les douleurs neuropathiques peripheriques chroniques en
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les douleurs neuropathiques peripheriques chroniques en
http://portaildoc.univ-lyon1.fr Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0) http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1 FACULTE DE MEDECINE LYON EST Année 2014 N°32 LES DOULEURS NEUROPATHIQUES PERIPHERIQUES CHRONIQUES EN ONCOLOGIE ETUDE RETROSPECTIVE ET OBSERVATIONNELLE : Mise en place, tolérance et efficacité d’un premier traitement par patch à haute concentration de capsaïcine THESE Présentée A l’Université Claude Bernard Lyon 1 Soutenue publiquement Le 20 MARS 2014 Pour obtenir le grade de Docteur en Médecine Par BRAULT Mélanie Née le 26 Décembre 1982 À SAUMUR (49) BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1 . Président de l'Université François-Noël GILLY . Président du Comité de Coordination des Etudes Médicales François-Noël GILLY . Secrétaire Général Alain HELLEU SECTEUR SANTE UFR DE MEDECINE LYON EST Doyen : Jérôme ETIENNE UFR DE MEDECINE LYON SUD – CHARLES MERIEUX Doyen : Carole BURILLON INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES (ISPB) Directrice: Christine VINCIGUERRA UFR D'ODONTOLOGIE Directeur : Denis BOURGEOIS INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE READAPTATION Directeur : Yves MATILLON DEPARTEMENT DE FORMATION ET CENTRE DE RECHERCHE EN BIOLOGIE HUMAINE Directeur : Pierre FARGE SECTEUR SCIENCES ET TECHNOLOGIES UFR DE SCIENCES ET TECHNOLOGIES Directeur : Fabien de MARCHI UFR DE SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES (STAPS) Directeur : Claude COLLIGNON POLYTECH LYON Directeur : Pascal FOURNIER I.U.T. Directeur : Christian COULET INSTITUT DES SCIENCES FINANCIERES ET ASSURANCES (ISFA) Directeur : Véronique MAUME-DESCHAMPS I.U.F.M. Directeur : Régis BERNARD CPE Directeur : Gérard PIGNAULT BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Faculté de Médecine Lyon Est Liste des enseignants 2013/2014 Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Allouachiche André-Fouet Argaud Aubrun Badet Barth Bastien Baverel Berthezene Bertrand Bessereau Beziat Blay Boillot Borson-Chazot Boussel Braye Breton Calender Chapet Chapurlat Chassard Chatelain Chevalier Claris Cochat Colin Colombel Cordier Cottin Cotton D’Amato Dalle Delahaye Bernard Xavier Laurent Frédéric Lionel Xavier Olivier Gabriel Yves Yves Jean-Louis Jean-Luc Jean-Yves Olivier Françoise Loïc Fabienne Pierre Alain Olivier Roland Dominique Pierre Philippe Olivier Pierre Cyrille Marc Jean-François Vincent François Thierry Stéphane François Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Cardiologie Réanimation ; médecine d’urgence Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Urologie Chirurgie générale Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Physiologie Radiologie et imagerie médicale Pédiatrie Biologie cellulaire Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Cancérologie ; radiothérapie Chirurgie digestive Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; Radiologie et imagerie médicale Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ; Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie brûlologie Génétique Cancérologie ; radiothérapie Rhumatologie Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Pédiatrie (surnombre) Cardiologie Pédiatrie Pédiatrie Epidémiologie, économie de la santé et prévention Urologie Pneumologie ; addictologie Pneumologie ; addictologie Anatomie Psychiatrie d’adultes ; addictologie Dermato-vénéréologie Cardiologie BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Denis Descotes Devouassoux Di Fillipo Disant Douek Dubernard Ducerf Dumontet Dumortier Durieu Edery Philippe Jacques Mojgan Sylvie François Philippe Gil Christian Charles Jérome Isabelle Charles Etienne Fanton Faure Fauvel Finet Fouque Fourneret Gaucherand Gillet Girard Gleizal Gouillat Guenot Guérin Guérin Gueyffier Guibaud Guyen Herzberg Honnorat Hot Jacquin-Courtois Janier Javouhey Jegaden Jullien Kodjikian Kohler Krolak Salmon Jérôme Laurent Michel Jean-Pierre Gérard Denis Pierre Pascal Yves Nicolas Arnaud Christian Marc Claude Jean-François François Laurent Olivier Guillaume Jérôme Arnaud Sophie Marc Etienne Olivier Denis Laurent Rémy Pierre Ophtalmologie Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie Anatomie et cytologie pathologiques Cardiologie Oto-rhino-laryngologie Radiologie et imagerie médicale Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Chirurgie digestive Hématologie ; transfusion Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Médecine interne ; gériatrie et biologie du Génétique et de la reproduction ; gynécologie médicale Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine légale Dermato-vénéréologie Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie Cardiologie Néphrologie Pédopsychiatrie ; addictologie Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Pédiatrie Pneumologie Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Chirurgie digestive Neurochirurgie Réanimation ; médecine d’urgence Biologie et médecine du développement Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie Radiologie et imagerie médicale Chirurgie orthopédique et traumatologique Chirurgie orthopédique et traumatologique Neurologie Médecine interne Médecine physique et de réadaptation Biophysique et médecine nucléaire Pédiatrie Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Dermato-vénéréologie Ophtalmologie Chirurgie infantile Médecine interne ; gériatrie et biologie du BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Lachaux Laville Lehot Lejeune Lermusiaux Lina Lina Mabrut Martin Mauguière Mellier Merle Mertens Michallet Mion Miossec Monneuse Morel Morelon Mornex Moulin Mure Nataf Négrier Négrier Neyret Nicolino Nighoghossian Ninet Ninet Obadia Ovize Perrin Peyramond Philip Picot Pignat Poncet Ponchon Pugeat Raudrant Raverot Revel Richard Rivoire Alain Maurice Jean-Jacques Hervé Patrick Bruno Gérard Jean-Yves Xavier François Georges Philippe Patrick Mauricette François Pierre Olivier Yves Emmanuel Jean-François Philippe Pierre-Yves Serge Claude Marie-Sylvie Philippe Marc Norbert Jacques Jean Jean-François Michel Gilles Dominique Thierry Stéphane Jean-Christian Gilles Thierry Michel Daniel Gérald Didier Jean-Christophe Michel Pédiatrie Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Biologie et médecine du développement et de la Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Chirurgie générale Urologie Neurologie Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Anatomie Hématologie ; transfusion Physiologie Immunologie Chirurgie générale Biochimie et biologie moléculaire Néphrologie Pneumologie ; addictologie Nutrition Chirurgie infantile Cytologie et histologie Hématologie ; transfusion Cancérologie ; radiothérapie Chirurgie orthopédique et traumatologique Pédiatrie Neurologie Médecine interne ; gériatrie et biologie du Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Physiologie Neurochirurgie Maladie infectieuses ; maladies tropicales Cancérologie ; radiothérapie Parasitologie et mycologie Oto-rhino-laryngologie Chirurgie générale Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; Radiologie et imagerie médicale Réanimation ; médecine d’urgence Cancérologie ; radiothérapie BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Rode Rossetti Rousson Rouvière Roy Rudigoz Ruffion Ryvlin Saoud Schaeffer Scheiber Schott-Pethelaz Scoazec Souquet Terra Thivolet-Bejui Tilikete Touraine Truy Turjman Vallée Vandenesch Vanhems Gilles Yves Robert-Marc Olivier Pascal René-Charles Alain Philippe Mohamed Laurent Christian Anne-Marie Jean-Yves Jean-Christophe Jean-Louis Françoise Caroline Jean-Louis Eric Francis Bernard François Philippe Médecine physique et de réadaptation Physiologie Biochimie et biologie moléculaire Radiologie et imagerie médicale Biostatistiques, informatique médicale et Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Urologie Neurologie Psychiatrie d’adultes Biologie cellulaire Biophysique et médecine nucléaire Epidémiologie, économie de la santé et prévention Anatomie et cytologie pathologiques Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Psychiatrie d’adultes ; addictologie Anatomie et cytologie pathologiques Physiologie Néphrologie Oto-rhino-laryngologie Radiologie et imagerie médicale Anatomie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Epidémiologie, économie de la santé et prévention vieillissement ; médecine générale ; addictologie Vukusic Sandra Neurologie Wattel Eric Hématologie ; transfusion Zoulim Fabien Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Professeur des Universités - Médecine Générale Letrilliart Laurent Moreau Alain Professeurs associés de Médecine Générale Flori Marie Zerbib Yves Professeurs émérites Bérard Boulanger Bozio Chayvialle Daligand Droz Floret Gharib Itti Kopp Neidhardt Petit Jérôme Pierre André Jean-Alain Liliane Jean-Pierre Daniel Claude Roland Nicolas Jean-Pierre Paul Chirurgie infantile Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Cardiologie Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Médecine légale et droit de la santé Cancérologie ; radiothérapie Pédiatrie Physiologie Biophysique et médecine nucléaire Anatomie et cytologie pathologiques Anatomie Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Rousset Sindou Tissot Trepo Trouillas Trouillas Bernard Marc Etienne Christian Paul Jacqueline Biologie cellulaire Neurochirurgie Chirurgie générale Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Neurologie Cytologie et histologie Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Ader Florence Maladies infectieuses ; maladies tropicales Barnoud Raphaëlle Anatomie et cytologie pathologiques Benchaib Mehdi Biologie et médecine du développement et de la Bontemps Laurence Biophysique et médecine nucléaire Bricca Giampiero Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie Bringuier Pierre-Paul Cytologie et histologie Bui-Xuan Bernard Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Buzluca Dargaud Yesim Hématologie ; transfusion Cellier Colette Biochimie et biologie moléculaire Chalabreysse Lara Anatomie et cytologie pathologiques Charbotel-Coing-Boyat Barbara Médecine et santé au travail Charrière Sybil Nutrition Chevallier-Queyron Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Collardeau Frachon Sophie Anatomie et cytologie pathologiques Cozon Grégoire Immunologie Davezies Philippe Médecine et santé au travail Dubourg Laurence Physiologie Duclos Antoine Epidémiologie, économie de la santé et prévention Escuret Poncin Vanessa Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Franco-Gillioen Patricia Physiologie Germain Michèle Physiologie Hadj-Aissa Aoumeur Physiologie Hervieu Valérie Anatomie et cytologie pathologiques Jarraud Sophie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Jouvet Anne Anatomie et cytologie pathologiques Kolopp-Sarda Marie Nathalie Immunologie Lasset Christine Epidémiologie, économie de la santé et prévention Laurent Frédéric Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Le Bars Didier Biophysique et médecine nucléaire Lesca Gaëtan Génétique Lièvre Michel Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie Maucort Boulch Delphine Biostatistiques, informatique médicale et médecine d’urgence (stag.) Meyronet David Anatomie et cytologie pathologiques Normand Jean-Claude Médecine et santé au travail Peretti Noel Nutrition Persat Florence Parasitologie et mycologie Phan Alice Dermato-vénéréologie Pharaboz-Joly Marie-Odile Biochimie et biologie moléculaire Piaton Eric Cytologie et histologie BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Pina-Jomir Plotton Rabilloud Géraldine Ingrid Muriel Rheims Rigal Rimmele Ritter Roman Sappey-Marinier Schluth-Bolard Streichenberger Tardy Guidollet Thibault Timour-Chah Tristan Vasiljevic Venet Vlaeminck-Guillem Voiglio Wallon Sylvain Dominique Thomas Jacques Sabine Dominique Caroline Nathalie Véronique Hélène Quadiri Anne Alexandre Fabienne Virginie Eric Martine Biophysique et médecine nucléaire Biochimie et biologie moléculaire Biostatistiques, informatique médicale et reproduction ; gynécologie médicale Neurologie (stag.) Hématologie ; transfusion Anesthésiologie-réanimation ; Epidémiologie, économie de la santé et prévention Physiologie Biophysique et médecine nucléaire Génétique Anatomie et cytologie pathologiques Biochimie et biologie moléculaire Physiologie Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Anatomie et cytologie pathologiques (stag.) Immunologie Biochimie et biologie moléculaire Anatomie Parasitologie et mycologie Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale Farge Thierry Figon Sophie Lainé Xavier BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Le Serment d'Hippocrate Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la Médecine. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination. J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance. Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail. Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne provoquerai délibérément la mort. Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission. Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé si j'y manque. BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) A mon Pépère Lulu. BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Remerciements A notre Jury : Me Le Professeur Sylvie Négrier, Je vous remercie de me faire l’honneur d’avoir accepté la présidence de cette thèse. Veuillez trouver ici l’expression de ma très sincère reconnaissance et de mon profond respect. Mr Le Professeur Jérome Honorat, Je vous remercie chaleureusement d’avoir accepté de juger cette thèse et de l’intérêt porté à notre travail. Veuillez trouver ici l’expression de ma sincère considération. Mr Le Professeur Marc Sindou, Je vous remercie chaleureusement d’avoir accepté de juger cette thèse et de l’intérêt porté à notre travail. Veuillez trouver ici l’expression de ma sincère considération. Me Gisèle Chvetzoff, Merci d’avoir rendu cette thèse possible et également pour l’enrichissement et l’expérience apportés lors de mon dernier semestre auprès de l’équipe du DISSPO - Douleur et soins palliatifs. Malgré les doutes et interrogations, j’ai réalisé ce travail avec plaisir et te manifeste toute ma reconnaissance pour tes conseils et ta disponibilité. Je remercie particulièrement le Dr Isabelle Chazot pour son enseignement et son soutien pendant mon semestre, ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe du DISSPO et notamment à Evelyne, Sonia et Audrey. BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) A mon Amour, Merci à la vie d’avoir croisé nos chemins, puis nous avons fait le reste… Je me languis de chaque jour à venir et de l’avenir avec toi. Volim te. A mes Grands-parents, Mon pépère Lulu, mon amour, mon estime et mon respect pour toi sont si grands, il n’y a ni mot pour les traduire, ni pour combler ton absence. Ma mémère Jeanne, ta sagesse, et ta force me surprennent et me réjouissent chaque jour. Je suis fière aujourd’hui d’être ta petite fille « docteur ». Je t’aime très fort. A mes Parents, Papa, Maman, Merci infiniment pour l’amour que vous m’avez transmis, d’être là chaque jour. Merci pour tout, depuis mes premiers cris jusqu’à aujourd’hui. Le parcours n’a pas toujours été des plus simples avec moi, et c’est avec beaucoup de respect et d’admiration que je mesure tout ce que vous avez fait et tout ce que vous continuez de réaliser. Encore mille merci, et avec tout mon amour. A mes sœurs, Patricia, tu es là dans mon cœur, même si tes obligations te retiennent ailleurs. Merci infiniment pour ton aide. Je t’aime très fort. Sœurette, tout est dit ! Mille merci à toi aussi, et avec ton mon amour. A tous nos bonheurs futurs, à chacune et ensemble….Mes sœurs adorées. Mes deux petits neveux ! Simon et Julien, sachez que votre tata Mèl vous aime très, très fort. A tous les merveilleux moments que nous partagerons… Mon beau-frère Damien et Stéphane dit « le Fayot », ainsi qu’à ta petite ribambelle, Noa, Vicky et Sam. BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) A mon grand-père Auguste, Merci pour ton amour et ta présence toutes ces années. A ta Mémoire. A ma Grande Famille, Ma marraine Geneviève, mon parrain André, à tous mes oncles et tantes, cousins, cousines, petits-cousins et petites-cousines. Fière de faire partie de cette belle et grande famille. Merci pour votre amour, vos attentions, votre accueil et tous les bons moments partagés. A ma nouvelle famille, Merci pour ton accueil et ta générosité Huguette. Je te promets de veiller au bonheur de ton fils. Une attention particulière à Alain, « Marraine », Yann, Delphine, Killian et Romane. Gérald, Tu sais combien je t’adore. Ta petite Mèl. Tom, mon coup de foudre amical… ! Merci et encore pleins de plaisir à notre amitié. Sandra, de ces belles rencontres qui ne se séparent plus… Je me rappelle encore de ce peignoir et ces belles pantoufles dans la « tempête valentinoise »! Merci pour tout, même pour la cicatrice !! Anne-so, ta joie de vivre, ton écoute, ta franchise, ta raison autant que ta folie…Merci pour tout. Et aux plaisirs futurs. Géraldine, Ah…une merveilleuse rencontre !!! Merci pour tout et encore plus. Pour ton accueil et ton soutien dans le travail, pour ton amitié, ta générosité, nos discussions... A tous les bons moments à venir...Et un énorme bisou à Baptiste et François… BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Lulu et Ln, Il y a toujours une belle histoire ardéchoise. Pour moi, c’est vous ! Je vous adore. Certes, la distance et nos obligations respectives ne rendent pas les choses faciles pour être ensemble, mais ne doutez pas que je viendrais vous embêter dans vos demeures! Mille merci, pour tout, les filles. Les 3 Y, Pas besoin de préciser combien je vous adore. Merci pour tous les moments passés avec vous. Voilà « la miss » est enfin Docteur !! Maud, et dire que tu étais avec moi, les premiers jours, sur les bancs de la Fac de Médecine…Heureusement, tu as vite retrouvé ton chemin ! Tu es une grande amie pour moi. Promis, je te narguerais avec mes L…® !! Paupau, de Saumur à Chambéry, en passant par Bergerac, Millau, Lyon ou Paris… C’est toujours un plaisir de passer du temps avec toi. Mille Bisous, je t’adore. Amandine, souvenirs mahorais tellement inoubliables, toujours pétillante et chaleureuse… D’autres pensées saumuroises pour Xavier, Samuel et la petite troupe, Mimi..., des pensées mahoraises et métropolitaines pour Éric, Elise, Ben , Sandra. A Laurent. Merci. Merci à tous les professionnels qui m’ont accompagnée durant mes études médicales. En m’engageant à poursuivre ma vie professionnelle avec humilité et plaisir. BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) TABLE DES MATIERES Liste des Annexes 20 Liste des Figures 21 Liste des abréviations 22 INTRODUCTION 24 PREMIERE PARTIE 1. La douleur neuropathique chez des patients suivis en oncologie : Rappels et spécificités ...................................................................................................................... 27 1.1 Aspects épidémiologiques ........................................................................................................... 27 1.2. Diagnostic et Evaluation de la douleur Neuropathique ............................................................. 29 1.2.1. Diagnostic de douleur neuropathique : Sémiologie et examen clinique ............................ 29 1.2.2. Les outils de dépistage et d’évaluation ............................................................................... 30 a. Outils spécifiques de la douleur neuropathique ................................................................... 30 b. Outils non spécifiques d’évaluation de la douleur ................................................................ 32 1.3. Etiologie des douleurs neuropathiques : « regard oncologique » ............................................. 34 1.3 1. Rappels : Dans la population générale ................................................................................ 34 1.3.2. Chez les patients atteints d’un cancer ................................................................................ 35 a. Les Neuropathies liées au cancer .......................................................................................... 35 b. Les Neuropathies liées aux thérapies anti-cancéreuses ....................................................... 35 c. Les Neuropathies associées au cancer : douleurs neuropathiques post-zostériennes ......... 37 1.4. Prise en charge thérapeutique des douleurs neuropathiques ................................................... 38 1.4.1. Traitements pharmacologiques spécifiques des douleurs neuropathiques ....................... 38 1.4.2. Traitements non-pharmacologiques ................................................................................... 43 a. Techniques neurochirurgicales .............................................................................................. 43 b. Neurostimulation transcutanée ............................................................................................ 44 c. Médecine Physique et Réadaptation, techniques de rééducation........................................ 45 d. Les thérapeutiques complémentaires et le bien-être mental .............................................. 45 2. Patch à Haute concentration de capsaïcine ................................................................. 46 2.1. Données réglementaires et indications...................................................................................... 46 2.2. Mécanisme d’action ................................................................................................................... 47 2.3. Description du produit et conditions d’utilisation ..................................................................... 47 2.4. Principaux résultats d’efficacité et tolérance ............................................................................. 49 16 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) DEUXIEME PARTIE ETUDE RETROSPECTIVE et OBSERVATIONNELLE Mise en place, Tolérance et Efficacité d’un 1er traitement par patch à haute concentration de capsaïcine chez 22 patients suivis en cancérologie et présentant des douleurs neuropathiques périphériques chroniques 1. Objectifs et Méthodologie ........................................................................................... 52 1.1. Objectifs et hypothèse ............................................................................................................... 52 1.2. Matériels et méthode................................................................................................................. 52 1.2.1. Type d’étude et inclusion des patients ............................................................................... 52 1.2.2. Recrutement des patients ................................................................................................... 53 a. Critères d’inclusion ................................................................................................................ 54 b. Critères d’exclusion ............................................................................................................... 54 1.2.3. Méthode .............................................................................................................................. 54 a. Recueils des données ............................................................................................................ 54 b. Critères relevés ...................................................................................................................... 55 2. Résultats ..................................................................................................................... 57 2. 1. Profil des patients ...................................................................................................................... 57 2.1.1 Caractéristiques démographiques ....................................................................................... 57 a. Sexe :...................................................................................................................................... 57 b. Age ......................................................................................................................................... 58 c. Classe socio-professionnelle .................................................................................................. 59 2.1.2 Caractéristiques pathologiques générales ........................................................................... 60 a. Comorbidités ......................................................................................................................... 60 b. Pathologie tumorale primitive des patients inclus................................................................ 60 c. Douleurs nociceptives associées............................................................................................ 61 2.1.3 Résultats concernant les douleurs neuropathiques du panel .............................................. 61 a. Etiopathogénie des douleurs neuropathiques ...................................................................... 61 b. Localisation des douleurs neuropathiques ........................................................................... 62 c. Diagnostic clinique de douleurs neuropathiques .................................................................. 63 d. Intensité douloureuse basée sur l’EVA des patients ............................................................. 63 e. Délai depuis le début de la prise en charge par l’équipe Douleur ........................................ 64 2.1.4 Analyse des traitements antalgiques ................................................................................... 65 a. Traitements spécifiques des douleurs neuropathiques ....................................................... 65 b. Association de traitements spécifiques des douleurs neuropathiques ............................... 66 c. Autres antalgiques en cours .................................................................................................. 67 17 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) d. Traitement non-pharmacologique en cours ......................................................................... 67 2.2. Protocole d’application du patch à haute concentration de capsaïcine – Mode d’administration – Tolérance et effets indésirables. .................................................................................................... 68 2.2.1. Déroulement du protocole .................................................................................................. 68 a. Prétraitement ........................................................................................................................ 68 b. Durée d’application ............................................................................................................... 68 2.2.2. Tolérance du traitement ..................................................................................................... 68 a. La tension artérielle ............................................................................................................... 68 b. Evolution de l’EVA au cours du protocole ............................................................................. 69 c. Thérapeutiques de recours .................................................................................................... 74 2.2.3. Effets indésirables observés ................................................................................................ 76 2.3. Efficacité du traitement .............................................................................................................. 77 2.3.1. Intensité douloureuse ......................................................................................................... 77 2.3.2. Pourcentage de soulagement ............................................................................................. 81 2.3.3. Les traitements pharmacologiques ..................................................................................... 82 a. Médicaments spécifiques des douleurs neuropathiques ...................................................... 82 b. Autres antalgiques................................................................................................................. 83 2.3.4. Les traitements médicaux non pharmacologiques ............................................................. 84 3. Discussion ................................................................................................................... 86 3.1. Les biais de l’étude ..................................................................................................................... 86 3.2. Les résultats ................................................................................................................................ 87 3.2.1. Profil des patients................................................................................................................ 87 a. Caractéristiques démographiques ......................................................................................... 87 b. Caractéristiques pathologiques générales ............................................................................ 89 c. Résultats concernant les douleurs neuropathiques du panel ............................................... 90 d. Analyse des traitements antalgiques .................................................................................... 92 3.2.2. Protocole d’application du patch : Application – Tolérance – Effets indésirables. ............. 93 a. Déroulement du protocole ................................................................................................... 93 b. Tolérance du traitement ....................................................................................................... 94 c. Effets indésirables observés .................................................................................................. 94 3.2.3. Efficacité du traitement....................................................................................................... 96 a. Intensité douloureuse ........................................................................................................... 96 b. Pourcentage de soulagement ............................................................................................... 98 c. Les traitements pharmacologiques ...................................................................................... 98 d. Les traitements médicaux non-pharmacologiques ............................................................... 99 3.3. Avenir et interrogation pour l’équipe du Centre Léon Bérard ................................................. 100 18 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) CONCLUSION 101 BIBLIOGRAPHIE 103 ANNEXES 110 19 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) LISTE DES ANNEXES Annexe 1: Eléments cliniques orientant le diagnostic vers une douleur neuropathique 111 Annexe 2: Le Questionnaire DN4 112 Annexe 3: Le NPSI 113 Annexe 4: Questionnaire concis sur les douleurs 116 Annexe 5: HAD – Hospital Anxiety and Depression Scale 118 Annexe 6: Classifications des douleurs neuropathiques dues au cancer 120 Annexe 7 : Recommandations de la SFETD - Stratégies Thérapeutiques 121 Annexe 8: Posologies et principaux effets secondaires des traitements (SFETD) 123 Annexe 9: Polyanalgesic algorithm for intrathecal therapies 125 Annexe 10: Méta-analyse de la tolérance des médicaments dans les douleurs neuropathiques périphériques 126 Annexe 11: Méta-analyse de l’efficacité des médicaments dans les douleurs neuropathiques 127 20 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) LISTE DES FIGURES Figure 1 : Répartition selon l’âge 58 Figure 2 : Classe socio-professionnelle 59 Figure 3 : Pathologie Tumorale Primitive 60 Figure 4 : Localisation des douleurs neuropathiques 62 Figure 5 : Délai depuis le début du suivi par l’équipe Douleur 64 Figure 6 : Traitements spécifiques des douleurs neuropathiques en cours 65 Figure7 : Association d’antalgiques spécifiques des douleurs neuropathiques 66 Figure 8 : Traitement non-pharmacologique en cours 67 Figure 9 : Evolution de l’EVA après prémédication (lidocaïne 4%) 70 Figure 10 : Evolution de l’EVA 30 minutes après le début de l’application 71 Figure 11 : Evolution de l’EVA après 60 minutes (retrait) 72 Figure 12 : Evolution de l’EVA 1 heure après le retrait du patch 73 Figure 13 : Evolution globale du score EVA pendant le protocole d’application 74 Figure 14 : Intensité douloureuse pendant le protocole et consommation d’antalgiques 75 Figure 15 : EVA au 1er mois – de T0 à M1 77 Figure 16 : EVA au 2ème mois – de T0 à M2 78 Figure 17 : EVA au 3ème mois – de T0 à M3 79 Figure 18 : Evolution globale de l’EVA 80 Figure 19 : Tableau des principaux résultats d’efficacité du patch 81 Figure 20 : Médicaments spécifiques – évolution globale de T0 àM3 82 Figure 21 : Traitements médicaux non-pharmacologiques - évolution globale de T0 àM3 84 21 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) LISTE DES ABREVIATIONS AFSOS AMM ANSM ARS ATIH Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support Autorisation de Mise sur le Marché Agence Nationale de Sécurité du Médicament Agence Régionale de Santé Agence Technique de l’Information sur l’Hospitalisation CGI CMI CETD CLB CRC Echelle d’impression clinique globale Classification Internationale des Maladies Centre d’Evaluation et de Traitement de la Douleur Centre Léon Bérard Compte-Rendu de Consultation DCE DESC DISSPO DN DN4 Diplôme de Compétences Etendues Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaires Département Interdisciplinaire de Soins de Support du Patient en Oncologie Douleurs Neuropathiques Douleur Neuropathique en quatre questions EFNS EMA EN EPAR EPIC EVA EVS European Federation of Neurological Societies European Medecines Agency Echelle Numérique European Public Assessment Report European Pain in Cancer Echelle Visuelle Analogique Echelle Verbale Simple GHM GHS Groupe Homogène de Malades Groupe Homogène de Séjours HAD HAS HIV-AN Hospital Anxiety and Depression scale Haute Autorité de Santé Douleur Neuropathique liée au Virus de l’Immunodéficience Humaine IASP IRS International Association for the Study of Pain Inhibiteur de la Recapture de la Sérotonine 22 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) IRSNA Inhibiteur de la Recapture de la Sérotonine et de la Noradrénaline LANSS Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs NMDA NNT NNH NPRS N-Méthyl-D-Aspartate Number Needed to Treat Number Needed to Harm Numeric Pain Rating Scale OMS Organisation Mondiale de la Santé PHN Douleur Neuropathique Post-zostérienne QCD Questionnaire Concis sur les Douleurs SDPM SEP SFAR SFETD STOPNET Syndrome Douloureux Post-Mastectomie Sclérose En Plaques Société Française d’Anesthésie-Réanimation Société Française d’Evaluation et de Traitement de la Douleur Study of the Prevalence of Neuropathic pain TA T2A TENS TRPV1 TTC TTT Tension Artérielle Tarification à l’activité Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation Transient Receptor Potential Vanilloid 1 Toutes Taxes Comprises Traitement VIH VZV Virus de l’Immunodéficience Humaine Varicelle-Zona-Virus 23 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) INTRODUCTION Depuis plusieurs années déjà, la reconnaissance et la prise en charge des douleurs neuropathiques progressent. Reconnues comme un problème de santé publique, soutenues par plusieurs plans nationaux (1,2), les avancées diagnostiques et thérapeutiques ont également été portées par la parution de recommandations destinées à la médecine ambulatoire (3). Le médecin généraliste est un acteur essentiel, de premier recours, pour le dépistage et le diagnostic, mais aussi pour la prise en charge thérapeutique et le suivi de ces patients. Définie par l’IASP - International Association for the Study of Pain – comme une « douleur associée à une lésion ou une maladie affectant le système somatosensoriel » (4), la douleur neuropathique est observée au cours et au décours de nombreuses situations cliniques et de pathologies très diverses, que le médecin généraliste côtoie fréquemment dans son exercice quotidien. On peut notamment citer le diabète, toute situation post-chirurgicale, dans les suites d’un accident vasculaire cérébral, d’un zona, ou le cancer. Ce dernier, enjeu de santé publique prioritaire, première cause de décès prématuré et première cause de décès évitable, touche chaque année près de 355 000 personnes en France (5). Néanmoins, les progrès acquis et les moyens mis en œuvre jusqu’ici ont permis une diminution de la mortalité par cancer, avec plus d’une personne sur deux qui guérit de cette maladie. C’est donc chaque année de plus en plus de patients qui vivent avec et après le cancer. Les données épidémiologiques permettent d’estimer à 3 millions, le nombre de personnes en France actuellement dans cette situation (5). Aussi, parmi les personnes affectées par une pathologie tumorale, plus d’une personne sur deux est confrontée à des douleurs. Ces dernières prennent un caractère chronique (> 3mois), pour environ 56% des patients douloureux suivis en oncologie, et présentent des caractéristiques neuropathiques pour 43% (6). Nous savons aujourd’hui que la douleur impacte toutes les sphères de la vie du patient et leur considération est essentielle dans une perspective plus large de qualité de la vie. Permettre une meilleure vie pendant et après le cancer était déjà un des thèmes transversaux du plan cancer 2009-2013 (7), notamment en renforçant le rôle du médecin traitant à tous les moments de la prise en charge. Aussi, le nouveau plan cancer 2014-2019 (8) prolonge cette ambition et insiste sur la vie après le cancer, notamment en améliorant le passage de relai entre l’équipe hospitalière et celle de premier recours à l’occasion d’une consultation de fin de traitement et rappelle la nécessité d’un accès à des soins de supports adéquats pour tous les patients. 24 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Dans cette problématique globale, nous nous sommes intéressés aux douleurs neuropathiques périphériques chroniques des patients suivis en oncologie, pris en charge au sein d’une équipe de soins de support et suivis par une unité d’évaluation et de traitement de la douleur dans les suites de leur pathologie tumorale. Depuis ces dernières années, de nombreuses molécules, à la fois efficaces et mieux tolérées, ont permis d’enrichir l’arsenal thérapeutique spécifique des douleurs neuropathiques. Aussi, dans l’esprit d’une meilleure coordination et d’une interdisciplinarité des équipes médicales spécialisées et de premier recours, le médecin généraliste se doit de se tenir formé et informé pour accompagner au mieux ses patients. Ainsi, un nouveau médicament, le patch à haute concentration de capsaïcine, commercialisé en France depuis juin 2011, peut être proposé pour le traitement des douleurs neuropathiques périphériques de l’adulte. Nous avons voulu, au travers d’une étude observationnelle et rétrospective, réalisée au centre de cancérologie de Lyon, le centre Léon Bérard, mieux connaître cette thérapeutique, évaluer sa tolérance et son efficacité. Après avoir exposé les différents aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des douleurs neuropathiques périphériques dans un contexte carcinologique, nous vous présenterons ce nouveau médicament, et analyserons les résultats de notre étude tout en essayant de préciser la place particulière que peut prendre le médecin généraliste, au bénéfice du patient 25 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) PREMIERE PARTIE 26 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1. La douleur neuropathique chez des patients suivis en oncologie : Rappels et spécificités 1.1 Aspects épidémiologiques Les données relatives à l’épidémiologie des douleurs neuropathiques demeurent, encore aujourd’hui, restreintes. Néanmoins , la validation d’outils d’aide au diagnostic, tel que le DN4 (9) – présenté dans la suite de notre travail, chapitre 1.2.2. a. Outils spécifiques de la douleur neuropathique - a permis l’élaboration d’études de prévalence de plus grande envergure. Dans la population générale Au sein de l'Europe, deux études ont été menées et publiées ces dernières années : l'une au Royaume Uni (10), l'autre en France (11), visant à établir la prévalence de la douleur chronique avec des caractéristiques neuropathiques dans la population générale. Au Royaume Uni, la prévalence des douleurs neuropathiques est estimée à 8,2% dans la population générale et à 17% chez les patients souffrant de douleurs chroniques (10). Dans l’étude française STOPNET (11), la prévalence des douleurs neuropathiques, dans la population générale, a été estimée à 6,9%, et est de 21,7% chez les patients ayant des douleurs chroniques. Aussi ces résultats tendent à montrer que la prévalence de la douleur neuropathique chronique est plus élevée chez la femme et chez les personnes âgées de plus de 50 ans, avec un pic de survenue dans la tranche 50-64 ans selon l'étude française, et avec une moyenne d'âge de 52,9 ans selon l'étude britannique. L'étude, réalisée par l'observatoire de la SFETD et présentée en novembre 2007 au 7ème congrès de la société par Jean Bruxelle (12), suggérait que les douleurs neuropathiques sont fréquentes (plus qu'on ne l'estimait), sous-diagnostiquées et donc probablement soustraitées, dans la mesure où leur approche thérapeutique est différente. Ainsi, parmi les patients consultant pour la première fois dans un CETD, 30% présentent une douleur neuropathique (dont 48% sont pures et 52% sont mixtes).Par ailleurs, la douleur neuropathique n'a été identifiée que dans 64% des cas avant la consultation en CETD, ce qui signifie que 36% n'ont pas été diagnostiquées. Cette étude rapporte encore que la douleur neuropathique persiste depuis plus de 3 ans pour plus de 35% des patients interrogés. Concernant le retentissement de la douleur, cette étude observationnelle souligne que 50 à 60% des sujets souffrant de douleurs chroniques neuropathiques ont un score d'anxiété pathologique sur l'échelle HAD (présentée au chapitre 1.2.2.b.Outils non spécifiques 27 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) d’évaluation de la douleur), et 35% un score de dépression pathologique sur cette même échelle. Des travaux plus récents tendent à montrer que les patients souffrant de douleurs neuropathiques perçoivent leur état de santé et leur qualité de vie comme altérés (13–15), en particulier, des interférences significatives sur leur capacité à travailler, avoir une vie de famille et une vie sociale (16). Chez les patients atteints d’un cancer La grande diversité des cancers en cause, la grande variété des localisations et la multiplicité des mécanismes douloureux sous-jacents rendent difficile l’estimation de la prévalence des douleurs neuropathiques chez les patients cancéreux. On estime que 15 à 20 % des patients sont susceptibles de souffrir de douleurs à caractéristiques neuropathiques durant l’évolution de la maladie (17), et que cette proportion augmenterait pour les stades avancés de la maladie. Une revue de la littérature, parue en 2012 (18), estime que, parmi les douleurs liées au cancer, la prévalence des douleurs neuropathiques est de 18,7 à 21,4%. Dans une étude multicentrique réalisée entre août 2010 et juillet 2011 (19), la prévalence des douleurs neuropathiques chez les patients suivis en oncologie est estimée à 32,6%, quels que soient la cause et le stade du cancer. D’autres études plus anciennes, réalisées auprès de populations présentant un cancer à un stade avancé ou recrutées dans des unités spécialisées dans l’évaluation et le traitement de la douleur, estiment la prévalence des douleurs neuropathiques chez les patients cancéreux entre 34 et 40% (20,21). Dans une enquête auprès de patients suivis en cancérologie, pilotée par l’INCa, et confiée à l’institut BVA en 2010 (6), 53 % des patients se déclarent douloureux, et on retrouve une caractéristique chronique (évoluant depuis plus de 3 mois) pour 56% d’entre eux. L’impact des douleurs sur la vie quotidienne est important. Ainsi, parmi les patients douloureux, « presque tout le temps ou souvent », la douleur perturbe le sommeil pour 33%, limite les activités quotidiennes à la maison et en dehors pour respectivement 48 et 49% des patients. Enfin la marche et les déplacements sont limités du fait de la douleur pour 39% des patients, et 20% associent leur douleur à un repli sur soi/isolement (6) ; Une douleur neuropathique probable -questionnaire DN4 avec score seuil ≥ 3 (9) - est retrouvée pour 43 % des patients et estimée comme étant le tableau douloureux au 1 er plan pour 36% des patients douloureux. Par ailleurs, la douleur chronique touchait 25% des patients en surveillance ou en rémission et parmi ces derniers, une composante neuropathique était retrouvée pour 38 % (6). 28 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Ces quelques données épidémiologiques viennent conforter l’enjeu d’une prise en charge adaptée et de qualité des douleurs neuropathiques en situation de cancer. 1.2. Diagnostic et Evaluation de la douleur Neuropathique 1.2.1. Diagnostic de douleur neuropathique : Sémiologie et examen clinique (Annexe 1) Le diagnostic des douleurs neuropathiques est exclusivement clinique et repose sur un interrogatoire et un examen clinique bien conduits. L’interrogatoire permet de rechercher une sémiologie douloureuse particulière avec : - Et/ou Une composante spontanée (survenant en absence de stimulation) Continue : brûlures, sensation de froid douloureux, compression … échauffement, Paroxystique : décharge électrique, coup de poignard, élancements… - Une composante provoquée par des stimulations mécaniques (frottement, pression légère) ou thermiques (surtout froides) : on parle d’allodynie lorsque la stimulation à l’origine des douleurs est normalement non-douloureuse, et d’hyperalgie lorsque l’on retrouve une exagération de la douleur provoquée par des stimulations normalement douloureuses. - L’association à des sensations anormales non douloureuses : paresthésies, dysesthésies, le plus souvent désagréables (fourmillements, picotements, engourdissements, démangeaisons) Aucun de ces descripteurs de la douleur n’est pathognomonique de la douleur neuropathique et le médecin doit compléter son examen clinique pour converger vers l’identification d’une douleur neuropathique. L’interrogatoire recherche un contexte de survenue (lésion ou maladie du système nerveux connue ou suspectée, situation post-opératoire ou post-traumatique….), ainsi qu’un décours temporel plausible (notion d’intervalle libre entre la lésion et l’apparition des douleurs). 29 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) L’examen physique Il recherche des signes neurologiques et s’attache à leur distribution topographique : Une hypoesthésie, existence d’un déficit sensitif thermo-algique Un autre déficit sensitif (tact, proprioception) Un déficit moteur, des troubles vasomoteurs, sudoraux, trophiques Une allodynie Une majorité des éléments de l’examen clinique présenté ci-dessus sont repris dans l’outil DN4, questionnaire en 4 questions, validé par les sociétés savantes pour le dépistage des douleurs neuropathiques. Aussi, la douleur neuropathique identifiée, il importe que l’examen clinique précise l’intensité douloureuse et le retentissement de la douleur (capacités fonctionnelles, troubles du sommeil, qualité de vie, retentissement émotionnel, social). 1.2.2. Les outils de dépistage et d’évaluation a. Outils spécifiques de la douleur neuropathique Outil de Dépistage Questionnaire DN4 (Annexe 2) Conçu et validé par un groupe d’experts français (22), il comporte 10 items distincts et non quantifiés (question fermée OUI/NON), et s’appuie à la fois sur des données d’interrogatoire et d’un examen clinique succinct. Ainsi, les sept premiers items recherchent la présence ou l’absence de symptômes douloureux ou non douloureux dans le même territoire. Les trois derniers items s’appuient sur un examen simplifié de la sensibilité, en recherchant une hypoesthésie au tact et à la piqûre, ainsi qu’une allodynie au frottement. Chaque réponse positive est notée 1 point, chaque réponse négative 0 point. 30 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Un score minimal de 4/10 suggère l'origine neuropathique d'une douleur, avec une spécificité de 89,9 % et une sensibilité de 82,9 %. Il présente l'avantage de pouvoir être réalisé rapidement et d'être utilisé en auto-questionnaire dans sa forme abrégée (score seuil de 3/7 lorsque l'on se cantonne à l'interrogatoire, avec une sensibilité de 78% et une spécificité de 81 ,2 %). D’autres questionnaires diagnostiques ont été mis au point dans différents pays, de spécificité et de sensibilité moins bonnes que pour l’outil DN4 (23). - La LANSS (Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs) au Royaume-Uni Le NPQ (Neuropathic Pain Questionnaire) aux Etats-Unis Le Pain Detect en Allemagne L’ID Pain aux Etats-Unis Tous ces questionnaires reprennent des items communs (descripteurs de la douleur : brûlures, décharges électriques, éclairs douloureux, fourmillements, engourdissement, picotements, douleur induite par le frottement), mais seule la LANSS reprend des données d’examen clinique – tout comme le DN4 – et a été validée dans une population de patients cancéreux. Cependant, les outils de dépistage ne remplacent pas le jugement clinique et il existe entre 10 et 20% de faux positifs ou négatifs quel que soit l’outil (24). Outil d’évaluation Actuellement, deux questionnaires d’évaluation ont été spécifiquement validés pour les douleurs neuropathiques, le NPSI – Neuropathic Pain Symptom Inventory – recommandé par la SFETD (3) et le NPS – Neuropathic Pain Scale – première échelle d’évaluation spécifiquement validée pour la douleur neuropathique. Nous décrirons volontairement uniquement le NPSI (25), dans la mesure où il s’agit de l’outil recommandé en France. Il peut être utilisé pour l’évaluation initiale (qualité de la douleur et aspects temporels), mais également pour le suivi du patient douloureux neuropathique. Le NPSI est un questionnaire auto-administré qui comporte 12 questions et qui évalue de façon distincte 5 dimensions cliniques de la douleur neuropathique que sont : la douleur superficielle (brûlures), la douleur profonde (étau, compression), les douleurs paroxystiques (coup de couteau, décharges électriques), les paresthésies/dysesthésies (picotements, fourmillements) et les douleurs provoquées/allodynie-hyperalgésie (au froid, au frottement, à la pression). 31 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Dix items, fondés sur des descripteurs sensoriels, quantifient l’intensité, et deux items temporaux évaluent la durée de la douleur spontanée et la fréquence des paroxysmes douloureux (annexe 3). Il est utile pour l’évaluation initialel et pour le suivi des douleurs neuropathiques. b. Outils non spécifiques d’évaluation de la douleur Intensité douloureuse Selon les recommandations de la SFETD (3), l’utilisation d’une échelle catégorielle (EVS), numérique (EN) ou visuelle analogique (EVA) est recommandée pour évaluer l’intensité globale de la douleur neuropathique. Aussi, il importe, au cours du suivi, de toujours utiliser la même échelle. La 1ère partie du questionnaire concis sur les douleurs (QCD en annexe 4), version française du Brief pain Inventory (BPI) permet également l’évaluation et le suivi de l’intensité douloureuse. Il s’agit donc d’échelles unidimensionnelles d’évaluation de l’intensité douloureuse, nonspécifique de la douleur neuropathique quand le NPSI constitue un outil multidimensionnel, permettant une évaluation quantitative des troubles sensitifs de la douleur neuropathique. Topographie des Lésions Un schéma corporel de dos et de face est présenté au patient. Il indique la/les zones douloureuses, peut préciser la zone la plus douloureuse, les irradiations éventuelles. On retrouve ce schéma dans la première partie du QCD (Annexe 4) Evaluation du retentissement L’HAS et la SFETD préconisent, pour toute douleur chronique, une évaluation de son retentissement sur la qualité de vie du patient, son impact fonctionnel (activités, sommeil..) ainsi que son impact psychosocial, affectif et émotionnel. Il n’existe pas d’instrument, validé en français, suffisamment court, pour apprécier tous les champs du retentissement de la douleur. Aussi, l’HAS propose d’utiliser la 2ème partie du questionnaire concis sur les douleur (QCD), version français du BPI – Brief Pain Inventory - Il explore 7 types de gênes pouvant être occasionnés par la douleur (activité générale, humeur, capacités physiques/marche, travail quotidien, relation aux autres, sommeil, goût 32 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) de vivre) en demandant au patient de coter cette gêne sur une échelle de 0 à 10, 0 étant l'absence de gêne et 10 une gêne complète (Annexe 4). En outre, la SFETD recommande d’utiliser le questionnaire HAD – Hospital Anxiety and Depression scale- (Annexe 5) ou des questions ouvertes pour évaluer les comorbidités anxieuses et dépressives (3). D’utilisation simple et rapide, le questionnaire HAD est composée de 14 items, 7 pour l'anxiété et 7 pour la dépression, chaque item pouvant être coté de 0 à 3, avec un score total sur 21 pour chaque composante ; un score inférieur ou égal à 7 traduisant l'absence de retentissement et un score supérieur ou égal à 11 signifiant l'existence d'une souffrance psychique d'ordre anxieux et/ou dépressif. Enfin, pour le suivi, il est recommandé (3,26) d’évaluer le soulagement de la douleur : - - échelle d’impression clinique globale - CGI – qui consiste en plusieurs descripteurs (de très amélioré à très aggravé), notamment pour évaluer globalement l’efficacité d’un traitement échelle catégorielle de soulagement de la douleur ou échelle visuelle analogique de soulagement (0 à 100 %), d’ailleurs incluse dans le QCD. 33 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1.3. Etiologie des douleurs neuropathiques : « regard oncologique » 1.3 1. Rappels : Dans la population générale De nombreux contextes cliniques sont impliqués dans la survenue des douleurs neuropathiques. Le tableau suivant résume les principales étiologies retrouvées chez l’adulte en population générale. D’après les recommandations de la SFEDT (3) Causes fréquentes Radiculopathies Radiculopathies (hernie discale, canal lombaire étroit, postchirurgie du rachis...) Étiologies périphériques Mononeuropathies/plexopathies Mononeuropathies post-chirurgicales ou post-traumatiques Syndromes canalaires (canal carpien notamment) Douleurs post-zostériennes Douleurs neuropathiques associées au cancer (par compression ouenvahissement nerveux) Plexopathies post-radiques Polyneuropathies Neuropathies du diabète Polyneuropathies idiopathiques à petites fibres Neuropathies alcooliques Neuropathies toxiques et chimio-induites Étiologies centrales Accident vasculaire cérébral Lésions médullaires traumatiques Sclérose en plaques Causes plus rares Étiologies périphériques Étiologies centrales Neuropathies du VIH Neuropathies des maladies de système (lupus, PAN, Gougerot Sjögren, amylose) Neuropathies carentielles ou métaboliques (autre que l’alcool) Neuropathies médicamenteuses Neuropathies génétiques (maladie de Fabry...) Syringomyélie Autres lésions médullaires (tumeurs, lésions vasculaires...) 34 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1.3.2. Chez les patients atteints d’un cancer L’atteinte du système nerveux périphérique est fréquente dans le cancer. Dans le cas particulier de la pathologie cancéreuse, nous pouvons distinguer différentes douleurs neuropathiques, selon qu’elles sont dues au cancer lui-même, induites par les thérapies anticancéreuses ou associées au cancer dans le cas des douleurs neuropathiques postzostériennes. a. Les Neuropathies liées au cancer (Annexe 6) Tout d’abord, la tumeur peut entraîner des complications par atteinte locorégionale ou métastatique, lésant le système nerveux localement ou à distance, par compression ou infiltration tumorale. On peut rencontrer ainsi, une atteinte des paires crâniennes, de racine(s), plexus (cervical, brachial, lombosacré...) et de nerfs périphériques. On observe également des neuropathies paranéoplasiques. Le syndrome paranéoplasique révèlerait le cancer dans près de 80% des cas (27). Parmi les plus classiques, on citera le syndrome de Denny-Brown (Neuropathie sensitive subaigüe paranéoplasique), le syndrome pseudo-occlusif, le syndrome de Lambert Eaton. Plus rarement, on observe des neuropathies d’origine carentielle ou métabolique. Il s’agit d’une polyneuropathie sensitive longueur dépendante. (Carences vitaminiques – B1/B12 ...) Enfin, en phase terminale de la maladie cancéreuse, des polyneuropathies sensitives longueur dépendante sont fréquemment observées, en lien avec une cachexie (favorisée par des facteurs neurotoxiques sécrétés par la tumeur elle-même). b. Les Neuropathies liées aux thérapies anti-cancéreuses La stratégie thérapeutique anticancéreuse s’articule autour de trois grands axes : la chimiothérapie (et les thérapies ciblées), la radiothérapie et la chirurgie qui peuvent induire des douleurs neuropathiques. Lorsque ces dernières se chronicisent – au-delà de 3 mois – chez des patients en phase de surveillance de leur cancer, on parle de douleurs neuropathiques séquellaires. 35 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Neuropathies iatrogènes chimio-induites Elles sont fréquentes et invalidantes. La neurotoxicité des chimiothérapies est difficilement contournable et dépend de la molécule utilisée ou des associations, de la dose administrée et de la durée du traitement. On distingue deux formes cliniques selon qu’il y a une atteinte des fibres de gros ou de petit diamètre. Il s’agit le plus souvent d’une polyneuropathie sensitive longueur dépendante (distale et symétrique). Une atteinte motrice et/ou du système nerveux autonome peuvent s’ajouter à ce tableau clinique. Les principaux agents cytotoxiques incriminés sont : - Bortézomib - Velcade® Dérivés du platine (cisplatine, oxaliplatine et à moindre degré carboplatine) Taxanes (placlitaxel, docétaxel, cabazitaxel) Thalidomide, et à degré moindre le lénalidomide - Revlimid® Vinca-alcaloïdes (vincristine, vinblastine, vindésine, vinorelbine) Eribuline - Halaven® Concernant les neuropathies iatrogènes après thérapies ciblées, d’utilisation récente, elles sont encore mal connues (rares polyneuropathies démyélinisantes avec cétuximab Ebitrux®- et neuropathies optiques avec le bévacizumab - Avastin®)(27). Neuropathies iatrogènes radio-induites La radiothérapie occupe une place primordiale dans la stratégie thérapeutique anticancéreuse. Aussi, le système nerveux périphérique est souvent inclus dans le champ d’irradiation, notamment dans les cancers du sein, du poumon et de la sphère génitourinaire. L’atteinte du système nerveux périphérique, le plus souvent par mécanisme de fibrose, expose à une symptomatologie douloureuse qui affecte la qualité de vie du patient. On distingue trois types d’atteintes : - Des lésions des nerfs crâniens (précoces ou tardives) Des plexopathies précoces (généralement réversibles) Des plexopathies tardives (notamment brachiale dans le cancer du sein , et lombosacrée dans les cancers gynécologiques) 36 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Neuropathies iatrogènes post-chirurgicales L’incision chirurgicale va inévitablement entrainée des lésions nerveuses, qui pourront être àl’origine de douleurs neuropathiques. Elles sont dominées par les douleurs post-mastectomie et post-thoracotomie. - - - - Douleurs post-mastectomie On distingue notamment les douleurs de la cicatrice, les névromes, les douleurs du sein fantôme et le syndrome douloureux post-mastectomie (SDPM). Selon les études, le SDPM concernerait de 25 à 60% des patients après mastectomie ou tumorectomie (28). Douleurs post-thoracotomie La douleur serait neuropathique pour la moitié des patients douloureux, notamment attribuée à la lésion d’un nerf intercostal (29). Douleurs post-amputation Ces douleurs concernent principalement les membres amputés (sarcomes ou mélanomes). Elles peuvent aussi se développer après une chirurgie d’organes, comme dans les douleurs de sein fantôme ou encore de rectum fantôme. Douleurs post-cervicotomie Le geste chirurgical expose au risque de lésion d’une branche du plexus brachial, pouvant se compliquer d’une douleur neuropathique, le plus souvent intense. c. Les Neuropathies associées au cancer : douleurs neuropathiques post-zostériennes Le zona est, chez des sujets déjà contaminés, la manifestation de récurrence du VZV (Virus-Varicelle-Zona), resté à l’état latent dans les ganglions des racines nerveuses rachidiennes sensitives postérieures et dans les ganglions sensitifs des nerfs crâniens. Aussi, la réactivation du VZV est, chez le patient cancéreux, favorisée par un contexte d’immunité cellulaire déficiente (traitement cytotoxique, immunosuppresseurs, etc…). Après cicatrisation et guérison, des algies post-zostériennes à caractère neuropathique, peuvent persister. En France dans la population générale, leur prévalence est estimée, selon les études, entre 12 et 28% (30–32). Elles concerneraient 25 à 50% des patients atteints de cancer (27). 37 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Ainsi, les douleurs neuropathiques, qui affectent les patients suivis en cancérologie, présentent souvent une étiopathogénie particulière. Néanmoins, elles répondent aux mêmes thérapeutiques générales. Nous n’exposerons pas dans notre travail les thérapeutiques antalgiques spécifiques du cancer (radiothérapie antalgique, cimentoplastie, embolisation endovasculaire, etc…). 1.4. Prise en charge thérapeutique des douleurs neuropathiques 1.4.1. Traitements pharmacologiques spécifiques des douleurs neuropathiques Le choix du traitement ne dépend pas de l’intensité des douleurs, mais doit prendre en compte différentes données : - la balance bénéfices/risques – sécurité d’emploi, en fonction des comorbidités, notamment psychiatriques (anxiété, dépression, troubles du sommeil) La vulnérabilité du patient pour certains effets secondaires Les contre-indications Le style de vie et la préférence du patient Les traitements associés Le coût du traitement 38 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Les principales molécules, utilisées dans le traitement des douleurs neuropathiques chez l’adulte, sont exposées synthétiquement dans le tableau ci-dessous, en précisant le niveau de preuve (Ndp), le grade de recommandation, l’AMM reconnue et le niveau de recommandation (intention) D’après les recommandations et avis de : SFEDT, EFNS Guideline, SFAR, AFSOS, ANSM, HAS TRAITEMENT Ndp GRADE de Recommandatio n AMM en Analgésie RECOMMANDATION Antidépresseurs tricycliques Amitriptyline (Laroxyl®) 1 A (dans plusieurs étiologies) Douleur Neuropathique périphérique En 1ère intention Imipramine (Tofranyl®) Clomipramine (Anafranyl®) Antidepresseurs IRSNAˀ 1 A (dans plusieurs étiologies) A (dans plusieurs étiologies) Douleur Neuropathique En 1ère intention Douleur Neuropathique En 1ère intention Venlafaxine (Effexor®) Duloxétine (Cymbalta®) 1 A (polyneuropathie sensitive) A (polyneuropathie diabétique) Pas d’AMM En 2ème intention Douleur neuropathique diabétique périphérique En 1ère intention (polyneuropathie douloureuse du diabète) En 1ère intention En 2ème intention/ En 1ère intention si crise douloureuses ou douleur inflammatoire associée En cas d’échec des traitements précédents 1 1 Antiépileptiques Gabapentine (Neurontin®) 1 A (dans plusieurs étiologies) Prégabaline (Lyrica®) 1 A (plusieurs étiologies) Douleur Neuropathique périphérique telle que Neuropathie diabétique et Névralgie postzostérienne Douleur Neuropathique périphérique et centrale Tramadol (Zamudol®- Topalgic®..) 1 A (polyneuropathie diabétique) Douleurs modérées à sévères Sulfate de Morphine/Oxycodone (Skénan®-Oxycontin®) 1 A (plusieurs étiologies) Douleurs persistantes intenses ou rebelles aux antalgiques de niveau plus faible, en particulier douleurs cancéreuses En 1ère intention Opiacés 39 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) TRAITEMENT Ndp GRADE de Recommandatio n AMM en Analgésie RECOMMANDATION Topiques Emplâtre de lidocaïne (Versatis®) 1 Patch de Capsaïcine 8% (Qutenza®) 1 En 1ère intention dans la DPZˀˀ (notamment chez le sujet âgé) A (douleur postDouleurs neuropathiques, Dispensation zostérienne et chez l’adulte non Hospitalière /Pas de Polyneuropathie du diabétique recommandation VIH) Recommandation Afssaps Juin 2010(33) A Douleurs intenses et/ou rebelles A (douleur Aigüe) En association à la morphine, hors AMM B (douleur Hors AMM neuropathique périphérique et centrale) A (douleur postzostérienne) Douleurs neuropathiques post-zostériennes Douleurs intenses chroniques Clonidine (Catapressan®) Ropivacaïne A (douleur neuropathique médullaire) C (douleur neuropathique) C (douleur neuropathique) A (Douleur Aigüe) Naropéine A (Douleur aigüe) Analgésie Intraveineuse Morphine Anesthésique local (lidocaïne, ropivacaïne) Kétamine (IV) Analgésie Intrathécale Ziconotide (Prialt®) Morphine 1 Hors AMM Hors AMM En association à la morphine) Hors AMM Hors AMM ˀIRSNA Inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline ˀˀDPZ douleur post-zostérienne / Les autres antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) sont souvent utilisés comme traitement de la douleur neuropathique hors AMM. Les autres traitements hors AMM sont réservés aux centres spécialisés dans la douleur comme traitement de recours après échec des autres thérapeutiques. Des blocs périphériques sont également utilisés pour le traitement des douleurs neuropathiques. Le plus souvent, ils sont réalisés avec des anesthésiques locaux, la lidocaïne ou des anesthésiques d’action plus prolongée tels que la bupivacaïne et la ropivacaïne, au niveau d’un tronc nerveux, d’un plexus ou en infiltration locale (cas de névromes par exemple). 40 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) D’autres traitements émergents sont également explorés actuellement (3,23) : - Toxine botulinique de type A en injection sous-cutanée. Des études monocentriques randomisées ont rapporté une efficacité dans la mononeuropathie douloureuse, la polyneuropathie douloureuse diabétique et la douleur post-zostérienne. - Cannabinoïdes (Sativex® et autres…) AMM en France en cours de validation pour la spasticité douloureuse de la SEP, et des essais cliniques dans la neuropathie périphérique. Les recommandations de la SFETD - Stratégies thérapeutiques – sont rappelées dans l’annexe 7. Les posologies recommandées, les principaux effets secondaires et précaution d’emploi (3) des traitements de 1ère et/ou 2nde intention sont repris dans l’annexe 8. Parmi les règles de prescription, il est recommandé de débuter par des posologies faibles, puis d’augmenter progressivement selon la tolérance et l’efficacité, avec une réévaluation régulière. Il faut également informer le patient quant à l’instauration des traitements pour une durée minimale de quelques mois. A partir des recommandations EFNS Guidelines de 2010 et des travaux de Finnerup en 2007, la figure suivante présente un algorithme dans la stratégie thérapeutique des douleurs neuropathiques. 41 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Algorithme de Traitements dans la stratégie thérapeutique des douleurs neuropathiques (34,35) 1 DOULEURS NEUROPATHIQUES PÉRIPHÉRIQUES Traitements de 1<rv ligne Douleurs post-zostériennes ou neuropalhle focale avec allodynie ~ Udocaïne (topique) 7à 4 patchs parjour Anti épileptiques non Monothérapie ou Antidépresseurs tricycliques Gabapentine (7200 à 3600mglj) Prégabaline (150 à 600mg(j) Amitriplyline lmipramine C!omipramine (25a 150mq/j) Traitements de 2 ôme ligne Autres antidépresseurs Duloxétine (60 a 720mg!j} Venlalaxine (750 a22Smg(j) Opioïdes forts Tramadol Thérapies combinées L’annexe 9 présente un algorithme, pour les thérapeutiques intrathécales, proposé par un consensus d’experts de l’International Neuromodulation Society (36). 42 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1.4.2. Traitements non-pharmacologiques a. Techniques neurochirurgicales Elles sont une alternative aux traitements conventionnels de la douleur neuropathique chronique, quand ces derniers s’avèrent inefficaces ou responsables d’effets secondaires. Alors que le diagnostic de douleur neuropathique est strictement clinique, ces techniques invasives ne peuvent s’envisager qu’après avoir établi un diagnostic étiologique et lésionnel précis. Cela impose en effet une reconnaissance de la localisation et du mécanisme générateur de la douleur, une estimation précise basée sur des techniques d’évaluation sensitive quantifiée, des explorations neurophysiologiques et une imagerie médicale. Le recours aux techniques neurochirurgicales s’intègre à une prise en charge globale, pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle avec notamment, un rôle primordial de l’évaluation psychologique. On distingue deux techniques majeures que sont la neurochirurgie ablative (ou d’interruption) et la neurostimulation (37–42). La neurochirurgie ablative correspond à la section sélective des fibres de petits calibres (Aδ et C) de la sensibilité douloureuse. Concernant la prise en charge des douleurs neuropathiques, elle est dominée par la drézotomie micro-chirurgicale. Introduite en 1972 par le Pr Sindou, le principe est de léser la zone d’entrée des racines postérieures de la moelle (Dorsal Root Entry Zone), au niveau de la jonction radicello-medullaire. En outre, il s’y associe une micro-coagulation de l’apex de la corne postérieure de la moelle, détruisant des neurones devenus hyperactifs par déafférentation. Les principales indications sont des douleurs radiculo-métamériques post-traumatiques, des avulsions du plexus brachial, des algies de plexopathies post-radiques. Les techniques de stimulation consistent à stimuler le système nerveux afin de renforcer les contrôles inhibiteurs (Théorie du Gate Control : inhibition des fibres de fin calibre au niveau de la corne dorsale de la moelle par la stimulation des fibres afférentes de gros calibres) Ces méthodes conservatrices, mini-invasives ont acquis une place importante pour le traitement de certaines douleurs neuropathiques. Elles exigent que le mécanisme neuropathique soit confirmé et secondaire à une pathologie non évolutive. Elles sont essentiellement dominées par : - la stimulation médullaire : on réalise une implantation d’électrodes percutanées ou par laminectomie à minima, permettant une stimulation épidurale au niveau des cordons postérieurs de la moelle. Les principales indications sont les radiculalgies 43 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) - - périphériques, la douleur post-amputation et lors d’un syndrome douloureux régional complexe. la stimulation du cortex moteur : on réalise l’implantation d’une électrode quadripolaire par voie extradurale au niveau du cortex moteur controlatéral à l’aire douloureuse. Elle est surtout proposée en cas d’impossibilité ou d’inefficacité de la stimulation médullaire. Cette technique est indiquée dans les douleurs neuropathiques réfractaires, notamment les plexopathies post-traumatiques, les douleurs neuropathiques post-amputation et lors de syndromes régionaux complexes. De nombreuses applications restent à explorer pour le traitement chirurgical des douleurs neuropathiques, notamment la stimulation nerveuse périphérique, ou encore la stimulation thalamique b. Neurostimulation transcutanée La TENS (de l’anglais Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation) est un dispositif médical conçu pour délivrer une stimulation électrique par l’intermédiaire d’électrodes adhésives appliquées sur la peau. Elle exerce son action selon le principe de la théorie du gate-control. On distingue essentiellement deux types de stimulations, celle dite « conventionnelle », la plus répandue qui utilise des fréquences élevées ou très élevées (70 à 100Hz) et de faible intensité, et celle dite « acupuncturale » qui utilise des stimulations de basse fréquence (25Hz) et d’intensité plus élevée. La neurostimulation transcutanée peut être utilisée si la topographie de la douleur est limitée, fixe, d’intensité modérée, et s’il reste un nombre suffisant de fibres myélinisées fonctionnelles. Aussi, le nerf sensitif lésé doit être accessible à la stimulation et donc situé à une profondeur maximale raisonnable (2cm). L’effet antalgique survient généralement après 15 min, et peut persister au-delà de la séance. Elle peut être prescrite de façon intermittente (3 à 4 séances de 30 à 60 minutes par jour) ou de façon continue avec des pauses dans la journée (23,43). Selon l’HAS (44), la stimulation transcutanée est surtout réservée aux douleurs chroniques neuropathiques de type périphérique. En 2009, elle a défini les indications et les modalités de prescription. La TENS doit être essayée et avoir diminué la douleur pour être prescrite. Elle ne peut être prescrit que par des médecins des centres d’évaluation et de traitement de la douleur, des médecins ayant un diplôme universitaire ou une capacité de douleur, et les médecins rééducateurs. Une fois la TENS prescrite par l’un de ces médecins, la prescription peut être renouvelée par le médecin généraliste. Les principales indications sont les lombalgies, les lombo-sciatalgies, les syndromes canalaires, les syndromes régionaux complexes douloureux, les douleurs post-opératoires. Cette thérapeutique peut être proposée en alternative ou en complément à un traitement médicamenteux des douleurs chroniques. 44 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) c. Médecine Physique et Réadaptation, techniques de rééducation Dans le cadre d’une prise en charge globale et pluridisciplinaire, la rééducation fonctionnelle peut apporter des bénéfices, aux patients souffrant de douleurs neuropathiques chroniques. L’objectif est de prévenir et de limiter les déficiences fonctionnelles, induite par les douleurs, pour améliorer l’autonomie du patient et sa qualité de vie. Ainsi, des professionnels, tels que les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les ostéopathes peuvent intervenir sur l’évolution douloureuse grâce à une rééducation sensitive, à l’utilisation de moyens de suppléance (orthèse, immobilisation segmentaire, décharge d’appui), à la lutte contre l’amyotrophie, contre les attitudes vicieuses, ou encore la raideur ostéo-articulaire, tendino-musculaire (contexte de déficit moteur associé, sousutilisation du membre douloureux, position antalgique…) d. Les thérapeutiques complémentaires et le bien-être mental Les techniques psychocorporelles, telles que la relaxation, la sophrologie, l’hypnoanalgésie, le toucher thérapeutique, peuvent être utilisées afin de réduire l’anxiété et l’hypertonie qui constituent des facteurs d’aggravation de la douleur neuropathique. Ces techniques peuvent être utilisées de façon complémentaire, bien qu’elles n’aient pas fait la preuve d’une efficacité (45,46). Par ailleurs, l’évolution de la douleur est en partie dépendante des conséquences sociales, familiales, et professionnelles associées. Aussi un soutien psychologique ou une thérapie cognitive et comportementale peuvent être proposés, notamment pour permettre au patient d’acquérir de nouvelles défenses face à la douleur (approche éducative et pédagogique), d’augmenter le sentiment de contrôle de sa douleur, ou encore pour prévenir un effondrement anxio-dépressif. Il semble important de rappeler que l’ensemble de ces techniques doit s’envisager en parallèle des autres thérapeutiques médicales, et non comme un recours lorsque toutes les autres méthodes ont échoué.(43,47) 45 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2. Patch à Haute concentration de capsaïcine 2.1. Données réglementaires et indications Le patch de capsaïcine 8% est commercialisé en France par le laboratoire Astellas, sous le nom commercial Qutenza®. La Commission européenne a délivré une autorisation de mise sur le marché valide dans toute l’Union Européenne pour Qutenza®, le 15 mai 2009 (48). La commercialisation en France est effective depuis juin 2011, soit depuis bientôt 3 ans. Le patch à haute concentration de capsaïcine est indiqué dans le traitement des douleurs neuropathiques périphériques chez les adultes non diabétiques. Il peut être utilisé seul ou en association avec d’autres médicaments antalgiques, et l’HAS précise qu’il doit être réservé aux patients en échec aux traitements conventionnels (48,49). Il doit être prescrit par un médecin spécialiste de la douleur, administré au cours d’une hospitalisation, par des professionnels ayant reçu une formation théorique et pratique quant à sa manipulation et son administration. Coût du traitement Un patch à la capsaïcine coute environ 240€ TTC. Néanmoins, il ne faut pas retenir ce tarif comme « coût réel » aujourd’hui. En effet, la mise en place du patch se fait au cours d’une hospitalisation de jour, s’intégrant dans une tarification à l’activité (T2A). Un diagnostic principal est coté à partir de la CIM-10 (10ème révision de la Classification Internationale des Maladies). D’ailleurs, des modifications ont été introduites en 2013, avec la création d’une extension de la sous-catégorie R.52.1, intitulée « douleur chronique irréductible », afin de distinguer les douleurs neuropathiques des autres douleurs chroniques irréductibles. Ainsi, on trouve aujourd’hui les codages R52.10 pour « Douleur neuropathique » et R52.18 pour « Douleurs chroniques irréductibles, autres et non précisées » (50,51). Ce diagnostic est associé à un GHM (Groupe Homogène de Malades) 01M21T : « Douleurs chroniques rebelles, très courte durée », lui-même directement lié à un GHS (Groupe Homogène de Séjours) fixant un tarif d’environ 450€. Cette tarification correspond à la somme perçue par l’établissement pour l’administration de ce traitement. Il importe de préciser que Qutenza®, est dit « en sus de la T2A », c’est-à-dire non remboursé par la sécurité sociale, restant donc à la charge de l’établissement. Aussi, cette somme est supérieure au coût de deux patchs faisant que la “rentabilité” de cette approche thérapeutique risquerait d’être discutée dans certains établissements. Concernant le centre 46 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Léon Bérard, il a été calculé une posologie moyenne de 1,4 patchs par patients (52), soit à priori, un bilan positif financièrement… 2.2. Mécanisme d’action Il semble important de rappeler, qu’à ce jour, le(s) mécanisme(s) d’action de la capsaïcine, pour le traitement des douleurs neuropathiques n’est pas clairement élucidé. La capsaïcine, ou 8-méthyl-N-vanillyl-6-nonénamide, est issue de la plante du genre capsicum et constitue le principe actif du piment, représentant une molécule unique parmi les irritants naturels. Identifiée dès le début du 19ème siècle, synthétisée chimiquement dans les années 30, il s’agit d’une molécule lipophile, pouvant diffuser à travers les membranes cellulaires. Appliquée localement à forte dose, elle induirait une excitation des nocicepteurs cutanés exprimant le TRPV1- Transient Receptor Potential Vanilloid 1- ce qui cliniquement correspondrait à la sensation de brûlure à l’application et la survenue d’un érythème. Cette hyperstimulation des récepteurs TRPV1, un canal cationique non-sélectif, induirait alors la déplétion des neurotransmetteurs excitateurs des fibres C, effet dit de désensibilisation. En conséquence, les nocicepteurs cutanés deviendraient moins sensibles à une variété de stimuli, diminuant ainsi les réponses nociceptives et permettant donc un soulagement de la douleur. 2.3. Description du produit et conditions d’utilisation Le patch à haute concentration de capsaïcine, à usage unique, se présente sous la forme d’un fin film transparent de 14x20cm (280cm²), contenant 179mg de capsaïcine, synthétisée chimiquement, et contenu dans des microréservoirs, permettant le découpage de celui-ci avec un risque limité d’aérosolisation de la substance active. Il doit être appliqué sur les zones cutanées les plus douloureuses, en utilisant jusqu’à 4 patchs au maximum. Les patchs ne doivent pas être appliqués près des yeux et des muqueuses. L’aire cutanée, correspondant à la zone d’application, doit être intacte, nonirritée et sèche. Elle est déterminée par le médecin prescripteur grâce à l’examen physique, et délimitée par un marquage au crayon, sur la peau. La durée d’application est de 30 minutes sur les pieds et de 60 minutes pour les autres parties du corps. Le traitement peut être renouvelé tous les 90 jours si la douleur persiste ou réapparaît. 47 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) La manipulation du produit, par les professionnels de santé, doit se faire avec des gants en nitrile. Au retrait, la peau est nettoyée avec le gel nettoyant fourni (pendant au moins 1minute), puis la zone traitée est lavée à l’eau et au savon. Prise en charge de la douleur liée à l’application Un prétraitement par anesthésique local (lidocaïne crème) n’est plus systématiquement recommandé (accord de la commission européenne du 13/03/2013). Un antalgique par voie orale (tramadol) peut également être proposé. Après le retrait du patch cutané, les mesures de refroidissement local (glace) sont un moyen efficace de soulager la douleur induite par le traitement. En outre, une surveillance de la tension artérielle est recommandée pendant le protocole d’application, du fait d’un « risque d’élévation transitoire de la pression artérielle due au stress potentiel induit par l’application ». Information, éducation du patient La zone traitée peut être sensible, pendant quelques jours, à la chaleur, à l’eau chaude, à la lumière directe du soleil et lors d’un exercice physique intense. Des précautions doivent donc être données au patient (préférer un drap léger à une couverture, utiliser uniquement de l’eau tiède pour la toilette, ne pas exposer la zone traitée au soleil, proscrire les activités physiques intenses) Contre-indications, pharmacocinétique et sécurité préclinique Une hypersensibilité à la capsaïcine ou à l’un des excipients (notamment le gel nettoyant) contre-indique ce médicament. Le passage systémique de la capsaïcine est faible et transitoire. La concentration plasmatique maximale de capsaïcine, retrouvée chez les sujets traités, était de 4,6ng/ml avec un pic survenant environ 20 minutes après le retrait du patch et une demi-vie d’élimination moyenne de 130 minutes. Ainsi, aucune interaction médicamenteuse n’est retenue et aucune adaptation de dose n’est requise en cas d’insuffisance rénale ou hépatique. Les données de sécurité préclinique, issues des études conventionnelles de pharmacologie et de toxicologie (en administration unique et répétée), n’ont pas révélé de risque particulier pour l’homme. Aussi, aucune réduction de la sensibilité neurologique liée au traitement, évaluée par des tests quantitatifs de la sensibilité et des examens neurologiques, n’a été observée lors des essais cliniques, chez les patients souffrant de douleurs neuropathiques. Néanmoins, il a été observé des réductions mineures de la détection de la chaleur (1°C à 2°C) et de la sensibilité aux objets pointus au site d’application chez des volontaires sains : ces effets étaient temporaires. 48 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2.4. Principaux résultats d’efficacité et tolérance Etudes Pivots Le groupe Astellas, qui commercialise Qutenza®- seul patch à haute concentration de capsaïcine disponible en France - a présenté douze études de phase 2 ou 3, quatre études non comparatives et huit études comparatives, randomisées en double aveugle, pour évaluer l’efficacité et la tolérance du médicament. Parmi ces dernières, cinq études ont été réalisées chez des patients présentant des douleurs neuropathiques post-zostériennes (PHN) et 3 études dans le cadre de douleurs neuropathiques liées au VIH (HIV-AN). Les patients « témoins » ont reçu un patch à faible concentration de capsaïcine (0,04%), pour maintenir le double aveugle. Le critère de jugement principal était le changement du score moyen de la douleur, évalué selon l’échelle NPRS (échelle numérique de la douleur cotée de 0 à 10). 50 à 70% des patients suivaient un traitement concomitant (Antidépresseurs/Antiépileptiques/Opioïdes) et celui-ci n’était pas modifié pendant toute l’étude. Le pourcentage de changement du score NPRS était compris entre -29,6% et -36,5% dans le groupe PHN, et entre -24,7% et -32,8% dans le groupe HIV-AN. En valeur absolue, le changement, statistiquement significatif était de l’ordre de -1,5 à -1,7 points par rapport à l’inclusion, mais non cliniquement pertinent (une modification d’ au moins 2 points sur l’échelle NPRS est considérée comme cliniquement pertinente(53)). Considérant l’ensemble de ces données, L’EMA a demandé une méta-analyse post-hoc de l’ensemble des résultats de ces études et octroyé l’AMM, en concluant que l’efficacité dans la douleur post-zostérienne semble limitée bien que réelle et moins évidente dans les douleurs liées au VIH (48,49). En outre, les données de tolérance sont acceptables, avec des effets indésirables légers à modérés au site d’application et transitoires. Ainsi, aux vues des données de tolérance et d’efficacité, la commission de transparence précise que le rapport bénéfices/effets indésirables est modeste et le service médical rendu modéré : le traitement par Qutenza® doit être réservé aux patients en échec de traitements conventionnels des douleurs neuropathiques autres que diabétiques, et administré en centre spécialisé dans la prise en charge de la douleur (49). Etudes en pratique Clinique Deux posters, présentés en juin 2012, lors du 7ème Congrès de recherche de l’Association européenne de médecine Palliative, exposent les 1ers résultats d’efficacité d’un patch à 49 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) haute concentration de capsaïcine chez des patients cancéreux présentant des douleurs neuropathiques. Dans la 1ère étude - Poster P465 - (54), 23 patients ont été inclus : 14 patients présentaient des douleurs neuropathiques induites par une chimiothérapie, 8 des douleurs neuropathiques localisées secondaires à une chirurgie carcinologique et pour 1 patient des douleurs post-zostériennes. Le niveau de douleur était évalué à partir d’une échelle à 11 points (Pain Detect Questionnaire) et le retentissement grâce à une échelle d’impression clinique globale. Ainsi, la réduction du score NPRS, à 8 semaines, était supérieure à 90% pour 12 patients et particulièrement dans le cas des douleurs neuropathiques chimio-induites (10 des 12 patients). L’analgésie était signalée après 24h et maintenue. Il a été observé une augmentation ou reprise des activités, ainsi qu’une réduction significative des traitements concomitants. La seconde étude - Poster P466 - (55) a observé 16 patients présentant des douleurs neuropathiques chimio-induites. Le temps d’application était de 30 min. Les critères d’évaluation étaient les mêmes que pour l’étude présentée ci-dessus. Aux semaines 4 et 8, il a été observé une réduction du score de douleur ≥90% pour 12 patients (75%), et une réduction ≥50% pour 14 patients (87,5%). Ces premiers résultats, après traitement d’une population suivie en cancérologie, semblent prometteurs et encourageants. Nous allons à présent vous présenter les nôtres. 50 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) DEUXIEME PARTIE : ETUDE RETROSPECTIVE et OBSERVATIONNELLE Mise en place, Tolérance et Efficacité d’un 1er traitement par patch à haute concentration de capsaïcine chez 22 patients suivis en cancérologie et présentant des douleurs neuropathiques périphériques chroniques 51 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1. Objectifs et Méthodologie 1.1. Objectifs et hypothèse L’objectif principal de notre étude est d’évaluer la tolérance et l’efficacité d’un 1er traitement par patch à haute concentration de capsaïcine chez des patients suivis en oncologie présentant des douleurs neuropathiques périphériques chroniques. L’hypothèse de notre travail est qu’il existe une bonne tolérance et une efficacité satisfaisante d’un traitement par patch à haute concentration de capsaïcine. L’impression générale recueillie auprès de l’équipe de l’unité d’évaluation et de traitement de la douleur est-elle en adéquation avec les résultats que nous avons obtenus? Au travers de cette étude observationnelle, nous avons pour objectif secondaire de porter un regard sur la pratique médicale. Quelles thérapeutiques spécifiques ou non sont mises en place ? Peut-on identifier une population cible, plus spécifiquement éligible pour ce traitement? Quelle peut être la place du médecin généraliste dans cette prise en charge spécifique ? Intérêts A ce jour, il n’y a quasiment pas de travaux évaluant le traitement par patch à haute concentration de capsaïcine en pratique clinique et dans des étiologies autres que les douleurs neuropathiques post-zostériennes ou liées au VIH. 1.2. Matériels et méthode 1.2.1. Type d’étude et inclusion des patients Nous avons réalisé une étude rétrospective mono-centrique descriptive et observationnelle au centre régional de cancérologie de LYON, le centre Léon Bérard (CLB). 52 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Le centre est labélisé par l’ARS (Agence Régionale de Santé) comme structure de prise en charge de la douleur chronique, en lien avec le Centre d’évaluation et de traitement de la douleur des Hospices civils de Lyon. 1.2.2. Recrutement des patients L’ensemble des patients de notre étude a été initialement pris en charge, au centre Léon Bérard, dans le cadre d’une pathologie tumorale. Les patients étaient suivis par l’équipe médicale de l’unité de traitement et d’évaluation de la douleur. Cette dernière est rattachée au Département Interdisciplinaire de Soins de Support du Patient en Oncologie (DISSPO). L’équipe médicale est constituée de trois médecins spécialisés en « douleur-analgésie » (Capacité ou DESC Douleur), de deux infirmières diplômées d’état avec une formation spécifique en douleur, l’une infirmière référente, la seconde infirmière « ressource » en douleur, selon le référentiel établi par la commission infirmière de la SFETD (56,57). En plus de cette équipe, un groupe de professionnels se réunit chaque semaine dans le cadre d’une consultation pluridisciplinaire à orientation médico-psychologique (oncologue/algologue/psychologue/infirmière) et tous les quinze jours à l’occasion d’une consultation de recours (médecin analgésie-douleur/neurologue/infirmière). Enfin, un staff pluridisciplinaire hebdomadaire permet une discussion des dossiers courants au fil de l’eau. Au centre Léon Bérard, l’activité globale annuelle de l’unité d’évaluation et de traitement de la douleur est d’environ 1200 consultations externes, auxquelles s’ajoutent 600 hospitalisations. Parmi les patients suivis, pour les 2/3 environ, il s’agit de douleurs en phase évolutive de la maladie cancéreuse et pour 1/3 des douleurs en phase de surveillance, rémission ou guérison. Par ailleurs, des plages de consultations sont disponibles chaque jour, avec un délai d’attente estimé entre 2 et 3 semaines et selon la demande, une consultation douleur en urgence peut être organisée. 53 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) a. Critères d’inclusion Tous les patients pris en charge par l’unité de traitement et d’évaluation de la douleur, souffrant de douleurs neuropathiques périphériques chroniques et recevant un premier traitement par patch à haute concentration de capsaïcine, étaient éligibles. La pathologie tumorale initiale devait être au stade de surveillance,rémission ou guérison, initialement et jusqu’au 3ème mois de suivi. Période définie : de la 1ère application réalisée au centre Léon Bérard, soit le 20 octobre 2011 (commercialisation en France depuis le 23/06/2011) à mars 2013. Nous avons donc consulté les dossiers jusqu’en juin 2013, correspondant à l’évaluation à 3 mois du dernier patient inclus. En réalité, notre période d’étude initiale a été plus longue, jusqu’à août 2013.En effet, notre objectif initial était d’évaluer les patients après une première puis une deuxième application d’un patch de capsaïcine 8%. b. Critères d’exclusion Maladie tumorale non-stabilisée (récidive / rechute) Patients perdus de vue après l’application Patients, traités par patch à haute concentration de capsaïcine, dont le recueil de données était insuffisant pour l’exploiter. 1.2.3. Méthode a. Recueils des données Une première lecture de 5 dossiers a été réalisée, afin de définir les critères généraux et spécifiques à colliger pour chaque fiche individuelle. Les données sociodémographiques, cliniques et thérapeutiques ont été recueillies de façon rétrospective à partir des dossiers médicaux informatisés des patients. Pour l’essentiel, ces données ont été extraites des comptes rendus de consultation douleur, mais nous avons également consulté les courriers et comptes rendus de consultation 54 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) d’intervenants spécialistes (oncologues, radiothérapeutes, etc.) du centre Léon Bérard ou de médecins extérieurs. Concernant les traitements antalgiques, nous nous sommes également appuyés sur les ordonnances électroniques et les observations des psychologues, kinésithérapeutes, ostéopathes, sophrologues. Toutes ces données ont été relevées sur une fiche individuelle pour chaque patient et transcrites sur le logiciel Excel®. b. Critères relevés Profil des patients - Age, sexe, classe socioprofessionnelle du patient Antécédents personnels : pathologie tumorale, antécédents généraux Date du début de la prise en charge par « l’équipe douleur » Etiologie et localisation des douleurs neuropathiques Existence de douleurs nociceptives associées Score DN4 lors de la prise en charge initiale et avant l’application du patch Traitements antalgiques en cours au moment de l’application Tolérance et effets secondaires du traitement Le jour du traitement : conformément aux conditions de prescription et de délivrance, une hospitalisation de jour est organisée, dont la chronologie est la suivante. - accueil du patient - Consultation médicale au cours de laquelle le traitement (patch à haute concentration de capsaïcine) est prescrit, puis le tracé de la zone à traiter est dessiné au crayon chirurgical, par le médecin, sur le corps du patient. - Soins infirmiers réalisés par l’Infirmière référente douleur : prise des constantes (TA, EVA), protocole d’application (habillage et protection spécifique, nettoyage, lavage, prétraitement), thérapeutiques adjuvantes analgésiques ou liées aux effets indésirables. Les infirmières, prenant en charge les patients lors de l’hospitalisation de jour, ont reçu une formation spécifique concernant les précautions d’utilisation du patch à haute concentration de capsaïcine, et les informations de sécurité à donner au patient. Aussi, l’hypnoanalgésie, proposée pendant l’application, est réalisée par l’infirmière, formée spécifiquement à cette technique. 55 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) L’infirmière référente douleur assurait ensuite un suivi téléphonique à J1/J2 et J8 de l’application pour évaluer la tolérance du traitement, la persistance et/ou l’apparition d’effets secondaires, la prise de médicaments adjuvants et/ou l’utilisation de glace sur la zone traitée. Efficacité du traitement De façon systématique, il était programmé des consultations de suivi à 1, 2 et 3 mois du traitement par patch à haute concentration de capsaïcine : - Score EVA pendant la période de suivi à 1, 2 et 3 mois du traitement. - Traitements pharmacologiques et thérapeutiques non-médicamenteuses suivis aux différents temps d’évaluation - Retentissement sur la surface concernée, pourcentage de soulagement, intensité et fréquence des crises - Retentissement sur les activités, la thymie 56 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2. Résultats 2. 1. Profil des patients Sur la période définie, les dossiers de 28 patients ont été exploités. Le manque de données était trop important pour 6 patients, que nous n’avons pas pu retenir. Parmi eux, 2 patients ne souhaitaient pas renouveler le traitement en raison de la douleur induite par l’application. Pour 2 de ces 6 dossiers, nous pouvons néanmoins apporter quelques précisions. Pour un patient, l’application du patch a été un véritable échec, avec une douleur rapportée insupportable. Il a refusé toute évaluation, et a manifesté une grande agressivité envers le personnel soignant qui le prenait en charge. Il n’a pas souhaité se rendre aux consultations de suivi. Un autre patient, chez qui les données recueillies étaient partielles, a bénéficié, dès la 2ème semaine après l’application du patch, de cures de kétamine par voie intraveineuse. L’amélioration des douleurs était clairement associée à ce second traitement. Aussi, ce dossier ne présentait pas d’intérêt pour notre étude. 22 patients ont donc finalement été retenus Parmi ces 22 patients, 8 patients ont eu une 2ème application d’un patch à haute concentration de capsaïcine. Nous ne pouvions exploiter que 4 dossiers ; nous avons donc décidé de ne pas présenter ces résultats, l’effectif minime ne permettant pas une interprétation constructive. 2.1.1 Caractéristiques démographiques a. Sexe 19 femmes (86%) 3 hommes (14%) 57 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) b. Age Figure 1 Répartition selon l'âge 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 9 2 0 4 7 <25 de 25 à de 41 à de 51 à 65 ans ans 40 ans 50 ans 64 ans et + L’âge moyen du panel étudié est de 55,6 ans, avec 16 patients (73%) âgés de plus de 50 ans. La moitié des patients (11 Patients) ont un âge compris entre 40 et 60 ans. 58 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) c. Classe socio-professionnelle Figure 2 Les classes d’un niveau socio-professionnel plus bas (ouvriers, employés, autres inactifs) sont majoritaires (10 patients sur 22, soit 45%). On retrouve en proportion équivalente les retraités (6 patients, soit 27,5%) et les classes d’un niveau socioprofessionnel favorisé (artisan, cadre, profession intermédiaire). 59 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2.1.2 Caractéristiques pathologiques générales a. Comorbidités Aucun patient n’était diabétique. 4 dysthymies avérées ont été retrouvées. (3 syndromes dépressifs majeurs et 1 trouble anxieux généralisé) Aucune insuffisance rénale n’a été recensée dans les antécédents des patients suivis. b. Pathologie tumorale primitive des patients inclus (secondairement suivis par la « consultation Douleur ») Figure 3 Pathologie Tumorale Primitive Le cancer du sein est le premier cancer observé parmi le panel. Il représente 45% de toutes les étiologies. 60 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) c. Douleurs nociceptives associées 13 patients, soit 59%, présentent des douleurs nociceptives. Typologie douloureuse recensée : Troubles musculo-squelettiques (12) / Douleurs abdominales (2) / Lymphœdèmes (2) 2.1.3 Résultats concernant les douleurs neuropathiques du panel a. Etiopathogénie des douleurs neuropathiques Tous les patients présentaient des douleurs neuropathiques périphériques. On retrouve une mononeuropathie/plexopathie pour tous les patients : - pour 19 patients (86%), ces douleurs surviennent après une chirurgie, et pour deux d’entre eux s’y associe un mécanisme compressif. - pour 3 patients, ce sont des douleurs neuropathiques post-zostériennes. En outre, nous avons recensé un traitement par radiothérapie externe pour la moitié des patients et 10 patients (45%) ont bénéficié d’une chimiothérapie anti-cancéreuse. Ces thérapies n’ont pas été considérées par les médecins comme participantes aux douleurs neuropathiques identifiées, sauf pour un patient où la radiothérapie a été estimée comme possiblement aggravante. 61 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) b. Localisation des douleurs neuropathiques Figure 4 On retrouve une seule localisation douloureuse pour 8 patients (36%), 2 localisations pour 12 patients (55%) et 3 localisations distinctes pour 2 patients (9%). Parmi les 38 localisations identifiées, le thorax (31,6%) et le membre supérieur sont les plus représentés. 62 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) c. Diagnostic clinique de douleurs neuropathiques Outil de dépistage DN4 Lors de la prise en charge initiale des patients (1ère consultation avec l’équipe Douleur), on retrouvait un score DN4 moyen de 5,8/10, avec un intervalle allant de 3 à 9. Juste avant la 1ère application d’un patch à haute concentration de capsaïcine, le diagnostic de douleur neuropathique est retrouvé pour tous les patients, avec un score DN4 moyen de 6/10 et un intervalle allant de 4 à 9. d. Intensité douloureuse basée sur l’EVA des patients Le score EVA moyen du panel étudié est de 35,3/100 (en mm), juste avant l’administration d’un traitement par patch à haute concentration de capsaïcine. L’EVA moyenne du panel au début de la prise en charge par l’équipe Douleur était de 44,2/100, soit une réduction moyenne du score EVA de 20%. 63 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) e. Délai depuis le début de la prise en charge par l’équipe Douleur Nous exposons ici l’intervalle de temps écoulé entre la 1ère prise en charge par l’équipe Douleur et le recours à la thérapeutique étudiée dans notre travail. Figure 5 Parmi les 22 patients retenus dans notre étude, un traitement par patch à haute concentration de capsaïcine a été proposé dans un délai de moins d’1 an pour 13 patients. Le délai fut supérieur à 2 ans pour 5 patients. Le délai moyen depuis le début de la prise en charge était de 16,6 mois avec une médiane calculée à 10 mois. 64 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2.1.4 Analyse des traitements antalgiques a. Traitements spécifiques des douleurs neuropathiques (En cours au moment de l’application du patch à la capsaïcine) Figure 6 1 patient reçoit un traitement opioïde (morphine) dans le cadre de douleurs fantômes. 18 des 22 patients (82%) sont traités par des applications de patch(s) à la lidocaïne. Plus de la moitié des patients (54%) suivaient un traitement antiépileptique, 45% (10/22P) prenaient un IRSNA et seulement 18% étaient traités avec un antidépresseur tricyclique. 65 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) b. Association de traitements spécifiques des douleurs neuropathiques (Au moment du 1er Qutenza) Figure 7 19 patients (86%) associent neuropathiques. au moins 2 traitements spécifiques des douleurs 1 patient n’a pas de traitement spécifique. L’anamnèse retrouve pour ce patient la prise antérieure de tramadol, d’antiépileptique (Prégabaline et clonazépam) et de lidocaïne (patch). Ces différents traitements ont été interrompus pour inefficacité et/ou intolérance. A plusieurs reprises, on pouvait relever « patient réticent aux propositions thérapeutiques ». On retrouve donc une moyenne de 2,4 traitements spécifiques des douleurs neuropathiques par patient. 66 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) c. Autres antalgiques en cours Paracétamol : pour 10 patients dont 6 présentaient des douleurs nociceptives associées. AINS/Corticoïdes : pour 1 patient qui présentait des douleurs nociceptives associées. Aucun patient ne prenait de lamaline, ni de paracétamol codéïné. d. Traitement non-pharmacologique en cours (avant la 1ère application du patch à Haute concentration de capsaïcine) Figure 8 7 patients ( 32%) ne suivent aucun traitement médical non-pharmacologique en association aux médicaments. Pour 10 patients (45%), on retrouve une seule thérapeutique non-pharmacologique, et 5 patients (23%) en suivent au moins 2. En moyenne, on retrouve donc 0,9 traitement non-pharmacologique par patient. 67 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) L’hypnoalnalgésie est le traitement le plus souvent prescrit au début de l’étude avec 6 patients concernés (27%). Les 4 patients prise en charge en kinésithérapie présentaient squelettiques, de même que les six patients suivis en ostéopathie. des troubles musculo- Aucun patient n’est suivi en sophrologie avant le T0 (1ère application du patch). Seulement 1 patient bénéficiait d’un soutien psychologique au Centre Léon Bérard. 2.2. Protocole d’application du patch à haute concentration de capsaïcine – Mode d’administration – Tolérance et effets indésirables. 2.2.1. Déroulement du protocole a. Prétraitement Dans notre étude, tous les patients ont été prétraités avec une crème à base de lidocaïne à 4% pendant 2 heures. b. Durée d’application Le patch à haute concentration de capsaïcine est appliqué pendant 60 minutes. Il n’y a eu aucun retrait prématuré du patch parmi le panel étudié, le temps total d’application a été de 60 minutes pour les 22 patients. 2.2.2. Tolérance du traitement a. La tension artérielle 3 Patients étaient suivis pour une hypertension artérielle, équilibrée sous traitement. La Tension Artérielle (TA) était contrôlée avant, pendant et après le retrait du patch. Tous les patients présentaient une TA non-pathologique ( < 140/90), au moment de l’application. Aucune variation significative de la TA n’a été relevée lors de la procédure d’application. 68 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) b. Evolution de l’EVA au cours du protocole L’évaluation est réalisée par l’infirmière et consignée dans le dossier médical informatisé (DPI) : - au début (EVA T0), après prétraitement par topique analgésique (EVA T+lidocaïne), à 30 minutes après le début de l’application du patch à haute concentration de capsaïcine (EVA T30’), au moment du retrait (EVA retrait), et à 1h après le retrait (EVA H+1). 69 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Evolution de l’EVA après Prémédication – Figure 9 DM : Données manquantes Il n’y a eu aucune modification du score EVA pour 9 patients (41%). Il y a eu une diminution modérée, inférieure à 20 points sur l’échelle EVA pour 5 patients (23%). 6 patients (27%) ont rapporté une diminution de la douleur d’au moins 20 points sur l’échelle EVA. On retrouve une diminution du score EVA supérieure à 30% pour 9 patients (41%). 1 patient a déclaré une majoration du score EVA après prétraitement, cependant inférieure à 10 points. Les données EVA après lidocaïne étaient manquantes pour 1 patient. Le score moyen d’EVA est passé de 35,3 à 19,2 mm après le prétraitement local par lidocaïne à 4% , soit une réduction moyenne de 46%. 70 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Evolution de l’EVA après 30 minutes d’application – Figure 10 Le temps de référence correspond à l’EVA recueillie auprès du patient au moment de son accueil. Le score moyen EVA a augmenté de 66,9% à 30minutes du début de l’application du patch à haute concentration (EVA 35,3 /58,6). 17 patients (77%) ont rapporté une majoration des douleurs, avec une augmentation moyenne de 114% (EVA 29,3 / 63,1). Pour 5 patients (23%), le score EVA ne dépasse pas celui déclaré lors de l’accueil, avec une diminution moyenne de 19% (EVA 55,6 /45) . 71 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Evolution de l’EVA après 60 minutes (retrait du patch) – Figure 11 DM : Données manquantes Le score EVA pour le panel observé a augmenté en moyenne de 20,5% (EVA 35,3/42,6). Pour 11 patients (50%), l’EVA recueillie au retrait du patch ne dépasse pas le score évalué à l’accueil. On retrouve pour ces 11 patients une diminution moyenne de 33% du score EVA (EVA 45,9 / 28,8). Pour 10 patients, le score EVA a augmenté depuis le début de l’hospitalisation de jour, avec une augmentation moyenne de 33,5 mm et de 136% (EVA 24,2/57,7). Les données sont manquantes pour 1 patient. 72 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Evolution de L’EVA 1 heure après le retrait – Figure 12 DM : Données manquantes Il n’a pas été observé de majoration de l’EVA comparativement au début de la prise en charge pour 13 patients (59%du panel, mais 72% pour les données recueillies), avec une diminution moyenne du score EVA de 53% (EVA 37,6/ 17,8). Le score EVA moyen augmente pour 5 patients, avec une augmentation moyenne de 69% (EVA 28.6/48,4). Les données de recueil étaient manquantes pour 4 patients. 73 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Evolution globale du score EVA au cours du protocole d’application du patch à haute concentration de capsaïcine – Figure 13 Au total, la douleur est maximale à 30 min après le début de l’application du patch à haute concentration de capsaïcine. Le score EVA pour le panel observé est passé de 35,3 à 26,3/100, soit une diminution moyenne de 26%. c. Thérapeutiques de recours Pendant l’application ou juste après le retrait, les patients pouvaient bénéficier de mesures antalgiques adjuvantes si besoin. On retrouve ainsi : Hypnoanalgésie pour 8 patients, réalisée pendant l’heure d’application du patch. Traitement médicamenteux pour 16 patients (72%). Paracétamol (seul) pour 11 patients Tramadol (seul) pour 4 patients Paracétamol + Tramadol pour 1 patient 74 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Aucun patient n’a reçu d’opioïdes forts. Un seul patient a eu recours au paracétamol au domicile pour soulager la douleur induite par le traitement. Glace Juste après le retrait du patch et le nettoyage de la zone traitée (selon le protocole recommandé), tous les patients ont bénéficié d’une l’application locale de glace, méthode de refroidissement recommandée et validée par l’ANSM. 14 patients ont poursuivi cette application au domicile, pendant les 24 premières heures. Au total, 6 patients (27%) ont eu uniquement une application locale de glace, 8 patients ont eu recours à un traitement adjuvant, 7 patients à deux traitements adjuvants et 1 patient à trois thérapeutiques distinctes (paracétamol/tramadol/hypnoanalgésie). Relation entre l’intensification de la douleur liée au traitement par patch à haute concentration de capsaïcine et thérapeutiques proposées pendant le protocole Figure 14 : Intensité douloureuse pendant le protocole et consommation d’antalgiques Les thérapeutiques médicamenteuses de recours n’ont pas permis, a priori, de diminuer la douleur induite par le patch à haute concentration de capsaïcine. Le niveau de douleur (score EVA) au moment du retrait était plus élevé pour les patients ayant eu recours à des thérapeutiques adjuvantes, + 14 mm sur l’EVA, comparativement à 75 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) ceux n’ayant utilisé que la glace. Aussi, leur niveau de douleur est resté plus élevé, une heure après, que le groupe « glace seule ». 2.2.3. Effets indésirables observés D’après les données recueillies, 16 patients (73%) ont présenté des effets secondaires liés au traitement. Un érythème au site d’application est observé pour 8 patients (36%), avec 4 érythèmes légers, 3 modérés et un érythème sévère. Il persiste un érythème léger pour 4 patients au domicile, évènement totalement résolu à 1 semaine de l’application. Au total, des sensations de brûlures ont été rapportées par 4 patients, le jour du protocole, et retrouvées au domicile. Ces brûlures s’amendent totalement au 8ème jour après application. On retiendra pour 1 patient la survenue d’une ecchymose au site d’application qui se résoudra en 10 jours. Des nausées ont été relevées pour 3 patients, qui ont eu recours à 1 antiémétique pendant le protocole d’application. Néanmoins, on peut remarquer qu’ils avaient également eu recours au tramadol pour soulager la douleur induite par le patch, et on ne peut exclure que les nausées soient imputables à ce traitement. Il n’a pas été retrouvé de sensations de picotement, d’allergie, ni vomissements. Aucun effet secondaire grave lié au traitement n’a été recensé. 76 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2.3. Efficacité du traitement 2.3.1. Intensité douloureuse EVA au 1er mois - Figure 15 DM : Données manquantes On retiendra que l’EVA au 1er mois après traitement par patch à haute concentration de capsaïcine n’a pas été colligée dans le dossier informatisé pour 7 patients (32%). Pour l’ensemble des patients évalués (15P), on retrouve une diminution moyenne du score EVA estimée à 28% (EVA 36,7 /26,5), et un score absolu variant de -10,2mm. 11 patients ont déclaré une diminution du score EVA, estimée en moyenne à 47% (EVA 45,9/ 29,1). On retrouve seulement 4 patients (18% du panel et 26% des patients évalués) ayant une diminution du score EVA d’au moins 20 points. Une réduction du score EVA d’au moins 30% concerne 8 patients (36% du panel et 53% des patients évalués). On retrouve une majoration de l’EVA pour 3 patients, estimée en moyenne à 73% (EVA 15/26). 77 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) EVA au 2ème mois – Figure 16 DM : Données manquantes On retiendra que l’EVA n’a pas été colligée dans le dossier informatisé pour 5 patients (23%). Pour l’ensemble des patients évalués (17P), on retrouve une diminution moyenne du score EVA estimée à -9% (EVA 28,2/25,7), et un score absolu variant de -2,5mm. On observe une baisse d’au moins 20 mm sur l’échelle EVA pour 4 patients (18% du panel mais 23,5% des patients évalués). Une baisse d’au moins 30% du score EVA, par rapport à l’EVA de base (T0), est retrouvée pour 6 patients (27% du panel, mais 35% des patients évalués). Il existe une augmentation du score EVA pour 7 patients, avec une augmentation moyenne de 49% du score EVA (EVA 28,1/42,1). 78 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) EVA au 3ème mois – Figure 17 DM : Données manquantes Les données sont manquantes pour 2 patients. Pour l’ensemble des patients évalués (20P), on retrouve une diminution moyenne du score EVA estimée à 27% (EVA 33 /24,2), et un score absolu variant de -8,8mm. On observe une baisse d’au moins 20 mm sur l’échelle EVA pour 6 patients (27% du panel et 30% des patients évalués). Une baisse d’au moins 30% du score EVA par rapport à l’EVA de base (T0) est retrouvée pour 8 patients (36% du panel et 40% des patients). Il existe une augmentation du score EVA pour 7 patients, avec une augmentation moyenne de 23% (EVA 32,7/40,4). 79 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Evolution de l’EVA à 3 mois et délai de prise en charge Parmi les 5 patients, dont les douleurs évoluent depuis plus de 2ans, une baisse d’au moins 20 mm sur l’échelle EVA a été observée pour 1 patient (20%), et une baisse d’au moins 30% du score EVA pour 2 patients (40%). Parmi les 15 patients (données manquantes pour 2patients), dont les douleurs évoluent depuis moins de 2 ans, une baisse d’au moins 20 mm sur l’échelle EVA a été observée pour 5 patients (33%), et une baisse d’au moins 30% du score EVA pour 6 patients (40%). Evolution globale de l’EVA – Figure 18 Le graphique suivant schématise l’évolution générale du score EVA moyen en fonction du temps. DM : Données manquantes Les données en bleu correspondent au score EVA moyen de l’ensemble des patients évalués à un temps donné. Les données en rouge rendent compte de l’évolution de l’EVA moyenne pour les 11 patients dont les données EVA étaient strictement recueillies à tous les temps. L’évolution globale est comparable. La diminution moyenne du score EVA de T0 à M3 (soit 12 semaines) est de 31% pour l’ensemble du panel (bleu sur la courbe), et de 30% pour le groupe excluant les données manquantes (rouge sur la courbe). On retrouve respectivement une baisse de 11 et 8,7 mm sur l’échelle EVA. 80 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Ci-dessous, sont présentés les résultats de façon résumée. Figure 19 : Tableau des principaux résultats d’efficacité du patch M1 (panel) M1 (DM) 7P (32%) Baisse -8,8 -10,2 EVA(mm) Baisse EVA -25% -28% (%) Nbres (%) 8P 8P Patients ayant une 36% 53% baisse>30%de l’EVA Nbres (%) 4P 4P Patients ayant une 18% 26% baisse>20mm DM = Données manquantes M2 (panel) M2 (DM) 5P (23%) M3 (panel) M3 (DM) 2P (9%) -9,6 -2,5 -11 -8,8 -27% -9% -32% -27% 6P 8P 8P 8P 27% 35% 36% 40% 4P 4P 6P 6P 18% 23,5% 27% 30% Etudes Pivots (NPRS remplace EVA) M3 -1,4 à 1,7pts -22,5 à -45% -31 à -47% 40% 2.3.2. Pourcentage de soulagement Au 1er mois : données retrouvées pour 12 patients, avec un soulagement supérieur à 30% pour 8 patients. Au 2ème mois : données retrouvées pour 14 patients, avec un soulagement supérieur à 30% pour 10 patients. Au 3ème mois : données retrouvées pour 14 patients, avec un soulagement supérieur à 30% pour 9 patients On retrouve donc un soulagement significatif pour 64% des patients pour lesquels les données ont été exploitables. Malgré ce défaut de données, nous retrouvons donc, qu’au moins 40% du panel (9 des 22 patients) ont déclaré un soulagement d’au moins 30% de sa douleur. Le soulagement moyen était de 45 %, avec une médiane calculée à 50%. 81 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2.3.3. Les traitements pharmacologiques a. Médicaments spécifiques des douleurs neuropathiques Evolution globale de T0 à M3 – Figure 20 Parmi les traitements médicamenteux spécifiques des douleurs neuropathiques, on retrouve une diminution de la consommation globale de 5 des 7 thérapeutiques prescrites. Ainsi, on passe d’une moyenne de 2,4 médicaments associés spécifiques par patient à 1,7 médicaments par patient, soit une réduction de 30%. Les traitements spécifiques associés ne sont donc pas restés inchangés au cours de la période de suivi. Cependant, on observe, certes, des diminutions de posologies et/ou des arrêts de classes thérapeutiques, mais également des majorations de posologie et des introductions de médicaments. Les antidépresseurs Un traitement par antidépresseur tricyclique a été introduit au 1er mois pour 1 patient. Aussi, on notera qu’au 3ème mois, la posologie a été augmentée pour 1 patient et diminuée pour un autre. 82 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Concernant les IRSNA, on retrouve une baisse de la consommation globale (-2patients). Les traitements antiépileptiques : Pour la Gabapentine/Prégabaline, en plus d’une diminution globale de T0 à M3 (de 54 à 36% du panel), on retrouve une diminution de posologie pour 2 des 8 patients encore sous traitement au 3ème mois. Cependant, il faut également noter une majoration de posologie pour 2 patients. Pour les autres antiépileptiques (oxcarbazépine), un seul patient suit cette prescription, dont la posologie est progressivement diminuée chaque mois. Patch à la lidocaïne On observe une baisse importante de la prescription de patchs à la lidocaïne, puisqu’elle ne concerne plus que 45% (10P) du panel au 3ème mois contre 82% (18P) au début de la prise en charge. Cependant, cette diminution était plus importante au 1er mois, avec seulement 6 patients utilisant les patchs à la lidocaïne (27% du panel). Pour le tramadol, On note une diminution globale de T0 à M3 (-1patient). Aussi, il y a eu une baisse de la posologie pour 3 patients, et un arrêt du médicament pour 2 patients. Cependant, on relèvera que la molécule a été introduite chez 1 patient. Les morphiniques Concernant le traitement par opioïde fort, il est interrompu pour le seul patient concerné. Cependant, un traitement par paracétamol codéïné est prescrit en relai, ce que l’on peut apparenter à une « diminution de posologie ». b. Autres antalgiques Concernant le paracétamol, alors que 10 patients en prenaient initialement, ils ne sont plus que 6 au 3ème mois. Concernant les anti-inflammatoires, 1 patient a suivi un traitement court (7j) par antiinflammatoires non-stéroïdiens, prescrit après la consultation d’évaluation/suivi du 1er mois. La prise d’anxiolytique a été retrouvée chez une seule patiente. 83 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 2.3.4. Les traitements médicaux non pharmacologiques Evolution globale de TO à M3 – Figure 21 Parmi les traitements médicaux non pharmacologiques, on retrouve une diminution de la consommation globale de 3 des 7 thérapeutiques proposées. Ainsi, on passe d’une moyenne de 0,9 thérapeutique par patient à 0,6 par patient. Ces traitements non pharmacologiques associés ne sont donc pas restés inchangés au cours de la période de suivi. 13 patients ne suivent aucun traitement médical non-pharmacologique au 3ème mois (contre 7 à T0). Ils sont 5 à profiter d’une de ses thérapeutiques (contre 10 à T0) et 4 à suivre au moins deux d’entre elles (contre 5 à T0). 84 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) La neurostimulation électrique transcutanée (ou TENS) était suivie par 3 patients au début de l’étude, et fut interrompue pour 2 d’entre eux, dès le 1er mois après l’application du patch à haute concentration de capsaïcine. La prise en charge en acupuncture concerne un seul patient à T0 et M3, avec cependant l’arrêt de cette thérapeutique au 2ème mois pour 1 patient et son introduction pour un autre. Une prise en charge en hypnoanalgésie a été arrêtée par 4 des 6 patients initialement concernés. Un patient a profité d’une prise en charge psychologique au cours de l’étude. Aucun des patients du panel n’a eu recours à la sophrologie. 85 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 3. Discussion 3.1. Les biais de l’étude Type d’étude Une enquête rétrospective expose à une perte de données, non-retranscrites dans le dossier médical informatisé. La faible taille de l’effectif et la méthode rétrospective limite la puissance et la reproductibilité de l’étude. Biais liés au recueil de données. EVA manquantes : nous n’avons pas pu retrouver les données EVA lors des consultations de suivi pour certains patients. Aussi, certains rendez-vous de consultation n’ont pas eu lieu. Autres critères pour l’évaluation de la douleur dont les résultats n’étaient pas interprétables. Fréquence des crises douloureuses : nous avons pu retrouver une fréquence moins importante pour 4 patients au 1er mois, 7 patients au 2ème mois et 6 patients au 3ème mois, et une fréquence majorée pour 1patient au 3ème mois. Cependant il n’était pas renseigné, dans les dossiers, de données chiffrées sur le nombre de crises (par jour/semaine) pour objectiver une amélioration ou une aggravation. De plus, nous n’avions pas d’indication pour les autres patients et ne pouvions donc pas exploiter ces données. Intensité des crises douloureuses : nous avons identifié une intensité des crises moins importante pour 10 patients aux 1er et 2ème mois, pour 8 patients au 3ème mois et une intensité majorée pour 2 patients au 3ème mois. En l’absence de données objectives numériques et aux vues du défaut de données pour les autres patients, ces résultats n’ont pu être exploités. Surface douloureuse concernée : il était indiqué dans certaines observations médicales une diminution de la surface douloureuse, pour 5 patients au 1 er mois, 6 patients au 2ème mois et 7 patients au 3ème mois, sans disposer d’une mesure précise. Nous n’avons pas retrouvé ces données pour les autres patients. Néanmoins, l’ensemble des calques utilisés au moment de l’application ont été conservé au centre Léon Bérard et leur exploitation 86 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) pourrait trouver tout son intérêt pour objectiver le retentissement sur la surface douloureuse/allodynique traitée. Au-delà du manque de données, nous pouvons discuter de l’intérêt des différents outils pour évaluer la douleur chronique. L’utilisation d’un questionnaire NPSI, de façon plus systématique, permettrait d’améliorer le recueil et la précision de ces données (Intensité et fréquence) en l’associant au pourcentage de soulagement. D’ailleurs, le NPSI sera dorénavant intégré dans la trame du CRC douleur (Compte-Rendu de Consultation), dans le dossier patient informatisé du centre Léon Bérard. Le retentissement de la douleur Les autres dimensions de la douleur, telles que l’évaluation de la thymie, (anxiété, dépression), les troubles du sommeil, les incapacités fonctionnelles, l’impact professionnel et social, n’apparaissent pas dans notre travail. Ces renseignements, épars dans les dossiers, ne permettaient pas de les exploiter. Un questionnaire HAD, l’utilisation du questionnaire concis sur les douleurs et des questions ouvertes systématiques auraient été intéressants. 3.2. Les résultats Parmi les 6 patients exclus en rapport avec le manque de données, il faut souligner que 2 patients ne souhaitaient pas renouveler le traitement aux vues de la douleur induite par l’application. Cependant, il faut préciser que pour ces 2 patients , le traitement n’a pas, a priori, apporté de bénéfices. 3.2.1. Profil des patients a. Caractéristiques démographiques Sexe Dans la série de patients que nous avons étudiée, les femmes représentent la majorité du panel (84%), résultats peu comparables aux données de la littérature. Parmi les études pilotes, ayant validé l’utilisation de ce traitement, on retrouve des résultats différents. On observe ainsi une proportion femme/homme respectivement de 52-56% et 44–48% dans deux études comparatives, randomisées, en double-aveugle, portant sur les douleurs neuropathiques post-zostériennes (58)(59). 87 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Une autre étude pivot de phase 3 – C107 - (60), portant sur les douleurs neuropathiques liées au VIH, rapporte une prédominance masculine avec 92% d’hommes. Une étude plus récente (61), menée en République tchèque, auprès de patients présentant des douleurs neuropathiques périphériques (toutes étiologies à l’exclusion d’une neuropathie diabétique) et réalisée en pratique clinique réelle, a communiqué des 1 er résultats en juin 2012 (15th World Congress of Pain Clinicians Spain) retrouvant une proportion de 58,6% de femmes. Dans la population générale, l’étude STOPNEP (11) rapporte que 60,5 % des personnes, présentant des douleurs chroniques avec des caractéristiques neuropathiques, sont des femmes. On note également une prévalence des douleurs neuropathiques dans la population générale plus importante chez la femme, avec 8%, contre 5,6 % chez l’homme (11). D’après l’étude observationnelle de la SFETD de 2007 (12), les douleurs neuropathiques touchaient 61% de femmes et 39% des hommes. Notre résultat peut s’expliquer par une grande fréquence, dans notre étude, de douleurs neuropathiques d’origine post-traumatique dans le cadre d’une chirurgie sénologique, exclusivement féminine ici. Age Avec un âge moyen de 55,6 ans, la population étudiée est plus jeune que celle des études pivots de phase 3 – C116 et C117 - évaluant les douleurs neuropathiques post-zostériennes, avec un âge moyen de 70ans (58,62). Aussi, avec un âge médian de 48 ans, dans l’étude de phase 3 – C 107- évaluant les DN liées au VIH, les populations ne sont pas davantage comparables (60). Dans la population générale (11), on retrouve une prévalence des douleurs neuropathiques qui augmente avec l’âge et qui atteint un niveau maximal entre 50 et 64 ans, ce qui est également la situation décrite pour notre panel. Aussi, les données de l’enquête de la SFETD, réalisée auprès de structures spécialisées (centres, unités, et consultations d’évaluation et de traitement de la douleur), montrent que près de 50% des douleurs neuropathiques concernent les 40-60 ans, ce qui est comparable à notre panel. Classes socio-professionnelles Dans les études pivots, ces données n’ont pas été relevées. 88 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Dans l’étude STOPNET, on retrouve une prévalence plus importante des douleurs chroniques avec des caractéristiques neuropathiques dans les classes socio-professionnelles de bas niveau - prévalence de 7,2 à 8,7 % contre 3,2 à 6,6 % dans les catégories de plus haut niveau. Chez les retraités, cette prévalence (8,4%) est également plus importante (5). Dans notre panel, on retrouve également une proportion plus importante des classes socioprofessionnelles de bas niveau et des retraités. b. Caractéristiques pathologiques générales Comorbidités Aucun patient n’était diabétique. L’indication d’un traitement par patch à haute concentration de capsaïcine pour la prise en charge des douleurs neuropathiques périphériques chez les adultes non-diabétiques a donc été respectée par l’équipe médicale. Santé mentale Selon les chiffres issus du Baromètre santé 2010, en France, on retrouve une prévalence de « l’épisode dépressif caractérisé observé dans les douze derniers mois » de 7,5% chez les 1585 ans, avec une prévalence majorée chez la femme (63). Aussi, il a été estimé que parmi les patients douloureux chroniques, 18% souffrent de dépression (64). Selon des données issues d’une méta-analyse de Mitchell, en 2011, tout type de dépression toucherait 16,3% des patients atteints d’un cancer (quel que soit le stade d’évolution de la maladie), et 6% présenterait au moins un épisode dépressif majeur (65,66). L’ensemble de ces données sont assez proches de notre panel, avec 18% de dysthymies et une exclusivité féminine. Pathologie tumorale primitive des patients inclus La prévalence du cancer du sein domine très largement dans la population étudiée. En France, selon la littérature (5), le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme, représentant près d’ 1/3 des nouveaux cas de cancer chaque année chez la femme (48 763/155 000 nouveaux cas). Dans notre étude, leur proportion était prédominante (45%). 89 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Douleurs nociceptives associées On a estimé que chez les patients douloureux chroniques, 52% des patients présentaient des douleurs mixtes (12). Des données de méta-analyses (67–70) estiment que parmi les patients cancéreux , 70% environ présenteraient des douleurs nociceptives. Nous retrouvons dans notre étude des chiffres intermédiaires (59%). c. Résultats concernant les douleurs neuropathiques du panel Ethiopathogénie des douleurs neuropathiques D’après une étude observationnelle de la SFETD, on estime que le traumatisme chirurgical serait impliqué dans environ la moitié des douleurs neuropathiques périphériques. Quant aux douleurs neuropathiques post-zostériennes, elle représente 3% des étiologies (12). Aussi, une revue de la littérature, présentée en 2011 , rapporte que 25 à 60% des patients, ayant eu une chirurgie mammaire, présenteraient des douleurs neuropathiques secondaires (28). Dans les premiers résultats d’une étude tchèque, évaluant le traitement par patch à haute concentration de capsaïcine chez 258 patients non-diabétiques souffrant de douleurs neuropathiques périphériques (61), les origines post-zostérienne et post-traumatique représentaient chacune 35,3% des patients traités. Ainsi, la prévalence d’une origine traumatique et notamment chirurgicale est importante selon les données de la littérature. Dans notre étude, elle prédomine largement. Les critères d’inclusion peuvent, au moins en partie, expliquer nos résultats. En effet, afin d’assurer un suivi jusqu’à trois mois du traitement, nous n’avons pas inclus de patients en phase active de leur pathologie cancéreuse. Cependant, il n’a été retrouvé aucune douleur neuropathique induite par une chimiothérapie anticancéreuse ou secondaire à une radiothérapie, bien que cette dernière ait été déclarée comme phénomène possiblement aggravant pour un patient. On peut remarquer que, depuis notre étude, des patients présentant des douleurs neuropathiques chimio-induites ont été traités par patch à haute concentration de capsaïcine au centre Léon Bérard. 90 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Localisation des douleurs neuropathiques Dans l’étude STOPNET, les localisations le plus souvent retrouvées sont le dos et les membres inférieurs, avec respectivement 62,7 % et 71,1 %, suivis par les membres supérieurs (46,9%) et la région cou-épaule (42,9%). Les résultats observés dans notre travail diffèrent nettement, avec une prédominance de localisation aux membres supérieurs et au thorax, en rapport avec les douleurs induites par une chirurgie mammaire. Diagnostic et outil DN4 La spécificité et la sensibilité de l’outil DN4, déjà reconnues, sont confirmées ici une nouvelle fois (9), tous les patients présentant effectivement des douleurs neuropathiques. Aussi, le diagnostic étant déjà connu et identifié par le médecin, il serait plus pertinent d’utiliser un outil d’évaluation des douleurs neuropathiques, tel que le NPSI. En effet, le score DN4 ne permet pas l’évaluation et le suivi et doit être réservé au dépistage de ce type de douleurs. Intensité douloureuse basée sur l’EVA des patients Dans les études pivots (58–60,62,71), on retrouve un niveau de douleur d’intensité modérée à sévère avec un score NPRS moyen de 6 (de 5,2 à 6,5/10), ce qui est supérieur, a priori, au niveau de douleur des patients de notre étude ( EVA moyenne de 35,3/100). Les données EVA recueillies dans les dossiers correspondaient à la douleur ressentie au moment de la consultation, tandis que lors des études pivots, le score NPRS reflétait une douleur moyenne ressentie dans les 7 à 14 jours précédant l’application. Par ailleurs, la prise en charge par l’équipe médicale a permis, a priori, une amélioration globale de l’intensité douloureuse depuis le suivi initial, avec une diminution moyenne du score EVA proche de 20%. Délai depuis le début de la prise en charge. Dans l’étude STOPNET, près de 25% des patients douloureux avec des caractéristiques neuropathiques souffraient depuis moins d’un an et 48,7 % depuis plus de 3 ans (11). D’après les chiffres de l’étude observationnelle de la SFETD, on retrouve globalement 1/3 91 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) des patients avec des douleurs évoluant depuis moins d’un an, 1/3 entre 1 et 3 ans et 1/3 depuis plus de 3 ans (12). Dans les études pivots (58,59,62), on retrouve une médiane d’évolution des douleurs de 3,3 à 6 ans en moyenne. Ainsi, l’ancienneté des douleurs est beaucoup moins importante dans notre panel. Le parcours de soins spécifique au cancer, la sensibilisation des professionnels du centre Léon Bérard ainsi que la place du département des soins de support et de l’équipe douleur, peuvent expliquer en partie que l’on observe une prise en charge « plus rapide » de ces douleurs et donc au final, aboutir à des douleurs évoluant depuis moins longtemps, comparativement aux données de la littérature. En outre, une autre explication pourrait être liée à la pratique de l’équipe douleur du centre Léon Bérard, qui proposerait plus précocement ce traitement, en dehors des recommandations strictes de l’HAS qui le place comme recours pour « les patients en échec des traitements conventionnels » (49). D’ailleurs, nous pouvons souligner que cette restriction n’est pas retrouvée dans l’AMM européenne – rapport EPAR 2009 - qui l’indique « pour le traitement des douleurs neuropathiques périphériques chez les adultes non diabétiques » et précise qu’il « peut être utilisé seul ou en association avec d’autres médicaments anti-douleur ». Ne devrait-on pas discuter la place actuelle de ce traitement dans la stratégie thérapeutique? Aussi, proposer le patch à la capsaïcine 8% en première intention, comme les thérapeutiques spécifiques habituelles, suggère que le médecin généraliste connaisse et appréhende ce nouveau médicament, afin de solliciter rapidement les équipes spécialisées. d. Analyse des traitements antalgiques Traitements spécifiques des douleurs neuropathiques Dans les études pivots, on retrouve, en moyenne, que 50 à 70 % des patients avaient au moins un traitement antalgique concomitant. Néanmoins, parmi les thérapeutiques incluses, on ne retrouve pas le tramadol, ni les topiques à base de lidocaïne, ce qui peut expliquer la différence observée avec notre étude. Dans les premiers résultats de l’étude réalisée en pratique clinique réelle, en république tchèque, 97% des patients recevaient des traitements antalgiques concomitants, ce qui est plus proche de nos données (61). 92 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Concernant les molécules prescrites par l’équipe douleur du centre Léon Bérard, elle respecte globalement les recommandations (3,34) La relecture des dossiers nous a aussi permis de constater que, pour près de la moitié des patients, des molécules « conventionnelles » ont été prescrites avant l’introduction du patch à la capsaïcine, mais arrêtées du fait d’une intolérance, d’effets secondaires ou de non-réponse (absence de soulagement). Enfin, nous nous sommes intéressés au coût des deux médicaments les plus souvent prescrits pour ces patients : le patch à la lidocaïne à 4%et la prégabaline (posologie à 600 mg pris pour référence). Le patch à la lidocaïne étant plus petit que celui à la capsaïcine (10x14 cm contre 14x20 cm)et sachant qu’en moyenne 1,4 patchs à la capsaïcine sont utilisés, on peut estimer le coût d’un traitement par patch à la lidocaïne pour 3 mois à près de 570€ (72).Quant à la prégabaline, on retrouve une estimation d’environ 260€ pour 3 mois (73). Autres antalgiques en cours. Pour 6 patients à qui était prescrit du paracétamol, on retrouve des douleurs nociceptives associées, ce qui est tout à fait conforme aux recommandations. Cependant pour 4 patients, nous n’avons pas retrouvé d’indication spécifique. Traitement non-pharmacologiques en cours Aucune thérapeutique non médicamenteuse n’est rapportée dans les études pivot ayant validé le traitement par patch à haute concentration de capsaïcine, ni dans d’autres études évaluant ce médicament en pratique réelle. 3.2.2. Protocole d’application du patch : Application – Tolérance – Effets indésirables. a. Déroulement du protocole Prétraitement / Durée d’application Dans les études pivots (58–60,62), une prémédication par lidocaïne topique à 4% était systématiquement réalisée, tout comme dans notre étude et en conformité avec les précautions d’emploi recommandées au moment de l’étude. On remarquera néanmoins que la durée d’application de la crème anesthésiante était de 2h pour notre panel. Concernant la durée d’application du patch, dans les études pivots, un retrait prématuré concernait moins de 1% de la population étudiée. Dans notre enquête, tous les patients ont bénéficié d’une application de 60 min. 93 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) b. Tolérance du traitement Tension artérielle Il n’a pas été recensé de variations pathologiques de la TA lors des études comparatives, de même que lors de notre enquête. Intensité douloureuse pendant l’application Dans les données de la littérature(74,75), on retrouve que le pic de douleur apparaît après environ 30 min d’application, et qu’un retour au niveau douloureux de base se fait en moyenne 6h après l’application. Dans une des études de phase 3 – C117 - (59), le score NPRS moyen revient au score moyen de base, 85 min après le retrait du patch. Aussi, dans notre échantillon, nous observons une EVA moyenne au retrait inférieure à l’EVA moyenne avant l’application. (35,3 /26,3). En outre, le fait qu’il n’y est pas de retrait prématuré du patch témoigne que même s’il existe une majoration douloureuse induite par le traitement, elle n’est pas un obstacle à son administration dans les conditions requises. Thérapeutiques de recours Dans les différentes études pivots, on retrouve qu’environ 50% des patients ont pris un traitement médicamenteux de recours le jour du traitement, ce qui est inférieur à notre panel. Cependant, les thérapeutiques proposées dans les études pivots étaient un morphinique d’action courte ou du paracétamol codéïné (Palier 2 et 3). Dans notre étude, les thérapeutiques consommées étaient de palier moindre (Palier 1 et 2). c. Effets indésirables observés D’après les données de la littérature (58–60,62,71), des effets indésirables liés au traitement ont été déclarés pour 72 à 98% des patients le jour du traitement, avec une résolution spontanée complète au 7ème jour après l’application. 94 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Les effets secondaires observés étaient : un érythème, une sensation de brûlure, un prurit, des papules, un œdème localisé et des douleurs au site d’application, des nausées, vomissements, diarrhées. Il n’y a pas eu d’effets secondaires sévères liés au traitement. Ainsi, nos observations sont comparables, avec des effets indésirables liés au traitement d’intensité faible à modérée, localisés et transitoires. En outre, dans notre étude, l’imputabilité des nausées, liées à l’application, est discutable. En effet, la prise de tramadol – dont l’un des principaux et fréquents effets indésirables est la survenue de nausées/vomissements - a été retrouvée pour 3 des 4 patients nauséeux. Dans la littérature, la survenue de nausées est retrouvée pour environ 1/3 des patients ayant pris du tramadol (76). Concernant les autres molécules recommandées dans la prise en charge des douleurs neuropathiques, les effets secondaires liés au patch de lidocaïne présentent des similitudes avec celui de capsaïcine. On observe ainsi, des effets au site d’application, transitoires et d’intensité légère à modérée, pour 16 % des patients traités (77). Dans une étude comparative « patch de lidocaïne versus prégabaline », on observe, pour cette dernière molécule, 15,9 à 45% d’effets secondaires, selon la posologie, surtout étourdissements et somnolence (77). Aussi, selon les études, on relève 5,8 à 25 % d’arrêts de traitement du fait des effets indésirables liés à la prégabaline (78). Dans une autre étude (79) comparant la prégabaline et l’amitriptyline, respectivement 66 et 68 % des patients ont rapporté des effets indésirables, avec 13 et 18% d’arrêts de traitement liés à ces évènements. On rappelle que pour le patch à haute concentration de capsaïcine, le taux de patients ayant arrêté prématurément le traitement (temps d’application < à 30 ou 60 min selon la zone traitée) en raison d’effets secondaires est de 0,8% (80). Le NNH – Number Needed to Harm – représente le nombre de patients qu’il faut traiter pour qu’une personne cesse le traitement suite à des effets indésirables. Ce paramètre, calculé et utilisé lors de méta-analyses, doit être interprété avec réserve. Néanmoins, une figure, présentée en annexe 10, rend compte des principaux NNH des traitements spécifiques, plus favorables à la capsaïcine qu’aux autres molécules recommandées en 1ère intention pour les douleurs neuropathiques (34,73–75). Mais il faut rappeler l’absence de données pour le patch à la lidocaïne. Au total, l’observance de ce traitement est donc très bonne, dans la mesure où globalement, les patients tolèrent très bien l’application. Quant à la prise du médicament, étant encadrée par les professionnels de santé, elle est certaine. Enfin, avec un rythme d’application trimestriel, elle est peu contraignante pour le patient. Ainsi, la bonne tolérance de ce médicament, à quoi s’ajoutent des contre-indications quasi inexistantes et une observance facilitée, sont aussi des données à prendre en considération quant à la place du patch dans la stratégie thérapeutique actuellement recommandée. 95 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 3.2.3. Efficacité du traitement a. Intensité douloureuse Dans les différentes études pivots, le critère d’évaluation principal était le score NPRS (échelle en 11 points de 0 - pas de douleur - à 10 - douleur maximale imaginable). De plus, le NPRS de référence, à partir duquel étaient comparées les données à 8 semaines et 12 semaines, a été fixé à la semaine 2 après l’application du patch, quand dans notre étude, l’EVA de référence correspondait au jour du traitement. Ainsi, dans les études pivots (58–60,62,71), comme dans des études plus récentes (54,55,61), la diminution de la douleur était constatée dès la 1ère ou 2ème semaine d’application et maintenue jusqu’à 3 mois. Dans nos résultats, le score EVA est resté globalement stable aux mois 1, 2 et 3. Les autres résultats des études pivots rapportaient que : - Le score absolu NPRS variait de -1,4 à -1,7 points. - Une diminution de plus de deux points du score NPRS (baisse significativement pertinente(81)) a été retrouvé pour environ 40% des patients à 12 semaines. Elle ne concerne que 27% des patients de notre étude au 3ème mois. - Le pourcentage de changement du score NPRS était compris entre -22,7 et -45 %. Nous retrouvons une variation de l’EVA intermédiaire avec -32%. - Pour 31% à 47% des patients, une diminution moyenne d’au moins 30% du score NPRS a été observée. Nos résultats sont intermédiaires avec 36%. Les données préliminaires (54), d’une étude évaluant l’efficacité d’un traitement par patch à haute concentration de capsaïcine chez des patients cancéreux (douleurs neuropathiques post-chirurgicales complexes, induites par une chimiothérapie anti-cancéreuse ou postzostérienne), retrouvent des résultats à 8 semaines du traitement beaucoup plus encourageants, a priori, avec 86% des patients qui rapportaient une diminution des douleurs de plus de 50%. Aussi, d’après les premiers résultats d’une étude réalisée en République tchèque (61) portant sur 212 patients évalués, on retrouve une baisse absolue du score NPRS de -2,4 points à 3 mois, avec plus de 50 % des patients ayant une diminution du score NPRS supérieure à 30%. 96 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Comparaison aux autres molécules Dans une étude comparative évaluant l’amitriptyline versus placebo avec un bras prégabaline, on retrouve un nombre de répondeurs (réduction du score de douleur≥ 50%), respectivement de 46%, 30% et 39,5%, avec une différence non-significative pour la prégabaline par rapport au placébo (79). Une étude de non-infériorité, comparant le patch de lidocaïne à la prégabaline, retrouve un nombre de répondeurs (réduction du score de douleur≥ 50%) respectivement de 62% et de 46,5% (77). Dans une revue de la littérature (82), le taux de répondeurs à la prégabaline était compris entre 26 et 52%, avec une baisse de l’EVA entre 0,88 et 1,9 points. Ces résultats n’apparaissent pas véritablement éloignés des données obtenues pour le patch à haute concentration de capsaïcine. Cependant, il faut rappeler que dans les études pivots, le critère principal était une diminution ≥ 30% du score de douleur, quand dans les études présentées ici, le critère principal était plus strict avec une baisse ≥ 50%. Par ailleurs, avec toutes les limites de ce paramètre d’efficacité, nous avons tenté de comparer le NNT – Number Needed to Treat : nombre de patients nécessaires à traiter pour obtenir un soulagement (>50%) chez un des patient - des traitements actuellement recommandés dans les douleurs neuropathiques périphériques. Pour précision, un NNT bas est en faveur d’une meilleure efficacité. La figure en annexe 11 présente les principaux NNTs calculés dans les douleurs neuropathiques périphériques. En réalité, on observe une grande variabilité. On retrouve ainsi un NNT moyen de 2,1 à 2,8 pour les imipraminiques, de 3,9 à 5 pour la prégabaline, de 3,8 à 4,4 pour la gabapentine, de 2 à 4,4 pour le patch à la lidocaïne, 3,8 pour le tramadol et de 5,8 à 7 pour le patch à la capsaïcine 8% (34,83–86). Ici encore, l’efficacité du Qutenza® paraît inférieure aux autres traitements. Cependant, les critères retenus pour mesurer le pourcentage de répondeurs varient d’une étude à l’autre et le NNT est surestimé dans les études portant sur des effectifs réduits. De plus, nous devons préciser que les NNTs reflètent l’efficacité d’un médicament dans une indication plus ou moins large. Nous nous sommes appliqués à faire apparaître les NNT pour l’indication « douleurs neuropathiques périphériques ». Tout du moins, nous avons exclu les NNTs calculés dans des études portant exclusivement sur les douleurs neuropathiques post-AVC et autres douleurs neuropathiques centrales, la fibromyalgie, les lombalgies chroniques. Pour exemple, le NNT retrouvé pour la prégabaline (600mg) est de 3,9 dans la douleur post-zostérienne, de 5 dans les douleurs neuropathiques diabétiques, de 5,6 dans les douleurs centrales, de 11 dans la fibromyalgie (84). Par ailleurs, la prégabaline n’a pas fait la preuve d’une efficacité dans les douleurs neuropathiques liées au VIH (87). Aussi, jusqu’ici, les études, évaluant le patch de capsaïcine 8%, ont été réalisées 97 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) exclusivement dans les douleurs neuropathiques post-zostériennes et liées au VIH. Alors, au regard des résultats préliminaires encourageants des récentes études évaluant le Qutenza® dans les douleurs neuropathiques chimio-induites ou encore post-chirurgicales, il paraît nécessaire de réaliser de nouveaux essais cliniques en élargissant le champ étiopathogénique des douleurs neuropathiques (autres que douleurs post-zostériennes et liées au VIH). Enfin, comme le rappelle Finnerup, dans un article publié en 2013 (88) – Management of painful neuropathies - « parmi l’ensemble des médicaments disponibles , la réduction de la douleur moyenne est de 20 à 30 % et seulement 20 à 35% des patients auront une diminution de la douleur d’au moins 50% ». Evolution de L’EVA et délai de prise en charge Il ne semble pas que l’ancienneté d’évolution des douleurs ait une influence sur l’efficacité du patch, en se basant sur l’évolution de L’EVA. En effet, nos résultats d’efficacité ne mettent pas en évidence de différence significative, que les douleurs évoluent depuis plus ou moins de 2 ans. Néanmoins, le faible effectif de notre échantillon ne nous permet pas d’être formels sur ce résultat. Nous n’avons pas retrouvé de données dans la littérature scientifique pour illustrer ce propos. b. Pourcentage de soulagement Dans les études pivots, le soulagement global des patients a été évalué avec une échelle d’impression clinique globale (PGIC) utilisée par le patient. A douze semaines, 53 à 67% des patients ont rapporté une amélioration légère, modérée, ou importante sur l’échelle PGIC. Cette proportion est de 33 à 36% pour les patients améliorés modérément ou beaucoup. Malgré un manque de données important dans notre étude, au moins 40% des sujets suivis ont déclaré un soulagement ≥ 30% (soit une amélioration au moins modérée). Bien qu’il soit difficile de comparer ce résultat, il apparaît un retentissement certain du médicament (pour mémoire, soulagement moyen de 45% et médiane calculée à 50%) c. Les traitements pharmacologiques Lors des études pivots, les traitements antalgiques concomitants n’étaient pas modifiés pendant toute la période d’évaluation (3 mois minimum). 98 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Dans une étude menée en Allemagne évaluant 68 patients (89), on retrouve une moyenne de 1,37 thérapeutiques antalgiques associées (Opioïdes/ Antidépresseurs / Antiépileptiques) avant l’application du patch à la capsaïcine et on observe une réduction moyenne de 54% des traitements après 12 semaines. Aussi, les résultats préliminaires d’une étude réalisée en République Tchèque (61), retrouvent une réduction de 17% des traitements après 12 semaines. Enfin, les premières données d’une étude menée auprès de patients atteints de cancer (54), précisent qu’il y a eu une diminution significative de la consommation d’opioïdes et des traitements systémiques des douleurs neuropathiques. Dans notre étude, nous retrouvons des résultats intermédiaires quant à une réduction des antalgiques associés. Cependant dans les études citées, on ne retrouve pas de traitement local à base de lidocaïne, alors que cette thérapeutique est prépondérante dans notre panel. Aux vues des effets secondaires des traitements concomitants, déjà documentés dans notre travail, et dégradant la qualité de vie de ces patients, à quoi l’on peut associer un soulagement objectivé des douleurs pour une partie du panel, on peut prédire d’une amélioration globale dans la vie quotidienne. Cela ouvre alors d’autres perspectives dans la sphère sociale, dans le cadre professionnel (reprise de travail) et dont l’impact économique ne peut être négligé. d. Les traitements médicaux non-pharmacologiques En l’absence de données parmi l’ensemble des études sur le patch à haute concentration de capsaïcine, nous ne pouvons comparer nos résultats. Les données de la littérature, concernant l’efficacité des techniques telles que la neurostimulation transcutanée ou l’hypno-analgésie, rappellent avant tout, la grande hétérogénéité de ces études. Aussi, si les revues de littérature portant sur la neurostimulation transcutanée sont en partie contradictoires, l’avis de l’HAS sur ce sujet est favorable, et le groupe d’expert considère que la TENS, dans les douleurs chroniques, peut être proposée en alternative ou en complément à un traitement médicamenteux des douleurs neuropathiques (44). Quant aux études s’intéressant à l’hypno-analgésie, elles ont pu montrer que l’hypnose est efficace pour diminuer « la douleur provoquée », chez des sujets hautement hypnotisables, ce qui est exploité lors de l’hypnoanalgésie proposée pendant l’application du patch (90–92). Dans la douleur chronique, différentes études et méta-analyses retrouvent une efficacité sur l’intensité douloureuse (Echelle EVA ou NPRS) avec une réduction de 21 à 67%, et parfois un retentissement significatif sur la qualité de vie globale et l’état de santé mentale (93–95). 99 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 3.3. Avenir et interrogation pour l’équipe du Centre Léon Bérard Au travers de ce travail, nous nous sommes intéressés à l’introduction d’un nouveau traitement. Depuis la commercialisation française de « Qutenza® » en juin 2011, on observe un nombre croissant de patients éligibles à qui est prescrit ce médicament. Ainsi, après une 1ère application réalisée au Centre Léon Bérard en Octobre 2011, 27 patients ont reçu ce traitement en 2012, dont 20 pour une 1 ère application, 5 pour une 2ème application et 2 pour une 3ème application. En 2013, 64 applications ont été réalisées, concernant respectivement 35, 22 et 4 patients pour les 1ère, 2ème et 3ème applications. Enfin, une patiente a reçu un total de six applications. Les premiers chiffres pour 2014 sont un total de 17 patients traités jusqu’au 21 février, 40 applications programmées jusqu’à début mai 2014 et potentiellement environ 120 autres applications jusqu’à la fin 2014, soit une estimation de 150 applications pour 2014. D’ailleurs, l’unité douleur a revu son organisation et augmenter le nombre d’hospitalisations de jour permettant de réaliser 4 applications par semaine contre 2 jusqu’à février 2014. C’est à partir de ces données que nous avons estimé nos prévisions. Ceci dans l’intérêt du patient, permet de réduire les délais d’attente de prise en charge. Par ailleurs, aux vues de ces données, une autre interrogation est soulevée ; celle des applications multiples. L’HAS a sollicité le groupe Astellas pour évaluer l’utilisation répétée de ce médicament. L’étude multicentrique STRIDE, à long terme (52 semaines) évaluant la tolérance d’applications répétées de patchs Qutenza® (80,96) se termine bientôt et les résultats sont attendus pour septembre – octobre 2014. En effet, si la tolérance et la sécurité d’emploi à court terme sont bonnes, l’efficacité est partielle et/ou transitoire. Il est donc impératif de connaître les effets à long terme de ce traitement, afin de mieux appréhender cette pratique, toujours dans l’intérêt premier du patient. Enfin, concernant l’efficacité transitoire du patch à haute concentration de capsaïcine, inférieure à 3 mois, intervalle minimum entre deux applications, pourrait-on envisager de réduire ce délai? Si cela est impossible, que peut-on proposer au patient? 100 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) CONCLUSION Les douleurs neuropathiques périphériques chroniques représentent un enjeu pour les soins de support en cancérologie. Qu’elles soient liées à la tumeur elle-même ou induites par les traitements, leur prise en charge représente un défi majeur pour « préserver la continuité et la qualité de la vie ». Commercialisé en France depuis juin 2011, le patch à haute concentration de capsaïcine (molécule princeps du piment à l’origine du brûlant) est venu compléter l’arsenal thérapeutique spécifique recommandé pour le traitement de ces douleurs. Ainsi, au travers d’une étude observationnelle, vingt-deux patients, bénéficiant d’une première application d’un patch à haute concentration de capsaïcine, ont été retenus après un recueil rétrospectif des données à partir des dossiers médicaux informatisés. Nous avons pu identifier deux étiologies principales : des douleurs neuropathiques iatrogènes post-chirurgicales, dans le cadre d’une chirurgie sénologique le plus souvent, expliquant la forte prédominance féminine de notre panel, et des douleurs neuropathiques post-zostériennes. Le délai moyen d’évolution des douleurs était de 16,6 mois, ce qui est inférieur aux chiffres de la littérature. Notre étude a finalement permis de mettre en évidence que le traitement par patch à haute concentration de capsaïcine se démarque des autres thérapeutiques recommandées, par sa très bonne tolérance, n’induisant que des effets secondaires légers à modérés, au site d’application, et transitoires, ce qui est comparable aux études publiées. A cela s’ajoute, la quasi inexistence de contre-indications, l’absence d’interaction médicamenteuse et d’adaptation posologique - en cas d’insuffisance rénale ou hépatique. Enfin, il faut souligner une observance facilitée, par une application trimestrielle quand les autres médicaments exigent une prise quotidienne voire pluriquotidienne. Concernant son efficacité, malgré des paramètres d’évaluation difficiles à exploiter, nous avons pu observer une diminution de l’intensité douloureuse, avec une baisse de l’EVA supérieure à 30% pour 36% des patients et un soulagement significatif pour au moins 40% des patients traités, associés dans le même temps, à une désescalade des thérapeutiques concomitantes de 30%. Aussi, dans une démarche continue d’amélioration de la continuité des soins, l’équipe du centre Léon Bérard a intégré depuis quelques semaines le NPSI – questionnaire d’évaluation et de suivi des douleurs neuropathiques - dans la trame commune du dossier médical informatisé. Limités par la méthodologie, nous n’avons pas pu objectiver le retentissement induit sur les plans physique, psychologique, social et professionnel. Néanmoins, aux vues de ces résultats, deux réflexions principales se dégagent. Tout d’abord, ne doit-on pas discuter la place de ce médicament - en dernier recours -dans la stratégie thérapeutique recommandée par l’HAS, qui d’ailleurs est plus restrictive que l’AMM européenne qui l’indique seul ou en association aux autres thérapeutiques ? Ainsi, il 101 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) importerait d’autant plus que le médecin généraliste connaisse et appréhende ce traitement pour en référer aux équipes spécialisées, et notamment avant qu’il n’instaure les thérapeutiques habituelles de première intention. D’autre part, ne pourrait-on pas envisager une disponibilité simplifiée de ce médicament ? En effet, la réserve hospitalière, justifiée par la procédure encadrant l’application du patch, impose une hospitalisation de jour pour son administration. Pourtant, les équipes professionnelles préparées et expérimentées, aujourd’hui, ne sont pas exposées à des difficultés particulières, ni à des risques pour le patient. Aussi, en coordination avec les équipes spécialisées, le médecin généraliste et des infirmiers libéraux formés, un traitement au domicile du patient apparaît réaliste et réalisable. Ce projet présente l’avantage, dans le même temps, de réduire les inégalités territoriales liées à l’accès aux soins, tout en diminuant le coût économique et l’impact personnel pour le patient liés aux transports. Dans l’esprit affiché de la politique de santé publique actuelle vers une amélioration de la coopération « ville-hôpital », également guidée par des enjeux financiers pour assurer un système pérenne, de nouvelles études mesurant l’impact sur la qualité de vie globale des patients, conjointement à des études médico-économiques du patch à haute concentration de capsaïcine, doivent être réalisées rapidement pour étoffer ces premiers résultats et permettre ces avancées au profit des patients, tant en cancérologie que dans les autres contextes pathologiques exposant aux douleurs neuropathiques périphériques. 102 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) BIBLIOGRAPHIE 103 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1. Evaluation du plan d’amélioration de la prise en charge la douleur 2006-2010 [Internet]. Haut Conseil de la Santé Publique; 2011. Disponible sur: http://www.hcsp.fr 2. Avis du 17.09.13 sur le projet de programme national douleur (2013 - 2017). Conférence Nationale de Santé; 2013. 3. 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Description des douleurs Caractéristiques particulières des douleurs spontanées continues (brûlure, froid douloureux) ou paroxystiques (décharges électriques) • Association à des douleurs provoquées (notamment par le frottement, le froid) • Engourdissement, fourmillements, picotements, démangeaisons • Déficit thermo-algique (piqûre, chaud, froid) Autre déficit sensitif (tact, proprioception) Déficit moteur • Autres (anomalies de réflexes ...) • Allodynie au frottement, au froid, au chaud Sensations positives non douloureuses associées Signes neurologiques négatifs dans la zone douloureuse Signes neurologiques positifs 111 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 2 : Questionnaire DN4 Interrogatoire du patient Question 1: La douleur présente-t-elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes? 1- Brûlure □ Oui □ Non 2- Sensation de froid douloureux □Oui □ Non 3- Décharges électriques □ Oui □ Non Question 2 : La douleur est-elle associée dans la même région à un ou plusieurs des symptômes suivants? 4- Fourmillements □ Oui □ Non 5- Picotements □ Oui □ Non 6- Engourdissement □ Oui □ Non 7- Démangeaisons □ Oui □ Non Examen du patient Question 3 : La douleur est-elle localisée dans un territoire ou l'examen met en évidence? 8- Hypoesthésie au tact □ Oui □ Non 9- Hypoesthésie à la piqûre □ Oui □ Non Question 4 : La douleur est-elle provoquée ou augmentée par: 10 -Le frottement □Oui □ Non Score du patient ..../10 112 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 3 Questionnaire d’évaluation des douleurs neuropathiques (Neuropathic Pain Sylptom Inventory) Date NOM Sexe Age Prénom Vous souffrez de douleurs secondaires à une lésion du système nerveux. Ces douleurs peuvent être de plusieurs types. Il existe des douleurs spontanées, c’est-à-dire des douleurs présentes en l’absence de toute stimulation, qui peuvent être durables ou apparaître sous forme de crises douloureuses brèves. Il existe également des douleurs provoquées par diverses stimulations (frottement, pression, contact avec le froid). Vous pouvez ressentir un ou plusieurs types de douleur. Le questionnaire que vous allez remplir a été conçu pour permettre à votre médecin de mieux connaître les différents types de douleurs dont vous souffrez, afin de mieux adapter votre traitement. Nous voudrions savoir si vous avez des douleurs spontanées, c’est-à-dire des douleurs en l’absence de toute stimulation. Pour chacune des questions suivantes, entourez le chiffre qui correspond le mieux à l'intensité de vos douleurs spontanées en moyenne au cours des 24 dernières heures. Entourez le chiffre 0 si vous n’avez pas ressenti ce type de douleur (Veuillez n’entourer qu’un seul chiffre). Q1. Votre douleur est-elle comme une brûlure? Aucune brûlure 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Brûlure maximale imaginable Q2. Votre douleur est-elle comme un étau? Aucun étau 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Étau maximal imaginable Q3. Votre douleur est-elle comme une compression? Aucune compression 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Compression maximale imaginable Q4. Au cours des dernières 24 heures, vos douleurs spontanées ont été présentes: Veuillez cocher la réponse qui correspond le mieux à votre état: En permanence Entre 8 et 12 heures Entre 4 et 7 heures Entre 1 et 3 heures Moins d’ 1 heure /_/ /_/ /_/ /_/ /_/ 113 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Nous voudrions savoir si vous avez des crises douloureuses brèves. Pour chacune des questions suivantes, entourez le chiffre qui correspond le mieux à l’intensité de vos crises douloureuses en moyenne au cours des 24 dernières heures. Entourez le chiffre 0 si vous n’avez pas ressenti ce type de douleur (Veuillez n’entourer qu’un seul chiffre). Q5. Avez-vous des crises douloureuses comme des décharges électriques? Aucune décharge électrique 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Décharge électrique maximale imaginable Q6. Avez-vous des crises douloureuses comme des coups de couteau? Aucun coup de couteau 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Coup de couteau maximal imaginable Q7. Au cours des dernières 24 heures, combien de ces crises douloureuses avez-vous présenté? Veuillez cocher la réponse qui correspond le mieux à votre état: Plus de 20 /_/ Entre 11 et 20 /_/ Entre 6 et 10 /_/ Entre 1 et 5 /_/ Pas de crise douloureuse /_/ Nous voudrions savoir si vous avez des douleurs provoquées ou augmentées par le frottement, la pression, le contact d’objets froids sur la zone douloureuse. Pour chacune des questions suivantes, entourez le chiffre qui correspond le mieux à l'intensité de vos douleurs provoquées en moyenne au cours des 24 dernières heures. Entourez le chiffre 0 si vous n’avez pas ressenti ce type de douleur (Veuillez n’entourer qu’un seul chiffre). Q8. Avez-vous des douleurs provoquées ou augmentées par le frottement sur la zone douloureuse? Aucune douleur 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Douleur maximale imaginable Q9. Avez-vous des douleurs provoquées ou augmentées par la pression sur la zone douloureuse? Aucune douleur 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Douleur maximale imaginable Q10. Avez-vous des douleurs provoquées ou augmentées par le contact avec un objet froid sur la zone douloureuse? Aucune douleur 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Douleur maximale imaginable 114 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Nous voudrions savoir si vous avez des sensations anormales dans la zone douloureuse. Pour chacune des questions suivantes, entourez le chiffre qui correspond le mieux à l'intensité de vos sensations anormales en moyenne au cours des 24 dernières heures Entourez le chiffre 0 si vous n’avez pas ressenti ce type de sensation. (Veuillez n’entourer qu’un seul chiffre). Q11. Avez-vous des picotements? Aucun picotement 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Picotement maximal imaginable Q12. Avez-vous des fourmillements? Aucun fourmillement 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Fourmillement maximal imaginable RESULTATS Sous-scores Douleurs spontanées superficielles (Brûlures): 1. Q1 = .../10 Douleurs spontanées profondes (Constriction): 2. (Q2 + Q3) /2= /10 Douleurs paroxystiques: 3. (Q5 + Q6) /2 = . /10 Douleurs évoquées: 4. (Q8 + Q9 + Q10) /3 = ... /10 Paresthésies/dysesthésies: 5. (Q11 + Q12) /2 = . /10 Score total (1+ 2 + 3 + 4 + 5) = ... /100 . 115 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 4 Brief Pain ln ventory (BPI) -Quest ionnai re co ncis sur les douleurs Date: ... ... ./ ....•../ Heure : .......h4.... . Prênom: .. ..................... ....................... ...... Nom : ... 1- Au cours de notre vre, ta plupart d'entre nous ressentent des douleur s un jour ou ,.. autre {m aux de t ête, rage de den ts). Avez·vous re~senti d'autres, douleurs que ce t:ype de douleurs« familières • aujourd'hui ? 0 Oui 0 Non 2 - Indiquer sur ce schéma où se trouve votre douleur en noircissant la zone. Menez sur le dessin un « X» à l'endroit où vous ressentez la douleur la plus intense. 3 -S'il vous plait, entourez d'un cercle l e chiffre qui décrit le mieux la douleur la plus intense que vous ayez ressenti pendant les dernières 24 heures. 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Pas de Doul eur la pl u!i horrible douleur que vous puissiez imaginer 4 - S'il vous plart, entourez d'on cercle le chiffre qui décnt le mieux la douleur la plus faibl e que vous ayez r essenti pendant tes !dernières 24 h eures. 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 S 10 Douteur la pl us horrible que vous puissiez îmagîner Pas de douleur S'il vous plaît, entourez d'un cercle le chiffre qu1 décrit le m1eux la douleur·en général. 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Pas de douleur 10 Doul eur la pl us horrible que vous puissiez imaginer 6 - S'il vous plan, entourez d'un cerd e le chiffre qu1 décrjt te m1eox la douteur en ce moment. 0 Pas de douleur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Doul eur la plus.horrible que vous puîss.iez imaginer 116 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 7 - Quels traitements suivez-vou$ ou quel!i médicaments prenez-vous contre la douleur ? 8 - Pendant les dernières 24 heures. quel soulagement les trartements ou les médiCaments que vou!i prenez vous ont-1ts apporté 7 Pouvez· vous Indiquer le pourcentaee d'amélioration obtenue 7 0!0 Aucune amélioration - - - -lO'lô '"* SO'lô 70!0 100~ Amélioration complète 9- Entour~z le chiffre qui décrn le m1eux cqmment, pendant lesdernières 24 heures, la douleur a gêné votre : Activité générale lA-n: 1 ' 3 4 5 • 7 8 9 10 Gêne complete Gêne Humeur 2 1 Au,:un: Gene ' 4 5 • 7 • • Gêne 10 complètt capacité à mar<.her 1 1 3 4 5 6 7 AU,:Un: Gene • • Gêne 10 complète Travail habituel (y compris a l'extérieur de la maison e: les trav~ux domestiques) IA~nto ' 3 4 5 • 7 8 • Gêne 10 complète Gene Reletion evee: les autres 2 1 Au,:un: Gene ' 4 5 • 7 8 • Gêne 10 complete Sommeil 2 0 3 • 5 4 5 Aucune Gêne • 7 • 7 • • 10 Gêne complète Goût de vivre 0 Aucunt Gène 1 2 ' 8 9 10 Gene complète 117 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 5 HAD : Hospital Anxiety and Depression Scale 3 2 1 0 Je me sens tendu ou énenré : la plupart du temps souvent de temp.en temps jamais Je prends plaisir aux momes choses qu'autrefois : oui, tout autant pu autant un peu seulement presque plus 0 1 2 3 3 2 1 0 J'ai une sensation de peur comme si quelque chose d'horrible alla.it m'arriver : oui, crès nettement oui, mais ce n ·es~ pas grave un peu, mais cela ne mi nqui;te pas pas du tout Je ris facilentent et vois le bon côte des choses : a\Jiallt que par le passè plus autant qu'avant vraiment moiœ qu'avant plus du tout 0 1 2 3 Je me fals du souei : 3 2 1 0 très souvent assez souvent occasionnellement trës occasionnellement Je suis de bonne humeur : 3 2 1 0 Jamats rarement assez souvent la plupart du temps 118 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Intervalle des notes possibles de 0 à 21 pour dépression et Anxiété distinctement Un score ≤ 7 absence de cas Un score entre 8 et 10 = cas douteux Un score ≥ 11 = cas certain 119 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 6 : Classification des douleurs neuropathiques dues au cancer Mécanisme Niveau d’atteinte Plexulaire Envahissement Tumoral Direct Radiculaire Tronculaire Système Nerveux Central Osseuses Vertébrales Costales Métastases Os longs Viscérales Plexopathie cervico-brachiale Supérieure Inférieure Plexopathie lombo-sacrée Supérieure Inférieure Radiculalgie neuropathique Nerf obturateur Nerf crural ou sciatique Nerf cutané latéral de la cuisse Nerf cubital ou radial Nerf intercostal Nerf intercostobrachial Nerf trijumeau Compression médullaire Syndrome thalamique Radiculalgie neuropathique Compression médullaire Nerf intercostal Troncs nerveux Plexopathies Adénopathies Plexopathies Cérébrales Douleurs centrales (?) Méningite carcinomateuse Polyneuropathies Paranéoplasies Métaboliques / Principaux tableaux cliniques Polyneuropathie Polyradiculalgies Sensitive de Denny-Brown Syndrome myasténique de Lambert Eaton Neuro-myotonie, Polyneuropathie Sensitivo-motrice distale, Neuropathie motrice, Polyradiculonévrite, Multinévrite Polyneuropathie sensitive longueur dépendante Carentielles Terminales Polyneuropathies Polyneuropathie sentive longeur dépendante 120 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) IT - ...... en.•·-·-· - .. ~diell'- ..... Ar AlpreM!tcllntltiQolo d'dft<adtr ciano p t - . h~ éWdn tM!ptJwos ciano la dO&Aeur~ duYif) A (lnu.e SC~m~lftolur ......idMîCIII IWI•Idl M 1"" tnlmt1Dn d'~ ciano pt........ ft.......) Clomipramme Jl«oon- .., , .. lnU!nt lon Al-oclmei""'" d'-...œclanopl......... h~) 2 Bl~d·e~) A (l'f'l'U"'IItlomii\Qur: d'~IC clilfiSia pol~thl<' dlabi!t:lque) Venlafaxine A(_...., tdonllfiqur: d'effiaodt~ darlS la - dcalleut ......-cp~lhlqur: dlibèt1que péo iplé iqOe chel l'adWe Pi!sci'AMM Aet:om..- en , .. 111tt'nuan (P<ll)'l'otiJRIPOtltk- ciOul""'cue du~) Rt!'c.Oinn~ en 2•""1n~.eJ~uon pol~U\Ie_.._) A (preuw.' sctenttnqur: d't'lllcacolê darlS plus.,... ètoocotle> mals éltldes neptlve ,._~leur """"""'lblque ~de l'adulte darwles neiii'Opathlt'S clclulaurtula du dl-t') A {pr..,... tclonllfiqur: d'olllcac1t4 dam pl.,.,... ~,.........,. INi .. èltldes népt""' dam la r.dlc<IIOI>•Ih ... 10111~ t'lia..,...., oprM NM4 douleur ....._~~~~q.., ~et o::entr.lle de Annexe 7 : Recommandations de la SFETD – Stratégies Thérapeutiques Synthèsedes~~denl\o:'aUdepreM!AOù6Willedilli5ésenf'nlnœpourlelni-desCIOOI<!In_,lq\lftll ___ ............,..demae...- .. ~ (No\111), Atcom,_,.,.. rn 1" lntt'nllan l'adutt~ AVCI 121 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Stratégies Thérapeutiques (Suite) Tableau 4 (Sult.e l Trall~ Opioclls T....,.dol A (pre\IVe sclent.inque d'efficacité dans ta polyneuropathfe dla~lqoo y <X><nPt1s pour l'a$S6clatlon .a~r« le paracé~lnol) "lll<ell'le ~lnquc d'effioaci\é ~"' piUsietirS êtiolcllies) Re<omrna(ldé en 2,_ Intention ou en tfe intention si crises doulooreuses ou dotil~ur lntiJlmmalOlro asscx:IOe ANH. doW:un per.sl$\ant.. Re<:Qmmand<! en ca' d'édlo:c des Intense• QO ret>etj.S autres af!Q~!q~e , en paniculief tra~p~nts" awc doUteur d'origine canc'êreuse: 0~ All>feuve ~que d'oftjc:ac;lte dans plu<il!tlr$ AfiN, doule<Jr chronique d'origine cai1Cé"""" tntemos ou étlolotteo) r®elles alll( an~~ de A (preuv.t..:lentillque d'efficadtë .dans la doul~ur ANH. dooleur neuropathlque post-zostérienne Reèommand<! on cas d'éch« des traitement• ptêcédents' n!Yealj pllls faible poSt-zostérienne mais une .etude lllllltlcentrtquo ~·tt~) Aecomrnandé en 1œ lntent1on <(ans la DPZ chez te sujet igé pré<entant .une atlodynio> chez qultes trattomon.s ~lquos S(lnl. '*<>oseilles "" cMtre·11ldlql,oé$ H(lj>:n,.~dap<eU'I<t. " Les api:açês foru ne constiwent pas m tnit'e''OE!f'lt de prem:iêteintention œta douleur chrllt!ique non ca~ 122 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) lnlt~tlon, <~mes d'entretien et prlnc:fpalll( effets lndéslrnbleJ des traitements Rhlrmacoloalqucs rl!j;Ofllmancjês damia douteur neuropalhlque. ~ lniUaleet patlen d'q,.,utlon' Doses ~~et Principaux~ ~!el" IIICI6tll'llbles lmlpramlne 10 25mj 1~ !Ojr 7S- j!SOm,/j, AmltflptyUne Oomlpramlne P~lli!rl <leS"'! (suJet 1- Hots/J max.· JOOmi/J (Ît111pnmtne) 8gé) A25ma Plicautlons d'enplàl Autn!s bllt~l lly!Uri<>, boucllb ~ Gllllléome • angl~ ~lor:>tlon de la ~onl onlmtat lque, céphi\lées Trouilles de rorm4 Obitacle Uré\I'Oil<Onatlque Infarctus du myocarde t 1aa:ommodatlon r&~l (amîtflptytfoe), prÔ'ientlon des attaques de paniqll!' Conotlpatlon, <Uo!IJrs, Abot~- du l'<!Utl (domlpramlne) t>I'IU' del po~ ~pllep~ tlypot~nsl011 SOfn'lOlcm<e. Yt!'rt lees. troubtei CQIIlftlls d<rlt> " 7S mf/)' améliO!ôtlon de l'fm001!lle Tro~les cjlrdl0Va$cutalres 60 t20mt1J, 1 HOI•/J lOO rna te sotr ( 100 mg sujét âaoi) Patlro de 100 mg ($U)et ·~~a lOO ma 75-ISOmg P•Um de 7Smt (:tSrna !Ujetà~) 1200 3600mt, l fOls/} (ryùl~. C<lll<iiJctlon) NR!àtes/wm~mctnll, co(IStipallon, a~l® Bouche sèclle, Impression vertlglne""' Sotnno4en::e, insOmnie, sueurs, fatljue SomllOlcm<o, anhdfllo, f111P11tUion vcnJal~"~CtM ~u~. ~. 300-6QOm,, 2fols/) en d<>ux ou trois prises >khe......,.de la boUche Céphali!cts 1 œdèii'IC!1 peripheriques Prf1e de 'poids Somna4C!I1Ce, asthênf<>, lmp~esslon vcruc...,_ Ha~J50!el, anorexie, sél;~de la bouche apjlali!cts. œ!lè~· lnsuffilonœ ~patlque HTA non conu6h!~ Adaptè scl011 ta cla lrnnc:e de ln créaUnlt\e. Rèdulrelet daset ti10'Z la~ AmélioratiOn de la deprc<Sion ~ de l '~té aënérallsée ArM!Iornllon des tiOOb!M du somn~tU laée Adapté selon la ela de la Clêallnlne Réduire lcJ d014!$ chez ta perllOflfle âaée tt•- Am<!lloraliQo deS lnltlb\M du wm~ll ot de Va!ll'lél~ aênérallsée Annexe 8 : Posologies et Principaux Effets secondaires des traitements (SFETD) Tabloau 5 p!lriptoer1ques Prf1e de poldt 123 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 1 l.l<lotalne ~ ~Os>iaœs forts ....... .s·--- DolO lnl\loleet pollen Dœes .......... et ,.. 1- l pot.Chs/1 """" t l!*<hiiJ, clouiGureull! to-JOma. 21ois/j (morphine ~d) Aupnentatlan œ a Tlll'ltlcn IW!C JO 1l~/j l'~dft•a•re morphln& roplele/4 h c~oset/44 so" nh, œ Tltrouon lnd!VI<I~ w .... too:.ux : pnl1t, lrntatlcn, allerpe !Wcautlcn d'<'m!'!o4 ~del'ellet ~ pas en morplnnlques. première tntmlion El!1041:~ lUI' lA - - oa~vomtsoe'""""· Rapld~ dt! l'elfet (~SUO'lldoUtour CO!'Sllpatlcn, Precautlam d'emploi rn as d'.assoclotUorl o'l"t IRS, IRSNA o1 ADT ootni'l~Mrœ 1\balm,.,.. du WUII Céphalées, sê<llefess<: éplleptoeène Ha~ .~. c;tll'6tlpatlcn Flou ~'toue~. bouc!te ~.~ ~lve/tnllarM\Otolr'e foliaue, c!yùje, P<Urlt, l~es cognitifs Tr:arnadol S0/111. 1 11104•/J PaU"" dt! so 100 ma lœ .jO()mafJ~ lA 4prUes JOOrnt/Jopm 7Sans V!!rllae, œ la bouche, d)'stlfie noclccpllve/tnn•mm$tolro Clalnmce dt! la c~otlnlne <30 ml/h AV!C : """V'IlllJiineo K, iMMl 1 lnh!blt..,. dit lo , _ ,• .,..o....-; ,A(Ir 1 •nll<lllll""""'rt~: litS: ~lbl"'"' de la ~ture de lo <êroton1no; II!SHA ; tnhlb1""" dl! 1> , _, .,. de la~~ et. de ta OOta~llne. • tes po$0l0fiess'appllquent l, l'..:lullb. pour 114!nflfl't mleut\'IM.I'I ,.~ :\ 1.10~84Pcguepêdiatce- Posologies et Principaux Effets secondaires des traitements (Suite) 1ablrau s IS<Ift.l 124 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 9 : Polyanalgesic algorithm for intrathecal therapies Polyanalgesic Consensus Conference--2012: recommendations on trialing for intrathecal (intraspinal) drug delivery: report of an interdisciplinary expert panel.(36) 125 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 10 Méta-analyse : Tolérance des médicaments dans les douleurs neuropathiques périphériques 126 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) Annexe 11 Méta-analyse : Efficacité des médicaments dans les douleurs neuropathiques périphériques 127 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 129 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) 130 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0) BRAULT Mélanie Les Douleurs Neuropathiques Périphériques Chroniques en Oncologie. Etude rétrospective et observationnelle : mise en place, tolérance et efficacité d’un 1er patch à haute concentration de capsaïcine. . Nbr fig : 24 Tab : 8 Th. Méd : Lyon 2014 n° 32 RESUME : Les douleurs neuropathiques périphériques chroniques représentent un enjeu pour les soins de support en cancérologie. Commercialisé en France depuis juin 2011, le patch à haute concentration de capsaïcine est venu compléter l’arsenal thérapeutique spécifique recommandé pour le traitement de ces douleurs. Au travers d’une étude observationnelle et rétrospective, incluant 22 patients, nous nous sommes intéressés à la tolérance et l’efficacité d’une 1ère prescription de ce nouveau médicament. Nous avons pu identifier deux étiologies principales : des douleurs neuropathiques iatrogènes postchirurgicales, et des douleurs neuropathiques post-zostériennes. Le délai moyen d’évolution des douleurs était de 16,6 mois. Le traitement par patch à haute concentration de capsaïcine se démarque des autres thérapeutiques recommandées, par sa très bonne tolérance. A cela s’ajoute, la quasi inexistence de contre-indications, l’absence d’interaction médicamenteuse et d’adaptation posologique. Enfin, il faut souligner une observance facilitée, par une application trimestrielle. Concernant son efficacité, nous avons pu observer une diminution de l’intensité douloureuse, avec une baisse de l’EVA supérieure à 30% pour 36% des patients et un soulagement significatif pour au moins 40% des patients traités, associés dans le même temps, à une désescalade des thérapeutiques concomitantes de 30%. Aux vues de ces résultats, deux réflexions principales se dégagent. Tout d’abord, ne doit-on pas discuter la place de ce médicament - en dernier recours -dans la stratégie thérapeutique recommandée par l’HAS? D’autre part, ne pourrait-on pas envisager une disponibilité simplifiée de ce médicament? De nouvelles études mesurant l’impact sur la qualité de vie globale des patients, conjointement à des études médico-économiques du patch à haute concentration de capsaïcine doivent être réalisées rapidement pour étoffer ces premiers résultats et permettre ces avancées au profit des patients. MOTS CLES Douleurs Neuropathiques Cancer Traitement Patch à haute concentration de capsaïcine JURY : Président : Membres : Madame le Professeur Sylvie Négrier Monsieur le Professeur Jérome Honorat Monsieur le Professeur Marc Sindou Madame le Docteur Gisèle Chvetzoff DATE DE SOUTENANCE : 20 Mars 2014 Adresse de l’auteur : 82 rue des Talus 92500 RUEIL-MALMAISON Email : [email protected] 131 BRAULT (CC BY-NC-ND 2.0)