Lire l`article complet n°69 des échos du pays vosgien

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…ECHOS DU PAYS VOSGIEN…ECHOS DU PAYS VOSGIEN…ECHOS DU PAYS VOSGIEN…
La langue de chez nous
Il n’est point question de traiter ici du patois (des patois) des Vosges, longtemps considéré comme un parler
rustre, donc déconsidéré. Patoisants et linguistes nous ont convaincus qu’il n’en était rien…
Plus banalement, quel Vosgien francophone, au hasard d’une conversation à Paris par exemple, ne s’est pas
trouvé confronté à la surprise et à l’incompréhension de son interlocuteur pour avoir tout naturellement employé un
terme qu’il savait n’être pas du patois, qu’il croyait français, et qui n’était que lorrain ou vosgien, donc inusité
ailleurs. Oui, il y a des expressions qui ne sont ni du patois, ni du français national, des mots qui ont quelquefois la
consonance du patois et portent à merveille l’intonation traînante qui caractérise l’accent vosgien.*
C’est dans ce domaine langagier que la rubrique « Echos du pays vosgien » vous invite. Et si vos souvenirs
peuvent rendre une sonorité à ces échos, vous ne les savourerez que mieux car ils ne peuvent manquer de vous
rappeler et votre jeunesse et votre terroir.
Ces mots sont transcrits en italique et nécessairement dans une forme plus phonétique qu’orthographique !
Trisser
A table
L’hirondelle trisse, c’est son cri.
Pour le Vosgien, le Lorrain, trisser
évoque ce qui jaillit, éclabousse ou
asperge ‘ En roulant dans la
brocotte, l’auto m’a trissé sur ma
neuve popeline ‘. La trissotte est
d’ailleurs la petite poire en
caoutchouc des chahuteurs pour
projeter
du
liquide.
Plus
vulgairement, la trisse est un accès
de dysenterie !
Est-ce cette idée de rapidité qui
fait dire trissons-nous quand il faut
se dépêcher ou partir vite ?
Le goulaf n’est pas un gourmet :
même patraque, il boulotte sans
souci des convenances, veut toujours
en ravoir et ne se dit jamais gossé.
Le néreux est plus difficile : il
choisit ses plats ; mal manger lui
noue les nerfs ; il apprécie un frichti
bien mitonné sinon ce sera pour lui le
lit-sans-souper !
Traductions : se goinfrer – du
supplément - rassasié - petits plats comme une punition
Détails de portraits par Jean SCHERBECK
(photographies d’Anne Caracache)
Revue de propreté
La propreté primait, bien que les conditions matérielles n’aient alors rien
d’idéal pour ce faire.
Même en hiver, il fallait se laver le bec après s’être tiré du plumon si
chaud, ôter le mouchou de son nez et parfois subir une choupette sur le front.
En certaines occasions, mettre du sent bon derrière l’oreille et se laisser
gommelaquer avec la brillantine. Venait enfin le moment d’enfiler pèlerine et
passe-montagne, de chausser les schnobottes en caoutchouc ou de bien serrer
les flots des lacets de bronequins
Peut, peute
Ce terme issu du patois qualifie la
laideur physique ou morale : ‘Qu’elle
est peute, avec cette coiffure’ ‘Oh !
le peut, c’t’homme-là qui fait
s’sauver tous les gosses !’
Peut-être a-t-il son origine dans
Pouah ! cette interjection bien
française qui traduit le mépris ?
L’expression peute bête résume
un bien mauvais caractère et le
peuthomme n’est autre qu’un
effrayant croquemitaine, dont on
menace les enfants désobéissants.
Petites bêtes
A propos de beignets
Ceux de carnaval, qu’on appelle
ailleurs en France bugnes, roussettes
ou oreillettes, étaient dits keuvehhè
en patois des Hautes Vosges :
littéralement ‘culs renversés’, à cause
de leur forme nouée évocatrice.
Pudiquement, leur appellation
française locale est devenue ‘corps
renversés !
A vous de jouer
Le gueugueu se fait rare les soirs
A la ferme, qu’était-ce qu’un
d’été, mais souvenez-vous : il fallait gniau ? un jour ? une chavante ?
l’attraper, lui attacher un fil à la patte
Dans les veillées, une fiauve ? la
pour l’exhiber et faire entendre le bourre (*) ? la mérelle ?
vrombissement de ses élytres.
Côté alimentation, une vôte ? une
Le cricri, lui, on le chatouillait meurotte ? une cholande ?
avec une paille pour le voir sortir de
Même interrogation pour :
son terrier creusé dans l’herbe et
- un(e) récuse-potot
entendre vibrer son grésillant appel.
- le peurtaque
Le pince-cul était malicieusement
- une beusse
glissé dans une chemise avant de
- reciner
finir sous une semelle vengeresse.
- être marmosé
Hanneton – grillon – pince-oreille (*) Merci de communiquer la règle de ce jeu
*Se reporter à l’ouvrage de Jean LANHER et Alain LITAIZE Dictionnaire du français régional ‘Le parler de Lorraine’ aux Editions Bonneton

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