bienheureux pier giorgio frassati - Diocèse de Belley-Ars

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bienheureux pier giorgio frassati - Diocèse de Belley-Ars
BIENHEUREUX PIER GIORGIO FRASSATI :
L’ASCENSION INTÉRIEURE D’UN JEUNE ÉTUDIANT
Isabelle Piot
Pier Giorgio avait tout pour être un blessé de l’amour, un triste gars, un éternel complexé. Pourtant, il
traversa le début du XXe siècle comme une avalanche de joie et de charité. Jean-Paul II, lui-même, qui le
béatifiera en 1990, avouait avoir été bouleversé par le témoignage et la vie intérieure de cet étudiant que la
maladie a fauché à 24 ans.
Un héritier "imbécile"
© D.R.
Turin (1901) Italie. Pier Giorgio naît un 6 avril. Il est l’aîné de deux enfants. Très tôt ses
parents jugent que seule Luciana, d’un an sa cadette, est dotée de toute l’intelligence requise
pour succéder un jour à la direction du journal libéral La Stampa. Pas lui.
Son père le taxe d’imbécile et l’humilie fréquemment.
L’enfant, l’adolescent puis le jeune homme ne s’en effarouchera jamais.
Simplement, il redoublera d’efforts. Tout en respectant toujours ses parents, même lorsque,
au fil des ans, le ménage manifeste une mésentente conjugale de plus en plus grande.
Un intrépide généreux
Les qualités intérieures de Pier Giorgio passent inaperçues aux yeux de toute sa famille,
excepté sans doute de sa grand-mère maternelle. A posteriori, sa sœur se souviendra avec
émotion combien il a manifesté, pourtant, dès la petite enfance, une générosité intrépide.
Comme ce jour où, pour sauver une fillette tombée dans un trou d’eau gelée, alors qu’ils font
du patin à glace, Pier Giorgio y chute aussi pour la repêcher. Ce bain glacé aurait pu lui coûter
la vie. Il a sauvé celle d’une enfant.
Le garçon est aussi étonnamment concerné par la souffrance d’autrui. Un jour, encore
tout petit, il est seul à la maison lorsqu’une pauvre dame vient réclamer quelques sous. Que
faire ? L’idée surgit, désarçonnantede bonté. Pier Giorgio ôte ses chaussures et ses bas, les
tend à la mendiante : "Pour vos enfants", lui dit-il.
Son cœur éveillé à la misère grandit durant la première guerre mondiale. Lorsqu’elle éclate, il
ne sait comment clamer son refus ; il voudrait s’engager pour la paix, venir en aide aux
blessés, aux familles des soldats. Que faire pour que la guerre cesse ? "Je donnerai ma
vie !", soutient l’adolescent.
Les études, un vrai combat
© D.R.
"Les difficultés rencontrées dans l’étude, raconte le Père Robert Claude, un de ses biographes,
furent pour Frassati une occasion d’ascension morale." Pier Giorgio a une haute idée de son
devoir et demande qu’on prie pour que sa volonté se consolide. Il formera effectivement le
vœu de servir l’Église auprès des mineurs. Or pour concrétiser ce rêve, il doit devenir
ingénieur.
Un de ses professeurs confie l’avoir averti que "ce n’était pas gagné d’avance"… "J’ai vu
pourtant son intelligence s’épanouir comme une fleur, s’affiner et devenir peu à peu si
prompte et si souple, qu’elle lui a permis de résoudre, à force d’étude et de ténacité, n’importe
quelle difficulté".
Ses "conquêtes"
Dès 1918 - il a alors 17 ans -, Pier Giorgio s’investit dans les mouvements catholiques : les
équipes Saint-Vincent-de-Paul puis la FUCI (Fédération des Universitaires de l’Action
Catholique Italienne). Il y trouve "un réel terrain d’entraînement à la formation chrétienne et
des secteurs propices à son apostolat", soulignera Jean-Paul II.
© D.R.
Avec quelques amis, il fonde aussi la société des "Types Louches", dont le mot d’ordre est la
convivialité. Fous rires et canulars téléphoniques émaillent les relations de cette joyeuse
bande d’amis, bien décidée en outre à venir en aide aux personnes démunies du Turin ouvrier.
Le jeune homme s’y déplace muni d’un carnet dans lequel il consigne le nom de ses
"conquêtes" : des personnes dans le besoin, rencontrées ici ou là. Avec mention de ce en quoi
il peut leur venir en aide.
Il se démène alors pour obtenir un lit d’hôpital, une place à l’école ou un logement… Une
cascade de démarches à insérer dans l’emploi du temps du jeune étudiant ! Autant de
pourparlers avec les autres membres des équipes pour bénéficier de l’argent nécessaire. Le
moindre de ses revenus personnels servant illico ses œuvres. Jusqu’au prix des transports en
commun qu’il économise pour récolter quelques sous. Il conserve également livres et vieux
journaux, fait de multiples quêtes, allant de porte en porte. Le très pragmatique et très enjoué
Pier Giorgio parvient ainsi à sortir une foultitude de familles et de personnes seules de leur
embarras financiers. Il devient au passage le compagnon de jeux des enfants, le confident des
parents, offrant sa présence sympathique et ses paroles réconfortantes.
Paroles d’encouragements, paroles de confiance. Le jeune bienfaiteur incite encore et
toujours à prier.
Soif de Dieu
© D.R.
C’est une véritable victoire pour Pier Giorgio lorsqu’il obtient, à 17 ans, la possibilité de
communier chaque jour. Jusque là, sa mère y a opposé son veto, méfiante face à de ce qu’elle
prend pour de la bigoterie.
Tôt le matin, Pier Giorgio emprunte désormais l’escalier de service pour se rendre à la messe.
Il la vit intensément, sachant que "tous les jeunes gens de cran, ceux d’hier et ceux
d’aujourd’hui, nourrissent de ce pain leur volonté d’ascension", expliquera Mgr Pinardi,
évêque auxiliaire de Turin.
L’eucharistie est le centre de sa journée. Même lorsqu’il est en excursion, il y reste fidèle,
se levant aux aurores. Fidélité, recueillement fervent.
Entre 19 et 24 ans, il découvre et participe aussi à l’adoration nocturne. On le croise un
chapelet en main. Ou déclamant Dante. Ou méditant les paroles de saint Paul.
Amitiés et rayonnement
Les étudiants qui l’entourent respectent cet être entier pour "sa foi ardente, simple, entière,
inébranlable", comme l’explique un ami. "Il mettait toujours le Seigneur entre lui et nous",
dira une jeune fille qu’il aima en secret ; un amour auquel il renonce, sachant que ce sujet
risque de devenir une occasion supplémentaire de discorde entre ses parents.
On admire la droiture de Pier Giorgio. Sa sœur témoignera que la grande pureté de son
frère était manifeste aux yeux de tous. Lorsqu’une une conversation dérape par exemple, il ne
se gêne pas pour siffler ostensiblement. Son attitude tranche avec celle des autres jeunes et
leur inspire respect et sympathie. "Son secret pour gagner les esprits et les cœurs, c’était sa
charité sans alliage", assure un ami. Pier Giorgio remplit gaiement mille services anodins :
rangement de la salle après une réunion, préparation d’une fête. "Je suis à votre entière
disposition", aime-t-il répéter.
Sa charité exceptionnelle restera son secret intérieur. Un jour, en montagne, alors qu’il est
parvenu à embarquer quelques compagnons pour une excursion, l’un d’eux paraît très fatigué.
Pier Giorgio feint alors de se plaindre de tous les maux : de ses souliers trop neufs à la
courroie de son sac qui lui fait "vraiment" mal… Jusqu’à ce que la troupe accepte de faire une
pause. Pour lui. Ainsi a-t-il évité à cet ami l’humiliation de réclamer la halte.
Ce n’est rien. C’est une délicatesse. A la Pier Giorgio.
"Le vrai bien se fait comme par inadvertance, petit à petit, quotidiennement, familièrement",
déclare-t-il un jour. Mais une
inadvertance pétrie de vigilance ; pétrie d’un esprit silencieusement contemplatif ; en
attendant l’occasion de se mettre au service. Discrètement.
Vers le sommet
© D.R.
Soudainement, Pier Giorgio contracte, auprès d’une famille pauvre, une poliomyélite
foudroyante qui l’emportera en six jours. On ne décèle pas immédiatement la cause de son
mal. Et, tandis que sa grand-mère agonise dans la chambre à côté, on lui reproche son flegme.
Traîner au lit alors que son aïeule est mourante ! A 24 ans (en 1925), son témoignage de vie
prend toute sa mesure dans ces jours d’épreuve.
Tandis qu’il souffre terriblement, il pense encore à la promesse faite à une personne dans le
besoin. Péniblement, il écrit un mot pour que l’argent nécessaire lui parvienne.
Alors, le jour de son enterrement, une foule innombrable de pauvres, d’inconnus en larmes,
ceux pour lesquels il s’était tant démené, manifeste la grandeur de Pier Giorgio.
"Il mourut jeune, au terme d’une existence brève, met en avant Jean-Paul II lors de la
béatification de Pier Giorgio en 1990, mais extraordinairement riche en fruits spirituels,
s’acheminant vers la vraie patrie pour chanter les louanges de Dieu".

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