithérapie sans maraviroc après 18
mois. Il est prévu d’inclure 408 patients, dont 100 en France. Le recrutement
d’un autre essai de l’agence évaluant une intensification par le maraviroc a
pris fin en 2010 : l’essai Anrs 145 Marimuno concerne des patients présentant une restauration immunitaire insuffisante malgré une charge virale
contrôlée par un traitement antirétroviral. 76 patients ont été inclus pour une
durée de suivi de 48 semaines. L’essai devrait se terminer en février 2011.
Les résultats de l’essai Anrs 130 Apollo, évaluant chez des patients naïfs
pris en charge à un stade tardif de l’infection une approche d’intensification par l’inhibiteur de fusion enfuvirtide, ont quant à eux fait l’objet d’une
présentation sous forme de poster à la CROI 2010. L’analyse des données
recueillies auprès de 195 patients montre que l’ajout de l’enfuvirtide à une
trithérapie standard ne se traduit pas par une amélioration de la réponse
immunologique après 24 semaines de traitement, même si davantage de
patients ont présenté un contrôle virologique (ARN VIH < 50 copies/ml).
y Des essais dans la transplantation rénale. L’essai Anrs 153 Treve, mis
en place en 2010, pour un lancement en 2011, a pour objectif principal d’évaluer l’incidence du rejet aigu clinique de greffe six mois après une transplantation rénale chez des patients infectés par le VIH recevant une trithérapie comprenant du raltégravir. Il est prévu d’inclure 50 patients dans cet
essai multicentrique prospectif. L’agence a ouvert en mai 2010 l’essai Anrs
148 Liveral qui concerne des patients en insuffisance hépatique sévère ou
transplantés. Cette étude pilote évalue la pharmacocinétique, la tolérance
et l’efficacité du raltégravir en périodes pré et post-transplantation.
y Lipohypertrophie : intérêt d’une nouvelle bithérapie. L’agence a mis en
place en 2010 l’essai Anrs 157 Roc n’Ral auprès de patients présentant
une lipohypertrophie clinique et une charge virale indétectable. Cette étude
pilote va évaluer l’intérêt d’une nouvelle bithérapie (raltégravir et maraviroc), donc sans inhibiteur de protéase et inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse, à maintenir le succès virologique à six mois. Le traitement
sera combiné à une prise en charge diététique.
y Une cohorte de jeunes infectés pendant l’enfance. L’Anrs a ouvert aux
inclusions mi 2010 une cohorte qui va suivre de jeunes adultes, âgés de 18
à 25 ans, infectés par le VIH par voie périnatale ou pendant l’enfance, et qui
étaient jusqu’à présent inclus dans les cohortes Anrs CO1 Enquête périnatale française et Anrs CO10 Enfants infectés. La cohorte Anrs CO19 Coverte
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prévoit d’inclure 400 patients ainsi que 75 volontaires sains. Ils seront suivis pendant trois ans au minimum afin d’étudier l’évolution clinique et
immuno-virologique de l’infection et les répercussions du passage à l’âge
adulte, ainsi que pour rechercher des marqueurs d’un possible vieillissement accéléré sur le plan métabolique et immunologique. La cohorte a également pour objectif d’évaluer l’incidence de l’infection par le VIH sur l’insertion scolaire et professionnelle, ainsi que sur la sexualité.
L’actualité scientifique
y Lipoatrophie : comparaison de deux produits. L’essai Anrs 132 Smile,
qui a pris fin en décembre 2010, comparait en simple aveugle la tolérance
et l’efficacité de l’acide polylactique (Newfill®) à celles du gel de polyacrylamide (Eutrophill®), injectés en intradermique, dans le traitement de la
lipoatrophie faciale des patients infectés par le VIH-1. 148 patients ont été
inclus. Des premiers résultats ont été présentés lors de la conférence internationale sur le sida à Vienne en juillet 2010. L’efficacité du gel de polyacrylamide n’est pas inférieure à celle de l’acide polylactique en terme de
satisfaction des patients, mais les injections sont plus souvent douloureuses.
y Une explication des résultats de l’immunothérapie par IL-2. Quelles sont
les raisons des résultats paradoxaux de l’immunothérapie par interleukine-2 observés au cours de l’essai international Esprit (Anrs 101), dont l’Anrs
était promoteur pour la France ? Cet essai avait montré que l’immunothérapie par IL-2, associée à une multithérapie antirétrovirale, permettait d’obtenir une remontée plus importante des lymphocytes CD4 par rapport au traitement antirétroviral seul. Toutefois, l’augmentation des CD4 n’était corrélée
à aucun bénéfice clinique. Les auteurs ont observé que l’IL-2 induit essentiellement une augmentation de sous-populations lymphocytaires similaires
à des cellules T régulatrices appelées Treg. Il s’agit de suppresseurs de la
réponse immunitaire, ce qui pourrait expliquer l’absence de bénéfice clinique.
y Risque résiduel de transmission mère-enfant. L’enquête périnatale fran-
çaise (Anrs CO1 EPF) de suivi des nouveau-nés de mère infectée par le VIH
est une des plus anciennes cohortes sur cette thématique et la plus importante en taille sur le plan international. Elle inclut des femmes enceintes
séropositives depuis 1985, avec un recueil d’information sur la grossesse et
un suivi prospectif des enfants qui en sont issus. Les enfants non infectés
sont suivis jusqu’à l’âge de deux ans et les enfants infectés jusqu’à l’âge de
18 ans. 70 % des femmes séropositives accouchant en France y sont recru-
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tées au sein de 91 centres, soit environ 700 mères par an. Une étude montre que le seul facteur corrélé à la transmission résiduelle du VIH est le
niveau de charge virale au cours de la grossesse, indépendamment du
taux de CD4 et du moment d’initiation du traitement antirétroviral : la charge
virale était moins bien contrôlée pendant les mois de gestation chez les
femmes dont les enfants ont été infectés par rapport à celles dont les enfants
ne l’ont pas été. Il est donc nécessaire de parvenir à une charge virale indétectable dès le début de la grossesse et de suivre celle-ci de manière rapprochée jusqu’à l’accouchement.
y Cohortes : l’importance des collaborations internationales. Deux grandes
cohortes de l’Anrs sont impliquées dans des travaux collaboratifs internationaux. Il s’agit de la cohorte Anrs CO3 Aquitaine et de la base de données
hospitalières française sur l’infection par le VIH Anrs CO4 FHDH. La première a pour objectif d’étudier les tendances temporelles de l’histoire naturelle et sous traitement de l’infection par le VIH-1 chez près de 8 000 patients
suivis dans un système de surveillance hospitalière du groupe d’Épidémiologie Clinique du Sida en Aquitaine (GECSA). La seconde vise à évaluer des
stratégies thérapeutiques et à contribuer à la surveillance épidémiologique
de l’infection par le VIH en France. Elle inclut des données relatives à près
de 11 8 000 patients, dont plus de 55 000 sont toujours suivis.
Trois publications, en 2010, ont concerné l’évolution de l’infection sous multithérapies antirétrovirales. La HIV Causal Collaboration, portant sur 12
cohortes et plus de 62 000 patients en Europe et aux États-Unis, a montré
que les multithérapies ont réduit de moitié le taux de mortalité moyen chez
les personnes infectées par le VIH, la réduction de la mortalité étant la plus
marquée chez les patients les plus à risque de décès (ceux avec des CD4
< 100/mm3). De son côté, la Cascade Collaboration, qui réunit 23 cohortes,
montre que la pente de décroissance des CD4 avant la mise sous antirétroviraux n’est pas prédictive du risque d’évolution clinique de l’infection et
du risque de décès. Ce critère ne doit donc pas être pris en compte pour
les décisions de mise sous traitement. Enfin, la Antiretroviral Therapy Cohort
Collaboration a analysé les causes de mortalité dans 13 cohortes de patients
mis sous antirétroviraux entre 1996 et 2006. La moitié des 1 597 décès sont
liés au sida. Cependant, la proportion de décès liés au sida décroît à mesure
que la durée du traitement augmente. Ce sont les personnes infectées par
l’usage de drogue par voie intraveineuse qui présentent les taux les plus élevés pour chacune des causes de décès observés. Les conditions liées aux
modes de vie et à la situation sociale constituent la seconde cause de décès ;
les maladies hépatiques et les morts violentes sont responsables de 15 %
de l’ensemble des décès.
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Une étude, réalisée dans le cadre de la Collaboration of Observational HIV Epidemiological Research Europe (Cohere), au sein de laquelle l’Anrs est très
active, s’est pour sa part intéressée aux échecs virologiques aux trois principales classes d’antirétroviraux. L’analyse des données de près de 46 000
patients indique que, cinq et neuf ans après le début du traitement antirétroviral, respectivement 3,4 % et 8,6 % des patients présentaient un échec
virologique (sans différence significative selon la combinaison initiale d’antirétroviraux). Pour les auteurs, ces taux sont faibles, mais non négligeables.
Enfin, deux études ont porté sur des pathologies malignes. La première,
réalisée dans le cadre de la collaboration internationale Cascade (Concerted Action of Seroconversion to AIDS and Deaths in Europe), qui réunit 25
cohortes, a porté sur le sarcome de Kaposi. L’incidence de cette pathologie
a fortement diminué depuis l’avènement des multithérapies antirétrovirales,
mais elle est encore diagnostiquée chez des patients sous traitement. C’est
le nombre de CD4 qui est le facteur le plus fortement corrélé à la survenue
du sarcome de Kaposi. Réalisée dans le cadre de la cohorte Anrs CO3 Aquitaine, la seconde étude a montré que l’infection par le cytomégalovirus n’est
pas plus fréquente chez les patients infectés par le VIH atteints d’un cancer que parmi les cas contrôles.
y Cohorte HepaVIH : suivi en cours. Lancée en octobre 2005, la cohorte Anrs
CO13 HepaVIH vise à étudier l’histoire naturelle de la co-infection par le VIH
et le VHC en termes de morbidité et de mortalité, ainsi que ses déterminants, afin de mieux comprendre les interactions entre ces deux virus et
leurs traitements. Au total, 1 175 patients ont été inclus et 1 146 sont actuellement suivis dans 17 centres participants. 1 048 sont porteurs chroniques
du VHC et 127 ont été guéris après traitement anti-VHC. L’âge médian est
de 45 ans, 30 % des patients inclus sont des femmes. L’injection intraveineuse de drogues est le mode de contamination le plus fréquent (62 %).
HepaVIH va être un outil stratégique important qui permettra d’étudier les
§
patients co-infectés qui recevront les
nouvelles molécules anti-VHC à partir de
L A P H A R M AC OV I G I L A N C E
la fin 2011.
L’Anrs a poursuivi, en 2010, son rôle dans la pharmaco-
y Fin des inclusions dans l’étude Anrs
vigilance, essentiel au suivi de la sécurité des patients
EP45 Aging. L’objectif principal de cette
participant à ses essais cliniques, en France, au niveau
étude est de mesurer l’impact de l’in-
européen et dans les pays en développement.
fection par le VIH et celui des thérapeu-
La collaboration avec l’Inserm s’est intensifiée avec la
tiques antirétrovirales sur les marqueurs
gestion de la sécurité des patients par des protocoles
nucléaires, mitochondriaux et cytoso-
européens.
liques du vieillissement cellulaire, ainsi
or
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29
R E C R U T E M E N T S O U T E N U D E S PAT I E N T S DA N S L E S
ÉTUDES ANRS
L’Anrs réalise tous les deux ans une enquête auprès des services cliniques bénéficiant de moyens
en moniteurs d’études cliniques (MEC) afin d’évaluer l’adéquation entre les moyens alloués et
l’activité de ces sites en termes d’essais cliniques, de cohortes et d’études physiopathologiques.
Cette enquête permet par là même de disposer de données précises sur l’activité de recherche
clinique.
L’enquête 2010 a été réalisée auprès de 41 sites avec une file active de près de 57 000 patients.
Vingt-neuf essais thérapeutiques et 23 cohortes et études physiopathologiques ont été évalués
sur 7 886 patients au total : 1992 patients dans les essais thérapeutiques et 5 894 dans les
cohortes/études physiopathologiques.
Au total, 3,5 % des patients de la file active ont été inclus dans les essais thérapeutiques (+0,4 %
par rapport à 2008) et 10,3 % dans les cohortes/études physiopathologiques (+0,2 % par rapport
à 2008). La proportion de patients inclus dans les essais et cohortes/études physiopathologiques de l’Anrs au sein des différents sites est en légère augmentation par rapport à 2008 (13,8 %
en 2010 versus 13,2 % en 2008).
§
P UBLICATIONS
DES COHORTES PAR ANNEE
Nombre de publications
100
80
60
40
20
Autres
IF > 5
0
2008
2009
2010
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
1994
1995
1996
Années
IF < 5
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§
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2010
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recherches cliniques
30
que de confirmer in vivo, chez des patients sous traitements antirétroviraux,
les résultats obtenus in vitro dans les cultures cellulaires. Ouvertes en
avril 2009 dans trois centres français, les inclusions ont pris fin en mars 2010.
Au total 179 participants ont été recrutés, dont 49 patients VIH1 naïfs, 81
patients traités et 49 témoins VIH.
y Des retombées de l’AC 11 « Virologie ». Les résultats de l’étude Geno-
tropism ont fait l’objet d’une publication sur le tropisme viral pour les corécepteurs CCR5 et CXCR4 à partir de différents algorithmes génotypiques.
Les données obtenues ont conduit à la validation de l’usage des tests génotypiques préalable à la prescription des anti-CCR5 qui est actuellement
recommandée pour les patients pré-traités. Cette étude a également permis de montrer que le score de sensibilité génotypique initial est prédictif
de la réponse virologique à six mois au maraviroc.
Parallèlement, les résultats de l’étude Odyssée pour les années 2006-2007
ont été publiés. Ils portent sur 530 patients nouvellement diagnostiqués et
naïfs de traitement. Ils indiquent une prévalence globale de virus portant au
moins une mutation de résistance aux inhibiteurs de protéase et aux inhibiteurs nucléosidiques et non-nucléosidiques de la transcriptase inverse de
10,6 %. La prévalence des souches virales résistantes transmises est comparable chez les patients infectés par du VIH de sous-type B et non-B.
Enfin, plusieurs études ont été publiées rapportant des résultats sur les
résistances à l’inhibiteur de l’intégrase raltegravir, à la fois in vivo et in vitro,
ainsi qu’à l’inhibiteur non-nucléosidique de la transcriptase inverse etravirine, chez les patients naïfs et pré-traités. y
or
g an i
31
Bibliographie sélectionnée *
y Bruyand M, Vandenhende MA, Marcel G, Lazaro E, Lafon ME, Dupon M,
Dabis F, Geffard S, Fleury H, Corte
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* La bibliographie complète peut être
consultée sur le site de l’Anrs.
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Gillet S, Pambrun E, Delaune J,
Valantin MA, Poizot Martin I, Neau D,
Bonnard P, Rosenthal E, Barange K,
Morlat P, Lacombe K, Gervais A,
Rouges F, Bicart See A, LascouxCombe C, Vittecoq D, Goujard C,
Duvivier C, Spire B, Izopet J, Sogni
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23;7(2):e1000239.
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2010
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recherches sur le vaccin préventif
32
recherches sur le vaccin préventif
Un nouveau processus de
recrutement des volontaires
L
e programme de recherches vaccinales de l’Anrs a poursuivi son
avancement, avec notamment
l’obtention des premiers résultats de l’essai Anrs VAC20-EV03
et la fin du recrutement et de la vaccination des patients dans l’essai
Dalia-1. La production de nouveaux lots du candidat vaccin LIPO-5 et
des anticorps anti-cellules dendritiques est par ailleurs en bonne voie.
Enfin, une nouvelle méthodologie de sélection des volontaires pour les
futurs essais a été mise en place.
Les initiatives en 2010
y Nouvelle méthodologie de sélection des volontaires. Jusqu’à présent, les
volontaires sélectionnés par l’Anrs pour participer aux essais vaccinaux antiVIH étaient recrutés pour intégrer dans un premier temps le « Réseau des
volontaires de l’Anrs » et ce, parfois, très en amont du démarrage d’un essai.
Ce processus de sélection faisait l’objet d’un protocole, d’un consentement
et d’autorisations réglementaires à part.
Ce type de sélection n’est plus adapté au programme vaccinal de l’agence.
De nombreux volontaires, en attente d’un essai durant plusieurs mois,
n’étaient plus disponibles le moment venu ou devenus trop âgés pour y par-
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ticiper. Il conduisait d’autre part à sélectionner des volontaires dont la moyenne
d’âge était relativement élevée (53 % des volontaires ont entre 40 et 55 ans),
en tout cas plus élevée que celle des volontaires recrutés dans d’autres pays.
Après une mûre réflexion qui a associé des investigateurs des centres vaccinaux, l’Anrs a élaboré un nouveau processus de recrutement des volontaires répondant aux nouvelles attentes mais visant toujours à recruter
des personnes en bonne santé, et à faible risque d’infection par le VIH.
L’amélioration du processus porte sur les points suivants :
- cibler les appels à volontaires par essai afin d’assurer le recrutement direct
des volontaires pour un essai donné, réglementairement autorisé
- raccourcir le délai entre l’appel à volontaires et l’inclusion dans l’essai
- décentraliser le recrutement des volontaires de façon à ce qu’il soit d’emblée réalisé par les centres
- cibler une moyenne d’âge plus basse des volontaires au recrutement.
Une agence de communication organisera le prochain appel à volontaires
de l’agence en respectant ce nouveau cahier des charges.
y La cohorte des volontaires. Lancée fin 2008, la cohorte Anrs COV1 COH-
VAC suit au long cours les personnes ayant participé aux essais vaccinaux
de l’agence. Les objectifs de cette cohorte sont de recueillir les éventuels
événements indésirables qui pourraient survenir après vaccination, de constituer une base de données analysable en cas d’alerte, d’évaluer le risque
d’infection par le VIH en cas d’exposition au virus, et d’aborder l’impact psycho-comportemental de la participation à un essai vaccinal. 255 volontaires
y participent actuellement. L’intégration des données de la base de l’essai
Anrs VAC20-EV03 a été lancée afin de pouvoir proposer aux 74 volontaires
ayant participé à cet essai d’entrer dans la cohorte. L’équipe COVHAC a par
ailleurs adressé en juin 2010 aux actuels participants le premier numéro
d’un bulletin d’information afin de leur rendre compte de l’avancement de
la cohorte et, plus généralement, du programme vaccinal de l’agence.
y Production d’un nouveau lot de LIPO-5. Reposant sur l’utilisation de molé-
cules hybrides constituées de larges fragments synthétiques de protéines
du VIH couplés à des lipides, LIPO-5 est un candidat vaccin entièrement
développé par l’agence. Afin de fabriquer un nouveau lot clinique du candidat vaccin LIPO-5, l’Anrs a mandaté les sociétés suisses Bachem et Baccinex. Les cinq lots de lipopeptides constituant le LIPO-5 (GAG17, GAG 253,
NEF66, NEF116 et POL325) ont été synthétisés au cours de l’année 2010 par
la société Bachem, selon les bonnes pratiques de fabrication (BPF). Ces lots
ont été libérés par l’assurance qualité de Bachem en décembre 2010.
Le laboratoire Baccinex est en charge de la fabrication, du conditionnement
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2010
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recherches sur le vaccin préventif
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et des contrôles qualité du nouveau lot clinique selon les BPF et conformément à la législation sur les médicaments expérimentaux en Europe et
aux États-Unis. Ce nouveau lot sera disponible au premier semestre 2011.
Il sera constitué de plus de 400 doses utiles (à 2,5 mg par flacon soit, 500 µg
de chacun des lipopeptides) qui permettront la poursuite du programme
vaccinal de l’Anrs. Ce lot prendra le relais du lot actuellement utilisé dans
l’essai Dalia-1.
y Humanisation des anticorps anti-cellules dendritiques. L’Anrs poursuit
son approche vaccinale innovatrice par anticorps ciblés contre les cellules
dendritiques. Des anticorps monoclonaux spécifiques de molécules de surface des cellules dendritiques peuvent être couplés à des antigènes du VIH
pour améliorer la présentation des épitopes afin d’obtenir une réponse immunitaire. La procédure d’humanisation, nécessaire pour pouvoir administrer
ces anticorps chez l’homme, a été complétée en 2010. Les anticorps sont
désormais en phase de validation in vitro et préclinique, avant la production d’un lot clinique pour les tester dans des essais cliniques.
§
U N E É VA LU AT I O N I N T E R N AT I O N A L E
Le programme de recherche vaccinale de l’Anrs est régulièrement évalué par le Conseil
scientifique de l’agence mais également par un comité scientifique ad hoc constitué d’experts étrangers.
En 2010 les équipes du programme de recherche vaccinale ont été fortement impliquées dans la
préparation d’un nouvel audit par un comité d’experts étranger qui s’est déroulé en janvier 2011.
Ce comité était composé d’experts dans le domaine : les docteurs Ralph Steinman (Rockefeller
University, USA), Louis Picker (Oregon Health & Science University, USA), Richard Koup (VRC,
NIH, USA) et le professeur Robin Shattock (St George’s University of London, UK).
Le comité a validé le programme de recherche vaccinale de l’Anrs et sa direction. Il a félicité
l’agence pour la qualité de son programme de recherche, en particulier l’originalité de certains
de ses produits, et plus spécifiquement les anticorps anti-cellules dendritiques. Une des principales recommandations du comité est la poursuite de cette stratégie de recherche fondamentale et chez les primates, tout en poursuivant l’exploration des anticorps anti-cellules dendritiques dans un contexte clinique chez l’homme avec une optimisation de la stratégie de
développement des outils vaccinaux de l’Anrs, en partenariat si possible avec l’industrie.
or
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35
L E « VAC C I N E R E S E A R C H I N S T I T U T E » :
N A I S S A N C E D ’ U N L A B O R ATO I R E D ’ E XC E L L E N C E
En partenariat avec l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) et le pôle de recherche et d’enseignement
supérieur Université Paris-Est (PRES UPE), l’Anrs a présenté, dans le cadre des investissements d’avenir, un projet de laboratoire d’excellence pour la création d’un Institut de Recherche sur le Vaccin (« Vaccine Research Institute », VRI). Ce projet, porté par le Pr Yves Levy, a été préparé durant l’année 2010
et a été retenu en mars 2011 par un jury international.
L’objectif de cet institut est de répondre aux défis scientifiques que constitue le développement de
vaccins efficaces contre les infections par le VIH et le VHC. Il réunit 14 équipes de recherche issues
de l’UPEC (Institut Mondor de recherche biomédicale – IMRB), de l’Inserm, de l’Institut Pasteur, de
l’Université Paris Sud, du CEA, du Baylor Research Institute de Dallas, de l’Université Victor-Segalen
de Bordeaux, de l’Université de Strasbourg, et un réseau de cliniciens. Toutes ces équipes sont d’ores
et déjà impliquées dans le programme de recherche vaccinale mis en œuvre par l’Anrs depuis 2007.
Au travers du VRI, ces équipes verront leurs capacités de recherche renforcées. En s’appuyant sur
l’expertise scientifique de ses équipes et le partenariat avec l’industrie, en renforçant les liens entre
la recherche fondamentale et translationnelle, les associations de patients et le monde socio-économique, le VRI permettra d’accélérer le développement de la recherche vaccinale en France. Du fait
de son statut de fondation de coopération scientifique, l’Institut est de surcroît en mesure d’obtenir
des fonds dans le cadre d’appels d’offres nationaux ou internationaux, ainsi qu’en nouant des partenariats avec les industriels.
Le VRI marque ainsi une nouvelle étape cruciale pour le programme vaccinal de l’Anrs et, plus largement, pour la recherche française sur les vaccins contre le VIH et le VHC.
y Un nouveau projet européen. Le programme de recherche vaccinale de
l’Anrs est très impliqué dans une politique de recherche à l’échelon international. Au-delà de la collaboration avec le Baylor Institute depuis 2007,
le programme vaccin de l’agence a participé en 2010 à un projet européen,
coordonné par l’université de Lausanne et auquel plusieurs instituts de
recherche et industries pharmaceutiques ont participé.
L’actualité scientifique
y Premiers résultats de l’essai Anrs VAC20-EV03. Réalisé en France, en
Suisse, au Royaume-Uni et Allemagne, cet essai européen de phase II comparait l’immunogénicité et la tolérance de deux schémas d’immunisation
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2010
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recherches sur le vaccin préventif
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combinant les deux candidats vaccins développés par la Fondation EuroVacc : trois doses ADN-C (vaccin ADN codant pour des gènes de VIH-1 clade
C) et une dose de NYVAC-C (vecteur recombinant) versus deux doses d’ADNC et 2 doses de NYVAC-C.
Au total, 147 volontaires ont été inclus dont 74 en France entre novembre 2007
et mai 2008. Les dernières visites de suivi des volontaires ont pris fin en octobre 2009. Les premiers résultats d’immunogénicité ont été sélectionnés et
présentés en communications orales lors des congrès internationaux AIDS
Vaccine et CROI 2010. Ils montrent que la combinaison des deux
candidats vaccins présente une immunogénicité élevée et une
LIPO-5, un candidat
vaccin en mesure d’induire
une réponse immunitaire
spécifique contre le VIH
bonne tolérance. C’est le schéma avec trois doses ADN-C qui est
associé aux meilleures réponses.
y Fin du recrutement de l’essai Dalia-1. Cet essai a pour objectif
d’évaluer la tolérance d’une vaccination qui repose sur l’administration de cellules dendritiques qui sont prélevées, mises en contact
avec le candidat vaccin LIPO-5, puis réadministrées au patient. Cet
essai concerne des patients infectés par le VIH et sous antirétroviraux. Il est
réalisé à Dallas aux Etats-Unis, dans le cadre d’un accord de collaboration
entre l’Anrs, le Baylor Institute et l’Inserm. Fin 2010, les 19 patients nécessaires avaient été inclus et avaient reçu la vaccination prévue. Les premiers
résultats montrent la bonne tolérance du schéma vaccinal évalué. Une analyse de l’immunogénicité est programmée dans le courant de 2011.
y Publication des résultats de l’essai Anrs VAC18. Les résultats définitifs
de cet essai qui comparaît l’immunogénicité cellulaire et la tolérance de trois
doses du candidat vaccin LIPO-5 versus placebo chez 132 volontaires non
infectés par le VIH ont été publiés en 2010 dans la revue AIDS. Ils démontrent que le candidat vaccin LIPO-5 est en mesure d’induire une réponse
immunitaire spécifique contre le VIH. y
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37
Bibliographie sélectionnée *
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lipopeptides (Lipo-6T) combined with
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patients-results of the Anrs 093 randomized study. in AIDS vaccine 2010.
2010. Atlanta.
* La bibliographie
complète peut être
consultée sur le site
de l’Anrs.
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the randomized multicentre EV03/Anrs
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2010
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recherches sur les hépatites virales
38
recherches sur les hépatites virales
Accompagner une
nouvelle ère thérapeutique
A
vec l’arrivée de nouvelles molécules anti-VHC et l’entrée dans
l’ère des trithérapies, l’Anrs a
mis en place plusieurs projets de
recherche innovants en 2010.
Ceux-ci visent à préciser la place des nouveaux médicaments dans les stratégies thérapeutiques, notamment pour les patients en situation d’échec
à un premier traitement, et à évaluer leurs effets au sein d’une cohorte.
L’activité de la recherche fondamentale sur les mécanismes d’entrée des
virus des hépatites est par ailleurs restée soutenue.
Les initiatives en 2010
y Des études pour de nouvelles molécules. Compte tenu de l’intérêt de l’ar-
rivée des inhibiteurs de protéase anti-VHC, qui font rentrer le traitement
de l’hépatite C chronique dans l’ère des trithérapies, l’Anrs a mis en place
en 2010 une série d’études afin de préciser la place de ces nouvelles molécules dans les stratégies thérapeutiques, en particulier chez les patients qui
sont habituellement exclus des essais de l’industrie pharmaceutique et
qui ne sont pas concernés par les autorisations de mises sur le marché.
La cohorte Anrs CO20 Cupic (Compassionate Use of Protease Inhibitors in viral
C Cirrhosis) est un observatoire mis en place dans le cadre de l’Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) de cohorte du telaprévir et du bocépre-
or
g an i
39
vir. Cette ATU s’adresse aux patients mono-infectés par le VHC, ayant une
hépatite chronique C de génotype 1 et pour lesquels le VHC n’a pas été
éradiqué lors d’un traitement antérieur par la bithérapie standard. L’objectif principal de l’observatoire est d’évaluer la survenue du succès thérapeutique, défini par l’obtention d’une réponse virologique soutenue, chez les
malades inclus dans l’ATU de cohorte et traités par Peg-Interféron, ribavirine et telaprévir ou bocéprevir.
Cette cohorte est le fruit d’un partenariat entre l’Agence, l’Association française pour l’étude du foie (AFEF), l’agence française de sécurité sanitaire
des produits de santé (Afssaps) et les laboratoires Jansen, MSD et Roche.
C’est la première fois qu’un tel observatoire, visant à répondre de façon
rigoureuse à des questions de recherche, est mis en place dans le cadre
d’une ATU.
La cohorte ANRS CO20 Cupic constitue la première étape d’une vaste cohorte
sur les hépatites B et C. Elle devra inclure les patients infectés par le VHB
et/ou le VHC pris en charge en France, sur le modèle de la base hospitalière
française sur l’infection par le VIH.
Parallèlement, l’agence a élaboré deux essais sur les inhibiteurs de protéase anti-VHC chez les patients co-infectés par le VIH et le VHC. Les essais
Anrs HC26 TélapréVIH et Anrs HC27 BocepreVIH évalueront respectivement
le telaprévir et le bocéprevir, en association avec la bithérapie standard, chez
des patients co-infectés, avec un VHC de génotype 1, en échec après un traitement antérieur par Peg-Interféron et ribavirine. Ils détermineront l’efficacité et la tolérance de ces trithérapies, mais aussi les interactions pharmacologiques éventuelles avec les autres traitements. Il est prévu d’inclure
une soixantaine de patients dans chacun de ces deux essais qui vont débuter au printemps 2011.
Enfin, l’agence a préparé le lancement d’un troisième essai, prévu au cours
du second semestre 2011, concernant cette fois les patients mono-infectés par le VHC et en attente d’une transplantation hépatique. L’essai ANRS
HC29 Bocéprétransplant aura pour objectif de déterminer auprès d’une
soixantaine de patients dans cette situation s’il est possible d’obtenir avec
une trithérapie une guérison de l’infection chronique à VHC avant la transplantation.
y Supplémentation par vitamine D. Ouvert en 2010, l’essai Anrs HC25 Vita-
vic a pour objectif d’évaluer l’efficacité d’une supplémentation par vitamine D en association à une bithérapie par interféron alpha pégylé plus ribavirine chez des patients avec une hépatite virale chronique C de génotype 1
et 4, non répondeurs à une première bithérapie. Cet essai multicentrique
ouvert doit inclure 40 patients.
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2010
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recherches sur les hépatites virales
40
y VHB : un essai chez les patients répondeurs. L’agence a lancé l’essai
Anrs HB06 PEGAN, visant à évaluer l’impact d’un traitement par peg-interféron alpha-2a pendant 48 semaines chez des patients atteints d’une hépatite B chronique (AgHBe-) et présentant une charge virale indétectable
sous analogue(s) nucléosidique(s) ou nucléotidique(s) depuis au moins 12
mois. L’objectif est d’apporter une alternative thérapeutique à l’utilisation
prolongée, voire indéfinie des analogues nucléosidique(s) ou nucléotidique(s). L’arrêt de ceux-ci est en effet suivi dans la majorité des cas d’une
rechute virologique alors que leur utilisation prolongée est hypothéquée
par la survenue de mutations de résistance. Le traitement par peg-interféron pendant 48 semaines chez les patients ayant un ADN VHB indétectable sous analogue(s) pourrait augmenter la perte de l’AgHBs, puis favoriser la conversion HBs. L’absence de détection de l’AgHBs pendant six
mois autoriserait l’arrêt du traitement en l’absence de cirrhose. Cet essai
comprend des études virologiques, d’anatomopathologie, d’immunologie
ainsi que sur les résistances et le cccDNA. Il est prévu d’inclure 182 patients
dans cet essai.
y Carcinome hépato-cellulaire : arrêt des inclusions d’un essai de traite-
ment adjuvant. À la demande de l’Agence française de sécurité sanitaire
des produits de santé (Afssaps), les inclusions dans l’essai Anrs HC06 Lipiocis ont été stoppées en octobre 2010. Cet essai randomisé évaluait un traitement adjuvant du carcinome hépato-cellulaire (CHC) par l’administration de lipiodol radioactif 8 à 12 semaines après un traitement initial curatif
chirurgical ou percutané. La décision d’interruption fait suite à une demande
d’arrêt de commercialisation émise par la firme produisant le lipiodol radioactif en raison d’une indication devenue marginale dans le cadre de l’AMM ainsi
que de l’observation de cas de pneumopathies interstitielles. Une évaluation du rapport bénéfice/risque de la poursuite du traitement par lipiodol
radioactif est en cours de la part de l’Afssaps.
y Création de l’AC33. La nécessité de coordonner les recherches sur les
résistances aux antiviraux des virus des hépatites a conduit, à la fin de
2009, à la création de l’Action coordonnée n° 33 « Résistances des virus
des hépatites B et C aux antiviraux ». Il s’agit d’une AC de recherche translationnelle, multidisciplinaire, associant cliniciens (hépatologues et infectiologues), immunologistes, épidémiologistes, méthodologistes, virologues
et chercheurs fondamentaux. La virologie jouant un rôle central au sein
de cette AC, il a été décidé en 2010 de lui rattacher les groupes de virologie hépatites B et C qui existaient jusqu’à présent au sein de l’AC11 « virologie médicale ».
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L’actualité scientifique
y Des avancées sur les mécanismes d’entrée. Des résultats importants ont
été obtenus sur l’entrée des virus hépatiques. Il est possible de propager de
façon efficace le VHC en culture primaire d’hépatocytes, offrant ainsi un
modèle de culture cellulaire plus physiologique pour étudier certaines étapes
du cycle cellulaire dont l’assemblage et l’entrée. De plus, comparées aux
particules de VHC produites en lignées cellulaires continues, les particules produites dans les hépatocytes primaires ont une densité plus basse
et une infectiosité spécifique supérieure. Ces propriétés miment ainsi celles
des particules infectieuses retrouvées dans le sang des malades atteints
d’hépatite C et qui sont intimement associées aux lipoprotéines de très basse
densité (VLDL). Contrairement aux cellules de lignée continue de type Huh 7,
les hépatocytes humains primaires sécrètent d’authentiques VLDL – c’est
une des fonctions physiologiques du foie – expliquant sans doute que, de
manière corollaire, ils produisent aussi d’authentiques particules virales
infectieuses.
Récemment, des variants viraux apparaissant après transplantation hépatique ont été caractérisés. Ces variants sont associés à une augmentation
de l’efficacité de l’entrée virale. En revanche, ils sont peu neutralisés par
les anticorps présents avant la transplantation. Ces résultats présentent
un des mécanismes possibles d’échappement viral lors de la réinfection.
De plus, ils suggèrent que l’entrée virale est une cible thérapeutique potentielle dans le cadre de la prévention de la réinfection de la
greffe hépatique. Il est à noter qu’il a également été montré
que les glycanes présents à la surface des protéines d’enveloppe du VHC contribuent au masquage d’épitopes neutralisants, participant ainsi à l’échappement de la réponse
immune humorale.
Le virus de l’hépatite C utilise au moins quatre molécules
des résultats importants
ont été obtenus sur l’entrée
des virus hépatiques
présentes à la surface des cellules du foie pour entrer dans
la cellule : la tétraspanine CD81, le récepteur scavenger BI
et les protéines de jonction serrée Claudine-1 et Occludine. En 2008, une
équipe avait identifié un inhibiteur naturel de l’entrée du VHC. Il s’agit de
la molécule EWI-2wint qui inhibe l’interaction entre la glycoprotéine d’enveloppe E2 et la tétraspanine CD81. Dans la poursuite de leurs travaux,
les membres ont mis en évidence les régions impliquées dans les interactions entre EWI-2wint et CD81. D’autres travaux ont montré que des
anticorps dirigés contre le facteur d’entrée Claudine-1 sont capables de
bloquer l’entrée virale par un mécanisme qui affecte les interactions entre
Claudine-1 et CD81.
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recherches sur les hépatites virales
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§
L A C O N T R I B U T I O N D E L’A N R S A U P L A N N AT I O N A L D E LU T T E
C O N T R E L E S H É PAT I T E S V I R A L E S
Début 2009, le gouvernement a lancé son Plan national de lutte contre les hépatites virales B et C
pour les années 2009 à 2012. Il s’agit du troisième Plan national consacré à ces pathologies, après
ceux couvrant les années 1999-2002, puis 2002-2005. Ce nouveau Plan définit cinq axes stratégiques d’actions : 1) La réduction de la transmission des virus B et C ; 2) le renforcement du dépistage ; 3) Le renforcement de l’accès aux soins et l’amélioration de la qualité des soins et de la qualité de vie des personnes atteintes d’hépatite chronique B ou C ; 4) La mise en place de mesures
complémentaires adaptées au milieu carcéral ; 5) L’amélioration de la surveillance et des connaissances épidémiologiques, le renforcement de l’évaluation des pratiques et le développement de
la recherche.
Fort de son rôle de coordination de la recherche sur les hépatites virales, l’Anrs s’est attachée à
contribuer au Plan national en mettant en œuvre des recherches qui couvrent les 5 axes poursuivis par celui-ci. Plusieurs recherches ont d’ores et déjà été réalisées :
y Une enquête sur l’observance thérapeutique chez des patients multitraités et usagers de drogue.
y Une étude sur la prévention des hépatites virales auprès de populations en situation de précarité.
y Une étude auprès du personnel soignant sur les déterminants de la proposition de diagnostic et
de soins des hépatites virales B et C aux migrants dans le département de la Côte-d’or.
y Un essai de stratégie vaccinale contre l’hépatite C chez des patients infectés par le VIH (ANRS
HB03 VIHVAC-B).
Parallèlement, plusieurs autres recherches sont en cours de réalisation :
y Une étude sur les risques de transmission du VIH et du VHC liés à la consommation de crack et
évaluant des outils de réduction des risques spécifiques.
y ANRS-FORMVAC, une étude multicentrique prospective évaluant l’impact de différentes interventions de santé publique destinées à améliorer l’adhésion à la vaccination contre l’hépatite B
des sujets vus en consultation de dépistage anonyme et gratuit en France.
y L’enquête ANRS-METHAVILLE qui évalue l’impact de la primo prescription de méthadone en médecine de ville sur les pratiques à risque de transmission du VHC.
y L’essai multicentrique ANRS HB04 B-BOOST qui compare l’immunogénicité d’un schéma vaccinal renforcé contre le VHB à un schéma classique chez des patients infectés par le VIH n’ayant pas
répondu à une première vaccination et à une injection de rappel.
y PREVAGAY, une étude sur la prévalence du VIH auprès des hommes ayant des rapports sexuels
avec des hommes fréquentant les lieux de rencontre commerciaux parisiens. Cette étude a également pour objet le VHB et le VHC.
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y Une enquête sur les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH sida,
aux hépatites virales et aux IST dans la population générale adulte en France métropolitaine et
aux Antilles-Guyane.
y L’étude ANRS-OPTISCREEN B qui vise à déterminer si l’application d’algorithmes de décision et
l’utilisation de tests rapides permettent d’optimiser le dépistage et la prévention de l’hépatite B.
y Le projet Parcours qui porte sur les parcours de vie, l’infection par le VIH et le VHB chez les
migrants africains vivant en Ile-de-France.
y L’étude VESPA 2010, une enquête nationale transversale sur les conditions de vie des personnes atteintes par le VIH sida en France métropolitaine, aux Antilles, en Guyane et à la Réunion.
Plusieurs autres projets sont en cours de préparation, en particulier le programme ANRS PRI2DE
qui porte sur la prévention du risque infectieux chez les détenus, l’enquête Coquelicot sur les pratiques à risque de transmission du VIH, du VHB et du VHC chez les usagers de drogue, et le projet
AERLI dont l’objectif est d’évaluer une approche d’accompagnement et d’éducation aux risques
liés aux injections chez les usagers de drogue par voie injectable.
De plus, l’Anrs est très impliquée dans l’évaluation des nouvelles molécules anti-VHC, dans le
cadre :
y d’essais cliniques, ANRS HC26 TélapréVIH, ANRS HC27 BocépréVIH, et courant deuxième semestre 2011, l’essai ANRS HC29 Bocéprétransplant), et
y de la cohorte Anrs CO20 CUPIC mise en place dans le cadre de l’Autorisation Temporaire d’Utilisation de cohorte de l’Afssaps du télaprévir et du bocéprevir, avec le soutien et la participation de
l’AFEF, la collaboration de l’Afssaps et l’industrie pharmaceutique. CUPIC est piloté par F. Carrat,
et J.-P. Bronowicki.
Enfin, l’ANRS en partenariat avec l’Afssaps, la HAS, la DGS, l’InVS et l’industrie pharmaceutique,
va débuter début 2012, la constitution d’une Cohorte nationale des hépatites. L’objectif est de
mieux connaître la population des personnes présentant une infection par les virus des hépatites dans un contexte d’évolution de la prise en charge thérapeutique. Cette cohorte visera à
inclure les patients infectés par le VHB et/ou le VHC pris en charge en France. Différentes sousétudes de recherches fondamentale, virologique, pharmacologique et sociale devraient être réalisées dans le cadre de cette cohorte. Le projet Cohorte nationale des hépatites est piloté par
F. Carrat et S. Pol.
Au travers de l’ensemble de ces recherches, l’Anrs s’est clairement et pleinement impliquée dans
la réalisation des objectifs du Plan national de lutte contre les hépatites virales B et C.
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Il est à noter que l’entrée virale est intimement liée à l’assemblage de la
particule virale. En effet, la manière dont la particule virale est assemblée
va conditionner les mécanismes conduisant à la libération du génome viral
dans la cellule cible. Il a été observé qu’à la surface des particules virales
produites en culture cellulaire, les protéines d’enveloppe E1 et E2 forment
des complexes relativement larges et stabilisés par des ponts disulfures.
Ces liaisons covalentes pourraient donc participer au contrôle
il est à noter que l’entrée
virale est intimement
liée à l’assemblage de la
particule virale
du désassemblage de la particule virale. D’autres études
récentes ont également porté sur les protéines p7 et NS2 dans
l’assemblage viral. Ainsi, on a récemment rapporté un modèle
structural de la protéine p7. La même équipe a également
montré que le polypeptide p7 interagit avec la protéine virale
NS2 et il a de plus été montré que cette dernière joue un rôle
essentiel dans l’assemblage de la particule virale. En effet, la
protéine NS2 participe au recrutement de p7 et des protéines d’enveloppe
virales au niveau des sites d’assemblage des virions, à proximité des gouttelettes lipidiques.
y VHB : échec d’une stratégie vaccinale. L’essai ANRS HB02 VAC-ADN avait
pour objectif d’évaluer l’intérêt d’une vaccination par ADN nu pour la prévention des résistances après une bithérapie antivirale. Cet essai s’adressait à des patients dont la charge virale était maîtrisée par les antiviraux.
Les résultats obtenus auprès de 70 patients ont montré que la vaccination
ne permet pas de réduire le taux de rechute virologique après arrêt des
antiviraux.
y VHB : nouveaux schémas de vaccination. Les résultats de l’essai ANRS
HB03 VIHVAC-B ont été obtenus en 2010. Il s’agit d’un essai randomisé et
multicentrique de phase III qui a inclus 437 patients infectés par le VIH-1
et n’ayant jamais été vaccinés contre le VHB. Cet essai a comparé l’immunogénicité et la tolérance de deux schémas de vaccination (4 injections intramusculaires à double dose ou 4 injections sous-cutanées à faible dose) au
schéma vaccinal standard (3 injections intramusculaires à la dose standard).
Les deux schémas évalués améliorent la réponse sérologique (82 % et 77 %
de répondeurs avec respectivement les 4 injections intramusculaires et
les 4 injections sous-cutanées) par rapport à la vaccination standard (65 %,
différences statistiquement significatives). Il n’a pas été observé de problème de tolérance ou d’effet de la vaccination sur le nombre de lymphocytes CD4 au cours de l’essai. y
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Bibliographie sélectionnée *
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recherches en santé publique, sciences de l’homme, société
De nouvelles approches
sur la prévention
D
e nouvelles grandes enquêtes en
population générale et chez les
personnes vivant avec le VIH ont
été lancées. Un projet d'envergure de prévention chez les
hommes homosexuels a été préparé tout au long de 2010. Des résultats importants pour la prévention et l'accès aux soins des migrants ont été rapportés.
Les initiatives en 2010
y Construction du projet Ipergay. Alors que le nombre de nouvelles décla-
rations de séropositivité diminue globalement en France, ce chiffre reste
stable voire en augmentation dans le groupe des hommes ayant des relations avec les hommes (HSH), malgré la connaissance des modes de transmission du VIH et de la protection conférée par le préservatif. De nouvelles
approches de prévention sont donc nécessaires.
Le projet Ipergay, qui portera sur 2000 sujets, vise à démontrer qu’un traitement antirétroviral pré-exposition « à la demande » permettrait de réduire
le risque de transmission du VIH au sein de cette population. Ce projet, d’une
ambition inégalée dans le champ de la prévention du VIH en France, par
son ampleur, ses retombées potentielles et son budget prévisionnel, a fait
l’objet d’un long processus de maturation et d’évaluation à l’Anrs, en particulier en 2010. Il a bénéficié d’expertises et de contributions pluridisciplinaires. Si la dimension de recherche clinique est centrale, notamment dans
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le design choisi – un essai randomisé en double aveugle contre placebo – le
projet comprend beaucoup d’autres dimensions biomédicales mais aussi
sociologiques et psychosociologiques. Autre contribution majeure, le rôle
de l’association Aides dans l’élaboration du protocole et sa place dans le
recrutement des participants à l’essai (démarrage prévu en fin 2011).
De ce point de vue, l’Anrs a engagé une réflexion sur le rôle des associations
dans les projets d’intervention en prévention. Le partenariat avec le TRT-5
parfaitement adapté pour les protocoles de recherche clinique, ne l’est pas
pour la recherche en prévention, auprès de personnes séronégatives au VIH.
Il fallait donc envisager un nouveau type de partenariat avec d’autres acteurs
engagés dans la lutte contre les discriminations vis-à-vis de l’homosexualité. Un comité associatif indépendant a été constitué, ouvert au TRT-5 et à
l’ensemble des associations gays qui le souhaitent. Ce comité a pour mission d’apporter un regard critique sur l’essai Ipergay et de protéger les droits
et la sécurité des participants. En créant ce comité l’Anrs s’engage ainsi à
développer pour d’autres recherches des liens avec les représentants de
la société civile, au-delà de la lutte contre le sida.
y Dépistage : des résultats aux retombées concrètes. Face au constat qu’en
France le diagnostic tardif de l’infection reste encore trop fréquent, sous
l’impulsion du groupe « Dépistage », l’étude Anrs Com’ Test, réalisée avec
l’association Aides a évalué la faisabilité d’une offre de dépistage communautaire non médicalisée par un test rapide auprès des HSH ; elle a permis
de faire entrer ce type de dépistage dans l’usage courant en France (Arrêté
du 9 novembre 2010 fixant les conditions de réalisation des tests rapides
d’orientation diagnostique de l’infection à virus de l’immunodéficience
humaine VIH 1 et 2).
Un vaste programme de recherche reste toutefois en cours ou est sur le
point de s’achever, notamment sur :
- le dépistage par test rapide d’orientation diagnostique systématiquement proposé aux consultants des services d’urgence d’Ile de France,
- l’évaluation des opinions, du niveau de connaissance et d’utilisation des
« tests à domicile » achetés sur internet par les homosexuels masculins,
- les opportunités manquées de diagnostic chez les patients nouvellement
diagnostiqués et se présentant pour la première fois dans un service VIH.
y Le groupe recherche communautaire. En 2010, l’Anrs a engagé une vaste
réflexion sur les principes pouvant régir la recherche communautaire qui se
définit par un partenariat actif des communautés (de la simple sollicitation
pour participer à des études à la co-direction de projet) dans des projets
de recherche dans le respect des critères d’excellence scientifique. Plu-
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sieurs projets ont pu se construire sur la prévention et le dépistage : expérimentation de dépistage rapide non médicalisé, intervention pour la prévention du VIH et des hépatites chez les consommateurs de crack, évaluation de l’accompagnement à l’injection pour les usagers de drogue.
Un groupe de travail « recherche communautaire » a été constitué
en partenariat avec l’association Aides. Il s’intéressera aux enjeux
un réseau doctoral
sur la recherche
en sciences sociales
sur le sida
et méthodes entourant la participation des « communautés » aux
actions de recherche que soutient l’Anrs.
Cet engagement de l’Anrs dans la recherche communautaire s’est
illustré dans l’organisation d’un symposium «Issues and challenges
of community-based research » durant la 18e Conférence internationale sur le sida (Vienne, juillet 2010).
y Le réseau des jeunes chercheurs. L’Anrs, avec Didier Fassin et le Réseau
santé et société de la Maison des sciences de l’homme Paris-Nord, a mis
en place un réseau doctoral sur la recherche en sciences sociales sur le
sida. Un soutien financier et scientifique permet à ce réseau de favoriser les
liens entre cette communauté de jeunes chercheurs avec d’autres du domaine
et les associations de lutte contre le sida. Une série de séminaires thématiques a également été organisée.
En 2010, un ouvrage publié dans la collection « Sciences sociales et sida »
et intitulé VIH/sida. Se confronter aux terrains. Expériences et postures de
recherche analysait les difficultés rencontrées pour mener à bien une enquête
de terrain, qu’elles soient d’ordre méthodologique, éthique ou politique. Les
articles reflètent aussi des manières de s’engager, en vue de produire des
données utiles pour tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le VIH/sida.
y Hépatites : réduire les risques. Le symposium de l’Anrs lors de la 18e Confé-
rence Internationale sur le sida à Vienne, en juillet 2010, « Harm Reduction :
Time to switch from Repression to Evidence » soutenait explicitement l’intérêt
des recherches sur la réduction des risques chez les usagers de drogue.
Plusieurs grands projets soutenus par l’Anrs dans ce domaine auront un
effet structurant sur la recherche en sciences sociales sur les hépatites.
Le projet Anrs-AERLI (Accompagnement et éducation aux risques liés à l’injection) démarrera en 2011, tandis que les résultats de l’enquête Méthaville,
qui évaluait la faisabilité de primo-prescription de la méthadone en médecine de ville, devraient être publiés en 2011.
L’étude sur les risques de transmission du VIH et du VHC liés à la consommation de crack et l’évaluation d’outils de réduction des risques spécifiques
se déroule sur le terrain.
Par ailleurs, dans le contexte français où l’on observe un défaut de vacci-
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nation contre l’hépatite B dans les populations à risque, le projet Anrs-Formvac, évalue l’impact de différentes interventions de santé publique sur l’adhésion à la vaccination contre l’hépatite B des sujets à risque vus dans des
CDAG. Il produira dès 2011 des premiers résultats qui permettront d’éclairer les décideurs sur le rôle des CDAG dans la diffusion de cette vaccination.
Dans le domaine du dépistage de l’hépatite B, l’AC 25 a favorisé le montage
d’un projet (Optiscreen) qui devrait permettre d’optimiser le dépistage et
la prévention de l’hépatite B par l’application d’algorithmes de décision et
l’utilisation de tests rapides.
Par ailleurs, l’Anrs a apporté son soutien au développement d’un questionnaire international de qualité de vie spécifique du VHC.
L’AC 25 se propose également de profiter de l’existence de la cohorte AnrsCUPIC (Compassionate Use of Protease Inhibitors for viral C Cirrhotic Patients)
pour envisager des études sur l’observance et sur la qualité de vie dans le
contexte de l’arrivée des nouveaux traitements. Une réflexion sur l’impact
de ces traitements sur la prévalence et l’incidence de l’épidémie a commencé à l’Anrs.
y Lancement de grandes enquêtes. Faisant suite aux enquêtes réalisées en
2004, KABP-Antilles-Guyane et VESPA-2 se sont mises en place en 2010.
L’enquête KABP sera réalisée auprès de 2 000 personnes âgées de 15 à 69
ans et vivant en Guyane, Martinique et Guadeloupe. Elles seront interrogées
par téléphone filaire et mobile. L’enquête approfondira deux problématiques
centrales : les relations de genre et celles des inégalités sociales. Les données seront analysées pour chaque département ; elles seront par ailleurs
comparées à celles de l’enquête KABP réalisée en métropole.
L’enquête VESPA-2 (VIH-Enquête sur les personnes atteintes) est également
en cours de mise en place. Elle sera menée en France métropolitaine et dans
les DOM (y compris La Réunion et Saint-Martin).
D’importants changements dans le domaine du traitement sont survenus
depuis 2003. Cette nouvelle enquête permettra de suivre l’évolution d’un
certain nombre d’indicateurs sur la situation médicale et les conditions
de vie de ces personnes. De plus, elle approfondira de nouvelles questions de recherche autour des thèmes d’intérêt actuel tels que les comorbidités, le vieillissement, les pratiques préventives, la stigmatisation et
les discriminations.
Avec d’autres recherches soutenues par l’Anrs (enquête Parcours auprès de
migrants et l’ensemble des travaux de recherche chez les HSH et les usagers de drogue), ces enquêtes constituent une base de connaissances solides
qui contribuent à enrichir les recommandations en matière de politique de
santé et de prévention. En s’engageant dans l’élaboration et le suivi du
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plan national de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles (IST) 2010-2014, l’Anrs valorisera les acquis de ce vaste programme
d’enquêtes en populations.
L’actualité scientifique
y Migrants face au VIH et aux hépatites. Une équipe a étudié l’évolution de
l’incidence de la tuberculose chez les personnes infectées par le VIH depuis
l’introduction des multithérapies antirétrovirales. Cette étude a été réalisée
à partir des données de plus de 72 500 patients suivis, entre 1997 et 2008,
dans le cadre de la base de données hospitalières française sur l’infection
par le VIH Anrs CO4 FHDH. Le risque de tuberculose est deux fois plus élevé
chez les migrants par rapport aux non-migrants : 1,03 pour 100 personnes/année versus 0,2 pour 100 personnes/année respectivement. Parallèlement, il est observé une augmentation du risque de survenue de la tuberculose depuis le début des années 2000. Ainsi, le risque ajusté était en 2008
de 2,5 chez les migrants et de 1,85 chez les non migrants comparé à 1997.
Selon les chercheurs, cette augmentation serait en partie liée à l’accroissement de la proportion des migrants d’origine subsaharienne parmi la
population des personnes infectées par le VIH en France ainsi qu’à un accès
retardé aux soins. Ils considèrent que les migrants, entre autres, pourraient
bénéficier d’un traitement préventif de la tuberculose initié en même temps
que le traitement antirétroviral.
Une autre étude comparative a été réalisée auprès de 18 centres d’hébergement pour personnes en situation de difficulté sociale et travailleurs
migrants de la région lyonnaise afin de déterminer quelle stratégie de dépistage des hépatites virales est la plus opérante. Les centres ont été randomisés en trois groupes : 1) absence d’intervention, 2) réunion d’information
des résidants et invitation à se faire dépister dans un centre de soins, 3) réunion d’information des résidants et proposition de dépistage avec prélèvement sanguin réalisé sur place. L’analyse des données de l’étude montre
que c’est cette dernière stratégie d’intervention qui est la plus opérante. Le
taux de dépistage réalisé est ainsi de près de 60 % dans les centres qui en
ont bénéficié, par rapport à 43 % pour les centres où les résidents étaient
invités à se rendre dans un centre de dépistage et 1,5 % dans les centres
sans intervention. Il est donc nécessaire de développer le dépistage des
hépatites virales parmi les populations défavorisées, le dépistage réalisé
dans les centres d’hébergement pour personnes en situation de précarité
constituant une bonne approche.
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y VIH et qualité de vie des patients. Le passage de l’enfuvirtide au ralté-
gravir se traduit par une amélioration de la qualité de vie. L’essai Anrs 138
Easier a comparé le maintien du traitement antirétroviral en cours à une
stratégie de substitution de l’enfuvirtide, un inhibiteur de fusion administré
par voie injectable, par un inhibiteur de l’intégrase pris par voie orale, le raltégravir, chez 170 patients avec une charge virale < 400 copies/ml. Cet essai
n’a pas montré de différence entre les deux bras sur l’évolution de la charge
virale plasmatique et le nombre de lymphocytes CD4. L’efficacité du traitement simplifié s’avère ainsi non inférieure au traitement maintenu. Une
équipe a cherché à déterminer si le switch vers le traitement simplifié améliorait la qualité de vie. L’analyse des autoquestionnaires remis aux patients
montre que, tant sur la douleur, les relations sociales et l’état physique, le
changement d’un traitement injectable à un traitement pris par voie orale
se traduit par une amélioration significative de la qualité de vie.
y Alcool et VIH. Dans le cadre de l’enquête Anrs EN12 VESPA-1 sur les condi-
tions de vie et de prise en charge médicale des personnes infectées par le
VIH, une équipe s’est intéressée à la consommation d’alcool dans cette population. Cette recherche a concerné 2 340 patients sous traitement antirétroviral. Trois groupes sont particulièrement concernés par une consommation excessive d’alcool : les hommes ayant des relations sexuelles avec
des hommes et qui font usage de stimulants, les usagers de drogues multiples et, dans une moindre mesure, les anciens usagers de drogues. Compte
tenu de l’impact d’une consommation importante d’alcool sur l’observance
des traitements antirétroviraux, les auteurs plaident en faveur d’un dépistage et d’une prise en charge spécifique de ce type de comportement au
cours du suivi des personnes infectées par le VIH, notamment au sein des
groupes identifiés comme les plus à risque.
y L’enquête CSF. Les auteurs de l’enquête sur le « contexte de la sexualité
en France », réalisée en 2006, ont procédé à une comparaison des résultats
de celle-ci avec les observations issues des précédentes enquêtes sur les
comportements sexuels de 1970 et de 1992. L’âge de la première relation a
diminué de quatre ans pour les femmes au cours des dernières décennies,
passant de 22 ans dans les années 30 à 17,6 ans dans les années 2000. La
diminution est moins marquée pour les hommes puisqu’elle est d’un an
(18,1 versus 17,2 ans). L’usage du préservatif au cours de la première relation est en augmentation constante et importante depuis les années 40, mais
s’est surtout accru à partir des années 80. Depuis le milieu des années 90,
80 % des femmes et des hommes ont déclaré avoir utilisé un préservatif lors
de leur premier rapport (une proportion qui reste stable depuis).
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re c h e rc h e s e n s a n t é p u b l i q u e , s c i e n c e s d e l’ h o m m e , s o c i é t é
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Le nombre moyen de partenaires sexuels au cours de la vie est resté stable pour les hommes (11,8 en 1970 versus 11,6 en 2006) alors qu’il a augmenté chez les femmes (1,8 en 1970 versus 4,4 en 2006).
Une évolution des pratiques sexuelles est également constatée. La proportion d’hommes et plus encore de femmes déclarant des relations sans
pénétration est en augmentation. Parallèlement, les relations sexuelles sont
aujourd’hui considérées comme importantes pour le bien-être personnel
par davantage d’hommes et de femmes (68,8 % et 59,5 % respectivement
en 2006 versus 55 % et 48 % en 1970).
Pour les chercheurs, il est important que les campagnes de prévention prennent en compte ces évolutions. Selon eux les messages prônant l’abstinence
ont peu de chance d’être reçus favorablement compte tenu de l’importance croissante que les Français accordent à la sexualité. De même, il
conviendrait de tenir compte de la diversité des pratiques, celles sans pénétration étant peu souvent abordées dans les campagnes de prévention.
y Dépistage et prévention. À partir des données du système de surveillance
de l’infection par le VIH en France, une équipe a déterminé l’incidence de
l’infection dans la population française pour la période 2003-2008. En tenant
compte des sous-déclarations, les auteurs estiment que le nombre de nouvelles infections s’élevait aux alentours de 7 000 cas en 2008,
chez les homosexuels
masculins la transmission
du VIH « semble être hors
de contrôle »
soit une incidence de 17 cas pour 100 000 personnes-années.
L’incidence était de 9 cas pour 100 000 personnes-années
parmi les hétérosexuels, de 86 pour 100000 personnes-années
chez les usagers de drogues par voie intraveineuse et de 1 006
pour 100 000 personnes-années chez les homosexuels masculins. Si globalement l’incidence de l’infection a diminué
entre 2003 et 2008, les auteurs constatent qu’elle est restée
élevée parmi les homosexuels masculins. Les auteurs considèrent que dans
cette population la transmission du VIH « semble être hors de contrôle ».
Une autre équipe s’est quant à elle attachée à modéliser l’impact d’un dépistage volontaire généralisé à l’ensemble de la population afin de déterminer si cette démarche serait efficace en terme de santé publique. Un dépistage systématique réalisé à une seule occasion permettrait, selon eux, de
réduire la part des personnes infectées qui n’ont pas connaissance de leur
statut sérologique. Cette même équipe indique qu’un dépistage systématique répété dans des groupes davantage exposés au risque de contamination que la population générale serait économiquement justifié. y
or
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53
Bibliographie sélectionnée *
y Abgrall S, et al., HIV-associated
tuberculosis and immigration in a
high-income country: incidence trends
and risk factors in recent years. Aids,
2010. 24(5): p. 763-771.
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* La bibliographie
complète peut être
consultée sur le site
de l’Anrs.
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recherches dans les pays du Sud
54
recherches dans les pays du Sud
Adapter la prise en
charge
L’
implication de l’Anrs dans les
recherches avec les pays du Sud
est restée d’un niveau soutenu
au cours de l’année 2010 et a
donné lieu à de nombreux résul-
tats sur les thèmes phares de l’agence, notamment
la co-infection tuberculose/VIH, la transmission de la mère à l’enfant, le développement d’outils alternatifs de monitoring, la transmission inter-espèces.
Plusieurs projets ont dans le même temps été mis en place sur ces thématiques, bien que certains essais concernant la prévention de la transmission
mère-enfant du VIH n’aient encore pu être lancés en raison du refus des compagnies d’assurance de les couvrir. La nouvelle approche de prévention de
la transmission sexuelle du VIH par les antirétroviraux a par ailleurs fait l’objet d’une mobilisation particulière en Afrique du Sud.
Les initiatives en 2010
y Prévention de la transmission sexuelle chez l’adulte par les antiré-
troviraux. L’Anrs a mis en place en 2009 un groupe d’experts français et
internationaux pour réfléchir aux meilleures approches permettant d’évaluer le bénéfice possible de la prévention de la transmission par les antirétroviraux et selon quelles modalités celle-ci devrait être mise en œuvre
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à l’échelle des populations dans les pays du Sud. En 2010, l’agence a décidé
de lancer une étude interventionnelle dont elle sera le promoteur. L’étude
Anrs 12249 TasP (Treatment as Prevention) va se dérouler dans une région
rurale d’Afrique du Sud très fortement touchée par l’épidémie (la prévalence y est supérieure à 20 %). Le dépistage du VIH y sera proposé systématiquement. Deux groupes de population seront ensuite randomisés par
village : dans le premier, toutes les personnes dépistées séropositives se
verront proposer une mise sous traitement immédiat, quel que soit le
niveau de leurs CD4 ; le second groupe recevra un traitement selon les
directives nationales sud-africaines et internationales (en fonction du nombre de lymphocytes CD4). L’étude portera sur 40 000 personnes, dont 8 000
seront traitées selon l’une ou l’autre des alternatives. Toutes les personnes
recevront une large gamme de moyens de prévention. La première phase,
financée par l’Anrs (pour 3 millions d’Euros), permettra de valider, à partir de 2011, l’acceptabilité et la faisabilité de ce programme de recherche
et portera sur environ 15 % de la population totale de l’étude. Si les résultats de cette phase pilote se révèlent satisfaisants, il est prévu de poursuivre l’étude dans le but d’évaluer à large échelle l’efficacité de cette stratégie, jusqu’en 2015, sous réserve de compléments financiers
internationaux. L’étude tentera de démontrer que la mise sous traitement
immédiate de toute personne dépistée séropositive peut réduire de façon
importante la diffusion du virus au sein du groupe dans lequel elle vit. Les
retombées en termes de santé publique pourraient être particulièrement importantes pour la lutte contre l’épidémie.
Ce projet est élaboré en partenariat avec une équipe sud-africaine et avec
des associations locales de lutte contre le sida. Les responsables en sont
le Pr François Dabis (Université de Bordeaux II, Inserm Unité 897), le Pr
Marie-Louise Newell (Africa Centre for Health and Population Studies, University of KwaZulu-Natal, Somkhele, KwaZulu-Natal). Le Pr Bernard Hirschel (Hôpital cantonal de Genève) est le président du Conseil scientifique
de l’étude.
y Co-infection tuberculose/VIH : deux essais nouveaux. Le programme de
recherche de l’agence sur la co-infection tuberculose/VIH s’est étoffé avec
le lancement de l’essai Anrs 12180 Reflate TB. Réalisé au Brésil et en France,
cet essai de phase II a pour objectif de comparer l’efficacité et la tolérance
de deux doses de raltegravir, inhibiteur de l’intégrase, à l’efavirenz au sein
d’une trithérapie administrée à des patients infectés par le VIH recevant de
la rifampicine pour une tuberculose. Il est prévu d’inclure 150 patients naïfs
d’antirétroviraux au sein de cet essai.
Parallèlement, l’agence a préparé le lancement, prévu en 2011, de l’étude
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Anrs 12229 Paanther01 qui vise à améliorer le diagnostic de la tuberculose chez les enfants infectés par le VIH. Cette étude se déroulera conjointement en Afrique (Burkina Faso et Cameroun) et en Asie (Cambodge, Vietnam). Le diagnostic de la tuberculose chez les enfants est rendu difficile
par la co-infection par le VIH, dans un contexte de forte morbimortalité
et d’enjeux thérapeutiques majeurs. Les tests et approches diagnostiques
utilisés dans les pays du Sud ne sont en effet pas assez sensibles et spécifiques. Une amélioration des critères diagnostiques est dès lors indispensable. Les tests Lymphocyte T Interféron Gamma (IGRA) doivent être
évalués chez l’enfant immunodéprimé comme alternative au test tuber-
§
L A C ÔT E D ’ I VO I R E DA N S L A T E M P Ê T E
Depuis sa création, l’équipe PAC-CI/site Anrs de Côte d’Ivoire, a encadré 45 étudiants en Master et 22 en thèse de sciences et ouvert deux grands centres de soins pour les personnes
vivant avec le VIH. Une génération de jeunes ivoiriens a ainsi été formée. Ces chercheurs
sont maintenant en thèse ou en post-doctorat, dirigent les nouveaux projets et prennent une
part de responsabilité croissante. Cette génération a permis à l’équipe de traverser les turbulences politico-militaires de la décennie 2000 en continuant à se développer.
Pendant la crise dite « post électorale » de 2010-2011, les universités (Bordeaux II) et équipes
de recherche (Inserm) françaises ont maintenu des liens forts avec les équipes en Côte
d’Ivoire et les chercheurs français sont restés sur place. L’Anrs a maintenu ses financements
et continué à encourager l’émergence de nouveaux projets pour préparer la période de sortie de crise. Les salaires ont été maintenus et les personnels ont pu continuer à prodiguer
des soins aux malades sans jamais menace d’interruption du programme – alors que, dans
le même temps, une grande partie des autres programmes internationaux mettaient leurs
personnels en chômage technique.
Pendant les premiers mois particulièrement violents de 2011, l’équipe du site a dû faire face
d’abord à la fermeture de centres de suivis dans la commune d’Abobo, la première touchée
par la guerre dans Abidjan puis à des problèmes logistiques et de vie quotidienne croissants :
fermetures en cascade des banques, montée de l’insécurité, exode d’une partie de la population d’Abidjan (plus de deux cents malades sur les trois mille suivis actuellement dans les
études Anrs se retrouvant déplacés dans diverses régions du pays ou à l’étranger), violences
de la bataille d’Abidjan, pendant laquelle la population est restée confinée plusieurs semaines
à domicile dans des conditions difficiles.
Mi 2011 : plus de la moitié des malades partis à l’extérieur d’Abidjan sont revenus. Peu d’interruptions de traitements sont à déplorer. Aucune étude en cours n’a été interrompue ni ne
devra l’être du fait des conséquences de cette crise. De nouveaux projets sont prêts à démarrer, ou en cours d’écriture.
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culinique. Des méthodes de prélèvement bactériologique, alternatives à
l’aspiration gastrique, doivent également faire l’objet d’évaluations. Et plus
récemment, le projet a intégré la validation du nouveau test moléculaire
automatisé Xpert MTB/RIF pour le diagnostic de la tuberculose recommandé par l’OMS. L’étude prévoit le suivi longitudinal et prospectif d’une
cohorte de 420 enfants infectés par le VIH, suspects de tuberculose intrathoracique, diagnostiqués et traités suivant les recommandations nationales. L’objectif principal est de parvenir à développer un algorithme pour
améliorer le diagnostic de la tuberculose chez ces enfants.
L’actualité scientifique
y Un schéma pour la co-infection VIH/tuberculose. Les résultats de l’essai
Anrs 1295/12160 Camelia ont fait l’objet d’une communication orale lors
de la XVIIIe conférence internationale sur le sida qui s’est tenue à Vienne en
juillet 2010. Réalisé au Cambodge, en partenariat avec les National Institutes
of Health américains, cet essai explorait la question du moment optimal du
début du traitement antirétroviral chez les patients traités pour une tuberculose en comparant une introduction précoce des antirétroviraux, deux
semaines après le début du traitement anti-tuberculeux, à
une introduction tardive, huit semaines après. 661 patients
ont été randomisés entre les deux bras de l’essai. Ils avaient
à l’inclusion un nombre médian de 25 CD4/mm et une charge
3
virale de 5,64 log10 copies/ml. Ils ont reçu un traitement standard de six mois contre la tuberculose et une trithérapie d’antirétroviraux associant stavudine, lamivudine et efavirenz. Les
patients ont été suivis pendant au moins 50 semaines.
parvenir à développer
un algorithme pour
améliorer le diagnostic
de la tuberculose
On observe une réduction statistiquement significative du taux
de mortalité dans le bras avec une initiation précoce des antirétroviraux :
8,28 pour 100 personnes années versus 13,77 pour 100 personnes années
dans le bras où les antirétroviraux ont été retardés (p = 0,002). Cela correspond à une réduction de la mortalité de 34 %. Dans les deux bras, la charge
virale était indétectable chez plus de 95 % des patients à 50 semaines. À
cette même date, l’augmentation médiane des CD4 était de +114 cellules/mm3
pour l’ensemble des patients. Cet essai montre donc une bonne efficacité
ainsi qu’une bonne adhérence du traitement antirétroviral. Il valide une introduction précoce de ce dernier après l’initiation du traitement contre la tuberculose. Ce schéma de prise en charge est susceptible d’éviter 150 000 décès
parmi les 450000 qui surviennent chaque année dans le monde chez les personnes co-infectées par le VIH et la tuberculose.
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y Décentralisation au Cameroun : un ouvrage Anrs. L’Anrs a publié en 2010
une somme de travaux de recherche sous le titre « Accès décentralisé au
traitement du VIH/sida : évaluation de l’expérience camerounaise » dans sa
collection Sciences sociales et sida. Publié sous la responsabilité de Fred
Eboko (Ird, UMR 912 Inserm-Ird-U2, Marseille), Claude Abé (IRSA-UCAC,
Yaoundé) et Christian Laurent (Ird, UMR 145, Montpellier), l’ouvrage est la
première présentation d’ensemble de quatre programmes de recherches
multidisciplinaires coordonnés et soutenus par l’agence depuis 2006 sur le
programme de décentralisation de l’accès aux antirétroviraux au Cameroun.
Cet ouvrage constitue un pas important dans la connaissance scientifique
et pratique de la question de l’accès au traitement du sida au Cameroun et,
plus largement, en Afrique. Il analyse les conditions politiques, économiques
et structurelles qui permettent une prise en charge à large échelle des personnes vivant avec le VIH/sida. Il démontre que, quelles que soient les faiblesses et les fragilités de l’expérience camerounaise, le traitement décentralisé du VIH/sida est faisable et efficace. y
§
PRÉVENTION DE LA TRANSMISSION MÈRE-ENFANT :
D E S E S S A I S B LO Q U É S FA U T E D E P O U VO I R Ê T R E
ASSURÉS
En 2010, l’Anrs avait prévu de lancer deux nouveaux essais sur la prévention de
la transmission mère-enfant dans les pays du Sud. Ces essais n’ont pu démarrer, aucune compagnie d’assurance n’ayant accepté de couvrir les risques liés
à ces recherches. Les motifs pourraient être liés aux risques perçus par les compagnies, de prendre en charge les éventuels effets indésirables chez les enfants
exposés à des antirétroviraux dans le cadre de ces essais.
Le programme de recherche sur la prévention mère-enfant du VIH mené depuis
vingt ans par l’Anrs dans le pays du Sud a permis d’obtenir des avancées très importantes. En 2010, pas moins de vingt-cinq publications en ont été issues. La position
des compagnies d’assurance met en péril la poursuite de ce programme.
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Bibliographie sélectionnée *
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of decentralization of healthcare delivery in Cameroon. Aids 2010,Vol: 24
patients with HIV-1 infection starting
antiretroviral therapy in sub-Saharan
Africa: a collaborative analysis of
scale-up programmes. Lancet 2010,Vol:
y Arrive E, Chaix ML, Nerrienet E,
Blanche S, Rouzioux C, Avit D, Kruy
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tal tenofovir and emtricitabine to prevent vertical transmission of HIV-1:
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Toni TD, Inwoley A, Rouzioux C,
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HIV-1 seroconverters in Cote d'Ivoire
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Kone K, Pouhe A, Kouadio B, Journy
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initiation of highly active antiretroviral treatment (HAART) in severely
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of High HIV Incidence: The Anrs 12126
Bophelo Pele Project. PLoS Medicine
2010,Vol: 7, N°7.
y Mansour H, Laird ME, Saleh R, Casrouge A, Eldin NS, Kafrawy SE,
Hamdy M, Decalf J, Rosenberg BR,
Fontanet A, Abdel-Hamid M, Mohamed MK, Albert ML, Rafik M. Circulating Plasmacytoid Dendritic Cells in
Acutely Infected Patients with Hepatitis C Virus Genotype 4 Are Normal in
Number and Phenotype. J Infect Dis
2010,Vol.
* La bibliographie
complète peut être
consultée sur le site
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Ndjango JB, Plantier JC, Locatelli S,
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60
L’ E u ro p e
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Europe
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L’ E u r o p e
Le projet HIVERA
est lancé
C
oordonné par la France au travers
de l’Anrs, le projet HIVERA est
dédié à l’harmonisation et à l’intégration des politiques de recherches sur l’infection par le VIH au
niveau européen. Ce projet a officiellement démarré le 1 er mai 2010 et durera
quatre ans.
Outre la France, le projet HIVERA (Harmonizing, Integrating, Vitalizing European Research on hiv/Aids) implique les ministères et les organismes de
financement et de coordination de la recherche de sept autres pays : Allemagne, Belgique, Estonie, Portugal, Roumanie et Turquie. Il a démarré par
un bilan des mécanismes et des montants des financements de la recherche sur le VIH en Europe. HIVERA est une action de coordination financée
dans le cadre des ERA-Nets du 7e PCRD européen.
y HIVERA est dédié strictement à la coordination des politiques de recher-
ches et à la définition d’une stratégie européenne commune. La finalité est
donc différente de celle d’un projet de R & D ou d’innovation.
reg
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y À l’instar de tout ERA-Net, le support financier de la Commission Euro-
péenne porte uniquement sur le fonctionnement administratif de projet (coût
de personnels, réunions, séminaires, etc.).
y HIVERA lance deux appels à projets pour financer la recherche dans des
thématiques sur le VIH non prises en compte dans d’autres programmes.
En 2010, les agences de financement et les organismes de recherche membres de HIVERA ont préparé leur premier appel d’offres conjoint dans le
domaine du VIH. Celui-ci sera lancé en juin 2011 sur les thèmes : « prévention chez les jeunes et les populations à risque » et « VIH et vieillissement :
chronicité et Co-morbidités ».
L’ensemble des agences et organismes membres de HIVERA participent au
financement des appels à projets. Le second élément clé réside dans l’adoption unanime par les partenaires d’un cadre administratif et financier
commun, dans le respect des lois et des réglementations en vigueur pour
chacun des organismes impliqués. Enfin, les thématiques VIH/sida ont été
définies de façon collégiale au sein de HIVERA, en concertation avec un
comité scientifique indépendant.
http://www.hivera.eu
t ra nsv e rs au x
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l’ i n f o r m a t i o n s c i e n t i f i q u e e t l a c o m m u n i c a t i o n
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l’ i n f o r m a t i o n s c i e n t i f i q u e e t l a co m m u n i c a t i o n
Une communication en
phase avec les priorités
scientifiques
L
a communication de l’Anrs a continué à
accompagner les priorités scientifiques
qu’elle soutient, par l’organisation de colloques, une couverture médiatique sur l’actualité scientifique et l’édition d’ouvrages.
L’Anrs organise et soutient de nombreuses manifestations scientifiques,
publie ou aide à la publication d’ouvrages de recherche et communique
sur l’actualité de la recherche. Ses publics sont, outre la communauté
scientifique, les associations, les journalistes, les décideurs et le grand
public. Son service « Information scientifique et communication » propose
une stratégie annuelle d’activités qui s’appuie sur les priorités de l’agence
et sur l’agenda international. Il organise les colloques scientifiques de l’agence, apporte un soutien financier et technique aux colloques et publications extérieurs, organise les relations de l’Anrs et de son directeur avec
les journalistes, produit et édite des documents d’information… Ce service représente pour les publics de l’agence une source privilégiée d’informations interdisciplinaires et inter-organismes dans le domaine du VIH
et des hépatites. Il met en place les moyens de communications adaptés
à chacun des publics.
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L’INFORMATION SCIENTIFIQUE
Les réunions comme les colloques ainsi que les publications sont le support de l’animation scientifique et du travail de coordination de l’Anrs. Plus
généralement, il est dans les missions de l’Anrs de soutenir financièrement
les publications et colloques dans le domaine du VIH et des hépatites à la
condition que ceux-ci aient une composante recherche majoritaire et soient
jugés d’un haut niveau. L’agence s’appuie, pour les évaluer, sur une commission des colloques et publications. En 2009, plusieurs projets ont été
retenus pour financement :
Colloques non Anrs financés
y Colloquium on systems biology and HIV vaccine development, 8-10 février 2010,
Peachtree City, GA, USA
y 14th International Workshop on HIV Observational Databases (IWHOD 2010),
25-27 mars 2010, Sitges, Barcelone, Espagne
y 5e conférence Francophone VIH/SIDA, 28-31 mars 2010, Casablanca, Maroc
y 18e conférence internationale sur le VIH/sida, 16-17 juillet 2010, Vienne, Autriche
Vers un contrôle des réservoirs du VIH – Towards a Cure : HIV Reservoirs and Strategies to Control them
y 13e Symposium international de thérapie des hépatites virales- Rencontre
Brésil/France des hépatites virales et du sida, 11-14 août 2010, Brésil
y 2e Forum national Jeunes et VIH (Association ADOVIH), 20 novembre 2010,
FIAP, Paris
y TRT-5 - Journée annuelle de réflexion scientifique, 10 septembre 2010, Minis-
tère de la Santé, Paris
y Colloque international d’épidémiologie, 15-17 sept 2010, Marseille
y 67e journées de l’AFEF (Association française pour l’étude du foie), 29 septembre
au 2 octobre 2010, Palais du Pharo, Marseille
y AIDS Vaccine 2010 – Satellite meeting : Exposed uninfected and HIV controllers :
models for preventive and therapeutic vaccines?, 28 septembre 2010, Atlanta, USA
y Groupe de Réflexion Sida – Institut Pasteur/Anrs (GRS), Réunion mensuelle,
Institut Pasteur
Publications non Anrs financées
y Protocoles - Éditeur : Act’Up
y VIH – hépatite C : le guide de la co-infection - Éditeur : Act’Up
y Pouvoirs, jeunesses et sida au Cameroun. Politique publique, dynamiques sociales et constructions des Sujets (titre provisoire) - Éditeur : Karthala, Paris
y Rapport 2010 Sous la direction du professeur Patrick Yéni – Prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH – Recommandations du groupe d’experts
y TranscriptaseS et site internet « www.vih.org » - Éditeur : Pistes
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r a p p o rt
2010
d ’ ac t iv ité |
l’ i n f o r m a t i o n s c i e n t i f i q u e e t l a c o m m u n i c a t i o n
66
L’Anrs organise par ailleurs ses propres colloques et
réunions
y 10e Réunion du réseau national hépatites virales de l’Anrs, 22-23 janvier, Paris
(240 participants)
y 3e Forum de recherche fondamentale et clinique sur le VIH, 6-7 mai, Institut
Pasteur, Paris (550 participants)
L’Anrs est également présente dans les colloques organisés par des sociétés savantes ou des institutions internationales. Ainsi, en France, elle a organisé, à l’occasion des Journées annuelles de l’Afef (Association française pour
l’étude du foie), un symposium satellite sur l’actualité des études Anrs.
Au niveau international, l’agence a poursuivi sa démarche d’organiser des
symposia satellite au sein de congrès internationaux : en juillet, à la conférence internationale sur le sida de l’International Aids Society, à Vienne, elle
a organisé deux symposia satellites : « Harm Reduction : Time to switch from
Repression to Evidence», «Issues and challenges of community-based research».
Elle a marqué sa participation à cet événement international en s’associant avec les représentants du ministère des Affaires étrangères et des
associations, au stand « France » coordonné par le Crips.
Par ailleurs, elle a été un acteur important dans l’organisation de la 5e Conférence francophone VIH/sida à Casablanca, en mars. Elle y a organisé deux
symposia satellite: «Populations vulnérables et VIH/sida: le rôle de la recherche », « Accéder à la charge virale dans les pays à faibles ressources », en
partenariat avec le GIP Esther.
Son stand était particulièrement visité en raison de rencontres organisées avec les acteurs de deux ouvrages publiés dans la collection Sciences sociales et sida.
COMMUNICATION VERS LE GRAND PUBLIC ET LES DÉCIDEURS
L’Anrs a organisé, avec la chaîne Arte et la Cité des sciences et de l’industrie, une rencontre avec les jeunes, à l’occasion de la journée mondiale de
lutte contre le sida.
Les médias
En dehors des publications scientifiques dans des revues internationales qui
peuvent donner lieu à communiquer avec la presse, la communication de l’agence vers les médias s’appuie sur les événements nationaux ou internationaux, comme les conférences internationales ou les colloques de l’Anrs.
Ainsi, la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI),
en Février 2010 et la Conférence internationale sur le foie (AASLD) ont été
l’occasion de faire le point pour les médias sur les recherches cliniques et
reg
a rds
67
fondamentales de l’agence. De même, la Conférence internationale sur le
sida à Vienne a donné lieu à une production importante de communiqués et
de rencontres sur place avec des experts français. Au total, près d’une vingtaine de communiqués ou dossiers de presse ont été diffusés dans l’année.
Publications
L’Anrs a réédité et mis à jour ses documents de relations publiques. Elle a
également édité deux nouveaux ouvrages dans la collection Sciences sociales et sida.
y VIH/sida se confronter aux terrains. Expériences et postures de recherche. Col-
lection Sciences sociales et sida (février 2010, 157 pages)
y Accès décentralisé au traitement du VIH/sida. Evaluation de l’expérience camerounaise. Collection Sciences sociales et sida (mars 2010, 324 pages)
y Brochure de relations publiques de l’Anrs (mars 2010, 22 pages)
y Rapport d’activité 2009 de l’Anrs (août 2010, 88 pages)
y Hépatites virales & co-infections VIH – Études cliniques en cours (septem-
bre 2010, 36 pages). y
Collection Sciences sociales et sida
Collection Sciences sociales et sida
Accès
décentralisé
au traitement
du VIH/sida
VIH/sida
Évaluation de
l’expérience
camerounaise
Expériences
et postures
de
recherche
Sous la direction de
Fred Eboko
Claude Abé
Christian Laurent
Sous la direction de
Fanny Chabrol
Gabriel Girard
Se confronter
aux terrains
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2010
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les publications scientifiques
68
§
L E S P U B L I CAT I O N S S C I E N T I F I Q U E S
La production scientifique 2010 issue de projets financés par l’Anrs et réalisés par des équipes d’organismes de recherche, universitaires ou hospitalières, est globalement stable par
rapport à 2009 mais reste à un niveau élevé.
Sur la période 2008-2010, plus de 8,5 % des publications sont parues dans les plus grandes
revues internationales.
En 2010, 6,8 % des publications issues de l’Anrs se situent dans « le top 1 % d’excellence »,
ce qui est bien supérieur à la moyenne nationale dans les disciplines biomédicales.
En 2010, on peut noter les publications suivantes : New England Journal of Medicine (2), Lancet (9), Science (1), Série des Nature (2), Journal of Clinical Investigation (2), JAMA (2), Immunity (2), PNAS (1), Blood (8), PLoS Medicine(4). Parmi les journaux de spécialité : Grastroenterology (6), Journal of Hepatology(15), AIDS (40), Journal of Infectious Diseases (23).
§É
VOLUTION DES PUBLICATIONS
A NRS
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
119
110
135
123
159
131
150
131
19
15
21
11
3
4
12
10
SP-SHS
21
24
40
36
47
48
34
36
PED
57
52
44
53
56
110
100
105
Clinique VIH
72
64
79
118
84
111
145
118
Hépatites virales
18
28
34
89
77
76
147
148
306
293
353
430
426
480
588
548
Fondamental VIH
Vaccin
1
2
Total
1. Santé publique, sciences de l’homme et de la société. 2. Pays en développement
Dans le domaine du VIH, 12 grands sites de recherche clinique et/ou fondamentale en France
sont à l’origine de 78 % des publications. 61 % des publications sont réalisées par des équipes de la région parisienne, 39 % par des équipes de province3.
Dans le domaine des hépatites, la répartition est plus équilibrée entre région parisienne et
province.
Au niveau international, l’étude bibliométrique montre que la France continue à se situer
au 2e ou au 3 e rang mondial dans le domaine du VIH (8,4 % des publications mondiales) et
au 2e rang dans le domaine des hépatites (9,7 % de la part mondiale).
3. En particulier à Bordeaux, Lyon, Montpellier, Lille
reg
a rds
69
10 PUBLICATIONS SÉLECTIONNÉES DANS DES GRANDES REVUES
y Anglaret X, Eholie S : Co-trimoxazole, cART, and non-aids infectious diseases. Lancet 2010 ;
375 : 1231-1233.
y Blanchet FP, Moris A, Nikolic DS, Lehmann M, Cardinaud S, Stalder R, Garcia E, Dinkins C, Leuba F, Wu L, Schwartz O, Deretic V, Piguet V : Human immunodeficiency virus-1
inhibition of immunoamphisomes in dendritic cells impairs early innate and adaptive immune
responses. Immunity 2010 ; 32 : 654-669.
y Berkley S BK, Delfraissy JF, Draghia-Akli R, Fauci A, Hallenbeck C, Kagame MJ, Kim P,
Mafubelu D, Makgoba MW, Piot P, Walport M, Warren M, Yamada T, Esparza J, Hankins C,
Johnston MI, Lévy Y, Romaris M, Ahmed R, Bernstein A. : The 2010 scientific strategic plan
of the global hiv vaccine enterprise. Nat Med 2010 ; 16 : 981-989.
y Lang S, Mary-Krause M, Cotte L, Gilquin J, Partisani M, Simon A, Boccara F, Costagliola D :
Impact of individual antiretroviral drugs on the risk of myocardial infarction in human immunodeficiency virus-infected patients : A case-control study nested within the french hospital database on hiv anrs cohort co4. Arch Intern Med 2010 ; 170 : 1228-1238.
y Le Vu S, Le Strat Y, Barin F, Pillonel J, Cazein F, Bousquet V, Brunet S, Thierry D, Semaille
C, Meyer L, Desenclos JC : Population-based hiv-1 incidence in france, 2003-08 : A modelling analysis. Lancet Infect Dis 2010 ; 10 : 682-687.
y Martinon F, Chen X, Lee AH, Glimcher LH : Tlr activation of the transcription factor xbp1
regulates innate immune responses in macrophages. Nat Immunol 2010 ; 11 : 411-418.
y May M, Boulle A, Phiri S, Messou E, Myer L, Wood R, Keiser O, Sterne JA, Dabis F, Egger
M : Prognosis of patients with hiv-1 infection starting antiretroviral therapy in sub-saharan africa : A collaborative analysis of scale-up programmes. Lancet 2010 ; 376 : 449-457.
y Trono D, Van Lint C, Rouzioux C, Verdin E, Barre-Sinoussi F, Chun TW, Chomont N : Hiv persistence and the prospect of long-term drug-free remissions for hiv-infected individuals.
Science 2010 ; 329 : 174-180.
y Weiss L, Letimier FA, Carriere M, Maiella S, Donkova-Petrini V, Targat B, Benecke A, Rogge
L, Levy Y : In vivo expansion of naive and activated cd4 + cd25 + foxp3 + regulatory t cell populations in interleukin-2-treated hiv patients. Proc Natl Acad Sci USA 2010 ; 107 : 10632-10637.
y Wolfe D, Carrieri MP, Shepard D : Treatment and care for injecting drug users with hiv infection : A review of barriers and ways forward. Lancet 2010 ; 376 : 355-366. y
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2010
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les moyens humains et financiers
70
les moyens humains et financiers
Une augmentation du budget
consacré à la prévention
D
isposant de près de 54 millions
d’euros de recettes en 2010,
l’Anrs a organisé ses dépenses
dans le respect des priorités
scientifiques identifiées pour
2009-2011. Les moyens alloués aux recherches en prévention ont été renforcés, tout en maintenant le niveau de dépenses pour les recherches sur
les hépatites virales. Les grands équilibres entre les différentes thématiques de recherche ont été maintenus grâce à un budget majoré par rapport à l’année précédente.
L’Anrs dispose, pour répondre à ses missions de coordination et d’animation de la recherche sur le sida et les hépatites virales, d’un budget
autonome.
Il est essentiellement constitué de dotations émanant des pouvoirs publics,
mais également de ressources propres.
Ce budget est marqué par une augmentation des subventions d’État, due à
la levée partielle de la réserve de précaution inscrite chaque année au
budget primitif, et malgré la stabilité, voire la diminution, des autres subventions d’État.
Il faut noter une augmentation importante des ressources propres provenant des participations des industriels et des partenariats conclus, notamment avec la Fondation TOTAL. Elles résultent également de la participation
de l’Anrs aux programmes européens NEAT et HIVERA (dans le cadre des
reg
a rds
71
ERA-Nets pour ce dernier), et d’un partenariat avec l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) (tableau 1).
Les produits de gestion courante sont principalement constitués par les
retours de soldes de crédits de subvention non utilisés, qui ont fait l’objet
d’une grande campagne de relance en 2010.
Les membres du GIP (Inserm, Cnrs, Ird, Pasteur) mettent également des
personnels à disposition de l'Anrs et le MAEE assure le financement de cinq
postes d'assistant technique dans les sites Anrs.
§
TABLEAU 1 :
RÉPARTITION DES RECETTES POUR
Catégories de recettes
2010
2008
2009
2010
37 459 599,00
37 366 366,00
39 187 487,00
Subvention ministère des Affaires
étrangères et européennes
1 500 000,00
1 410 000,00
1 000 000,00
Subvention ministère de la Santé
509 009,20
539 509,00
471 500,00
53 215,01
973 084,43
1 102 733,57
Participations essais et enquêtes
1 480 398,37
1 270 519,33
3 295 506,55
Produits de gestion courante
1 228 763,30
1 755 480,26
2 450 850,72
821 498,89
185 090,88
50 247,06
0,00
52,15
0,00
43 052 483,77
43 500 102,05
47 558 324,90
Neutralisation des amortissements
410 170,56
62 104,35
66 547,48
Reprises de provisions
533 700,00
5 733 486,00
5 724 552,39
0,00
1 890 253,00
0,00
Sous-total autres recettes
943 870,56
7 685 843,35
5 791 099,87
Total général des recettes
43 996 354,33
51 185 945,40
53 349 424,77
Subvention ministère de la Recherche
Dons et legs réalisés
Produits des placements
Cessions d'immobilisations
Sous-total produits encaissables
Legs en capital
LES DÉPENSES 2010
Le budget de l’Anrs permet essentiellement de financer des projets de recherche et des allocations de recherche (anciennement appelées « bourses »)
dans le cadre des appels d’offres. En 2010, les deux appels d’offres annuels
ont permis d’octroyer des financements pour :
y 96 projets de recherche (contre 113 en 2009 et 2008), avec une sélectivité
totale de 33 %
y 50 financements de contrats de doctorants et de post-doctorants (60 en
2009 et 49 en 2008), avec un taux de sélection de 31 %
Parallèlement, l’appel d’offres «colloques et publications» a permis de financer quatre ouvrages et neuf colloques nationaux et internationaux, pour un
montant total de 156 000 €.
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2010
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les moyens humains et financiers
72
Les financements des essais thérapeutiques dans le domaine du VIH et des
hépatites (AC 5-AC 24) se font en dehors des appels d’offres.
LES DÉPENSES EN FONCTION DES THÉMATIQUES
SCIENTIFIQUES
La part relative des différentes thématiques de recherche dont l’Anrs a la
charge est présentée dans le tableau 2.
§T
ABLEAU 2 : PART DES THÉMATIQUES DANS LE BUDGET DE L’EXERCICE 2010
% des dépenses de recherche
Thématiques de recherche
Recherches biologiques fondamentales sur le VIH
18 %
Recherches vaccinales sur le VIH
7,6 %
Recherches cliniques sur le VIH
28 %
Recherches en santé publique,
sciences de l’homme et de la société
8,3 %
Recherches dans les pays en développement
20,8 %
Recherches sur les hépatites virales
16,8 %
Colloques et publications
0,6 %
Total
100%
* Dont provisions.
Il convient de commenter certains points. La part consacrée aux « recherches en santé publique, sciences de l’homme et de la société » est supérieure aux prévisions et en forte augmentation par rapport aux années précédentes (+35 %). Cela s’explique notamment par l’ampleur des projets
financés et par le nombre de projets acceptés aux appels d’offres. L’année
2010 a en effet permis le lancement simultané de plusieurs larges études
socio-comportementales telles que les nouvelles enquêtes VESPA en métropole et dans les départements français d’Amérique, ou le renouvellement de l’enquête KABP aux Antilles et en Guyane. Une importante étude
sur le VIH au sein des populations migrantes a également été entreprise.
Il s’agit pour la plupart de projets pluriannuels nécessitant chacun un financement de l’Anrs de plusieurs centaines de milliers d’euros, jusqu’à plus
d’un million d’euros, ce qui est assez inhabituel dans la discipline et sur
un même exercice.
Parallèlement, le soutien aux projets sur les formes alternatives de dépistage du VIH et sur la prévention de la transmission du VIH et des hépatites
chez les usagers de drogues, acceptés aux appels d’offres des années pré-
reg
a rds
73
cédentes, s’est poursuivi en 2010. La plupart de ces projets coûteux sont
conduits avec le soutien du ministère de la Santé.
La recherche fondamentale VIH est en augmentation de 26 %, mais cette
thématique revient en 2010 à son niveau habituel après une diminution sensible lors de l’exercice précédent.
Les financements des recherches cliniques VIH au Nord ont également augmenté, alors que l’objectif initial était de stabiliser la part de cette thématique dans le budget général de l’agence. En effet, en 2010, sept nouvelles
études cliniques multicentriques ont été mises en œuvre au sein du réseau
de recherche clinique de l’Anrs, dont deux nouvelles grandes cohortes. De
plus, deux études concernant la grippe A H1N1 ont également pu démarrer rapidement en s’insérant dans le réseau.
Enfin, il faut souligner la mise en place en 2010 de l’essai Anrs 143/NEAT
001, dont l’agence est promoteur au niveau européen et auquel collaborent 15 pays de l’Union Européenne (Grande-Bretagne, Irlande, Suède, Danemark, Pays-Bas, Espagne, Italie, Grèce, Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Portugal, Belgique et France). L’agence finance neuf centres «régionaux»
qui coordonnent l’activité des 96 centres cliniques de l’essai, au sein desquels plus de 800 patients doivent être inclus.
La part consacrée à la recherche sur le vaccin est stable, avec un programme
vaccin intégrant aussi bien les recherches en amont que la mise en production des candidats-vaccins, les études pré-cliniques et les essais vaccinaux sur l’homme. Cela représente 37 projets comprenant les essais, la
cohorte de suivi des volontaires, les différents contrats nationaux et internationaux et le soutien aux structures. Les dépenses consacrées aux hépatites et à la recherche au Sud sont globalement stables en 2010.
DES DÉPENSES PAR ORGANISME GESTIONNAIRE STABLE
Le partenariat entre l’Anrs et les organismes membres du GIP demeure fort
et revient cette année à son niveau habituel (entre 45 et 50 % des soutiens
versés), après un léger fléchissement en 2009. Cette baisse en 2009 était
davantage imputable à un effet technique lié au phasage de certaines dépenses, en particulier vis-à-vis du Cnrs, plutôt qu’à une réelle modification du
partenariat scientifique avec ces organismes.
L’Inserm reste le principal organisme bénéficiaire des financements Anrs
(avec près d’un tiers des subventions versées en 2010).
Le Cnrs occupe la deuxième place, avec près de 10 % des crédits, ces crédits servant surtout au financement des projets de recherche fondamentale.
Le financement versé directement à l’Ird sous-estime l’implication réelle
des équipes de cet organisme qui choisissent fréquemment une gestion par
d’autres organismes que l’Ird.
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2010
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les moyens humains et financiers
74
§
TABLEAU 3 : R ÉPARTITION
DES FINANCEMENTS PAR ORGANISMES GESTIONNAIRES EN
Organismes
2010
%
14 636 862,80
30,15%
4 698 041,59
9,68%
153 202,49
0,32%
2 384 536,59
4,91%
21 872 643,47
45,06%
Universités
3 277 245,35
6,75%
Ap-hp, hôpitaux publics
6 532 045,93
13,46%
685 449,63
1,41%
1 505 220,58
3,10%
475 091,34
0,98%
8 901 881,21
18,34%
662 342,39
1,36%
4 627 988,20
9,54%
Total autres organismes
26 667 264,63
54,94%
Total général
48 539 908,10
100%
Inserm
Cnrs
Ird
Institut Pasteur, Paris
Total membres du GIP
Autres organismes publics
Fondations, associations
Industriels
Organismes étrangers
Prestations essai clinique
Divers (surcoûts hospitaliers, programme Hivera …)
2010
FINANCEMENT DES PERSONNELS
Une des caractéristiques notables du dispositif Anrs de soutien à la recherche tient à sa capacité à apporter un soutien récurrent et transversal en personnel, qu’il s’agisse du financement d’allocations de recherche, de postes
de moniteurs ou de soutien en CDD.
Ce sont ainsi 226 ETP (équivalent temps plein) associés à des projets de
recherche qui ont été financés en 2010 et se répartissant comme suit
(tableau 4), selon les thématiques.
Par ailleurs, l’Anrs apporte un soutien important à ses Centres de méthodologie et de gestion (CMG) : 113 ETP. Au total, l’Anrs soutient donc 339
ETP pour la réalisation des projets de recherche.
Trois points sont à souligner :
y Le nombre d’allocataires connaît une certaine diminution en 2010. Celle-
ci était attendue dans la mesure où la revalorisation des rémunérations de
ce type de personnel à partir de 2008 a incité l’Anrs à la prudence quant au
nombre de nouveaux allocataires à retenir dans le cadre des appels d’offres.
y Les autres types de soutien en personnel, hors soutien aux CMG, sont
également en diminution, même si cette baisse est moins marquée. Les
reg
a rds
75
§T
ABLEAU 4 : SOUTIENS DIRECTS ET TRANSVERSAUX EN PERSONNEL
(PAR THÉMATIQUE)
Thématiques scientifiques
Types de postes
ETP financés
en 2010
Recherche fondamentale VIH
56,5
6,0
dont postes MEC / MEB / CDD
dont allocations pré-doc / post-doc
50,5
Recherche vaccinale VIH
5,0
dont postes MEC / MEB / CDD
5,0
dont allocations pré-doc / post-doc
0,0
Recherche clinique VIH
71,2
dont postes MEC / MEB / CDD
65,3
dont allocations pré-doc / post-doc
5,9
Recherche SP-SHS2
24,2
dont postes MEC / MEB / CDD
11,0
dont allocations pré-doc / post-doc
13,2
Recherche dans les PED
20,1
1
3
dont postes MEC / MEB / CDD
7,0
dont allocations pré-doc / post-doc
13,1
Recherche hépatites virales
49,3
dont postes MEC / MEB / CDD
23,0
dont allocations pré-doc / post-doc
26,3
Total toutes thématiques
226,3
dont postes MEC / MEB / CDD
117,3
dont allocations pré-doc / post-doc
109,0
1. Pré-doctorant/post-doctorant. 2. Santé publique, sciences de l’homme et de la société.
3. Pays en développement.
raisons de cette évolution tiennent davantage à certains décalages dans les
renouvellements plus qu’à une volonté de limiter ce type de soutien. En
effet, ces postes sont soigneusement contingentés et, si leur répartition
entre les centres est régulièrement revue en fonction de l’activité de chacun, ces redéploiements se font presque toujours à effectif constant.
y Le soutien aux CMG est renforcé en raison de l’augmentation des besoins
liés à la conduite de nouveaux essais sur les hépatites, des 17 grandes cohortes désormais soutenues de manière récurrente par l’Anrs. Ce budget ne
pourra probablement pas être augmenté dans les prochaines années.
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2010
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les moyens humains et financiers
76
FONCTIONNEMENT : MOINS DE 5 % DU BUDGET
Les dépenses de fonctionnement de l’Anrs représentent moins de 5 % de ses
dépenses totales en 2010 (hors personnels mis à disposition de l’agence par
les organismes partenaires). Ces dépenses s’articulent autour de trois axes.
y Charges de personnel : 50 personnes travaillaient dans les locaux de
l’agence en décembre 2010, dont 34 sont mises à disposition par les membres et partenaires du GIP. Depuis 2004, l’Anrs a l’autorisation de procéder
directement à des recrutements, dans le cadre de CDD, afin d’ajuster le personnel à ses missions. Ainsi, en 2010, l’agence employait 12 personnes pour
ses missions propres. Par ailleurs, quatre personnes sont rémunérées sur
ressources européennes afin de suivre les deux projets européens de l’agence (NEAT et HIVERA). Les dépenses de personnel toutes catégories
confondues se sont élevées à 0,95 million d’euros.
y Fonctionnement courant : ces dépenses, d’un montant stable autour de
1 million d’euros, permettent de couvrir les charges de locaux, d’entretien,
de missions et de fonctionnement courant de l’Anrs.
y Activités d’information scientifique et de communication : en 2010, sur
son budget de fonctionnement, l’Anrs a financé plusieurs événements, notamment : le 3e forum de recherches fondamentales et cliniques sur le VIH, la
10e réunion du réseau national hépatites, des conférences satellites Anrs à
la Conférence de l’IAS à Vienne et à la Conférence francophone VIH/sida à
Casablanca. Elle a également édité plusieurs publications qui, avec le site
web, représentent 30 % du budget de l’activité « Information et communication ». L’ensemble des dépenses s’est élevé à 0,45 million d’euros. y
§
F ONCTIONNEMENT
DE L’A NRS
Dépenses de communication
et information scientifique 18%
Dépenses de personnel 38%
Dépenses de
fonctionnement courant 41%
Dépenses d’investissement 3%
77
an
n
e
x
e
s
a
n
n
e
x
an n e x es es
Directeur
Pr Jean-François Delfraissy
Information Scientifique
et Communication
Marie-Christine Simon
Geneviève Bétouret
Murièle Matignon
Evelyne Kernoa
Secrétaire Générale
Céline Lallemand
Secrétariat
Christelle Hubert
Sandy Lecarpentier
du
coordinateur du
programme vaccin
Recherches vaccinales sur le VIH
Anna Laura Ross
Véronique Rieux
Recherches fondamentales.
cliniques et thérapeutiques
sur les hépatites virales
Ventzislava Petrov Sanchez
Setty Allam
Inga Bertucci
Guillaume Le Meut
Recherches dans les PED
Brigitte Bazin
Laurence Quinty
Claire Rekacewicz
Géraldine Colin
Organigramme ANAS 11/08/2011
I
Secrétariat
Anne Legendre
Alexandra Bove
Pascale Guidoni
Proiet Euronéen HIVERA
Roxane Brachet
Assurance Qualité
Arezki Agher
Pr Jean-Paul Moatti
Conseifler Stratégie
Internationales
Pr Yves Lévy
Aaence Com~tabIe
Nicole Théodose
Recherches cliniques et
thérapeutiques sur le VIH
Sandrine Couffin-Cadiergues
Anne Dumont-Traoré
Soizic Le Mestre
Lucie Marchand
Céline Nedey
Juliette Saillard
Service pharmacoviqilance
Alpha Diallo
Yves Mendy
Christelle Paul
Séverine Gibowsky
Secrétariat
Annie Collin
Isabelle Meuro
Recherches en santé publique
et en sciences de l’Homme et
de la société
Véronique Doré
Isabelle Porteret
Secrétariat
Delphine Coudert
Recherches fondamentales
sur le VIH
Livia Pedroza-Martin
Service Financiers
Thierry Menvielle
Nadège Ayral-Brustman
Caroline Barrey
Caroline Plurien
Catherine Ratel-Masson
Gestion du personnel
Dominique Fauveau
Charles Plantade
Fonctionnement Agence
Thibaud Lang
Charles Plantade
Contrôle de Gestion
Noémie Marrant
Affaires Juridiques
Anqélique Cozette
Système d’information
Anne-Marie Kerebel
an n e x es
79
§
Conseil d’administration
en janvier 2010
Conseil
d’administration
Président
Dominique Deville de Périère,
Patrick Roger,
François Stasse,
ministère de l’Enseignement
contrôleur général, ministère de
Conseil d’Etat, Paris
supérieur et de la recherche,
l’Enseignement supérieur et de la
Membres
direction générale pour la recherche
recherche, Paris
Françoise Barré-Sinoussi,
et l’innovation, Paris
Roger Salamon,
Prix Nobel de médecine, Institut
Elisabeth Barsacq,
Inserm U 897, université Bordeaux II
Pasteur, Paris
ministère des Affaires étrangères
Yolande Obadia,
André Syrota,
et européennes, sous-direction
ORS PACA, Marseille
directeur général de l’Inserm, Paris
de la coopération scientifique
Jean-Pierre Zarski,
Arnold Migus,
et de la recherche, Paris
service d’hépato-gastroentérologie,
directeur général du Cnrs, Paris
Bernard Faliu,
CHU de Grenoble
Alice Dautry,
ministère de la Santé, direction
Emmanuel Trenado,
directrice de l’Institut Pasteur, Paris
générale de la santé, Paris
association Aides, Paris
Michel Laurent,
Benoît Forêt,
directeur général de l’Ird, Marseille
ministère le l’Enseignement
supérieur et de la recherche, Paris
§
Conseil scientifique
en janvier 2010
Conseil
scientifique
Présidente
Michael Lederman,
Mauro Schechter,
Françoise Barré-Sinoussi,
University Hospital, Cleveland, États-
Hospital Universitario C. Fraga, Rio
Prix Nobel de médecine, Institut
Unis
de Janeiro, Brésil
Pasteur, Paris
Patrick Maurel,
Jean-Claude Trinchet,
Vice-président
Inserm U 632, Montpellier
Hôpital Jean-Verdier, Bondy
Stefano Vella,
Souleymane M’Boup,
Ian Weller,
Istituto superiore di sanita, Rome, Italie
université Cheikh Anta Diop, CHU le
Royal Free and University College
Membres
Dantec, Dakar, Sénégal
Medical School, Londres, Angleterre
Jose Alcami,
Geneviève Paicheler,
Isabelle de Zoysa,
Instituto de Salud Carlos III, Madrid,
Cermes, Villejuif
OMS, Genève, Suisse
Espagne
Peter Reiss,
Francis Barin,
Academic Medical Center,
Membre observateur
CHU Bretonneau, Tours
Amsterdam, Pays-Bas
Hugues Fischer,
Daniel Douek,
NIAID/NIH, Bethesda, Etats-Unis
Act Up-Paris
r a p p o rt
2010
d ’ ac t iv ité |
annexes
80
§
Comités
scientifiques sectoriels
en janvier 2010
Comités
scientifiques
sectoriels
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°1
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°3
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°6
« Recherches fondamentales sur
« Recherches cliniques et
« Pays en développement »
les relations hôte – virus VIH »
physiopathologiques dans
Christine Rouzioux,
François Clavel,
l’infection à VIH »
laboratoire de virologie, hôpital
Inserm U 552, IUH hôpital Saint-
Laurence Weiss,
Necker-Enfants malades, Paris,
Louis, Paris, président
service d’immunologie clinique,
présidente
hôpital européen Georges-Pompidou,
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°2
Paris, présidente
« Biologie structurale et
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°7
« Recherches cliniques et
génétique moléculaire »
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°4
épidémiologiques dans les
Frédéric Dardel,
« Recherches fondamentales et
hépatites virales »
LCRB UMR 8015 CNRS, faculté de
physiopathologie dans les
Olivier Chazouillères, ,
pharmacie, université Paris
hépatites virales »
service d’hépatologie, hôpital Saint-
Descartes, président
Jean-Michel Pawlotsky,
Antoine, Paris, président
service de bactériologie, hôpital
Henri-Mondor, Créteil, président
COMITÉ SCIENTIFIQUE SECTORIEL N°5
« Recherches en santé publique,
sciences de l’homme et de la
société »
Jean-Paul Moatti,
Inserm UMR 912, Institut PaoliCalmettes, Marseille, président
an n e x es
81
§
coordonnées
en janvier 2010
LesActions
actions
coordonnées
ACTION COORDONNÉE N°5
ACTION COORDONNÉE N°24
ACTION COORDONNÉE N°30
« Essais thérapeutiques dans
« Essais thérapeutiques dans les
« Mécanismes de la carcinogenèse
l’infection à VIH »
hépatites virales »
dans les cirrhoses secondaires
Jean-Michel Molina,
Marc Bourlière,
aux hépatites virales »
service des maladies infectieuses,
service d’hépato-gastroentérologie,
Jessica Zucman-Rossi,
hôpital Saint-Louis, Paris, président
hôpital Saint-Joseph, Marseille,
Inserm U 674, Fondation Jean
président
Dausset, CEPH, Paris, présidente
« Cohortes »
ACTION COORDONNÉE N°25
ACTION COORDONNÉE N°31
Geneviève Chêne,
« Recherches en santé publique,
« Cellules dendritiques, immunité
Inserm U 897, université Victor-
sciences de l’homme et de la
innée, présentation de l’antigène »
Segalen, Bordeaux, présidente
société dans le domaine des
Anne Hosmalin,
hépatites »
Inserm U 567-CNRS UMR 8104,
ACTION COORDONNÉE N°11
Jean-Claude Desenclos,
hôpital Cochin, Paris, présidente
« Virologie médicale »
Institut national de veille sanitaire,
Françoise Brun-Vézinet,
Saint-Maurice, président
ACTION COORDONNÉE N°7
ACTION COORDONNÉE N°32
« Réservoirs viraux : formation et
hôpital Bichat-Claude-Bernard,
ACTION COORDONNÉE N°27
contrôle »
« Recherches socio-économiques
Christine Rouzioux,
ACTION COORDONNÉE N°12
sur la santé et l’accès aux soins
service de virologie, hôpital Necker
« Pays en développement »
dans les pays du Sud »
Enfants malades, Paris, co-présidente
François Dabis,
Benjamin Coriat,
Ali Saib,
Inserm U 897, université Victor-
UMR 7115 Cnrs, université Paris 13,
CNRS UMR 7157, hôpital Saint-Louis,
Segalen, Bordeaux, président
Villetaneuse, président
Paris, co-président
ACTION COORDONNÉE N°18
ACTION COORDONNÉE N°29
ACTION COORDONNÉE N°33
« Comportements et prévention »
« Mécanismes d’entrée des virus
« Résistances des virus des
Geneviève Paicheler,
des hépatites dans leurs cellules
hépatites B et C aux antiviraux »
Cermes/Cnrs, Villejuif, présidente
cibles »
Jean-Michel Pawlotsky,
Jean Dubuisson,
service de bactériologie-virologie,
Institut de biologie, Lille, président
hôpital Henri-Mondor, Créteil,
Paris, présidente
ACTION COORDONNÉE N°23
« Dynamique des épidémies à VIH,
VHC et VHB »
Joseph Lellouch,
Inserm U 472, Villejuif, président
président
4
4
8
4
2
7
2
2
4
52
36
88
33
16
62
45
26
71
270
CSS 1
CSS 2
Recherche fondamentale VIH
Recherche clinique VIH
Recherche sciences sociales
Recherche dans les PED
CSS 4
CSS 7
Recherche hépatites virales
Total
1. CI = contrat d'initiation
25
CI1
­
Projets
295
75
47
28
69
18
37
96
56
40
Total
Nb projets déposés (A)
82
20
14
6
19
5
8
30
19
11
Projets
14
3
1
2
5
2
2
2
1
1
CI
96
23
15
8
24
7
10
32
20
12
Total
Nb projets retenus (B)
30%
28%
31%
23%
31%
31%
24%
34%
37%
31%
Projets
56%
75%
50%
100%
71%
100%
50%
25%
25%
25%
CI
Allocations de recherche
33%
31%
32%
29%
35%
39%
27%
33%
36%
30%
161
48
38
10
15
9
11
78
45
33
50
17
14
3
4
3
2
24
13
11
31%
35%
37%
30%
27%
33%
18%
31%
29%
33%
Demandes
%
Total Demandes
déposées retenues sélection
% sélection (B/A)
82
2010
d ’ ac t iv ité |
Thématiques
Total appels d'offres 2010
§ Résultats des
d’offres
Résultats
desappels
appels
d’offres
r a p p o rt
annexes
PHOTOS
Doumic, Emmanuel page 4, 7. Cnrs Photothèque/Raguet, Hubert pages 14. Inserm/Roingeard Philippe, page 17 ;
Latron Patrice, page 19, 23, 39, 40 ; Depardieu Michel, page 22, 33 ; Galanaud Pierre, page 26 ; FournierJean-Guy page 38.
Institut Pasteur/page 34. Bazin Dora, pages 54, 58. Photoalto/Cirou, Frédéric, page 70,
Direction éditoriale : Marie-Christine Simon. Assistante d’édition : Murièle Matignon.
Rédaction : RCP Communication. Conception graphique et réalisation : Isabelle Benoit.
Impression : PDI, Saint-Ouen L’Aumône. Août 2011.
© Anrs : 101, rue de Tolbiac 75013 Paris - www.anrs.fr