HORS JEU extrait jocassen.com Le loup et salamandre de Jo

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HORS JEU extrait jocassen.com Le loup et salamandre de Jo
25/02/2015 V2
« Hors jeu
« Le loup et salamandre »
Jo Cassen
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Jo Cassen
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Vous voulez lire cette pièce dans son intégralité, éventuellement la jouer, j’en suis heureux. Un
auteur est toujours comblé de voir « ses enfants » prendre vie sur scène.
1
Prétexte
Quelque part, ici ou ailleurs, en 1991… Deux personnages se sont croisés, ont échangé un
regard, une attention, quelques mots, peut-être plus puisqu’affinités… et se sont perdus de
vue…
Quelques témoins ont vu.…
Ce n’était pas un rêve, peut-être un cauchemar, un avatar de la vie.
La rencontre fortuite d’une proie bien mise sous tous rapports et d’un prédateur pervers
narcissique.
Décor
Plateau nu, noir.
Lumière
Blanche ou bleu, gradation de froid à très froid, en douche, contre et demi-façade sur
chaque protagoniste, tour à tour.
Durée
15 minutes
Personnages
Elle
Jeune femme, 18--20 ans, 1m60, blonde, cheveux très courts, maquillage
soft, très sexy, mutine.
Lui
Jeune homme 28 ans, 1m80, beau mec, musclé, sûr de lui et dominateur.
Eux
Des témoins, la conscience… Quelqu’un d’autre… Deux femmes, Deux
hommes entre 25 et 35 ans
Peuvent être en voix off.
Indications de l’auteur
Le jeu des comédiens est dépouillé de toute affectation.
Au lever de rideau, dans le noir, tous sont en scène : Elle, milieu de scène côté jardin ; Lui, fond de
scène côté cour ; Eux, avant -scène au milieu. Elle et Lui ne bougeront plus avant le plan 6. Eux
disparaitront à la fin du plan 5.
2
PLAN 1
Lui
(La lumière blanche se lève faible, il est debout, face au public).
Elle était avec Steph. Etonnant non ?
Au comptoir.
Un tandem bizarre. Monsieur Seguin et sa chèvre. Non ! Ce n’est pas juste ce que je dis. C’est
méchant pour la chèvre. Blanquette, elle avait une âme, du courage à revendre… Elle s’est
battue toute la nuit…
Non, mais, sans blague, tu te souviens de l’allure… Un truc entre Raffarin et DSK , tu vois ?
Non, tu préfères ne pas voir… Oui, je comprends.
Non, mais, sérieusement, qu’est-ce que tu voulais qu’il fasse de ce petit machin, non mais…
monté comme un bolide carrossé par Pinin Farina; son truc à lui, plutôt… Massey Fergusson…
(Il rit, satisfait de son mot)
Au bar de l’Ecluse.
A 23 heures, on pouvait se tromper.
Un mardi.
Oui, un mardi. Je rentrais juste de Londres…
Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça.
Fondu enchaîné
Elle
(même lumière, même intensité)
J’essaie de me reconstruire. De trouver un sens. Je n’ai plus confiance en l’autre.
Je ne sais plus ce qu’est le désir.
La débâcle.
(Silence)
Fuir. Fuir pour survivre. Fuir ou mourir.
J’ai rencontré un jour l’homme de ma vie, beau, classieux, svelte, cultivé, un regard de braise…
Le rêve.
J’aurais mieux fait de me casser deux jambes et deux bras ce jour-là, ç’aurait été un détail.
Il était brillant. Tous les autres paraissaient fades, insipides…
3
(Silence)
J’ai découvert la haine… La haine dans ses yeux.
La violence aussi. La violence des mots qui font mal. Les coups aussi…
Il est violent, brutal. Il ne veut pas être contredit.
(Silence)°
J’ai rencontré un jour l’homme de ma vie,
Il s’intéressait à moi. Pour lui, j’existais. Je devenais autre chose que deux seins, un joli visage,
régulier, pur, et des mensurations de rêve ; C’est lui qui disait ça !
J’étais.
Je l’admirais. J’existais dans ses yeux.
Fondu enchaîné
Eux
-
Le regard.
Aux visiteurs de zoo, on demande toujours de ne pas fixer les gorilles,
Ils risqueraient d’interpréter ce regard comme un signe d’agression.
Le gorille identifie toujours le prédateur, celui dont le regard soutient tous les
regards.
Et la biche ?
Fondu enchaîné
PLAN 2
Lui
(La lumière blanche se lève plus forte, il est debout, face au public).
Est-ce que le hasard existe ?
Moi, je n’y crois pas. Je ne crois pas au hasard.
Chacun provoque… Enfin, chacun, qui a la personnalité, le caractère, chacun provoque le
hasard ou le destin, ou son histoire… Comme tu veux.
Le vendredi suivant, comme d’hab, je termine ma semaine, passablement harassante, en
venant échanger trois mots, trois drinks au GRUNGY BAR… c’est hyper classe, quoi, lounge.
C’est le lieu à la mode… On n’y fait pas de mauvaises rencontres… C’est pas caï-ra… J’y croise
des mecs de Canal… On échange nos regards sur cette société de merde.
Elle n’était pas seule. Décidemment, elle n’est jamais seule…
4
(Silence)
Elle était assise, au fond à droite, sous l’écran… La place rêvée pour être remarquée… Tu
regardes la vidéo, et paf, tu reluques la meuf. Son prof d’histoire-géo, un bolos…
(Silence)
Elle a belles jambes, les cuisses fuselées… J’aime.
Elle ne me quitte pas des yeux, elle cherche un plan-cul, c’est sûr ; Mais alors, qu’est-ce qu’elle
perd son temps avec ce grouillot.
Je m’y connais en gonzesses, celle la…
Elle a les lèvres sèches, elle les humecte… sans cesse… Un signe.
Il est sorti. Elle me frôle, comme ça, l’air de ne pas y toucher...
-
« Bonsoir belle enfant, nous avons les mêmes goûts… »
Elle est étonnée de l’apostrophe.
Je lui montre le daïquiri cher à Hemingway… Elle a le même. Coïncidence !
Ce soir-là, on n’a pas beaucoup parlé… C’est inutile. J’ai raconté deux, trois blagues, elle a
ri…On a mélangé les yeux, identifié une ou deux convergences… J’aime bien « convergence ».
Je me demande si elle n’est pas un peu… nympho.
Pourquoi ?
Je ne sais pas, une impression, une sensation… Le décolleté, le jeu de jambes, et puis, jamais
le même !
-
Ah ! Voici le retour de prof grincheux…
On s’est promis de se revoir, le lendemain, comme ça, pour parler un peu.
Fondu enchaîné
Elle
(Même lumière, même intensité que pour Lui)
Sans doute, au gré de mes fréquentations, de mes inclinations, de mes goûts, de mes
aspirations, sans doute avais-je éveillé et cultivé une tendance certaine pour la séduction ; oui
comme toutes filles, je crois. J’aimais plaire, être regardée, peut-être désirée… Je ne suis pas
vicieuse ou dépravée ; non, je ne suis pas une fille facile…
Pourquoi me culpabiliser ?
Je n’ai pas eu plus d’amis que les autres, plutôt moins même.
Je suis quelqu’un de normal. Oui, normal.
5
C’est faux de dire que je suis allumeuse, séductrice, folâtre et libertine. Je ne suis pas une fille
facile.
Je suis comme je suis.
Bien sûr que la beauté n’est pas tout ; je suis bien placée pour le savoir… Je manque de
confiance, de confiance en moi, ça fait rire n’est-ce-pas ?
Ce n’est pas juste de dire que je suis une nympho.
J’ai des copains, et alors ?
Je ne suis pas nonne. Ma religion ne m’impose pas de porter la burqua.
(Silence)
On s’est beaucoup parlé.
Il me racontait son père, dur, violent, avec lui surtout… et avec sa mère. Il était triste de se
remémorer ces moments… Je le consolais. On parlait.
C’est quand même con… Pourquoi ?
Mes études, c’est le bac puis le boulot… Vendeuse de fleurs et puis de quatre-saisons… Depuis
trois mois, je suis barmaid, de nuit. C’est bien payé et je suis libre. Sympa.
-
Je n’ai jamais entendu parler de l’enfer de Dante… ou de la substantifique moelle…
C’est grave ?
On doit pouvoir vivre même si on n’a pas fait Normale Sup, non ?
On doit pouvoir exister même si on n’a pas lu Chateaubriand ou Zola, non ?
Je ne comprends pas : il n’accepte pas que je ne sois pas toujours d’accord… Il nie les
évidences.
Et quand je pose une question, j’exprime une demande, il est flou, il évite, il détourne.
Il me méprise.
PLAN 3
(Lumière blanche, plus forte, plus froide que le plan 2)
Lui
Tu vois. Elle est venue.
Je n’en doutais pas. Ponctuelle et seule… Enfin seule.
J’ai apprécié le look : elle s’est fait une coupe ultra courte… comme sa jupe, de cuir noir… Un
caraco rose pâle. Très agréable au toucher, des bottines…
(Silence)
6
Un petit côté… enjôleur.
Elle sait qu’elle est canon et… Elle en profite, quoi… Le charme, un peu mutine…
On a parlé un peu, pas trop, on se noyait plutôt dans des regards… comment dire… non
équivoques !
Ma parole, elle en rajoute, elle me dévore des yeux.
Elle doit être un peu salope… Elle ne masque rien de ses envies. Elle a besoin de moi, c’est
évident.
(Silence)
Elle a demandé quelque chose au barman, une musique, pour nous… Pour marquer le coup.
Elle s’est assise, à droite très près de moi, câline, la tête légèrement penchée sur mon épaule…
Je ris. Elle aime.
-
Vous êtes…
Tu.
Tu ?
Tu.
Tu es italien ?
Non, pourquoi ?
Tu parles avec les mains.
Je ris
Elle aussi.
J’ai posé la main sur sa cuisse. Doucement. Elle ne l’a pas repoussée. Sa peau est douce. Je la
caresse, lentement. Elle a le regard qui brille, les pupilles dilatées.
Elle a caressé ma joue, effleuré ma bouche…
-
Tu as un joli rire… spontané.
Elle rit.
On a échangé un long baiser, doux, puis plus dur… violent. Le premier.
Fondu enchaîné
Elle
Un aimant. Comme un aimant. Je suis un bout ferraille qui subit l’attraction de l’aimant.
Il me fait pleurer. Il m’humilie devant mes amis. Il n’aime pas mes amis, trop superficiels, trop
incultes… Il crée le désert autour de nous…
Il ne lui a pas fallu longtemps.
Il me dit que je lui suffis. Il me respire. Il ne veut pas me partager.
7
(Silence)
Cette fois, ça y est. Chris, Kevin, Paul, Laureen et Noémie ne veulent plus me parler.
A force de créer la suspicion, il a semé la zizanie. A force de prêcher le faux pour savoir le
vrai… Les tensions, les disputes…
Chacun chez soi.
Fondu enchaîné
Eux
-
Certaines salamandres, dont la peau contient des toxines puissantes, sont très
colorées.
La salamandre a mis au point des mécanismes de défense pour avertir le prédateur de
se sentir tranquille…
Le prédateur sait toujours développer les adaptations nécessaires qui lui permettront
d’attraper ses proies ;
Il leur appartient à elles, de développer les stratégies qui leur permettront de ne pas
se laisser dévorer.
- Fondu enchaîné
PLAN 4
(Lumière blanche, plus forte, plus froide que le plan 3)
Lui
J’étais en déplacement à Berlin pour quatre jours, on s’est revu à la descente d’avion.
Si je ne me retenais pas, je la prendrais sur la tarmak.
Une bombe érotique la minette.
Même le jean l’habille super.
Une nymphe, voilà, c’est une nymphe, elle doit avoir une putain d’ardeur au lit, à damner un
régiment de sénégalais
(Silence)
Dommage qu’elle soit un peu courte au plan intello…
Oui, bon, elle n’a pas fait Sciences Po, elle croyait que l’OCDE était une banque… Et que le
soleil tourne autour de la terre.
C’est vrai que sur ce dernier point, Elle fait corps avec la majorité des français.
Bon allez, je ne l’utilise pas pour une conférence… avec une bonne reprise en mains…
Y’a pas que le cerveau…
8
Je suis passé à mon appartement pour déposer mes valises… J’aurais bien…. Non, il faut laisser
mijoter, que le désir enfle, qu’il devienne besoin, irrépressible.
On va sortir au restau, un p’tit en-cas avant d’aller au Club77, ce soir un DJ à voir : David Guetta
aux manettes, il y aura aussi un jeune mec, un rappeur: Sidney ; ils ont fait un truc ensemble.
Il y aura du beau linge ; je vais la montrer.
Il va falloir que je la tienne.
Elle n’a jamais vu David Guetta… Je lui présenterai.
Fondu enchaîné
Elle
Il dit qu’il aime tout ce que j’aime.
C’est rare.
Il cherche toujours à me faire plaisir… et il réussit. Il a les mêmes goûts que moi. C’est rare.
Il me fait souvent des compliments, sur mes fringues, mes accessoires… Mes cheveux. J’aime
bien les compliments. Toutes les femmes aiment les compliments, ce n’est pas de la futilité.
C’est la première fois que je rencontre un mec qui écoute, qui m’écoute… un confident, un
peu.
(Silence)
On s’est fâchés, l’autre soir. Surtout lui. Il s’est emporté. Il a cassé des vases… Chinois. De
valeur.
Je comprends aussi… Il a un job tellement stressant… Et puis, son enfance…
Il m’a frappé à la poitrine… C’est dégueulasse ! C’est fragile les seins. Sans raison, comme ça…
J’avais dû faire une maladresse…
Laquelle ? Je ne sais pas.
Il a pleuré… comme un gosse. Il m’a demandé pardon… supplié.
Comme toujours.
(Silence)
Quand il éclate, il est ingérable…
Il veut se suicider… Il en est capable. Je suis sûre qu’il est capable.
C’est ma faute. C’est sans doute ma faute.
Et tous ces trucs, insidieux…
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C’est plus possibles… Les coups, les fleurs, les insultes, les pardons… Je suis épuisée. J’ai
peur. J’ai peur.
Pourtant…
Fondu enchaîné
Eux
-
Il a identifié le moi caché.
Il va chercher à capturer ce rêve secret qui sommeille au fond de vous.
Imposteur, il se prétend l’intermédiaire.
Tombez le masque !
Tout espoir est vain d’une entente commune, harmonieuse, heureuse.
La Salamandre, c’est aussi… et surtout le symbole de la foi qui ne peut pas être
détruite…
(Ils disparaissent l’un à cour, l’autre à jardin, les deux autres au lointain)
-
Fondu enchaîné
PLAN 5
(La lumière forte, violente, blanche sur chacun d’eux simultanément)
(Ils sont en robe de chambre)
Lui
Tu viens ?
Elle
Non
Lui
Tu es fatiguée
?
Elle
Non
…/…
Je suppose que vous avez hâte de connaitre la suite et la fin de cette pièce…. Ecrivez-moi,
parlez-moi de votre désir, de votre projet… Je vous adresserai par courriel le texte intégral.
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Belle journée à vous
Jo Cassen
[email protected]
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