HORST - L`ARgoT

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HORST - L`ARgoT
HORST : apothéose de l'élégance d'un siècle passé
Auteure : Rebeca Preda
Dernière mise à jour : 09/07/2015
L’exposition
itinérante,
présentée au Musée McCord du
14 mai au 23 août 2015, est la «
première grande rétrospective »1
de l’artiste photographe Horst P.
Horst (1906-1999)2.
Cet évènement est rendu
possible grâce3 au désir du Victoria & Albert Museum de Londres, aussi connu comme le
V&A, de mettre en circulation plus de trois cents items, dont deux cents tirages et une
centaine d'artefacts sous vitrine. La grande majorité de ces derniers sont des objets
personnels ayant appartenu à l’artiste, comme des cahiers de croquis, des lettres
personnelles, des numéros de Vogue. La scénographie, ainsi que la trame chromatique, ont
été grandement inspirées4 de l’exposition affichée à Londres. L’implication de Christiane
Michaud, designer de profession, a eu un impact essentiel5 dans cette entreprise. Cette
dernière a voyagé au V&A et a collaboré avec l’équipe londonienne, afin que la
réadaptation montréalaise se fasse adéquatement. Afin de maintenir la scénographie
originale, la designer a collaboré avec la chargée de projet du McCord, Madame Justine
Jacob-Roy ; leur travail joint6 met l’accent désormais sur certains éléments essentiels.
1
Musée McCord, Montréal, 2015, Horst : photographe de l’élégance. Catalogue d’exposition. (Montréal, Musée McCord, 14 mai
2015 – 23 août 2015).
2
3
Ibid.
Ibid.
4
Tel que mentionnée par Mme. Roy (Justine Jacob-Roy, coordonatrice d’exposition au McCord, communication personnelle, 20 mai
2015), la scénographie du McCord reprend le plus fidèlement possible celle du V&A.
5
6
Ibid.
Tel que mentionnée par Mme. Roy (Justine Jacob-Roy, coordonatrice d’exposition au McCord, communication personnelle, 20 mai
2015), la collaboration jointe entre la coordonatrice et la designer a été d’une importance capitale.
On peut tout d’abord parler du plancher de l’exposition, qui joue un rôle majeur
dans l’appropriation des œuvres. Les losanges en noir et blanc reprennent visuellement la
trame chromatique des tirages présentés, qui sont eux-mêmes en noir et blanc. Cette reprise
chromatique crée désormais une uniformité visuelle.
Deux autres éléments importants sont la dynamisation du milieu par la création
d’espaces distincts, ainsi que
la fluctuation dans l’intensité de l’éclairage. Ces
interventions facilitent l’appropriation et la compréhension du spectateur. La création de
murs et d’angles crée l’illusion d’un espace plus grand, et permet par endroits une intimité
propice à la réflexion. Cette segmentation est utilitaire, chaque recoin présente une étape
différente de la carrière de l’artiste.
La lumière, ou plutôt l’absence de cette dernière, est évidente à l’entrée de la
galerie. L’espace singulier est tamisé par une douce lumière, et il est tapissé en longueur
de tirages de mode en noir et blanc. Au milieu de la pièce, un écrin de verre de grande
dimension abrite huit robes haute-couture des années 1930.
Selon Justine Jacob-Roy
7
cette tridimensionnalité
incite l’imagination du
spectateur, en évoquant avec une plus grande facilité l’effervescence du siècle passé. La
lumière est utilisée pour créer une contemplation, mais également dans un but utilitaire ;
un éclairage trop puissant abîmerait les robes.
Le spectateur est désormais plongé dans l’univers de Horst, avec des robes hautecouture, des tirages de mode, et quelques représentations de l’enfance de l’artiste. Un grand
cartel, élément récurrent dans chaque délimitation de l’exposition, présente ici une brève
description de ce que le spectateur s’apprête à voir. On introduit Horst comme l’Allemand
américanisé, le maître des jeux de lumière, la figure internationale qui travaille dans les
studios de Paris et de Londres, pour Vogue et House&Garden. C’est une présentation
sommaire et stéréotypée, qui ne laisse rien prévoir sur la diversité de la pratique du
personnage. Ce n’est que l’exploration de l’exposition dans son entièreté qui révèlera au
spectateur la complexité de l’artiste.
7
Tel que mentionnée par Mme. Roy (Justine Jacob-Roy, coordonatrice d’exposition au McCord communication personnelle, 20 mai
2015), la présence des robes allume l'imagination du spectateur.
La haute Couture
Horst donnant des directives, avec Lisa Fonssagrives,
1949. Photo par Roy Stevens/Time & Life Pictures/Getty Images8
La très grande majorité des photographies de l'exposition sont des tirages de mode,
une part considérable de ces derniers étant des originaux9 provenant des archives de la
revue Vogue. Horst se joint à l’entreprise en 193110, et devient en quelques années le
photographe principal.
Le métier de modèle est à cette époque un concept nouveau, alors l’artiste met en
scène bien souvent les membres de l’équipe éditoriale 11, mais aussi des actrices et des
aristocrates. Les modèles masculins sont plus rares, mais à tout le moins présents. Ce qui
frappe au premier regard le spectateur, c’est la recherche évidente d’une composition
élégante et dynamique. Le noir et blanc accentuent non seulement la texture des matériaux,
mais aussi l’élancé des silhouettes.
Le surréalisme
En jouant sur les textures et les juxtapositions, Horst plonge sa photographie dans
le mouvement surréaliste. On y présente des mains et des pieds, des vases et des nuages,
8
9
V&A, Horst: Photographer of Style - About the Exhibition. En ligne.
Tel que mentionné dans le panneau explicatif La Haute Couture, affiché dans la salle.
10
11
Ibid.
Ibid.
des photographies historiques anglaises et des portraits satyriques. C’est une recherche
esthétique avouée à travers un éclectisme sans retenue ; dans certaines photographies, il
semble que le grand ami et collaborateur du photographe, Salvador Dali, a eu sa part
d’influence.
Les Voyages
Horst P. Horst, Vue des ruines du palais de Persépolis, Perse, 1949. © Condé Nast/Horst Estate12.
Un certain cliché de la culture populaire mentionne qu’un vrai artiste, c’est celui
qui n’arrête jamais ses explorations et qui diversifie ses champs d’intérêt. En longeant les
murs de l’exposition on découvre des photographies de voyages. Le panneau explicatif13
donne ici quelques informations ; en l’an 1949, l’artiste accompagné de son ami Lawford,
conseiller britannique à l’ambassade du Téhéran, arrive à Persépolis et obtient la
permission de prendre des clichés de ruines nouvellement découvertes. L’année suivante,
Horst est envoyé par Vogue au Moyen-Orient pour documenter la migration de la
population Qashqa’i. Qu’il s’agisse de détails de l’art rupestre hittite, où de la texture des
tentes nomades, Horst semble concentrer son art dans cette dualité nature/culture.
Les motifs organiques
Rendus à cette étape de l’exposition, le spectateur réalise que Horst n’était pas
seulement un photographe de mode, mais bien un artiste explorateur dans l’âme. Le
12
V&A, Horst: Photographer of Style - About the Exhibition. En ligne.
< http://www.vam.ac.uk/content/exhibitions/exhibition-horst-photographer-of-style/about-the-exhibition/ >. Consulté le 21 mai 2015.
13
Tel que mentionné dans le panneau explicatif Les Voyages, affiché dans la salle
photographe continue d’étudier la nature et la végétation, par des clichés qui célèbrent
l’esthétique organique. Il crée ainsi des gros-plans de succulentes, coquillages, et plantes
diverses, et également ce qu’il intitule Motifs Photographiques. Ces dernières œuvres ont
à la base une image organique, qui se dédouble de manière incessante ; il y a un rappel
évident à l’esthétique du kaléidoscope.
La culture populaire associe Horst aux icônes comme Coco Chanel, Marlene
Dietrich et Viviene Leigh, aux grands couturiers tels que Lanvin, Lucien Lelong et Vionnet,
aux joailleries de Cartier et Boucheron. Cette rétrospective permet cependant au spectateur
de se familiariser avec un Horst qui étend ses expérimentations artistiques au-delà de la
mode et du cinéma. Ses explorations des nouvelles cultures, paysages et motifs organiques
révèlent ici un artiste digne d’être découvert.
Bibliographie
Musée McCord, Montréal, 2015, Horst : photographe de l’élégance. Catalogue
d’exposition. (Montréal, Musée McCord, 14 mai 2015 – 23 août 2015 ).
Entrevue avec Mme. Roy ( Justine Jacob-Roy, coordonatrice d’exposition au McCord,
communication personnelle, 20 mai 2015).
V&A, Horst: Photographer of Style - About the Exhibition. En ligne.
<http://www.vam.ac.uk/content/exhibitions/exhibition-horst-photographer-of style/aboutthe-exhibition/ >. Consulté le 21 mai 2015.