HORS JEU extrait jocassen.com Le loup et salamandre de Jo
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25/02/2015 V2 « Hors jeu « Le loup et salamandre » Jo Cassen Ce texte a été téléchargé à partir du site http:/www.jo.cassen.com. Il est protégé par les droits d’auteur. En conséquence, avant son exploitation, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur, soit directement près de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la Sacd par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l’autorisation n’a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l’étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de la représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, Festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire l’autorisation de jouer. Le non- respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une Recommandation, mais une OBLIGATION, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits d’auteur afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. Jo Cassen http://www.jocassen.com [email protected] Vous voulez lire cette pièce dans son intégralité, éventuellement la jouer, j’en suis heureux. Un auteur est toujours comblé de voir « ses enfants » prendre vie sur scène. 1 Prétexte Quelque part, ici ou ailleurs, en 1991… Deux personnages se sont croisés, ont échangé un regard, une attention, quelques mots, peut-être plus puisqu’affinités… et se sont perdus de vue… Quelques témoins ont vu.… Ce n’était pas un rêve, peut-être un cauchemar, un avatar de la vie. La rencontre fortuite d’une proie bien mise sous tous rapports et d’un prédateur pervers narcissique. Décor Plateau nu, noir. Lumière Blanche ou bleu, gradation de froid à très froid, en douche, contre et demi-façade sur chaque protagoniste, tour à tour. Durée 15 minutes Personnages Elle Jeune femme, 18--20 ans, 1m60, blonde, cheveux très courts, maquillage soft, très sexy, mutine. Lui Jeune homme 28 ans, 1m80, beau mec, musclé, sûr de lui et dominateur. Eux Des témoins, la conscience… Quelqu’un d’autre… Deux femmes, Deux hommes entre 25 et 35 ans Peuvent être en voix off. Indications de l’auteur Le jeu des comédiens est dépouillé de toute affectation. Au lever de rideau, dans le noir, tous sont en scène : Elle, milieu de scène côté jardin ; Lui, fond de scène côté cour ; Eux, avant -scène au milieu. Elle et Lui ne bougeront plus avant le plan 6. Eux disparaitront à la fin du plan 5. 2 PLAN 1 Lui (La lumière blanche se lève faible, il est debout, face au public). Elle était avec Steph. Etonnant non ? Au comptoir. Un tandem bizarre. Monsieur Seguin et sa chèvre. Non ! Ce n’est pas juste ce que je dis. C’est méchant pour la chèvre. Blanquette, elle avait une âme, du courage à revendre… Elle s’est battue toute la nuit… Non, mais, sans blague, tu te souviens de l’allure… Un truc entre Raffarin et DSK , tu vois ? Non, tu préfères ne pas voir… Oui, je comprends. Non, mais, sérieusement, qu’est-ce que tu voulais qu’il fasse de ce petit machin, non mais… monté comme un bolide carrossé par Pinin Farina; son truc à lui, plutôt… Massey Fergusson… (Il rit, satisfait de son mot) Au bar de l’Ecluse. A 23 heures, on pouvait se tromper. Un mardi. Oui, un mardi. Je rentrais juste de Londres… Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça. Fondu enchaîné Elle (même lumière, même intensité) J’essaie de me reconstruire. De trouver un sens. Je n’ai plus confiance en l’autre. Je ne sais plus ce qu’est le désir. La débâcle. (Silence) Fuir. Fuir pour survivre. Fuir ou mourir. J’ai rencontré un jour l’homme de ma vie, beau, classieux, svelte, cultivé, un regard de braise… Le rêve. J’aurais mieux fait de me casser deux jambes et deux bras ce jour-là, ç’aurait été un détail. Il était brillant. Tous les autres paraissaient fades, insipides… 3 (Silence) J’ai découvert la haine… La haine dans ses yeux. La violence aussi. La violence des mots qui font mal. Les coups aussi… Il est violent, brutal. Il ne veut pas être contredit. (Silence)° J’ai rencontré un jour l’homme de ma vie, Il s’intéressait à moi. Pour lui, j’existais. Je devenais autre chose que deux seins, un joli visage, régulier, pur, et des mensurations de rêve ; C’est lui qui disait ça ! J’étais. Je l’admirais. J’existais dans ses yeux. Fondu enchaîné Eux - Le regard. Aux visiteurs de zoo, on demande toujours de ne pas fixer les gorilles, Ils risqueraient d’interpréter ce regard comme un signe d’agression. Le gorille identifie toujours le prédateur, celui dont le regard soutient tous les regards. Et la biche ? Fondu enchaîné PLAN 2 Lui (La lumière blanche se lève plus forte, il est debout, face au public). Est-ce que le hasard existe ? Moi, je n’y crois pas. Je ne crois pas au hasard. Chacun provoque… Enfin, chacun, qui a la personnalité, le caractère, chacun provoque le hasard ou le destin, ou son histoire… Comme tu veux. Le vendredi suivant, comme d’hab, je termine ma semaine, passablement harassante, en venant échanger trois mots, trois drinks au GRUNGY BAR… c’est hyper classe, quoi, lounge. C’est le lieu à la mode… On n’y fait pas de mauvaises rencontres… C’est pas caï-ra… J’y croise des mecs de Canal… On échange nos regards sur cette société de merde. Elle n’était pas seule. Décidemment, elle n’est jamais seule… 4 (Silence) Elle était assise, au fond à droite, sous l’écran… La place rêvée pour être remarquée… Tu regardes la vidéo, et paf, tu reluques la meuf. Son prof d’histoire-géo, un bolos… (Silence) Elle a belles jambes, les cuisses fuselées… J’aime. Elle ne me quitte pas des yeux, elle cherche un plan-cul, c’est sûr ; Mais alors, qu’est-ce qu’elle perd son temps avec ce grouillot. Je m’y connais en gonzesses, celle la… Elle a les lèvres sèches, elle les humecte… sans cesse… Un signe. Il est sorti. Elle me frôle, comme ça, l’air de ne pas y toucher... - « Bonsoir belle enfant, nous avons les mêmes goûts… » Elle est étonnée de l’apostrophe. Je lui montre le daïquiri cher à Hemingway… Elle a le même. Coïncidence ! Ce soir-là, on n’a pas beaucoup parlé… C’est inutile. J’ai raconté deux, trois blagues, elle a ri…On a mélangé les yeux, identifié une ou deux convergences… J’aime bien « convergence ». Je me demande si elle n’est pas un peu… nympho. Pourquoi ? Je ne sais pas, une impression, une sensation… Le décolleté, le jeu de jambes, et puis, jamais le même ! - Ah ! Voici le retour de prof grincheux… On s’est promis de se revoir, le lendemain, comme ça, pour parler un peu. Fondu enchaîné Elle (Même lumière, même intensité que pour Lui) Sans doute, au gré de mes fréquentations, de mes inclinations, de mes goûts, de mes aspirations, sans doute avais-je éveillé et cultivé une tendance certaine pour la séduction ; oui comme toutes filles, je crois. J’aimais plaire, être regardée, peut-être désirée… Je ne suis pas vicieuse ou dépravée ; non, je ne suis pas une fille facile… Pourquoi me culpabiliser ? Je n’ai pas eu plus d’amis que les autres, plutôt moins même. Je suis quelqu’un de normal. Oui, normal. 5 C’est faux de dire que je suis allumeuse, séductrice, folâtre et libertine. Je ne suis pas une fille facile. Je suis comme je suis. Bien sûr que la beauté n’est pas tout ; je suis bien placée pour le savoir… Je manque de confiance, de confiance en moi, ça fait rire n’est-ce-pas ? Ce n’est pas juste de dire que je suis une nympho. J’ai des copains, et alors ? Je ne suis pas nonne. Ma religion ne m’impose pas de porter la burqua. (Silence) On s’est beaucoup parlé. Il me racontait son père, dur, violent, avec lui surtout… et avec sa mère. Il était triste de se remémorer ces moments… Je le consolais. On parlait. C’est quand même con… Pourquoi ? Mes études, c’est le bac puis le boulot… Vendeuse de fleurs et puis de quatre-saisons… Depuis trois mois, je suis barmaid, de nuit. C’est bien payé et je suis libre. Sympa. - Je n’ai jamais entendu parler de l’enfer de Dante… ou de la substantifique moelle… C’est grave ? On doit pouvoir vivre même si on n’a pas fait Normale Sup, non ? On doit pouvoir exister même si on n’a pas lu Chateaubriand ou Zola, non ? Je ne comprends pas : il n’accepte pas que je ne sois pas toujours d’accord… Il nie les évidences. Et quand je pose une question, j’exprime une demande, il est flou, il évite, il détourne. Il me méprise. PLAN 3 (Lumière blanche, plus forte, plus froide que le plan 2) Lui Tu vois. Elle est venue. Je n’en doutais pas. Ponctuelle et seule… Enfin seule. J’ai apprécié le look : elle s’est fait une coupe ultra courte… comme sa jupe, de cuir noir… Un caraco rose pâle. Très agréable au toucher, des bottines… (Silence) 6 Un petit côté… enjôleur. Elle sait qu’elle est canon et… Elle en profite, quoi… Le charme, un peu mutine… On a parlé un peu, pas trop, on se noyait plutôt dans des regards… comment dire… non équivoques ! Ma parole, elle en rajoute, elle me dévore des yeux. Elle doit être un peu salope… Elle ne masque rien de ses envies. Elle a besoin de moi, c’est évident. (Silence) Elle a demandé quelque chose au barman, une musique, pour nous… Pour marquer le coup. Elle s’est assise, à droite très près de moi, câline, la tête légèrement penchée sur mon épaule… Je ris. Elle aime. - Vous êtes… Tu. Tu ? Tu. Tu es italien ? Non, pourquoi ? Tu parles avec les mains. Je ris Elle aussi. J’ai posé la main sur sa cuisse. Doucement. Elle ne l’a pas repoussée. Sa peau est douce. Je la caresse, lentement. Elle a le regard qui brille, les pupilles dilatées. Elle a caressé ma joue, effleuré ma bouche… - Tu as un joli rire… spontané. Elle rit. On a échangé un long baiser, doux, puis plus dur… violent. Le premier. Fondu enchaîné Elle Un aimant. Comme un aimant. Je suis un bout ferraille qui subit l’attraction de l’aimant. Il me fait pleurer. Il m’humilie devant mes amis. Il n’aime pas mes amis, trop superficiels, trop incultes… Il crée le désert autour de nous… Il ne lui a pas fallu longtemps. Il me dit que je lui suffis. Il me respire. Il ne veut pas me partager. 7 (Silence) Cette fois, ça y est. Chris, Kevin, Paul, Laureen et Noémie ne veulent plus me parler. A force de créer la suspicion, il a semé la zizanie. A force de prêcher le faux pour savoir le vrai… Les tensions, les disputes… Chacun chez soi. Fondu enchaîné Eux - Certaines salamandres, dont la peau contient des toxines puissantes, sont très colorées. La salamandre a mis au point des mécanismes de défense pour avertir le prédateur de se sentir tranquille… Le prédateur sait toujours développer les adaptations nécessaires qui lui permettront d’attraper ses proies ; Il leur appartient à elles, de développer les stratégies qui leur permettront de ne pas se laisser dévorer. - Fondu enchaîné PLAN 4 (Lumière blanche, plus forte, plus froide que le plan 3) Lui J’étais en déplacement à Berlin pour quatre jours, on s’est revu à la descente d’avion. Si je ne me retenais pas, je la prendrais sur la tarmak. Une bombe érotique la minette. Même le jean l’habille super. Une nymphe, voilà, c’est une nymphe, elle doit avoir une putain d’ardeur au lit, à damner un régiment de sénégalais (Silence) Dommage qu’elle soit un peu courte au plan intello… Oui, bon, elle n’a pas fait Sciences Po, elle croyait que l’OCDE était une banque… Et que le soleil tourne autour de la terre. C’est vrai que sur ce dernier point, Elle fait corps avec la majorité des français. Bon allez, je ne l’utilise pas pour une conférence… avec une bonne reprise en mains… Y’a pas que le cerveau… 8 Je suis passé à mon appartement pour déposer mes valises… J’aurais bien…. Non, il faut laisser mijoter, que le désir enfle, qu’il devienne besoin, irrépressible. On va sortir au restau, un p’tit en-cas avant d’aller au Club77, ce soir un DJ à voir : David Guetta aux manettes, il y aura aussi un jeune mec, un rappeur: Sidney ; ils ont fait un truc ensemble. Il y aura du beau linge ; je vais la montrer. Il va falloir que je la tienne. Elle n’a jamais vu David Guetta… Je lui présenterai. Fondu enchaîné Elle Il dit qu’il aime tout ce que j’aime. C’est rare. Il cherche toujours à me faire plaisir… et il réussit. Il a les mêmes goûts que moi. C’est rare. Il me fait souvent des compliments, sur mes fringues, mes accessoires… Mes cheveux. J’aime bien les compliments. Toutes les femmes aiment les compliments, ce n’est pas de la futilité. C’est la première fois que je rencontre un mec qui écoute, qui m’écoute… un confident, un peu. (Silence) On s’est fâchés, l’autre soir. Surtout lui. Il s’est emporté. Il a cassé des vases… Chinois. De valeur. Je comprends aussi… Il a un job tellement stressant… Et puis, son enfance… Il m’a frappé à la poitrine… C’est dégueulasse ! C’est fragile les seins. Sans raison, comme ça… J’avais dû faire une maladresse… Laquelle ? Je ne sais pas. Il a pleuré… comme un gosse. Il m’a demandé pardon… supplié. Comme toujours. (Silence) Quand il éclate, il est ingérable… Il veut se suicider… Il en est capable. Je suis sûre qu’il est capable. C’est ma faute. C’est sans doute ma faute. Et tous ces trucs, insidieux… 9 C’est plus possibles… Les coups, les fleurs, les insultes, les pardons… Je suis épuisée. J’ai peur. J’ai peur. Pourtant… Fondu enchaîné Eux - Il a identifié le moi caché. Il va chercher à capturer ce rêve secret qui sommeille au fond de vous. Imposteur, il se prétend l’intermédiaire. Tombez le masque ! Tout espoir est vain d’une entente commune, harmonieuse, heureuse. La Salamandre, c’est aussi… et surtout le symbole de la foi qui ne peut pas être détruite… (Ils disparaissent l’un à cour, l’autre à jardin, les deux autres au lointain) - Fondu enchaîné PLAN 5 (La lumière forte, violente, blanche sur chacun d’eux simultanément) (Ils sont en robe de chambre) Lui Tu viens ? Elle Non Lui Tu es fatiguée ? Elle Non …/… Je suppose que vous avez hâte de connaitre la suite et la fin de cette pièce…. Ecrivez-moi, parlez-moi de votre désir, de votre projet… Je vous adresserai par courriel le texte intégral. 10 Belle journée à vous Jo Cassen [email protected] 11