L`actualité des médias n° 55 (15 déc. 2006 - 4 février 2007)

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L`actualité des médias n° 55 (15 déc. 2006 - 4 février 2007)
L'actualité des médias n° 55 (15 déc. 2006 - 4 février 2007)
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L'actualité des médias n° 55
(15 déc. 2006 - 4 février 2007)
- A suivre - L'actualité des médias (2003-2010) -
Date de mise en ligne : lundi 5 février 2007
Description :
Presse écrite : mutations et turbulences. La loi « sur la télévision du futur » votée et volée. Effritement de l'audience hertzienne. TPS/Canal Plus : baptême sur
terre et bataille dans le ciel, etc.
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L'actualité des médias n° 55 (15 déc. 2006 - 4 février 2007)
Presse écrite : mutations et turbulences. La loi « sur la télévision du futur » votée et volée.
Effritement de l'audience hertzienne. TPS/Canal Plus : baptême sur terre et bataille dans le
ciel, etc.
I. Du côté de l'écrit
1. Presse magazine : mutations
La presse magasine à son tour victime des « gratuits ». La rentabilité de la presse magazine « autour de 9 %
» est jugée « très insuffisante » par « les analystes financiers » écrit La Tribune (25 janvier 2007) au sujet du plan de
Lagardère (lire ci-dessous). Car après les quotidiens, c'est au tour des magazines gratuits de capter la manne
publicitaire : l'Association pour le Développement de la Presse Gratuite d'Information (A.D.P.G.I.) indiquant à la
mi-janvier 2007 que la pagination publicitaire du secteur de la presse payante était « certes stable avec 2 % » mais «
surtout que la presse magazine gratuite enregistre une augmentation de 43,6 % » (Newsletter de Tarif Média, 17
janvier 2007).
Le plan social de Lagardère insuffisant... pour la Bourse. Didier Quillot, à la tête du rutilant Lagardère Active
Média (qui regroupe depuis décembre les activités presse écrite et audiovisuelle du groupe [1]) a illustré la nouvelle
stratégie : « être un des leaders mondiaux de l'édition de contenus sur tous médias » (La Tribune, 25 janvier 2007).
Ce qui, pour ce « commercial génial » (sic), revient à « réaliser 70 millions d'euros d'économies par an à partir de
2009, en faisant le ménage dans les magazines déficitaires ou trop peu rentables et en supprimant 693 à 990
emplois (sur 9 900 au total), soient « 7 à 10 % de ses effectifs mondiaux », mais « sans licenciements secs » (La
Tribune, 25 janvier 2007) [2].
Instructif : « Il va dépoussiérer la maison et cela va faire du bien » s'enflammait « un cadre d'Hachette Filipacchi »
dans La Tribune du 25 janvier 2007 quand Arnaud, le même jour, lâchait au Figaro pour calmer ses salariés, que son
groupe « a toujours été respectueux des relations sociales ».
Mais le plan « stratégique de passage au numérique » non seulement inquiète les salariés mais, pis, « déçoit la
Bourse » constate La Tribune (26 janvier 2007). Dans le milieu tennistique que Lagardère affectionne et
subventionne, on appelle cela « la jouer petit bras ». Et Libération (26 janvier 2007) d'expliciter d'ailleurs : « Ce que
la Bourse reproche au pôle médias de Lagardère, en réalité, c'est de ne pas aller assez loin dans sa "rationalisation"
et de tabler sur un bénéfice inférieur à leurs exigences ». Un résultat décevant pour les gens de la finance, donc.
Malgré ce coup de balai (peu médiatisé), survenu deux jours auparavant, : la cession de ses agences photos «
Hachette Filipacchi Photos, créée en 2000 par le regroupement d'agences historiques (Gamma, Rapho, Keystone,
Hoa Qui, Explorer, Top...) au fonds d'investissements français Green Recovery pour un montant non divulgué. » (
Newsletter de CB News, 24 janvier 2007).
L'Emap de Berlusconi provoque des départs. Chez Mondadori France (selon la lettre Presse News du 3
janvier 2007), « 160 personnes prendraient la clause de cession », à la suite du rachat d'Emap France par l'éditeur
italien.
Bayard « sacrifie » des salariés et rhabille son Pèlerin . Bruno Frappat, président du groupe qui édite La
Croix, Notre Temps évoque dans Les Echos du 11 janvier 2007 « une année de sacrifices ». Ainsi Bayard annonce
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son plan de développement 2007-2009, malgré un « chiffre d'affaires prévisionnel stable à environ 430 millions
d'euros et un résultat tout juste à l'équilibre ». C'est-à-dire un plan de « suppression de 70 postes [...] sur les 1 000
salariés » et « économiser 1,5 million d'euros de loyers en déménageant » (AFP, 17 janvier 2007). A signaler par
ailleurs la « réaffirmation » du « statut d'hebdomadaire d'actualité grand public » de Pèlerin Magazine avec une «
maquette rénovée » et un recentrage famille, religion, culture (Newsletter de CB News, 18 janvier 2007).
VNU ne voudrait plus de sa presse française. Le groupe néerlandais VNU (Valcon Acquisition, consortium de
six fonds d'investissement), indique que la cession des titres français (dont PC Expert et SVM) « est toujours en
discussion », et annonce de manière sûre la « suppression de 4000 emplois en 2007 et la vente de son pôle
européen de presse professionnelle BME au fonds 3i » (Newsletter de Stratégies, 20 décembre).
2. Presse quotidienne : turbulences
Vases communicants. Depuis le 1er janvier 2007, la grande distribution arrose désormais les télévisions. Elle
est « restée le premier annonceur en France en 2006 » (selon Les Echos du 30 janvier 2007) et a déjà, « investi 2,5
millions d'euros en spots TV » (selon le même le 3 janvier 2007) asséchant de facto, la presse écrite (La Tribune, 2
février 2007) : « Selon TNS Media Intelligence, les distributeurs ont baissé leurs investissements publicitaires en
janvier 2007 de 50 % dans les quotidiens nationaux, de 28 % dans les régionaux et les gratuits mais ont augmenté
en radio (+ 17 %) et presse magazine ».)
Libération et son « plan d'affaires ». Après vote des salariés le 5 janvier 2007, Edouard de Rothschild a
recapitalisé Libération (un « plan d'affaires, de restructuration et de développement » (AFP, 4 janvier 2007) avec le
concours de Carlo Caracciolo, à titre personnel (co-fondateur de La Repubblica), Bernard Henry Levy, André
Rousselet. Dans un entretien au Monde (6 janvier 2007) il qualifie ce renflouement [3] de « rupture » (tranquille ?)
avec l'ère de Serge July.
« Libération vient de franchir un cap », s'ébaubit Laurent Joffrin le directeur du quotidien dans son billet (5 janvier
2007) dans lequel il salue Rothschild au nom de Libération pour sa « fermeté d'âme et son sang-froid dans cette
affaire » (une fermeté et un sang froid qui doivent coûter 76 postes sur les 276 actuels). Parmi les projets qu'il
annoncera le 18 janvier 2007, il y a « plusieurs réformes à venir », du Web (indice : selon TNS Média Intelligence.
Internet siphonne désormais 7,96 % des recettes publicitaires totales, soit 1,688 milliards d'euros, et une hausse de
48,2 % en un), la sempiternelle caresse « la parole des lecteurs » et « le lancement d'une nouvelle formule avant
l'été ». Mais plus étonnant, Laurent Joffrin concluait ce billet plein de grâce du 5 janvier 2007 par une étrange
formule « enfin, les ennuis commencent ». Il ne croyait pas si bien dire ...
- Publicis regimbait dans la foulée sur un différend lié à la dette et la régie publicitaire [4].
- Au 22 janvier 2007, 62 salariés dont 49 journalistes s'étaient « présentés au guichet des départs volontaires »
déclenchant un « il serait inadmissible qu'ils procèdent à des licenciements secs pour arriver au chiffre fixé par
l'actionnaire » de François Wenz-Dumas du SNJ (Newsletter de CB News, 24 janvier 2007)
- Selon la Newsletter de Stratégies (31 janvier 2007) 7 « Jean-Xavier Bouxom, directeur délégué d'Espaces
Libération, la régie publicitaire du quotidien, rejoindrait prochainement l'équipe de direction de la société d'affichage
CBS Outdoor (ex-Viacom) » tandis que selon Presse News (cité par la Newsletter de Stratégies, 31 janvier 2007) «
Jean-Michel Thénard, quitte finalement ses fonctions pour rejoindre Le Canard enchaîné ».
- Le 30 re-Laurent Joffrin présentait sa nouvelle organisation (« adoptée en AG à l'unanimité par les salariés » (
Libération, 2 février 2007), mais le 31 janvier 2007 « l'ensemble des syndicats du quotidien - SNJ, CFDT, Sud, CGT
et la société des rédacteurs » convoquaient « une assemblée générale pour protester contre la gestion de la crise
que traverse le journal par la direction » (Newsletter de Stratégies, 31 janvier 2007). Les ennuis risquent de continuer
pour Joffrin qui, le 2 février 2007, est allé « jusqu'à insulter publiquement un élu du personnel dans le cadre de sa
fonction en souhaitant son départ et en mettant violemment en cause ses qualités professionnelles. » [...] En
conséquence, les salariés de Libération réunis en AG demandent au PDG de renoncer aux pressions individuelles
sur les salariés, de respecter les personnes et le droit du travail, d'adopter dans les relations sociales et
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professionnelles le ton nécessaire au respect des individus et des fonctions de représentation ;- de s'engager à
n'opérer aucun licenciement contraint ;- d'entamer de véritables négociations avec les services techniques du journal
(notamment le prépresse) sans agiter de menaces inconsidérées ». Lire la motion de l'AG du personnel Était-ce le
même homme qui déclamait « l'arrogance est le pire ennemi des journaux » (Stratégies, 1er février 2007) ?
Le Figaro veut de l'argent. Le directeur du marketing et de la stratégie du groupe a annoncé « d'autres
suppléments en 2007 » et un développement dont « l'essentiel se fera sur Internet » (Le Monde, du 19 décembre).
En effet, Le Figaro cherche à « lever des fonds » pour sa propriété - Aden Classified « leader français des annonces
classées » (Keljob, Cadremploi et Explorimo) en l'introduisant en bourse au premier semestre 2007 (Les Echos, 18
décembre 2006).
France Soir recrute des « pointures ». Le tabloïd français a recruté Henry Lauret, « chroniqueur » sur France
Info, comme directeur général en charge de la rédaction. Il sera flanqué des « éditorialistes Gérard Carreyrou et
Dominique Jamet »comme conseillers (Le Figaro du 18 janvier 2007). « Nous renforçons ainsi la qualité éditoriale du
journal » pense utile d'indiquer Christiane Vulvert, secrétaire générale de France Soir (Newsletter de Stratégies 19
janvier 2007).
Avec Bolloré, Le Monde a son gratuit. Il s'appellera Matin Plus, sortirait le mardi 6 février 2007, sera réalisé en
partenariat par Bolloré Médias et Le Monde, (Presse News du 29 janvier 2007) et « sa rédaction, forte d'une
vingtaine de journalistes, [... sera] codirigée par Pascal Galinier, pour les pages fournies par Le Monde, et Serge
Nedjar, directeur délégué de Direct soir » (Newsletter de Stratégies, 29 janvier 2007). Alors qu'à Libération, on
s'arrache les cheveux en se demandant comment faire un journal de qualité avec 200 personnes, Matin Plus « forte
» de 20 journalistes nous promet certainement une grande qualité... iconographique.
3. Presse régionale : coup de frein et coups de chaud
Le rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse reporté. Le Conseil d'Etat a annulé la décision du ministère
de l'Economie d'autoriser le rachat des cinq quotidiens du groupe de la Socpresse (dont le Dauphiné Libéré et Le
Progrès) par la holding Ebra (Est républicain et Crédit mutuel) [5]. « L'annulation prononcée "ne fait pas
nécessairement obstacle à l'opération de concentration envisagée, précise le Conseil d'Etat. Mais elle implique que
le ministre procède, s'il souhaite l'autoriser, à un réexamen de ses effets concurrentiels selon les modalités et dans le
cadre définis par le Conseil d'Etat" » (Libération, 2 février 2007), « Le Crédit Mutuel et la Socpresse ne faisaient
aucun commentaire », L'Est républicain indiquait « "s'attendre à cette issue " » et « le groupe Hersant Média se
déclarait, lui, "très heureux ". "Nous allons demander l'annulation de l'opération et l'exécution de la décision du
Conseil d'Etat ", indiquait son président, Frédéric Aurand » (Les Echos, 2 février 2007).
Bonheur patronal contrarié ? « En réponse à la décision de fermeture du centre d'impression à Saint-Etienne de La
Tribune-Le Progrès (75 00 exemplaires en semaine) annoncée par le directeur général du groupe, Pierre Fanneau
», an mouvement de grève reconductible a été lancé par le Syndicat du livre du Progrès qui n'est donc pas paru le
23 janvier 2007, (Newsletter de Stratégies, 24 janvier 2007).
La Provence relookée et Nice Matin inquiet. La Provence, (propriété des Journaux du Midi du groupe Le
Monde, toujours en quête d'un pourvoyeur qui lui permettrait de l'unir aux autres régionaux de Lagardère), a lancé
une nouvelle formule avec des projets dans le multimédia et deux nouvelles rotatives. Pour ce faire, 31 millions
d'euros ont été investis grâce à « un pacte social [qui] a été signé avec les salariés de l'imprimerie, où FO est
majoritaire » et qui prévoit « le départ de 60 personnes, soit le tiers de l'effectif » (Les Echos, 10 janvier 2007). Mais
le 9 janvier 2007, les salariés de Nice Matin (également propriété des Journaux du Midi) s'inquiétaient « de l'absence
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d'investissement et des rumeurs faisant état d'une réduction d'effectif de quelque 120 personnes », et sous l'égide
d'Alain Milleri, président de la Société coopérative de main d'oeuvre de Nice Matin (SCMO) et avaient décidé de
porter plainte contre X au tribunal de grande instance de Nice, estimant que ladite Société avait été « spoliée de ses
dividendes après la constitution de la société Corse Presse (créée à 50-50 par Nice Matin et La Provence [6] »(Les
Echos, 9 janvier 2007).
II. Du côté de l'audiovisuel
1. Loi sur la Télévision du futur (numérique)
Une loi votée et volée ? La Loi sur la télévision du futur - qui donne les trousseaux de clés du numérique aux
géants Français en premier lieu et aux opérateurs télécoms et nouveaux entrants ensuite - a été votée le 1er février
2007. Une loi « et ses bonus cachés » qui « méritaient une procédure d'urgence afin de passer fissa, avant la
présidentielle » (Libération du 31 janvier 2007). Une loi qui impose le numérique dans tous les espaces possibles,
après d' « âpres négociations » (Les Echos, 1er février 2007), et un intense lobbying qui échappe au commun des
mortels et qui « branche la télé du futur sur les chaînes privées » (Libération du 2 février 2007).
Ainsi « les nouveaux entrants de la TNT ont investi dans un cadre défini, puis ce cadre change. TF1 a déjà racheté
AB Groupe. La TNT devait permettre à de nouveaux entrants d'arriver sur le marché de l'audiovisuel. On va retrouver
la situation oligopolistique que nous connaissions auparavant » (Philippe Santini, directeur général de France
Télévisions Publicité, Le Monde du 3 février 2007).
François Bayrou dénonce, lui, les « " cadeaux " consentis aux opérateurs puissants » (Le Monde, 1 février 2007) en
échos aux députés PS dénonçant eux le 25 janvier 2007 (et lors des discussions) un projet « "bâclé et archaïque"
susceptible d'accentuer "la concentration du secteur audiovisuel" français. [...] Sous prétexte d'adaptation de notre
droit aux nouvelles technologies et de l'arrêt de la diffusion de la TV hertzienne en analogique, le projet de loi aura
pour conséquences de concentrer dans les mains de quelques puissants groupes multicartes, les chaînes de TV, les
programmes et l'information » (Newsletter de CB News, 26 janvier 2007).
Une loi contestée à TF1. BFM TV, Direct 8 et NRJ 12, (association « Les nouveaux entrants de la TNT ») ont
cherché l'invalidation en saisissant le Conseil de la Concurrence « sur le principe de la chaîne bonus » (Newsletter
de Stratégies, 10 janvier 2007). L'opposition à ce principe de la part des trois nouveaux entrants s'est accélérée
depuis la prise de participation début décembre de TF1 dans AB Groupe à hauteur de 34%, bénéficiant de deux
canaux sur la TNT gratuite (TMC et NT1). M6, rival de TF1, leur fait écho en demandant au CSA « de se saisir du
dossier de prise de participation (33,5%) du groupe TF1 dans AB Groupe », estimant que le groupe est désormais «
directement ou indirectement " présent dans huit chaînes autorisées sur la TNT (télévision numérique terrestre),
alors que la loi limite le plafond à sept. » (Newsletter de Stratégies, 10 janvier 2007).
2. Service (dit) public
France Télévisions en otage. France Télévisions n'a toujours pas signé « le contrat d'objectifs et de moyens
pour la période 2006-2010 » [7], qui doit consigner les engagements réciproques noués avec l'État. Le groupe « a
obtenu + 2,5 % de redevance (soit 1,879 milliard d'euros) pour 2007, et réclame en moyenne + 3 % pour les années
suivantes » et s'inquiète des « surcoûts » de « l'extension de la couverture de la télévision numérique terrestre »
représente un « surcoût qui atteindra 8 millions par an » jusqu'en 2011 (La Tribune, 10 janvier 2007).
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L'asphyxie de France Télévisions. « En 2007, les revenus publicitaires de France Télévisions devront croître de
6 %. » Cette annonce de Philippe Santini, directeur général de France Télévisions Publicité, expliquant pourquoi la
holding publique a moins tiré profit que TF1 ou M6 de l'arrivée sur les écrans de la publicité pour la distribution (Le
Monde du, 3 février 2007), est autant une profession de foi qu'un voeu pieux.
Pourtant L'Express du 18 janvier 2007 n'hésite pas écrire que « France Télévisions s'apprête à annoncer les
meilleurs résultats financiers de son histoire. Son PDG, Patrick de Carolis, peaufine la création d'une fondation qui
sera lancée le 5 février 2007 au musée du quai Branly. Appelée à promouvoir des initiatives dans les domaines
culturel et social, cette fondation - dont TF 1 semble vouloir s'inspirer - rassemble une série d'entreprises mécènes,
dont Afflelou, Europcar, Alain Ducasse ou Système U, qui ont commencé à alimenter une cagnotte, à hauteur de 3
300 000 euros ».
Engagée, on le sait, dans la course à l'audience et donc à rentabilité, voici que France Télévisions demande à
Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de tutelle, une plage de publicité supplémentaire. Et c'est « niet », pour le
ministre qui veut rester tranquille : « Si c'était le cas, je serais, d'ailleurs, immédiatement accusé d'organiser la
privatisation [sic] d'une des chaînes publiques. Je suis garant des équilibres financiers de l'ensemble des médias,
presse écrite, radio, audiovisuel, publics et privés. Un tel assouplissement ne manquerait pas d'ailleurs de provoquer
de nouvelles demandes des chaînes privées. Je le répète : c'est clair, c'est non. » (Le Figaro, 29 janvier 2007).
Quoi qu'il en soit, France 2 veut toujours plus de publicité et surtout Carolis semble paniquer avant les élections car «
depuis Noël, les audiences de France 2 sont passées sous la barre des 19 % [...] » Du coup, « n'y tenant plus, [il] a
tranché : « Jean-Baptiste Jouy, le directeur des programmes, a été remercié » (Le Point, 25 janvier 2007).
RFI s'assèche, France 24 « impose ses choix ». La mission d'information constituée par la commission des
affaires étrangères « écarte la solution bureaucratique d'une holding" regroupant les sociétés concernées
(TV5Monde, RFI, France 24...) » et « appelle à des réformes urgentes » dans « l'organisation et le financement de
l'audiovisuel extérieur »sur le constat que « la distinction entre télévision, radio et Internet est désormais obsolète » (
Newsletter de CB News, 19 janvier 2007).
Le cas France 24 [8] figure déjà dans le « rapport de la mission » qui « recommande de [la] fusionner » à RFI « pour
constituer un puissant pôle français d'information internationale " » (Newsletter de Stratégies, 19 janvier 2007).
A l'occasion de ses voeux officiels, Antoine Schwarz, Pdg de RFI réclamait « une rallonge [...] pour qu'en 2008 RFI
retrouve, au moins, son niveau de subventions de 2006 de la part du ministère des Affaires étrangères [...] et une
progression de ressources "égale à celle de Radio France" » (Newsletter de CB News, 10 janvier 2007).
En revanche, France 24 co-détenue par TF1 et France Télévisions, le sent venir cet argent et elle « veut aussi
s'imposer sur la Toile » (Les Echos, 20 décembre). En effet, son site « France24.com, a attiré près de 1,25 millions
de visiteurs uniques, originaire de 200 pays, du 7 au 31 décembre selon Médiamétrie/Netratings » (Newsletter de
Stratégies, 17 janvier 2007). Et elle présente dans les médias sa recrue « Patrice Bégay prend la direction générale
de France 24 Advertising » (La Tribune, 1 février 2007). Et c'est la fête : « Pouzilhac : « France 24 a d'ores et déjà
démontré son utilité »
(Le Figaro, 5 février 2007) » ; « Elle devait permettre de porter " un regard français " sur l'actualité internationale.
Diversité des sujets, sobriété, priorité au Web : après deux mois de diffusion, la chaîne d'information en continu
impose ses choix » (Le Monde, 4 février 2007).
3. Autres nouvelles
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Effritement de l'audience des hertziennes. Selon Médiamétrie, les chaînes hertziennes ont vu leur audience
baisser « A l'exception de France 3 [...] affichant une part d'audience (PDA) de 14,7%. [...] les baisses de M6 (12,5%,
-0,1 point), de France 5 (6,8%, -0,1 point) et de Canal+ (3,4%, -0,2 point) sont plutôt réduites, elles sont de plus
grande importance pour TF1, qui abandonne 0,7 point à 31,6% de PDA, et pour France 2, qui cède 0,6 point à
19,2% de PDA » , au profit de la TNT et les thématiques (NB : plupart en possèdent sur le canal, dont TMC,
propriété de TF1) « dont le score bondit de 1,7 point à 13,8% de PDA » (Newsletter de CB News, 3 janvier 2007).
Puisque désormais grâce à la « TNT : les mini-généralistes tirent l'audience » (Le Figaro du 31 janvier 2007), la
Direct 8 de Bolloré a décidé qu'il était temps de montrer son audience aux annonceurs « à compter du 1er janvier
2007 » (Newsletter de CB News du 21 décembre).
TF1 et M6 gagnent par la bande et la TNT. TF1 a gagné 2,65 milliards d'euros en 2006, (+ 5,8% par rapport à
2005), grâce notamment au « Groupe Téléshopping (+23,5%), à Internet (+52%), aux chaînes thématiques, à TF1
International et à Eurosport International » (Newsletter de CB News, 26 janvier 2007). M6 a enregistré une hausse
de 11 % de son chiffre d'affaires publicitaire brut en janvier 2007, grâce à l'ouverture de la publicité télévisée à la
distribution. Et « surtout » une hausse de « 39,4 % dans ses diversifications, à 633,7 millions », « des droits
audiovisuels », et « de la très bonne performance de son accord de licence M6 Mobile by Orange » (Les Echos du 2
février 2007).
TPS-Canal Sat : baptême sur terre et bataille dans le ciel. La fusion de TPS au groupe Canal Plus a été
officialisée jeudi 4 janvier 2007. Elle voit s'engager « TF1 et M6 à hauteur de 15 % [...] tandis que Lagardère en
possédera 20 % » rappelle L'Humanité, 6 janvier 2007. « Les deux opérateurs s'unissent pour résister à la
concurrence de l'ADSL et de la TNT » (dont ils sont aussi acteurs en termes de contenus) indique Le Monde, 6
janvier 2007. Le lancement de l'offre est prévue fin mars et Bertrand Méheut, pdg de l'ensemble, a annoncé « 171
postes sur un total de 3.840 devraient être supprimé », selon François Perrin, délégué FO (Newsletter de CB News,
16 janvier 2007). Les chaînes doublons (de TPS) et les salariés ne seront pas les seules victimes de la fusion,
Canal Plus en choisissant le satellite Astra pour diffuser ses offres, abandonne Eutelsat à son sort. Du coup, ce choix
« oblige » ce dernier « à trouver des sources de revenus alternatives, tels la télévision numérique terrestre ou le
bouquet gratuit de TF1 » (Le Monde, 30 janvier 2007).
Géopolitique de la convergence. Gilles Le Blanc, chercheur au Cerna, le laboratoire d'économie industrielle de
l'Ecole des mines de Paris [9] prévoit l'ère de la grande pagaille entre « les trois mondes » : celui « de la téléphonie
est surtout américano-européen, celui du PC américano-chinois et celui de la télévision nippo-coréen ». En ce sens
que « les acteurs de la téléphonie et de la télévision ne veulent pas que, comme dans l'informatique, Windows
devienne l'anglais du numérique » (Libération, 10 janvier 2007).
Et au CSA... Au revoir Dominique Baudis. Jacques Chirac envoie à sa place Michel Boyon, ancien PDG de Radio
France et ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin. Ce choix est « extrêmement grave à quelques mois de
la présidentielle » récite François Hollande, premier secrétaire du Parti Socialiste. Christian Poncelet, président du
Sénat, envoie Alain Méar, son directeur de cabinet qui quitte donc son bienfaiteur. Et Jean-Louis Debré envoie, au
même poste de conseiller, Rachid Arhab, journaliste à France 2, Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de
l'égalité des chances, s'en félicite. Bref ... Reste que « débordé, dépourvu d'autorité, critiqué de tous côtés, le
"contrôleur" des médias n'a toujours pas trouvé sa légitimité » écrit un peu vite Télérama du 17 janvier 2007. Car le
pouvoir du CSA, outre ses comptages électoralistes, a bien été d'organiser les conditions d'étouffement des médias
alternatifs et indépendants en refilant aux grands groupes des médias et télécoms le gâteau du numérique.
Et pour finir....
Moralisation. « Fideo, l'association des journalistes financiers [...] a adopté un code de bonne conduite visant à
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éviter les conflits d'intérêts entre lesdits journalistes et les acteurs dont ils traitent. Ainsi, les journalistes devront-ils
"porter à la connaissance du public les intérêts significatifs susceptibles d'engendrer un conflit d'intérêt" » (Newsletter
de Stratégies, 25 janvier 2007). Parce que, auparavant, ils ne devaient pas le faire ? On n'ose le croire...
Suppressions. Le syndicat des journalistes CGT (SNJ-CGT) estime à « plus de 1.000" le nombre de
suppressions de postes de journalistes » en 2006 dans son bilan intitulé « L'année des médias : 2006 ou le grand
chambardement », et, 18 000 suppressions d'emplois dans la presse écrite américaine en 2006. Mais dormez, tout
va bien : « la presse écrite débauche, les nouveaux médias embauchent », (Challenges, 1 février 2007).
Elections : Liste non exhaustive : « Europe 1 met en place son dispositif pour la présidentielle » (Newsletter de
Stratégies, 11 janvier 2007) - « Le Dauphiné Libéré lancera fin janvier 2007 le site quelcandidat.com » (idem) - «
Coyote Conseil, proposera du 11 février 2007 au 15 avril sur Vodafone Live ! (SFR), J'ai 20 ans et je vote quoi ?, un
programme inédit destinés aux jeunes adultes à quelques mois du premier tour de l'élection présidentielle, en
partenariat avec Le Parisien-Aujourd'hui en France ». (Newsletter de CB News, 10 janvier 2007) - « LCP-AN mise
sur les élections pour accroître son audience » (Newsletter de CB News, 15 janvier 2007) - « Quand les marques
investissent la campagne présidentielle » : « Alors que la marque bio de Danone interpelle les candidats, BNP
Paribas profite des débats pour faire passer son message citoyen. Et sur Internet, un spot de Thomson, réunissant
Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, fait un tabac » (La Tribune, 29 janvier 2007) .
[1] Lire l'Actualité des médias n°54.
[2] À savoir : « l'éditorial (15%), la fabrication et le prépresse (20%), les techniciens radio (5%), la production TV (10%), les frais généraux et les
supports (20%), l'achat (15%) et les régies publicitaires (15%). Ce train d'économies entraîne aussi la vente de L'Echo des Savanes, l'arrêt de Top
Famille et la relance bimédia de Jeune et Jolie et d'Isa » (Newsletter de Stratégies, 26 janvier 2007)
[3] Pour mémoire : 5,8 MEuros Edouard de Rothschild (Holding Financier Jean Goujon), 5,0 MEuros Carlo Caracciolo, à titre personnel
(co-fondateur de La Repubblica), 1,5 MEuros Pathé, 1,2 MEuros Mediascap, société du groupe de La Libre Belgique - La Dernière Heure, 1,2
MEuros d'une dizaine d'investisseurs à titre personnel parmi lesquels Pierre Bergé, André Rousselet, Bernard Henri Lévy, Henri Seydoux et 0,3
MEuros Suez. ce plan s'accompagne également d'un changement de statut (une capitation de la Société des rédacteurs ?)
[4] réglé le 25 janvier 2007 « la filiale du groupe de Maurice Levy, Medias et Régies Europe (MRE), continuera la commercialisation publicitaire du
titre pour les 10 prochaines années. [...] les deux partenaires [...] se trouveront dorénavant à 50/50 [...]dans une structure dans laquelle est
transférée la dette »
[5] Lire L'actualité des médias n°54 « la bancarisation de la Presse régionale ».
[6] La SCMO détient 20 % d'actions en capital de la Société anonyme à participation ouvrière (Sapo) Nice Matin ce qui lui donne droit à 50 % des
dividendes (note d'Acrimed)
[7] Contrairement à Radio France le 20 décembre 2006 qui va « pouvoir bénéficier d'une progression annuelle moyenne de 3,5 % du produit de la
redevance » (Le Figaro du 22 décembre 2006
[8] Lire dans l'actualité des médias n°54 « et France 24 fut ».
[9] Et co-auteur de Modem le maudit, un essai sur l'économie de la distribution numérique des contenus, (éd. les Presses des Mines)
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