telecharger l`edition du 15 juin 2013 de congo

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Comment Sassou Nguesso
modifiera sa constitution en
2015
Par Olivier Mouébara
Page 5
CONGO-LIBERTY.COM
LE LIVRE DE DINA MAHOUNGOU
Le journal interdit au Congo-Brazzaville
GRATUIT D’INFORMATION AFRICAINE - Page 8
N°00 JUIN 2013
Si tu parles tu meurs,si tu parles pas tu meurs,alors parle et meurs ‘’ Tahar Djaout ‘’
EDITORIAL
A LA DESINFORMATION DE
SASSOU NGUESSO,OPPOSONS
NOTRE LIBERTE DE PENSER
Par Mingwa mia Biango
.
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ANALYSE
L’ALIENATION CULTURELLE AU
CONGO-BRAZZAVILLE.
Par Alexis Bouzimbou
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FRANCE - CONGO-BRAZZA
DU CYNISME CONSIDERE
COMME UN DES BEAUX ARTS.
Par Dina Mahoungou
Page 6
Prochaine parution du
journal congo-liberty.com
le 15 juillet 2013
contact:
[email protected]
L’affaire Gunvor ou l’anatomie d’un
scandale pétrolier Russo-Congolais
Page 4
Henri Djombo le ministre
congolais de l’économie
forestière: incompétent et
irresponsable dans
l’interview d’Afrik.com
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CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
L’Edito de Mingwa mia Biango
A la désinformation de Sassou Nguesso, opposons notre liberté de penser.
l y a un peu plus de deux ans, exactement en avril 2011, avec des amis épris de paix, de justice et des droits
de l'homme, nous décidions de créer le site www.congo-liberty.com .
C'était avant tout un acte citoyen et militant, car le prolongement de notre combat pour la libération du CongoBrazzaville, a pour objectif ultime, la restauration de la démocratie, usurpée en octobre 1997 par le dictateur
Sassou Nguesso, à l'issue d'une guerre sanglante commencée le 5 juin de la même année.
Nous savions tous au début de cette aventure que notre challenge était ambitieux et difficile, que la seule volonté et la détermination militante qui nous animaient ne suffiraient pas. Mais aucune action de libération d'un
peuple ne pouvant se concevoir sans outil de communication, alors celui-ci devenait un impératif ! Voilà en
quelques mots la genèse de Congo-liberty...
Entre autres missions assignées à notre équipe et encore d'actualité, celle d'apporter avec nos très modestes
moyens dont l'essence principale est l'amour du pays, un regard impartial sur l'actualité, et d'informer nos
concitoyens, contrairement à la propagande officielle du pouvoir putschiste de Brazzaville, qui bénéficie d'une
manne financière illimitée, prompte à la désinformation et à la manipulation de l'opinion.
Mais dans ce combat entre le pot de terre contre le pot de fer, beaucoup de choses restent à faire, et nous y
travaillons.
Nous voulions que « Congo-liberty.com » devienne le carrefour des sans voix, des démocrates tous azimuts,
et le creuset des intelligences congolaises. Notre pari est en passe d'être atteint.
C'est donc l'occasion de remercier très sincèrement toutes les femmes et les hommes dont la participation à
travers leurs textes et vidéos durant ces années, a contribué au succès de cette entreprise. Nous n'oublions
pas non plus tous les internautes, toujours plus nombreux, qui par le bouche à oreille, ou les réseaux sociaux,
participent à l'audience exponentielle de ce qui est désormais votre site.
Aujourd'hui, nous proposons à tous les amis du Congo-Brazzaville, aux Congolaises et Congolais, une nouvelle aventure. Notre nouvel outil de lutte pour la libération de notre peuple : un journal papier en version PDF
et téléchargeable sur www.congo-liberty.com .
En effet, bien que votre site d'information soit consultable au Congo-Brazzaville, la fracture numérique de
notre pays avec le reste du monde est considérable, et c'est encore pire entre les différentes couches de notre
société.
Nos publications sur le web ne sont malheureusement accessibles qu'à une population privilégiée. Conséquence d'un pouvoir incompétent et illégitime, qui n'a pas suffisamment investi pour arrimer le pays au câble
sous marin à fibre optique, du projet WACS « West Africa cable system » déployer par Alcatel Lucent, reliant
la Grande Bretagne à l'Afrique du sud, en passant par la ville côtière de Pointe-Noire.
Ainsi, l'objectif de cette version papier que nous voulons partager avec nos lectrices et nos lecteurs, avec une
attention particulière à ceux qui résident au Congo-Brazzaville, c'est d'imprimer une page ou tout le journal, et
dans la mesure du possible, la diffuser largement dans nos quartiers, ou tout simplement l'oublier dans un taxi
ou un nganda « bistrot », afin que l'information que nous décryptons ne soit pas un privilège pour les uns,
mais qu'elle soit accessible à toutes les couches de la population, comme un cordon sanitaire à la propagande
hideuse de Sassou Nguesso. Ainsi, cet acte de résistance s'ajoutera à ceux que vous accomplissez déjà.
La libération de notre pays du joug de la dictature passe aussi par la médiatisation internationale du drame
que nous vivons. Nous ambitionnons de distribuer gratuitement ce journal en France à partir de septembre
2013. Mais la gratuité pour les lecteurs à un coût financier à l’impression. Alors toutes aides financières ou
dons pour soutenir cette action est la bienvenue.
Personne ne viendra libérer les Congolais de leur bourreau, si ce n'est les Congolais eux mêmes. Alors
comme le disait le Pape Jean Paul II, « N'AYONS PLUS PEUR! »
Mingwa mia Biango : [email protected]
Cercle de réflexion pour des idées nouvelles
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L
CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
L’ALIENATION CULTURELLE AU CONGO. Par Alexis Bouzimbou
’aliénation est l’asservissement de l’être humain, dû à des contraintes extérieures (économiques, politiques et sociales), et qui conduit à la dépossession de soi, de ses facultés, de sa liberté ». La culture
quant à elle, est « l’ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines ».
L’aliénation culturelle crée une dualité dans le fonctionnement psychologique de chaque congolais. Ce mal
ronge nos consciences et engendre complexe d’infériorité, mimétisme, frustration et violence (J.Philippe
Omotundé, discours afro-centriste sur l’aliénation culturelle).
La permanence de la présence française au Congo a largement influencé et façonné le comportement socioculturel des congolais. L’école, tout en favorisant l’ouverture vers d’autres cieux a contribué au mimétisme
culturel des congolais. Le mode de vie et de pensée du français est reproduit par le biais de la formation, de
l’éducation, de l’habillement, et l’impact considérable des médias(radio et télévision par Canal France International).
La colonisation, tout comme la présence portugaise dans le royaume Kongo au XVème siècle, a servi de
porte d’accès aux influences étrangères. Au fil des années, le colonialisme culturel a servi de levier à l’impérialisme économique, et devient un moyen qui aboutit à une dépression: la culture envahie ne se saisit plus
elle-même à travers ses propres catégories, mais plutôt a travers celle de l’autre. Cette culture envahie n’a
plus de désirs propres, mais uniquement le désir de l’autre. Ceci se justifie par le fait que la culture véhiculée
par le colonisateur a absorbé celle du pays qui se défait lentement sous l’effet dominateur et destructeur de la
culture étrangère.
Sur le plan de la superstructure et de l’infrastructure, l’organisation administrative politique et économique,
ainsi que les règles et principes de fonctionnement, sont le résultat d’un décalque de la France, puissance colonisatrice. L’aliénation culturelle est également omniprésente dans l’appareil juridico-institutionnel congolais.
La colonisation a occasionné l’aliénation culturelle au Congo par le biais de l’enseignement, de l’information,
et de la langue française.
L’enseignement parce qu’ayant un caractère général et inadapté au contexte socio-économique du pays. Il
est au rabais et basé sur le complexe. L’européen est de race et d’essence supérieures. La langue française
quant à elle, instituée comme langue officielle du pays, pénètre par l’école et favorise l’acculturation de la jeunesse congolaise. En imposant le français comme langue officielle, le colonisateur a réussi à anéantir les
langues nationales locales qu’il appelle dialectes.
Il est vrai que dès l’indépendance, l’éducation avait bénéficié d’une grande priorité avec l’ouverture de nombreuses écoles, afin de répondre à la pressante demande des cadres formés en nombre croissant pour participer au développement. Malheureusement, faute d’avoir reçu de nouvelles finalités, l’éducation n’est pas un
véritable instrument d’affirmation de l’identité culturelle, ni le levier d’un développement endogène qui puiserait son essence dans les réalités nationales, et mobiliserait chacun pour le bien-être de tous. Les programmes scolaires ont été peu modifiés.
S’agissant de l’information, 90% des fréquences utilisables appartiennent aux pays industrialisés. Quatre
grandes agences se partagent le monopole de l’information à travers la planète: AFP(France), Reuter
(Grande Bretagne), AP ((États-Unis) et Tass (Russie). Le Congo ne compte que pour un demi pour cent dans
le chiffre mondial de l’information.
Dans les années 1960, dans l’euphorie des indépendances, Haïlé Sélassié, avait proposé aux pays africains
la création d’une agence africaine de presse et de diffusion. Ce projet échoua, rendant l’Afrique dépendante
des grandes agences étrangères pour ses sources d’information. De même, la création de la PANA (Agence
panafricaine de l’information) fut un échec. Et, par voie de conséquence, l’orientation imprimée aux mentalités
et aux réflexes est telle que, tout ce qui vient d’ailleurs est sublimé.
Le 30 janvier 1944, lors de la réunion de Brazzaville, sur une proposition de René Pleven et du gouvernement
de Félix Eboué, le général de Gaulle définissait la nouvelle politique coloniale française. Elle se concrétisait
dans « l’affirmation de la vocation civilisatrice de la France« , que la loi-cadre de juin 1956 amplifiait l’application. Il s’agissait d’associer les congolais à l’œuvre française. Cette voie excluait toute dissidence et verrouillait d’emblée toute volonté d’indépendance.
Il ne s’agit pas pour les congolais de s’occidentaliser, mais de préserver nos valeurs, tout en nous ouvrons au
monde. Il faut, comme le dit si bien le doyen Jacques Loubélo: « Penser à partir de notre propre expérience »
Alexis BOUZIMBOU
Cercle de réflexion pour des idées nouvelles
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CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
L’AFFAIRE GUNVOR OU L’ANATOMIE D’UN SCANDALE PETROLIER RUSSO-CONGOLAIS
D
epuis janvier 2012, le parquet fédéral suisse enquêtee dans la plus grande discrétion sur des marchés
pétroliers remportés, il y a trois ans, par le groupe Gunvor au Congo-Brazzaville. Cette procédure, ouverte pour soupçons de blanchiment d’argent, est pour l’instant dirigée contre « inconnu ». Mais, pour le quatrième trader privé au monde – fondé en 1997 par le Russo-Finlandais Guennadi Timtchenko, un ancien
camarade du président Vladimir Poutine –, les conséquences sont encore imprévisibles.
A Genève, deux comptes, crédités chacun de près de 15 millions de dollars (11,5 millions d’euros), ont été
gelés à la Clariden Leu, un établissement absorbé fin 2011 par le Crédit suisse. Ouverts au nom de sociétés
offshore, leurs bénéficiaires sont Jean-Marc Henry, un Français au profil opaque qui a ses entrées au CongoBrazzaville, et Maxime Gandzion, homme d’affaire gabonais de 59 ans, ancien d’Elf-Gabon, ex-conseiller du
président Omar Bongo et proche du président congolais Denis Sassou Nguesso.
Ces deux intermédiaires ont été rémunérés pour avoir permis à Gunvor de « lever », entre 2010 et 2012, vingt
cargaisons de brut (plus de 18 millions de barils), un marché de plus de 2 milliards de dollars. Les enquêteurs
suisses recherchent d’éventuels paiements faits à des dignitaires congolais. Ils veulent aussi avoir si M.
Gandzion peut être qualifié d’agent de l’Etat congolais, ce qui confirmerait la corruption.
OUVRIR LES PORTES DU CONGO-BRAZZAVILLE
Le Monde a pu reconstituer un pan entier de cette embarrassante affaire, en particulier la manière dont Gunvor veut aujourd’hui faire porter la totalité de la faute à l’un de ses anciens employés.
Cet ancien business developer du département Afrique, dont la fonction était de prospecter de nouveaux marchés, a été licencié en juillet 2012. Il s’était chargé d’ouvrir les portes du Congo-Brazzaville. En novembre
2012, Gunvor a déposé contre lui une plainte pour escroquerie auprès du parquet fédéral, entraînant une
mise en examen. Une procédure distincte de celle pour blanchiment. En mars, il a contre-attaqué en déposant
une plainte pour dénonciation calomnieuse, estimant que Gunvor cherchait à faire diversion en s’attaquant à
lui.
Le géant des négoces l’accuse d’avoir agi seul pour rémunérer les intermédiaires, alors qu’il n’avait pas la signature sur ce type de contrat, et d’avoir touché, de l’un d’entre eux, une rétrocommission de plus de 6 millions de dollars.
Une partie de cette version résiste mal à l’épreuve des faits. Le Monde a pu consulter deux procurations datées du 12 décembre 2011 signées par deux hauts cadres de la société. On y lit que « Gunvor
International BV, Amsterdam, ratifie, approuve et confirme » le fait que l’employé avait reçu le pouvoir pour signer les contrats de commission. D’abord en juin 2010 avec Petrolia E&P SA, la société offshore de Maxime
Gandzion, puis en novembre 2010 avec Armada Trading , celle de Jeran Marc Henry, et que « cela a la même
valeur que si le contrat avait été signé par deux signataires autorisés ».
« INFORMATIONS LACUNAIRES ET TROMPEUSES »
C’est la banque Clariden Leu, tout juste intégrée au Crédit suisse, qui a été la première, fin 2011, à s’arlarmer du fait qu’unbusiness developer ait pu signer les contrats à l’origine des paiements. Ce dernier se tourne
alors vers sa direction et obtient les procurations. Malgré cela, la banque signale le cas auprès du MROS (le
bureau anti-blanchiment), ce qui enclenche une enquête des autorités fédérales.
Interrogé par Le Monde, Gunvor s’en tient à la thèse de l’employé félon qui l’aurait trompé, faisant valoir par
écrit que« les contrats ont été signés par l’ex-employé en contravention aux procédures applicables en matière de pouvoirs de signature », et que « c’est à sa demande expresse, sur la base d’informations lacunaires
et trompeuses, que Gunvor a octroyé a posteriori un pouvoir de ratification, confirmant la signature unique de
l’ex-employé ».
Dès juin 2010, le service financier de Gunvor ainsi que son service de compliance avaient pourtant avalisé le
paiement de dizaine de millions de dollars sur les comptes des intermédiaires à Genève.
Quant à la commission touchée par l’ancien business developer, ce dernier avait, dès janvier 2012, expliqué
au procureur fédéral qu’elle provenait d’un marché de bateaux fluviaux au Congo, et qu’il était en droit de la
toucher. Ces faits étaient alors connus de Gunvor, qui a attendu quelques mois pour porter plainte. « Afin d’attendre les conclusions de son enquête interne », rétorque la société.
( Lire la suite Page 8 )
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CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
COMMENT SASSOU NGUESSO MODIFIERA SA CONSTITUTION EN 2015…
Par Olivier Mouébara
’est un secret de polichinelle, bien que sa constitution qu’il s’est taillé sur mesure en janvier 2002 le lui interdit, Sassou Nguesso peaufine sa stratégie pour rempiler en 2016, pour un 3e mandat présidentiel, et
cela passe par la modification de ce texte fondamental.
Aux experts occidentaux en droit constitutionnel que les avocats parisiens de Sassou Nguesso que sont,
Francis Teitgen, Jean-Pierre Versini-Campinchi et Simon Bernard Dupré, sont chargés de recruter, pour imaginer l’ingénierie juridique pour modifier la constitution de 2002. ceux-ci auront pour mission d’assurer le service après vente de ce hold-up juridico-électoral à l’international.
A ces experts occidentaux,il faut ajouter des juristes congolais sans référence, cupides, vénaux, et sans foi ni
loi, à la solde du pouvoir qui massacre les congolais, et fait main basse sur les richesses du pays.
Parmi eux, citons, Benjamin Boumakani le secrétaire général du gouvernement, Antoine Evoudou le directeur
des affaires électorales, Auguste Iloki l’actuel président du cour constitutionnelle, et Laurent Tengo le conseiller juridique du vieux dictateur.
Le scénario qui à la faveur de Sassou Nguesso est celui de la création d’un poste de vice-président, un ticket
à l’américaine, permettant au vice-président de succéder directement au Président, et d’aller au terme de son
mandat , si celui-ci n’est plus en mesure d’exercer le pouvoir, où dans le cas de sa disparition.
Pour faire simple, le mandat présidentiel dans cette constitution illégale étant de 7 ans, alors le couple siamois dont Sassou Nguesso sera le leader en 2016, rempilera jusqu’en 2023 .
Pour le moment les pourparlers au sein du clan Nguesso n’ont pas encore abouti, mais on croit savoir de
source sûre, que le choix final se fera entre Jean Dominique Okemba et Jean Jacques Bouya. Le choix de
Christel dit Kiki, le fils du dictateur, ne serait plus d’actualité car mettrait à coup sûr le feux au poudre, selon
les services secrets de Sassou Nguesso.
Pour contenter son opposition qu’il entretien pour donner l’illusion d’un pays démocratique, Sassou Nguesso
dans sa nouvelle constitution lui laissera le poste de 1er Ministre. Ainsi tout le monde aura eu sa part «du gâteau ».
Pendant ce temps, le Peuple congolais s’il ne se réveille pas, et ce n’est pas encore trop tard sera probablement plongé dans une misère dont plusieurs générations futures ne se relèveront jamais…
Le référendum pour la modification de la constitution de Sassou Nguesso aura lieu au début de l’année 2015,
et sera probablement adopté à une très large majorité, le fichier électoral étant manipulé par l’administration
du dictateur, et pour cela, nous pouvons faire confiance au prestidigitateur Zéphirin Raymond Mboulou, le ministre de l’intérieur !
Par Olivier Mouébara
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CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
FRANCE / CONGO-B : DU CYNISME CONSIDẺRẺ COMME UN DES BEAUX-ARTS .
Par Dina Mahoungou
out le monde a bien compris que nous avons assisté, que nous assistons à une sorte de mise en espace
lamentable, un ballet dantesque.
Mais la France ne nous l’a pas déclaré comme telle, il n’en est pas moins certain. Les dictateurs se sauvent
d’eux-mêmes par leurs relations, leurs clientélismes, leurs pactes, ils enfreignent les lois. Ils se foutent des
principes élémentaires du savoir-vivre, ils ont et se donnent les moyens : corrompre est devenu pour eux un
acte citoyen.
Denis Sassou N’Guesso qui est censé incarner le peuple congolais, par le biais de ses aboyeurs, distribue de
l’argent à qui veut bien l’applaudir, et nous ne sommes pas en Afrique, nous sommes bel et bien en France.
C’est la grande épreuve de vérité, personne ne peut l’empêcher de faire ce qu’il veut. Le Général parade
« the show must go on ! ». Et croire que la simple volonté des hommes justes réussira à tout changer, jusqu’à
quelle rupture et finalement pour quoi faire ? Est-il si facile de s’illusionner ?
Le marasme en Occident est structurel, sociétal, donc général. C’est si vrai qu’eux-mêmes ont du mal à gouverner, comme par nécessité, ils n’hésitent pas à supporter, à préparer, à protéger les mêmes guignols tout
en contenant les remous du moindre opposant.
Les dictatures sont au départ d’essence démocratique – coup d’état pour changer des choses, changer la vie
et donner de l’espérance au petit peuple qui se meurt – la France a trop longtemps hésité et ses réactions
presque malhabiles ne supportent plus l’indécision, le Congo s’effrite, rien ne va plus.
D’où il appert que les grands moments de la République Française envers ses anciennes colonies pour sa
politique étrangère n’existent pas, on n’en est pas encore là.
Nul roi n’a jamais remplacé son valet de chambre par un quidam qu’il ne connait pas, qu’il n’a jamais humilié.
Le cynisme d’Etat est une magistrature essentiellement républicaine, la pléthore légale des magouilles du pétrole a remplacé la décision du principe de démocratie.
Dorénavant, on fera avec ce qu’on a dans la main, un point c’est tout.
Tout le monde n’est pas Benoit XVI, ancien souverain pontife, pour rompre avec la tradition de la compromission. Ᾱ Paris, on a célébré un général génocidaire, potentat du Congo Brazzaville qui préside à la culture de
la mort dans son pays. Le chef d’Etat congolais n’a aucun respect au droit primordial de la vie, tuer pour lui
est un jeu d’enfant.
Au reste, que deviendraient les Bolloré et les Pégasse si la corruption disparaissait dans le continent noir.
L’argent rend tout enviable grâce aux traditions mises à la portée des grandes banques d’affaires. Dans la
mafia, le visible et l’invisible ne font qu’un. Alors, la France collabore à cette politique africaine d’étouffement
choisi. La manigance dans ce cas est aussi claire et sans appel. Dans cette valse des magouilleurs, il y a
aussi des règles à respecter : structures de pouvoir, intérêts fondamentaux, motivations propres des acteurs.
Le concept de cynisme renvoie aux individus et aux organisations, élites politiques incluses qui s’attachent à
poursuivre et à protéger les intérêts particuliers de la France. L’analyse par régions du Congo, recouvre les
champs sociaux, politiques, économiques et institutionnels susceptibles d’affecter la dynamique du changement qui tend vers une Nation unie.
Sous la forme d’un tribalisme structuré, la haine de l’autre met en évidence l’existence d’une sorte de causalité circulaire, entre citoyens du Nord dominants donc au pouvoir, et les populations du Sud dominées, c’est
aujourd’hui une société qui a opéré un changement de type d’inégalité. Pour le moment, la dictature au
Congo est immuable. Depuis longtemps déjà, le voile est systématiquement jeté sur toutes ces défaillances :
des valises ambulantes, des rétro-commissions, des mensonges d’Etat, la France n’est plus dans son rôle de
légaliste, trop de suspicions, procès, dérapages et biens mal acquis. On refait le bal et on reprend les mêmes.
Consensus nécessaire entre les médias, le Congo est un domaine réservé de la France. Tout est centralisé à
Paris, c’est parfaitement machiavélique mais c’est comme ça, rien à dire, allez, circulez !
La fin pitoyable de cette mascarade contribuera aussi à hâter la déconfiture d’un pays abandonné au bon
vouloir des escrocs transcontinentaux. C’est le scénario le plus probable mais à plus longue échéance. En regardant dans ce beau Congo tous ces congolais humiliés et la main tendue, on a envie d’un peu d’air. Les
vautours s’appliquent dans ce carnage comme jamais auparavant, les entourloupes, les entourages, les cousinages, les liens de sang, les sectaires, les boulimiques, les groupes de pression ont tout prévu, un dosage
approprié et des moyens pour. Malheureusement dans tout ça, la France, en charge de l’essentiel, apte en
cas de péril à prendre sur elle de faire tout ce qu’il faut. C’est une politique africaine de la France-Mère qui
parait bien byzantine.
Par Dina Mahoungou « Ecrivain et journaliste médias »
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CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
Henri Djombo le ministre congolais de l’économie forestière: incompétent et irresponsable dans cette
interview d’Afrik.com (EXTRAIT)
Afrik.com : Que comptez-vous faire face aux fuites de pétrole survenues à Pointe-Noire ? Des opérateurs auraient refusé de revenir dans cette zone à cause de cette situation gênante …
Henri Djombo : Il y a des solutions techniques mises en œuvre (Il cherche ses mots). Des solutions qui vont
permettre de mettre fin à la pollution marine. Ce n’est pas mon domaine, mais il y a des solutions mises en
œuvre pour gérer cette situation.
Afrik.com : Ce n’est pas votre domaine ? Mais vous êtes le ministre de l’Environnement !
Henri Djombo : Chaque secteur doit utiliser des techniques respectueuses de l’environnement. Le respect de
l’environnement doit devenir normatif. Il faut que nous mettions en œuvre des instruments de veille, de
contrôle, de suivi et de respect de l’environnement.
Afrik.com : Le Congo est un pays où la majorité de la population vit dans une grande misère. Or, on
sait que les politiques de développement durable sont très coûteuses, même pour les grandes puissances. Le développement durable est-ce réellement une priorité dans un pays où les infrastructures
sont en lambeaux, les hôpitaux démunis, et où la population ne mange pas à sa faim ?
Henri Djombo : Justement, nous préparons ces politiques de développement durable en prenant en compte
nos possibilités. Nous avons un plan de financement qui est prêt. Nous avons les moyens de les mettre en
œuvre. Les premiers moyens que nous avons, ce sont les hommes et les femmes. Ce sont les premiers acteurs du changement. Nos économies sont actuellement fragiles. Demain, il va falloir qu’on développe l’industrie de service, les nouvelles technologies. Pour cela, on a besoin de former les gens.
Afrik.com : A vous entendre parler, vous donnez vraiment l’impression que la mise en œuvre des politiques de développement durable constitue une priorité, alors que le Congo est toujours un pays en
développement ! Ne brûlez-vous pas les étapes sachant que les populations sont dans le besoin ?
Henri Djombo : Mais nous assurons les besoins des populations, c’est ce que nous avons fait jusqu’ici ! (Il a
l’air agacé). Nous voulons que personne ne soit laissé sur le bord de la route ! Il faut aussi comprendre que
l’Etat ne peut pas tout faire ! Les collectivités locales doivent aussi travailler au service de leurs populations
pour améliorer leurs conditions.
Afrik.com : Leur donnez-vous suffisamment de moyens pour qu’elles atteignent leurs objectifs ?
Henri Djombo : Bien évidemment, il faudra leur donner les moyens de ces politiques, qui demandent un coût
élevé. Mais les moyens ce n’est pas seulement ce que l’on donne, mais c’est aussi ce que l’on crée. L’Etat ne
peut pas tout faire ! L’Etat doit plutôt réguler un certains nombre de fonctions. C’est à dire créer les conditions
de développement, aider les entreprises et les assister, former les jeunes. Il faut mettre en place des financements adaptés pour que les jeunes diplômés puissent mener de grands projets. Il faut aussi mettre en place
des infrastructures, il faut créer des routes viables, changer le logement, qu’il y ait de l’énergie suffisante pour
tous.
Afrik.com : Le Congo est un pays qui dispose de fonds financiers très importants, notamment grâce à
la production du pétrole ? Comment se fait-il que jusqu’à présent les populations ne bénéficient pas
de cet argent ?
Henri Djombo : Il n’est pas question que l’argent du pétrole soit utilisé pour le moment pour distribuer le salaire moyen de chaque citoyen congolais. On ne peut pas faire ça ! Il faut améliorer leurs conditions de vie. Et
on est entrain de le faire. La preuve, la mobilité s’améliore. Nous devons aussi développer la production alimentaire.
(Lire la suite Page 8)
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CONGO-LIBERTY.COM JUIN 2013
L’AFFAIRE GUNVOR OU L’ANATOMIE D’UN SCANDALE PETROLIER RUSSO-CONGOLAIS
(Suite de la Page 4)
SIX PRÉFINANCEMENTS DE PLUS DE 125 MILLIONS DE DOLLARS
Pour le géant du trading, l’affaire du Congo-Brazzaville est particulièrement sensible. En 2007, Gunvor qui exporte alors près d’un tiers du pétrole russe, se lance à la conquête de l’Afrique, avec une équipe de traders
fraîchement débauchée chez leur concurrent Addax.
Parmi eux, le business developer qui est envoyé au front.
Il active un premier réseau avec Joseph Olenga Nkoy, ancien ministre des transports du Congo-Kinshasa
(RDC), un proche de Denis Christel dit « Kiki », le fils de Sassou Nguesso. Mais rien ne se concrétise.
Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice-président de la RDC, entre ensuite en scène. Sa sœur, qui habite Genève,
est reçue dans les bureaux de Gunvor. Alors exilé à Bruxelles, M. Bemba, qui a toujours été proche des Sassou Nguesso, promet de débloquer le dossier. Le 24 mai 2008, il est arrêté par la Cour pénale internationale
(CPI) et inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par son armée, le Mouvement de
libération du Congo (MLC), en République centrafricaine en 2002 et 2003.
Certaines sources expliquent que les contacts de M. Bemba avec la Société nationale des pétroles du Congo
(SNPC) et les Sassou Nguesso n’ont rien donné. Un proche du dossier raconte que l’accord était à bout touchant quand Jean Pierre-Bemba a été arrêté, faisant tout capoter. Contacté via son avocat, ce dernier qui attend toujours d’être jugé à La Haye, n’a pas donné suite aux demandes du Monde.
Après ce premier échec, Gunvor attendra un an pour constituer un nouveau réseau : celui de MM. Henry et
Gandzion. Toutes les forces sont mises dans la bataille. En 2009, Guennadi Timtchenko, l’ancien proche de
Vladimir Poutine, et Torbjörn Tornqvist, les deux actionnaires de Gunvor, rencontrent le président Sassou
Nguesso.
Bien plus qu’à l’occasion d’un simple « deal » de pétrole, Gunvor propose d’ouvrir les portes de la Russie.
Avec, à la clé, des accords de coopération et, surtout, selon nos informations, six préfinancements de plus de
125 millions de dollars chacun octroyés par la BNP Paribas à Genève.
L’Etat congolais se voit ainsi accorder un prêt de 750 millions de dollars, gagé sur le pétrole. Les préfinancements sont adossés à des projets d’investissement, dans les infrastructures portuaires notamment. « Les opérations de préfinancement sur des matières premières entre pays émergents manquant de liquidité et sociétés
de négoce sont courantes et ne prêtent pas le flanc à la critique », répond la société Gunvor.
Pour qui connaît le Congo-Brazzaville, l’un des « Etats les plus corrompus et corrupteurs de la planète« ,
comme l’explique le blogueur Serge Berrebi, fin connaisseur de la région, ce type de montage a jusqu’ici surtout permis au clan des Sassou Nguesso de s’enrichir encore davantage.
L’amitié russo-congolaise est en tout cas scellée. Le 13 novembre 2012, une délégation, avec à sa tête le dictateur congolais, est reçue à Moscou par Vladimir Poutine pour discuter des questions énergétiques. L’album
photo a été mis en ligne sur Internet. On y voit Maxime Gandzion, l’intermédiaire dont le compte est bloqué à
Genève, serrer la main du président russe.
Par Agathe Duparc
Publié le 3 juin 2013, par le journal français Le Monde
Suite de la page 7
Afrik.com : La France est un de vos partenaires économiques. Est-ce que vos relations ne pourraient
pas être mises à mal par l’affaire des biens mal acquis, dans laquelle le président Denis Sassou
Nguesso est mis en cause ?
Henri Djombo : Ces questions ne m’intéressent pas, elles sont secondaires. Cela n’a aucun intérêt. C’est enfantin. Nous n’avons pas à nous justifier devant qui que ce soit ! (il s’énerve). Personne n’a pris les ressources de la France pour acheter quoi que ce soit. Donc, on n’a pas volé l’argent dont on nous accuse ! Il
s’agit des affaires congolaises, quel est votre problème là-dedans ? (Il dit cela en s’adressant à la France).
Nous sommes des pays souverains et nous coopérons selon les textes qui régissent nos relations. Le reste,
ce sont des tractations et des supputations. Le problème de l’Africain c’est qu’il veut toujours se considérer
comme l’ami d’un tel ou un tel. Ces histoires là vraiment, c’est de l’aliénation mentale. Les états africains doivent s’affirmer comme des états souverains. Et avoir des relations d’égal à égal avec les autres pays du
monde. Les Français ne nous disent pas de ne pas construire des hôpitaux, ni d’affamer nos populations, ou
de ne pas créer des emplois, ou encore des routes. Chaque état est libre de mener ses politiques. Je suis
pour des relations de respect mutuel entre les différents pays.