Review no. 79

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Review no. 79
Review no. 79
Press Review
16—31 October 2014
Table of Contents
Pages
Algeria
- LE DIRECTEUR DU CENTRE AFRICAIN DE RECHERCHE SUR LE TERRORISME, "L'Algérie
a montré la voie depuis 1990"
- L'ANP continue à combattre le terrorisme avec détermination et persévérance
- Sécurité aux frontières : Daech ne s'installera pas en Algérie
- Vingt mois après l'attaque de Tiguentourine, L’ANP verrouille la frontière algéro-libyenne
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Cameroon
- Pourquoi il faut négocier avec Boko Haram
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CAR
- En Centrafrique, la guerre civile et religieuse aura déchiré une nation autrefois paisible
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DRC
- Nord-Kivu : désolation et extrême barbarie à Beni et ses environs
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Kenya
- Consider real roots of radicalism to fight terror
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Egypt
- Sinai under spotlight as Egypt bids to quell terrorist attacks
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Libya
- Fears of civil war three years after Gaddafi's death
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Mali
- PATROUILLES MIXTES AU NORD-MALI: L’armée malienne enfin au charbon!
- Les causes de la prise des armes par le GATIA expliquées par l’expert indépendant de l’ONU
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Nigeria
- Questions about terrorists and terrorism (I)
- Questions about terrorists and terrorism (II)
- VERS UNE LIBERATION PAR BOKO HARAM DES LYCEENNES DE CHIBOK :
Faut-il croire au candidat Goodluck ?
- Nigeria Boko Haram blamed for raids despite truce claim
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Somalia
- Soft diplomacy and PPP key to Somalia's recovery and combatting Al Shabaab say experts
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- Barawe Residents Hail End of Al-Shabaab's Reign of Terror
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Tunisia
- Tunisia’s Borders (II): Terrorism and Regional Polarisation
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Terrorism in the World
- «Terrorisme» à géométrie variable
- PRAGMATIC DISENGAGEMENT AND ISLAMIC DEMOCRACY
- Strategic Partnership in the Middle East
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Canada
- 3 big questions for Canada after Ottawa terror attack
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Iraq
- Analysis: Joining Islamic State is about ‘sex and aggression,’ not religion
- Opinion: ISIS cannot be ‘contained’
- FIVE MAJOR REASONS LEADING TO ISIS EMERGENCE – ANALYSIS
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Liban
- Le front antiterroriste oublié
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Syria
- Foreign fighters flow to Syria
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Turkey
- Analysis: Turkey appeases US in token gesture on Islamic State battle
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USA
- The anti-ISIS coalition - military plans and political risks
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Yemen
- Yemeni Civil War Is Looming as Houthis, Al-Qaeda Expand Territories
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Terrorism in Africa
Algeria
LE DIRECTEUR DU CENTRE AFRICAIN DE RECHERCHE SUR LE TERRORISME, "L'Algérie a montré la voie depuis 1990"
28 Octobre 2014
«A l'heure où personne ne mesurait quelle était la magnitude de la menace à laquelle l'Afrique était confrontée..., l'Algérie avait déjà la vision claire de ce qui allait se passer», a proprement déclaré M.Madeira, directeur du Caert.
Les efforts de l'Algérie contre le terrorisme sont de plus en plus reconnus. Le directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert), Francesco Madeira, a salué hier le rôle «important» joué par l'Algérie dans la lutte antiterroriste. Il a avoué qu'elle avait une «vision claire» sur le sujet depuis les années
1990. «Je salue le rôle qu'a joué et continue à jouer l'Algérie dans la lutte contre le
terrorisme. A l'heure où personne ne mesurait quelle était la magnitude de la menace à laquelle l'Afrique était confrontée, durant les années 1990, l'Algérie avait
déjà la vision claire de ce qui allait se passer», a proprement déclaré M.Madeira, à
l'ouverture du symposium de l'Union africaine (UA) sur les victimes d'actes terroristes. Ce symposium auquel ont participé des experts africains et étrangers a donné l'occasion de mettre en vigueur l'expérience algérienne. Le directeur du Caert a
rappelé que l'Algérie avait abrité en 1999 la réunion du Sommet de l'UA ayant
adopté la convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme.
Le même responsable a tenu à témoigner que l'Algérie avait pris toutes les mesures nécessaires pour commencer à s'organiser, à travers notamment la mise en
place du Caert. Revenant sur les derniers événements, M.Madeira a rappelé que le
continent africain, dans différentes régions (Ouest, Est et Sahel), a été le témoin
d'une recrudescence des activités et attaques terroristes. «Des actes terroristes
dans certains Etats africains et d'autres régions ont gravement touché les communautés et entravé les efforts de développement et consolidation de la paix», a-t-il
regretté affirmant que les efforts régionaux et internationaux sont plus axés sur
«les besoins et le rôle des victimes des actes terroristes». Evoquant le rôle important dévolu à la société civile dans la lutte contre le terrorisme qui constitue l'objet
de ce symposium, M.Madeira a affirmé la volonté de l'UA de travailler avec toutes
les associations de victimes du terrorisme pour les aider à s'organiser en vue de
mieux comprendre le problème. «Nous allons oeuvrer pour les aider à sortir des
traumatismes qu'elles ont subis et en même temps voir si elles peuvent contribuer
à l'avenir à la lutte contre le terrorisme», a-t-il soutenu. Et d'ajouter: «nous avons
besoin des yeux et des oreilles de la société civile pour maintenir la paix et la stabilité dans le continent». M.Madeira a affirmé que les terroristes «n'avaient pas de
cause» et avaient pour objectif la «destruction des pays et des sociétés». Ce responsable a mis l'accent sur «la nécessité de s'organiser, de dialoguer et de se con-
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certer avec la société civile afin d'empêcher à tout prix qu'elle soit enrôlée et recrutée». Selon lui, «il faut un partenariat solide avec la société civile pour que les terroristes n'aient pas où se cacher». De son côté, le représentant du ministère des
Affaires étrangères, Hacene Karma, a mis en exergue le «soutien» du gouvernement algérien à cette rencontre qui aboutira à des recommandations à même de
clarifier davantage les mesures à prendre pour une meilleure prise en charge des
besoins des victimes des actes terroristes.
Les travaux du symposium, qui s'étalent sur deux jours, se poursuivent à huis clos.
Les experts et les spécialistes se pencheront sur les questions liées à la promotion
et la protection des droits des victimes du terrorisme. Plusieurs interventions et
exposés sont prévus lors de ses assises qui traiteront notamment du «Cadre international pour le soutien et l'assistance aux victimes», «Initiatives, pratiques et modèles nationaux de soutien aux victimes», «L'expérience des victimes et de leurs
associations: défis et opportunités». Les experts africains et étrangers ainsi que les
représentants de la société civile évoqueront également aux côtés des représentants d'organisations régionales et internationales «la réponse de la justice pénale
aux victimes du terrorisme», «le cadre régional et international pour le soutien et
l'assistance aux victimes» et «les actions futures: établissement du réseau africain
des associations des victimes et les activités de suivi».
http://www.lexpressiondz.com/
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L'ANP continue à combattre le terrorisme avec détermination et persévérance (El-Djeich)
Photo-APS
ALGER - La lutte que mène l'Algérie contre le terrorisme se poursuit avec détermination et persévérance jusqu'à l'éradication totale de ce phénomène aux dimensions internationales et liaisons directes avec le crime organisé transnational, souligne le nouveau numéro d'El-Djeich, revue mensuelle de l'Armée nationale populaire (ANP).
"L'Algérie poursuit son combat contre le terrorisme, que l'ANP mène dans le cadre
de l'accomplissement de son devoir et de ses missions constitutionnelles (...)", liton dans l'éditorial qui rappelle que le pays a "combattu seul le terrorisme durant
toute une décennie" avant les évènements du 11 septembre 2011, suite à quoi le
monde a pris conscience de la portée réelle du danger sur lequel l'Algérie n'avait
cessé d'attirer l'attention.
Il est précisé que "l'ANP continue de mener la chasse à ces criminels où qu'ils se
trouvent, avec détermination et persévérance, jusqu'à leur éradication totale et
définitive et l'assainissement de l'ensemble du territoire national de leurs méfaits".
"L'ANP reste vigilante, en faisant preuve de davantage de courage, de sacrifice et
d'abnégation pour faire échec à toute tentative de régénérescence du terrorisme,
et se prépare, avec rigueur et efficacité, à poursuivre les opérations destinées à
éradiquer ce phénomène sur tout le territoire national, assurant ainsi la préservation de la patrie, sa sécurité, sa stabilité et son développement", précise l'éditorial.
Au regard de la situation prévalant sur la scène régionale et internationale, parti-
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culièrement dans le voisinage de l'Algérie, "l'ANP veille à sécuriser pleinement (les)
frontières et à empêcher l'infiltration des terroristes, les mouvements d'armes, ainsi que tout ce qui pourrait avoir un lien avec le terrorisme car consciente de l'établissement par les groupes terroristes transnationaux de connexions planétaires
avec les réseaux du crime organisé", relève la revue dans son numéro 615.
Il est rappelé que durant l'accomplissement de leurs missions aux frontières, "les
forces armées ont réussi à faire échec aux activités de contrebandiers et autres réseaux criminels, récupérant par la même d'importantes quantités de divers produits".
La protection de la patrie est "un tout indissociable qui nécessite la surveillance ainsi que la maîtrise de toutes les activités et mouvements aux frontières afin d'assurer pleinement la sécurité du pays et protéger l'économie nationale", souligne ElDjeich qui rappelle que l'expérience de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé a fait d'elle "une force de proposition et un partenaire
efficace et incontournable à l'échelle internationale".
Evoquant le rôle de la diplomatie algérienne dans le règlement des crises et problèmes complexes à l'échelle régionale et internationale, l'éditorialiste a indiqué
que cette diplomatie a permis à l'Algérie de s'imposer comme un "acteur actif" sur
la scène internationale en contribuant "grandement" à la restauration de la sécurité et de la stabilité dans différentes régions du monde
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Sécurité au
ronti res Daech ne s'installera pas en Algérie
21 octobre 2014
Le Premier ministre a affirmé, hier, que «l'armée est le mur de protection et de sécurisation du pays, mais il faut que les populations des régions frontalières s'impliquent dans cette mission.»
Le but de notre visite, dans la wilaya de Tamanrasset et à Bordj Badji Mokhtar est
sur instruction du président de la République, » a commencé Sellal par dire, lors de
la réunion qu'il a tenue, hier, avec les élus locaux à In Guezzam. Une visite qu'il consacre pour parler, selon ses précisions, de la paix et la sécurité du pays et de ses
frontières. « Nous avons une armée forte, qui assume ses responsabilités, en matière de sécurité et de protection du pays mais cela ne suffit pas, il faut que les populations des régions frontalières s'impliquent dans cette mission elles sont les
gardiennes de la Patrie tout autant que le peuple, tout entier, » a-t-il affirmé. Il
tiendra à noter que les frontières, de In Guezzam, sont éloignées du Niger d'à peine
une quinzaine de kimomètres. Celles de Bordj Badji Mokhtar sont, elles, à près de 8
km, du Mali. C'est dire que la région est située, dans un périmètre, où la sécurité se
négocie, quotidiennement. Abdelmalek Sellal, qui était accompagné de plusieurs
ministres et du chef de la 6ème Région militaire, le général-major Aathamnia, a
évoqué, pour la circonstance, que « de nouvelles mesures sécuritaires vont être
prises, incessamment, au profit des postes frontaliers de In Guezzam, Deb Deb et
Bordj Omar Driss. Il promet même qu'il se rendra, prochainement, dans ces deux
dernières contrées (B.B Mokhtar et B.O. Driss) pour les mêmes raisons. Ce qui signifie que la mission première dont il a été chargé est de sensibiliser les populations
de ces régions, sur les dangers qui guettent l'Algérie, notamment depuis ses frontières sud. Il avouera d'ailleurs, que « la situation sécuritaire, aux frontières du
pays, est difficile, nous devons les sécuriser avec nos frères des pays limitrophes. »
D'où son insistance sur l'implication des populations dont celles de In Guezzam,
qui, selon lui, « ont des relations étroites avec celles maliennes. » Il soulignera que
« l'Algérie a besoin de rouvrir ses frontières qu'elle a fermées, pour des raisons de
sécurité, mais elle ne le fera qu'à condition que la sécurité soit rétablie et la confiance revenue ». Il notera que l'Algérie déploie de grands efforts pour aider, dans
le règlement des crises en Tunisie, en Libye, au Soudan, au Mali... Ceci pour rappeler que « conformément à l'un de nos principes constitutionnels, notre armée
n'interviendra pas, en dehors de nos frontières, mais la stabilité des populations
incombe à l'Etat, c'est pour cela que nous sommes là. » Le Premier ministre parlera
de la sécurité dans le Maghreb et en Afrique du Nord qui, a-t-il précisé, ne se fera
pas, sans la lutte contre les groupes terroristes. » C'est là où Sellal évoquera le fameux ‘Daech' qui, dit-il ne s'installera pas. « L'Algérie ne connaîtra pas ‘Daech' ni de
près ni de loin, » a-t-il lancé. Il fera un détour sur la protection des mines d'or que
contient le sol de Tam. « Les voleurs qui toucheront à notre or, nous les broierons.
»
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Il promettra aux élus locaux que toutes les préoccupations et revendications des
citoyens seront prises en charge. « Nous en avons discuté avec le wali, nous ne
donnerons pas de nouvelles dotations budgétaires, il suffit, juste, d'opérer des
équilibres, de garder et développer ce qui a réussi, et de reprendre ceux qui n'ont
pas marché. » Il promettra la réalisation d'une nouvelle Cour, à Tamanrasset, ainsi
qu'une prison et autres infrastructures de base comme l'élargissement de l'aéroport. Autre promesse, un forage pour chaque groupe de 7 ou 8 agriculteurs. « Les
projets doivent être réalisés par les entreprises locales, a créera de l'emploi, »
pense-t-il. D'ailleurs, il demande au DG des Douanes, encore une fois, de recruter
localement « à raison de 70 à 75 ».
Un autre détour qu'il s'impose, celui-là est d'ordre économique. Le Premier ministre fera savoir que le 10 novembre, il y aura une rencontre avec des responsables fran ais. Il fait allusion à la réunion, à cette date, à Oran avec son homologue
fran ais, dans le cadre de la tenue des travaux de la Commission mixte algérofran aise. Ils assisteront, aussi, à la sortie de la première voiture Renault, fabriquée
en Algérie. « Nous rejetons ceux qui ternissent l'image de l'Algérie et qui font fuir
les investisseurs, » a-t-il déclaré. Pour lui, les IDE (investissements directs étrangers) « c'est une question de confiance. » Il notera que « notre stratégie économique est claire, il faut, juste, que nous ajustions notre vision pour l'après hydrocarbures. Le Premier ministre tiendra, à peu près, le même discours devant les élus
locaux de B.B Mokhtar. Il insistera, beaucoup, sur la sécurité et l'implication des
populations, dans la préservation de la stabilité du pays. Mais à aucun moment, il
n'expliquera comment se traduira cette implication des populations, concrètement,
sur le terrain...
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news 5204939
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Vingt mois apr s l'attaque de Tiguentourine, L’ANP verrouille la ronti re algéro-libyenne
Le 20.10.14
Des miradors en béton hauts de 14 mètres, des murs en remblai, des drones de
reconnaissance, des moyens aéroportés pour assurer la protection de la frontière
avec la Libye et des unités des forces spéciales pour traquer les terroristes sur
l’étendue de la wilaya d’Illizi, au sud-est du pays, et protéger les sites gaziers de Sonatrach. Sur les 520 km de frontière avec la Libye, le dispositif de sécurité déployé
est impressionnant des équipements sophistiqués, mais aussi l’engagement des
forces aériennes et terrestres de l’ANP, mobilisées en soutien aux gardefrontières. Pour la première fois, l’armée lève une partie du voile sur sa stratégie
de défense des frontières.
Notre voyage commence à In Amenas, où se concentrent les plus importantes infrastructures gazières du pays. Il y a vingt-deux mois seulement, à quelque dizaines
de kilomètres du centre-ville, dans le champ gazier de Tiguentourine, une trentaine
de terroristes armés ont investi la base de vie des travailleurs, pris en otage des
centaines d’entre eux et tenté de faire exploser l’unité de production. Minutieusement préparée à partir du territoire libyen, l’opération suscite une médiatisation
planétaire.
Les grandes puissances dont sont issus certains otages font pression sur les autorités algériennes pour accepter une intervention étrangère ou négocier la libération
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des captifs. Finalement, aucune de ces deux propositions aux risques majeurs n’a
été acceptée. Fortes de leur expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, ce sont les unités des forces spéciales de l’ANP qui se chargent de mener
l’assaut contre les preneurs d’otages, 48 heures seulement après l’attaque. L’intervention se solde par l’élimination de l’ensemble des éléments du groupe terroriste
et la mort d’une trentaine d’otages. Nombre de ces derniers ont été utilisés par les
bourreaux comme bouclier humain.
Tout en saluant le professionnalisme des forces de sécurité, le monde entier prend
conscience de la gravité de la menace que suscite la situation en Libye, un pays
avec lequel l’Algérie partage une frontière étendue sur plus de 900 km, dont
500 km avec la wilaya d’Illizi. Pour les autorités, le défi est aussi lourd qu’urgent à
relever. Le dispositif sécuritaire mis en place depuis l’effondrement de l’Etat libyen
nécessite un renforcement. D’importants moyens humains et matériels sont déployés afin d’empêcher toute activité criminelle liée au terrorisme, à la contrebande et au trafic de drogue.
Désormais, les unités des garde-frontières relevant de la Gendarmerie nationale ne
sont plus seules sur le terrain. Elles sont appuyées par des bataillons des forces aériennes et terrestres de l’ANP, dotés d’hélicoptères de combat, de drones de reconnaissance, de chars d’assaut et d’artillerie lourde. Pour mieux coordonner les
efforts et optimiser les résultats, deux secteurs opérationnels militaires ont été
créés récemment, l’un à Djanet et l’autre à In Amenas, deux autres à In Salah et
Bordj Badji Mokhtar.
Durant une semaine, nous avons fait le tour de nombreux points de contrôle à la
frontière algéro-libyenne, avec comme première escale la ville de Debdeb, à
230 km au nord d’In Amenas. Plus de deux heures de pistes et de routes détériorées avant d’arriver au centre de cette ville qui semble totalement déserte. Il est
midi passé et la température avoisine les 35°C à l’ombre. Nécessaire, la petite halte
nous permet de faire le tour des quartiers. Ici, c’est le bout du pays. Les événements en Libye ont eu de lourdes répercussions sur les habitants, habitués depuis
des années à vivre du troc, du trabendo et de la contrebande avec la ville libyenne
de Ghadamès, située à quelques kilomètres seulement. En raison de la fermeture
de la frontière, beaucoup se sont retrouvés au chômage et d’autres ont basculé
dans le trafic de drogue et (à un degré moindre) d’armes.
Le premier poste des gardes-frontières se trouve à près de 20 km de piste. Haut de
14 mètres, un mirador domine toute la zone en faisant face à une ligne de bornes
qui séparent le territoire algérien de celui de la Libye.
Quelques palmiers parsèment le paysage aride de cette localité. Bien équipés en
moyens de surveillance, dont des jumelles à infrarouge et thermiques, de moyens
de transport performants, des armements lourds les gardes-frontières sont appuyés par des unités de l’ANP dotées d’une dizaine de chars d’assaut aux couleurs
sablées.
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Le va-et-vient incessant des véhicules militaires tout-terrain soulève une traînée de
poussière aveuglante. «C’est un poste avancé assez important. Il est à 900 mètres
seulement du territoire libyen. Le mirador de 14 mètres permet d’avoir la visibilité
sur un large périmètre. Le militaire que vous voyez au sommet est doté de moyens
techniques de vision nocturne et thermique, mais aussi de communication, pour
être en contact avec son collègue, posté sur un autre mirador, installé là où se termine son champ de vision», explique l’adjoint du chef d’état-major du secteur opérationnel d’In Amenas, le colonel Abdeslam. Pour lui, «tout est étudié de manière à
pouvoir détecter tout mouvement» sur les 900 km qui séparent l’Algérie de la Libye, dont 520 km avec la wilaya Illizi.
«Tiguentourine a accéléré la mise en place du dispositi »
«Ce travail titanesque avait commencé dès l’effondrement du régime en Libye,
mais il a connu une accélération après l’attaque de Tiguentourine. En quelques
mois, nous avons réalisé un vrai miracle. Aujourd’hui, je peux dire que personne ne
peut entrer en territoire algérien. Et si par malheur quelqu’un y arrive, eh bien il ne
pourra plus ressortir. Il sera inévitablement neutralisé quelques kilomètres plus
loin», ne cesse de répéter le commandant du secteur opérationnel d’Illizi, le colonel Safi. Les deux officiers capitalisent une longue expérience en matière de lutte
antterroriste. Ils ont passé plus de deux décennies dans les maquis du Nord. «La
région est très difficile, ce qui a nécessité des moyens colossaux mis à notre disposition par le commandement de l’état-major. Les résultats du dispositif sont perceptibles sur le terrain. Il y a quelques heures nous avons récupéré une Toyota
‘Stechène’ (Station), un pistolet automatique et des munitions.»
Au loin, un groupe de gardes-frontières, bien armés et équipés, se mettent en
marche en file indienne, appuyés par des militaires en tenue de camouflage. Au
programme de cet après-midi, une embuscade à quelques kilomètres.
La journée se termine. Il faut revenir à In-Amenas pour reprendre, dès le lever du
jour, notre voyage. La prochaine escale se situe au nord-est de Debdeb, plus précisément au poste frontalier algéro-tuniso-libyen. Nous empruntons les routes de
Merksène et d’El Borma. Un hélicoptère militaire survole la région. La piste se termine et d’immenses dunes font leur apparition. Le 4X4 qui nous transporte a du
mal à avancer, alors que le Toyota, puis un autre s’ensablent. L’arrêt est obligatoire.
La ville libyenne de Ghadamès apparaît au loin. A vol d’oiseau, elle est à quelques
centaines de mètres. Un poste avancé et deux campements de garde-frontières et
de l’ANP apparaissent. Nous sommes à Bordj El Khadra, le triangle qui réunit les
trois territoires, tunisien, algérien et libyen. Nous sommes à 380 km d’In Am nas et
230 de Debdeb. La borne qui indique le point reliant les trois pays a été réalisée le
22 mars 1989. C’est ce qui est écrit sur le socle en ciment qui la supporte.
Notre présence attire l’attention d’un colonel tunisien. A bord d’un véhicule militaire de type Hummer, escorté par un 4X4, il vient nous saluer, mais aussi rendre
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compte de la situation à ses homologues algériens. Il est chargé du poste frontalier
du côté tunisien. Il parle de «relations assez particulières qui lient les deux armées»
mais surtout de «l’aide apportée par l’Algérie à la Tunisie dans le cadre de la lutte
antiterroriste». Du côté algérien, les gardes-frontières sont dotés d’équipement de
surveillance et de véhicules tout-terrain.
Nous prenons la destination du sud de Debdeb pour rejoindre le poste de surveillance de Bir Cherif, situé à 170 km. La route est éreintante. Que des dunes et des
pistes en très mauvais état. Ici, un mirador surplombe tout le périmètre. «Le soldat,
installé en haut de cette tour en béton voit tout ce qui se passe le long de la frontière sur 7 à 14 km. Il a des moyens techniques de visibilité et des caméras. S’il remarque un quelconque mouvement, il donne l’information par le biais des équipements de transmission dont il dispose et, en quelques minutes, l’hélicoptère de reconnaissance est sur les lieux. Cela se passe en un temps record grâce aux moyens
techniques mis à notre disposition par le commandement», explique le colonel Safi.
Nous prenons la direction de la région de Stah, où se concentrent quelques unités
de Sonatrach. Des torchères et des pipes, des usines et des bases de vie tronent sur
le paysage lunaire que nous traversons. Aujourd’hui, la température est clémente :
elle avoisine les 32 °C. Le cantonnement abrite une unité de garde-frontières et de
l’ANP. Le dispositif mis en place est impressionnant. A quelques kilomètres de la
frontière, des engins travaillent comme des fourmis. Avec des remblais, ils viennent
d’ériger un long mur de protection. D’une hauteur de 5 mètres, dans un premier
temps sur une longueur de 90 km, cette digue constitue la première barrière de
sécurité derrière laquelle se positionnent les unités de l’ANP pour rendre impossible toute incursion terroriste ou attaque contre les sites économiques stratégiques et les bases de vie.
«Rendre impossible toute incursion terroriste»
Selon le colonel Safi, dans la stratégie du commandement de l’ANP, «il est question
de construire ce genre de mur sur la plus grande partie de la frontière avec la Libye,
notamment les zones les plus exposées».
Au sommet du mirador qui domine les lieux, un militaire scrute l’horizon avec des
jumelles à vision thermique. Une unité de l’ANP, en tenue de camouflage, fortement armée, commence son entraînement au combat. Le terrain est rude et la
pression très forte. Ici, les conditions de vie sont très dures. Les vieux containers
qui servaient de dortoirs aux militaires sont en voie de disparition. Des roulottes
modernes, bien équipées et autonomes, les remplacent progressivement. «D’ici le
début de l’année 2015, toutes nos bases de vie seront uniformes et bien équipées», note le colonel Abdeslam, l’adjoint du chef d’état-major du secteur opérationnel d’In Amenas.
Nous quittons les lieux en laissant derrière nous, les soldats à même le sable, en
train de franchir, sac au dos, lunettes de protection et kalachnikovs en bandoulière,
une haute dune. Très tôt dans la matinée, nous nous dirigeons vers la région d’Al-
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rar, située à 700 mètres d’altitude. La route est assez bonne et la température supportable pour aller vers quatre postes de contrôle des forces terrestres et des
garde-frontières, soutenus par des chars de combat. Toujours les mêmes miradors
de 14 mètres pour s’assurer d’une bonne visibilité sur un rayon d’au moins 10 km,
mais aussi de l’armement lourd et des tanks longue portée.
Au premier poste, une unité des forces terrestres est en plein entraînement au
combat. «C’est une fierté pour notre pays que d’avoir des unités aussi bien formées que celles-ci. Elles sont prêtes à agir dans n’importe quelle situation et dans
les pires conditions. Elles s’entraînent de jour comme de nuit, dans les tempêtes et
sous les températures les plus élevées», affirme le colonel Safi.
Sur notre route vers Zerzaitine, un groupe de para-commando, à bord de Toyota
«Stéchène» surmontés d’armes de type 12,7 (Doutchka) surgit de nulle part dans le
désert. Le visage maquillé de larges bandes noires, le casque et le dos recouverts
d’herbes couleur de sable, armes à la main, à la jambe ou en bandoulière, les
jeunes para-commandos font partie des forces spéciales de l’ANP. Sortis de la
grande école de Biskra, ils sont affectés à cette région pour des missions bien précises : la protection des sites économiques et la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans une région qui s’étale sur 200 km2. Ils ont tous pris part à
l’opération qui a permis de libérer des mains des terroristes le site gazier de Tiguentourine, en janvier 2013.
Leur chef est un jeune commandant, Brahim, dont l’expérience sur le terrain est
devenue une référence pour ses camarades. Pour lui, «l’Etat a mis tous les moyens
nécessaires pour protéger les frontières de toutes les menaces. Nous avons les
équipements les plus sophistiqués. Nous n’avons rien à envier aux autres. Bien au
contraire, notre expérience sur le terrain et les moyens dont nous disposons nous
permettent d’être à l’avant-garde. Notre mission est aujourd’hui au sud du pays,
mais demain, elle pourrait être au Nord, comme elle l’a été par le passée», nous dit
-il tout en gardant un œil sur ses éléments qui ont pris position sur les sommets de
quelques dunes. Un appel radio et le commandant nous quitte.
Les méharistes pour les terrains non carrossables
Nous poursuivons, notre chemin vers le sud en direction de Dar El Hamra, qui porte
d’ailleurs bien son nom en raison de la couleur du sable dans cette région reculée,
où le territoire libyen est à quelques dizaines de mètres à vol d’oiseau. De l’autre
côté, le poste frontalier est en situation d’abandon. Ici sont déployées de nombreuses pièces d’artillerie lourde, alors que la base de vie militaire est en plein travaux de rénovation. Les nouvelles roulottes, devant être réalisées avant la fin de
l’année, sont équipées de climatisation, d’eau chaude et de toutes les commodités.
Autonomes, ces bases de vie sont dotées de groupes électrogènes mais aussi de
cuisines mobiles permettant aux occupants d’avoir des repas chaud à toute heure.
L’endroit est stratégique en raison de la présence d’une source d’eau, qui fait de
lui, un passage privilégié pour les groupes terroristes, mais aussi le point le plus
proche des zones de combat en territoire libyen. L’alerte est tout le temps au maxi-
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mum et la vigilance également.
A quelques kilomètres seulement, une plateforme pouvant accueillir un hélicoptère
est improvisée, afin de parer à toute situation imprévue. «Nous nous préparons au
pire dans cette région. Nous ne savons pas comment la situation va évoluer en Libye et nous ne voulons pas être dépassés par les événements. Raison pour laquelle
un dispositif spéciale a été mis en place», révèle le colonel Safi.
Au moment où nous prenons le chemin du retour, un groupe de militaires, embusqués derrière une dune aux couleurs ocres, les armes pointées vers la frontière,
avance en position accroupie. Ils s’entraînent aux techniques de combat dans le
désert. Notre journée se termine au coucher du soleil, alors que la suivante commence au lever. Nous laissons In Amenas pour rejoindre Illizi, mais à 170 km, nous
bifurquons vers l’est pour rallier Tarat, à 140 km. A vol d’oiseau, la ville libyenne de
Ghit est à quelques kilomètres.
Une immense base militaire de garde-frontières et de l’ANP se dresse devant nous.
Sur l’enseigne d’entrée, il est indiqué «compagnie de reconnaissance et de guerre
électronique». A proximité, quelques chameaux sont en train de paître. Ils appartiennent à la brigade des méharistes de l’ANP. «Ici le terrain est très accidenté.
Nous ne pouvons pas utiliser les moyens roulants. Nous utilisons les chameaux et,
grâce à la population locale, nous avons les meilleurs pisteurs qui arrivent à nous
renseigner sur le moindre mouvement à travers la frontière.
Ils font de la reconnaissance, mais aussi de la collecte d’information. Notre présence dans ce village isolé est importante. Nous assurons tout le volet humanitaire
comme la prise en charge sanitaire et médicamenteuse, parfois le transport. Les
méharistes sont recrutés par l’armée parmi cette population qui vit de l’agriculture.
Entre nous, il y a une harmonie et une confiance mutuelle qui nous a permis de réussir d’importantes opérations», lance le colonel Safi. Vivant dans des huttes, les
habitants entourent le chef de tribu, cheikh Abdelilah Echenkiti. Les 70 ans dépassés, il continue à servir dans les rangs de l’armée, pour, dit-il, protéger le pays. «Les
militaires sont nos enfants. Il faut s’inquiéter de ce qui se passe au-delà de nos
frontières et non pas de ce qui se passe à l’intérieur de notre pays. Il y a des
hommes qui ne dorment pas pour veiller à la sécurité de nos frontières», dit-il
d’une voix bien audible, avant de nous quitter.
Nous reprenons la route en direction de Kara Marhat, située à quelques kilomètres,
où est installée une brigade des garde-frontières. La visibilité devient difficile en
raison d’un vent de sable. Equipés de lunettes spéciales, les gardes-frontières ont
pour mission d’aller en embuscade. Ils doivent être au point ciblé avant le coucher
du soleil. «La situation en Libye a fait évoluer notre stratégie de lutte. Nous ne
sommes plus dans la logique d’observation des postes frontaliers, mais plutôt dans
celle de contrôle hermétique de la bande frontalière», note l’officier. Notre voyage
prend fin pour reprendre le lendemain matin.
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«La situation en Libye a ait évoluer notre stratégie de lutte»
A la brigade de la Police militaire, les officiers nous font faire le tour des équipements et de l’armement mis à disposition des unités chargées de la protection des
frontières. Le matériel est des plus sophistiqués : des caméras et des jumelles à vision nocturne et thermique, d’une portée de 8 à 12 km, des fusils mitrailleurs dotés
de viseurs et de lunettes très précis, des armes bien particulières et des gilets pareballes destinés aux snipers. Non loin de là, à l’aéroport d’In Amenas, des hélicoptères de combat, de reconnaissance et de transport des troupes sont stationnés. Ils
sont utilisés à chaque fois qu’une opération nécessite des moyens aéroportés.
«Pour contrôler toute la bande frontalière, il faut des moyens modernes qui permettent de rapprocher les distances et de réduire le temps de réaction en cas de
menace. Le dispositif est en cours de réalisation. Nous avons achevé la première
phase en un temps record. La dernière phase doit être terminée au plus tard dans
deux mois. Ce n’est pas facile, mais c’est la seule solution qui permet d’empêcher
les incursions. Il ne s’agit pas uniquement d’installer nos unités sur la bande frontalière, mais également de lui assurer une protection et un appui en profondeur, avec
la mise en place d’un deuxième dispositif», conclut le colonel Safi.
Sur le chemin du retour, nous apprendrons que le groupe de militaires sorti en embuscade à Debdeb vient de neutraliser deux terroristes. Deux kalachnikovs et des
munitions ont été récupérés lors de cette opération.
Salima Tlem ani
http://www.elwatan.com/
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Cameroon
Terrorisme Pourquoi il aut négocier avec Boko Haram
29 Octobre 2014
La classe politique est muette.
Elle n’ose pas de propositions sur
l’attitude que le Cameroun doit
adopter pour gérer le cas Boko
Haram, qui impose à notre pays la
guerre. Dans le cadre de cet article, plusieurs d’entre eux ont
été sollicités, aucun n’avait répondu au moment du bouclage
de cette édition. La question paraît en effet iconoclaste, gênante.
La voici : fautil, au regard du jeu
trouble du Nigeria et du Tchad,
négocier avec la secte islamiste
Boko Haram pour en finir avec la
sale guerre de l’Extrême-Nord ?
De fait, le Cameroun négocie déjà avec Aboubacar Shekawu, au moins pour obtenir
la libération des otages. La question ici est de savoir si un cadre mieux structuré de
dialogue peut s’ouvrir pour identifier les revendications de Boko Haram vis-à-vis du
Cameroun et de ses populations qu’il massacre, et examiner ensemble les moyens
de leur trouver une réponse qui arrange les deux parties. Depuis l’annonce par le
gouvernement et l’armée nigérians de la signature d’un cessez-le-feu avec Boko
Haram, avec pour témoin privilégié et intéressé le Tchad, le Cameroun doit interroger la sincérité de ces deux pays à coaliser avec lui pour « éradiquer » (dixit Paul
Biya) cette secte islamiste.
Cet accord n’a, à ce jour, pas été confirmé par Aboubacar Shekawu et la libération
annoncée des lycéennes de Shibok n’a pas eu lieu. Pis : 60 autres femmes nigérianes ont été enlevées. Rien n’est donc fait. Toute cette agitation a eu lieu au moment même où les pays touchés par le phénomène Boko Haram étaient en train de
s’accorder sur la meilleure manière de mettre leurs moyens en commun pour une
lutte coordonnée. Ne tenant compte que de ses intérêts nationaux et nimbant sa
démarche de considérations de politique intérieure, le Nigeria, accompagné du
Tchad, a fait un bébé dans le dos du Cameroun.
La preuve : depuis cet « accord », Boko Haram pilonne quotidiennement les positions du Cameroun à partir de Gambarou, ville frontalière nigériane, avec une intensité sans commune mesure avec ses attaques d’avant, comme a pu s’en rendre
compte le chef d’Etat-major des armées, René Claude Meka, le 23 octobre. Son hélicoptère a redécollé précipitamment sous un feu nourri des roquettes tirées par
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Boko Haram, alors qu’il était en visite sur la première ligne de front de Fotokol.
Même si l’opinion publique n’en est pas toujours informée, il ne se passe plus un
seul jour sans que les Forces de défense et de sécurité camerounaises ne soient
sollicitées, soit pour contrer les membres de Boko Haram, soit pour riposter. La
guérilla s’est transformée en guerre permanente.
Les roquettes et les blindés à chenilles sont de sortie. Les pertes en vies humaines
ne s’arrêtent pas, les dépenses financières aussi. Des populations sont déplacées
par villages entiers, au risque de frôler le péril humanitaire. La soudure en début
2015, d’ordinaire rude, sera autrement plus terrible pendant la saison 2015. Selon
des analyses avisées, même si la guerre s’arrêtait aujourd’hui, le Cameroun
mettrait plusieurs années à retrouver la situation d’avant la crise. Mais la guerre est
là, qui s’inscrit dans une logique d’usure, en attendant que d’autres projets viennent s’y greffer. Le Cameroun ne peut se permettre une telle débauche d’énergie
et une telle saignée sur son chemin vers la croissance économique aujourd’hui, et
l’émergence demain.
Pendant longtemps, le Nigeria a accusé le Cameroun d’être la base arrière de Boko
Haram, où venaient effectivement se cacher ses combattants pris en tenailles. Le
gouvernement nigérian avait même essuyé une fin de non-recevoir dans sa demande d’exercer un droit de poursuites des islamistes en territoire camerounais.
Aujourd’hui, le droit international est mis à rude épreuve, et rien ne dit que les
deux pays vont durablement rester inactifs devant ce cas de figure particulier. De
fait, la frontière Cameroun-Nigeria, déjà artificielle car coupant en deux des villages
et des familles, a été désertée par les autorités frontalières nigérianes fuyant Boko
Haram. La secte y dicte sa loi, sévèrement islamiste et férocement belliqueuse.
C’est désormais elle qui fait face au Cameroun tout le long de la zone de contact
constituée des villes camerounaises comme Fotokol, Amchidé, Limani, Koubougue,
Ldama, Tourou, Achigachia, etc. C’est ainsi que notre armée doit être en permanence en éveil car l’ennemi dort dans la chambre d’à-côté et peut agir partout, à
tout moment. A la suite de l’annonce par les autorités nigérianes d’un cessez-lefeu, on a assisté à un redéploiement des troupes d’élites de Boko Haram le long de
la ligne de front avec le Cameroun. D’où le relèvement de la qualité et de la quantité des attaques contre l’armée camerounaise dès la mi-octobre. Seulement, il démeure que Boko Haram n’est pas un Etat et ne possède donc ni territoire, ni frontière.
Il évolue sur le territoire souverain de l’Etat fédéral du Nigeria. Chaque obus ou roquette parti du Nigeria pour frapper le Cameroun peut être considéré par lui
comme une déclaration de guerre. Le gouvernement du Nigeria doit répondre de
tout ce qui se déroule sur son sol, or Boko Haram étant un phénomène nigérian,
alors Jonathan Goodluck doit en répondre. Ce raccourci syllogistique couvre une
réalité beaucoup plus complexe, on en convient. Car même les forces armées nigérianes sont débordées par cette secte, qui a plusieurs fois forcé les soldats à la fuite
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jusqu’au Cameroun.
Quoi qu’il en soit, il est constant que, quelles que soient les attaques dont il peut
être victime sur son sol, le Cameroun n’enverra pas son armée combattre Boko Haram sur les terres nigérianes, si ce n’est sous forme d’incursions ponctuelles et sporadiques. A moins que le Nigeria ne lui accorde le droit de poursuite, que le Cameroun lui avait refusé en son temps. Boko Haram est comme ce gamin turbulent qui
vous donne un coup de pied et court se mettre à l’abri entre les jambes de son
père.
Si le parent est aussi laxiste que le Nigeria l’est avec la secte islamiste, il doit laisser
les personnes attaquées lui donner une bonne fessée. Cela arrangera les affaires de
tout le monde. En attendant les bonnes résolutions du sommet des chefs d’Etat et
de gouvernement des pays du Bassin du lac Tchad, qui envisage la création d’une
force multinationale mixte dès le 20 novembre, la réalité du terrain prévaut. La méfiance aussi entre les parties prenantes, au regard des agissements récents du Nigeria et du Tchad.
Pourtant, aucun des trois ne peut seul venir à bout de Boko Haram par la voie militaire. L’armée nigériane a montré, malgré plus d’un million d’hommes, qu’elle est
structurellement incapable de juguler cette adversité. Le Tchad est un peu moins
concerné et ne met pas l’entrain nécessaire. Reste le Cameroun, dont le chef de
l’Etat a affirmé qu’il combattrait Boko Haram jusqu’à son éradication. La réalité est
bien plus compliquée, il le sait. Alors il faut négocier la paix à notre frontière. En
annon ant un cessez-le-feu avec Boko Haram, le Nigeria veut orienter la secte sur
le front exclusif camerounais. En ouvrant des pourparlers avec Aboubacar Shekawu, le gouvernement du Cameroun peut aboutir à un pacte de non-agression, de
non-exportation de la violence islamiste dans son pays.
Une attitude qui n’est pas une adhésion aux méthodes et thèses de cette abjecte
organisation, mais la préservation de ses populations de l’obscurantisme, la menace la plus dangereuse de ce début de XXIème siècle. « On ne négocie pas avec les
terroristes », est une expression séduisante pour l’orgueil d’un pays, mais chacun
sait que dès que les micros se ferment commencent les négociations.
© Repères : Parfait N. Siki
http://www.camer.be/
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CAR
En Centra rique, la guerre civile et religieuse aura déchiré une nation
autre ois paisible
17.10.2014
Des combattants de la Séléka, en juin 2014. REUTERS/Goran Tomasevic
Et monté deu
r res l'un contre l'autre.
.1 Les frères
Même pour Bangui, capitale de la République Centrafricaine et l'une des villes les
plus pauvres du monde, Saïdou est misérable. Contrairement aux quartiers environnants, avec leurs immeubles et leurs lotissements bien rangés derrière des murs
et des clôtures, Saïdou, qui s'étend sur un bout de terre oblong à quelques encablures du centre, tient davantage des bidonvilles que l'on retrouve dans d'autres
villes africaines moins structurées, comme Kinshasa ou Lagos.
En d'autres termes, on dirait un village. Il n'y a pas de murs, pas de portails. Des
maisons basses en parpaings se font face les unes aux autres selon des angles bizarres. Les rues sont ici des chemins de terre, des broussailles, des ruisseaux d'eau
grise. Pour arriver à Saïdou, il vous faut couper par l'Avenue des Martyrs et vous
engouffrer entre deux gratte-ciels. Les immeubles tombent en ruine et leurs habitants sont eux aussi très pauvres, mais ils peuvent regarder Saïdou de haut et remercier Dieu (et les martyrs) de leur avoir donné une telle chance.
C'est dans l'une de ces maisons en parpaings que Lamove et Serge Kamouss sont
nés. Ils y ont grandi avant de fonder leur famille un peu plus loin dans Saïdou. Et, au
début de l'année, c'est dans leur maison natale, où leur mère vit désormais seule,
qu'ils sont tous les deux revenus un après-midi. Sous un épais brouillard de haine et
de honte, ils ne savaient pas qu'ils allaient se retrouver.
En 2013, la République centrafricaine tombe entre les mains de la Séléka, une mi-
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lice insurrectionnelle d'obédience musulmane. Bangui est mise à sac, ses habitants tués et brutalisés. Lamove, l'aîné des deux frères, a la Séléka en horreur,
mais il n'a pas de travail –il n'en a jamais eu de toute sa vie d'adulte– et le nouveau régime a besoin d'hommes. Alors, quand la Séléka lui offre un poste de soldat, il l'accepte. Serge n'a pas eu autant de chance. La Séléka a coulé son entreprise, l'a jeté en prison et passé à tabac. Lamove, qui craignait pour son nouvel
emploi et pour sa vie, n'a pas voulu venir en aide à son frère. Ce jour-là, à Saïdou,
cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vus.
Lamove est arrivé en premier pour trouver sa mère en train de faire la lessive. Il
sait qu'elle réprouve son engagement dans la Séléka et il fait tout son possible
pour ne pas en parler avec elle. Mais, inévitablement, le sujet arrive sur la table.
Lamove lui rappelle combien il était désespéré, lui parle de ses enfants qu'il
n'avait pas les moyens de nourrir. Pour Madame Kamouss, cela n'a aucune importance. Elle lui dit que la Séléka a ruiné leur pays. Ses mercenaires ont tué et violé
des membres de leur famille.
A un moment, ils entendent la voix de Serge venant du dehors. Madame Kamouss, qui n'attendait pas de visite de son plus jeune fils, prend peur. Elle n'a pas
vu Serge depuis des semaines et craint qu'à sa sortie de prison, il ait rejoint les
anti-balaka, une milice d'obédience chrétienne créée pour lutter contre la Séléka.
Leurs combats ont entraîné la République centrafricaine dans une guerre civile et
religieuse faisant encore rage ce jour-là.
Et ton frère, tu veux lui faire du mal?
Même s'il est le cadet, Serge a toujours été plus fort que Lamove et, durant sa
jeunesse, tout Saïdou le connaissait pour son sang chaud et son goût pour la bagarre. Madame Kamouss sait qu'il en veut à mort à Lamove qui ne l'a pas aidé
contre les Séléka et elle redoute sa réaction s'il vient à le trouver dans la maison.
Elle décide alors de cacher Lamove dans la chambre à coucher.
Serge est venu accompagné d'amis que sa mère n'a jamais vus, mais il ne les fait
pas entrer dans la maison. Il passe la porte seul et, après les embrassades, sa
mère lui demande de ses nouvelles. Il admet avoir rejoint les combattants des
anti-balaka. Les angoisses de Madame Kamouss étaient justifiées: Serge et Lamove font désormais partie de deux factions ennemies.
«Elle s'est énervée», me dira plus tard Serge.
«Elle m'a dit: “Ils sont dangereux. Les anti-balaka sont dans le camp du mal, ils
tuent des gens”. Elle était vraiment en colère.»
Serge lui répond que les anti-balaka cherchent à défendre leur pays contre la Séléka, contre les musulmans et les envahisseurs étrangers qui ont usurpé le pouvoir. Que la Séléka entend réduire les Centrafricains en esclavage et qu'il veut les
en empêcher. Qu'en tant que chrétienne, elle devrait comprendre. «Notre but est
de reprendre notre pays», lui dit-il.
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Madame Kamouss a élevé ses fils dans le respect de tous les croyants de toutes
les religions et, avant de rejoindre les anti-balaka, Serge avait des collègues et des
amis musulmans. Plus maintenant. Aujourd'hui, il veut que tous les musulmans
meurent ou quittent la Centrafrique. «Ce sont des traîtres», ajoute-il.
De la chambre, Lamove entend les mots de son frère. Il entend les pleurs de sa
mère. Et il entend qu'on parle de lui.
«Et ton frère, tu veux lui faire du mal?», demande Madame Kamouss.
Serge répond que non.
A ces mots, Lamove décide de sortir de sa cachette.
.2 Une histoire paisible
Avant l'an dernier, la Centrafrique n'avait jamais connu de conflits religieux –
contrairement à d'autres pays plus ou moins lointains, comme le Nigeria ou le
Mali, où des insurrections djihadistes ont fait éclater des tensions religieuses qui
couvaient depuis longtemps, voire au Soudan voisin, où l'opposition entre musulmans et chrétiens était très ancienne. En Centrafrique, les croyants de religions
différentes vivaient en paix depuis des siècles.
Si sa population fut dévastée par l’esclavagisme arabe, à l'inverse de nombreux
pays subsahariens, la rancune
des Centrafricains ne se faisait
pas sentir.
Quand en 1976, après une visite
en Libye, le président centrafricain Jean-Bedel Bokassa prêta
allégeance au Coran et changea
de nom pour Salah Eddine Ahmed, ses compatriotes majoritairement chrétiens (à 85 ,
contre environ 15 de musulmans) ne lui en tinrent pas grief.
Ils savaient que sa conversion
visait à attirer les largesses de
Mouammar Kadhafi et ils
avaient bien conscience que Bokassa, avec son harem de
femmes étrangères qu'il n'appelait pas par leur nom, mais par
leur nationalité, n'avait rien d'un
saint. Et ils ne furent pas surpris La carte de la République centrafricaine | Wikipedia
et encore moins scandalisés
quand, peu de temps après, il regagna le giron de l’Eglise catholique.
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Le passif de la Centrafrique en matière de conflit est d'ailleurs étonnamment modeste, même si le pays remplit à coup sûr toutes les conditions pour connaître
des turbulences: ses habitants ne vivent en moyenne que 49 ans, un temps pendant lequel ils passent moins de quatre ans à l'école et gagnent à peine plus de
550 euros par an, quand ils ont la chance de trouver un emploi. En matière de
mortalité infantile, ils sont dans le top 4 des pires pays du monde. Et le pays est
encerclé par le chaos –en plus du Soudan, la Centrafrique partage des frontières
avec la République Démocratique du Congo, le Sud-Soudan et le Tchad– et toutes
les armes qui peuvent y transiter. Et pourtant, avant l'an dernier, la République
centrafricaine n'avait jamais connu de véritable guerre civile. Elle était uniquement célèbre, et encore, pour avoir hébergé sans le vouloir Joseph Kony et son
Armée de Résistance du Seigneur.
Après avoir obtenu de la France son indépendance, le pays allait connaître cinq
coups d’Etat et jouir d'une seule véritable élection, en 1993, mais aucun de ses
présidents n'est mort dans l'exercice de ses fonctions. Les vaincus ne cherchent
pas querelle s'ils ploient sous les adieux du peuple et les usurpateurs, en quantités généralement familières, restent sur leurs gardes quand les accueils sont pacifiques.
Ne fais rien, ne réagis pas, ne dis rien, attends juste que a passe
De fait, il est rare d'entendre un Centrafricain débiner réellement un ancien
dirigeant. Bokassa, l'un des despotes les plus indéfendables du siècle dernier et
du monde entier –il s'autoproclama «Empereur de la Centrafrique» lors d'une
cérémonie de couronnement coûtant le quart du budget du pays, puis institua le
démembrement comme châtiment pour des délits mineurs– est évoqué avec une
tendresse quasi unanime.
Les Centrafricains sont plus enclins à la compassion. Notre pays a été saigné à
blanc et il est ingouvernable, disent-ils, et toute personne ayant tenté de le diriger mérite un minimum de respect. Une attitude qui dérive en partie d'une bienveillance endémique et en partie d'un mépris généralisé pour toute forme de
gouvernement: l'historien Pierre Kalck fait ainsi remarquer qu'avant la période
coloniale, les tribus de la région «étaient toutes opposées à la notion même
d’Etat». L'une de leurs divinités était Ngakola, un chef vénéré du temps jadis –et
même si vénéré, qu'il fut mis à mort par ses sujets, qui le respectaient trop pour
vivre sous son joug.
«C'est la mentalité centrafricaine. Nous avons toujours besoin de souffrir», m'explique un fonctionnaire de Bangui. «Et, à mon avis, quand nous souffrons, c'est là
que nous nous sentons le mieux.»
En sango, la langue nationale, il y a même une formule consacrée: kanga bé. Soit,
en gros, «ferme ton cœur». Face à une pauvreté abyssale, une faillite politique
chronique et une corruption caricaturale, les Centrafricains disent kanga bé. «Ne
fais rien, ne réagis pas, ne dis rien, attends juste que ça passe», c'est ainsi qu'un
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ami centrafricain me résume ce que veut dire l'expression.
«C'est la réponse à n'importe quel malheur.»
Cette unité dans la douleur aura finalement été rompue avec l'apparition de la
Séléka, qui allait infliger aux Centrafricains bien plus de souffrances qu'ils étaient
prêts à endurer. La Séléka, qui signifie «alliance» en sango, rassemble plusieurs
groupes rebelles dont les exactions furent un temps circonscrites au nord du
pays, une région à majorité musulmane. A la fin 2012, sans tambours ni trompettes, le groupe s'unifia sous l'égide de Michel Djotodia, ancien haut fonctionnaire des impôts de Bangui et familier des petites magouilles, avant de commencer sa marche dévastatrice vers le sud et la capitale.
Djotodia enrôle des mercenaires tchadiens et soudanais, en leur promettant emplois et richesse dès qu'il aura pris le contrôle de la République centrafricaine.
Selon des employés du gouvernement et des soldats avec lesquels je me suis entretenu, Djotodia, un musulman, a réussi à convaincre des ministres, des
membres du parlement et de l'état-major militaire de Bangui de le rejoindre, et
ce sans trop d'efforts: le président qu'il voulait désister, Fran ois Bozizé, avait,
après 10 ans d'exercice, perdu la mince popularité sur laquelle il avait pu compter
au moment de prendre ses fonctions. Bozizé était d'ailleurs lui-même arrivé au
pouvoir en 2003 grâce à un coup d’Etat, là aussi avec l'aide de mercenaires tchadiens.
Un soutien qui fut de de courte durée. Les combattants de Djotodia échappèrent
rapidement à son contrôle et même à tout contrôle en général. Et le chaos qu'ils
allaient semer n'a toujours pas cessé. Selon l'ONU, 120.000 Centrafricains ont
quitté leur pays ces deux dernières années et 400.000 ont été déplacés à l'intérieur de ses frontières. Les estimations du Armed Conflict Location and Event Data Project font état de 3.062 Centrafricains tués depuis 2013.
.3 Unité, dignité, travail
Jeune, Lamove Kamouss était un gar on obéissant, un bon élève et un paroissien
zélé. S'il était faible et maigrelet, il insistait toujours pour aider ses voisins à faire
leur marché et porter leurs commissions. Tout Saïdou l'appréciait. Son frère,
Serge, était par contre une forte tête, un gamin agressif et cherchant continuellement la bagarre. S'il avait quasiment toujours le dessus –le gar on était vif et
musculeux– il affligeait sa mère, une fervente catholique qui avait élevé ses fils
dans la non-violence.
Les frères ont d'ailleurs beaucoup appris de Madame Kamouss, qui aime appeler
Bangui par son vieux surnom, vestige de temps plus heureux: «Bangui la Coquette». Une épithète ambitieuse, quoique pertinente.
Bangui donne le sentiment d'être un endroit où l'avenir s'est mis à l'ombre, pour
se reposer.
Dans les années 1960 et 1970, Bokassa avait voulu faire de la ville une capitale
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africaine de premier plan et les résultats allaient être, à son image, aussi grotesques que charmants. Bangui est un mélange hétéroclite de styles architecturaux –futurisme, brutalisme, méditerranéen en toc, kitsch néoclassique tiersmondiste– ni parfaits ni pires. Ses fa ades blanches ont épongé le rouge de la
terre, ce qui donne à la ville une teinte argileuse plutôt chaleureuse, et on y retrouve souvent le slogan national: «Unité, Dignité, Travail».
Une formule qui, là encore, possède un semblant de vérité. S'il est difficile de
trouver du travail à Bangui, ses rues sont toutefois animées d'une fantastique vivacité commerciale. Des vendeurs proposent des baguettes qu'ils portent sur leur
tête dans des paniers métalliques. Les pains sont rangés en gerbes verticales
pointant vers le ciel, ce qui donne à leurs porteurs des airs de prêtres fous. Par
équipes de deux, des hommes se précipitent sur les manguiers, un arbre omniprésent ici. Un comparse escalade le tronc pour cueillir les fruits, qu'il lance à celui resté au sol qui les dispose au fur et à mesure sur d'anciens sacs de céréales
ou sur de vieux draps, leur étal de fortune. Contrairement à d'autres capitales
africaines, l'impression générale n'est pas celle d'un développement anarchique
et raté, mais plutôt d'un développement en pause Bangui ne donne pas le sentiment d'être un endroit aux sombres perspectives d'avenir, mais plutôt d'un endroit où l'avenir s'est mis à l'ombre, pour se reposer.
Mais le charme de la ville peut aussi prendre des atours sinistres. Quand les
hommes de Centrafrique se saluent, ils se penchent l'un vers l'autre et se cognent
le front à trois reprises, une fois au centre, puis des deux côtés. Une tradition
sympathique qui fait toutefois inévitablement penser à des béliers qui se battent.
L'un des bâtiments les plus jolis de Bangui est celui de la prison centrale, peinte
aux couleurs du drapeau national et qui lui donne un air de pâtisserie vénitienne,
géante et bigarrée.
Quand Lamove et Serge étaient petits, leur père était le chef d'un restaurant,
mais il ne gagnait pas suffisamment d'argent pour les nourrir, eux et les trois
autres enfants de la fratrie. La famille mangeait les restes qu'il ramenait à la maison. Et quand il n'y avait pas de restes, leur mère récupérait des dons alimentaires de l'église. Parfois, ils ne mangeaient pas du tout. A la fermeture du restaurant, tenu par un Belge, leur père ne retrouva plus de travail. Leur mère se mit à
vendre des fruits et des gâteaux dans Saïdou, pour une obole misérable. «Quand
notre père a perdu son travail, me dit Lamove, via un interprète sango, nous nous
sommes soumis aux aléas de la vie.» Tous leurs frères et sœurs sont morts avant
d’atteindre l'adolescence. «Nous n'avions pas assez d'argent pour leur acheter
des médicaments.»
Serge et Lamove savaient que leur situation n'avait rien d’exceptionnel. Ils savaient dans quel état déplorable se trouvait leur pays, estomaqués par le piédestal sur lequel leur père et leur mère mettaient les Fran ais. Les frères n'ont eu de
cesse d'entendre combien la vie était meilleure sous l'administration coloniale.
Mais ils en ont appris suffisamment à l'école pour savoir que ce n'était pas vrai.
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Tournée vers l'Atlantique et ses possessions africaines bien plus lucratives, Paris
attribua la gestion d'Oubangui-Chari à la lie de ses fonctionnaires coloniaux.
«En tant qu'échantillon de notre race, déplorait ainsi un administrateur français,
le choix de nos agents n'aurait pu être pire.»
Des agents qui jetaient des femmes et des enfants en prison tant que les hommes
des villages n'avaient pas atteint leurs objectifs de production en matière de bois,
de coton, de café et autres biens de consommation. Entre 1890 et 1940, on estime que la moitié de la population d'Oubangui-Chari est morte à cause des travaux forcés ou de maladies importées.
En 1947, André Gide fut tellement horrifié du spectacle qui s'offrait à lui qu'il écrivit:
«Je ne peux exprimer le chagrin et l'impuissance que je ressens.»
Et quand les Fran ais s'en allèrent enfin, treize ans plus tard, ils laissèrent un
néant: dans un pays de près de 625.000 km² (soit plus grand que la France métropolitaine), il n'y avait quasiment aucune route goudronnée, aucune infrastructure, pas le moindre secteur tertiaire. La République centrafricaine était «mortenée», pour reprendre les mots d'un historien. «Elle n'obtint qu'une indépendance
de papier.»
Ce qui s'explique, en partie, par le fait que la France ne l'a en réalité jamais
quittée. De Paris, elle a continué à contrôler le pays, en avalisant ses dirigeants,
en gérant son économie, en formant son armée, chaperonnée par ses forces nationales déployées dans la région. Pour beaucoup de Centrafricains, c'est une évidence que les grandes décisions concernant leur pays se prennent toujours à Paris. Que cela soit vrai ou non, Paris n'a rien fait pour dissiper cette impression. Depuis 1979, l'armée fran aise est intervenue à cinq reprises en Centrafrique.
Pour beaucoup de Centrafricains, c'est une évidence que les grandes décisions
concernant leur pays se prennent toujours à Paris.
Pour progresser dans la vie, Serge savait qu'il ne pouvait compter sur les Fran ais,
pas plus qu'il ne pouvait compter sur ses parents. Il a ainsi très vite quitté l'école.
Au départ, pour devenir pêcheur sur la rivière Oubangui, qui sépare la République
Centrafricaine du Congo, et pendre ses poissons sur un piquet avant de les
vendre dans la rue. Ensuite, il est arrivé sur le marché noir de l'essence. Une fois
accumulé un petit capital, il investit dans les pains de savon, qu'il vend à pieds à
travers la ville. Avec l'argent, il s'achète des stocks d'huile, de sucre, de farine,
d'oignons et d'autres produits alimentaires. Au début des années 2000, il ouvre
une petite boutique. Elle faisait partie du marché de l'Avenue Koudouku, dans le
Kilomètre 5, un quartier hétérogène où vivaient la majorité des musulmans de
Bangui, mais aussi pas mal de chrétiens. Ses affaires décollent –il peut même embaucher des coursiers qui vont lui chercher des marchandises au Cameroun. Un
jour, une jolie vendeuse de beignets entre dans sa boutique pour lui acheter de la
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farine de maïs et du sucre. Ils se marient et ont deux enfants. «C'était la belle
vie», dit Serge, qui a aujourd'hui 28 ans, en parlant de l'époque pré-Séléka.
Lamove, 40 ans, n'a pas été aussi débrouillard. Un temps, il empile les petits boulots misérables sans jamais rien trouver de stable. C'est Serge qui subvient à ses
besoins, comme à ceux du reste de la famille. Quand Lamove a des enfants, l'argent pour les élever provient aussi de Serge.
«C'était très difficile de s'occuper de tout le monde en même temps, dit-il, mais
c'était une obligation.»
.4 L’essor de la Séléka
La Séléka débarque à Bangui au matin du 24 mars 2013, dans un vacarme de camions, de voitures, de motos et de «techniques» –des pick-ups surmontés de mitrailleuses. Saïdou connaît des violences, mais le quartier était trop pauvre pour
être pillé. (Comme le dit Serge: «Nous n'avons pas des masses de VIP»). Mais
rares furent les quartiers à être épargnés.
Craignant le pire, des habitants amassent des provisions et se claquemurent chez
eux. Ceux restés dans les rues n'ont pas autant de chances. La Séléka a beau ne
rencontrer aucune résistance, ou presque, ses soldats entrent dans la ville en tirant sur tout ce qui bouge. A la fin de la journée, les rues sont jonchées de cadavres. Les maisons, les commerces, les boutiques, les bâtiments officiels et les
véhicules, tout fut pillé et incendié.
Une femme d'affaires centrafricaine
que j’appellerais Anne (elle ne veut
pas être citée sous son vrai nom, par
peur des représailles) était chez elle
au moment de l'invasion, dans une
rue calme non loin de Saïdou, dans le
Kilomètre 1. Elle raconte comment
un groupe de combattants de la Séléka réussit à forcer la porte de sa
maison. Ils portaient des uniformes
hétéroclites, étaient lourdement armés et avaient l'air «bourrés, dro- Un Séléka, en juin 2014 , près de la frontière avec la
gués», dit-elle, et «hyper excités». République démocratique du Congo.
Parce qu'ils ne parlaient qu'en arabe REUTERS/Goran Tomasevic
ou en anglais, elle en conclut qu'ils
devaient être tchadiens ou soudanais. «Ils m'ont mis un pistolet sur la tempe» et
«ils ont dit “on veut de l'argent, on veut tout ce que t'as, ou on te tue”. Je leur ai
dit de prendre tout ce qu'ils voulaient». Et après une heure à entrer et à sortir les
bras chargés de tout ce qu'ils pouvaient, ils sont partis. Mais très vite, une autre
troupe est arrivée. Ceux-là voulaient ses voitures. Anne l'avait anticipé et avait
demandé à ses employés de maison de les démonter pour les rendre impossibles
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à voler. Imperturbables, les rebelles s'installèrent pour les remonter. Puis un troisième groupe fit irruption et prétendit que les voitures leur appartenaient. Ils se
disputèrent, avant de se tirer dessus.
Un juge, Romaric Kpangra, décrit ce qui s'est passé dans son quartier, à quelques
kilomètres de là. Quelques jours après le début du coup d’Etat, un groupe
d'hommes est arrivé chez lui. Ils sont entrés dans sa maison, où il se cachait avec
sa femme et ses jeunes fils. Il fait tout son possible pour les raisonner, mais ils ne
comprennent ni le sango ni le fran ais. «J'ai serré mes fils contre moi et j'ai regardé les Séléka détruire ma maison et s'emparer de tous mes biens», explique Kpangra. Ensuite, ils sont passés à la maison des voisins, où vivaient deux petits garons qu'ils abattent sous les yeux du juge.
«J'étais tellement terrifié, je ne sais pas pourquoi ils ont tué ces enfants.»
Bangui se met alors à ressembler à une morgue à ciel ouvert, couplée à une gigantesque brocante, avec des cadavres et des objets volés dispersés un peu partout. «J'ai vu littéralement toute ma maison» dans une rue du Kilomètre 5, dit
Anne (selon certains témoignages, les dégâts ont été moindres dans les quartiers
musulmans, par rapport aux chrétiens).
L’Etat, déjà anémique, ne peut donc que s'effondrer. Il n'y avait plus d'eau, plus
d'électricité, plus de services. Le président Fran ois Bozizé avait fui le pays par
avion. Michel Djotodia décide de suspendre la constitution et s'autoproclame
président, tout en laissant les différentes factions qui l'avaient mené au pouvoir
libres de leurs agissements. Des responsables politiques, des soldats, des agents
de police, des membres du clergé ou de la vie associative furent assassinés ou
forcés à l'exil et à la clandestinité, à mesure que les «généraux» rivaux de la Séléka se disputaient leurs territoires. Par exemple, ils installaient des barrages routiers où les passants devaient s'acquitter d'une taxe, quand ils n'étaient pas simplement dévalisés et passés à tabac.
Bangui se met alors à ressembler à une morgue à ciel ouvert
Un jour, en rentrant chez elle, Anne doit s'arrêter à un de ces barrages, tenu par
un groupe de gar ons. De l'autre côté de la barrière, un couple arrive. Les gar ons
leur font signe d'attendre, puis les abattent, avant de s'approcher des cadavres
pour les égorger. Anne était pétrifiée de peur. Mais les gar ons se sont retournés
vers elle et, avec un grand sourire, lui ont fait signe de passer.
Comme beaucoup de Centrafricains avec qui j'ai pu m’entretenir, Anne et Kpangra étaient au départ favorables à la cause de la Séléka. «Je pensais que la Séléka
avait raison sur certains points», dit Kpangra, au diapason avec ses critiques de la
corruption de Bozizé. «Les gens étaient tellement fatigués du gouvernement de
[Bozizé], ils en avaient tellement marre, que n'importe qui aurait pu faire un coup
d’Etat», m'explique Anne.
«Si la Séléka n'avait fait que des dégâts normaux dans ce genre de circonstances,
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les gens auraient pu les aimer, qu'importe qu'ils aient été musulmans.»
La tante de Serge et de Lamove a été tuée par des combattants de la Séléka. Et
deux de leurs cousines ont été violées. Peu avant l'arrivée des Séléka, la santé de
leur père s'est détériorée. Comme elle n'avait pas les moyens d'acheter des médicaments, leur mère allait dans la forêt pour cueillir des plantes et des racines et
confectionner des remèdes traditionnels, qui semblaient avoir un certain effet.
Puis la Séléka a interdit l'accès de la forêt. En avril 2013, quelques semaines après
l'invasion, leur père est mort.
Lamove fut dévasté. Mais il était aussi plus désespéré que jamais. Honteux de luimême et de sa situation, il n'était plus le gentil gar on qui faisait la fierté de ses
parents. Il avait désormais trois enfants et battait leur mère, qu'il n'avait pas les
moyens d'épouser. «Il est devenu de plus en plus teigneux», dit Madame Kamouss. Il n'allait plus à la messe.
«Quand mon père était vivant, la religion m'intéressait, m'explique-t-il. Mais
quand il est mort, j'ai perdu le désir de prier.»
Séléka ne s'est pas contentée de recruter des musulmans, elle a aussi embauché
des chômeurs et des gamins des rues. Et beaucoup ont rejoint ses rangs, chrétiens comme musulmans, en espérant gagner un peu d'argent. Quand un ami de
Lamove, un musulman, l'appelle pour lui dire qu'il peut lui obtenir un poste, Lamove n'hésite pas très longtemps.
«Je n'avais pas de travail, j'étais très mal, dit Lamove. J'ai rejoint la Séléka pour
avoir un boulot, pour avoir la possibilité de faire quelque chose.»
Quant aux intentions politiques de la Séléka, il dit:
«Je savais seulement qu'ils étaient venus pour reconstruire le pays, pour donner à
tout le monde du travail.»
Mais il ne se faisait aucune illusion sur ses méthodes. «Oui, bien sûr, je voyais ce
qu'ils faisaient», me répond-il quand je lui demande pour les atrocités commises
par la Séléka. «Ils volaient les gens, ils les tuaient, ils violaient les femmes», ajoute
-il.
Un jour, on l'amène dans une maison réquisitionnée par la Séléka. Il se fait remettre un uniforme et un fusil. Pendant trois semaines, avec une vingtaine
d'autres recrues, un instructeur tchadien lui apprend à tirer. Personne ne parle
jamais de religion ou de politique. La promesse, c'est qu'une fois le pays revenu à
la stabilité, les enrôlés rejoignent les listes officielles de l'armée et deviennent de
vrais soldats.
«Mais nous étions très mal traités. Il n'y avait pas suffisamment de nourriture.»
On lui promet aussi un salaire, mais il n'en voit jamais la couleur.
Lamove ne dit pas à sa famille qu'il a rejoint la Séléka. Sa mère, qui ne le voit plus
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dans Saïdou, s'inquiète. Une connaissance lui dit avoir vu Lamove dans une voiture avec des hommes armés. Elle convoque un conseil de famille. «Les membres
de ma famille ont essayé de me calmer, se rappelle-t-elle. Ils m'ont dit de prier
pour Lamove.» Un cousin lui promet de le retrouver. Mais quand il le retrouve,
Lamove lui dit que la Séléka lui a offert le premier emploi à temps plein de sa vie
et qu'il ne va pas le laisser tomber.
«Si je quitte la Séléka, dit Lamove au cousin, qu'est-ce que vous allez pouvoir faire
pour moi?»
Quand Lamove revient enfin à Saïdou, sa mère lui vole dans les plumes.
«Je lui ai rappelé les circonstances de la mort de son père, dit-elle. Je lui ai dit que
s'il restait dans la Séléka, mes liens avec lui seraient brisés, et qu'il ne pourrait plus
me considérer comme sa mère.»
.5 Anti-Balaka: l'opposition
Quand la Séléka met à sac Bangui, Serge pense qu'il va passer entre les gouttes.
Sa boutique est située dans un quartier à forte dominante musulmane du Kilomètre 5. Et il a remarqué que si des commerces appartenant à des musulmans
ont été pillés, ils ont été beaucoup moins nombreux que ceux dont les propriétaires sont chrétiens. Il espère que ses clients et ses amis musulmans pourront le
protéger.
Les anti-Balaka n'apprennent pas à leurs recrues comment tirer ou manipuler des
explosifs, leurs seules instructions concernent le maniement des machettes.
Ils ne le protégeront pas. Un jour, un groupe d'homme entre dans sa boutique,
vole son stock et tout son argent. Il est arrêté et jeté en prison. On le passe à tabac –on lui donne des coups de poing, des coups de pied, on le frappe avec des
fils électriques. Son bras est cassé.
Après une semaine de détention, il sort et appelle Lamove. C'est la première fois
de sa vie qu'il demande de l'aide à son frère. Mais Lamove lui dit qu'il ne peut
rien faire.
«Je voulais vraiment l'aider, me dit Lamove, mais j'étais en dehors de la ville, la
Séléka n'arrêtait pas de nous trimballer à droite et à gauche.»
Sa mère emmène Serge à l'hôpital. Quand il en sort, Serge demande encore de
l'aide à Lamove. Il lui répond qu'il peut lui donner de l'argent pour des médicaments, mais rien de plus.
«Si j'avais su pour Serge plus tôt, quand il était en prison, j'aurais pu faire quelque
chose. Mais après, qu'est-ce que je pouvais faire?, dit Lamove. J'avais très peur
des chefs de la Séléka. Si j'avais essayé d'aider Serge, ils auraient pu s'en prendre
à moi. Ils tuaient des gens comme de rien.»
Mais Serge est incapable de le comprendre. Lui, il ne lui a jamais rien refusé. C'est
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même lui qui a nourri et habillé ses enfants.
«Et pourtant, c'est lui mon grand frère, me dit Serge. C'est lui qui est censé faire
quelque chose pour moi.»
Quand sa formation militaire se termine, à la fin du printemps 2013, Lamove se
voit attribuer par la Séléka un camp près du centre ville de Bangui, à un poste de
patrouille. On lui demande de surveiller les troupes et de les empêcher de commettre des exactions. Mais la tâche est impossible. Personne ne l'écoute, notamment les Tchadiens et les Soudanais.
«Et même dans mon unité, dit Lamove, les gens avait pris l'habitude de voler et de
piller.»
Plus tard, son unité voit arriver de nouveaux commandants qui «ont essayé de me
faire voler et tuer». Il prétend avoir refusé. Il n'est pas puni, mais on lui enlève la
responsabilité des patrouilles.
«Je restais dans le camp. Je n'avais rien à faire.»
C'est à cette époque que
Serge entend parler du mouvement d'opposition. Commandé depuis Bossangoa, à
environ 300 km au nord de
Bangui, il trouve son origine
dans les groupes d'«autodéfense», des milices citoyennes qui existent depuis
des années. Ce sont les antibalaka. En sango, le mot veut
dire «anti-machettes». Au
Un anti-Balaka pose pour un photographe à Bangui en
sens figuré, cela signifie janvier 2014. REUTERS/Siegfried Modola
«indestructible».
Les combattants anti-balaka, recouverts de grigris, sont réputés pour leurs pouvoirs surnaturels: armés principalement de machettes, de haches, de battes et de
couteaux, ils sont aussi célèbres pour leur brutalité extrême. Quand la Séléka,
affaiblie par des conflits internes, quitte les villages, les anti-balaka la remplacent
et massacrent les musulmans.
A Bossemptélé, un village près de Bossangoa, les anti-balaka auraient tué 100
musulmans en l'espace d'une seule journée, selon Amnesty International. Les survivants qui essayèrent de fuir furent pourchassés dans le bush.
«Des musulmans ont dit avoir vu de nombreux cadavres en dehors de la ville, peut
-on lire dans le rapport de l'organisation, les corps pourrissaient dans la chaleur et
se faisaient dévorer par les animaux sauvages.»
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Serge dit à sa mère qu'il envisage de rallier ces milices. Elle l'implore de ne pas le
faire.
«Je l'ai sermonné et je l'ai menacé, dit-elle. Jamais je n'aurais imaginé qu'il les rejoigne.»
.6 Le premier combat de Serge
Deux jours après avoir atteint Bossangoa, Serge se poste près d'un camp d'entraînement des anti-balaka et dort à même le sol. Quand le chef du camp revient, «il
m'a posé beaucoup de questions sur ma vie, mes motivations», explique Serge.
«Je lui ai dit ce qui m'était arrivé à Bangui. Je lui ai expliqué ce que j'avais subi.»
Il commence alors sa formation. Avec sa force et sa rapidité, il aurait pu devenir
un soldat des plus chevronnés, mais les commandants des anti-balaka, pressés
par le temps et pauvres en ressources, le préparent misérablement à la guerre. Ils
n'apprennent pas à leurs recrues comment tirer ou manipuler des explosifs, leurs
seules instructions concernent le maniement des machettes. «On nous a donné
des machettes et on nous a demandé de taper sur des arbres», dit Serge.
«Le commandant a ordonné “cet arbre, c'est un homme. Qu'allez-vous faire avec
votre machette?”»
Et, à ces mots, Serge a frappé l'arbre de toutes ses forces, à en impressionner ses
commandants et ses nouveaux camarades.
«Ils nous ont dit que la Centrafrique était notre pays. Que nous devions renverser
la Séléka et défendre notre pays contre les musulmans.»
La première semaine de décembre, les anti-balaka commencent leurs raids dans
les faubourgs de Bangui. A cette époque, Michel Djotodia avait officiellement démantelé la Séléka, pour tenter de mettre en place un gouvernement légitime,
mais son groupe était d'ores et déjà hors de tout contrôle.
En réaction aux anti-balaka, l'ex-Séléka, comme elle se faisait désormais appeler,
lance une campagne sanglante et aveugle dans les quartiers de Bangui censés héberger des rebelles. A leur tour, les anti-balaka se mettent à attaquer des civils
musulmans, souvent avec l'aide de chrétiens.
A la mi-décembre, la République Centrafricaine est plongée dans une guerre civile
et religieuse totale. Environ 935.000 personnes, soit 20 de la population centrafricaine, quittèrent leur domicile selon l'ONU. Des vidéos montrant des lynchages
ou des attaques à la machette furent publiées sur Internet par les anti-balaka. Des
musulmans furent décapités, brûlés, mutilés. Dans une vidéo particulièrement
sordide, diffusée par la BBC, un homme qui se fait appeler Chien Fou explique
que sa femme a été tuée par les Séléka alors qu'elle était enceinte. Dans le clip,
on le voit mâcher quelque chose qui ressemble à la jambe d'un musulman qu'il
affirme avoir poignardé et brûlé en représailles. La main coupée est la terrifiante
signature des anti-balaka. C'est ainsi que l'on retrouve souvent les cadavres de
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musulmans –un moyen de tourner en dérision macabre la punition que les partisans extrémistes de la Charia réservent aux voleurs. Parfois, la main est laissée à
côté du cadavre et parfois non.
Pendant les pires flambées de violence, des camps de réfugiés de fortune s'installent aux alentours de Bangui. Le camp le plus structuré, le refuge principal des
chrétiens, est situé près de l'aéroport. Il s'étend sur une grande langue de terre, à
côté de l'unique piste.
Une amulette est censée rendre Serge invisible, une autre invincible aux balles,
une autre doit lui permettre de disparaître et de réapparaître où il veut.
Quand j'ai visité le camp, en avril et mai de cette année, je me suis entretenu
avec des réfugiés qui campaient dans des hangars désaffectés ou dans des vieux
avions remisés à la casse. Les fuselages étaient remplis de casseroles et d'ustensiles de cuisine, de matelas et d'autres restes de meubles. Sur les ailes, on faisait
sécher son linge. L'après-midi, les réfugiés se rassemblaient sur la route, en attendant que le tarmac refroidisse dès qu'un avion atterrissait, ils s'éloignaient.
Formellement, le camp, qui existe toujours et abrite toujours des milliers de personnes, s'appelle M’Poko, mais tout le monde préfère en parler comme du Ledger, le nom du palace le plus chic de Bangui. Le refuge principal des musulmans
se trouve à la Grande Mosquée, non loin de l'ancienne boutique de Serge, sur
l'Avenue Koudouku dans le Kilomètre 5. S'il est moins grand que M’Poko, le spectacle est le même: des tentes de l'ONU, des femmes qui font la cuisine, la plupart
des gens qui ne font rien. Et ses habitants l'appellent aussi le Ledger.
Le premier combat de Serge s'est déroulé près d'une enclave musulmane du Kilomètre 12, un quartier à l'extrémité nord de la ville. Il avait dû payer sa propre machette de sa poche. Autour de la taille, il s'était accroché des amulettes, des petites pochettes en skaï remplies de morceaux de plantes. Selon les commandants,
ces amulettes étaient magiques et possédaient chacune un pouvoir différent. Il y
avait celle qui rendait Serge invisible à ses ennemis, une autre invincible aux
balles, une autre encore lui permettait de disparaître et de réapparaître où il voulait. S'il venait à être coincé quelque part, il n'avait qu'à la presser pour être sauvé. Autour de son cou, il avait une fiole remplie d'une huile spéciale le protégeant
des lames. Avant la bataille, on lui fait fumer une «mauvaise cigarette» et avaler
des pilules diverses. Il n'avait pas le choix. Tout le monde prenait ces «potions».
Au départ, il a peur de sa réaction, mais, très vite, il a sent son esprit s'aiguiser, le
courage qui s'empare de lui. Comme s'il était désormais immunisé contre la faim
qui lui déchirait l'estomac, contre la douleur qui lui lacérait les pieds, contre la
chaleur étouffante.
Le commandant de Serge et les combattants les plus expérimentés, ceux qui
avaient le droit aux Kalachnikov, sont aux premières lignes, ils mènent l'assaut le
long de la route. Serge est à l'arrière, avec les jeunes recrues. Il a une envie folle
d'en découdre. Un peu plus loin, il voit les Séléka courir sur la route, se cacher
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derrière des arbres, des bouts de maisons en ruine, des piles de briques. Mais à
peine la bataille commence qu'elle semble déjà terminée. Dès le premier assaut,
les Séléka se dispersent.
Je demande à Serge s'il a tué dans ce combat. Il reste silencieux un moment, regarde ailleurs. Puis il répond simplement «non». Je ne sais pas s'il est gêné de
l'admettre ou s'il ment.
.7 Des machines à tuer
Serge n'a jamais croisé les responsables des anti-balaka. En réalité, il ne sait
même pas de qui il s'agit. Les gens à le savoir étaient très peu nombreux. Comme
tout le monde, il a entendu des rumeurs disant que Fran ois Bozizé dirigeait les
anti-balaka de son exil au Cameroun.
A Bangui, du moins sur le papier, le chef était Patrice Ngaissona, un ancien
membre du parlement censé entretenir des liens étroits avec Bozizé. Ngaissona
est souvent accompagné d'un homme qui se fait appeler Commandant Maxim,
un ancien policier devenu chef militaire des anti-balaka. Le «chef spirituel» du
groupe se fait appeler Douze Puissances. Selon ses adeptes, il serait capable de
changer de forme et d'être à plusieurs endroits en même temps. L'homme qui me
fait rencontrer le triumvirat, en avril, me le confirme:
«Il me l'a fait pas plus tard qu'hier. Je pensais être assis à côté de Douze Puissances, mais en réalité, ce n'était que son image.»
J'ai rencontré les trois hommes au QG des anti-balaka, une maison qui appartient
au père de Ngaissona. Elle est située à Boy-Rabe, un quartier animé et vallonné
de Bangui. Ngaissona y a emménagé après la destruction de sa propre maison par
les Séléka. Dans une cour au sol de terre nue, plusieurs dizaines d'hommes sont
rassemblés. Aucun n'est armé et tous cherchent visiblement quelque chose à
faire, assis à côté de bus et de voitures poussiéreux et montés sur des parpaings.
On me désigne un canapé criard, dans une pièce qui semble avoir récemment accueilli une fête: les murs sont recouverts de cartes d'anniversaire enfantines et du
plafond pendent des ballons de baudruche dégonflés et des bouquets de fleurs
artificielles, la tête en bas. «C'est mon Ledger», me dit Ngaissona. Le contexte,
mais aussi sa bedaine et ses épaules molles, cadrent mal avec sa réputation:
Ngaissona se serait rendu coupable de «crimes contre l'humanité et d'incitation
au génocide», selon les mots d'un mandat d'arrêt courant contre lui.
La définition de l'«étranger» se fait a postériori: si des musulmans ont été tués, ils
étaient forcément étrangers, parce que les anti-Balaka ne tuent pas leurs compatriotes
Parce que la «Séléka s'était mise à violer et à tuer des femmes», me répond-il
quand je lui demande pourquoi les anti-balaka ont été formés. «Ils ouvrent les
ventres des femmes enceintes, leur coupent les seins et prennent les bébés.» (Ces
accusations reviennent souvent dans les guerres africaines. Mais les preuves for-
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melles sont difficiles à trouver). Quand ils ont commencé à «incendier des symboles chrétiens et à détruire des églises», selon lui c'était désormais évident que
la Séléka «voulait faire de la Centrafrique un Etat islamique».
La chose avait un semblant de vérité –la ferveur islamiste était puissante parmi
les mercenaires tchadiens et soudanais et tout le monde savait que bon nombre
de Centrafricains musulmans avaient envie de voir un de leur coreligionnaire accéder au pouvoir. Mais Djotodia qui, comme beaucoup de Centrafricains, était né
dans une famille mixte, n'a jamais confirmé cet objectif.
«Ce que je veux que vous compreniez, c'est que ces gens étaient des villageois et
des fermiers, me dit Ngaissona. Ils avaient besoin de quelqu'un aux yeux ouverts
pour les guider, notamment contre les Séléka.»
Maxim me dit que la plupart des policiers sous ses ordres ont été assassinés.
«Vous pouvez le croire? Des gens qui prennent le pouvoir et qui deviennent des
machines à tuer?, déclare-t-il. Ils voulaient appliquer le système tchadien: quiconque ne pratique pas l'islam est un ennemi de l'islam.»
Quand je demande si les anti-Balaka ont tué des civils musulmans, Ngaissona
hoche la tête et me dit:
«J'ai des musulmans dans ma famille.»
Il y avait même des musulmans parmi les anti-balaka.
«Personnellement, j'ai des amis musulmans qui sont mes collaborateurs et j'entretiens de bonnes relations avec eux. Les anti-Balaka ne s'en prendront jamais à un
Centrafricain musulman.»
Une distinction que je n'ai pas cessé d'entendre, pour finalement comprendre
son caractère fallacieux. Beaucoup de familles centrafricaines, et pas seulement
parmi les musulmans, sont immigrées. Elles viennent du Cameroun, du Tchad, du
Sénégal, de Guinée, du Nigeria, entre autres. Bon nombre de Centrafricains ont
passé une grande partie de leur vie à l'étranger. Et la définition de l'étranger
semble souvent s'appliquer a posteriori: selon la logique anti-balaka, si des musulmans ont été tués, ils étaient forcément étrangers, parce que les anti-Balaka
ne tuent pas leurs compatriotes.
Pendant la discussion, Douze Puissances reste silencieux, en regardant le sol avec
un air songeur. Les seuls bruits qui proviennent de son fauteuil pendant la conversation sont les sonneries de ses deux téléphones (les mélodies de We Wish
You a Merry Christmas et de Hot Hot Hot). Ses collègues me présentent, mais ne
me permettront pas de lui adresser la parole.
«Ce que vous avez besoin de savoir sur Douze Puissances, c'est que sa femme et
ses enfants ont péri dans l'incendie de leur maison quand la Séléka a attaqué»,
me dit Maxim.
35
.8 Il faut que je me venge
Au milieu de ces carnages flottent quelques îlots de courage moral. J'ai pu parler
à des habitants de Bangui, musulmans comme chrétiens, qui ont risqué leur vie
pour protéger leurs voisins, leurs amis et des membres de leur famille d'autres
religions.
L'exemple le plus célèbre est celui de l'archevêque de Bangui, qui accueille chez
lui l’imam de la ville après que ce dernier a vu sa maison détruite. Quand je me
suis entretenu des mois plus tard avec cet imam, Oumar Layama, il vivait toujours
au diocèse et ne sortait que très rarement et uniquement accompagné de gardes
du corps armés, parce qu'il avait peur d'être attaqué –autant par des ex-Séléka
que par des anti-balaka.
Pour autant, en janvier de cette année, les musulmans étaient des dizaines de
milliers à fuir la Centrafrique. Tous les jours, on pouvait croiser des convois de
centaines de véhicules remplis de gens qui quittaient Bangui. Amnesty International a accusé les anti-balaka de projeter un «nettoyage ethnique» des musulmans.
Selon la mise en garde de John Ging, le directeur des opérations du Bureau de la
coordination des affaires humanitaires de l'ONU, le conflit avait «tous les éléments que nous avons vus ailleurs, en Bosnie ou au Rwanda. Tous les éléments,
toutes les graines d'un génocide sont là».
Les troupes fran aises arrivèrent en décembre, au moment de l'attaque des antibalaka contre Bangui, et furent bientôt rejointes par plusieurs milliers de soldats
de l'Union africaine. Ils reprirent le contrôle de l'aéroport et installèrent des
checkpoints dans les quartiers assiégés. Ils mirent fin aux combats de rue entre
les ex-Séléka et les anti-balaka, et célébrèrent cette réussite en dressant de
grands panneaux publicitaires où l'on pouvait voir un soldat fran ais blanc et souriant aux côtés d'un soldat africain noir et tout aussi souriant devant un paysage
urbain. Pendant un temps, les Centrafricains, aussi, manifestèrent leur gratitude.
«Merci d'avoir restauré la paix et l'ordre dans le Kilomètre 5», pouvait-on ainsi lire
en grandes lettres blanches sur un mur de l'avenue Koudouku.
Mais les meurtres n'ont pas cessé pour autant. Les mutilations et les assassinats
sont simplement devenus plus personnels, davantage axés sur la loi du talion.
Tous les matins, des cadavres défigurés étaient retrouvés devant des églises et
des mosquées. Bien vite, les forces internationales furent montrées du doigt.
Une nuit, après avoir passé la journée dans la maison de Serge et Lamove, j'ai été
réveillé par des bruits de combat. Les tirs d'armes automatiques et les explosions
de grenade ont duré jusqu'à l'aube. Au petit matin, je me suis rendu dans un
quartier musulman du Kilomètre 5, non loin de la Grande Mosquée. Un riverain
m'a mené dans la maison où s'était déroulé le gros de l'échauffourée. Sur un banc
en bois du jardin, on pouvait voir une mare de sang encore frais et des éclaboussures sur le mur attenant. On m'a expliqué que deux jeunes hommes, les frères
du propriétaire de la maison, étaient assis sur ce banc quand un groupe
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d'hommes armés les avait approchés, pour les abattre sans sommation. Qui
étaient les assaillants?
«Les Français et les anti-balaka sont venus ensemble, m'a-t-on répondu. Ils sont
venus pour tuer des musulmans.»
Une hypothèse improbable, mais la foule en colère qui s'était amassée dans la
maison y croyait déjà dur comme fer. Certains m'ont même accusé d'être un espion fran ais. Une théorie qui, heureusement, ne s'est pas répandue.
En traversant une ruelle, on tombe sur la maison où les combats les plus violents
ont visiblement eu lieu. Ses murs extérieurs sont grêlés d'impacts de balles et, à
l'intérieur, les pièces ont été mises à sac, le sol jonché de meubles cassés. Au deuxième étage, sous une fenêtre, on peut voir un trou parfaitement circulaire dans
la ma onnerie. Sur les murs intérieurs, il y a deux trous comparables, quoique
plus petits: une grenade propulsée par un lance-roquettes les avait transpercés
de part en part.
La morgue est surchauffée et empeste l'odeur douceâtre des chairs en putréfaction
La maison détruite se trouvait sur l'Avenue de France, une large piste traversant
le Kilomètre 5. A environ 200 mètres au bas de l'avenue, après un petit pont, c'est
un quartier chrétien. En longeant l'avenue, j'ai croisé des soldats rwandais et burundais groupés autour d'une citerne et d'un transport de personnel aucun n'a
voulu parler de ce qui s'était passé. Une fois dans le quartier chrétien, je me suis
entretenu avec des riverains qui s'étaient amassés près de la route. «On ne peut
pas y aller parce que les musulmans ont tué des gens», m'a dit une femme, en
désignant l'endroit d'où je venais. Son voisin était du même avis.
«Tout le monde a peur, m'a-t-il dit. Mais avant la crise, on allait souvent là-bas.
On allait là-bas et ils venaient ici. Avant la guerre, on avait beaucoup d'amis de
l'autre côté.»
Je me suis approché d'un groupe de jeunes qui s'était rassemblé sous un manguier. «Tu es un espion!», m'a crié une femme. Une fois calmée, elle m'explique
avec ses camarades qu'à la fin des combats, ce matin-là, deux habitants, un garon et un homme dans sa vingtaine, deux frères, se sont fait tirer dessus. Le garon est là, assis dans une chaise en plastique, torse nu, des bandages ensanglantés sur son torse et ses bras. Il me dit qu'il était chez lui quand il a entendu des
coups de feu. Il est sorti et a vu des hommes en uniforme.
«Dès que j'ai entendu les tirs, j'ai reçu des balles, ajoute-t-il. Ce sont les musulmans qui m'ont tiré dessus.»
Quand je lui fait remarquer que les ex-Séléka ne portent plus d'uniforme et que
les seuls individus dans le quartier à en porter sont les soldats rwandais et burundais, son autre frère, Modeste, me dit que c'est la même chose –les soldats sont
alliés aux musulmans.
37
«A chaque fois que les musulmans viennent ici, ils tuent, ajoute Modeste. On ne
fait confiance à personne, pas même aux soldats du Rwanda. Ils étaient là quand
mes frères se sont fait tirer dessus.»
Nous sommes rejoints par un ami de Modeste, son pantalon blanc est devenu
rose foncé à cause du sang. Je demande à l'ami, qui s'appelle Prince, ce qui s'est
passé. Il m'explique que lorsque le grand frère de Modeste s'est fait tirer dessus,
ils l'ont transporté au bas de l'avenue. «C'est le sang de son frère», me dit Prince
en montrant son pantalon. Ils l'ont porté dans une charrette à bras qu'ils ont
poussée jusqu'à l'hôpital. Le frère de Modeste est mort pendant le trajet.
En fin de matinée, ils décident d'aller voir le corps. Je les accompagne. «Il y a des
attaques tous les jours. Ils viennent et ils s'en prennent à nos maisons», me dit
Modeste sur le chemin.
«Nous connaissons beaucoup de gens qui ont été tués par les musulmans.»
«Les Burundais font partie des musulmans, dit Prince, on ne peut pas leur faire
confiance.»
«Avant la crise, on avait beaucoup de voisins musulmans, dit Modeste. Mais pendant la crise, ils venaient directement de la mosquée pour tuer des gens. C'est devenu leur habitude.»
Nous arrivons à la morgue. Un employé en blouse blanche crasseuse nous conduit à la chambre froide. La pièce est surchauffée et empeste l'odeur douceâtre
des chairs en putréfaction.
Dans un geste qui se veut humoristique, l'employé toque sur la porte métallique
d'un casier. Modeste fronce les sourcils et lui dit qu'il s'est trompé de casier. Ils se
disputent pour savoir quel casier contient le frère de Modeste. Finalement, l'employé ouvre la porte que désignait Modeste et tire la civière.
Cela fait longtemps que la morgue est surchargée et la plaque contient deux cadavres. Les jambes et les bras d'un homme que personne ne connaît entourent le
corps du frère de Modeste, nu et à peine recouvert d'un drap. Il était grand et
mince. Sa mâchoire a été refermée de force et sur son torse, un pansement d'enfant recouvre une petite plaie ronde. Il s'est visiblement vidé de son sang. Impassible, Modeste regarde son frère. Quand ils s'en vont avec Prince, l'employé de la
morgue leur réclame de l'argent.
«Je ne pourrai pas oublier ce qui s'est passé, il faut que je me venge, dit Prince
tandis qu'on rejoint le Kilomètre 5. Les musulmans doivent être chassés de Centrafrique.»
Il promet d'acheter un pistolet. S'il ne peut pas trouver de pistolet, il achètera des
grenades. Les anti-balaka en ont infesté les marchés. Elles se vendent pour 300
francs, soit environ 60 centimes d'euro.
Modeste est d'accord.
38
«Même si ce pays se remet sur pieds, je tuerai des musulmans de temps en temps.
Je n'ai pas vraiment envie de tuer des gens, mais les musulmans ont introduit un
tel niveau de violence dans le pays qu'il faut que j'en tue, je suis obligé.»
Quelques jours plus tard, c'est en fin d'après-midi que je me rends sur l'avenue
Koudouku. Un groupe d'hommes enragés sort de la Grande Mosquée. Devant,
deux hommes tiennent un cadavre enroulé dans une couverture. Ils lui font descendre l'avenue, jusqu'au checkpoint que gardent deux soldats de la paix burundais. Quand les casques bleus tournent les yeux vers le cadavre, les hommes le
découvrent. Il s'agit du corps, nu, d'un homme jeune. Il a une grande entaille sur
le ventre d'où jaillit du tissu graisseux. Sa tête a été coupée, comme sa main
droite et son pénis. La main coupée est posée sur l'abdomen du cadavre. La tête
et le pénis manquent.
«Qu'est-ce que vous allez faire pour ça?», demande un homme aux Burundais.
«Ces gens ne veulent pas la paix!, hurle un autre, ce sont des animaux!»
A la recherche d'un exutoire à sa rage, une partie de la foule s'en prend à un taxi
qui passe par là. Dans un crissement de pneus, le conducteur fait demi-tour et
s'enfuit.
Au même moment, les porteurs hissent à nouveau le cadavre et l'acheminent
vers une rue commer ante vide, donnant sur une enclave chrétienne. De l'autre
côté de la rue, des badauds se sont attroupés. Plus vite qu'il ne faudra pour le
dire, les deux groupes en viennent à s'invectiver, des menaces sont lancées. Alors
que les musulmans s'apprêtent à fondre sur les chrétiens, un Burundais s'interpose et lève son fusil en l'air. Des hommes envisagent de s'en prendre au soldat,
puis se ravisent.
Peu après, un riverain musulman m'explique que le cadavre était celui d'un adolescent du quartier, handicapé mental. Il s'appelait Bachir.
«Son père était musulman, me dit-il avant que j'ai le temps de le lui demander,
mais sa mère était chrétienne.»
.9 Génocide
Lamove n'a jamais su qui était responsable des Séléka, pour peu qu'ils aient eu un
véritable chef. Et il n'est pas le seul. La question reste ouverte pour savoir de quel
niveau d'emprise sur le groupe Michel Djotodia, ou n'importe quel autre Centrafricain, pouvait se targuer.
Génocide: le mot circule désormais librement parmi les chrétiens de Centrafrique
Selon des journalistes locaux et des historiens avec lesquels je me suis entretenu,
si la Séléka était sous le joug de quelqu'un, ce n'était pas de Djotodia, mais plutôt
du président tchadien Idriss Déby. Depuis le milieu des années 1990, Déby, un
musulman, s'était immiscé de plus en plus profondément dans les affaires de son
voisin du sud. En 2001, il avait ouvert les portes du Tchad à Bozizé après un coup
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d’Etat manqué, puis l'aida à en réussir le second épisode deux ans plus tard. Mais,
pour des raisons sur lesquelles personne ne semble tomber d'accord, Déby a fini
par se lasser de son protégé (Déby a toujours nié toute implication avec la Séléka).
Lamove ne savait pas à qui se plaindre de son salaire invisible ou du fait que son
nom n'ait jamais consigné dans les listes officielles de l'armée, comme on le lui
avait pourtant promis. Il réalisa que le nouveau régime, comme le précédent et
tous les autres avant lui, n'avaient pas le moindre intérêt à aider les hommes
comme lui.
«J'ai rejoint la Séléka parce que je voulais devenir un vrai soldat, dit-il. Je voulais
du changement pour le pays. Je ne voulais pas ça.»
A l'automne 2013, pendant que Serge était à l'entraînement avec les anti-balaka,
Lamove se débarrasse de son uniforme et de son fusil et rentra à Saïdou. Personne n'est venu le chercher. Personne n'en avait visiblement rien à faire.
Après le premier assaut des anti-Balaka sur Bangui, Serge ne participe qu'à une
seule autre bataille d'envergure. C'était sur l'avenue Koudouku, près de son ancienne boutique. Encore une fois, il était recouvert d'amulettes et, encore une
fois, on lui avait donné les «mauvaises cigarettes» et des pilules.
«Ceux qui avaient tué des gens sont ceux que nous avons attaqué.»
Il ajoute que les musulmans avaient tenté de se débarrasser des chrétiens de
Centrafrique et qu'ils devaient donc subir le même sort.
Il ne parle pas de «génocide», mais il est quasiment le seul à ne pas le faire. Le
mot circule désormais librement parmi les chrétiens de Centrafrique pour décrire
leur situation sous la Séléka, et par les musulmans pour évoquer leurs malheurs
actuels.
Dans le Kilomètre 5, les messages favorables aux troupes étrangères ont été remplacés par des «NON A LA FRANCE» et des «GENOCIDE» en lettres rouges. Une
situation qui en est d'ailleurs venue à attirer l'attention des mouvements islamistes alentours. En février, le groupe nigérian Boko Haram diffusait un communiqué dans lequel il «promettait de venger le sang des musulmans massacrés par
les milices chrétiennes anti-balaka en République centrafricaine». Un membre des
anti-balaka chargé de collecter des renseignements pour le groupe m'affirme que
des envoyés de Boko Haram ont d'ores et déjà passé la frontière. Al-Minbar Jihadi
Media Network, un site Internet islamiste, en a aussi appelé à l'assassinat du président fran ais Fran ois Hollande, «en signe de soutien à ceux qui sont vulnérables
en République centrafricaine».
En janvier de cette année, Michel Djotodia s'exilait au Bénin. En mai, quand j'ai
quitté la Centrafrique, les seules figures officielles d'autorité étaient les troupes
internationales et les épisodiques camions de gendarmes locaux, des officiers qui
ne sortaient jamais de leurs véhicules. Les combattants des ex-Séléka encore fi-
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dèles à la cause avaient battu en retraite ou étaient partis se cacher dans les campagnes. Et le reste, les hommes comme Lamove, étaient retournés à leur vie
d'avant, plus pauvres que jamais. Les premiers éléments d'un bataillon de maintien de la paix, fort de 12.000 soldats, commen aient à arriver (leurs opérations
ont débuté en septembre).
Jour après jour, les enclaves musulmanes de Bangui se sont rétrécies, voire ont
tout simplement disparu. Fin avril, un dimanche matin, je me suis rendu au Kilomètre 12 où un convoi de plus de 1.000 musulmans s'apprêtait à prendre la direction du nord, vers la frontière tchadienne. Une file d'un bon kilomètre de semiremorques était garée au bord d'une route quittant la ville.
Pendant des mois, les musulmans avaient vécu près de cette route, dans la peur
et le dénuement le plus entier, à trouver refuge dans des maisons en ruines ou à
la mosquée. S'ils étaient protégés par les casques bleus, il y avait toujours des anti-balaka pour s’infiltrer, exécuter des gens en pleine nuit et lancer des grenades
dans les jardins. Tandis que le convoi s'apprêtait à démarrer, les soldats fran ais
avaient érigé un barrage en haut de la colline afin de contenir une foule de chrétiens hargneux. Dans leurs jeeps, les soldats de l'Union africaine se tenaient prêts.
L'ambiance était des plus tendues.
Les remorques étaient remplies de vies entières: des tables de salle à manger, des
vélos, des brouettes, des coussins de canapé, des valises, des télévisions, des matelas, des sacs de jute remplis de vêtements, des paniers, des tapis de prière, des
baignoires en plastique, des pots, des casseroles, des têtes de lit, des poêles à
frire. Sur les côtés, les camions débordaient de chaises, de chariots, de gigantesques bouquets de jerrycans, d'une moto. Il y avait aussi des tentes de l'ONU
repliées, des structures en métal, des bouts de bois. Quelle que soit la destination
de ces gens, ils savaient qu'ils n'allaient pas retrouver de domicile durable avant
très longtemps.
Les hommes qui n'avaient pas
encore fui le pays ou été tués
aidaient les travailleurs de
l'ONU à remplir les camions,
armés d'arcs et de flèches
artisanaux recouverts de
gaffer. Ils offraient leur protection et leurs encouragements. Rassemblés près des
remorques, les femmes et les
enfants préparaient des repas
de dernière minute faits de
poisson et de poulet fruit,
cueillaient des manques. Un
gar on circulait avec une gla-
Des enfants regardent un militaire de la force EuforRCA
à Bangui, en mai 2014. REUTERS/Emmanuel Braun
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cière de sodas et de bières à vendre. Une femme s'est approchée de moi, chargée
comme seule peut l'être une réfugiée: un seau de mangues se balan ait sur sa
tête, sous un bras, elle avait un sac de couchage roulé, sur le dos, un enfant harnaché dans un drap, une bonbonne d'eau à la main, un sac trop rempli dans
l'autre et, accrochée à l'ourlet de sa jupe, une petite fille.
Même si tout le monde savait que le convoi allait bientôt partir, et emmener avec
lui les derniers musulmans du Kilomètre 12, dont certains vivaient là bien avant
que la République centrafricaine ne devienne un pays, personne n'était venu lui
dire adieu. Pas d'imam, pas de politique, aucun bon samaritain. Les membres de
ces familles musulmanes qui se cachaient dans d'autres quartiers avaient trop
peur pour se montrer à l'air libre. Les seuls visages sur lesquels on pouvait lire de
la tristesse étaient ceux des travailleurs de l'ONU. Les réfugiés ne manifestaient
qu'épuisement et inquiétude. Tout ce qu'ils semblaient vouloir, c'était partir.
J'ai parlé à une vieille femme, assise près de ses parents encore plus vieux. Son
père était aveugle, sa mère immobile. Elle attendait qu'on lui dise dans quel camion monter. Elle était née au Tchad, m'a-t-elle dit, et était arrivée enfant en
Centrafrique, «il y a plus longtemps que je peux m'en souvenir». Elle avait été
chassée de chez elle par les anti-balaka.
«Je suis très triste de partir, mais je suis obligée. Personne ne nous aide. Je ne
pourrai jamais revenir en Centrafrique.»
En milieu de matinée, le convoi était prêt à démarrer. Les voyageurs, assis sur
leurs biens, attendaient dans les remorques. Quand le soleil approcha de son zénith, l'impatience se transforma en peur. La rumeur commen ait à courir: les
Fran ais n'autorisaient pas le départ du convoi, les anti-balaka arrivaient, chargés
à bloc. Deux hommes se disputèrent une table. Un responsable italien de l'ONU
essaya de s'interposer, puis leva les bras en l'air avant de frapper violemment la
table et de hurler.
«C'est fini!»
Enfin, peu après midi, les véhicules démarrèrent et le convoi descendit lentement
la colline. Devant et derrière, des jeeps de l'Union africaine censées accompagner
le convoi jusqu'à la frontière. Les camions étaient encore en vue quand la foule
des chrétiens, qui avaient réussi à faire sauter le barrage, dévala la colline. En
quelques secondes, ce fut un chaos sans nom. Ils défoncèrent les portes à coup
de pieds, plièrent la tôle des toits, les grillages. Un groupe se retrouva à la mosquée et arracha tout ce qui était accessible sur la fa ade. Des dizaines devinrent
des centaines, une marée de corps. Ils hurlaient, sautaient, dansaient. Des garons faisaient résonner des bouteilles en plastique vides contre leurs genoux. Un
homme brisa un kiosque en bois, mit des morceaux dans un chariot et poussa le
tout vers le sommet de la colline.
La foule était bien plus nombreuse que les soldats africains restés sur place pour
maintenir l'ordre et protéger la mosquée, et le spectacle tourna à l'horreur. Des
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hommes déboulaient de partout, armés de haches et de piques. Derrière une citerne, un homme fut pris d'un délire macabre. Il sautillait d'un pied sur l'autre,
riait comme un fou, faisait tournoyer un chat mort au-dessus de sa tête.
Trois jours plus tard, quand le convoi arriva aux abords de Kabo près de la frontière tchadienne, il fut attaqué, a priori par des anti-balaka. Une jeep de l'ONU
essuya des tirs de grenades, les transports de troupes et les camions furent attaqués à la mitraillette. Une réfugiée fut mortellement touchée à la tête.
.11 De nouveau frères
En juillet, sous la menace de sanctions de l'ONU et d'enquêtes du Tribunal pénal
international, la Séléka et les anti-balaka signèrent un traité de paix provisoire.
Sans pour autant avoir participé à sa rédaction, l'ancienne maire de Bangui, Catherine Samba-Panza, y apposa aussi sa signature. Elle venait d'être élue présidente par intérim par un conseil national de transition.
Deux hommes à Bangui, en décembre 2013. REUTERS/Joe Penney
Même si personne, y compris elle, ne contrôle apparemment Bangui, de nombreux Centrafricains pensent encore que les décisions concernant leur pays, ou
les non-décisions, se prennent à Paris. Lors d'une commémoration à Bangui, Samba-Panza fit l'éloge de l'armée nationale (sans préciser qu'elle n'avait fait quasiment rien pour stopper les Séléka). Une fois la tribune présidentielle désertée,
des soldats encerclèrent un homme et l'accusèrent de faire partie des ex-Séléka.
Ils le frappèrent à coups de briques, le déshabillèrent et le poignardèrent à mort.
Les casques bleus burundais essayèrent d'intervenir, mais quand la foule s'en prit
à eux, ils s'éloignèrent. Les soldats centrafricains traînèrent le cadavre dans la
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rue, lui jetèrent des pneus autour du cou avant de leur mettre le feu. Les gens
prenaient des photos. «Nous pensons que c'est une bonne chose que les soldats
l'aient tué», déclara à un journaliste l'employé du garage où avaient été récupérés les pneus.
«En Afrique, tu me crèves un œil, je te crève le tien. Si tu m'arraches le bras, je
t'arracherai le tien.»
C'est peu de temps après que Serge et Lamove se sont retrouvés dans la maison
de leur mère à Saïdou.
Quand Lamove sort de la chambre, les deux frères se font face pour la première
fois depuis des mois. Après un long moment de silence et de regards anxieux, un
moment qui aura duré plusieurs minutes selon leur mère, Lamove est le premier
à parler. Il demande à Serge comment il va. Serge ne dit rien. «Je pensais à ce
qu'il avait fait avec les Séléka», me dit-il. Puis leur mère le réprimande.
«Ton grand frère te parle, dit-elle, pourquoi est-ce que tu ne réponds pas?»
Serge se décide enfin à parler. Il raconte à Serge qu'il est allé à Bossangoa, il parle
de son entraînement, des combats. Et il ajoute qu'il ne veut pas faire attendre
trop longtemps ses camarades et il quitte la maison.
Quelques semaines plus tard, les frères se retrouvent une nouvelle fois dans la
maison de leur enfance. Cette fois-ci, la conversation dure plus longtemps. Lamove dit à Serge qu'il a quitté la Séléka, qu'il a fait une erreur en la rejoignant. Il
explique combien il était désespéré. Pendant quasiment toute sa vie, il avait dépendu de Serge. Il était malade de ne pas pouvoir nourrir ses enfants, malade de
se sentir incapable, inadapté. Il ne voulait pas les voir devenir comme leur père. Il
avoue que leur mère l'a quitté pour un autre homme de Saïdou. Serge, aussi, confie que sa femme est partie. La parole se fait plus fluide, plus simple.
«Notre incompréhension était terminée, commente Lamove. Nous avons même
mangé ensemble.»
Pour autant, ils restent en désaccord sur les anti-balaka, qui contrôlent aujourd'hui, ne serait-ce que de manière spectrale, une bonne partie de l'ouest et du
sud du pays et patrouillent dans les villages, sur les routes, et aussi à Bangui. On
peut trouver leurs combattants dans tous les quartiers où les troupes internationales ne vont pas, soit la grande majorité.
Quand les anti-balaka se sont formés, dit Lamove, il a eu l'espoir qu'ils soient
moins pires que la Séléka. «Je savais qu'ils venaient pour se venger, à cause de ce
qu'avait fait la Séléka», mais «nous avons pensé qu'ils allaient aider les gens. Mais
ils ont commis des choses mauvaises. Ils ont volé, pris des trucs par la force».
Serge concède qu'il y avait des mauvais éléments, mais parle de voyous qui ont
parasité un mouvement de libération.
Leur mère fut soulagée de les voir de nouveau ensemble. Mais la mort de son
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mari et les souffrances de son pays l'ont accablée.
«Aujourd'hui, ma mère ne fait plus rien, me dit Serge. Elle est souvent triste.»
Lamove dit:
«Je veux que mon pays connaisse le changement, qu'il s'améliore, il le faut.»
Il déplore que «les autres pays progressent, par le nôtre». Je lui demande s'il
pense que cette guerre a été un conflit religieux. La question est difficile. Beaucoup de Centrafricains à qui je l'ai posée, chrétiens et musulmans, m'ont dit qu'ils
ont toujours vécu les uns auprès des autres, et qu'ils ne voient pas pourquoi ils ne
pourraient pas continuer à le faire. D'ailleurs, bon nombre d'anti-balaka et de Séléka avec qui je me suis entretenu m'ont dit la même chose.
Mon sentiment, c'est qu'ils ont dit ce qu'ils pensaient qu'un étranger voulait entendre, voire ce qu'ils voulaient croire, mais pas ce qu'ils savaient être la vérité.
Lamove savait probablement qu'il pouvait me donner ce genre de réponse, mais
il ne l'ai pas fait.
«Les musulmans voulaient prendre le pouvoir, me dit-il. Dans leur esprit, une fois
au pouvoir, ils allaient nous réduire en esclavage, ils voulaient nous détruire.»
Serge hoche la tête. «Ils doivent partir», dit-il.
Sur ce point, les deux frères sont d'accord.
James Verini
http://www.slate.fr/story/93119/centrafrique
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DRC
Nord-Kivu désolation et e trême barbarie à Beni et ses environs
18 Octobre 2014
Le gouvernement invite la population à se montrer responsable et politiquement
conséquente en coopérant pleinement avec les forces de défense et de sécurité
dans les opérations de traque des forces négatives pour le retour de la paix dans
cette partie de la République.
Quarante-huit heures seulement après avoir frappé dans le territoire de Beni où
vingt-sept personnes ont péri à la suite d’une opération terroriste menée nuitamment dans plusieurs quartiers, les assaillants identifiés comme des rebelles ougandais de l’ADF sont encore revenus à la charge. Cette fois-ci, ils ont tué vingt-deux
personnes dans la localité d’Eringeti, toujours à Béni. Ces présumés rebelles ougandais ont, d’après des témoins, fait la ronde des domiciles vers 22 heures égorgeant,
saccageant, pillant et incendiant tout à leur passage. La plupart des victimes ont
été tuées à la machette et à la hache dans une extrême barbarie qui n‘avait d’égal
que le cynisme des assaillants. Et pourtant, après l’inhumation jeudi des victimes
de mercredi dernier, d’aucuns ont cru que le calme allait vite revenir à Beni. C’était
sans compter avec la détermination de cette horde de rebelles ougandais plus que
jamais déterminés à mettre cette partie de la République à feux et à sang.
En attendant la descente sur le terrain d’une délégation des députés nationaux
pour évaluer la situation et proposer des recommandations idoines, d’aucuns
s’interrogent sur les causes profondes de cette recrudescence des tueries à Beni,
Oïcha et Lubero où en l’espace d’un mois, l’on a déjà comptabilisé plus de quatrevingt personnes tuées. La situation est très préoccupante dans ces territoires avec
une société civile qui n’arrête d’interpeller le gouvernement sur son devoir de sé-
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curiser la population. De plus en plus des voix s’élèvent pour réclamer la relance de
« l’opération Sokola » menée par les FARDC en synergie avec les forces onusiennes
laquelle avait tant soi peu ramener une relative paix dans ces localités du Nord Kivu.
Très affecté par cette recrudescence de la violence à Beni, Oïcha et Eringeti, le gouvernement l’a non seulement condamné, mais aussi et surtout, assuré les populations affétées de sa détermination à effacer du sol congolais le terrorisme de la
force négative ADF. Le ministre Lambert Mende qui a fait part de la volonté du gouvernement à éradiquer le spectre du mal incarné par les ADF, ne s’explique pas par
ailleurs la persistance de ce groupe armé de plus en plus fragilisé. Avec un commandement militaire démantelé et une capacité de nuisance fortement réduite,
d’aucuns ne s’expliquent pas sur cette résurgence de l’ADF au moment où l’on
s’attend le moins.
« Les enquêtes diligentées depuis les premières attaques qui ont suivi la chute des
places fortes rebelles aux mains des FARDC donnent également à croire qu’il existe
quelques réseaux de complicité extérieure et locale avec ces truands, des réseaux
qu’il faut impérativement éradiquer », explique Lambert Mende. Il entrevoit là l’exhumation « du projet funeste de déstabilisation de l’Est de la RDC ourdi par des
phalanges fascistes de la région des Grands Lacs maintes fois dénoncées ». Qu’à
cela ne tienne. Face à l’intransigeance affichée par les ADF décidés à demeurer sur
le sol congolais contre vents et marrées, le gouvernement appelle « à la participation de toutes les congolaises et tous les congolais du Grand Nord pour se désolidariser de manière concrète de ces tueurs sans foi ni lois ».
Alain Diasso
http://www.adiac-congo.com/
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Kenya
Consider real roots o radicalism to fight terror
October 28 2014
There has been very little research into why young Kenyan and Somali men join Al
Shabaab and the Mombasa Republican Council (MRC). This has led to limited understanding among government and Kenyan society of the roots of radicalisation
and terrorism.
But to deal with terrorism you have to understand where it comes from. Three
recent research projects come in handy: Two different studies in Kenya and Uganda, followed by a third study in Somalia.
In the Kenyan study, with the assistance of the Kenyan Muslim Youth Alliance, 95
people associated with Al Shabaab were interviewed and 45 associated with the
MRC, besides relatives of people associated with the organisations.
It was found that many Muslim youth joined extremist groups as a reaction to the
Kenyan government’s collective punishment or killing of their religious leaders. It
is clear, therefore, that government anti-terror strategies based on mass arrests
and racial profiling are counterproductive and may drive individuals to extremism.
The MRC is often mistakenly associated with al Shabaab, but research shows otherwise. The MRC is driven by ethnic and economic factors, while Al Shabaab’s
core is radical Islam. The two have a common enemy in the Kenyan government,
but it would be a mistake to place extremists from both groups under one banner.
Violent extremism in Kenya has since the 1990s lost its exclusively foreign character, and national and regional extremism has expanded. While Al Shabaab’s roots
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are in Somalia, growing acceptance of al-Qaeda and Al Shabaab’s philosophy in traditional African communities has allowed it to spread through the broader region,
including Kenya.
The most dramatic manifestation of Al Shabaab’s abilities to strike beyond Somalia
came when it successfully executed suicide attacks in Kampala, Uganda, on July 11,
2010, and the attack on the Westgate shopping mall on September 21, 2013 in Nairobi. Al Shabaab was also implicated in smaller attacks where Kenyans were the
targets of improvised explosive devices and hand grenade attacks.
In addition to being the victims, Kenyans and Ugandans were directly involved in
recruiting their fellow nationals to join Al Shabaab, some of whom were used to
execute attacks in their own countries.
These radicalised individuals are identifying with something other than being Kenyan. It shows that radicalisation will increase as long as Kenyan citizens identify
with an ethnic or religious identity that is perceived to be under threat.
The assassination of Muslim leaders or scholars has radicalised and recruited dozens, if not hundreds, of people into extremist organisations.
It is not only government and its security forces that treat people on the fringes of
society as the “enemy,” but also the broader Kenyan society, which perceives Al
Shabaab as consisting only of Somali nationals or those who are visibly Muslim.
Unfortunately, Kenyan government officials have mostly denied that domestic circumstances contribute to the radicalisation of Kenyan nationals. Some consider
Kenya an innocent victim of conflict between the US and Islamic extremists, or
think that Somalia is the beginning and end of all its security problems. Only a few
accept that Kenya is experiencing internal problems.
Security in Kenya is also increasingly politicised, which affects the way the government responds to terrorism. For example, following the killing of at least 15 people
in the village of Poromoko near Mpeketoni on the Kenyan coast on June 15, President Uhuru Kenyatta blamed official political opponents, even though Al Shabaab
claimed responsibility.
Instead of attempting to bring people together, politicians are harnessing political
divisions for their own ends, which further threatens national unity. As a result, the
Kenyan leadership has not stepped in to address growing radicalisation when firm
action could still have prevented the increase in attacks in Kenya.
Instead, local conditions have enabled growing frustrations to become worse, enabling Al Shabaab to expand its foothold in the country.
In a study we conducted, most Al Shabaab and MRC respondents said what pushed
them to join radical organisations were injustices at the hands of Kenyan security
forces a perception of “collective punishment.”
The most important factor that drove respondents to join Al Shabaab, according to
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65 per cent of respondents, was the government’s counter-terrorism strategy.
The worst example of a campaign of mass arrests came in April, when Kenyan authorities arrested 4,005 Somali-looking individuals.
But lashing out against the collective is ineffective and counterproductive, because a real danger exists that affected communities may see a need to defend
themselves, thus driving individuals to extremism. Our research also looked at
the role of religious identity in radicalisation. Despite Kenya being a secular country, Muslims feel discriminated against and are not well represented in key government positions and institutions.
Revealingly, 73 per cent of Al Shabaab respondents said they “hated” other religions. Asked to define the intensity of the conflict between Islam and its enemies,
74 per cent of respondents classified it as “ongoing” and 26 per cent as an “allout war.”
Nearly half of Al Shabaab respondents (49 per cent) identified the government as
the source of the threat to their religion, followed by other religions (24 per
cent), an external enemy (18 per cent) and a combination of the government and
others (9 per cent).
The role of religion was again confirmed when respondents were asked why they
joined Al Shabaab – 87 per cent of respondents cited religion. The role of a religious figure in the recruitment process was also important, with 34 per cent of Al
Shabaab respondents saying they were approached by a religious figure.
None of the MRC and only 1 per cent of Al Shabaab respondents indicated that
they trusted politicians, yet 22 per cent of MRC respondents still believed that
elections could bring about change. Only 4 per cent of Al Shabaab respondents
had the same trust in the political process.
It is clear that politicians and the government face a serious legitimacy crisis
among individuals who ended up joining Al Shabaab and the MRC. The government needs to create the necessary political space to permit the expression of
political frustrations and interests other than through the use of violence.
The research found no direct link between poverty and the reason why respondents joined Al Shabaab and the MRC. However, uneven development and subsequent relative deprivation played a prominent role among MRC respondents.
Education or a lack thereof was identified as a crucial contributing factor to relative deprivation. Overall, Al Shabaab respondents were better educated than
MRC respondents. The number of years a person spent at school is therefore not
the most important factor in preventing later radicalisation — it is also the quality
of education that determines its value in preparing a person for a career.
More than half of respondents joined Al Shabaab and the MRC between the ages
of 10 and 24. Nearly all Al Shabaab (96 per cent) and MRC (87 per cent) respondents said they had high levels of frustration when they joined the organisations,
50
illustrating the role emotions play in the radicalisation process.
Most Al Shabaab respondents (87 per cent) referred to religion or the need to respond to a threat to their religious identity as their motive for joining. Only 4 per
cent of Al Shabaab respondents referred exclusively to economic reasons. MRC respondents were motivated by a combination of ethnic, political and economic reasons.
By contrast, economics waa much larger factor in recruitment to Al Shabaab in Somalia, where researchers interviewed 88 former fighters in Mogadishu in April
2014, in a separate study by the ISS and Finn Church Aid that used the same methodology as the Kenya research.
Anneli Botha has been a senior researcher on terrorism at the Institute for Security
Studies in Pretoria since 2003. Her specific areas of interest are counter-terrorism
strategies and the underlying causes of terrorism and radicalisation.
http://www.theeastafrican.co.ke/
51
Egypt
News Analysis Sinai under spotlight as Egypt bids to quell terrorist
attacks
2014-10-26
State funeral held for soldiers killed (25th October 2014)
CAIRO, Oct. 25 (Xinhua) -- The security situation in Egypt's Sinai Peninsula in general and in North Sinai is "dangerous" but is still "under control" despite the ongoing anti-security terrorist attacks in the region, said Egyptian experts.
On Friday, a suicide bomber drove a car with tons of explosives into a large military checkpoint south of Sheikh Zuweid city in North Sinai, causing a massive blast
that left at least 33 soldiers killed and many others injured. It is the largest terrorist attack in Sinai over the past four years.
"Despite yesterday's attack, the situation in Sinai is still under control of the
armed and security forces," strategic and security expert Talaat Musallam reassured, admitting there are still some "weak points" in the security system in Sinai
that led to the tragic attack.
In reaction to the attack, President Abdel-Fattah al-Sisi held late on Friday an
emergency meeting with the National Defense Council comprising the country's
top officials, and later announced a three-month curfew and state of emergency
in North Sinai that accommodates less than half a million Egyptians, mostly Bedouins.
"The decision is a step in the right direction," Musallam told Xinhua, stressing that
the armed forces and the national defense council are currently attempting to
overcome the weaknesses in their security plans.
Like many security experts, the former armed forces general recommended the
areas adjacent to the border line with Israel to be cleared of residents to mini-
52
mize terrorist activities in the peninsula.
"The curfew imposed in North Sinai undoubtedly gives a larger space for security
forces to extend control in the region," said Gamal Salama, head of political science
department at Suez University.
Salama said among the challenges in Sinai are the smuggling tunnels between North
Sinai border towns and the Palestinian Gaza Strip and the assistance of some extremist residents to terrorists by providing them with shelter, hiding places and
sometimes weapons.
"That is why we demanded many times to evacuate border areas in North Sinai by
at least 5-km distance from the borders," Salama said, noting this might be rejected
by residents who benefit from smuggling tunnels "but the country's national security is more important than narrow personal interests."
After attending a military funeral for the victims of Friday's attack, Sisi vowed to
continue fighting against terrorism as "the battle in Sinai is extended and it will not
be over soon."
"When Sisi said that Sinai attack was funded by a foreign element, it means that
there is proof of foreign involvement provided to the president," Salama continued.
For his part, security expert Adel al-Qalla recommended that the security forces
should use "swift mobile patrols" instead of " fixed checkpoint" to limit anti-security
terrorist attacks.
"Fixed checkpoints are easily targeted as we have seen, but mobile patrols could
monitor the roads and comb the areas without being easily attacked," the retired
armed forces general told Xinhua, appealing to the Interior Ministry to follow the
same strategy and apply it all over the country, not only in Sinai.
Egypt has a U.S.-brokered peace treaty with Israel since 1979 and there is security
coordination between the two countries at the bordering areas near Sinai.
"Despite the treaty, the Egyptian armed forces should seize more control of all
North Sinai and secure its borders with Gaza not only by civil police but also by military troops," Qalla suggested, recommending also the return of military trials to try
arrested extremists on the spot.
Sinai suffers poor infrastructure for decades. While some believe Sinai development
is an integral part of eliminating terrorism, others see that there could be neither
development nor investment in Sinai before eradicating terror first.
"Development of Sinai and the establishment of national projects, houses, factories
and institutions in the peninsula will be one of the factors of combating terrorism,"
Qalla told Xinhua.
Anti-government attacks have risen in Sinai and extended to other parts across the
country, including the capital Cairo, since the overthrow of former Islamist Presi-
53
dent Mohamed Morsi by the military in July 2013 and the following massive security crackdown on his supporters that left around 1,000 killed and thousands more
arrested.
Most of the attacks against security men and premises, which killed about 500 over
the past year, are carried out by Sinai- based, al-Qaida-inspired Ansar Bayt alMaqdis group and its rising fellow Ajnad Misr
http://news.xinhuanet.com/
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Libya
Fears o civil war three years after Gaddafi's death
21 October, 2014
Three years after the capture and killing o Libyan dictator Muammar Gaddafi at
the end o the country’s eight-month civil war, the peace that western leaders
said would ensue after their military intervention has not materialised. Just on
Sunday, fighting in the eastern city o Benghazi between pro-government orces
and Islamist militias left 65 people dead. The Libyan prime minister has called or
urther help rom the international community whose attention is now firmly on
Islamist militants in Syria and Iraq, as VoR's Brendan Cole reports.
Three years on from the fall of the dictator Muammar Gaddafi and Libya is still in a
state of violent flux.
Over the last week, military forces have been battling against Islamist militias to
recapture Tripoli and the second city of Benghazi, with the latest battle leaving 65
dead.
A considerable barrier to peace is the tug of war between the country’s two rival
governments.
Internationally, the House of Representatives (HoR) is considered Libya’s legitimate
government in the city of Tobruk.
But domestic support is centred on Operation Dawn, an alliance that controls Tripoli, some one thousand miles away in the country’s capital.
Mattia Toaldo, a policy fellow specialising in Libya at the European Council of For-
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eign Relations (ECFR), told VoR:
“It’s a rump parliament at the moment, roughly 110 out of 190 members of parliament are regularly attending sessions, many are openly boycotting sessions, others
are unable to reach Tobruk. They are not in control in most ministries which are
located in Tripoli. Their effective control over Libya I would say is less than 50 percent.”
The conflict in Libya has taken a back seat as the world’s attention has focused on
the rise of the Islamic State in Syria and Iraq.
The US and four European allies - Britain, France, Germany and Italy - have called
for an immediate end to the fighting in Libya, saying that there was no military solution to the crisis.
But the fighting in Libya has mirrored the Middle East’s new position as a proxy
battlefield for Islamists, and could pose more of a threat to Europe than the Islamic State’s current position in Iraq.
Mattia Toaldo from the ECFR told VoR: “Libya is close to Europe, closer physically
than Syria and Iraq. But it risks - like these countries - ending up like these countries
with a very bloody civil war.”
Since 2011’s revolution, interim authorities have failed to establish a regular army
and have had to rely on state-backed militias who have seized control of large
parts of the country.
Jason Pack, a historian of the Middle East at Cambridge University and president of
Libya-Analysis.com, told VoR that the international community has changed its
strategy.
“They initially only wanted to speak to the HoR who were attending the parliament
in Tobruk, and that was only the anti-Islamist members. So that was not a good
idea in the sense that meant that they were giving even more legitimacy to only
one side of the equation. Now they are going to broaden it out to speak to key
stakeholders.”
The Prime Minister Abdullah al-Thani is frustrated at a lack of support from the
international community and has called for foreign help in fighting the Islamists.
Mr al-Thani will visit Moscow later this month with Russia being Libya's main partner in reforming the country’s armed forces.
Moscow could assist the country in rebuilding its infrastructure and arming the
military, with Libya and Moscow having joint projects in railways and in the oil and
gas sector.
Russia has criticised the overthrow of Gaddafi as a result of military intervention.
Russia abstained from voting on the UN Security Council resolution sanctioning the
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use of force against Libya, which allowed the motion to pass.
But Moscow has been critical of the military action which Western states
launched two days later.
Khalifa Haftar, a former general under Gaddafi, is one of dozens of commanders
of irregular forces calling the shots in the country.
His forces launched a new offensive against Islamist militias in the eastern city of
Benghazi.
As a result, the House of Representatives has endorsed Haftar's Operation Dignity
against Islamists, giving him an official role.
Jason Pack from Libya-analysis.com told VoR: “It is the culmination of the decision
made two months ago to appoint Hafter’s second-in-command and that was a
mistake because the HoR is an elected legitimate body. They should have tried to
bridge the gap between the Misratan-led alliance in the west and Haftar in the
east. They haven’t done that, they have thrown in their hat with the anti-Islamist
forces of Haftar, even though those forces are illegitimate.”
The decision to endorse Haftar might also worsen a conflict between the House
of Representatives and the new rulers of Tripoli who believe he may try to stage a
counter-revolution with other officials of the former regime.
Western powers and Libya's Arab neighbours fear conflict is dragging the North
African country towards full-blown civil war.
And as it is only a few hours away by boat, the conflict in Libya could wash up on
the shores of the European Union far sooner than any threat posed by ISIS.
http://voiceofrussia.com/
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Mali
PATROUILLES MIXTES AU NORD-MALI L’armée malienne enfin au
charbon!
21Octobre 2014
Les négociations de paix inter-maliennes ont repris ce samedi 18 octobre à Alger.
Et, le moins que l’on puisse dire au sujet de cette table ronde qui n’en finit pas de
se prolonger, c’est que le bout du tunnel semble encore lointain, surtout au regard
des positions figées qu’observent les différentes parties prenantes à ces négociations. A Alger, il faut le dire, l’ambiance n’invite franchement pas à l’optimisme. Si
bien que la communauté internationale qui supervise ces négociations, commence
à montrer des signes d’impatience.
Sur le terrain par contre, la situation évolue. Elle est notamment marquée par la
mise en œuvre de patrouilles mixtes, comprenant les soldats de la Minusma, ceux
de l’opération Barkhane et les soldats de l’Armée malienne. Une décision qui est
sans doute commandée par les attaques répétées des djihadistes contre les
troupes de la Minusma et qui ont semé la mort au sein des contingents tchadien,
nigérien, burkinabè et sénégalais. On se rappelle du reste la dernière sortie du premier ministre malien, Moussa Mara, au lendemain de l’attentat ayant coûté la vie à
un sénégalais. Moussa Mara exhortait alors la communauté internationale à plus
de fermeté à l’endroit des groupes armées qui écument la région nord de son pays.
Aujourd’hui, avec la mise en route de cette nouvelle disposition, il faut saluer le retour des soldats maliens dans le Nord du pays. Il était plus que temps qu’elle aille
enfin au charbon. La lutte contre le terrorisme djihadiste commande en effet que
toutes les troupes « mouillent le maillot ». Et c’est à juste titre que les contingents
venus des pays voisins, notamment du Tchad, ne puissent pas admettre l’absence
de leurs frères d’arme maliens, sur le terrain des opérations.
L’armée malienne a enfin l’occasion de dé endre directement cette partie du
Mali
Cela dit, l’efficacité de cette disposition ne semble faire aucun doute. Car elle a
déjà permis l’arrestation de trois personnes. Trois individus que la Minusma souponne d’ailleurs d’être responsables des dernières attaques contre son camp.
Mieux, ces trois individus se trouvent être des « collaborateurs » de cette même
force internationale. Allez-y alors comprendre comment on peut servir deux
maîtres sans en trahir un.
En attendant donc que la Minusma fasse ses investigations et tire toutes les le ons
de cette « collaboration », on ne peut que déplorer la mise en œuvre tardive de
cette disposition qui, on le sait, était prévue dans les accords de Ouagadougou. On
aurait pu faire l’économie de tant de vies et d’énergies gâchées.
La mise en oeuvre de cette disposition met en relief l’esprit de solidarité réelle, qui
est un principe cardinal, des troupes sur le terrain des opérations. Elle est surtout
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l’expression de cette solidarité agissante qui a suscité la mobilisation de tous les
autres pays africains au chevet du Mali. On se demande alors pourquoi avoir attendu tant de temps pour sa mise en œuvre. Cette application tardive est-elle liée au
départ de Bert Koenders ? Cette question n’est pas sans fondement car on sait que
Koenders était accusé par les autorités de Bamako d’avoir des accointances, et
même de la sympathie pour les Touaregs. Toutes choses qui, selon eux, influenaient ses jugements et enlevaient toute objectivité à ses critiques. En tout état de
cause, l’armée malienne qui a enfin l’occasion de défendre directement cette partie
du Mali, devrait être fière d’avoir l’occasion de montrer ce qu’elle a derrière la braguette.
Dieudonné MAKIENI
http://lepays.bf/
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Les causes de la prise des armes par le GATIA e pliquées par l’e pert
indépendant de l’ONU
20 octobre 2014
Suliman Baldo, l’expert indépendant des Nations Unies, à la fin de sa troisième visite au Mali, a expliqué vendredi que « la fragilité de la situation sécuritaire dans le
nord pousse de nombreux groupes, constitués le plus souvent sur une base identitaire, à acquérir des armes pour assurer la défense de leurs communautés ».
Les déclarations de l’expert indépendant de l’ONU interviennent au lendemain de
la première action du groupe armé d’auto-défense GATIA, un groupe armé créé par
des Imghad, une tribu touareg du nord du Mali. La semaine dernière, le GATIA a
délogé, après de violents combats, le MNLA de la ville de N’Tillit, et occupé, sans
combat, Tessit, une autre localité qui était contrôlée par le MNLA.
Avant d’arriver à ces conclusions, Suliman Baldo, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, a rencontré divers acteurs et responsables maliens au cours d’une visite de dix jours dans le pays. Selon lui, « les mouvements
armés, y compris les groupes terroristes, reprennent progressivement le contrôle
du nord du pays ». Cette montée en puissance des groupes armés contribue naturellement à la dégradation du climat sécuritaire.
Suliman Baldo impute l’émergence des groupes d’auto-défense, comme le GATIA, à
cette nouvelle « fragilité de la situation sécuritaire dans le nord ».
« La fragilité de la situation sécuritaire dans le nord pousse de nombreux groupes,
constitués le plus souvent sur une base identitaire, à acquérir des armes pour assurer la défense de leurs communautés ».
http://maliactu.net/
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Nigeria
Questions about terrorists and terrorism (1)
22 October 2014
In this first part of an abridged version of his analysis, Tunde Agara, a Lecturer at
the Centre for Strategic and Development Studies, (CSDS)Ambrose Alli University,
Ekpoma, Edo State, Nigeria gives insight into terrorism, and makes a critical distinction between political terrorism and religious terrorism …
To treat religious terrorism as if it is an aspect of political agitation is a grave mistake and it is disheartening that politicians and their ‘expected knowledgeable’ political advisers seem to be ignorant of this fact.
The world today is experiencing many acts of terrorism (narcotic, cyber, biological
and internet), and so it is therefore important to be very clear about the differences between the various types, even if most Nigerian politicians and various advisers are not, having the thinking that it is politically correct to clamour for negotiations with the perpetrators of religious terrorism in Nigeria. This is basically because they have failed to understand that there are basic but fundamental differences between political and religious terrorism. In their naivety, they have also
failed to understand that while it is very rare for political demagogues to use religious means to perpetrate their political goals (PLO for instance), religious terrorists are not averse to using political means to further their religious aims.
Even those who should know, such as the security advisers, the military, Police and
state’s secret services, have all dismally failed to understand the basic fact that terrorism is just one of the many means and strategies of insurgence available to both
political and religious insurgents. The eventual choice of terrorism over other
means or forms of insurgence such as revolution, coup d’etat, guerrilla war and
even riots, is a deliberate one and it is preferred solely because of its psychological
impact. Thus, there is need to conceptualise and understand each one of them for
what they are and for the value they have for the struggle initiated by insurgents.
So how is political terrorism different from religiously motivated acts of terrorism
like the Nigerian Boko Haram, Al Qaeda, and Al Shabab? These differences is what
make negotiations with religious terrorists impossible. First is that while politically
motivated violence attempts to find conclusions within the life times of the insurgents, religious violence outlives their participants. This is predicated on the belief
that the rewards of those involved in this cause are trans-temporal and the time
limit of their struggle is eternity. Second, the targets of religious terrorism are not
chosen for their military values but rather they are chosen for the sole purpose of
making an impact on public consciousness both by its brutality and suddenness.
The constant recourse to a ‘god’ to justify their action has the power of ‘satanising’
the enemies while making the perpetrators of religious terrorism ‘godly’.
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The effect of this is that religion has become politicised and politics has become
religionised and what seem like worldly struggles have been lifted into the high
proscenium of sacred battles. Third is that the targets of religious terrorism and
violence also have the tendency to assume and acquire a similar religious mien,
explanation and perspective. For instance, following the 9/11 attacks, the US public and its leaders became more religious and God-minded by adopting the song,
“God bless America” as the country’s unofficial national anthem. The then US
President, George Bush whipped up national sentiments when he invoked the
image of America’s “righteous cause” to combat and bring to an end the
“absolute evil” of its enemies. Fourth, is the ‘divine’ nature of religious terrorism,
the notion that the battle is between ‘good’ and ‘bad’, ‘truth’ and ‘evil’, the expectation of heavenly rewards for the terrorists all rule out the possibility of a
compromise or a peaceful negotiated truce. The fifth issue concerns the spiritual
dimension of the war which makes it to go beyond the confines of human law
and ideal of morality. Society’s law are subordinated and in extreme cases are
deemed non-existent or inapplicable because of the recourse to a higher authority. In this case, there is no need to contend with society’s laws and limitations
when one is obeying a higher authority. Sixth and finally, the end result of religious terrorism is that it impacts a sense of redemption and dignity on the perpetrators. It is at this level that religious terrorism acquires a personal willingness on
the part of the perpetrators who often times are men who feel alienated and
marginalised from public life. Their efforts become conscious attempts at ennoblement and empowerment. Such efforts would have been poignant if they were
not so destructive.
What is Terrorism?
Academics will agree with me that terminology is always a matter of agreement
for the purpose of common understanding therefore there is no point in searching for logic-based definitions of terms that belong to the realm of political or social science, especially when the term in question carries a negative emotional
connotation. Therefore, a one sentence definition of terrorism and religion may
not serve our purpose especially when the term ‘terrorism’ connotes a violent
behaviour that is deplorable in the eyes of the user of the term, therefore its utility is in propaganda rather than in furthering understanding. Lenin had simply explained that the purpose of terrorism is to terrorise. The root word comes from
Latin terrere, “to cause to tremble.” Terror therefore, becomes a symbolic act designed to influence political behaviour by extra-normal means, entailing the use
or threat of violence.
However, to aid our understanding of this phenomenon plaguing Nigeria and the
rest of the world, it is better to historicise the origin of the concept. Although individual acts of terrorism can be traced to the ancient Greek and Roman republics, the official use of the term ‘terrorism’ emerged from within a political context and this is usually traced to the period of the French revolution and the Jaco-
62
bin reign of Terror (1792-1794). Since then, the term has suffered from a consensus of agreement as to its actually meaning. A major reason for this has had to do
with the varying contexts within which the term has commonly been used. Since
its first usage in the period of the French revolution, its reference has become enlarged to include violent revolutionaries, who revolted against governments, violent activities of groups such as labour organisations, anarchists, nationalists demanding independence from foreign rule and the activities of violent left-wing
groups. It was also used to include various types of war such as commando tactics
and guerrilla warfare. Even in some situation, political repression has been
deemed as a form of terrorism. In recent years, even the manifestation and violent activities of extreme religious beliefs has also been labelled terrorism. In recent times, the definition of the concept has acquired an ethno-character depending on whether one is considering the American, British, Israelis or even German
definitions. Thus, the rather simple question What is Terrorism?, may be answered in a number of ways either by attempting to identify crucial components
of terrorism which distinguish it from other forms of insurgencies such as guerrilla
warfare, conventional wars, riots and so on or by delineating between the many
types. All these dimensions to a ‘simple’ word merely add to the confusion inherent in understanding and conceptualizing it.
A British legal definition has terrorism as the use of violence for political ends, and
includes any use of violence for the purpose of putting the public or any section of
the public in fear. The US Federal Bureau of Investigation (FBI) defines terrorism
as the unlawful use of force or violence against persons or property to intimidate
or coerce a government, the civilian population, or any segment thereof, in furtherance of political or social objectives. The Department of Homeland Security
(DHS) states that terrorism is any activity that involves an act that is dangerous to
human life or potentially destructive of critical infrastructure or key resources
and … must also appear to be intended (i) to intimidate or coerce a civilian population, (ii) to influence the policy of a government by intimidation or coercion or
(iii) to affect the conduct of a government by mass destruction, assassination or
kidnapping.
However, academic definitions are rather more complex, all-embracing and more
diverse. Among some of the most interesting and illuminating ones are those given by Bruce Hoffman, a professor at Georgetown University and director of RAND
Corporation’s Washington D.C. office, that terrorism is the deliberate creation and
exploitation of fear through violence or the threat of violence in the pursuit of political change. Another scholar, Combs has defined it as a synthesis of war and theatre, a dramatisation of the most proscribed kind of violence – that which is perpetrated on innocent victims – played before an audience in the hope of creating
a mood of fear, for political purposes.
However, a close look at these various definitions should assist our understanding
of what terrorism actually is. For example, deriving from the various definitions of
terrorism, it should be clear that terrorism involves three basic components: the
63
perpetrator(s), the victim(s) and the target(s) of the violence. Popular perception
therefore is that the perpetrators are fanatics, disaffected groups or minorities
who employed terrorism as a tool to oppose the rule and the oppression of an
established and militarily superior power. The victims are seen as innocent people who have no part or are directly involved in the struggle and the struggle or
target is political. Terrorism is thus as act of violence deliberately perpetrated on
innocent victims (third parties) in an effort to or with an intention to coerce or
force the opposition or persons or government to act in a desired way. Victims
are not chosen because of their involvement or guilt but because their death or
injuries are determined to create not only fear but also to shock the sensibilities
of normal people such that pressure can be made to bear on the opposition or in
most cases on the government to concede to the demands or make some concessions to the terrorists. If this is the case, then it means that terrorist violence is
merely a means to an end. Violence, mass deaths and injuries caused by terrorists’ attacks are basically geared towards achieving an end. Within a state system,
like Nigeria the end can only be a political goal, although much academic controversy attends the admission of a political goal for religious terrorists’ attacks.
http://dailyindependentnig.com/
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Questions About Terrorists and Terrorism (II)
In this concluding part of an abridged version of his analysis on terrorists and terrorism, Tunde Agara, a Lecturer at the Centre for Strategic and Development Studies,
(CSDS) Ambrose Alli University, Ekpoma, Edo State, maintained that it would be
misleading to treat the Boko Haram insurgency as a phenomenon exclusive to Nigeria...
Why is there Terrorism?
It is interesting that both the academic and official treatment of terrorism have not
differentiated the political form from the religious one. But the difference as pointed out earlier is so strong as to make the distinction important and not a mere academic exercise, especially when what we are facing now in Nigeria is religiously
motivated terrorism. Religious terrorism differs greatly from secular terrorism basically because they are predicated on different value systems mode of justification
and legitimacy for their actions rests on a different concept of morality, belief systems and worldview. While for the secular terrorist, terrorism becomes a means to
an end, for the religious terrorist, terrorism is an end in itself. Violence, therefore,
becomes a sacred instrument or means to achieve a divine duty in response to a
divine imperative. They are not guided by any man-imposed political or social imperatives, but see their acts as a sacramental duty with transcendental dimension
expedients for the attainment of their goals. This explains in part why religious motivated acts of terrorism are more intense and claim more fatalities than the less
relatively more discriminating violence perpetrated secular terrorists. Guided by a
perception that sees themselves that is, religious terrorists, not as 'insiders' or
members of the system, but as 'outsiders' seeking to effect fundamental changes in
the existing order along certain doctrinal lines, the religious terrorist has a high
sense of responsibility coupled with a sense of alienation that enables him to distance himself from the victims of his atrocities and thus able to contemplate ever
more destructive means of expressing his dastardly acts. This explains the rhetoric
common in the vocabulary of such demagogues denigrating and dehumanising
their victims in terms such as 'infidels,' 'dogs,' 'children of satan,' and many others.
The deliberate use of such terms not only justify the acts of violence since the victims are not seen or regarded as human beings, but also justifies and erodes away
very form of constraints on violence and emboldens the perpetrators.
Religion had always been used to justify violence, war and repression from antiquity and therefore, religious violence cannot really be said to be a modern phenomenon. As a matter of fact, as a scholar Rappoport has reported, until the 19th century, religion has provided the only justification for terrorism and it was not until
1980, as a result of the repercussions of the revolution in Iran the previous year
that the first "modern" religious terrorist groups emerged. By 1992, the number of
religious terrorist groups had increased and expanded to embrace major world religions as well as obscure religious sects and cults. Today, we know that religious violence centres on three sources (1) the feeling, expressed as a religious obligation,
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by some religious group to purify the world for a new epoch. This is best refered to
as religious eschatology, (2) the feeling that a religious group has been specifically
chosen and so may destroy others in the cause of righteousness. This type of feeling leads to zero-tolerance of others who are not of the same religious belief and,
(3) some people may become so consumed with a particular cause that they create
surrogate religious belief to advance it. These three seem to characterise instances
and places where religious violence has predominated.
To understand the justificatory basis of the Boko Haram terrorist group in Nigeria,
one must first understand that Islam, traditionally, is in one sense a religion, a system of belief and worship and in another sense, the civilisation that grew up and
flourished under the aegis of that religion. Thus, the term 'Islam' denotes more
than fourteen centuries of history, a billion and a third people, and a religious and
cultural tradition of enormous diversity. Islam actually became prominent and represented the leading civilisation in the world during the interlude between the decline of the ancient civilisation of Greece and Rome and the rise of modern western
civilisation of Europe. Historically, the rise of European civilisation eclipsed the
prominence of Islam hence the tendency among Muslim to see western civilisation
and all of its trappings as evil and America as its bastion. This tendency had always
been reflected in many of the pronouncements made by Osama bin Laden, especially in his videotape of October 7, 2001 where he alluded to the "humiliation and
disgrace" that Islam has suffered for "more than eighty years."
While the idea of a nation based on religion belief or theocracy may seem anachronistic, it is not so to Islam and its adherents. As a matter of fact, Islam does not accept any separation between religion and state because governments' claim to legitimacy and authority to rule are derived from the Muslims' Quran and the peoples' submission to the religious dogmas makes them equally subservient to the
rulers in authority over them. This is basically the linkage between religion and terrorism in Islamic world.
Throughout the Muslim world there is widespread bitterness not only against
America but also against believers of other religions especially Christianity. This
bitterness has bred an atmosphere that is highly conducive to extremism. The present crisis of religious terrorism must be understood within the rubric of the process of modernisation. It is a historical fact that Islam had once been a religion of
success. Within the first hundred years after the death of Prophet Muhammad in
632 AD, the Muslims had conquered and had control over a territory that extended
from the Himalayas to the Pyrenees. By the 15th century, Islam had become the
greatest world power, not dissimilar to the US today. However, the expansionist
programme of the Western powers which coincided with the great Western transformation started a competition with Islam everywhere they went, from the Middle East, to India, Persia, Southeast Asia, China and Japan. In the 16th century,
when Europe was in the early stages of its transformation into world power, the
Ottoman Empire which ruled Turkey, virtually the whole of the Middle East and
66
North Africa was probably the most powerful state in the world, perhaps more
powerful than any single state in Europe.
Many Muslims resented America for its support of unpopular rulers such as President Hosni Mubarak of Egypt, the Saudi royal family and the State of Israel. In their
frustration, many have abandoned Westernisation and adopted religious fundamentalism as an acceptable alternative. Fundamentalism therefore represents their
rejection of western secularism and modernism. Every fundamentalist movement
and this is not peculiar to Islam alone, is convinced that the modern, secular society
is anti the true faith and religious values. Fundamentalists therefore tend to downplay the compassionate teachings of their faith and overemphasise the more belligerent passages in their article of faith. However, fundamentalism in every religion
tends to be localised initially that is, their fiery passion is usually turned against cobelievers whom they viewed as not being pious enough or as having watered down
the religious values. Initial confrontation is therefore intra-religion. This explains
some of the actions of Boko Haram against other Muslims, a glaring example being
the burning of mosques, and the killing of Muslims like the assassination of the
Emir of Gwoza. It is only at a later stage that fundamentalists export their religious
fervency and confronts foreign enemies that are seen as behind the evil and nonacceptance of the faith by their people.
A major factor in the justification calculus is the role played by the religious clerics
or Imams (teachers) whose sanctioning or blessing of terrorism is of critical importance, at least, to the Shi'a and Sunni Muslim perpetrators. Ayatollah Khomeini's fatwa (a legal ruling or order issued by mufti a qualified jurist at the request of
religious court) on Salman Rushdie in 1989 and the fatwa by Sheikh Omar AbdelRahman obtained by the Sunni bombers who bombed the New York City's World
Trade Centre in 1993 are pointers to this fact. The implication of the role played by
these Muslim clerics is to spiritualise violence thereby giving religious violence a
remarkable power. Thus, in Nigeria, it should not be any wonder why most cases of
religious terrorism happened spontaneously after the Fridays' Jumat prayers when
the Muslims would have been incited by the clerics in the mosques. Closely linked
to this is the role played by the madrassa (an Arabic term meaning 'school'). The
Nigerian experience has shown that majority of the street urchins used for perpetrating religious violence in parts of Northern Nigeria are madrassa-educated.
Going by the experience in Nigeria, madrassas are veritable sources and instruments for training people to be suicide killers and violent extremists, a kind of hate
factories. The process of rote learning of the entire Quran with its fiery admonition
to kill the "people of the Book" can only breed hatred and solidify obedience to authority of the Imams whose claim to legitimacy is derived from the same Qur'an.
Thus, in any claim to combat terrorism, the relevance and the socio-political role
played the madrassas cannot be ignored, at least, to the extent that they constitute
a domestic problem. Only by recognising the roles of madrassas in producing terrorists capable of carrying out major attacks can Nigeria and the world shape more
67
effective policies and strategies to ensure national and global security.
An emerging but significant method of operation now is suicide terrorism. In a
sense this is new because going by the trend political terrorists usually carry out
their attacks from a safe distance. Suicide mission seems to have been pioneered
by religious organisations such as Hamas and Hezbollah and now refined and extensively used by Al Qaeda and its allied organisations such as Nigerian Boko Haram which seems to have adopted this technique and has recorded a number of
successes from using it. A remarkable innovation now is the use of women or female suicide bombers started by the Kurdish terrorists in Turkey in 1996-1999
and by Palestinians from January 2002. The issue of suicide terrorism has raised
fundamental issues and important questions concerning Islamic teaching. Islamic
doctrines and teaching are against suicide and the suicide is punished by eternal
damnation in the form of endless repetition of the act by through which the suicide died.
In conclusion we want to reiterate that the phenomenon of terrorism in Nigeria
cannot be understood or fully appreciated outside of the trajectories of the wider
example of political terrorism as provided and exemplified by the PLO and in particular, religious terrorism as orchestrated by Al Qaeda. Boko Haram is just one
aspect of the wider ongoing struggle between secular modernisation and religious bigotry and fundamentalism. It is hydra headed and what we are experiencing in Nigeria is just one manifestation of the many heads. It is in this respect that
any attempt to think that the Boko Haram phenomenon can be solved using
different tact and strategies from the way that the PLO and Hamas its militant
arm are being dealt with by Israel and how Al Qaeda is being handled by the rest
of the global world led by US, is merely an exercise in futility. It can only be dealt
adopting and using similar strategies. The fear that need be expressed and which
authorities at both the sub-regional (ECOWAS) and continental (AU) levels are
ignoring now, is that the 'successes' recorded by Boko Haram and the inability of
Nigeria government to deal decisively with it, may trigger off similar actions in
other parts of Africa. After all, the Muslim brotherhood is 'stateless' and the religion is more binding than any geographical and territorial delineation. Boko Haram is being treated erroneously as a phenomenon exclusive to Nigeria alone and
this is very misleading and entirely myopic.
http://dailyindependentnig.com/
68
VERS UNE LIBERATION PAR BOKO HARAM DES LYCEENNES DE
CHIBOK Faut-il croire au candidat Goodluck ?
21Octobre 2014
Boko Haram sévit depuis longtemps au Nigeria où il s’illustre par des actes terroristes dévastateurs. Mais l’on peut avoir l’impression que le monde entier a pris
conscience de l’ignominie des djihadistes nigérians, depuis que ces derniers ont jeté
leur dévolu sur les lycéennes de Chibok en avril dernier. L’émotion avait saisi la planète entière. Celle-ci s’est alors mobilisée pour obtenir leur libération. Mais rien n’y
fit. Le sort des adolescentes est resté en l’état. Pire, l’on pouvait même avoir le sentiment que plus personne ne s’en préoccupait encore. C’est pourquoi l’annonce par
le Nigeria, d’un accord de cessez-le-feu avec le groupe islamiste armé et prévoyant
la libération des lycéennes, retient l’attention de tous. Mais l’annonce de leur libération est une chose. Leur libération effective en est une autre. Tout le monde
attend de voir pour croire. Ce scepticisme est d’autant plus fondé que le Nigeria, de
par le passé, était passé maître dans l’art de l’intox, en matière d’informations à
propos de Boko Haram. De ce point de vue, l’on peut se poser la question de savoir
si la présente annonce par le Nigeria, de s’être entendu avec « les barbares » de Boko Haram sur la libération des lycéennes de Chibok dans les jours à venir, relève du
coup de bluff électoraliste ou de la vérité. Pour abonder dans le sens de la première
hypothèse, l’on peut dire que le sort des lycéennes était devenu un véritable boulet
aux pieds de Goodluck Jonathan. En effet, tant que les lycéennes seront entre les
griffes de Boko Haram, l’on voit mal comment le président nigérian peut arriver à
convaincre ses compatriotes de lui accorder leurs suffrages à l’occasion de la présidentielle à venir.
La politique de la négociation est en passe de se substituer au tout répressi
Le moins que l’on puisse dire, est que ses principaux challengers n’auront pas besoin de se fouler la rate pour réunir contre lui des arguments face auxquels il pourrait ne pas avoir d’objections. L’un de ces arguments est de toute évidence le sort
des jeunes filles. En annon ant leur prochaine libération par Boko Haram, il pourrait
sauver le peu de crédit qui lui reste aux yeux des Nigérians, dans la perspective de
se donner plus de chances de succéder à lui-même à l’occasion de la présidentielle à
venir. Cette hypothèse qui s’inscrit dans une démarche électoraliste n’est donc pas
farfelue. Mais l’on peut envisager une autre hypothèse selon laquelle l’annonce
faite par le Nigeria, correspondrait à la vérité au regard des considérations suivantes. D’abord, l’on peut avoir l’impression que le Nigeria et dans une certaine mesure le Cameroun, ont changé de méthodologie dans leur rapport avec Boko Haram.
La politique de la négociation et des ran ons est en passe de se substituer au tout
répressif. La libération des 27 otages camerounais et chinois enlevés fin mai dernier,
pourrait être inscrite dans ce nouveau paradigme. Ensuite, l’implication du gouvernement tchadien à travers son ministre des Affaires étrangères, Mahamat Moussa
dans les tractations, pourrait faire croire à la véracité de l’hypothèse. Le diplomate
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a même reconnu en des termes explicites que c’est à la demande du gouvernement nigérian et de Boko Haram que son pays a servi de médiateur pour arracher
cet accord.
Cela dit, si l’hypothèse d’une négociation entre Boko Haram et le gouvernement
nigérian venait à se confirmer, l’on ne devrait plus avoir peur de dire que le califat
créé par les djihadistes de Boko Haram sur le sol nigérian, est désormais une réalité. Non seulement cette entité islamiste a un territoire, mais aussi et surtout, elle
s’est octroyé la prérogative de mandater certains de ses membres pour négocier en
son nom. Ce faisant, les attributs du califat sont en train d’être réunis pour que celui-ci évolue vers le plein exercice de sa souveraineté. De ce point de vue, l’on peut
dire que Boko Haram a désormais un visage. Entre le fait d’accepter cette réalité,
quitte à remettre en cause l’intégrité territoriale du Nigeria, et celui de laisser perdurer le sort des lycéennes de Chibok, Goodluck Jonathan semble avoir opté pour
la libération des adolescentes. Si cela doit passer par des concessions à faire à Boko
Haram, il pourrait le faire sans état d’âme, sachant qu’il s’en trouverait peu de personnes dans son pays et ailleurs pour lui jeter la première pierre.
Pousdem PICKOU
http://lepays.bf/
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Nigeria Boko Haram blamed or raids despite truce claim
20 October 2014
Boko Haram militants control several towns and villages in northern Nigeria
Suspected militant Islamists have shot and slaughtered people in three villages in
north-east Nigeria, despite government claims that it had agreed a truce with
them, residents say.
Boko Haram fighters raided two villages on Saturday, and raised their flag in a third,
residents said.
The government said it would continue negotiating with Boko Haram, despite the
alleged breach of the truce.
It hopes the group will this week free more than 200 girls it seized in April.
Boko Haram has not commented on the announcement made on Friday that a
truce had been agreed, and that the militants would release the schoolgirls abducted from the remote north-eastern town of Chibok.
'Promise honoured'
Boko Haram is reportedly represented in the talks, taking place in neighbouring
Chad, by Danladi Ahmadu.
However, Mr Ahmadu was "bogus" and an "imposter", said Ahmad Salkida, a Nigerian journalist with good contacts in Boko Haram.
The abduction of the girls sparked a global campaign to pressure the government
to secure their release.
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Akaoua Babiana, the wife of Cameroon's deputy prime minister, has been freed by
Boko Haram
The government failure to secure the schoolgirls' release has sparked mass protests
Government negotiator Hassan Tukur said Boko Haram had "honoured its first
promise" by releasing 27 Cameroonian and Chinese nationals on 11 October, after
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capturing them in separate raids in May and July, Nigeria's privately owned This
Day newspaper reports.
"Since it delivered on its promise to Cameroon, we expect Boko Haram to deliver
on the release of the Chibok girls and the cessation of hostilities in north-eastern
Nigeria," he said.
Chad's President Idris Deby is mediating between the two sides, Nigeria's government says.
'Friend killed'
However, Saturday's attacks have caused many Nigerians to doubt whether the
government has really negotiated a truce with Boko Haram, especially as no statement has been issued by its leader Abubakar Shekau, says BBC Nigeria analyst
Bilkisu Babangida.
Who are Boko Haram?
Boko Haram leader Abubakar Shekau is the most wanted man in Nigeria
Founded in 2002
Initially focused on opposing Western education - Boko Haram means "Western
education is forbidden" in the Hausa language
Launched military operations in 2009 to create Islamic state
Thousands killed, mostly in north-eastern Nigeria - also attacked police and UN
headquarters in capital, Abuja
Some three million people affected
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Declared terrorist group by US in 2013
Boko Haram fighters burnt homes and killed many people during raids on the villages of Grata and Pina in Adamawa state, a resident told BBC Hausa.
As they marched from Grata to Pina, they also slit the throats of villagers whom
they came across, he added.
In a separate attack, the militants raided Abadam village in neighbouring Borno
state, and raised their flag over the village, a resident who fled the area told the
BBC.
His friend was among those who had been killed by the militants, the resident said.
Many people had fled across the border to Niger, he added.
Mr Tukur said the government was trying to "verify where the attacks are coming
from".
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"As you know, it is difficult to have a ceasefire in an organisation that has many
members and cells/units," he is quoted by This Day as saying.
In May 2013, President Goodluck Jonathan imposed a state of emergency in the
northern states of Borno, Yobe and Adamawa, vowing to crush the Islamist insurgency.
But Boko Haram has increased its attacks this year.
The group promotes a version of Islam which makes it "haram", or forbidden, for
Muslims to take part in any political or social activity associated with Western society.
It frequently attacks schools and colleges, which it sees as a symbol of Western culture.
http://www.bbc.com/
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Somalia
Soft diplomacy and PPP key to Somalia's recovery and combatting Al
Shabaab say e perts
20 October 2014
White paper highlights need for a united approach within Somalia
Dubai, United Arab Emirates, 20 October 2014 - Piracy, terrorism and criminal activities originating in Somalia can only be addressed by creating a climate o security, engagement and empowerment that will encourage home grown businesses,
international investment and alternative employment or Somalia's young people.
That's one of the key conclusions of the second high level meeting of public and
private sector experts on Somalia brought together by DP World and knowledge
partner the Institute for Near East and Gulf Military Analysis (INEGMA) in Dubai under the theme 'Public-Private Partnership (PPP) Opportunities, Communities' Engagement and Soft Diplomacy'. The expert panel was the second in a series that
form part of DP World 's ongoing counter piracy efforts and Somalia capacity building.
The panel was attended by around 50 government representatives, industry experts, academics and Somali youth, including H.E. Abdighani Abdi Jama, State Minister of Presidency, Jubbaland, H.E. Prof. Ali Mohamed Gedi, Former Prime Minister, Federal Republic of Somalia, H.E. Ambassador Mahash Saeed Alhameli, Director of International Security Cooperation Department, UAE Ministry of Foreign
Affairs, and DP World Group CEO Mohammed Sharaf .
A white paper following the discussion was released today in the run up to the
fourth public-private Counter-Piracy Conference to be held in Dubai later this
month under the theme 'Securing State Recovery: Sustaining Momentum at Sea,
Confronting Instability on Land'.
The paper highlights the pivotal role of public-private partnerships (PPP) and community engagement in countering instability, attracting investment and creating a
sense of solidarity and belonging among Somali nationals.
DP World Group CEO Mohammed Sharaf said:
"Public-private partnerships are a way to develop economies and infrastructure.
We have experience of PPP agreements around the world, particularly where governments are often seeking expertise as much as they are pursuing foreign direct
investment.
"The question of who delivers such major projects was in large part answered by
the presence in the panel discussion of Somalis of all ages and from all walks of life
and their willingness to be involved in an initiative which aims to help Somalia
move beyond piracy permanently and become once again a vibrant economy, an
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engaged community and a safe place to live and work."
INEGMA Director of Research and Consultancy Dr. Theodore Karasik said:
"Creating hope in Somali societies will encourage communities to implement
change and soft power that develops cooperation strategies between public and
private stakeholders as alternatives to a military or coercive approach. Emphasising
the role of local cultures and policies is crucial in promoting national security and
boosting the economic sector.
"At the same time, measures such as Communication for Development (C4D) - a
communication tool and process for sustainable democratic development - have
emerged as drivers for the delivery of aid programmes involving social media campaigns which could impact the recruitment of young people into piracy."
The white paper also highlights the importance of youth and gender engagement
to promote community dialogue. Some 70 per cent of Somalia's population is below the age of 30 and while there are no laws that limit women's political participation, employment or education, the panel commented they remain marginalised in
society despite steps to reinforce democracy and state-building processes in the
country.
The paper also recommended that there was a need to view Somali issues with a
wider perspective and as a nation state, taking into account all its smaller and
scattered communities. The previous emphasis on local politics and rivalries highlighted the limitations in the effectiveness of PPP programmes.
https://www.zawya.com/
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Barawe Residents Hail End o Al-Shabaab's Reign o Terror
17 October 2014
Mogadishu — Barawe residents, who had endured the harsh and oppressive rule of
al-Shabaab for more than six years, are for the first time speaking out against the
group's cruel reign.
"If I am to list the hardships we experienced under al-Shabaab I would not be able
to do it in a few hours," said Barawe resident Fay Mudey, a 41-year-old mother of
six.
"Al-Shabaab used to forcefully marry many girls from Barawe. They used to
forcefully recruit children, and force us every day to come out of our houses in order to watch as they cut off people's hands and feet," she told Sabahi.
"We were even forced to watch the stoning to death of a living person," said
Mudey, recalling the recent killing of 33-year-old Safiyo Ahmed Jumale, a woman
residents say al-Shabaab accused of polyandry and executed without any proof.
"Those acts disturbed us a lot, and God has freed us from al-Shabaab's unlawful
rule," she said.
Mudey said now residents are happy to have the liberty to use technology such as
televisions and smartphones, which al-Shabaab banned a year ago, to stay connected with the outside world.
"Just like the people who live in Mogadishu, we are free to do everything," Mudey
said. "Everyone who was hiding a smartphone and was afraid of al-Shabaab seeing
it is now able to watch anything on it, and we even watch music [videos]. We watch
television and children play football."
The town was captured October 6th by Somali National Army and African Union
Mission in Somalia (AMISOM) troops without much resistance from al-Shabaab militants who fled the town a day ahead.
Before making their exit, however, al-Shabaab terrorised residents one more time,
with local leader Mohamed Abu Abdalla warning residents during a sermon October 5th that the militants would return to fight the infidels and all those who supported them.
Citizens hope ul despite shaky security
Despite the ominous sermon, residents welcomed the arrival of Somali and allied
forces and say they hope to receive emergency humanitarian assistance and basic
health services that have been non-existent during al-Shabaab's rule.
"I am happy for the freedom God has given us today since he has lifted alShabaab's oppression from us," said Mumin Salah Arab, a 50-year-old traditional
elder from Barawe.
Residents are in dire need of assistance to recover from al-Shabaab's brutal rule, he
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said.
"These people need food and medical aid. Some of them cannot work because alShabaab illegally cut off their hands and feet and they have not received any
[medical] help from anyone yet," Arab told Sabahi.
The people who endured the group's savagery are too traumatised and cannot
speak to the media because they fear al-Shabaab's reprisal, he said, adding that the
reason the group mutilated their hands and feet in the first place was to punish
them after they were seen to be against al-Shabaab's ideology.
"As the city's traditional elders, we personally know the [identities] of the people
whose hands and feet were cut off by al-Shabaab, but [we will not name them] because there is worry that al-Shabaab will target them again," he said.
For instance, al-Shabaab militants beheaded 70-year-old Barawe elder Mohamed
Qambi Thursday night (October 16th), according to Somalia's Wacaal. The elder,
who had resided in Barawe for the past 20 years, was taken out of his home and his
body dumped in the middle of the town.
Jowhar reported that Qambi was one of the traditional elders who met with Somali
President Hassan Sheikh Mohamud when he visited the town on October 11th.
The incident came just after Somali security forces conducted a sweep of Barawe to
rid the town of al-Shabaab remnants Thursday morning, Somalia's RBC Radio reported.
"The security forces carried out the latest security operation meant to assure that
Barawe is safe for the civilians," said Lower Shabelle Governor Abdikadir Mohamed
Nur. "At least one dozen of young suspects were arrested. We are now questioning
them."
For his part, Barawe district commissioner Shair Abdi Elmi said he spoke with the
president about the humanitarian crisis in Barawe when he visited the town last
week.
"Barawe residents now feel they have complete freedom, but they need
humanitarian assistance such as water, which is in very short supply, and food,"
Elmi told Sabahi. "In the healthcare area, there are only a few pharmacies that sell
some medicine and a small number of shops that sell food."
Elmi told Sabahi they are waiting for a response from the president who promised
that the government would "provide the basic needs immediately".
"We are also calling on the international agencies and Somalis in the diaspora to
assist their brothers and sisters in Barawe however they can," he said.
http://allafrica.com/
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Tunisia
Tunisia’s Borders (II) Terrorism and Regional Polarisation
The growing link between cartels and armed jihadi militants along Tunisia’s borders with Algeria and Libya, combined with heightened ideological polarisation,
could orm an e plosive mi ahead o Tunisia’s legislative and presidential elections.
In its latest briefing, Tunisia’s Borders (II): Terrorism and Regional Polarisation, the
International Crisis Group builds on its November 2013 report and analyses the
alarming security threats at Tunisia’s borders with Algeria and Libya. It argues that,
in order to address the growing link between terrorism and organised crime, Tunisia needs a consensual, balanced and depoliticised approach to facing growing security challenges. This means delinking security challenges from the polarised political environment through new socio-economic and development initiatives that
would ensure border communities’ trust in and support for the state.
The briefing’s major findings and recommendations are:
Whatever the results of the legislative and presidential elections, the Tunisian government needs to confront its critical security challenges by implementing a consensual, balanced and depoliticised approach to anti-terrorism. This means dealing
with the economic, social and ideological dimensions of terrorism.
The security situation along the Tunisia-Algeria and Tunisia-Libya borders could become an alarming threat if Tunisia fails to initiate talks with certain contraband cartels, strengthen the state’s presence in the border regions through socio-economic
and development policies, and win back the trust of local communities who otherwise could be tempted to join militant jihadi groups and indulge in lucrative transborder trafficking, including in dangerous goods.
The government should also increase security cooperation with neighbouring Algeria, and pursue the creation of a new National Intelligence Agency to merge intelligence and counter-terrorism.
“It is crucial for the main political, trade union and civil society forces – both
Islamist and non-Islamist – to maintain a consensual approach to public security
and for the authorities to adopt a calmer anti-terrorist discourse so as to prevent
renewed polarisation”, says Michael Béchir Ayari, Senior Tunisia Analyst.
“A deepening security crackdown, combined with reprisals by weakened jihadi
groups, could form a vicious circle”, says Issandr El Amrani, North Africa Project Director. “The risk is that a major terrorist attack would deepen polarisation between
Islamists and secularists”.
http://www.crisisgroup.org/
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Political Islam tries to adapt to Tunisia election landscape
24 October 2014
A file photo taken on Jan 30, 2011, shows Rached Ghannouchi, the leader of Tunisia’s Islamist movement Ennahdha waving upon his arrival at the Tunis-Carthage
From behind a niqab veil masking all but her eyes, Tunisian activist Fedia Mkaouar
stops passersby in a busy street to make a pitch for her conservative Islamist party
chasing votes in Sunday's parliamentary election.
When Tunisians held their first ballot a few months after the 2011 fall of Zine elAbidine Ben Ali, conservative Islamists like Mkaouar rejected the vote amid fierce
debate over Islam in politics that threatened to engulf its nascent democracy.
Three years on, and a new constitution in place, Islamist parties, even conservatives, are joining the scramble for a place in a national assembly that will chose the
government of one of Arab world's most secular countries.
On Sunday Tunisians vote in only their second ballot since the revolt against Ben
Ali's corrupt and repressive rule, with 217 seats up for grabs among more than 100
parties ranging from secularists and socialists to Islamist movements.
With the two main contenders, one Islamist and one secular party, unlikely to win
outright, a coalition may emerge. But whoever wins, the new government must
tackle tough economic reforms and improve security to consolidate Tunisia's gains.
"We have to convince people that everyone can contribute to save the country,
veiled or not. All Tunisians have a place," Mkaouar said campaigning in Sfax city.
"Political Islam can play a role to reduce unemployment and confront corruption."
Since the revolt, Tunisia's sometimes shaky transition to full democracy has been
seen as a model of compromise. A new constitution has been praised for recognis-
81
ing Islam but also enshrining religious tolerance.
Whereas violent polarisation over the role of Islam and former officials has tormented other "Arab Spring" nations such as Libya and Egypt, in Tunisia rivalries
were more often than not worked out at the negotiating table.
But it was not always an easy accommodation for Tunisia, where many are proud
of their secular tradition and feared Islamists threatened women's rights and liberal
education.
After the 2011 uprising, Islamists, long oppressed under Ben Ali, emerged as a political force. Chief among those was major Islamist party Ennahda who won the
most seats in the first election and led a coalition government.
But also on the rise were conservative Salafists seeking an active role for religion in
society. An ultra-conservative movement, Ansar al-Sharia, was blamed for attacks
on secular Tunisians and later encouraged the storming the U.S. embassy.
The murder of two secular opposition leaders last year, tipped the country into a
crisis. Under pressure and accused of being too tolerant of hardliners, Ennahda
stepped down to make way for a transitional government and elections.
Ennahda and secular rivals Nidaa Tounes are the two major forces competing for
the legislature and likely to seek partners in post-election deal-making. After Ennahda's victory, they formed a coalition government with two smaller secular partners.
Much of the debate for Sunday's vote has been focused on economic opportunities, security, and how to create jobs and development -- more than the questions
over religious identity that dominated the 2011 legislative election.
"We consider the new constitution ended this debate, and no one is questioning
the identity of the country, a Muslim Arab state," Lotfi Zitoun, an Ennahda adviser.
"We want to debate toward economy and security just like any other democracy."
DELICATE BALANCE
Despite its political progress, Tunisia is caught in a delicate balance as the government fights a low-intensity war with Islamist militants and cracks down on Tunisian
jihadists who form one of the largest groups of foreign fighters in Syria.
A raid on Friday on a house on the outskirts of Tunis led to clashes between police
and a group of militants, including five woman. Six militants including the women
were killed.
Debate over Islam in politics maybe less fierce now than three years ago, but many
secularists still harbour lingering fears hardline Islam threatens the values of modernity.
Beji Caid Essebsi, the head of secular party Nidaa Tounes, has called political Islam
undemocratic saying its leaders want to impose a strict sharia interpretation of Is-
82
lam.
"We want Tunisia to be moving ahead and look to the future, not look backwards.
They are not democrats," he said.
Ennahda party officials reject his criticism as divisive at a time when Tunisians need
unity to consolidate their young democracy. Since leaving government, Ennahda,
led by Islamist scholar Rached Ghannouchi, has sought to portray itself as a party
that learned lessons from its past.
"There are extremists who use weapons and the state must reply with weapons.
But there are other extremists gathered in legal parties and we must deal with
them though ideas," Ghannouchi said.
Unlike Ennahda, the Islamists of Mkaouar's "Islah Front" or "Reform Party" do
openly promote a larger role for Islam in Tunisia's future, but they accept the rules
of democratic progress and want to secure several seats in parliament.
During her campaigning in Sfax, one man approached Mkaouar in the street and
pointed to her veil. He said: "How can you convince us in parliament behind this
wall."
"We want to promote political Islam and the values of Islam, but we will accept coexistence with all Tunisians and respect the right of others to wear what they
want," she replied.
Last Update: Saturday, 25 October 2014 KSA 00:07 - GMT 21:07
http://english.alarabiya.net/
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Terrorism in the World
«Terrorisme» à géométrie variable
MARDI 21 OCTOBRE 2014
GÉOPOLITIQUE • Le «terrorisme» est un concept vide de sens, assène Alain Gresh.
Eclairage à partir de deux cas liés à l’actualité politique internationale – le Kurdistan
syrien et le Nigeria.
«Une guerre mondiale contre le terrorisme»: c’est le mot d’ordre de la communauté internationale. Depuis treize ans, cette guerre a abouti à une augmentation de la
violence dans la région (du Moyen-Orient, ndlr), et au chaos. Cette fois, la campagne rassemble à peu près tous les pays du monde, des Etats-Unis à l’Arabie saoudite, de la France à la Chine, de la Russie à l’Egypte, du Qatar au Maroc. Le seul problème est que personne n’est d’accord sur les objectifs de cette guerre, ni sur ce
que recouvre ce mot – «terrorisme». Je l’ai écrit souvent, dès le début du blog
«Nouvelles d’Orient» en 20061, le «terrorisme» est un concept vide de sens.
Nous en avons eu ces derniers jours deux confirmations. Le premier au Kurdistan
syrien. Les Etats-Unis ont confirmé qu’ils coordonnaient leurs bombardements sur
Kobané, la ville attaquée par l’Organisation de l’Etat islamique (OEI), avec les combattants locaux. Comme le confirme Radio France Internationale (RFI), le 17 octobre («Les Américains rencontrent les Kurdes, tout en ménageant Ankara»2):
«La porte-parole du département d’Etat a pour sa part révélé que les Américains
avaient eu à Paris leurs premiers contacts directs avec des Syriens kurdes, représentant le Parti de l’union démocratique (PYD), dont une milice combat actuellement les intégristes à Kobané. Le problème est que ce parti se rapproche, à la faveur des récents événements, du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, ennemi
juré de la Turquie.» Ce que l’article ne dit pas, c’est que le PYD, comme le PKK, est
classé par Washington et Bruxelles sur la liste des organisations terroristes. Ainsi
donc, l’Occident peut avoir une coordination militaire avec des organisations terroristes. Quant au régime turc, qui ces dernières semaines a changé sa politique à
l’égard des Kurdes, il avait lui-même ouvert une négociation avec les «terroristes»
du PKK il y a deux ans3.
Autre exemple – en dehors de la région qui nous occupe –, le Nigeria. On a entendu, depuis des mois, parler des exactions de Boko Haram4, notamment l’enlèvement de jeunes filles, mais aussi des massacres de villageois. Or RFI annonce5, le 18
octobre, un cessez-le-feu entre les autorités nigérianes et Boko Haram sous l’égide
du Tchad: «Les deux parties ont accepté le principe d’un règlement de leur différend par le dialogue et convenu de poser des actes de bonne volonté.»
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«Selon Ndjamena, poursuit l’article, ‘la récente libération des otages chinois et camerounais et l’annonce d’un cessez-le-feu constituent la concrétisation de ces engagements’. Les pourparlers, d’après les Tchadiens, ont ‘prévu également la libération par Boko Haram des jeunes filles enlevées à Chibok et celles de certains partisans de ce groupe détenus dans les prisons nigérianes’. Mais les modalités de ces
libérations doivent encore être décidées.» Il serait donc possible de discuter avec
cette organisation que les médias occidentaux ont présentée, depuis des mois,
comme la quintessence du mal. Bien sûr, nul ne sait si le dialogue aboutira, mais le
gouvernement a en tout cas décidé que c’était la voie à suivre.
Le danger, avec ce terme de «terrorisme, ‘à dimension variable’», c’est qu’il empêche la réflexion politique et donc toute stratégie efficace6.
Quelques mois avant sa disparition en octobre 2004, il y a tout juste dix ans, le philosophe fran ais Jacques Derrida rencontrait l’Allemand Jürgen Habermas pour
penser le «concept» du 11-Septembre. Leur dialogue philosophique, retranscrit
dans les colonnes du Monde diplomatique, mérite d’être (re)lu aujourd’hui7: «La
terreur organisée, provoquée, instrumentalisée, en quoi diffère-t-elle de cette peur
que toute une tradition, de Hobbes à Schmitt et même à Benjamin, tient pour la
condition de l’autorité de la loi et de l’exercice souverain du pouvoir, pour la condition du politique même et de l’Etat?»
http://blog.mondediplo.net/
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PRAGMATIC DISENGAGEMENT AND ISLAMIC DEMOCRACY – ANALYSIS
OCTOBER 17, 2014
Neil Thompson is convinced that the West should not involve itself in those states
where political Islam is a major force. As he sees it, religious groups should be left
to expose their own shortcomings, which should then help revive the local spread
of democracy in the Middle East.
By Neil Thompson
Middle East
When many Westerners think of the Middle East today they tend to see a region
gripped by religious and sectarian violence. Within Sunni Islam there is a struggle
over religious authenticity, while secular governments in places like Egypt, Algeria
and Syria face armed opposition to their rule by Islamist extremists. Meanwhile,
much of the violence in long-running civil wars has taken on a sectarian nature,
both between different strands of Islam and against religious minorities. Sometimes this has been encouraged as a deliberate divide-and-rule strategy by embattled regimes and, as in the case of Syria, the categories often overlap. What all
the conflicts are perceived to have in common is the participation of inflexible and
fanatical groups of fighters dogmatically opposed to the further modernization and
Westernization of their home countries.
Should any of these groups seize power, it is feared that they will impose a backwards-looking theocratic form of governance across the spaces that they dominate,
and will trample on the human rights of vulnerable groups such as religious minorities or women. The panacea for this in the eyes of many Western citizens is to temper religious fervor by separating it from politics and implementing a secular and
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liberal democratic system of government. However, no Middle Eastern state has
yet to obtain such a system by its own efforts, while Western attempts to enact nation-building have so far ended in failure. Consequently, Western policymakers
have tended to back authoritarian governments as a bulwark against fundamentalist rule.
The chronic weakness of state authority in the Middle East, coupled with the flourishing of extremist movements, once helped to maintain this ‘strongman’ model of
governance. Yet, even in the face of political Islam’s enduring appeal in Muslim societies, this strategy is now regarded at best as a stop-gap measure rather than a
long-term solution to the region’s myriad problems. The default Western response
to this double-sided problem has been to propose the transfer of functions performed by some religious organizations (for example healthcare) over to a stronger
state. Under this scenario, religious groups would cease to perform political functions and the state would guarantee their freedom to practice their beliefs without
interference. Islamic movements are thus seen as an obstacle to better state capability as well as challengers to its monopoly on force and violence. As a consequence, attempts by local rulers or outsiders, to modernize, secularize and centralize the Middle East have quite often resulted in a religious backlash.
Towards Religious Democracies
But what if the West’s secular state model is a merely a product of its own historically violent struggles with modernity in the 17th century? Up until this point in
time, the very idea that religious authority should have no place in the political system of a European state would have been controversial to say the least – just as it
is in parts of the modern day Middle East. But the creation of democratic systems
in Indonesia and Turkey help to disprove the notion that Muslim or Middle Eastern
cultures are incapable of living under systems of governance inextricably linked to
the West.
For the likes of Turkey and Tunisia, democratic transformation occurred after decades of secularist dictatorship or military coups. The price for Islamist participation
in the political process was the promise not to pursue a theocratic or one-party
model of government once in power. Only then did both the secular and religious
sections of these societies agree to be bound by the results of future elections. By
contrast, when Egypt’s Muslim Brotherhood gambled that they could rule alone
through electoral majoritarianism, they lost and a more familiar form of government returned.
These scenarios, in turn, suggest that while the Middle East’s secularists cannot
keep the influence of Islamist organizations completely in check, Islamists are
seemingly unable to monopolize power without resorting to the same type of oppression that discredited their republican or monarchical enemies. In this respect,
democratic elections might offer a third path. However, developing organic and
sustainable democratic processes undoubtedly takes time. Indeed, the collapse of
87
Libya and Iraq as functioning states shows that removing a dictator does not immediately create the conditions for political transformation. If anything, the ongoing
travails within these countries helps to reinforce that the Middle East has been
through a whirlwind of political ferment since decolonization began a mere five or
six decades ago – a predicament that bears some resemblance to the century of
nation-building associated with German or Italian unification.
And when it comes to nation-building in Europe, it must also be remembered that
political change in the West has quite often been violent and inconsistent. Even the
most pacific Western democracies are less than a hundred years old. Indeed, at
two hundred and thirty-eight years old, the United States could be viewed as a venerable patriarch. Accordingly, we should not distort the growth of groups like Islamic State as an inevitable consequence of political Islam’s rise to power once a
secular dictatorship is removed. It should also be remembered that most Islamist
movements remain locally-focused in their political objectives and have condemned violence as a political tool.
Stop Taking Sides
The emergence of democratic states in other parts of the Islamic world suggests
that they can also emerge in Arab and Middle Eastern states. However, it is also
highly likely that any indigenous political group that attains significant popularity
under these systems will be influenced by Islam. This is in much the same way as
many Western political parties are influenced by Christian frameworks and assumptions, such as Germany’s Christian Democratic Union. And just as Western politicians have to be in favor of ideals such as “freedom” or “democracy“, leaders in
Muslim-majority countries also have to appeal to the core values of their societies.
Invoking Islam is both a legitimizing measure and a short-cut to the communication
of ideas. Even secular Middle Eastern political parties will have observant members.
Most Islamist movements also offer programs of action that do not necessarily
threaten the West. For example, the Muslim Brotherhood’s determination to secure power via democratic processes diverges with the aims of groups like IS or AlQaida’s Syrian franchise Jabhat al-Nusra. Consequently, the West’s ‘tolerance’ of
the removal of elected Islamist political movements by force could be regarded as a
strategic blunder that has helped to encourage jihadist narratives of victimization.
The recent killing of al-Shabaab leader Ahmed Abdi Godane is a case in point. While
this Somali militant group’s profile has undoubtedly increased over the past few
years, it could be argued that its rise to prominence was facilitated by the overthrow of its more locally-focused predecessor in a US-backed Ethiopian invasion of
Somalia. By being seen to take sides in inter-Muslim disputes and colluding against
fundamentalists with their local enemies, the West might have indirectly encouraged more extreme forms of Islamism.
88
Democratic Islamism Will Lead to Accountability
It might even have been wiser to leave these movements alone so that they can
discredit themselves locally, much like the Iranian or Sudanese regimes have over
the years. In this respect, have Tehran and Khartoum behaved any worse than the
Soviet Union, Cultural Revolution-era China or today’s Gulf monarchies? It’s a question worth thinking about, given that the West managed to co-exist (or even
aligned) with all these governments for decades. Indeed, China’s example shows
that the need to tackle mounting social problems slowly brings out the pragmatism
in the most extreme of movements. Even an Islamic movement in power inevitably
leans to pragmatism as part of its bid to survive in government. Since 2002, the
mildly Islamist Justice and Development Party (AKP) has dominated Turkey’s domestic politics not because of its iron grip on culture and society, but mainly because it delivered on solid economic growth. This, in turn, gave it the legitimacy to
defang Turkey’s coup-prone army, a feat that no previous elected government had
managed to achieve.
Indeed, elections offer a fresh source of legitimacy for groups that have become
popular through religious advocacy or offering social services. They provide a future goal around which supporters can be mobilized. Revolutionary parties which
have relied on battlefield victories for their legitimacy have to adapt or lose ground
when elections start to become more important. Once Islamic parties have to focus
on practical problems such as healthcare and economic growth, they either lose
much of their crusading zeal or risk their political credibility and relevance. It’s even
possible that Iran might go through such a transformation in the coming decades.
No Quick Fixes
The key to separating religion and government in the region, and therefore creating a stronger Middle Eastern state, might be to tolerate religion governing
through the state. By exposing the shortcomings of this model, democracy might
consolidate its status faster in the Middle East as its political elites lose another vehicle for mobilizing public support. Electorally successful Islamic parties will moderate and their methodologies will be copied elsewhere. Consequently, it might be
better if the West practiced a policy of pragmatic disengagement towards those
countries now electing Islamist political parties. If it neither helps nor hinders the
process of change, it cannot be held responsible for the outcome. This strategy is
not a quick fix for the problems of the Middle East today, but it might be among
the most enduring.
Neil Thompson is researcher for the Institute for Strategic Dialogue and an Editor
and contributor to the Future Foreign Policy Group. He holds an MA in International
Relations of East Asia from the University of Durham.
http://www.eurasiareview.com/
89
Analysis | Strategic Partnership in the Middle East
October 22, 2014
Editor’s Note
The 1990-1991 invasion and occupation of Kuwait by Iraq led to the emergence of
a broad U.S.-led international coalition that included Arab and Western states. It
was the largest multilateral effort of its kind up to that point and succeeded in organizing a diverse collection of states with disparate individual interests to the
common goal of reversing Saddam Hussein’s conquest of Kuwait. This year, in June,
the eruption of the Islamic State across broad segments of Iraq and Syria and its
threat to the region similarly led to a convergence of security interests among diverse Arab and Western powers. This newest Arab-US/West alliance was marked
by agreement — noted in theJeddah Communique last month — by the participating states (GCC, Egypt, Iraq, Jordan, Lebanon and the U.S. which followed American-NATO deliberations at a summit in Wales. The management of alliances like
Desert Shield/Storm and the anti-ISIS campaign require an appreciation by policymakers and analysts alike, of the coalition members’ motivations and the differences that are likely to challenge unified action.
A recent essay on the new “Strategic Partnership in the Middle East,” by Dr. Anthony Cordesman, Arleigh A. Burke Chair in Strategy at the Center for Strategic and
International Studies in Washington, provides an insightful perspective on the challenges of building the anti-Islamic State coalition and issues that deserve attention
by the players. This is the latest addition to a vast collection of insightful and comprehensive assessments produced by Dr. Cordesman. SUSRIS is pleased to have assembled many of his reports and briefings for your reference. [Link Here]
90
Strategic Partnership in the Middle East: Respecting Our Arab Allies, Realism About
Ourselves
October 9, 2014
It is easy to talk about a U.S. strategy based on strategic partnership and coalitions.
It is far more difficult, however, to make such efforts work. This is particularly true
when the U.S. fails to honestly address its own problems and mistakes, minimizes
the costs and risks involved, and exaggerates criticism of its allies. Strategic partnerships need to be forged on the basis of an honest understanding of the differences between the partners, respect, and mutual tolerance of their different needs
and limitations.
Some of the recent U.S. criticism of its Arab allies is justified, but much of it is exaggerated, makes sweeping generalizations, and ignores the differences between the
values, priorities, and strategic interests of the U.S. and each Arab ally. At the same
time, there is a false equity in U.S. criticism of allies like Bahrain, Egypt, Jordan, Kuwait, Lebanon, Morocco, Qatar, Saudi Arabia, and the UAE – not to mention another key regional ally, Turkey.
The worst mistakes in U.S. criticisms lie in implying that all allied states and Arabs
are alike, and every ally should share our values and strategic goals Our Arab allies
tend to make their worst errors in criticizing the United States in the form of conspiracy theories, a lack of attention to facts and numbers, and unrealistic expectations about the ability of the U.S. to solve their particular set of problems.
Both sides need more objectivity and transparency, more realism about the
strengths and limits of any alliance, and more understanding and acceptance of the
real world differences in their values and strategic interests.
An American can get very tired of the sillier Arab conspiracy theories the notion
that the U.S. has the ability to wave a magic military wand, and that the U.S. has
sinister motives whenever it fails to do so. It is even easier to get tired of charges
that the U.S. is somehow the helpless captive of Israel or the persistent idea in the
Gulf that the U.S. is abandoning its Arab allies in favor of an alliance with Iran.
At the same time, Americans have their own conspiracy theories when they state
that every Arab state which has failed to come to grips with terrorism and extremism supports Jihadist movements and Islamic extremism. Americans also need
more realism about the nature of strategic partnerships. Americans should not expect Arab allies to change their regimes to become clones of the U.S., or to give up
their values, priorities, and strategic interests. They should not expect to receive
more than given Arab allies can credibly deliver. Like the U.S. – and our allies – every Arab government faces major limits to what it can and cannot accomplish as an
ally.
The Iraq War (and its Aftermath) versus Arab Interests
One way of putting these comments into perspective is to begin with the invasion
91
of Iraq in 2003. It is all too clear in retrospect that the U.S. went to war for the
wrong reasons. It ignored the balance of power between Iran and Iraq. It assumed
that Iraq posed a missile and weapons of mass destruction threat that did not exist.
Key policymakers felt Iraq was a sponsor of terrorism and of al Qaeda when it was
not. And perhaps worst of all, the war plan simply assumed that after Saddam Hussein was driven from power, Iraq would suddenly emerge as a wealthy, stable democracy, without outside aid or any serious stability operations. And, policymakers
incorrectly believed that U.S. combat units could begin leaving Iraq within 30 days
of Saddam’s fall.
Most Arab government had serious reservations about removing Saddam, not because they trusted him, but because Iraq was still a strong enough military power
to counter and contain Iran. Many of the Arab officials involved, especially the Saudis, also feared a U.S. invasion of Iraq could unleash sectarian, ethnic, and tribal
tensions that could quickly spiral out of control. All, however, still supported the
invasion to some degree. Even Saudi Arabia quietly allowed air operations over its
territory and U.S. Special Forces to operate out of Ar Ar on the Saudi-Iraqi border.
The end result was instability that evolved into a major civil war, the virtual destruction of all of Iraq’s military forces, and then sudden U.S. military departure at
the end of 2011. This departure was partly the result of Maliki and Iraqi politics, but
that several of President Obama’s most senior cabinet members have now publically stated that it was avoidable and should never have occurred.
The end result is that Iraq is now trying to edge out of a low level civil war between
the Shi’ite dominated central government and Iraq’s Sunnis, and resolve deep divisions between its Arab and Kurdish populations. The United States, Bahrain, Jordan, Saudi Arabia, the UAE, and Qatar must also contend with the fact that more
than a decade after 2003, they are fighting an air war against the Islamic State.
It is an air war that can never succeed unless the U.S. is far more successful in overcoming the consequences of its invasion of Iraq than it has been up to now. Iraq’s
military forces are more a farce, than a force. Iraq will not be stable until its Sunnis
can be brought back into supporting the government, and Arabs and Kurds can
unite. Largely thanks to the US, Iraq’s forces have lost their ability to deter Iran, and
Iran’s Islamic Revolutionary Guard Corps (IRGC) has a major advisory presence in
post-Saddam Iraq.
The U.S. needs to be honest about the blame it must take for its actions, and about
the reaction of its Arab allies. Thanks to the U.S. and Maliki, no Arab state, as yet,
has an incentive to actively support the Iraqi government, or can trust Iraq’s new
government to give its Sunnis a fair share of wealth, political power, and security.
Moreover, in spite of the opposition Arab states have to the Islamic State (ISIL/ISIS)
they have a critical disincentive to support Iraq’s central government in any military
action that favors Shi’ite over Sunnis.
92
Iran and the Consequences of U.S. Mistakes in Iraq
What unites the U.S. and its Arab allies in spite of these problems and U.S. mistakes
is that they all have a common fear of Iran and the Islamic State. U.S. military action which crippled Iraq’s military establishment in 1991, and then virtually destroyed it again in 2003, allowed Iran to remerge from its massive defeats at the
end of the Iran-Iraq War and become a major regional military power.
It was also an Iranian threat that was far more direct and immediate to Arab states
than the risk of Iranian nuclear weapons that is the focus of US, European, and Israeli concerns. Iran built up a massive missile force and capability for asymmetric
warfare in the Gulf. Its IRGC and Al Quds force not only became a major influence
on Iraq, but came to play a critical role in supporting the expanding support to Hezbollah in Lebanon, Hamas and Palestinian Islamic Jihad (PIJ) in the Gaza Strip, and
then in supporting Assad in Syria.. They also came to play at least some role in Bahrain and Yemen.
This virtually forced the Arab states to carry out a major military build-up and turn
to the U.S. as the last Western power that could project major amounts of military
force to protect them. Saudi Arabia and the UAE had to make major increases in
their air and air defense capabilities to deter and defend against Iran. All of the Gulf
states have had to buy some form of missile defenses.
All faced a naval-air-missile threat to traffic through the Gulf and Strait of Hormuz,
as well as to key cities and infrastructure facilities on or near the Gulf coast. They
had to turn to the U.S. to provide the additional military forces they needs and
much of their arms imports -a dependence that includes U.S. bases, common exercises, dependence on command and control and intelligence assets, and ongoing
orders of U.S. arms that now collectively are worth more than $50 billion.
This is the context that has led Bahrain, Jordan, Kuwait, Oman, Qatar, Saudi Arabia,
and the UAE to join the U.S. in deterring and containing Iran and attacking the Islamic State or provide military bases the U.S. can use in doing so. This is why Jordan
and the GCC governments cooperate with the U.S. in terms of military exercises,
provide active or contingency basing, and make purchases of U.S. arms. While the
Arab states have key strategic interests in doing so, any American criticism of them
should be tempered by consideration of the continuing legacy of U.S. mistakes in
Iraq.
As for the U.S. side of strategic dependence, the U.S. could not tolerate a military
vacuum in a region whose oil exports were critical to world trade, the manufactured imports that support the U.S. economy, and limit the growth of energy prices. While U.S. petroleum imports dropped to some 8 of total U.S. imports in 2013
and are projected to drop further through 2030, the U.S. Department of Energy reference cases still projects that the U.S. will import some 32 of its total liquid fuels
by 2040.
93
More significantly, indirect U.S. energy imports will continue to rise. The CIA World
Factbook indicates that total U.S. imports rose to some $2.3 trillion dollars in 2013,
or some 14 of a total U.S. GDP of $16.7 trillion. Some 86 of those imports came
in the form of manufactured goods, and roughly 60 of those imports came countries dependent on petroleum imports and at least 30 from Asian nations critical
dependent on Gulf oil and gas. No one can deny the advantages the U.S. has gained
from increases in U.S. and Canadian oil and gas production, but energy independence is at best a myth that can only affect direct petroleum imports, and will not
affect growing U.S. dependence on indirect energy imports in the form of manufactured goods.
Arab Stability versus the “Arab Spring”
The tensions that shape the strategic partnership between the U.S. and its Arab
allies have been further compounded by divisions over how to treat the massive
political upheavals in the Middle East and North Africa that began in 2011. This
time, both sides made serious mistakes, but the U.S. needs to both admit its own
mistakes and understand and respect the different perspectives and needs of its
Arab allies,
The stability of your neighbors doesn’t matter all that much when you are safely
across the Atlantic or the Mediterranean, and you can largely ignore political upheavals. It particularly doesn’t matter when the U.S. and many Western countries
assume that instability means progress and adopting their “universal” values. It
doesn’t matter when you make the mistake – as many U.S. policymakers did at the
start of the “Arab spring” — of ignoring the historical reality that most revolutions
do not end in stability or democracy, ending instead in prolonged civil conflict and
periods of political extremism and/or authoritarian repression and excess.
The regimes in the Arab states that did not descend into chaos or civil conflict and
had to live with these upheavals saw them create millions of refugees, help fuel
violent Islamic extremism that threatened every existing regime, fighting between
Sunni and Shi’ite, and conflicts between ethnic groups and tribes. They saw political
warfare and cases where millions were displaced from their homes and business or
made refugees outside their country.
Syria, Yemen, and Libya were the worst cases, but every upheaval created major
new political, economic, and governance problems in the country where it took
place, and critical new risks to the nations on its borders and throughout the region. The Arab regimes that are our allies may not have been altruistic in seeking to
protect their rule, but Americans do need to understand the priority they gave to
limiting political change, preserving existing governments, internal security, and
avoiding similar upheavals in their own territory. It is equally important to remember that security, the ability to earn a living, and the ability to raise children are also
human rights.
Another priority of regional Arab allies is the ability to live without the fear of ex-
94
tremism and terrorism coming from within, or from the outside. With the exceptions of Qatar, some elements in Kuwait, and a non-Arab Turkey, each of our Arab allies sought to limit the role of Islamic movements like the Moslem Brotherhood, and place even tighter controls on Islamist extremists.
Somewhat ironically, many allied Arab regimes also saw the U.S. as more tolerant
of Islamist politics and parties than they were, and this was particularly true in
the case of Egypt – which all saw as a critical influence on other Arab states. In
fact, the Arab perception that the U.S. encouraged the Muslim Brotherhood in
Egypt was a source of considerable tension between the U.S. and states like Saudi
Arabia, the UAE, and Kuwait. These tensions have eased now that the Egyptian
military have overthrown and suppressed the Muslim Brotherhood, although
some officials in other Arab states privately admit that the level of military repression in Egypt has become a problem in its own right.
Syria and the Importance of a Sunni and Arab Identity
The key exception was Syria, and here Americans and Westerners need to realize
that the struggle for the future of Islam — and for a Sunni and Arab identity —
has become as serious as the problems the West once had to live with because of
the Reformation and Counterreformation. While Syria is the most obvious case,
this struggle is almost as serious in the case of Iraq, and affects every Arab country where there is a significant Shi’ite or other non-Sunni population.
A strategic partnership cannot ignore the fact that religious and cultural values
define all of our Arab partners. These values help explain why the Sunni Arab
states soon saw the largely Sunni demonstrations and then uprisings against Assad – and Assad’s violent suppression of the Sunni opposition – as a cause they
could and should back. They were willing to support rising rebel movements that
often had an Islamist character, and money and arms were transferred to rebel
forces that were linked to – or part of – the Al Nusra Front and/or the movements
that became the Islamic State.
It is also important to note, that Turkey – and not most Arab states other than
Qatar – focused far more on Assad’s removal from power, tolerated the more
extreme Islamist movements, and was the key corridor for the flow of foreign volunteers, money, weapons, and trade to what became the Islamic State.
Once again, the US needs to admit its own mistakes and take responsibility for
them. Much of the limited Arab support to the more extreme rebel movements
that actually did come from the governments of Saudi Arabia, the UAE, and Kuwait was a response to US failures. It only came after the US refused to provide
serious support to so-called moderate rebel groups during the period in 2011
when they dominated the effort to overthrow Assad and had a real chance of
driving Assad from power. That support also largely ceased at the official level the
moment given rebel elements clearly emerged as Islamist extremists.
Saudi Arabia and the UAE sharply restricted support to Islamist groups when Al
95
Nusra Front and/or the movements that became the Islamic State became a major force in the rebel movements. Jordan, Bahrain, Oman, and the UAE never provided significant state support to such movements. Kuwait did not provide major
official support, but its steadily more divided politics and inadequate financial
safeguards and regulation meant that some major donations did occur or transited via Kuwait.
Qatar was the only Arab government to take major risks in the transfer of funds
and arms, and feel it could coopt such Islamist movements – actions that led Saudi Arabia and UAE, to put severe pressure on Qatar and then withdraw their ambassadors. Qatar has since joined the broader Arab alliance with the US and other
outside powers.
The question of which side made the most mistakes in dealing with the “Arab
spring” and Syria is scarcely one where the US can put the majority of the blame
on Arab states. It also makes no sense for Americans to treat all Arab states as
the same, or see all allied Arab governments as somehow responsible for the rise
of Al Nusra or the Islamic State – a movement which grew out Sunni disaffection
and fighting in Iraq during 2003-2008.
As Secretaries Clinton, Gates, and Panetta have made clear, there were many
senior voices that felt the US missed a key window of opportunity and must share
the blame for a nightmare where Assad remains the primary threat to the Syrian
people and Syria’s neighbors. The Islamic State is emerging as a center of massacres, executions, and repression, and is now creating hundreds of thousands of
refugees and displaced persons.
It is Assad, however, that substituted violence and repression for reform in 2011.
It is Assad who was responsible for the more than 9.3 million Syrians that the UNHCR said were at risk in September 2014, for more than 192,000 civilian dead by
the most conservative estimate, for more than 3 million Syrian refugees outside
Syria, and for more than 6.5 million displaced Syrians still inside the country.
Cooperation in Counterrorism vs. Arab Support of Islamic Extremism
Arab support of violent Islamist extremism is an all too real problem, but Americans also needs to realize that it is far more of an immediate problem for Arab
governments than it is for the US or Europe. There are many alienated young
men throughout the Arab world, living in countries whose economies do not offer
jobs or meaningful careers. There are many who do not distinguish between Islamic charity and education, and Islamist violence and extremism. There are vast
private savings, many in Europe and Asia that can be funneled in support of extremist movements. Arabs in Jordan, the Arab Gulf states, and throughout the
Arab world have contributed to and still contribute to Islamic extremist causes.
No Arab Ministry of the Interior, or real world Arab counterterrorism expert,
would privately disagree with the broad trends reported in the Statistical Annex
to this year’s State Department Country Reports on Terrorism that found there
96
were 27,664 terrorism-related incidents in the Middle East and north Africa
(MENA) between 1970 and 2013, and that the number of major incidents increased
from some 300 major incidents a year during 1998 to 2004 to some 1,600 in 2008,
1,500 in 2010 to 1,700 in 2011, 2,500 in 2012, and 4,650 in 2013.
These increases could not have taken place without local support, Arab volunteers,
and Arab contributions, and a recent study by Seth Jones of the Rand Corporation
found that,
There was a 58-percent increase in the number of Salafi-jihadist groups from 2010
to 2013. Libya represents the most active sanctuary for Salafi-jihadist groups in
North Africa, and Syria the most significant safe haven for groups in the Levant.
The number of Salafi jihadists more than doubled from 2010 to 2013, according to
both our low and high estimates. The war in Syria was the single most important attraction for Salafi-jihadist fighters.
There was a significant increase in attacks by al Qa’ida-affiliated groups between
2007 and 2013, with most of the violence in 2013 perpetrated by the Islamic
State of Iraq and al-Sham (43 percent), which eventually left al Qa’ida al Shabaab (25 percent) Jabhat al-Nusrah (21 percent) and al Qa’ida in the Arabian
Peninsula (10 percent).
(See Seth G. Jones, A Persistent Threat: The Evolution of al Qa’ida and Other Salafi
Jihadists, Rand, Santa Monica, ISBN: 978-0-8330-8572-6, pp. X-xi)
But, and it is a critical but, these increases did not take place with the support of
allied Arab governments. They took place in spite of steadily increasing counterterrorism activities by key allies like Jordan, Saudi Arabia, and the UAE. Saudi Arabia
treated Al Qaida and violent Islamic extremism as a threat long before the US came
to focus on it after 9/11, and created massive new counterterrorism efforts after Al
Qaida in the Arabian Peninsula launched a series of attacks inside Saudi Arabia in
2003. Jordan stepped up its already impressive efforts after a series of attacks by Al
Qaida in Mesopotamia that was a spillover coming out of the fighting in Iraq.
Virtually all Arab regimes fully realize that extremist movements see them as illegitimate, if not as apostates. Key officials have been threatened and attacked, and
virtually all of the real world casualties of terrorism and extremism in the Arab
world have been Arab and the vast majority have been Sunni Muslims. Key governments like Bahrain, Jordan, Kuwait, Saudi Arabia, and the UAE have all taken major
new steps to limit the flow of money and volunteers since the rise of the Islamic
State, and Oman has always had relatively tight controls.
It is also Arab and Arab regimes which are the primary target of extremists and terrorism. The US often thinks of itself as the focus for terrorist attacks, and virtually
all Western countries focus on the real or potential threat posed by foreign volunteers, but virtually all US official data tracks with another key conclusion of the
Rand study: “Approximately 99 percent of the attacks by al Qa’ida and its affiliates
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in 2013 were against “near enemy” targets in North Africa, the Middle East, and
other regions outside of the West, the highest percentage of attacks against the
near enemy in our database.”
A review of the unclassified data on the counterterrorism efforts in individual Arab
countries in the annual editions of the State Department Country Reports on Terrorism since 2003 shows that expert in the US government see a steady increase in
the effectiveness of the counterterrorism operations of key most key Arab allies,
with the exception of Kuwait and Qatar.
The U.S. Treasury does not comply with the legislative requirement for an annual
unclassified report on progress in limiting the financing of terrorist and extremist
movements, but experts indicate that such progress has again been significant by
most governments aside from Qatar. The key problem lies in private donations and
financing, and the continued ability to use banks and financial institutions in some
European and Asian countries with limited oversight and controls places serious
limits on what Arab states can do.
http://susris.com/
98
Canada
3 big questions or Canada after Ottawa terror attack
October 23 2014
Canadian Prime Minister Stephen Harper and his wife on Thursday paid respects at
the National War Memorial where a soldier was fatally shot while on guard
Wednesday. (Reuters)
On Wednesday, Canadian Prime Minister Stephen Harper announced that a
shooting that left a Canadian soldier dead in Ottawa was a terror attack. It was the
second such attack in less than a week — on Monday, a soldier had been killed in a
deliberate hit-and-run near Montreal.
Canada is no stranger to terrorism. In the 1960s, the Front de liberation du Quebec
used violence to call for independence for the French-speaking Canadian province,
and in 1985 Air India Flight 182 was blown up over the Atlantic Ocean after departing from Montreal airport, killing 268 Canadian citizens (it was later thought to
have been the work of a Sikh militant group).
However, the impact of this week's attacks, and one so close to the heart of Canadian political power, has prompted a big debate. Three big questions are part of the
debate.
Is Canada equipped to handle such terror threats?
In both attacks this week, soldiers were targeted and killed bysuspects whom Canadian authorities had barred from traveling abroad. According to the Globe and
Mail, the man authorities identified as the shooter on Wednesday, Michael ZehafBibeau, had been classified as a "high-risk traveler," which thwarted his reported
plans to travel to Libya and learn Arabic. Martin Couture-Rouleau, the Canadian
accused in the hit-and-run, had on social media expressed support for extremist
groupssuch as the Islamic State.
Given that both men were apparently known to authorities, it is tempting to ask
why more couldn't have been done to stop them. Unfortunately, that's easier said
than done. Both men appear to have acted as "lone wolves," operating without coordination with other groups, which would have made their attacks hard to predict
and prevent.
What's worrying for Canada is that there are probably other potential extremists
out there who could do something similar. And while Canadian police officers are
armed, places such as Ottawa's Parliament are remarkably open to the public, and
thus open to intruders. On Thursday, Harper pledged to speed up laws to give police more powers in "surveillance, detention and arrest."
99
Did Canada's gun laws contribute to Wednesday's attack?
While unfortunately common in the United States, attacks using guns are more infrequent in Canada, and there is a degree of shock. This does appear to be sparking
a level of debate about gun control in Canada.
For some Americans, the fact that the relatively gun-free Canada had a gun-related
incident is a sign that gun control doesn't work. In Canada, however, the debate
may be more nuanced: Many of the country's gun laws are shaped by another public shooting, the 1989 Ecole Polytechnique massacre, in which a 25-year-old man
shot dead 14 women with a legally purchased semi-automatic rifle. It's possible
that in the coming days the focus on gun-control legislation will return.
A representative of Canada's Coalition for Gun Control was hesitant to speak about
how the gun-control debate might change after the Ottawa shooting until more
information came out. However, the representative did note that gun control laws
had been weakened since 2012 and that the Canadian Parliament had been due to
debate another law that would liberalize gun control in the country when the
shooting occurred.
Did Canada's oreign policy cause this?
In a widely read (and widely maligned) article written after Monday's attack for
First Look, Glenn Greenwald argued that terror attacks on Canada were the logical
conclusion to its 12 years of involvement in the war on terror and its 2001 intervention in the Afghanistan war. While Greenwald's article was accused of justifying terrorism for some, it's hard to ignore that both attacks occurred just weeks after Canada voted to joinairstrikes against the Islamic State.
“Some aspects of Canadian foreign policy, such as our Iraq deployment, likely contributed to the Saint-Jean incident and may well have contributed to the events in
Ottawa,” Rex Brynen, a professor of political science at McGill University, told
Bloomberg News, referring to the hit-and-run. “I would be 100 percent certain that
the government’s own risk assessment said that this was going to make us more of
a target. That was simply part of the price for doing business.”
Of course, it would be uncomfortable to imagine that terror attacks such as these
could prompt a change in policy from Canada — it'd give terrorists a clear reason
for more attacks, for one thing. But the evidence suggests that is unlikely. The
threat of terror has not dissuaded the United States or other nations from fighting
Islamist extremists abroad, and while Canada has a strong opposition movement,
its arguments are more complex than a simple fear of terror.
The author: Adam Taylor writes about foreign affairs for The Washington Post.
Originally from London, he studied at the University of Manchester and Columbia
University.
http://www.washingtonpost.com/
100
Iraq
Analysis Joining Islamic State is about ‘se and aggression,’ not religion
"The appeal o Islamic State rests on individuals’ quest or what psychologists call
'personal significance,' which the militant group’s e tremist propaganda cleverly
e ploits."
A masked man speaking in what is believed to be a North American accent in a video that Islamic State fighters released in September 2014.. (photo credit:REUTERS)
It is easy to look to religion for an explanation of why young men – and some women – become radicalized.
But it is psychology, not theology, that offers the best tools for understanding radicalization-and how best to undo it.
The appeal of Islamic State rests on individuals’ quest for what psychologists call
“personal significance,” which the militant group’s extremist propaganda cleverly
exploits. The quest for significance is the desire to matter, to be respected, to be
somebody in one’s own eyes and in the eyes of others.
A person’s sense of significance may be lost for many reasons, such as a personal
failure or a stigma that comes from transgressing the norms of one’s society.
We are reminded of this when we examine the backgrounds of female suicide
101
bombers in Israel. The first female suicide-bomber in the Israeli-Palestinian conflict
was divorced by her husband after she was found to be infertile. Another would-be
bomber had been disfigured by burns, believed to have been caused by her family,
after she had an affair. These women suffered from personal stigma and went on to
volunteer for suicidal missions against the Israelis.
Loss of significance can also be caused by hopeless economic conditions. It can
grow out of a sense of disparagement and discrimination, a not uncommon experience of many immigrants.
And it can come from a sense that one’s brethren in faith are being humiliated and
disgraced around the world.
Ideological extremists like those leading Islamic State deliberately employ the ideas
of collective hardship and victimization of Muslims worldwide to galvanize and recruit potential jihadists.
In a 1997 interview with CNN, Osama bin Laden fulminated: “The mention of the
US reminds us before everything else of those innocent children who were dismembered, their heads and arms cut off.”
Another senior al-Qaida leader, Yehia Al Libi, stoked anger and indignation by saying: “Jihad in Algeria is your hope from the hell of the unjust ruling regimes whose
prisons are congested with your youths and children, if not with your women.”
The appeal to one’s trampled identity, combined with the depiction of one’s
group’s degradation, can have a profound visceral effect, incensing and redirecting
individuals who are otherwise well-adjusted and on their way to a seemingly bright
personal future.
According to reports, Nasser Muthana, a 20-year-old volunteer in Islamic State, had
acceptance offers from four medical schools. Muhammad Hamidur Rahman, who
died in August while fighting in Syria, was employed at a Primark store in the
coastal city of Portsmouth, United Kingdom, and had a father who owned a restaurant. His personal future thus appeared assured and yet it could not undo the pain
and humiliation he saw his Muslim community facing.
Extremist ideology is effective in such circumstances because it offers a quick-fix
remedy to a perceived loss of significance and an assured way to regain it. It accomplishes this by exploiting humans’ primordial instincts for aggression and sex.
Consider the latter. Sex is the most primitive assertion of one’s significance it’s a
means to perpetuate one’s name – and genes – into the future.
Islamic State strategically uses it as a reward for aggression.
The militant group has set up marriage centers where women register to be wed to
its fighters. Captured Iraqi women and girls are forced into sex slavery, living in
brothels run by female jihadists.
102
Rape of non-believers is considered legitimate, while fatwas proclaiming a “sexual
jihad” encourage brutality against females. Lastly, martyrdom is associated with
sexual bliss in paradise.
Understanding the magnetic appeal of Islamic State’s extremism is a prerequisite to
developing a suitable, psychologically sensitive counter narrative. For example, an
appeal to moderation and a life of patient struggle seems ill-suited to win over the
hearts and minds of jihadists.
Instead, the glamor of jihad must be countered by an alternative glamor the charisma of martyrdom pitted against a different kind of charisma, the appeal to primitive drives redirected, jiu jitsu style, against the brutality of the enemy, turning the
psychological tables on Islamic State as it were.
For example, young men vulnerable to the appeal of extremist ideology might be
persuaded to fight the desecration of their religion and promised a place in history
by defeating the satanic evil that soils their faith. Social media may need to be
turned abuzz with the glory of standing up to evil, encouraging the bravery needed
to undertake personal risks for “breaking bad.”
This message should not be presented in faint pastels but in bright, bold colors.
Measured arguments against Islamic State wouldn’t do the job. Countering it requires fiery, impassioned appeals.
http://www.jpost.com/
103
Opinion ISIS cannot be ‘contained’
26 October 2014
By the time this article goes to print, the battle for the Syrian border town of Kobani, or Ain Al-Arab as it is known in Arabic, may have reached its logical conclusion
with the collapse of the Islamic State of Iraq and Syria (ISIS) campaign to seize it.
The fate of Kobani has clung between two possible outcomes the fall of the city to
ISIS terrorists or the city’s defenders successfully repelling this attack. Airstrikes by
the US and its allies have tipped the scales in favour of the defenders, in this battle
at least. As for the war effort as a whole, there is still a long way to go.
Despite all this, ISIS continues to advance in parts of Iraq, seeking soft targets. The
group is now pushing in the direction of Baghdad and expanding its assault on the
less populated areas in the western governorate of Anbar. ISIS has no intention of
laying down its weapons or surrendering. It will persist in its drive to consolidate
and expand its positions in Iraq and Syria.
And it will continue to act as a model and an important source of inspiration for
similar organizations that are working to achieve the same ends whether in Derna
in Libya, Egypt’s Sinai Peninsula or elsewhere in Tunisia, Algeria, Morocco and the
Western Sahara.
ISIS has managed to achieve all this not out of tenacity or tactical flexibility but rather because its adversaries have yet to agree on an appropriate strategy to deal
with the group and the extremism that it is espousing. The world does not know
how to deal with ISIS’s use of extremist ideology, violence and terrorism to spread
its ideas across all quarters of the Islamic world.
Because ISIS’s objectives seemed so outlandish, hailing as they do from the Dark
Ages, it was initially difficult to take them seriously. But this is not the first time in
history that the world has been forced to confront what initially had appeared to
be an implausible or strange idea.
When Nazism and fascism first emerged, international public opinion scoffed. As
these ideas coalesced into organizations that did not bother to hide their racist intentions, the world continued to shrug this off with a smirk.
Even when these organizations began to flex their muscles in violent tests of their
strength, the phenomenon was portrayed as a form of impetuous hot-headedness.
It was only later that the world woke up to the true nature of the threat it was facing and the murderous and genocidal motives that drove it.
While Washington did sense the danger from ISIS, it did not judge it with the required degree of severity and, therefore, it has restricted its approach to “limited”
airstrikes, adamantly ruling out “boots on the ground.”
Accordingly, the international and regional coalition have undertaken a series of
104
airstrikes targeting ISIS but left the ground campaign to the Iraqi army—which had
suffered from years of attrition—and to the Peshmerga—in spite of many years of
inactivity. Therefore, as praiseworthy as these steps may be, they are not enough
to confront the threat.
This strategy shows an insufficient appreciation of the levels of savagery and barbarity that we have seen, and which we will continue to see over the coming days,
months and years. One consequence of this strategic short-sightedness is the appalling position taken by Ankara. This was epitomized by the image of Turkish tanks
standing silently along the border overlooking Kobani all the while ISIS forces massacred inhabitants of the city. Hundreds of thousands of Arabs and Kurds fled their
homes for the border where Turkish forces screened them for affiliation to the party of Abdullah Öcalan.
Writing in The Washington Post, on 16 October, Fareed Zakariya argues that the
idea of ultimately defeating ISIS is not possible in light of the realities on the
ground. The only feasible alternative, he writes, is “containment”, acknowledging
ISIS’s gains and preventing it from expanding further.
Containment was the policy that the West put into practice with the USSR from the
end of World War II until the fall of the Berlin Wall in 1989. But the Soviet Union
was a vast empire consisting of 15 republics that had all revolved around imperial
Russia during the Czarist era and that all subscribed to the universal ideology that
took over central and eastern Europe, spread to East Asia and attracted minds
around the world.
We should add that the USSR possessed nuclear arms. ISIS is a far cry from that.
But it does represent groups from similar backgrounds and, hence, is best compared to cancerous cells that need to be cut out.
In this type of war there are certain matters that need to be taken into consideration when formulating a successful strategy. The first is the need to understand the
nature of the enemy. If this nature includes a high degree of flexibility to shift from
one front to another then it is important to strip the enemy of this advantage.
Perhaps, it is not ideal to launch a direct offensive against ISIS in this manner. By
focusing on rapidly defeating other fronts it will be possible to cut off ISIS’s sources
of manpower and its ability to open other new fronts in this multifaceted conflict.
Second, it is important to bear in mind that time is not necessarily in favour of ISIS.
Time is in favour of the side that best exploits this condition. In this case, this entails putting paid to ISIS’s belief that the regional and international coalition against
it will gradually peter out.
The third consideration is that, according to all criteria, the balance of forces is not
in ISIS’s favour. However, ISIS will be able to overcome this issue if it manages to
overturn the operational balances of forces in the field in its own favour. It is essential to prevent this scenario, not only by means of defensive battles to protect cities
105
and villages under threat, but also through offensive battles to liberate territory
under ISIS control. We must do this before ISIS succeeds in developing limited air
power or seizes control of chemical weapons—both of which are available in Iraq
and Syria.
Fourth, we should bear in mind that ISIS has been successful in capitalizing on the
political situations in Iraq, Syria and other countries of the region, in a way that
keeps the regional and international coalition in a state of confusion. Their aims
have become contradictory: eliminate ISIS or eliminate the Bashar Al-Assad regime? Confront ISIS or confront the Shi’ite hold on power in Iraq?
Therefore, there is a need for more strategic thinking. In the final analysis, war is
not a collection of separate and isolated battles but rather a comprehensive methodology used to break the will of and ultimately destroy the enemy.
This holistic approach is all the more necessary when your adversary has a nature
that cannot be contained, that cannot be negotiated with, and is not open to compromise. If ISIS has made one thing clear during the recent period, it is that it is determined to fight until the bitter end.
http://www.aawsat.net/
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FIVE MAJOR REASONS LEADING TO ISIS EMERGENCE – ANALYSIS
OCTOBER 25, 2014
1. Branching rom Al-Qaeda
Without a doubt, the emergence of the ISIS terrorist group, which is currently calling itself the Islamic State, was closely related to an organization whose founding
leader was slain a few years ago. In terms of its main core and theoretical background, the Islamic State is an offshoot of Al-Qaeda, which has branched from the
bigger organizations. Of course, followers of the new branch have shown a special
penchant for high degrees of violence.
2. Questionable per ormance o Nouri Al-Maliki
Unlike his last years in power, when former Iraqi prime minister, Nouri Al-Maliki,
came to office succeeding his predecessor, Ibrahim al-Jaafari, he had no good command over the situation in the country. Soon after his appointment as prime minister, Baathist elements who were still loyal to the former Iraqi dictator, Saddam
Hussein, were not happy with the changes in the country. This was natural because
until quite recently, they saw themselves at the highest levels of power, but now
they had been set aside and marginalized. In order to prevent their potential opposition from turning into real action, the United States decided to give them a share
in the power game. Al Sahwa militia was made up of former Sunni soldiers who
were promised to be paid in return for fighting the extremist forces of Al-Qaeda
and protecting order in the new Iraq. According to the primary agreement, they
were supposed to be recruited by the Iraq army after a while. Maliki, however, disbanded the militia once he consolidated his power. He disarmed them without
even recruiting them for the Iraqi army. Maliki’s performance a year ago and in the
face of protests from people in Fallujah was not responsible and he chose to use
violence against Sunni protesters. As a result, those forces who had fought to protect the new order turned into critics of the situation because they had been dismissed from the political game. Of course, other inequalities under the government
of Maliki further prompted them to turn from critics into the opposition. As a result, when the ISIS attacked Iraq, they gave them a warm welcome and considered
ISIS forces as their saviors.
3. Failure o the Arab Spring
Soon after sentimental Egyptian youth along with simplistic political elite of the
country poured into the streets to celebrate the ouster of the former Egyptian
president, Mohamed Morsi, they did not know that they were paving the way for
another coup d’état in history of their country. At that time it was quite possible to
predict that after dialogue as well as peaceful change and transition to democracy
hit a deadlock, the country would fall into the vortex of violence and radicalism.
From that time, the more radical parts of the Egyptian Muslim Brotherhood became critical of the moderate figures of this group noting that if they had appeared
107
firmer in the face of their opposites, they would not have been in prison. Basically,
a review of historical events will reveal that any time that peaceful processes for
change end in failure, that change will take place in a violent manner. The fall of
the government of Morsi in Egypt caused people to lose hope in the possibility of a
soft change and it was under those circumstances that the discourse advocated by
radical groups gained more ground.
4. Developments in Syria
Most opposition groups in Syria believed that the country’s President Bashar Assad
is nearing the end of his rule and Western countries along with regional Arab states
and Turkey can speed up that process by lending their support to opposition forces
fighting against the Syrian government. However, certain factors, which cannot be
fully discussed here, changed the equation in Syria. Assad has remained in power
and those political currents which had been equipped and armed by the Syrian opposition became bigger and more dangerous. The Al-Nusra Front and the ISIS were
among the most important of those groups. Finally, those groups, which saw their
jockeying ground becoming increasingly limited in Syria, turned to its eastern
neighbor, Iraq. At that time, Iraq was a country that for a variety of reasons enjoyed enough potentials to be used by extremist groups for their activities.
5. Popularity o e tremism theory in Arab Middle East
Whether we like it or not, the theory of extremism is very popular in the Arab Middle East. There are many reasons to explain this situation. They include a sense of
humiliation among Arabs following the collapse of the Islamic civilization, especially
in relation to developments between Arabs and Israel inefficiency of political systems in this region depriving people of their right to determine their own destiny
in a peaceful manner and a host of economic and other problems. To the above list
should be added the failure of developments known as the Arab Spring. Through
those developments the Arab nations made another attempt to determine their
destiny in a peaceful manner, but their efforts failed. Therefore, a large part of the
Arab society (or maybe a small part but with a high degree of influence on other
parts) reached the conclusion that violence and brute force was the only way remained to change the status quo. That part also tried to bank on such theories as
Salafism and a return to original religious tenets to define a new path for its moves.
Future outlook
Now that situation has ended up where it is right now, failure to adopt a logical
strategy which would address the main causes that have led to this situation, can
made conditions in the Middle East even worse. A study of regional history would
reveal that the approach taken by the United States under the aegis of fighting
against terrorism in Afghanistan and Iraq has not been able to weaken terrorist
groups in the Middle East. On the opposite, it has increased the intensity and level
of terrorist attacks in this region to an unprecedented manner. As said before, the
108
current crisis in the Middle East is more a software problem rather than a hardware
one and its resolution, as such, needs soft measures. Therefore, it seems that before taking any military action, a radical treatment should be administered for this
crisis. Of course, the situation in the region is currently so critical that military
measures may need to be considered alongside more radical solutions. Perhaps
even the US President Barack Obama cannot be blamed for the current situation
because his predecessor, George W. Bush was instrumental in creating the current
situation. However, he cannot be totally exonerated of any blame as well. This is
true because the incumbent US president has practically failed to come up with a
solid strategy in relation to a crisis whose resolution calls for special attention and
calculated strategies. This is a crisis which if not controlled, as put by the Iranian
President Hassan Rouhani, can consume the entire world in its flames and lead to
spillover of a more advanced form of radicalism into European countries and the
United States.
http://www.eurasiareview.com/
109
Liban
Le ront antiterroriste oublié
20-10-2014
Des soldats libanais traversent la frontière musulmane sunnite de la ville d'Ersal, le 5 août 2014.
Reuters/Hassan Abdallah
Eclipsé par les événements en Syrie et en Irak, le Liban mène en silence sa propre
guerre contre le terrorisme. Mais son armée combat dans des conditions politiques
et militaires difficiles et dangereuses pour l'unité nationale.
De notre correspondant à Beyrouth
Moins médiatisé que Kobane, en Syrie, Mossoul ou al-Anbar, en Irak, le Liban n'en
reste pas moins un front actif et décisif dans la guerre antiterroriste décrétée
contre le groupe Etat islamique et al-Qaïda. Ces deux organisations déploient une
stratégie à multiples facettes, dans le but de s'implanter durablement au Liban, un
pays qui s'enfonce tous les jours davantage dans un climat de guerre.
La bataille d’Ersal (est), qui a opposé début août l'armée libanaise d'un côté au
Front al-Nosra - branche syrienne d'al-Qaïda - et au groupe Etat islamique de
l'autre, peut être considérée comme un tournant. Il est vrai que l'armée a réussi à
déloger les jihadistes de cette bourgade à majorité sunnite, située à la frontière libano-syrienne, au prix d'une vingtaine de tués dans ses rangs et d'une quarantaine
de soldats et de policiers enlevés par les rebelles. Mais elle ne les a pas vaincus. Ils
se sont repliés vers les montagnes de l'Anti-Liban, une zone escarpée et difficile
d'accès, qui s'étend sur 70 kilomètres et sur une profondeur allant de 2 à 7 kilomètres, entre le Liban et la Syrie. Leur nombre serait de 4 000 à 6 000 combattants,
essentiellement membres du Front al-Nosra, avec des contingents plus ou moins
importants du groupe EI et d'autres groupes islamistes.
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Une famille fuit les combats entre l'armée libanaise et les extrémistes venant de Syrie, à Ersal, ce
dimanche 3août 2014, dans le nord-est du Liban, lors de la plus grande incursion de combattants de
Syrie au Liban depuis le début de la guerre en 2011. REUTERS/Ahmad Shalha
Offensive d'al-Nosra
Selon les services de renseignement libanais, les jihadistes ont établi, ces trois dernières années, une importante infrastructure militaire dans cette région, adossée
aux montagnes syriennes du Qalamoun : dépôts d'armes et de munitions, hôpitaux
de campagne, ateliers de réparation des véhicules endommagés... Ils s'abritent
dans des grottes et des cavités naturelles ou spécialement aménagées.
Depuis leur repli d’Ersal, les jihadistes lancent des attaques contre des positions de
l'armée libanaise et du Hezbollah, lequel dispose d'importantes forces, aussi bien
des côtés libanais que syrien de la frontière. Sur le versant libanais de l'Anti-Liban,
le Hezbollah s'est déployé de manière à empêcher toute avancée des jihadistes
vers les villages dans ses fiefs au Hermel (nord-est) et à Baalbek (est). Avec l'approche de la saison des neiges, les jihadistes multiplient les tentatives d'infiltration.
Pas plus tard que dimanche 19 octobre, l'armée libanaise a pilonné à l'artillerie des
concentrations de combattants qui s'avan aient vers ses positions autour d'Ersal.
Le 5 octobre, le Front al-Nosra a lancé une vaste offensive contre des postes fortifiés du Hezbollah, dans le secteur de Brital. Les combats, d'une violence inouïe, ont
fait dix morts dans les rangs du Hezbollah et des dizaines de tués chez les jihadistes,
111
Les renforts de l'armée libanaise entrent dans Ersal, samedi 2 août, pour contenir les combats avec
le Front al-Nosra dont l'un des hauts responsables a été arrêté par l'armée libanaise.
qui ont finalement été repoussés. Selon des sources militaires libanaises, à travers
ces attaques, les jihadistes tentent de désenclaver leurs zones de déploiement et
de les relier, via un passage sûr, à la ville syrienne de Zabadani, toujours sous leur
contrôle, à l'ouest de Damas, qui leur servirait de base de repli pendant l'hiver. Jusqu'à présent, ces tentatives ont échoué.
Un acc s à la mer
A en croire le commandant en chef de l’armée libanaise, les ambitions des jihadistes vont bien plus loin. Dans une interview accordée au quotidien Le Figaro, le
9 octobre, le général Jean Kahwaji a averti que ces groupes envisagent « d'arriver
jusqu’à la mer, sans avoir pu, cependant, parvenir à cet objectif, que ce soit en Irak
ou en Syrie. La seule solution qui (leur) reste, c’est le Liban. » « Daech (le groupe
Etat islamique, NDLR) a l’intention de s'emparer des armes dont il a besoin, en attaquant, tout comme il l'a fait en Irak, les bases de l’armée libanaise », a-t-il ajouté. Et
les faits semblent lui donner raison.
Dans cette entreprise, les jihadistes peuvent compter sur l'appui de cellules dormantes implantées dans plusieurs régions du Liban et sur le soutien de partisans
dans certaines régions sunnites, notamment à Tripoli, la deuxième ville du Liban, au
nord. Ces cellules dormantes semblent être entrées en mode opératoire. Depuis
début septembre, six soldats libanais ont été tués et plusieurs autres blessés dans
des attentats perpétrés par des inconnus.
Deux attaques ont eu lieu dans la région d’Akkar au Liban-Nord, la dernière en date
s'étant déroulée le vendredi 17 octobre, lorsqu'un minibus transportant des soldats
a essuyé des tirs. Bilan : un militaire tué et un autre blessé.
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Le commandant en chef de l’armée libanaise Jean Kahwaji (D) discute avec l'ancien ministre de la
Défense Elias al-Murr (G), en août 2010. REUTERS/MOHAMED AZAKIR
Une troisième attaque mortelle a visé une position de l'armée à Beddaoui, près de
Tripoli. Enfin, deux soldats ont été tués et trois autres blessés dans l'explosion
d'une bombe au passage de leur véhicule, le 19 septembre, à Wadi Hmayed, près
d'Ersal. A Tripoli même, pas un jour ne passe sans que des grenades ne soient lancées contre des postes de l'armée. Sous le manteau de la nuit, des inconnus recouvrent les murs de certains quartiers de slogans à la gloire du groupe EI et d'alNosra.
Dé ections de soldats
Ces incidents s'accompagnent d'une campagne de propagande, incitant les soldats
sunnites à déserter l'armée libanaise, qualifiée par les jihadistes « d'armée croisée »
ou de corps « répondant aux ordres du Hezbollah et de l'Iran ». Ces dernières semaines, quatre soldats ont fait défection pour rejoindre les rangs du groupe EI ou
d'al-Nosra.
Dans des vidéos postées sur Youtube, les déserteurs avancent toujours les mêmes
arguments : défendre les sunnites contre « l'hégémonie du Hezbollah et de l'Iran ».
Le dernier déserteur en date, le soldat Abdel Menhem Khaled, originaire d’Akkar,
prête allégeance à Abou Bakr el-Baghdadi, alors que des photos de l'émir de l'EI
sont diffusées dans la vidéo, sur fond de chants jihadistes.
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Première apparition publique d'Abou Bakr al-Baghdadi, le «calife du jihad», le 5 juillet 2014.
REUTERS/Social Media Website via Reuters TV
Le déserteur s'en prend violemment à l'armée, formée selon lui « de chrétiens, de
chiites et de druzes ». « Le président est chrétien, le chef de l'armée est chrétien, la
plupart des officiers sont chrétiens et le rôle des soldats est de leur prêter allégeance. Notre armée est formée de chrétiens, de chiites et de druzes. L'armée humilie les sunnites », lance le soldat.
Ce discours montre une volonté manifeste d'affaiblir l'armée libanaise, dernière
institution multiconfessionnelle encore capable de cimenter les Libanais. Ces mises
en scène confirment les craintes du général Jean Kahwaji, qui a affirmé, au Figaro,
que « Daech cherche à provoquer une guerre civile, au Liban, en s’appuyant sur ses
partisans, à Tripoli et à Akkar ».
Ambiguïtés politiques
Certes, la majorité de la rue sunnite n'est pas favorable aux thèses extrémistes du
groupe EI. Une récente enquête d'opinion effectuée par le Washington Institut for
Near East Policy montre que seul 1 des sunnites du Liban appuie les idées de
cette organisation. Mais les jihadistes profitent du discours ambigu tenu par certaines hommes politiques libanais, dont des députés, qui, soit justifient leurs actes,
soit ne les condamnent pas avec assez de vigueur. C'est notamment le cas de deux
députés islamistes de Akkar, Khaled Daher et Mouïn Merhebi, ou encore de plusieurs ulémas, qui ont des affinités salafistes.
114
Conscient du danger que constituerait pour le Liban l'affaiblissement de l'armée, le
leader druze Walid Joumblatt multiplie les mises en garde. Ce dimanche, il a encore
appelé au ralliement autour de la troupe « qui mène une rude bataille et qui a besoin, avant tout, d’une couverture politique ». « Chaque semaine, un ou deux nouveaux martyrs de l’armée tombent, d’où la nécessité pour la troupe d'une immunité
politique et d'un minimum de consensus », a souligné Walid Joumblatt.
Un soldat libanais. AFP PHOTO IBRAHIM CHALHOUB
Deu mille arrestations
Pour tenter de faire échec à ce plan de déstabilisation, les services de sécurité renforcent leur vigilance. L'armée multiplie les perquisitions, notamment dans les campements de réfugiés syriens. Deux mille suspects ont été arrêtés depuis le mois
d'août et des quantités d'armes et de munitions ont été saisies. En plus du climat
politique tendu, caractérisé par des divisions internes, l'armée manque cruellement
de moyens. Après la bataille d’Ersal, les Etats-Unis ont, certes, livré quelques armes
et munitions. Mais les besoins sont beaucoup plus importants et toutes les promesses sont restées lettres mortes, y compris le don saoudien de trois milliards de
dollars, censé financer l'achat d'armes auprès de la France.
En attendant que l'armée re oive les armes dont elle a besoin pour affronter le péril terroriste, beaucoup de Libanais se tournent vers l'option de l'auto-sécurité.
Dans des localités chrétiennes et druzes frontalières de la Syrie, des jeunes s'arment et s'entrainent. La nuit, ils organisent des rondes pour protéger leurs villages
d'éventuelles infiltrations de jihadistes. Des scènes qui rappellent étrangement
l'ambiance à la veille de la guerre civile, en 1975.
115
http://www.rfi.fr/moyen
116
Syria
Foreign fighters flow to Syria
An estimated 15,000 militants from at least 80 nations are believed to have entered Syria to help overthrow the regime of President Bashar al-Assad according
the CIA and studies by ISCR and The Soufan Group. Many of these fighters are believed to have joined units that are now part of the Islamic State. Western officals
are concerned about what these individuals may do upon returning to their native
countries.
International Center for the Study of Radicalisation and Political Violence (ISCR),
The Soufan Group, CIA. Gene Thorp, Julie Tate and Swati Sharma. Published on October 11, 2014, 6:44 p.m.
http://www.washingtonpost.com/
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Turkey
Analysis Turkey appeases US in token gesture on Islamic State battle
Turkey is “throwing a bone to try to get the US to commit itsel against [Syrian
President Bashar] Assad,” says Israeli e pert.
Smoke and flames rise over the Syrian border town of Kobani after an airstrike, October 20, 2014. (photo credit:REUTERS)
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Turkey finally made a token concession to the US in its battle against Islamic
State, allowing some Iraqi Kurdish fighters to aid their brethren in the Kurdish Syrian town of Kobani. But it was a move made only for show.
Turkey has rejected aiding NATO in its fight against Islamic State, since Ankara sympathizes with its Sunni jihadist ideology – and because it sees the group as weakening its long time Kurdish foes.
Efraim Inbar, director of the Begin-Sadat Center for Strategic Studies at Bar-Ilan
University, told The Jerusalem Post on Monday that he sees Turkey’s latest move as
part of a negotiation process with the US.
Turkey is “throwing a bone to try to get the US to commit itself against [Syrian President Bashar] Assad,” said Inbar, adding that Erdogan’s strategic goal is to oust Assad, which will benefit Sunnis.
“Allowing a few peshmergas to cross their border might only prolong the suffering
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of the Kurds” he said, pointing out that it is likely to result in more Kurdish fighters
being killed, something “that is not inimical to Turkish interests.”
Ankara views the Syrian Kurds with deep suspicion because of their ties to the PKK,
a group that waged a decades-long militant campaign for Kurdish rights in Turkey,
and which Washington regards as a terrorist organization.
However, by allowing in Kurdish fighters from Iraq’s Kurdistan Regional Government (KRG), Turkey was able to tamper criticism of its lack of cooperation against
Islamic State and seek to appease the Kurds – who have held lethal riots against the
government’s policies in the southeastern part of the country.
Turkey has built a business- like relationship with the KRG, who are trying to export
oil independently via their northern neighbor, avoiding the central government in
Baghdad.
President Recep Tayyip Erdogan, an Islamist, who – along with Qatar – supports the
Muslim Brotherhood regionally, including Hamas, seeks Syria’s downfall at the
hands of the Islamist-dominated opposition. In the regional sectarian confrontation
between Sunnis and Shi’ites, Turkey has thrown its support behind revolutionary
Sunni movements. Consequently, that puts the country at odds with its southern
neighbors: Assad’s regime and Shi’ite-ruled Iraq.
Hence, Erdogan’s government is unlikely to do anything significant to aid the US-led
coalition against Islamic State – both for ideological and strategic purposes.
Islamic State’s regional havoc against the Kurds, the Shi’ite forces and Assad, only
serves to strengthen Turkey’s power vis-à-vis these parties, without any effort on
its part.
Moreover, for any help Erdogan is willing to grant the US and its allies, it will be
sure to receive action against Assad in return – and in support of the Islamist dominated opposition.
http://www.jpost.com/
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USA
The anti-ISIS coalition - military plans and political risks
Friday, 24 October 2014
U.S. President Barack Obama speaks at a meeting with more than 20 foreign defense chiefs to discuss the coalition efforts in the ongoing campaign against ISIS at
Joint Base Andrews in Washington Oct. 14, 2014. (Reuters)
Since President Obama’s Sept. 10 announcement of the U.S. strategy against the
Islamic State of Iraq and Syria (ISIS), a new Iraqi government has been formed. Coalition air attacks have been very tightly constrained, to minimize collateral damage
and civilian casualties. But the air strikes have had a positive effect on the morale of
Iraqi and Kurdish forces and probably prevented ISIS reaching Baghdad and Erbil.
They have also forced ISIS to adapt.
Coalition Military Plans
Statements by President Obama and senior U.S. officers indicate the contours of
the U.S.’ military strategy. The first part of the campaign is to counter ISIS in Iraq.
Secondly, moderate Syrian opposition forces will be trained and equipped. Finally,
there will be a major assault on ISIS in Syria. Currently stopping ISIS’ advances in
Iraq is US CENTCOM’s main concern, with attacks in Syria designed to ‘shape’ the
battle in Iraq.
In the short term the aim will be to stop the ISIS offensive. Provided that the Iraqi
government maintains its political stability, the Shia areas of greater Baghdad
should be held. If Iraqi politics again dissolve into chaos and disunity ISIS could pose
a credible threat to Baghdad.
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General Dempsey, Chairman of the U.S. Joint Chiefs of Staff, stated that about half
of Iraq’s 50 brigades that have been assessed by the U.S. are combat–capable. The
U.S. announced that reinforcing troops will form at least 12 ‘advice and assistance’
teams that will deploy alongside Iraqi forces down to brigade level.
The U.S. has assigned the headquarters of the 1st Infantry Division to take over the
Baghdad operations center. Their commanding general stated that the HQs mission
is to advise and assist the Iraqi forces. It will "help the Iraqis see themselves, help
them understand what their capabilities are, and what assets they have available.
We’ll focus on training their forces and getting them on the final touches as they
prepare to go to combat.’
Evidence suggests that the United States intends to focus its training and advisory
effort on selected Iraqi forces, probably on up to three or four divisions in total.
These would need to be withdrawn from the front line, receive fresh training and
equipment and integrate with U.S. and coalition military advisors. Once ready,
these would be employed in conjunction with U.S.-led coalition airpower for offensive operations against ISIS. These are likely to be methodical and deliberate operations.
The political and economic importance of Mosul means that retaking it would be
the decisive point in such an operation. But despite the local tactical success at Mosul Dam it is far from clear how long it will take before the brigades can be withdrawn from the front line, reconstituted, re-equipped and retrained in order to render them sufficiently capable of a broad counter-offensive.
Meanwhile ISIS is likely to make good use of this time to continue to increase control over the areas it occupies. ISIS units will be preparing fighting positions and
IEDs, to make any Iraqi offensive operations into these areas as difficult and costly
as possible. Furthermore, if the group can cause the United States and Iraqi forces
to inflict civilian casualties and collateral damage, ISIS’ media operation will be
quick to exploit it, thus further alienating the Sunnis and eroding regime legitimacy
outside Iraq. ISIS will have been inspired by Hamas’ recent defense of Gaza.
Political Risks
The campaign is already a complex undertaking. It will probably take years and become more complex still, and its success depends on the new Iraqi government regaining the confidence of Iraq’s Sunni communities. But many Sunni politicians
have lost credibility due to previous co-operation with the Maliki regime. Prime
Minister Haider al-Abadi will need to balance engagement with the United States,
outreach to the Sunnis and sustaining military support from Iran. These factors may
make Iraqi politics the critical limiting factor on military plans.
There is strong evidence of ISIS insurgency in Sunni communities further south in
the Iraq, particularly those in and around Baghdad. These appear to be the source
of suicide attacks against Shia in the capital, and this threat will also need to be
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managed.
Media reports provide credible evidence that intimidation and extra-judicial killings
of Sunnis have significantly increased since the summer, with evidence of complicity by Shia militias. Employment of Shia militias in offensive operations would be an
option fraught with the risk of escalation of reprisals, furthering ISIS’ apparent aims
of kindling a second Sunni/Shia civil war. Some powerful Shia militia are also
strongly opposed to the U.S. presence.
ISIS portrays the air strikes as conducted by ‘infidel crusaders’. The group’s extremely effective information operation is proving enormously influential. It is not
clear whether either the Iraqi government’s or the coalition’s information operation is adequately contesting this battle of the narrative.
The conflict is already drawing on U.S. and coalition military and intelligence capabilities from other areas, including Afghanistan, which will benefit the coalition as it
strives to understand ISIS. Even so, as time goes on the risk of a coalition strike
causing significant civilian casualties cumulatively increases.
Coalition politics are also a concern. The United States and some other nations consider Iraq the main effort, while others, such as the UK, see Syria as more important
and many of the Arab members are restricting kinetic strikes to Syria only. Meanwhile, the Turkish position is influenced by its desire to avoid Turkish Kurds gaining
more power and influence. All of these carry the risk of political and military friction.
Operations to defeat ISIS in Syria would increase risk. Whilst Iran’s aims are aligned
with the coalition in Iraq, Tehran and its ally Hezbollah have invested heavily in supporting the Assad regime. As has Russia. But the stated policy of the United States,
and some of its key allies, including the UK, is that President Assad should step
down. Mao Tse Tung once wrote that ‘'War is the highest form of struggle for resolving contradictions, when they have developed to a certain stage, between classes, nations, states, or political groups.’ Attacking ISIS in Syria will make the resolution of political and military contradictions unavoidable.
http://english.alarabiya.net/
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Yemen
Yemeni Civil War Is Looming as Houthis, Al-Qaeda E pand Territories
19:59 16/10/2014
A Houthi Shiite rebel holds a weapon while on patrol following dawn prayers attended by supporters of the rebels on the first day of the Muslim holiday of Eid al-Adha, or Feast of the Sacrifice, in
Sanaa, Yemen, Saturday, Oct. 4, 2014.
© AP Photo/ Hani Mohammed
MOSCOW, October 16 (RIA Novosti) - Houthi militants continue to expand their
control of Yemen’s territory further south, capturing today the city of Ibb, while
fighters of the local Al-Qaeda branch seized the town of Udain only 20 km away.
Shi’a and Sunni extremists may soon open Full-scale hostilities may soon commence between Shi’a and Sunni extremists, plunging the nation into a sectarian
civil war.
Houthi rebels, originating from northern Yemen, have seized more territory south
of the nation’s capital Sanaa today, including the town of Ibb. The Shi’a militants
arrived in Ibb Wednesday, Al-Jazeera reports. The rebels occupied the city without
any resistance from local police or residents, similar to when they captured the Red
Sea port city of Hudaydah Tuesday, as reported by Reuters.
Houthi rebels had captured Sanaa on September 21, and have largely taken unofficial control over the government’s ministries, while the militants continue to infiltrate the nation’s military and police. Reuters reports that Houthi fighters are increasingly becoming Yemen’s primary political power.
However, a local branch of Al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP) has occupied
the town of Udain today. It is located only 20 km west of Ibb. During the siege the
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militants killed five local policemen and burned the police headquarters. Currently,
AQAP controls a large part of the southern and southeastern provinces of Yemen.
Local officials say Sunni fighters captured Udain to balance and contain the Houthi
advance on Ibb, reports AFP.
Al-Qaeda militants and Houthi fighters engaged in combat in the town of Radda
Wednesday, leaving several dead on both sides. Later that day, Al-Qaeda fighters
advanced to the town of Odein, which they occupied after a brief skirmish with
Houthis and local police. As a result of these recent events, all out war between the
Houthis and AQAP is likely.
The Shi'a Houthi militants have known links to Iran, a troubling connection for their
Sunni neighbor Saudi Arabia. The Houthi have aligned themselves with Tehran, Damascus, Baghdad and Hezbollah and their siezure of power in Yemen is a growing
threat to the area heavily dominated by the Sunnis. If they were to clash with AQAP
it would have serious consequences for the Middle East and will represent a further
descent into chaos for the region.
http://en.ria.ru/analysis/
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