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NEVRITES DIABETIQUES: Renseignements aux
patients et leur famille
John D. Stewart, MBBS, FRCP(C), Neurologue
Hôpital Lions Gate, North Vancouver, BC
Dernière revue, juin 2006
INTRODUCTION
De nombreux diabétiques ne ressentent que peu ou aucun effet de leur diabète au
cours de leur vie. Cependant, de la même façon que le diabète peut endommager
certains organes du corps, il peut également endommager les nerfs périphériques en
créant
une
variété
de
"polynévrites".
QUE SONT LES NERFS PÉRIPHÉRIQUES?
Les nerfs périphériques ressemblent à des fils électriques. Ils s'étendent de la moëlle
épinière aux muscles, et des organes sensitifs dans l'épiderme et les articulations
jusqu'à la moëlle épinière. Ils génèrent des commandes électriques qui peuvent signaler
aux muscles de se contracter ou qui signalent lorsque l'épiderme est stimulée par le
toucher, la chaleur ou le froid. La force musculaire, une bonne sensibilité, et une
coordination et agilité satisfaisantes nécessitent un bon fonctionnement des nerfs
périphériques. Comme les autres cellules du corps, les nerfs périphériques sont des
structures vivantes qui requièrent de l'énergie. Cette énergie provient du glucose et
d'autres substances. Avec le diabète, il semble que le milieu biochimique des nerfs est
anormal, ce qui conduira éventuellement à des dommages aux fibres nerveuse.
GENRES DE NEUROPATHIES DIABÉTIQUES
Les nerfs périphériques d'un diabétique peuvent être endommagés de diverses façons,
avec les symptômes différents.
•
Polynévrite symétrique: C'est le type de névrite diabétique le plus fréquent. Les
pieds sont les premiers affectés. Si la névrite progresse, les symptômes montent
des orteils jusqu'au pied entier, et petit-à-petit, montent jusqu'au genou. Plus
tard, si la névrite progresse encore, les mains pourront aussi être atteintes. Les
symptômes d'une polynévrite sont variables et empirent presque toujours au
cours de la nuit. Le symptôme le plus commun est l'engourdissement et une
sensibilité réduite. Le patient le remarquera lorsqu'il ne pourra pas sentire, piedsnus, la texture du tapis ou la fraîcheur du plancher de la salle de bain. Il sentira
une anomalie sous la plante du pied donnant l'impression d'un bas "en
accordéon" ou d'une déformation dans la semelle de la chaussure ou encore il
aura la sensation de marcher sur des cailloux, bien qu'il n'en soit pas le cas.
D'autres symptômes fréquents consistent en une sensation de fourmillement et
picottement dans les pieds qui, chez certains patients, deviennent une
douleureuse sensation brulante.
Une autre trait très commun de la polynévrite est la froideur des pieds. Souvent,
les pieds sont véritablement froids et le/la partenaire s'en plaint au lit la nuit.
Toutefois, le patient peut croire avoir les pieds froids, mais lorsqu'il les touche
avec ses mains, ceci n'est pas le cas. Cette anomalie résulte du fait que les nerfs
sensitifs des pieds envoient des renseignements erronés au cerveau du patient
qui croit ses pieds froids, ce qui est faux.
Un autre symptôme est l'extrême sensibilité des pieds au toucher. Les patients le
remarquent la nuit lorsqu'ils découvrent que le toucher et la pression des
couvertures du lit sur leurs pieds sont déplaisants. Il y a parfois une décoloration
des pieds qui deviennent rouge sombre ou anormalement pâles. La décoloration
peut osciller entre les deux extrêmes.
Lorsqe sévère, une polynévrite peut atteindre les fibres des nerfs sensitifs qui
signalent au patient où se trouvent ses pieds. Le patient vacille en marchant.
Ceci est aggravé par la faiblesse des muscles des jambes et des pieds, due à
l'atteinte des fibres nerveuses qui contrôlent le mouvement musculaire.
De nombreux patients attribuent les symptômes de sensation anormale aux
pieds à des problèmes circulatoires. Bien qu'il soit vrai que les diabétiques
peuvent avoir des artères obstruées aux jambes, les symptômes mentionnés cihaut sont causés par une malfonction nerveuse, et non par une obstruction
artérielle.
Le médecin cherchera des signes de polynévrite chez le patient en vérifiant la
force musculaire et les réflexes. Il examinera aussi la façon dont le patient
ressent différents stimuli tels le toucher, la piqure d'une épingle et la vibration
d'un diapason.
•
Les névrites compressives: Plusieurs nerfs du corps passent par des espaces
restreints où ils sont susceptibles d'être comprimés. Ceci se produit plus
fréquemment chez les diabétiques que chez les non-diabétiques. Les exemples
classiques de nevrites compressives pouvant affliger les diabétiques sont le
syndrome du canal carpien et la compression du nerf cubital du coude. Le
syndrome du canal carpien: Ceci résulte d'une pression sur le nerf médian
lorsqu'il passe par un étroit passage dans le poignet. Ce problème commun se
retrouve plus souvent chez les diabétiques que chez les non-diabétiques. Les
symptômes sont l'engourdissement et le picottement des doigts et ils sont plus
marqués la nuit que la jour. Ces symptômes réveilleront les patients qui secouent
ou frottent leurs mains pour les soulager. Si les symptômes progressent sans
traitement, les mains deviendront par fois difficile à utiliser. Nevrites du nerf
cubital: Le nerf cubital est un gros nerf qui traverse la partie interne du coude;
c'est souvent appelé "petit-juif". Lorsque vous le heurtez, vous sentez une
décharge électrique dans le coude qui peut envoyer des picottements jusquâu
petit doigt. Les diabétiques peuvent avoir ce nerf endommagé au coude et ceci
produit l'engourdissement du petit doigt et une maladresse de la main.
•
Névrite diabétique proximale: Cette condition est beaucoup moins fréquente que
celles déjà mentionnées. Les symptômes consistent en une douleur dans la
région de l'aine et des muscles de la cuisse, et une faiblesse et un
engourdissement de la cuisse. Ces symptômes peuvent apparaître d'un seul
côté ou aux deux. Ils peuvent être accompagnés par une perte de poids.
•
Névrite diabétique tronculaire: Celle-ci fait également partie des névrites
diabétiques moins fréquentes. Les symptômes caractéristiques sont un
engourdissement, un fourmillement et la sensation d'avoir une parcelle de peau
brûlée à l'avant ou à l'arrière de la poitrine ou de l'abdomen. Un autre symptôme
caractéristique est une hypersensibilité de la peau qui rend même le contact
avec les vêtements déplaisant.
•
Névrite diabétique autonome: Le système nerveux autonome est un réseau de
nerfs qui contrôle de nombreuses fonctions de l'organisme que nous prennons
pour acquises, comme par example, le contrôle de la tension artérielle, de
l'estomac, de la fonction intestinale, des fonctions urinaire et sexuelle, de la
sudorification et de la température. Chez les diabétiques, un fonctionnement
anormale de ces nerfs est relativement. Les symptômes de malfonction des nerfs
autonomes incluent une chûte de tension artérielle lorsque la personne se lève.
Ceci est particulièrement évident le matin lors de la sortie du lit, et est soulagé
lorsque la personne s'assoît ou se couche sur le lit. Le ballonnement après un
repas, ainsi qu'une diarrhée ou une constipation inexplicable sont aussi des
symptômes d'une perturbation nerveuse autonome. Des troubles de la vessie
peuvent également être dûs à une perturbation nerveuse autonome. Bien que les
patients n'en soient pas toujours conscients, une sudorification excessive peut se
produire ches les diabétiques avec une nevrite autonome. Certains patients
éprouvent un phénomène appelé "sudation gustative", c'est à dire une sudation
excessive du visage et de la tête après les repas. Il est parfois possible
d'identifier les aliments particuliers que dêclenchent ce phénomène.
La seule perturbation autonome qui est fréquente chez les diabétiques est celle
de dysfonctionnement sexuel chez les hommes. L'érections se produit
normalement lors d'une dérivation du sang vers le tissue spongieux de pénis. Ce
processus est contrôlé par des fibres nerveuses particulièrement susceptibles à
la détérioration chez les diabétiques. Ainsi, environs 40% des hommes
diabétiques développeront des érections affaiblies.
QUELLES CATÉGORIES DE DIABÉTIQUES PEUVENT DÉVELOPPER UNE
NÉVRITE?
Les diabétiques insulinodépendants et les non-insulinodépendants peuvent tous deux
développer des névrites. Généralement comme avec la plupart des complications
diabétiques, les patients présentant un diabète sévère et des glycémies non-contrôlées
ainsi qu'un diabète de longue durée, sont plus exposés aux complications. Cependant,
il existe une énorme variabilité et certains patients peuvent même développer une
neuropathie avant que leur diabète ait été détecté. Par contre, d'autres patients peuvent
être diabétiques pendant de nombreuses années et ne développent pas une névrite.
TESTS POUR UNE NÉVRITE
Lorsqu'un médecin désire confirmer le diagnostic de névrite, il obtiendra pour son
patient une consultation avec un neurologue, ou il demandera un test
d'électromyographie (EMG). Au laboratoire d'EMG, la névrite est vérifiée à l'aide de
légers chocs électriques donnés aux nerfs pendant lesquels l'activité musculaire est
enregistrée. Ce test peut être compléte par l'insertion d'une fine aiguille dans un ou
plusieurs
muscles.
COMMENT TRAITER UNE NÉVRITE?
Certaines névrites peuvent s'améliorer sans l'aide d'un traitement spécifique. La névrite
diabétique proximale et la névrite tronculaire en sont deux exemples. Les deux sont des
conditions douleureuses et la douleur doit être traitée; cependant les nerfs se réparent
progressivement d'eux-mêmes, et la faiblesse et l'engourdissement s'atténuent.
Néamoins, la polynévrite symétrique, la plus fréquente des névrites diabétiques, ne
s'améliore pas toute seule et aucun médicament ne peut la guérir ou en interrompre la
progression. Cependant, il a été demontré d'un façon convainquante qu'un très bon
contrôle du diabète semble empêcher ou retarder le développement de la névrite, et
semble aussi ralentire son aggravation.
Il est très important de contrôler la douleur, la sensation de brulûre et l'inconfort chez les
diabétiques avec polynévrite. Dans les cas mineurs, on recommande l'aspirine ou
l'acétaminophène ou ces deux médicaments combinés à de faibles doses de codéine.
Pour les symptômes plus marqués, deux médicaments peuvent être prescrits, soit la
carbamazépine (Tegretol) ou la phénytoine (Dilantin), servant également au contrôle de
l'épilepsie. L'autre groupe de médicaments qui peuvent être très efficaces est le groupe
des antidépresseurs. Il a été montré que ces médicaments réduisent consiérablement
les douleurs de toutes sortes et plus particuliêrement la douleur résultant du dommage
des nerfs. Une autre mesure qui peut être prise par les patients est de porter des bas
épais et doux au lit afin de garder les pieds chauds et les proteger du frottement avec la
literie. Une autre mesure consiste à former un arceau sous les couvertures au pied du
lit pour empêcher le contact des couvertures avec les pieds, tout en couvrant le pied du
lit et ainsi garder les pieds chauds.
Des ulcères aux pieds peuvent résulter d'une polynévrite. Les ulcères sont dûes au fait
que les patients diabétiques ont une sensibilité réduite des pieds et ne sont pas toujours
conscient de l'inconfort causé par une chaussure trop étroite. Ceci pourrait causer une
lésion de la peau et résulter en ulcère du pied. Il est donc important de bien se
chausser et de bien prendre soin des pieds, tel que mentionné dans divers feuillets
d'information à l'intention des diabétiques.
Le traitement du syndrome du canal carpien est le même pour un diabétique ou un nondiabétique. Le premier étape est de porter, la nuit, une attelle au poignet. Cette
méthode contrôle souvent les symptômes de jour aussi. Si les symptômes persistent,
ne s'ameliorent pas, une simple décompression chirurgicale du nerf dans le poignet est
recommandée. Pour les névrites du nerf cubital au coude, la premiêre étape est d'éviter
de s'appuyer sur les coudes pour ne plus écraser le nerf. Une décompression
chirurgicale de ce nerf est parfois pratiquée.