Chapitre 2 : Socialisation différentielle et inégalités
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Chapitre 2 : Socialisation différentielle et inégalités
Chapitre 2 : Socialisation différentielle et inégalités hommes-femmes Problématique centrale du chapitre : Sommes-nous hommes ou femmes parce que l’a nature l’a voulu ou est-ce lié à la socialisation ? Comment expliquer les inégalités hommes-femmes dans les sphères domestique et professionnelle ? PLAN Introduction : des métiers pour femmes, des métiers pour hommes ? Des inégalités entre hommes et femmes dans la sphère professionnelle ? 1. Le cerveau n’a pas de sexe : des explications biologiques à écarter DOCUMENTS Document polycopié n°1 Taux de féminisation dans quelques professions Document polycopié n°2 Vidéo Françoise Héritier / Catherine Vidal et conférence Catherine Vidal 2. L’impact de la socialisation différentielle sur les inégalités hommes/femmes 2.1. Le processus de socialisation est différentiel 2.2. Socialisation différentielle, inégalités de répartition des tâches domestiques et inégalités face à l’emploi Analyse d’un extrait du film « La domination masculine » sur les jouets. Documents polycopié n°2 Sexes différents ? Accueil différent ! Voir diapos 1 à 5 Document polycopié n°3 Images féminines et masculines des contes et légendes Voir diapo 6 Voir pubs sexistes (deux vidéos) Document polycopié n°4 Devenir homme Document polycopié n°5 Le troisième sexe social Vidéo danse des wodabe Document polycopié n°6 : Répartition des tâches ménagères et parentales dans un couple en 2005 Document polycopié n°7 Des inégalités persistantes dans le monde professionnel Voir diapos 8 et 9 Fiche de révision de l’interrogation sur le chapitre 2 Je sais formuler une définition des mots ou expression suivants et les utiliser : rôles sociaux de genre (2.1), genre (2.1), socialisation différentielle (2.1), stéréotypes (2.1. et 2.2.), plafond de verre (2.2.), double journée de travail des femmes (2.2.), discrimination (2.2.). Je connais : Les différentes inégalités entre hommes et femmes dans la sphère professionnelle (intro). L’inégalité de répartition des tâches domestiques dans le couple (2.2.). Je sais expliquer (= donner les causes !) : Pourquoi les explications biologiques des identités masculine et féminine ne sont pas satisfaisantes (1) ; comment se construisent par la socialisation les rôles sociaux et les identités de genre (2.1.) ; quel est l’enjeu de la distinction entre sexe et genre (2.1.) ; Le lien entre socialisation différentielle et inégalité de partage des tâches domestiques (2.2.). Le lien entre inégalité de répartition des tâches domestiques et inégalités hommes-femmes dans la sphère professionnelle (2.2.). Le lien entre stéréotypes de sexe, discriminations et inégalités professionnelles (2.2.). Je sais calculer : une proportion (une part) et faire une phrase intégrant une proportion sans utiliser le symbole « % » (sur 100, …) OUI NON Définitions utilisées dans ce chapitre Discrimination : une différence injustifiée de traitement pratiquée aux dépens d'une personne ou d'un groupe de personnes. Double journée de travail des femmes : désigne le fait, qu’en raison de l’inégalité de partage des tâches domestiques, les femmes effectuent deux journées de travail : l’une dans la sphère professionnelle et une deuxième dans la sphère domestique. Genre : Construction sociale qui différencie hommes et femmes. Plafond de verre : plafond invisible, mais bien réel, auquel se heurtent les femmes lorsqu’elles veulent accéder aux statuts les plus valorisés dans les organisations productives. Rôles sociaux de genre : A la fois modèles de conduite, rôles prescrits ou attendus et comportements effectifs de l’un et l’autre sexe dans la vie privée (la conjugalité, la sphère domestique), comme dans le domaine public (lieux de sociabilité, lieux de travail, instances associatives, etc.) Socialisation : processus par lequel les individus apprennent et intériorisent les normes et les valeurs de la société ou du groupe auquel ils appartiennent. Socialisation différentielle : processus par lequel les individus apprennent et intériorisent des comportements, des attitudes, des goûts conformes à leur genre. Stéréotypes : traits, comportements et qualités que nous croyons typiques des membres d’un groupe, mais qui relèvent de préjugés. DOSSIER DOCUMENTAIRE Document polycopié n°1 Taux de féminisation dans quelques professions (moyenne annuelle 2007-2009), en % Document polycopié n°2 Taux de sousPart parmi les dirigeants dans Part parmi les cadres Inégalités de salaires : les 3 emploi dans les entreprises de 250 supérieurs en 2008 (%) hommes gagnent en 1 2 l'emploi total (%) salariés et plus (%) moyenne 26,7% de plus que 3 les femmes Hommes 2,2 91,4 62 Femmes 7,7 8,6 38 1. Insee, enquêtes emploi 2008. Le sous-emploi désigne la situation d’un salarié qui a un emploi à temps partiel (- de 35 h par semaine) alors qu’il souhaiterait travailler davantage. 2. Insee. 3. Insee. 1. Lire : Faites deux phrases utilisant les données entourées et qui permettent d’en comprendre le sens (document polycopié n°1). 2. Comparer : Quels sont les caractéristiques des métiers très féminisés qui les distinguent des métiers les moins féminisés ? (document polycopié n°1) 3. Lire : Faites une phrase avec chacune des données soulignées. (document polycopié n°2) 4. Remplissez le tableau. Elaborez des hypothèses (cases 1 et 2) permettant d’expliquer que certains emplois soient très féminisés, et d’autres très peu féminisés (document polycopié n°1). Elaborez d’autres hypothèses (cases n°3 et 4) pour expliquer chacune des inégalités constatées dans le document polycopié n°2. Pour chacune des hypothèses élaborées, dites ce qu’il serait nécessaire de faire pour tester si votre hypothèse est correcte. Hypothèse 1. 2. 3. 4. Vidéo Françoise Héritier / Catherine Vidal et conférence Catherine Vidal Comment organiser votre travail : Avant de regarder les vidéos, bien lire les questions ci-dessous. Prendre des notes en regardant les vidéos (pour chaque prise de notes, demandez-vous dans quelle(s) réponse(s) vous pourrez l’utiliser). Rédigez vos réponses. 1) Relevez toutes les idées reçues concernant de prétendues différences fondamentales concernant le fonctionnement du cerveau des hommes et des femmes et qui ont été totalement remises en cause par les études scientifiques récentes. Vous pouvez vous aider de la conférence de Catherine Vidal. 2) Lorsqu’il existe des différences d’aptitude entre hommes et femmes, montrez que l’explication selon laquelle ces différences sont données à la naissance par le simple fait d’être né de sexe masculin ou de sexe féminin n’est pas pertinente. (Voir Catherine Vidal) 3) Quelles explications donnent Françoise Héritier et Catherine Vidal des différences entre les identités masculine et féminine que l’on peut observer dans la société ? 4) Quel est le préalable essentiel évoqué par les deux chercheuses pour pouvoir faire évoluer les comportements ? Analyse d’un extrait du film « La domination masculine » sur les jouets. 1) Reproduisez sur une page le tableau ci-dessous et remplissez-le à partir du documentaire. Faites à chaque fois correspondre une catégorie de jouets ou un jouet particulier à un type d’activités valorisé ou à un comportement attendu ou à une profession. Exemples de jouets Interprétation (types d’activités valorisés à travers les jouets offerts, comportements attendus, professions) Filles Garçons 2) Synthèse : A partir du tableau que vous aurez construit, montrez qu’à travers les jouets destinés et offerts aux enfants des deux sexes, la société influence leurs goûts, leurs envies et les comportements qu’ils adopteront à l’âge adulte. Vous intégrerez à votre réponse les concepts suivants : normes, valeurs, socialisation différentielle, rôles sociaux de sexe. Documents polycopié n°2 Sexes différents ? Accueil différent ! « Dès la naissance, la perception et l’interprétation des conduites de l’enfant par les adultes dépendent du sexe annoncé, plus encore que de son comportement. Les garçons sont considérés a priori comme robustes, forts et bien bâtis, les filles comme fines, délicates et douces, même lorsque ces avis sont prononcés à propos d’un même bébé. Avant la naissance, les représentations que les futurs parents se font de l’enfant à venir varient selon le sexe de ce dernier. Le sexe est également un organisateur puissant des conduites, en particulier chez les parents dont les comportements révèlent une nette différenciation, que ce soit dans la mise en place de l’environnement physique, dans le fait de privilégier des interactions avec tel ou tel type d’objet ou encore d’encourager ou de censurer certaines conduites. En dépit de l’évolution des mentalités, les univers dans lesquels évoluent les garçons et les filles sont très largement différenciés dès la naissance (jeux, aménagement de la chambre et habillement), avant même que les enfants soient en mesure d’avoir eux-mêmes des préférences. Les différences observées se rapportent directement aux stéréotypes traditionnels liés au genre. » Stéphanie Barbu et Gaïd Le Maner-Idrissi, sous la direction de Françoise Héritier, « A quoi jouent les petits garçons et les petites filles ? », Hommes, femmes, la construction de la différence, Le Pommier, 2005. 1) Montrez comment les conduites des parents vis-à-vis de leur enfant sont différenciées en fonction du sexe et expliquez quelles conséquences cela peut avoir sur la construction des identités de genre (Voir définition en début de chapitre). Document polycopié n°3 Images féminines et masculines des contes et légendes Les vieilles légendes nous offrent des femmes douces, passives, muettes, seulement préoccupées par leur beauté, vraiment incapables et bonnes à rien. En revanche, les figures masculines sont actives, fortes, courageuses, loyales, intelligentes. Aujourd'hui, on ne raconte presque plus de légendes aux enfants, elles sont remplacées par la télévision et les histoires inventées à leur intention, mais certaines parmi les plus connues ont survécu et sont connues de tout le monde. Ainsi, le petit chaperon rouge est l'histoire d'une fillette à la limite de la débilité mentale, qui est envoyée par une mère irresponsable à travers des bois profonds infestés de loups, pour apporter à sa grand-mère malade de petits paniers bourrées de galettes. Avec de telles déterminations, sa fin ne surprend guère. Mais tant d'étourderie, qu'on n'aurait jamais pu attribuer à un garçon, repose entièrement sur la certitude qu'il y a toujours à l'endroit et au moment voulus un chasseur courageux et efficace prêt à sauver du loup la grand-mère et la petite fille. Blanche-neige est une autre petite oie blanche qui accepte la première pomme venue, alors qu'on l'avait sévèrement mise en garde de ne se fier à personne. Lorsque les sept nains acceptent de lui donner l'hospitalité, les rôles se remettent en place : eux iront travailler, et elle tiendra pour eux la maison, reprisera, balaiera, cuisinera en attendant leur retour. (…) Elle réussit toujours à se mettre dans des situations impossibles, et pour l'en tirer, comme toujours, il faut l'intervention d'un homme, le prince charmant, qui l'épousera fatalement. Cendrillon est le prototype des vertus domestiques, de l'humilité, de la patience, de la servilité, du sous-développement de la conscience, (…). Elle non plus ne bouge pas le petit doigt pour sortir d'une situation intolérable, elle ravale les humiliations et les vexations, elle est sans dignité ni courage. Elle aussi accepte que ce soit un homme qui la sauve, c'est son unique recours, mais rien ne dit que ce dernier la traitera mieux qu'elle ne l'était jusqu'alors. (…) La force émotive avec laquelle les enfants s'identifient à ces personnages confère à ces derniers un grand pouvoir de suggestion, qui se trouve renforcé par d'innombrables messages sociaux tout à fait cohérents. S'il s'agissait de mythes isolés survivant dans une culture qui s'en détache, leur influence serait négligeable, mais la culture est au contraire imprégnée des mêmes valeurs que ces histoires transmettent, même si ces valeurs sont affaiblies et atténuées. Elena Gianini Belotti, « Du côté des petites filles », Edition des Femmes, 1974. 1. Comment peut-on caractériser les stéréotypes masculins et féminins présents dans les contes pour enfant ? Document polycopié n°4 Devenir homme Pour parodier Simone de Beauvoir*, on pourrait dire que « l'on ne naît pas homme, on le devient ». L’injonction à la virilité est un code de conduite très puissant dans les représentations et les pratiques sociales des hommes (…). Dans les travaux que j'ai menés, lorsque l'on demande aux hommes de raconter les événements marquants de leur biographie individuelle, ils parlent beaucoup d'une socialisation masculine qui se fait dans les cours d'école, les clubs de sports, la rue : tous ces lieux dont les garçons s'attribuent l'exclusivité d'usage […]. C'est dans le groupe des pairs que, dès le plus jeune âge, les garçons apprennent qu’ils doivent se différencier des femmes : ne pas se plaindre, apprendre à se battre, apprendre aussi à être les meilleurs... Tout ce qui n'est pas conforme à la conduite virile va être classé comme féminin. Le garçon qui n’y adhère pas va être la risée des petits camarades. De fait, les hommes vont être socialisés à la violence masculine des plus forts sur les plus faibles. C'est d’ailleurs cette même violence qu’ils vont reproduire par la suite dans le monde du travail, dans le couple... Les travaux du psychologue Christophe Dejours par exemple ont bien montré qu’un ouvrier du bâtiment ne peut pas dire qu'il a peur. Conjurer sa peur va consister à surenchérir sur la virilité, ne pas s'attacher à 15 mètres de hauteur par exemple. D. Weizer-Lang, « La construction du masculin », in Sciences humaines n' 146, février 2004. * Simone de Beauvoir (1908-1986) est un écrivain et philosophe féministe. Elle publie Le Deuxième Sexe en 1949. 1. En quoi peut-on dire que les « pairs » participent à la socialisation sexuée ? Reprenez des passages du texte et utilisez du vocabulaire tel que socialisation, normes, valeurs, stéréotypes, rôle, etc. Document polycopié n°5 Le troisième sexe social Pour rendre compte de façon plus satisfaisante de cette socialisation inversée, j’ai proposé de la rapporter à un modèle idéal, sous-jacent à l’organisation sociale et à l’idéologie inuit (et inspiré de l'« atome de parenté » de C. LéviStrauss) : l’« atome familial », composé d’un couple homme/femme (les conjoints) et d’une paire frère/sœur (leurs enfants), qui les secondent. Toute famille conjugale, lorsqu’elle se constitue, aspire à un certain équilibre, à une symétrie dans la division sexuelle des tâches, ce qui s’exprime par le désir d’avoir au moins un fils pour seconder le père et une fille la mère. Ce modèle microcosmique, qui exprime au niveau de la famille l'ordre de l'univers et sa reproduction, est cependant souvent contrecarré par les aléas de la vie et par les grandes variations du sex ratio1 à la naissance. En effet, s'il est à peu près équilibré dans toutes les populations du monde, le sex ratio à la naissance est très variable à l’échelle de la famille. En cas de déséquilibre, les Inuit recourraient à l’adoption ou à la socialisation inversée, en particulier quand les premiers enfants étaient des filles. On jouait alors à fond sur l’éponymie et on travestissait la fille, en l’initiant aux tâches masculines. Une fille, aînée ou cadette, était ainsi souvent socialisée de façon inversée, jusqu’à ses premières menstruations, que l’on célébrait comme si elle avait tué un gros gibier (…) ; elle devait, à compter de ce jour, porter des vêtements féminins. Symétriquement, dans une fratrie de garçons, un cadet était souvent travesti et socialisé comme une fille, jusqu’à ce qu’il tue son premier gros gibier. Il devait alors couper ses tresses et s’habiller en garçon. Dans les cas où le déséquilibre des sexes n’était pas le facteur déterminant du travestissement ou de la socialisation inversée, des raisons plus symboliques et affectives étaient invoquées pour en déterminer le degré. (…) Si nous passons maintenant des modalités du travestissement à ses effets sur ceux qui le subissaient, il y a unanimité des témoignages pour souligner les difficultés et souffrances morales éprouvées par les travestis et les socialisés inversés, quand ils devaient adopter, à la puberté, les vêtements, outils et tâches affectés habituellement à ceux qui avaient leur sexe biologique. Ils étaient rarement aidés par leurs parents proches, qui avaient justement décidé de leur travestissement, participé à leur socialisation, et qui continuaient d’ailleurs à utiliser les termes de parenté requis par l’éponymie. Le fait d’avoir à se soumettre à une autre réalité que celle de leur enfance, constituait une véritable crise pour ces adolescents, avec ses heurts et ses révoltes. Ce n’est que lentement et progressivement qu’ils parvenaient à acquérir les aptitudes des gens de leur sexe et, leur vie durant, ils restaient marqués par leur première éducation et par le chevauchement de la frontière des sexes. Ce chevauchement était devenu une composante de leur personnalité et faisait d’eux une catégorie à part, que j'ai proposée d’appeler le « troisième sexe social ». On les valorisait en général beaucoup en raison de leur polyvalence, de leur autonomie, mais aussi d’un pouvoir de médiation particulier qui s’exprimait notamment dans le domaine religieux. 1. Rapport entre le nombre de naissances de garçons et le nombre de naissances de filles. Bernard Saladin D’Anglure, Le « troisième sexe », La Recherche, n°245, juillet-août 1992, pp. 836-844. 1) Quelle est la famille idéale dans les représentations Inuit ? Pourquoi ? 2) Comment sont socialisés les enfants lorsque dans une famille ne naissent que des enfants de même sexe ? Pourquoi ? 3) Pourquoi le deuxième paragraphe du texte nous montre que les identités de genre ne sont aucunement naturelles ? Vidéo danse des Wodabe Que nous apprend cette vidéo sur les comportements considérés comme masculin ou féminin dans notre société ? Document polycopié n°6 : Répartition des tâches ménagères et parentales dans un couple en 2005 Partage des activités parentales : les inégalités perdurent Carole Brugeilles, Pascal Sebille, Université Paris Ouest Nanterre. Centre de recherche, Populations et Sociétés. Champ : personnes en couple cohabitant en 2005, dont la femme est âgée de 20 à 49 ans. Source : A. Régnier-Loilier, Population & Sociétés, n° 461, Ined, novembre 2009. 1. Lire. Faites une phrase donnant la signification des données pour le repassage. 2. Décrire – Décrivez la répartition hommes/femmes des tâches ménagères et parentales en 2005. 3. Expliquez ce constat à partir des documents déjà étudiés dans ce chapitre. Essayez de mobiliser le vocabulaire sociologique appris en cours. Document polycopié n°7 Des inégalités persistantes dans le monde professionnel Entrés au même âge, dans les mêmes emplois, avec le même bagage scolaire, hommes et femmes occupent, au bout de dix ans, des postes différents et hiérarchisés selon le sexe. La maternité – effective ou simplement potentielle – fragilise la position professionnelle des femmes. Ainsi, en 2000 comme en 1980, les femmes cadres se sentent obligées de « faire l’homme », c’est-àdire de se comporter comme si elles n’avaient pas d’enfant, même si les médias laissent croire à une évolution des représentations, grâce à l’image de la « mère qui assure ». Les femmes sont toujours suspectes de privilégier leurs tâches familiales et leur profession. Cette suspicion qui freine souvent leur progression peut provoquer à terme un désinvestissement ultérieur de leur part, quand elles constatent leur retard d’avancement par rapport à leurs homologues masculins. C’est alors ce repli qui permet a posteriori à l’entreprise d’avancer l’alibi des contraintes familiales pour justifier la cooptation prioritaire des hommes dans les postes promotionnels. (…) Le travail à temps partiel est souvent présenté comme une réponse à la demande des femmes cherchant à concilier l’exercice d’une profession et leurs charges familiales. Mais la réduction des horaires de travail peut alléger les contraintes familiales seulement lorsque ces horaires sont choisis. Or, dans un cas sur deux, il est imposé à l’embauche et peut être au contraire source d’une plus grande complexité des modalités de gestion de la vie quotidienne. (…) Le temps partiel prend des configurations très différentes : rien de commun entre le tiers-temps de la caissière de monoprix le soir et les fins de semaine et le mercredi libre de l’employée de banque. Michelle Ferrand, Masculin/féminin, Repères la Découverte. Je ne veux pas dire que les femmes sont moins bien insérées dans l’emploi parce qu’elles s’occupent trop de leurs enfants ! Ce n’est pas la question. Mais il y a un lien évident entre insertion dans l’emploi, temps travaillé et présence d’enfants. Sont aussi en cause les stéréotypes qui font que de toute façon, même si une femme n’a pas d’enfants, les employeurs et la société dans son ensemble s’attendent à ce qu’elles «risquent» d’en avoir et de prendre du temps pour s’en occuper. On n’a pas de telles pensées vis-à-vis des hommes ! Une enquête de l’association Grandes Ecoles au féminin a montré que les femmes travaillent autant que les hommes de leur catégorie, ont autant d’ambition, ont les mêmes valeurs qu’eux mais réussissent moins. Ces femmes ne pensent pas qu’un enfant les empêchera de travailler comme les autres. Mais les employeurs, oui. En France, les taux d’emploi des hommes et femmes est le même jusqu’à ce que l’enfant survienne. Pour 40 % des femmes, une naissance modifie la situation professionnelle. On pense encore que c’est aux femmes de s’occuper des enfants : ce sont elles qui les ont portés, elles sont les mieux placées pour cela, surtout au début quand ils sont petits. Et ensuite, c’est trop tard. La société n’accepte pas encore bien que ce soient les hommes qui soient chargés de cette responsabilité. (…). Libération, interview de Dominique Méda, sociologue, 03/12/2009. 1. Montrez que les inégalités professionnelles entre hommes et femmes ne peuvent s’expliquer par un choix des femmes 2. concernant la répartition de leur temps entre vie professionnelle et familiale. (Attention de ne pas répondre à la question 2 dès la question 1). Quelle est alors l’explication centrale des inégalités subies par les femmes concernant l’accès aux postes à responsabilité ?