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Sommaire
Préambule ................................................................................................................................................... 4
01. Opération Lusty
Un transfert de technologie digne de James Bond ......................................................................... 6
02. Arado
Des « laboureurs des mer » à l’avion à réaction ............................................................................ 22
03. Götz et Sommer
Deux aviateurs inséparables durant toute la guerre ..................................................................... 26
04. 12 septembre 1942
Le premier et unique combat stratosphérique de l’Histoire.......................................................... 34
05. Arado Ar 234
De la reconnaissance au bombardement ....................................................................................... 42
06. Juvincourt
La plus grande base de la Luftwaffe en France.............................................................................. 64
07. 2 août 1944
La toute première mission de guerre d’un avion à réaction.......................................................... 78
08. Dans le cockpit de l’Arado
Survol des plages du Débarquement à 800 km/h........................................................................... 90
09. En guise d’épilogue ......................................................................................................................... 124
10. Remerciements................................................................................................................................ 128
Ce livre est dédié à la mémoire des aviateurs émérites suivants :
Roland Garros, Heinrich Lübbe, Horst Götz, Erich Sommer,
Emmanuel Gallitzine, Roy Brown.
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Machines exceptionnelles
pour pilotes d’exception
Ci-dessus : profil du Ju-86R « T5+PM » de Sommer et Götz. (DR.)
Ci-dessous : fiche technique américaine datée de 1944 et présentant le Ju-86 dans
sa version P. La version R était trop rare pour figurer dans cet « US Intelligence Book ».
(DR.)
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Conçu à l’origine comme avion commercial,
transformable en bombardier au début des
années 1930, le Junkers 86 volera pour la première fois en 1934. L’armée recevra ses appareils en février 1936 et les premiers avions
commerciaux équipés de dix sièges seront
livrés à Swissair en avril de la même année.
Il en sera vendu également à la Suède, à
l’Afrique du Sud, au Chili ou encore au Portugal.
Avec ses moteurs Diesel deux temps Jumo
205 développant 600 chevaux, sa vitesse de
croisière avoisine les 300 km/h. Cinq Ju 86 D
ont volé avec la Légion Condor en Espagne
où ils se sont révélés décevants. Au cours de
1939 une version améliorée avec une aile à
grand développement de 32 mètres, dotée
de moteurs Jumo 207 de 1 000 chevaux et
d’une cabine pressurisée, volera à 45 000
pieds et à une vitesse approchant les 400
km/h.
Si la puissance a été pratiquement multipliée
par deux en cinq ans, la conception des
moteurs reste identique : six cylindres verticaux avec deux pistons, face à face, par
cylindres attelés à deux vilebrequins, l’un audessus, l’autre au-dessous, couplés par des
trains d’engrenages. Les pistons supérieurs
démasquent les lumières d’admission, les
inférieurs les lumières d’échappement. Ils sont
alimentés par un turbocompresseur à deux
étages. L’alésage initial de 105 mm a été porté
à 110 mm pour une course de deux fois 160
mm. Le volume passe ainsi de 16,6 à 18,3
litres. Ces moteurs Jumo 207 B pèsent 650
kilos et ont la consommation la plus basse,
pour une puissance égale, de tous les
moteurs à piston de l’époque.
Pour les missions d’août et septembre 1942,
le « T5+PM » emporte une seule bombe de
250 kilos et il dispose d’un viseur de bombardement de précision gyroscopique, « Lotfe
7 E », qui remplaçait le « X-Geräte » devenu
obsolète.
La famille des Spitfire, avions mythiques, est
mieux connue. Pour contrecarrer les attaques
des « raiders », Supermarine développa
d’abord un Mk VI à aile allongée : 40 ft.2 in.
Puis un Mk VII avec un moteur Merlin 61 biturbo-compressé avec cabine pressurisée et
enfin, en 1942, un Mk IX qui représente une
synthèse des développements précédents
mais, curieusement, sans pressurisation ni
aile allongée. Il est équipé d’un radar de poursuite. Pour être plus léger, et donc plus rapide, ce Spitfire stratosphérique n’est armé que
de deux canons de 20 m/m Hispano, les
mitrailleuses et le blindage ayant été démontés et l’hélice en métal remplacée par une
plus légère en bois. Ces modifications procurent un gain de poids de 450 livres.
Emmanuel Galitzine réceptionne le B.S. 273
Mk IX le 10 septembre 1942 sur la base de
Northolt, où la RAF a créé le Special Flight.
Le même jour, il effectue un second vol pour
tester les canons. Emmanuel Galitzine rapporte alors que l’appareil était particulièrement agréable à piloter. Juste après ces vols
de recette, il le mènera en opération.
Retrouvailles chaleureuses en
1975 entre les ennemis d'hier
Curieusement, on retrouvera ces trois aviateurs en France en août 1944. Götz et Sommer, basés à Juvincourt, effectueront pour la
première fois, des vols de reconnaissance à
bord d’avions à réaction Arado 234 au-dessus de la Normandie dès le 2 août. Quant à
Galitzine, après avoir décollé de Calvi, il atterrira dans un vignoble, grossièrement surfacé, à Ramatuelle le 17 août dans le cadre de
l’Opération Anvil Dragoon (débarquement en
Provence).
Dans ces conditions, avec des machines si
différentes et sur des théâtres d’opérations
si éloignés, il était peu probable
qu’ils puissent, à nouveau, se
retrouver dans le ciel de France.
Mais les liens que ce combat avait
créé entre ces As étaient si forts,
qu’à l’initiative d’Emmanuel Galitzine, les acteurs de l’unique combat stratosphérique de toute la
Seconde Guerre mondiale, se rencontreront à Londres en 1975 pour
comparer leurs Log Books.
Comme le rapporte le Daily Express, « the best of enemies » se
raconteront à cette occasion avec
fierté tous les détails de cet affrontement qui fait désormais partie
de l’Histoire.
Ci-dessus : rapport du
combat du 12 septembre 1942, rédigé par
Emmanuel Galitzine.
Ci-contre : coupure du
Daily Express du 7
novembre 1975 montrant Emmanuel Galitzine et Hosrt Götz comparant leurs logbooks à
Londres.
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Durant cette première sortie opérationnelle
de l’Arado, la Luftwaffe recueillera davantage d’informations que durant les deux mois
précédents. On peut logiquement en déduire que, au soir du 2 août, Hitler a dû recommander l’utilisation des V2, même s’ils
n’étaient pas encore au point. Heureusement
pour les Alliés, le Führer n’en a pas décidé
ainsi.
Les photos prises par les Arado de Sommer
et Götz au-dessus de la Normandie ont été,
comme tous les autres clichés de la Luft-
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waffe, archivées à Berlin-Tempelhof. Elles
seront saisies en 1945 par l’armée soviétique et stockées dans des péniches dans
le but d’être exploitées ultérieurement en
URSS. Se retrouvant en zone US du fait du
partage de la capitale allemande en quatre
secteurs, les péniches en question sont alors
récupérées par les Américains dans le cadre
de l’opération « Dick Tracy » et transférées
aux Etats-Unis.
Plus tard, lorsque les autorités soviétiques
réclameront les fameux clichés, on leur
répondra que les péniches ont été malen-
contreusement incendiées et coulées.
Cachées aux National Archives de Washington, je ne les y ai découvertes qu’après la
chute du Mur de Berlin. Des quelque cinq
mille photos prises en treize missions audessus de la Normandie et de la Bretagne
durant l’été 1944, il n’en reste, hélas, qu’une
trentaine à la NARA, à Washington. Il est probable que l’US Air Force en détienne
quelques unes ici ou là…
Caractéristiques Arado Ar 234 et V7
Moteurs : 2 x Jumo 004 B-0
Type : turboréacteur
Poussée unitaire : 900 kgp
Envergure : 14, 20 m
Longueur : 12, 56 m
Hauteur : 3, 81 m
Surface alaire : 26, 4 m2
Masses : 4 750 kg (à vide)
8 700 kg (maximum)
Vitesse moyenne : 760 km/h environ
(Notons qu’Erich Sommer atteindra la vitesse de 950 km/h lors d’un piqué effectué lors
du vol n°2 du 26 juin 1944)
Plafond : 10 000 m
Rayon d’action : 800 km environ
Armement : aucun
Appareil de prise de vue : 2 x Rb50/30
Un survol de Londres pas prévu au programme
Après avoir quitté Juvincourt le 28 août 1944, les treize missions de reconnaissance sur la Normandie accomplies, les deux avions du Commando Götz atterrissent à Chièvres, en Belgique. On les trouve ensuite à Volkel, en Hollande, puis en septembre à Rhein, près d’Osnabrück.
Le 9 septembre, Erich Sommer reçoit l’ordre d’effectuer une mission de reconnaissance sur l’estuaire de la
Tamise le jour suivant. La tentation est trop forte pour Sommer, qui ne peut s’empêcher d’aller survoler Londres
si proche et vérifier ainsi les impacts des V1 et V2. Cette infraction à l’interdiction de survoler les terres sur
lesquelles l’Arado aurait pu s’écraser, ajoutée au fait que les impacts révélés par les photos montraient que
les V2 n’atteignaient pas leurs objectifs, valent au pilote une comparution en Cour martiale. Suite à l’intervention directe de son camarade Horst Götz auprès de Göring, la procédure sera finalement annulée.
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L’aviation est en perpétuel bouleversement depuis plus d’un siècle. Des leçons de pilotage qui
lui ont été données par son ami Roland Garros à la création de l’entreprise Arado, Heinrich
Lübbe a, en trente ans, par sa culture de l’excellence technologique, apporté une contribution
déterminante à l’évolution du transport aérien.
Ses machines, les premiers jets du monde, pilotées par des hommes d’exception, « des moustachus » tels que Horst Götz et Erich Sommer, ont rapporté des plages du Débarquement des
images extraordinaires révélant avec une précision stupéfiante l’ensemble du dispositif allié.
Ces clichés, inconnus jusque là du public, apportent un éclairage nouveau sur la Bataille de
Normandie, en même temps qu’ils attestent de l’incontestable avance acquise par les Allemands
dans le domaine de l’aviation à réaction. Ce n’est pas pour rien que, sitôt la capitulation allemande, les Américains se sont empressés de transférer aux USA les Arado Ar 234 et Messerschmitt 262 pour en percer tous les secrets.
En plus des vues aériennes top secrètes, l’iconographie de cet ouvrage est enrichie par une
vingtaine de photos provenant des archives personnelles d’Erich Sommer, et qui n’avaient encore jamais été publiées.
L’histoire racontée dans ce livre tient à fois du récit de guerre et du roman d’espionnage. A ce
détail près que tout y est rigoureusement authentique.
Philippe Bauduin a vécu le Débarquement allié et a vu ces curieuses machines, les Arado Ar
234, dans le ciel de Normandie au cours de l’été 1944. Après des études scientifiques, il fut officier interprétateur photo dans l’Armée de l’Air. Il entreprend ensuite une carrière d’aménageur
du territoire par la diffusion de l’innovation technologique. A la retraite, il écrit des ouvrages sur
les aspects techniques et logistiques du Débarquement et des biographies d’aviateurs ayant eu
des destins peu communs.
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