La Public Library of - International Diabetes Federation

Transcription

La Public Library of - International Diabetes Federation
42
Média et événements
La Public Library of
Science : ouvrir l’accès
à la recherche médicale
Paul Chinnock
Il existe plusieurs milliers de revues médicales dans le monde,
médicale. Depuis l’apparition de l’Internet,
dont beaucoup publient des articles relatifs à des études touchant
toutefois, la plupart des revues importan-
au domaine du diabète. La généralisation des publications sur
tes sont publiées en ligne, de sorte que,
techniquement, chacun peut y accéder.
Internet a permis de rendre ces connaissances universellement
Pourtant, la plupart de ces revues réclament
disponibles, du moins en théorie. En effet, le contenu des revues
des frais d’abonnement élevés, qui doivent
médicales révisées par des pairs est hors de portée de la plupart
être payés avant toute consultation, en ligne
ou en version imprimée. Par exemple, les
des prestataires de soins, mais aussi de la plupart des personnes
revues Diabetes et Diabetes Care ont toutes
atteintes de diabète. Les éditeurs limitent l’accès aux dernières
deux un tarif d’abonnement annuel de 630
conclusions des recherches aux institutions et aux individus
USD. Accéder à des articles spécifiques
peut aussi coûter cher : la consultation d’un
qui peuvent se le permettre financièrement. Paul Chinnock
article de Diabetes Self-management coûte
défend le libre accès aux publications et décrit les principes et
28 USD ; Pediatric Diabetes est plus cher,
les réalisations du mouvement pour un libre accès, en mettant
l’accent sur l’un des acteurs clés : la Public Library of Science.
avec un tarif par article de 55 USD.
Les frais d’abonnement
élevés réclamés par la
Les personnes atteintes de diabète sont de
maine médical peut réclamer le droit de
plupart des revues ferment
toute évidence intéressées lorsqu’il s’agit
voir ce qu’ils ont contribué à financer. En
la porte au libre accès.
d’en connaître plus sur leur condition. A
outre, de nombreuses personnes atteintes
ce titre, elles devraient absolument avoir
de diabète ont participé à des projets de
La recherche étouffée
le droit de consulter les articles relatifs à
recherche et ont donc apporté une impor-
Dans les pays développés, les scientifiques
la recherche sur le diabète. Etant donné
tante contribution d’un autre type.
qui travaillent dans un centre de recherche
qu’une grande partie de la recherche est
auront accès à la plupart des revues dont
financée par les gouvernements ou des
Anciennement, les revues médicales étaient
ils ont besoin via la bibliothèque de leur
œuvres de bienfaisance, les contribuables
conservées exclusivement dans les biblio-
institution, qui a évidemment besoin d’un
et toute personne ayant un jour contribué
thèques spécialisées, ce qui rendait difficile
budget très élevé pour assumer les frais
à une œuvre de bienfaisance dans le do-
l’accès aux conclusions de la recherche
d’abonnement. Toute personne n’ayant pas
Septembre 2007 | Volume 52 | Numéro 3
Média et événements
PLoS Medicine couvre tout
l’éventail des spécialités
médicales, le diabète étant
un domaine prioritaire.
s’occupent de la révision des articles par
des experts, de leur édition et de leur impression ou leur mise en ligne. Toutefois, on
pourrait affirmer qu’il s’agit d’une contribution relativement limitée par rapport à celle
des chercheurs et de ceux qui ont financé
l’étude ou qui y ont participé.
Une alternative au paiement par le lecteur
est la prise en charge des frais de publication par ceux qui financent la recherche.
Si un prix unique est payé pour la publication, la recherche peut être mise en ligne
et accessible à tous gratuitement. C’est le
principe de la publication à libre accès.
accès aux services d’une telle bibliothèque
bablement de bonnes raisons de consulter
doive trouver d’autres moyens de faire face
les études publiées sur le diabète : les
à ces frais. La plupart des revues permettent
prestataires de soins, les décideurs et les
La Public Library of Science
d’accéder gratuitement à de brefs résumés
planificateurs en matière de santé et les
De nombreuses personnes et organisations
en ligne. Toutefois, un résumé à lui seul n’a
personnes atteintes de diabète et leurs fa-
ont rejoint le mouvement pour le libre ac-
que peu de valeur et peut même donner
milles, et le public au sens large. Comble
cès. La Public Library of Science (PLoS), une
une idée trompeuse de l’étude en question
de l’ironie, on peut trouver gratuitement
organisation sans but lucratif composée de
et de ses conclusions.
sur Internet de très nombreuses informa-
scientifiques et de médecins qui se sont
tions sur le diabète, d’origine et de qualité
engagés à faire de la littérature scientifique
Ces limitations financières aux connais-
douteuses. Une grande partie de ces infor-
et médicale une ressource publique dispo-
sances scientifiques semblent aggraver le
mations sont trompeuses et potentiellement
nible gratuitement, joue un rôle essentiel.
déséquilibre entre le monde développé
dangereuses.
D’une part, nous promouvons le concept
de la publication à libre accès et d’autre
riche et les pays en développement pauvres. D’après l’ancien directeur général du
De nombreuses informations
part nous publions des revues à libre ac-
Indian Council of Medical Research ‘un
sur le diabète, disponibles
cès. Tout le matériel de PLoS est publié
[chercheur] indien ignore souvent les der-
gratuitement sur l’Internet,
sous la licence de Creative Commons,
nières tendances des publications médica-
sont trompeuses et
qui permet l’utilisation, la distribution et
les [car] à peine 10 % de nos bibliothèques
potentiellement dangereuses.
la reproduction illimitée sur n’importe quel
support. Cela signifie plus qu’un simple
reçoivent les principales revues.’
1
Bien sûr, la production d’un article édité,
accès gratuit : les articles peuvent être
En plus de limiter les possibilités de re-
formaté et révisé par des pairs en vue d’une
imprimés, transmis et utilisés (en tout ou
cherche dans les pays en développement,
publication en ligne ainsi que la maintenan-
en partie) librement et gratuitement dans
les restrictions d’accès posent problème
ce d’un serveur accessible en permanence
d’autres publications, pour autant que le
aux nombreuses personnes qui ont pro-
impliquent des coûts importants. Les éditeurs
travail original soit correctement reproduit.
Septembre 2007 | Volume 52 | Numéro 3
43
44
Média et événements
Revues publiées par la Public
Library of Science
PLoS Biology
PLoS Medicine
PLoS Genetics
PLoS Pathogens
PLoS Computational Biology
PLoS Neglected Tropical Diseases
PLoS ONE
Qualité et égalité
500 à 750 mots, dans un langage simple,
Le libre accès en général et les revues de
afin d’expliquer ce qui a été fait et situer
PLoS en particulier ont été la cible d’un cer-
l’étude dans son contexte. Notre rubrique
tain nombre de critiques négatives, surtout
consacrée aux revues propose des articles
de la part de maisons d’édition bien établies.
qui aident à mettre les recherches en pers-
Leur argument est que les articles à libre
pective. Elle est en outre dotée d’un système
accès seront toujours d’une qualité moindre
de réponse électronique rapide qui permet
que les articles des revues ‘traditionnelles’.
à nos lecteurs de formuler des commentaires
PLoS affirme que la qualité des articles n’a
sur les articles publiés.
rien à voir avec le mode de publication ; tout
Les organisations du diabète, par exemple,
ce que nous publions passe par un processus
Les progrès
peuvent réimprimer n’importe quel extrait
strict de révision par des experts. En fait,
De nombreux scientifiques soumettent dé-
d’une revue de PLoS ; aucune permission
la plupart des recherches soumises à PLoS
sormais leur travail aux revues de PLoS ; la
n’est requise pour la traduction dans les
Medicine sont rejetées ; seuls les articles de
qualité de ces publications est largement
langues locales. Vous pouvez voir un exem-
la plus haute qualité sont acceptés.
reconnue. Le libre accès bénéficie du soutien
de nombreuses organisations qui financent la
ple de l’utilisation créative des articles qui
tentent de rapprocher la recherche des
PLoS demande aux chercheurs dont nous
recherche, notamment les National Institutes
personnes atteintes de diabète sur le site
acceptons de publier les travaux de payer
of Health aux Etats-Unis. Le Wellcome Trust,
de ‘Children with Diabetes’ à l’adresse
des frais de publication – actuellement
l’une des principales sources de financement
www.childrenwithdiabetes.com.
2 500 USD, à déduire du budget de leurs
de la recherche médicale dans le monde,
recherches. Certains ont affirmé que ces
demande que toutes les recherches qu’il
PLoS part du principe que la science est
frais pourraient empêcher des chercheurs
finance soient publiées en libre accès.
internationale et vise à permettre à chacun,
de publier leurs travaux. Toutefois, PLoS
D’autres adoptent une position similaire.
partout, d’accéder à la littérature scienti-
est conscient que de nombreux chercheurs
Récemment, trois grands organismes de
fique, en publiant des travaux de toutes
disposent d’un budget limité, notamment
financement britanniques – le ministère de la
les régions et territoires et en impliquant
dans les pays en développement. Nous ap-
Santé, la British Heart Foundation et Cancer
un groupe géographiquement varié de
pliquons donc une politique d’exonération
Research UK – ont annoncé des politiques sur
scientifiques dans le travail d’édition. La
des frais. Il est important de préciser que les
le libre accès. Quelques maisons d’édition
qualité et la pertinence scientifiques sont
membres de l’équipe éditoriale ne savent
traditionnelles commencent à publier certains
les seuls éléments pris en compte dans la
pas qui a les moyens de payer ou pas.
articles scientifiques via le libre accès.
décision de publier un article.
Un ‘pare-feu’ sépare clairement l’équipe
éditoriale de nos collègues du département
Paul Chinnock
PLoS part du principe que la
financier, empêchant ainsi toute influence
science est internationale et
sur la décision de publier.
Paul Chinnock est Editeur senior auprès
de PLoS Medicine.
Favoriser la compréhension
Référence
Certains pourraient affirmer que le langage
1 Gibbs WW. Information have-nots: A vicious
circle isolates many third world scientists.
Scientific American 1995; 272: 12-4.
publie des travaux de toutes
les régions et territoires.
PLoS Medicine, lancé en 2004, est l’une
très technique utilisé dans les rapports scien-
des revues phare de PLoS. Nous couvrons
tifiques et médicaux est un obstacle à sa
tout l’éventail des spécialités médicales ;
lecture par le public, renforçant l’argument
le diabète est un domaine prioritaire. Avec
en faveur du maintien de l’accès limité à
pour objectif ultime l’amélioration de la
ce type de publication. PLoS Medicine s’ef-
santé humaine, nous encourageons la re-
force de promouvoir une meilleure compré-
cherche et les débats ciblant la charge des
hension, en plus du libre accès. Les éditeurs
maladies au niveau mondial.
rédigent pour chaque article un résumé de
Septembre 2007 | Volume 52 | Numéro 3
Pour en savoir plus sur PLoS, ses
objectifs et ses principes, consultez le
site www.plos.org
Pour lire la revue PLoS Medicine, allez
sur le site www.plosmedicine.org

Documents pareils