Couverture sanitaire universelle
Transcription
Couverture sanitaire universelle
LE MOUVEMENT MONDIAL EN FAVEUR DE LA COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE Qu’est-ce que la couverture sanitaire universelle? La couverture sanitaire universelle (CSU) vise à donner à tous l’accès à des services de santé de qualité, sans risque de difficultés financières. QUI: L’ensemble de la population, y compris les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables. QUOI: L’éventail complet des services de santé essentiels, y compris la prévention, les traitements, les soins hospitaliers et la prise en charge de la douleur. COMMENT: Les coûts ne sont pas seulement à la charge des malades mais sont supportés par l’ensemble de la population par le biais du prépaiement et de la mise en commun des risques. L’accès doit dépendre des besoins, pas de la capacité de payer. La CSU est un moyen de favoriser l’exercice du droit à la santé en tant que droit de l’homme. Plusieurs pays, quel que soit leur niveau de revenu, mènent des réformes pour parvenir à la CSU. • Depuis 2010, plus de 80 pays ont demandé une assistance technique à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin de s’acheminer vers la CSU.1 • Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (les « BRICS »), dont l’économie est émergente et où vit près de la moitié de la population mondiale, prennent des mesures en faveur de la CSU. • En décembre 2012, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution historique approuvant la CSU.2 Depuis, le Groupe de la Banque mondiale et l’OMS ont fait de la CSU l’une des premières priorités pour le développement durable. « La couverture universelle en matière de santé constitue le concept le plus efficace que la santé publique puisse offrir. » – Margaret Chan, Directeur général de l’OMS, 21 mai 2012 Pourquoi investir en faveur de la CSU ? La CSU aide à faire sortir les gens de la pauvreté et favorise la croissance économique. • La CSU est essentielle car un milliard de personnes n’ont • L’amélioration de la santé a fait augmenter les revenus d’un pas accès aux soins de santé de base et 100 millions d’autres quart dans les pays en développement entre 2000 et 2011. sombrent dans la pauvreté en tentant d’y accéder.3 À ce rythme, chaque dollar investi en faveur de la santé entraînerait une augmentation des revenus comprise entre • En Afrique et en Asie du Sud-Est, près d’un tiers des ménages US $9 et US $20 au cours des vingt prochaines années.5 doivent s’endetter ou vendre des biens pour payer des soins de santé.4 Principes de base de la CSU Donner la priorité aux plus pauvres • Les efforts déployés en faveur de la CSU doivent avant tout garantir la couverture des populations pauvres et des populations vulnérables. S’appuyer davantage sur le financement public • Le financement public est essentiel pour que la CSU couvre les personnes qui ne peuvent pas apporter de contribution financière. Il faut pour cela que les pouvoirs • Les inégalités en matière de publics obtiennent davantage santé se creusent. Ainsi, au de ressources, les allouent à cours des deux dernières la santé et les dépensent plus décennies, le taux de efficacement. Par exemple, le vaccination antirougeoleuse Mexique s’est acheminé vers la en Afrique a atteint 75 % dans CSU en augmentant les dépenses le quintile le plus riche de la publiques de 5 % par an, en population mais n’a pas dépassé moyenne, entre 2000 et 2006.7 33 % à 36 % dans le quintile le plus pauvre.6 La CSU contribue à • Dans la Déclaration d’Abuja, résorber ces écarts. adoptée en 2001, les gouvernements africains ont pris acte de cela en s’engageant à consacrer au moins 15 % des dépenses publiques à la santé. Toutefois, cet objectif n’a généralement pas été atteint. Réduire, voire éliminer, les dépenses directes • Les dépenses directes importantes – c’est-à-dire les frais que paient les patients au moment où ils bénéficient de services de santé – sont l’une des principales raisons pour lesquelles les gens sombrent dans la pauvreté lorsqu’ils accèdent aux soins, ou pour lesquelles ils renoncent à des soins. • En Thaïlande, la proportion de familles confrontées à des dépenses de santé catastrophiques dans le groupe à plus faible revenu est passée de 4 % en 2000 à 0,9 % en 2006 grâce à des réformes en faveur de la CSU.8 Développer le système de santé • La CSU n’est pas seulement une question de financement de la santé. Ainsi, s’il n’y a ni médicaments, ni agents de santé, ni établissements de santé, il est difficile de s’acheminer vers la CSU. La Thaïlande a complété ses réformes du financement de la santé par d’importantes modifications de son système de santé afin de garantir la disponibilité de services de santé de qualité, en fonction des besoins. Mesures prises par certains pays pour s’acheminer vers la CSU Il n’y a pas d’approche unique. Les pays empruntent des chemins différents: Pays MEXIQUE RWANDA THAÏLANDE BRÉSIL GHANA (PIB/hab.) ($9,741) ($619) ($5,473) ($11,339) ($1,604) Réforme 2003 : Seguro Popular [Assurance populaire]. Système « d’assurance » financé par des fonds publics pour les pauvres et le secteur informel afin de réduire les disparités avec la sécurité sociale dans le secteur officiel. 2003 : Mutuelle de Santé. Système d’assurance communautaire fortement subventionné, intégré dans un réseau national associant redevabilité locale, mise en commun des risques au niveau national et subventionnement croisé. 2001 : Régime de couverture universelle. Régime le plus récent et le plus grand, qui couvre tous ceux qui ne bénéficient pas de l’un des deux régimes réservés aux travailleurs du secteur officiel. 1988 : Système de santé unifié. Services municipaux financés par des fonds publics. 2004 : Régime national d’assurance maladie. Réseau national d’assurances-maladie communautaires associé à un régime national de sécurité sociale (pour le secteur officiel). Financement et prestations couvertes Transferts du budget de l’État. L’idée initiale de lier les primes des cotisants aux revenus a été abandonnée. L’assurance couvre 95 % des motifs d’hospitalisation. Transferts budgétaires (recettes fiscales et aide de donateurs) associés à un barème progressif de cotisations. Il existe un plan national de prestations, chaque mutuelle ayant une certaine marge de manœuvre. Les mutuelles doivent couvrir au moins l’ensemble des services/ médicaments disponibles dans les centres de santé Recettes de l’État uniquement. Incitations fermes à l’efficience par diverses formes d’achat actif, des budgets globaux et le paiement des prestataires. L’assurance couvre les soins préventifs et les soins curatifs et, depuis peu, le traitement de l’infection à VIH. Recettes du gouvernement fédéral mises en commun au niveau municipal. Les prestations sont classées en trois catégories : de base, spécialisées et très complexes. Recettes fiscales générales, provenant principalement d’un prélèvement de 2,5 % sur la TVA, associé à une taxe sur le salaire des bénéficiaires de la sécurité sociale (secteur officiel) et cotisations limitées versées par les bénéficiaires (sauf les plus vulnérables). Fonds national avec paiement par service pour financer un ensemble de prestations qui couvre 95 % des problèmes de santé signalés. Profils détaillés à l’adresse jointlearningnetwork.org La CSU comme but mondial Il est de plus en plus admis que si la CSU est un but mondial, les objectifs de santé et de développement seront plus vite atteints. • Alors que la date butoir de 2015 pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) s’approche, les États Membres de l’Organisation des Nations Unies débattent d’un nouveau programme de développement. Il a été proposé que la CSU soit un objectif sanitaire général ou bien l’élément d’un objectif sanitaire, défini en termes de résultats. Chaque option reflète un accord général quant à l’importance du rôle de la CSU dans la prochaine phase concernant les objectifs de santé et de développement au niveau mondial. • L’OMS et le Groupe de la Banque mondiale ont mis au point un cadre permettant aux pays de mesurer les progrès accomplis vers la CSU.9 Ce cadre montre qu’il est possible de mesurer la CSU aux niveaux national et mondial, à l’aide de cibles concernant la couverture des services de santé et la protection financière. Amélioration de la santé et renforcement de l’équité grâce à la CSU La CSU peut soutenir les efforts déployés pour satisfaire les besoins sanitaires les plus pressants à l’échelle mondiale. • On a constaté que l’extension de la couverture prolongeait l’espérance de vie, en particulier dans les populations sous-desservies.10 • La survie des mères, des nouveau-nés et des enfants s’améliore plus rapidement lorsque le financement de la CSU est équitable.11 • La CSU peut réduire les disparités entre les sexes – et notamment permettre de satisfaire les besoins de planification familiale – moyennant une conception, une mise en œuvre et un suivi appropriés.12 • Il est absolument essentiel de réduire ou d’éliminer les dépenses directes afin de favoriser l’accès aux services et aux agents de santé et d’éviter l’appauvrissement des populations vulnérables, notamment celles touchées par le VIH.13 • La CSU peut aider à traiter d’autres problèmes de santé prioritaires, dont les maladies non transmissibles (MNT), en améliorant la couverture des services de prévention et des services cliniques. Parallèlement aux mesures prises pour agir sur les déterminants sociaux de la santé, la CSU peut permettre d’obtenir une baisse de 25 % de la mortalité attribuable aux MNT d’ici 2025.14 « L’instauration de la couverture universelle et de l’équité en matière de santé est l’élément indispensable à la réalisation des objectifs mondiaux visant à éliminer l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et à stimuler une prospérité partagée. » – Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale, 6 décembre 2013. One Million Community Health Workers Campaign Soutenu par References 1. Chan M. WHO Director-General Remarks to Global Vaccine and Immunization Research Forum. Mars 2014. 2. Résolution A/67/L.36 de l’Assemblée générale des Nations Unies. 3. OMS. Couverture sanitaire universelle : rapport du Secrétariat. Janvier 2013. 4. Kruk ME et al. Borrowing and Selling to Pay for Health Care in Low- and Middle-Income Countries. Health Affairs. July/August 2009. 5. The Lancet Commission on Investing in Health. Global Health 2035: A world converging within a generation. The Lancet. December 2013. 6. UNICEF. Progrès pour les enfants : réaliser les OMD avec équité. Septembre 2010. 7. Garcia-Diaz R et al. Analysis of the distributional impact of out-of-pocket health payments: evidence from a public health insurance program for the poor in Mexico. Journal of Health Economics. December 2011. 8. Oxfam. Universal Health Coverage: Why health insurance schemes are leaving the poor behind. October 2013. 9. Groupe de la Banque mondiale, OMS. La couverture universelle en santé : suivi des progrès à l’échelon national et mondial. Mai 2014. 10. Sommers BD, Long SK, Balcker K. Changes in mortality after Massachusetts health care reform. Ann. Intern. Med. May 2014. 11. Gertler P, Giovagnoli P, Martinez S. Rewarding provider performance to enable a healthy start to life: evidence from Argentina’s Plan Nacer. May 2014. 12. Quick J, Jay J, Langer A. Improving women’s health through universal health coverage. 13. Alliance internationale contre le VIH/SIDA. La santé dans le cadre de développement post-2015. Juin 2014. 14. Marmot M. Universal health coverage and social determinants of health. The Lancet. October 2013.