Enzo Zidane fils de Pas vraiment comme papa

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Enzo Zidane fils de Pas vraiment comme papa
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FOOTBALL
Le Journal de l’Île
Enzo Zidane fils de
Il a 14 ans, un nom qui fait frissonner les foules et le maillot du Real sur les
épaules. «L’Équipe Magazine» est allé voir jouer la relève de Zizou contre le
Rayo Vallecano.
Lsur son portable et s’isole le
e moustachu ventru pianote
long du mur des vestiaires. Quelques minutes de palabres au téléphone, il revient et annonce la
sentence, bras croisés sur sa
parka du Real. «Désolé, vous
n’avez pas l’autorisation d’approcher Enzo. Ce sont les consignes. Il
faut l’accord du service de presse du
club. C’est encore un enfant, nous
devons le protéger. Il faut nous
comprendre.» Embarrassé mais
ferme, le responsable des infantiles A du Real Madrid ne veut
pas en dire plus. Il refuse même
de donner son nom. Son employeur lui impose le secret. Il
est bientôt 15 heures, ce samedi
28 mars, à Vallecas, banlieue populaire au sud-est de la capitale
espagnole, la délégation du Real
quitte le complexe sportif Alberto-Garcia comme elle est venue. Petits hommes en rangs serrés, impeccables dans leurs
survêtements noirs, sans chahut,
sans même un rire. Le choc de la
défaite (2-5), sans doute, la première de la saison, mais pas seulement. À 14ans, ils ressentent
déjà le poids de la tradition et de
la bienséance.
Au cœur de la troupe, une longue silhouette efflanquée, le
cheveu noir en bataille. Devant
l’objectif des trois photographes
présents, ses potes lui servent de
paravent. Voici Enzo ZidaneFernandez, fils d’un fameux numéro 10 devenu iconique. Dans
le bus blanc, digne de l’équipe
professionnelle, il se coince
contre la vitre, le regard lointain. Vite, un partenaire tire le
rideau. Bruits de moteur, bientôt, l’aîné de ZZ sera à l’abri
dans le confort de la vaste demeure de Conde de Orgaz, le
quartier madrilène où le clan Zidane réside depuis 2001.
Le 22 mars, le grand quotidien Marca a consacré deux
pleines pages au jeune Enzo
pour ses débuts en sélection de
la province de Madrid. Une publicité massive qui altère la
quiétude de l’adolescent. «S’il
n’était pas le fils de son père,
personne ne parlerait de lui !»
lance José Luis Martin, responsable des équipes de jeunes du
Rayo Vallecano. Cet après-midi
là, en Division de Honor infantil de la communauté de Madrid, son équipe a infligé une
goleada aux partenaires du fameux héritier, lui aussi milieu
offensif. «Ce petit n’est pas un
crack comme Zizou ou un phénomène comme Messi au même âge.
Il a le niveau pour figurer dans
l’équipe A de sa catégorie au Real.
Sera-t-il pro un jour ? Personne ne
peut le dire.»
Enzo Zidane a commencé la
partie sur le banc de touche,
l’éducateur n’est pas surpris.
«C’est habituel, la concurrence est
rude, confirme Adrien Huss, un
Français du Rayo, un copain
d’école aussi. Malgré une super
technique, il a dû être titulaire trois
ou quatre fois cette saison. Il manque d’endurance. Au bout de trente
minutes, il est déjà fatigué. Sinon,
c’est un garçon gentil, pas du tout
prétentieux.»
Contre le Rayo Vallecano, Enzo
Zidane-Fernandez a joué vingtdeux minutes (sur soixante-dix).
Le visage doit beaucoup à sa
mère Véronique. L’allure légèrement voûtée rappelle son Ballon
d’Or de père. Cette forme de
nonchalance souple, cette aisance balle au pied, ces ouvertures sèches et précises. Bon dribbleur, il est apparu lent mais
décidé. Pour savoir si s’ouvre devant lui un destin d’anonyme
descendant, comme le fils de Michel Platini, ou de footballeur international, comme le rejeton de
Johan Cruyff (lire ci-dessous), il
faudra laisser filer les années.
En attendant, le Real Madrid
est bien décidé à replonger son
licencié si particulier dans
l’anonymat le plus épais. Consignes appuyées ou autocensure,
les grands noms de la «Maison
blanche» (Hierro, Michel, Butragueno, etc.) taisent leur avis sur
le sujet. D’autant que la cité
bruit de luttes politiques souterraines en vue de l’élection à la
présidence du club prévues en
juin. Si le favori, Florentino Perez, déjà aux manettes lors de la
période galactique (2000-2006),
retrouvait son siège, Zinédine
Zidane devrait effectuer son retour au club, comme ambassadeur ou conseiller spécial.
Alors, un autre Zidane méritera
des doubles pages dans la presse
ibérique.
Christophe Larcher
28 mars, Vallecas. Enzo Zidane (au centre) à la sortie du complexe sportif Alberto-Garcia.
Pas vraiment comme papa
Les fées ont tendance à oublier le gène du génie dans la panoplie des fils de champions du foot.
Maradona
junior, le plus
ensablé
Edinho, le plus indigne
Pelé fut le meilleur joueur du monde au siècle dernier. Son fils,
Edson Cholbi Nascimento, dit «Edinho», après huit saisons pro
comme gardien remplaçant du Santos FC de Sao Paulo, a pris
sa retraite en 1999. Âgé de 39 ans aujourd’hui, il a alimenté la
rubrique «faits divers» et fait plusieurs séjours en prison.
Condamné pour homicide involontaire, il s’est également
compromis avec des trafiquants de drogue.
Jordi Cruyff,
le plus doué
Né en février 1974, le fils de Johan Cruyff a réussi
une belle carrière professionnelle, principalement en Espagne, où il a grandi avec ses parents.
Attaquant du FC Barcelone jusqu’en 1996, il a décroché un titre de champion... d’Angleterre,
en 1997, avec Manchester United, et disputé une
finale de Coupe de l’UEFA, avec Alaves, en 2001.
International néerlandais à neuf reprises, il a achevé
sa carrière en... Ukraine, en 2007, dans les rangs
du Metalurg Donetsk, à 33 ans.
Laurent Platini,
le plus discret
En mai 1988, le fils de Michel Platini, 9 ans, entre en
jeu lors du jubilé de son père, à Nancy. Footballeur dans
les équipes jeunes du club lorrain, il a suivi ses parents
en banlieue parisienne. Laurent a joué libero à Boulogne-Billancourt jusqu’en moins de 18 ans mais n’avait
pas le niveau pour une carrière pro. Il a été responsable
juridique du PSG avant de rejoindre Lagardère Sports.
Diego Maradona a conservé d’excellents
souvenirs de son passage à Naples. Et un fils, Diego Armando
Junior, né d’une relation extraconjugale avec une jeune napolitaine en 1986. Milieu offensif et numéro 10 comme
son géniteur, Junior a réalisé une modeste carrière
de footballeur dégringolant en série D
(5e division nationale) à Venafro. Son fait d’armes, c’est
sa sélection en équipe d’Italie de... beach-soccer, l’été
dernier à 22 ans. Depuis, il a
quitté le sable pour retenter
sa chance sur l’herbe. Destination l’Argentine et un
bout d’essai à River
Plate.