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NUTRICASUS Le Journal de la Médecine Nutritionnelle et Fonctionnelle Pratique N°5, mai 2006 Editorial La Nutrition au Secours des Anti-Dépresseurs L’Organisation Mondiale de la Santé classe la dépression à la quatrième place des principaux responsables de morts prématurées et de morbidité des individus vivant dans les pays industrialisés. En terme d’efficacité, les antidépresseurs stagnent depuis leur introduction dans les années 1950. Une évaluation objective de plus de 9000 essais cliniques révèle que le taux de réponse des patients déprimés (correspondant à une amélioration de plus de 50% par rapport à une échelle standardisée) n’a pas changé depuis l’introduction des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Une diminution du tonus sérotoninergique est pourtant considérée comme le principal responsable de l’origine des dépressions. La compréhension nutritionnelle de la neuro-transmission monoaminergique (sérotonine, dopamine et noradrénaline) offre l’opportunité unique d’améliorer de manière significative l’état thymique des patients. La synthèse des monoamines se fait à partir d’acides aminés. Le précurseur de la sérotonine, le tryptophane, est d’ailleurs essentiel. Le métabolisme des monoamines implique des réactions de méthylation correctes et nécessite donc des apports suffisants de vitamines B6, B9 et B12. La fluidité des membranes pré et post-synaptiques doit être optimale pour que le tonus monoaminergique puisse s’exprimer normalement. Il n’est pas étonnant que la concentration en acide docosahexaénoïque (DHA) soit la plus élevée au niveau des membranes synaptiques. Quelques principes nutritionnels de base respectés, et voici que les antidépresseurs se mettent à fonctionner voire à ne plus être nécessaires... Nutritionnellement vôtre Ellipsys S.A. Le Cas Clinique du mois : Patiente déprimée, peu améliorée par la fluoxétine Histoire de la Patiente Motif de la consultation : Jeune femme souffrant d’une dépression depuis plus d’un an sans amélioration nette malgré un traitement psychothérapeutique et la prescription de fluoxétine, un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine. Anamnèse : • Patiente âgée de 38 ans. • Secrétaire dans une agence immobilière, mère de trois enfants âgés de 10, 8 et 2 ans. • Etat dépressif qui s’est installé progressivement après la naissance du troisième enfant et s’est aggravé durant cette dernière année suite à des problèmes de conflits (mineurs) sur le lieu de travail. La patiente se déclare constamment « sur les nerfs ». • La patiente suit une psychothérapie qui a révélé des conflits avec sa mère dans l’enfance (mère autoritaire, non chaleureuse, dévalorisante). • Se plaint de constipation chronique et de digestion parfois difficile (surtout pour les repas gras) Clinique • Poids : 53 kilos, taille 166 cm • Examen clinique sans particularité Examens de Biologie Fonctionnelle et Nutritionnelle prescrits : • Profil des neuromédiateurs • Profil des acides gras • Homocystéine NUTRICASUS Le Journal de la Médecine Nutritionnelle et Fonctionnelle Pratique Le Cas Clinique du Mois : Résultats et Interprétation PROFIL DES NEUROMEDIATEURS Le profil des neuromédiateurs est profondément perturbé. Les concentrations urinaires des métabolites des trois monamines (dopamine, noradrénaline et sérotonine) sont effondrées. PROFIL DES ACIDES GRAS Le taux sérique de la plupart des acides gras est en dessous de la moyenne. La patiente présente une carence en acide éicosapentaénoïque (EPA) et un déficit sévère en acide docosahexaénoïque. L’excès d’acide linoléique (LN) par rapport à l’acide gammalinolénique (GLA) et celui d’acide alphalinolénique par rapport à l’acide eicosapentaénoïque témoigne d’une activité altérée de la désaturase delta-6. Le rapport oméga-6/oméga-3 est anormalement élevé. HOMOCYSTEINE: 14.8 µM Le taux «santé» de l’homocystéine, témoin entre autres du bon fonctionnement des réactions de méthylation, se situe aux alentours de 7 à 8 µM. Le profil des neuromédiateurs permet de comprendre d’emblée l’échec thérapeutique de l’antidépresseur (fluoxétine) prescrit à la patiente. En effet, les taux de sérotonine sont au plus bas. Aussi, inhiber la recapture d’une molécule qui est quasiment absente des synapses ne peut logiquement pas avoir un impact favorable sur le tonus sérotoninergique. Pour les mêmes raisons, des antidépresseurs tricycliques ou des IMAOs (inhibiteurs des monoamines oxydases) ne pourraient avoir qu’une efficacité très limitée. Il est impératif de conseiller à la patiente de consommer des aliments riches en tryptophane, précurseur de la sérotonine (noix de coco et de cajou, œuf, riz complet, betterave rouge, feuilles de bettes, carotte, chou, brocoli, chou de Bruxelles, chou-fleur, épinard, haricot vert, pomme de terre, viande et poisson) et en tyrosine (pain, oeufs, abats, fromage, lait, riz complet.). Les taux d’acides gras oméga-3 allongés (EPA et DHA) sont beaucoup trop bas. La prescription d’huile de poisson est recommandée pour autant que la capacité de digestion des graisses de la patiente soit améliorée (agents cholagogues comme l’artichaut, le curcuma ou la silymarine). Le niveau sérique de l’homocystéine mérite d’être amené en dessous de 9 µM en augmentant la consommation des vitamines B9 (acide folique) et B12 (cyanocobalamine), impliquées dans la méthylation. NUTRICASUS Le Journal de la Médecine Nutritionnelle et Fonctionnelle Pratique Nutrition et amélioration de la dépression : Références Scientifiques Choisies Le rôle de précurseurs du tryptophane et de la tyrosine pour la synthèse de sérotonine, de dopamine et noradrénaline est une évidence. De nombreuses études démontrent une relation entre le taux de tryptophane et la dépression. L’association entre déficience en acides gras oméga-3 allongés et dépression a également largement été établi au cours d’études épidémiologiques, expérimentales et cliniques. Enfin, des déficits au niveau des réactions de méthylation associés à des carences fonctionnelles en vitamines B9 et B12 et traduits par des taux d’homocystéine élevés sont également impliqués dans la dépression. Tryptophan depletion in SSRI-recovered depressed outpatients. Spillmann MK, Van der Does AJ, Rankin MA, Vuolo RD, Alpert JE, Nierenberg AA, Rosenbaum JF, Hayden D, Schoenfeld D, Fava M. Depression Clinical and Research Program, Massachusetts General Hospital, Boston, MA 02114, USA. Psychopharmacology (Berl). 2001 May;155(2):123-7. RATIONALE: Recently, a number of studies have challenged the finding that acute tryptophan depletion (TD) increases depressive symptoms in medicated, formerly depressed patients. The present study examined the effects of acute nutritional TD on remitted depressed patients currently treated with selective serotonin reuptake inhibitors. In an attempt to clarify conflicting earlier findings, the effects of a number of clinical variables on outcome were also investigated. METHODS: Ten patients underwent TD in a double-blind, controlled, balanced crossover fashion. The control session followed the procedure of Krahn et al. (1996 Neuropsychopharmacology 15:325-328). Sessions were 5-8 days apart. RESULTS: TD was significantly related to increased scores on clinician-rated depression and anxiety scales, and on self-rated depression, anxiety, and somatic symptoms. The control challenge had no effect, despite the fact that the reductions in plasma tryptophan during the control session were unexpectedly high. Some evidence was found for a threshold in the relationship between reduction of plasma tryptophan and mood response. CONCLUSIONS: The mood effect of TD in medicated, formerly depressed patients was confirmed. A threshold may exist for mood effects following TD, implying that recent negative findings may have been caused by insufficient depletion. No other predicting or mediating factors were identified, although the variable "history of response pattern to medication" deserves further study. Homocysteine and folate metabolism in depression. Bottiglieri T. Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2005 Sep;29(7):1103-12. Homocysteine is a sensitive marker of folate and vitamin B12 deficiency. Numerous studies have confirmed the association between folate deficiency and depression. It is not completely understood whether homocysteine is solely a marker for folate deficiency or if it may play a more direct role in the expression of mood disorders. This review describes the biochemical, neurochemical and clinical correlations of folate deficiency and hyperhomocysteinemia in relation to depression. Efficacy of ethyl-eicosapentaenoic acid in bipolar depression: randomised double-blind placebo-controlled study. Frangou S, Lewis M, McCrone P. Section of Neurobiology of Psychosis, PO66, Institute of Psychiatry, De Crespigny Park, London SE5 8AF, UK. Br J Psychiatry. 2006 Jan;188:46-50. BACKGROUND: Epidemiological and clinical studies suggest that increased intake of eicosapentaenoic acid (EPA) alleviates unipolar depression. AIMS: To examine the efficacy of EPA in treating depression in bipolar disorder. METHOD: In a12-week, double-blind study individuals with bipolar depression were randomly assigned to adjunctive treatment with placebo (n=26) or with 1 g/day (n=24) or 2 g/day (n=25) of ethyl-EPA. Primary efficacy was assessed by the Hamilton Rating Scale for Depression (HRSD), with changes in the Young Mania Rating Scale and Clinical Global Impression Scale (CGI) as secondary outcome measures. RESULTS: There was no apparent benefit of 2 g over 1 g ethyl-EPA daily. Significant improvement was noted with ethyl-EPA treatment compared with placebo in the HRSD (P=0.04) and the CGI (P=0.004) scores. Both doses were well tolerated. CONCLUSIONS: Adjunctive ethyl-EPA is an effective and well -tolerated intervention in bipolar depression. Treatment of depression: time to consider folic acid and vitamin B12. Coppen A, Bolander-Gouaille C. J Psychopharmacol. 2005 Jan;19(1):59-65. We review the findings in major depression of a low plasma and particularly red cell folate, but also of low vitamin B12 status. Both low folate and low vitamin B12 status have been found in studies of depressive patients, and an association between depression and low levels of the two vitamins is found in studies of the general population. Low plasma or serum folate has also been found in patients with recurrent mood disorders treated by lithium. A link between depression and low folate has similarly been found in patients with alcoholism. It is interesting to note that Hong Kong and Taiwan populations with traditional Chinese diets (rich in folate), including patients with major depression, have high serum folate concentrations. However, these countries have very low life time rates of major depression. Low folate levels are furthermore linked to a poor response to antidepressants, and treatment with folic acid is shown to improve response to antidepressants. A recent study also suggests that high vitamin B12 status may be associated with better treatment outcome. Folate and vitamin B12 are major determinants of one-carbon metabolism, in which S-adenosylmethionine (SAM) is formed. SAM donates methyl groups that are crucial for neurological function. Increased plasma homocysteine is a functional marker of both folate and vitamin B12 deficiency. Increased homocysteine levels are found in depressive patients. In a large population study from Norway increased plasma homocysteine was associated with increased risk of depression but not anxiety. There is now substantial evidence of a common decrease in serum/red blood cell folate, serum vitamin B12 and an increase in plasma homocysteine in depression. Furthermore, the MTHFR C677T polymorphism that impairs the homocysteine metabolism is shown to be overrepresented among depressive patients, which strengthens the association. On the basis of current data, we suggest that oral doses of both folic acid (800 microg daily) and vitamin B12 (1 mg daily) should be tried to improve treatment outcome in depression. Do essential fatty acids have a role in the treatment of depression? Williams AL, Katz D, Ali A, Girard C, Goodman J, Bell I. J Affect Disord. 2006 Apr 29 BACKGROUND: Complementary and alternative medicine (CAM) therapies are used more than conventional therapies by people with self-defined anxiety and depression. Preliminary evidence supports a hypothesis that low plasma concentration of essential fatty acids is associated with depression. Reported here is the result of a systematic review examining the therapeutic efficacy of essential fatty acids for depression. METHODS: Data sources included Medline, Psychinfo, AMED (Allied and Complementary Medicine), and Cochrane Controlled Trials Register databases searched from inception through September 2001. English language randomized controlled trials, controlled clinical trials, intervention studies, case control studies, reviews, and case reports of humans were selected, without limits for demographics or co-morbidities. Two abstractors independently evaluated each study, then reconciled findings. When possible, between group treatment effect size was noted or calculated. RESULTS: Six articles met inclusion criteria: one RCT, two reviews, and three case control trials. A common outcome measure among the case control trials allowed for direct comparison of effect sizes. CONCLUSIONS: The evidence implies promise of a treatment effect of omega-3 fatty acids for depression in adults; although a statement of definitive clinical efficacy is premature. Further study of essential fatty acids as independent and adjuvant therapy for adult depression is indicated, including more sophisticated investigation of dose-response in particular populations. NUTRICASUS Le Journal de la Médecine Nutritionnelle et Fonctionnelle Pratique Pour ceux qui désirent (ré)-acquérir les bases pour une médecine nutritionnelle efficace et sure, vous avez la possibilité de redevenir des étudiants en vous inscrivant à l’Université d’été : Fondements Biochimiques et Physiologiques de la Médecine Nutritionnelle et Fonctionnelle Cette formation comporte 10 modules de 3 heures traitant des sujets suivants : Chimie de la matière vivante La cellule normale, le cycle cellulaire & notions de biologie cellulaire Le tube digestif (digestion, absorption, fermentation) Biologie des acides gras Métabolisme énergétique & stress oxydant La détoxication hépatique Les réactions de méthylation & l’homocystéine Immunité & inflammation Où ? Club Med La Palmyre (sur l’Atlantique, près de Bordeaux) Quand ? du samedi 19 au samedi 26 Août 2006 Conditions et renseignements : 04 247 6160 (attention nombre de participants limités !) Modalités de prélèvement pour les Neuromédiateurs 1. Pendant 48H avant le prélèvement, ne pas manger de banane, tomate, pamplemousse, noix, avocat, ananas, chocolat et prune. 2. Récolter toutes les urines de la nuit durant 12H (Débuter à 20H par ex. jusque 8H du matin le lendemain). 3. Stocker les urines au frigo pendant toute la durée du prélèvement (12H). 4. Mélanger toutes les urines récoltées ensemble et remplir le flacon à bouchon rouge (contenant de l’acide) avec une partie des urines récoltées. 5. Fermer hermétiquement le flacon et le placer dans le flacon protecteur transparent. Il est impératif de noter sur le flacon le nom, prénom, l’adresse, la date de naissance, le sexe de votre patient ainsi que la date du prélèvement RAPPEL – patients belges Il est impératif que chaque demande d’analyses, adressée à un patient belge couvert par une mutuelle,soit agrémentée d’une vignette de mutuelle comportant le NISS de ce dernier (Numéro d’Identification à la Sécurité Sociale). Editeur responsable Ellipsys S.A. Green Alley Office Park 70 Rue du Panier Vert B-1400 Nivelles Belgique [email protected] Nutricasus est rédigé par des experts dans le domaine de la nutrition sous la supervision du comité scientifique du laboratoire Roman Païs.