France Vietnam

Transcription

France Vietnam
Perspectives
2010
Perspectives France
France -- Vietnam
Vietnam •• N°73
N°80 •• Avril
N°79
Janvier
Octobre
2012
2011
NOVEMBRE 2012 - 4€
France Vietnam
83
revue trimestrielle de l’association d’amitié franco-vietnamienne
Lê Tri Dung (1949), Agent orange, peinture sur soie 1978
Dossier :
Conséquences de l’Agent orange : les Vietnamiens font face
- Les lieux de la solidarité
- Les activités de l’AAFV
- En bref…
- Dossier
- Admirateurs de J.J. Rousseau
- Livres et spectacles
p.2
p.4
p.6
p.7 à 16
p.17
p.19 à 23
2
www.aafv.org
Les lieux de la solidarité
Maison de Yersin à Nha Trang
K
Téléphérique de 3 312 m
Province de Khanh Hoa
Khanh Hoa, province du Centre, a plus de 200 km de côtes ; elle est surtout connue pour sa
capitale Nha Trang. La superbe baie de Nha Trang classée parmi les vingt plus belles baies du
monde est aujourd’hui défigurée par un téléphérique (de 3 312 m) permettant l’accès à des
hôtels luxueux de l’île de Hon Tre. Ces dernières années la ville s’est beaucoup transformée
avec l’arrivée massive des touristes (dont un gros pourcentage de Vietnamiens). Il y a beaucoup
à visiter après avoir profité des joies de la plage et de la plongée sous-marine. Le marché Dam,
le port de pêche au pied du site de Pô Nagar, l’Institut Océanographique, l’embarcadère de Cau
Da pour la visite des îles de sable ou de galets, les pagodes Long Son et Hai Dûc, la cathédrale,
les villas de Bao Dai et l’Institut Pasteur.
Pô Nagar est l’un des plus importants sanctuaires shivaïtes de l’époque Cham avec ses quatre
tours (sur les huit de l’origine) dont la plus intéressante est la tour Nord. Du site on peut se
rendre au promontoire de Hon Chông d’où l’on domine la mer turquoise et ses plages aux
énormes rochers de granit.
Un grand homme a vécu à Nha Trang : le Docteur Alexandre Yersin* y est toujours vénéré. Je
recommande la visite du petit musée qui lui est consacré à l’intérieur de l’Institut Pasteur, ainsi
que son tombeau à Suoi Cat. Dans ce village la pagode porte son nom car il s’était converti au
bouddhisme. C’est au mont Hon Ba surnommé le « Dalat du bord de mer » (1 578 m) à 50 km
de Nha Trang qu’il installa un laboratoire et une station météorologique. On peut y voir sa
maison avec son jardin médicinal.
En dehors de la ville vous pourrez visiter l’ancienne citadelle de Dien Khanh, les chutes de Ba
Ho, la source aux Fées, le temple Am Chuc au sommet du Mont Dua, la stèle Vo Canh, le
mausolée de Ba Vu…
Le long de la côte, les plages de Doc Let et Dai Lanh et les villages de pêcheurs. Impossible
d’oublier les repas pris sous les cocotiers au bord de l’eau avec Mme Hoi et les amis de la
Croix Rouge locale. N’oubliez pas de goûter aux délicieux fruits du dragon.
La baie de Cam Ranh est très belle et ressemble à un fjord.
Avec Amour nous sommes intervenus à Vien Pasteur Nha Trang. Nous avons financé un centre
de formation couture à Nha Trang et avec le Dr Henri Carpentier nous avons permis la
restauration de la tombe du Dr Yersin à Suoi Cat.
Alain Dussarps
2
* Alexandre Émile Jean Yersin est un bactériologiste franco-suisse, né à Aubonne dans le Canton de Vaud le 22 septembre 1863
(voir page 20) et mort à Nha Trang, en Indochine française le 28 février 1943. On lui doit notamment la découverte du bacille de
la peste.
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
Agent orange, courage et vérité
Il faut avoir le courage de se livrer à une réflexion
nouvelle.
Est-ce que la question de l’Agent orange et de ses
conséquences terribles pour le peuple vietnamien
continue à intéresser l’opinion publique française et
européenne ? On peut en douter.
Notre campagne contre le mécénat de Dow Chemical nous fait réfléchir ?
Comment alors renouveler l’intérêt autour des victimes de l’Agent orange ?
Certes, les accidents industriels comme celui de
Bhopal en Inde par la société Dow Chemical mobilisent. La preuve : cette société sponsorise l’événement olympique jusqu’en 2020 pour un milliard de
dollars.
Au pays de Gandhi, une marche de 800 km des habitants vers leur gouvernement, a obtenu le retrait de
la publicité de Dow Chemical sur le grand stade de
Londres durant les J.O. du mois d’août.
L’action des familles victimes des produits chimiques
avait recueilli 29 000 signatures, autant de camouflets à la face de la société prédatrice.
Leur victoire est bien réelle. Mais a-t-on établi le
lien entre Bhopal et la responsabilité de Dow Chemical responsable des épandages de dioxine durant
la guerre américaine au Vietnam, et la catastrophe
sanitaire et écologique qui s’en est suivie ?
A-t-on établi le lien avec ses conséquences, les
millions de morts de cette première guerre chimique
à l’échelle mondiale ?
Plusieurs associations européennes d’amitié au
Vietnam se sont mobilisées contre le mécénat de
Dow.
Avec l’AAFV, nous avons pris de nombreuses initiatives, des comités locaux, comme à Choisy, des
rencontres avec des personnalités, des élus, et une
pétition qui a recueilli des centaines de signatures a
été envoyée au CIO.
Mais cela n’est pas suffisant devant l’ampleur des
besoins du Vietnam qui fait beaucoup pour son
peuple.
Se poser la question, c’est répondre de façon nouvelle, avec de nouvelles formes d’informations,
d’actions, à rechercher, à inventer.
La décision du Comité National de l’AAFV de
s’adresser aux groupes du Parlement Européen, à
l’Union Européenne, participe de cette recherche.
Demander au niveau européen qu’une mission rencontre sur place, au Vietnam, les victimes de l’Agent
orange, et qu’un programme d’aide au Vietnam soit
décidé.
La guerre n’est pas achevée sur la terre du Président
Ho Chi Minh.
De nombreux enfants naissent en 2012 avec des handicaps qui brisent leur avenir.
Dans les hôpitaux de Hanoï et dans les campagnes, des
femmes accouchent d’enfants malformés,porteurs de
cancers.
La cause ? La dioxine, qui modifie le génome humain.
Le Vietnam apaise ses souffrances, à l’heure où les
États-Unis qui ont commandité cette guerre chimique
par des sociétés comme Dow Chemical, se contentent de peu de compensations.
« Le courage est de chercher la vérité et de la dire »,
écrivait Jean Jaurès.
La vérité ? Le Vietnam a besoin de notre aide.
Il a besoin que nous soyons inventifs, créatifs, par
notre intelligence collective, nos relations d’amitié,
et notre conviction que la solidarité, la justice, le
droit à la vie sont vraiment des idées neuves.
Là, sera notre force et notre courage.
Editorial
Éditorial
Danielle de March Ronco
Madame Nguyen Thi Hoi au chevet d’un enfant
PERSPECTIVES FRANCE -VIETNAM
ISSN : 1769-8863
Revue trimestrielle
Association d’Amitié Franco-Vietnamienne
Novembre 2012 - 4 € - Commission paritaire N° 0404 G82984
44 rue Alexis Lepère - 93100 Montreuil
Tél : 01 42 87 44 34 - Fax : 01 48 58 46 88
www.aafv.org - [email protected]
Directeur de la publication : Patrice Jorland
Rédacteur en chef : Dominique de Miscault
Comité de rédaction : Jean-Pierre Archambault, Michel Dreux,
Nicole Duchet-Trampoglieri, Alain Dussarps,
Francis Netter, Françoise Paradis.
Design Graphique : Alain Escudier - Impression : Encre-nous
Ont participé à ce numéro : Henri Dang, Danielle de March Ronco, Anne Hugot Le Goff, Huu Ngoc, Marie-Hélène Lavallard, Jacques Maître, Alain Ruscio
3
Activités de l’ aafv
Deux étudiantes
de Hanoi à
Choisy-le-Roi
D
Notre Comité de
Choisy-le-Roi – Val
de Marne s’attache à
la fois à accompagner
les
priorités
du
Vietnam en matière
d’éducation et de formation et à soutenir la
francophonie.
Nous menons ainsi des
actions de solidarité et d’échanges amicaux avec le
Département de Langue et Civilisation Françaises
de l’Université Nationale de Hanoi : versement
de 10 bourses par an à des étudiants « pauvres et
méritants », prise en charge d’abonnements pour le
Centre de Documentation, organisation en juin 2011
à la Médiathèque de Choisy d’une conférence sur
l’éducation et la formation par un professeur de cette
Université, Tran Dinh Binh. En juillet 2012 nous
avons, avec la Ville, accueilli deux étudiantes venues
à la fois perfectionner leur français, découvrir la
France et se familiariser avec les structures sociales,
culturelles et administratives d’une commune du
Val de Marne. Vous trouverez sur le site de l’AAFV,
rubrique Comités locaux, les articles de Tra et Duong
qui nous parlent à la fois de notre pays et du Vietnam.
Elles ont réalisé leur rêve ; elles se sont fait des amis ;
elles ont fait connaître et aimer le Vietnam. Partagez
leur plaisir en lisant ces articles et le texte que leurs
carnets de voyage ont inspiré à Nguyen Dac NhuMhai. http://www.aafv.org/deux-etudiantes-a-choisy
U
Diplôme d’honneur
Un diplôme d’honneur a été remis à Hélène LUC
pour son action pour le Vietnam, à l’occasion de
l’inauguration du stand du journal Nhâ Dhân à la fête
de l’Humanité le 14 septembre dernier, en présence
de M. l’Ambassadeur de la République Socialiste du
Vietnam en France, M. Duong Chi Dung.
Le rédacteur en chef adjoint de Nhâ Dhân a tenu
à remercier Hélène LUC, Présidente d’honneur de
l’AAFV, pour son activité débordante pour le Vietnam. Ce fut un moment très émouvant.
L’AAFV et Perspectives se joignent à cet hommage
et remercient Hélène Luc de son activité à la présidence de l’AAFV pendant près de 5 ans, activité
qu’elle continuera avec autant d’enthousiasme
aux côtés de Patrice Jorland, président de l’AAFV.
Thérèse Ky, Présidente de l’UGVF, et Phan Hieu
Ginh ont également reçu la même distinction. Qu’ils
en soient chaleureusement félicités.
Jean-Pierre Archambault
Nicole Trampoglieri
Présidente du Comité Choisy le Roi – Val de Marne
â Nominations
Le comité national précédant la dernière assemblée générale du
23 juin 2012 a nommé Patrice Jorland, président de l’AAFV et
Hélène Luc présidente d’Honneur.
Le 14 septembre, Jean-Pierre Ardin est nommé trésorier et
Étienne Adjimah trésorier adjoint.
L
Jean-Pierre Ardin
Rencontre avec une délégation vietnamienne le 4 octobre
Le jeudi 4 octobre, l’AAFV a accueilli une délégation conduite par M. Vu Xuan Hong, président du VUFO,
et comprenant Mme Pham Thi Hai, directrice générale du département Europe du VUFO, M. Nguyen Huy
Quang, président de l’Association d’amitié et de coopération Vietnam-France et Mme Thi Hong Ngan, qui en
est la secrétaire permanente sans oublier la Ministre Conseiller de l’Ambassade du Vietnam, Nguyen Thi Bich
Huê. La rencontre, à laquelle Jean-Pierre Archambault, Nicole Duchet-Trampoglieri, Alain Dussarps, Patrice
Jorland, Hélène Luc et Dominique de Miscault ont participé, s’est attachée à quelques aspects concrets de la
mise en œuvre des programmes solidaires que l’AAFV conduit au Vietnam. L’essentiel des entretiens, qui se
sont poursuivis lors d’un déjeuner chaleureux, a toutefois porté sur l’année croisée France-Vietnam. De part
et d’autre, celle-ci est comprise comme l’occasion d’approfondir la connaissance réciproque et de donner à la
relation bilatérale un nouvel élan dans tous les domaines. C’est la raison pour laquelle les deux organisations
ont décidé de conjuguer leurs efforts pour en assurer la réussite, de mener en commun plusieurs projets et de
réaliser ensemble une publication bilingue qui sera consacrée à cette importante manifestation. Le succès de
la semaine du Vietnam, qui venait de se dérouler en Belgique et qui expliquait la présence de la délégation
vietnamienne à Paris, ne peut que les encourager à persévérer en ce sens.
4
N
Perspectives
erspectives Fr
France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
Janine ne vient pas cet hiver !
Hommages
Notre équipe du Centre d’Information et de DocuNous sommes atterrés d’apprendre la nouvelle du mentation sur le Vietnam contemporain a la grande
décès subit de Janine Gillon. Nous ne pouvons croire douleur d’annoncer le décès subit de notre amie
qu’elle manquera son prochain
Janine Gillon, notre si dynamique
rendez-vous avec le Vietnam.
et si compétente vice-Présidente.
Depuis des années, chaque hiver,
Janine, très attachée au Vietnam, où
nous l’attendions avec impatience.
était né son père, après un parcours
Le Vietnam, c’est sa seconde
très riche d’amitiés et de contacts
patrie, et même plus dans un cercomme enseignante de lettres dans
tain sens. Elle m’a dit une fois :
l’Education nationale, avait mis à
« J’ai du sang vietnamien dans
profit ses années de retraite pour
mes veines. » Je ne lui ai jamais
aller immédiatement enseigner au
demandé des précisions à ce sujet,
Vietnam où elle s’est fait de nombreux amis. Depuis plus de dix ans,
cela importe peu. L’essentiel, j’en
elle s’était totalement investie dans
suis sûr, c’est qu’elle a un cœur de
le travail du CID Vietnam, particiVietnamien, un cœur qui n’a cessé
pant en permanence à la réussite de
de battre au rythme des joies et des
ses initiatives, veillant en particulier
peines de notre peuple.
au contenu et à la périodicité du site
Cet hiver, Janine ne viendra pas
et du Bulletin, où bien des notes de
se balader dans le dédale des
lecture étaient dues à sa plume.
ruelles du vieux quartier de la
Alain Ruscio
capitale, méditer au Temple de la
http://www.aafv.org/janine-gillon-nous-a-quittes-elle
Littérature, faire le tour des marchés pour goûter de
fameuses quà (collations) hanoïennes et pratiquer son
vietnamien avec leurs marchandes, présenter la littérature française contemporaine à l’Université, grignoter des cacahuètes en devisant avec ses nombreux
amis, anciens et nouveaux.
Le Vietnam perd en Janine une amie dévouée et dynaJean-Noël Poirier a été nommé ambassadeur au
mique, une admirable exportatrice francophone de sa
Vietnam. Il a remplacé Jean-François Girault, qui
culture. Soulignons en particulier ses inlassables actioccupait ces fonctions depuis janvier 2010. Né
vités au CID qu’elle dirige avec Alain Ruscio, et ses
en
décembre 1962,
traductions d’œuvres vietnamiennes en français.
titulaire d’un diplôme
Mais, un gros perdant, ce sont les Études Vietnasupérieur des langues et
miennes. Nos lecteurs n’auront plus le plaisir, sans
civilisations orientales,
cesse renouvelé depuis plus d’une décennie, de savouJean-Noël Poirier fut
admis au concours
rer ses fascinants propos sur le Vietnam, d’une grande
pour le recrutement de
variété et profondeur.
secrétaire des Affaires
Janine, tu nous quittes. Nous te disons Au Revoir et
étrangères en 1989.
non Adieu. Tu nous quittes, mais tes écrits demeurent.
Détaché auprès de
Le grain ne meurt pas.
l’Autorité provisoire de
Aux membres de ta chère famille, nous présentons
l’ONU au Cambodge
nos sincères condoléances.
entre 1991 et 1993, il
Huu Ngoc
fut ensuite affecté à la
Études Vietnamiennes,Vietnam Cultural Window, Hanoi
direction des affaires
politiques et de sécurité
du Quai d’Orsay entre 1993 et 1995, avant d’être
premier secrétaire à la Mission permanente de la
Nous apprenons aujourd’hui, 16 octobre, le décès
France auprès de l’Organisation des Nations unies
de Claude Cheysson, ancien ministre socialiste et
à New York (1995-1997). Conseiller technique,
membre du Comité d’Honneur de l’AAFV. Claude
chargé de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, des
Cheysson a compris très tôt que le temps des emNations unies et des organisations internationales au
pires coloniaux était révolu. Il a été chef de cabinet
cabinet d’Hubert Védrine au ministère des Affaires
du président du conseil Pierre Mendès France quand
étrangères (1997-2000), il fut ensuite consul général
celui-ci signa les accords de Genève en 1954. Il avait
à Ho Chi Minh-Ville (2000-2004). Conseiller
une grande connaissance de l’Asie du Sud-Est où il
politique à la représentation permanente de la
avait été ambassadeur en Indonésie de 1966 à 1969,
France auprès de l’ONU à New York (2004-2005),
comme commissaire européen de 1973 à 1981 il s’est
puis délégué dans les fonctions de sous-directeur
attaché aux relations avec les pays du tiers-monde
d’Extrême-Orient à la direction d’Asie et d’Océanie
(après quoi il a été ministre des relations extérieures
au MAE et européennes (2005-2008), et enfin,
de 1981 à 1984).
directeur adjoint international et marketing d’Areva.
J
N
5
L
En bref...
Le Vietnam cartonne aux
Olympiades d’informatique
Les quatre élèves vietnamiens qui ont participé aux
Olympiades internationales d’informatique 2012, du
22 au 30 septembre en Italie, ont tous gagné une médaille, selon le Département d’évaluation des examens et du contrôle de la qualité de l’enseignement.
http://fr.vietnamplus.vn/Home/Le-Vietnam-cartonne-aux-Olympiades-dinformatique/20129/25512.vnplus
http://www.voatiengviet.com/content/nganh-ca-phe-viet-namvung-day/1514864.html
Les 13 et 14 septembre 2012, l’AVSE (Association
Vietnamienne de Scientifiques et Experts) a organisé son premier atelier doctoral annuel. Il s’est tenu à
l’École Normale Supérieure de Cachan. Il a réuni
des intervenants et doctorants de l’ensemble des disciplines scientifiques. Serge Abiteboul, informaticien professeur au Collège de France et membre de
l’Académie des Sciences, a ouvert les journées, prodiguant maints conseils sur le métier de chercheur et
la façon de préparer une thèse.
P
Pénurie d’instituteurs pour la rentrée 2012/2013
Le Vietnam a du mal à recruter ses instituteurs.
L’insuffisance des rémunérations et la surcharge
de travail expliquent ce phénomène
Pour l’année scolaire 2012-2013, à Ho Chi MinhVille, 965 candidats se sont présentés pour 1 751
postes offerts en tant qu’instituteurs et personnel travaillant dans les crèches. La situation est également
critique dans le delta du Mékong, où les jardins
d’enfants ont besoin de recruter 2 300 personnels
d’encadrement. La seule province d’An Giang a un
déficit de 410 enseignants dans le primaire (y compris les crèches). En outre, dans les universités, le
nombre des étudiants en pédagogie baisse régulièrement.
Un récent rapport de l’Institut de recherches de
l’éducation et de la science souligne que plus de
50 % des enseignants regrettent d’avoir choisi leur
métier. Les raisons : Insuffisance des revenus pour
élever leurs propres enfants et nécessité de trouver
d’autres ressources. Plus de la moitié des enseignants ont exprimé leur lassitude. Le nombre
d’heures de travail est souvent supérieur de 50 % à
ce qui est stipulé (40 heures par semaine).
À Hanoi, les jardins d’enfants de l’enseignement
public peuvent compter de 50 à 70 enfants. Mais de
nombreux parents n’ont pas les moyens d’envoyer
leurs enfants dans les crèches privées. Les classes
sont surchargées. « Les enseignants sont épuisés et
les enfants s’ennuient », écrit VietnamNet.
5
Le Vietnam est le pays le plus attractif en Asie
du Sud Est pour les investisseurs US
57 % des entreprises américaines ont l’intention de
développer leurs investissements au VN, contre 6 %
en Indonésie et 11 % en Thaïlande (étude auprès de
350 chefs d’entreprises ayant des activités dans la
région). Par ailleurs 82 % des entreprises US en activité au VN espèrent augmenter leurs résultats et la
moitié d’entre elles projettent de recruter. Ces données prouvent l’optimisme des firmes américaines
envers le VN malgré le ralentissement de la croissance ces dernières années et une certaine instabilité
macro-économique incluant plusieurs dévaluations
de la monnaie nationale et des dettes toxiques détenues par les banques. Les points positifs du VN : stabilité politique et sécurité pour les personnes. Les
points négatifs : corruption, faiblesse des structures
et environnement juridique peu performant.
Sources : (Émission VOA : http://www.voatiengviet.com Étude
de la Chambre de commerce US - Wall Street Journal)
L’
Moody’s abaisse la note du Vietnam, en raison
de la faiblesse des banques vietnamiennes
L’agence de notation Moody’s a annoncé vendredi 28/09/2012 qu’elle a abaissé d’un cran la note du
Vietnam, de B1 à B2, avec une perspective stable,
en raison des faiblesses du système bancaire.
L’agence met en garde contre le coût lié à la recapitalisation bancaire et qui serait supporté, au moins
en partie, par l’État. Le Vietnam souffre d’une crise
de son système bancaire, plombé par un trop grand
nombre d’établissements dont beaucoup sont mal
gérés et criblés de mauvaises dettes. Par ailleurs, la
croissance économique du pays a ralenti à 4,73 %
durant les neuf premiers mois de 2012, selon les
chiffres officiels. Le gouvernement prévoit une
croissance de 5,5 % pour l’ensemble de cette année
après avoir réduit à la baisse ses prévisions d’un
point. D’autre part, le Vietnam est de nouveau
confronté à une nouvelle accélération de l’inflation,
qui a atteint 6,48 % en septembre, cependant encore
bien en deçà des 23 % atteints en août 2011.
Sources : (©AFP / 28 septembre 2012 www. Romandie News
28 septembre 2012
L
Le Vietnam, 1er exportateur de café
Le Vietnam a pris la place du Brésil comme 1er pays
exportateur de café dans le monde, suite aux mauvaises conditions climatiques dans ce dernier pays.
Les entreprises vietnamiennes doivent cependant
améliorer leur marketing pour faire connaître le café
vietnamien, composé principalement de Robusta, a
déclaré le président de Trung Nguyen, la plus grande
entreprise vietnamienne du secteur. Le rendement à
l’hectare a beaucoup augmenté ces dernières années.
Cependant, selon le directeur de l’Institut d’Etudes
Agronomiques des Hauts-Plateaux, le VN n’a pas
vocation à rester le 1er exportateur de café et la production vietnamienne est sur le point d’atteindre son
ppoint culminant, l’état a pour projet de diminuer les
surfaces cultivables à 500 000 ha en 2020. Dans le
même temps, les producteurs de café assurent cependant qu’ils sont en état d’améliorer la qualité du
café vietnamien.
Source : VOA http://www.voatiengviet.com/content/nganh-caphe-viet-nam-vung-day/1514864.html
Henri Dang
6
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
Dossier
Conséquences de l’Agent orange :
les Vietnamiens font face
L
Pépinière de Hué
La presse rend parfois compte des aides que reçoit le Vietnam pour pallier
les dramatiques conséquences des épandages de défoliants, mais rarement
de ce que fait le Vietnam par ses propres forces dans ce domaine. Nous en
donnons ici quelques exemples. L’action de la Croix Rouge vietnamienne,
multiforme et partout présente, a déjà été évoquée dans notre dossier sur la
solidarité (Perspectives n° 74).
MHL
â Résolution du Congrès de Brasilia
Après avoir rappelé l’historique des épandages de défoliants et leurs conséquences environnementales et sanitaires, la résolution poursuit :
« L’utilisation de l’Agent orange au Vietnam est un crime contre l’humanité. Ses conséquences passent de
génération en génération. Cette douleur est commune au peuple vietnamien et aux peuples progressistes du
monde entier.
C’est pourquoi la Fédération Internationale des Femmes décide que ses membres, les femmes et les peuples
du monde entier, doivent apporter une assistance et un soutien accrus aux victimes de l’Agent orange/dioxine,
non seulement au Vietnam mais aussi dans d’autres pays du monde, dans leur vie et leur combat pour la justice.
La Fédération et ses adhérents demandent au gouvernement des Etats-Unis et aux fabricants des produits
chimiques d’assumer la responsabilité des dommages à l’environnement et à la santé du peuple vietnamien et
de s’engager dans des efforts plus grands et plus complets avec le peuple et le gouvernement du Vietnam pour
nettoyer les Points Chauds, et pour fournir une aide complète et considérable aux victimes de l’Agent orange
et à leurs familles au Vietnam.
Pour une paix durable et pour la justice, les Gouvernements, les organisations internationales et nationales,
les organisations non-gouvernementales, les scientifiques, les juristes, les militants du domaine social et les
peuples du monde devraient s’unir et ensemble dénoncer l’Agent orange et toutes les armes chimiques et biologiques. »
7
Un ambitieux plan d’action
Le 1er juin 2012, le Premier Ministre du Vietnam a publié un plan d’action global concernant les conséquences des épandages de défoliants pendant la guerre. Ce plan a été communiqué en août aux ONG par le
Bureau du Centre VUFO-NGO, par l’intermédiaire de son groupe de travail AOWG (Agent orange Working
Group). Il détaille les tâches à accomplir par les différents ministères, sous l’autorité globale du Comité 33.
Tous nos remerciements à Monsieur Nguyen Nhu Nam, de la société d’assurances Prévoir, pour sa traduction
de ce texte.
On trouvera le texte original en vietnamien sur : http://www.ngocentre.
org.vn/webfm_send/3697
et une traduction anglaise non officielle sur le site de l’Institut Aspen :
http://www.aspeninstitute.org/sites/
default/files/content/docs/agentorange/2012-6-28-PrimeMinNationalActionPlan-EN.pdf
P
Point 1 : validation du plan d’action
national
Positionnement :
• Les conséquences de l’AO persistent durablement dans l’environnvironnement et chez les victimes vietnamiennes
• Le combat contre ses conséquences nécessite la coopération
tion de
plusieurs organismes gouvernementaux,
associarnementaux, assoc
tions caritatives, organisations
internationales,
ions international
ONG du Vietnam comme de l’étranger.
• Les processus doivent hériter des résultats acquis
dans les travaux précédents, éviter de les répéter et
mener vers des actions concrètes.
• Le plan d’action doit s’inscrire dans les projets
de développement socio – économique.
1. Objectif général :
Réduction des effets négatifs causés par l’Agent
orange (AO)
2. Objectifs détaillés :
a. Décontamination des zones infectées.
b. 100% des anciens combattants et leurs progénitures contaminés par l’AO seront pris en charge
par la politique préférentielle de l’état.
c. Les familles des victimes ayant une situation
difficile seront subventionnées pour les besoins
quotidiens et pour l’assurance sociale. Subvention
à 100% pour les familles ayant plus de 2 personnes
handicapées graves.
d. Suivi pour plus de 95% des grossesses dans les
zones contaminées et victimes de l’AO.
e. Plantation de 300 000 nouveaux hectares de
forêt dans les zones dévastées par l’AO.
f. Elévation de la capacité des équipes de recherche jusqu’au niveau international pour analyser les toxines et pour identifier le taux de dioxine
dans les échantillons de graisse et de sang.
8
3. Mission :
a. Pour l’environnement et les ressources :
• Estimer globalement les dégâts de l’AO sur
l’environnement et les ressources.
• Expérimenter les technologies capables d’éliminer la dioxine dans la terre et les sédiments.
• Traiter la terre et la boue contaminées par la
dioxine dans les aéroports Da Nang, Bien Hoa,
Phu Cat et dans les nouvelles zones dont le taux
de dioxine dépasse le seuil autorisé.
• Sélectionner et mettre en œuvre les actions
pour revitaliser les écosystèmes détruits, replanter les arbres.
• Relever le taux de dioxine dans la terre, l’eau,
l’air et les aliments dans les zones contaminées
b. Pour la population :
• Estimer les conséquences à long terme de l’AO
sur la santé
• Construire un programme et un planning
d’examen de santé et des maladies des victimes
de l’AO dans les zones contaminées et les zones
ayant été exposées à l’AO.
• Compléter les politiques de subvention pour
les victimes de l’AO
• Subventionner et payer l’assurance sociale
pour les familles des victimes de l’AO ayant une
situation difficile et des maladies graves.
• Publier le processus d’identification des victimes de l’AO et les critères déterminant les
maladies issues de l’AO
• Recenser le nombre des victimes de l’AO
• Augmenter la capacité et l’infrastructure pour
les organismes sociaux pour accueillir, prendre
en charge les victimes d’AO.
• Augmenter la capacité et l’infrastructure pour
les organismes hospitaliers pour la décontamination, conseil pour les grossesses, le diagnostic
prénatal et la rééducation dans les zones contaminées
c. Augmenter la responsabilité et l’engagement
des organismes et des individus nationaux et internationaux :
• Continuer à lancer des campagnes de communication pour augmenter la responsabilité et
l’engagement de la population dans l’étude et la
réduction des conséquences de l’AO
• Augmenter la sollicitation des organismes internationaux, des associations, des ONG étrangères dans la recherche et la lutte contre les
conséquences de l’AO
d. Augmenter la capacité d’étude et réduction des
conséquences de l’AO :
• Construire le centre d’étude de l’AO/dioxine
Vietnam sur les ressources du Laboratoire
d’analyse dioxine et du Bureau du comité de
direction 33 appartenant au Ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles.
• Augmenter la capacité et l’efficacité du Laboratoire d’analyse dioxine appartenant au Centre
de recherche tropical Vietnam-Russie et du Laboratoire d’analyse dioxine appartenant à
l’Ecole Militaire (Ministère de la Défense)
• Mettre en place des programmes de recherche
pour résoudre les problèmes existants dans le
diagnostic et le traitement des maladies dues à
l’AO. Collecter les preuves scientifiques de
l’AO dans le combat contre l’AO à l’étranger.
Former les équipes de recherche sur l’AO/
dioxine au Vietnam.
• Rechercher, collecter et archiver les informations sur l’AO
• Construire et mettre en place le projet d’une
zone de témoignage de l’AO au Vietnam.
4. Organisation :
a. Compléter le système d’organisation et de
contrôle :
• Compléter le système d’organisation et de
uicontrôle à tous les niveaux de la hiérarchie. Suies,
vant les conditions et les demandes concrètes,
éés
des comités organisationnels peuvent être créés
dans les ministères, les départements et les régions.
• Augmenter la capacité de gestion dans les organismes locaux pour organiser, guider et mettre
en œuvre le plan d’action
b. Détermination des rôles et des devoirs :
• Bureau du comité de direction 33 : Commander
et organiser le Plan d’action : suivre et évaluer le
résultat obtenu, informer le gouvernement pour
apporter des corrections, organiser des contrôles
périodiques, assurer la communication et l’enseignement lié au plan d’action.
• Ministère de l’environnement et des ressources
naturelles: Aider le Bureau du comité de direction 33, organiser la construction du Centre de
recherche AO/dioxine Vietnam basé sur les ressources du laboratoire d’analyse dioxine et du
Comité 33. Collecter, synthétiser et archiver les
informations de l’AO. Publier la carte de la
contamination de l’AO. Travailler ensemble
avec le Ministère des Sciences et des Technologies pour publier le taux de dioxine dans la nature.
• Ministère de la Défense : Commander, avec les
organismes associés, délimiter les zones contaminées. Organiser la recherche et le traitement
des maladies dues à l’AO. Dans les zones contaminées, déterrer et répertorier les corps des soldats.
• Ministère du travail, des handicapés et des Affaires sociales : Evaluer les résultats de la politique préférentielle pour les victimes de l’AO.
Corriger et compléter cette politique. Augmenter
la capacité et l’infrastructure pour les organismes
sociaux pour accueillir et prendre en charge les
victimes d’AO. Commander et travailler avec le
ministère de la Santé et le ministère de la Défense pour construire le processus d’identification des victimes et recenser le nombre de victimes total.
Dossier
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
• Ministère
Min
de la Santé : Recenser les maladies
liées à l’AO, publier les critères pour diagnostiquer ces maladies, construire et mettre en place
des programme de soin pour les victimes de
l’AO. Conseil pour les grossesses, le diagnostic
prénatal et la rééducation pour les victimes de
l’AO. Travailler en coordination avec le Ministère des Finances pour étudier et proposer un
régime d’assurance maladie pour les victimes de
l’AO.
• Ministère de l’Agriculture et du développement rural : Commander et travailler en coordination avec le Ministère de l’Environnement et
9
des Ressources et les organismes locaux pour
revitaliser et replanter les arbres dans les zones
contaminées.
• Ministère des Sciences et des Technologies :
travailler en coordination avec le Comité 33
pour améliorer la recherche sur l’AO.
• Ministère de la Justice : Commander et travailler en coordination avec les organismes pour
demander au gouvernement américain et aux
entreprises américaines ayant produit l’AO de
prendre leurs responsabilités et de participer
dans le combat contre les conséquences de l’AO
au Vietnam.
• Ministère de la Planification et des Investisserdination
ments : Commander et travailler en coordination
éveloppeavec les autres organismes pour le développement de la macro économie.
• Ministère des Finances : Travailler avec le Ministère de la Planification et des Investissements
pour gérer les ressources et les budgets pour
lancer le Plan d’action.
• Ministère des Affaires étrangères : Commander et organiser les plans d’actions/négociations
à l’étranger.
• Ministère de l’Information et de la Communication : Commander des campagnes de communication au sujet de l’AO. Créer des sujets de
discussions, informer la communauté internationale, en particulier la population américaine des
conséquences de l’AO.
• La Télévision, la Radio, l’Agence Vietnamienne d’information : Créer des sujets de discussions sur l’AO
• Les autres organismes appartenant au gouvernement : Exécuter les tâches définies dans le
Plan d’Action et suivant les directives du Bureau 33.
• Mairies, Préfectures départementales et régionales : Organiser les éléments locaux pour faciliter le Plan d’Action.
• Organismes sociaux, entreprises et communautés : Inviter les acteurs politiques, économiques et sociaux dans la lutte contre les conséquences de l’AO.
10
5. Mécanisme de financement et d’investissement:
• L’Etat prend en charge les ressources nécessaires, créant un environnement juridique et
économique propice à la participation de la
communauté nationale comme internationale
dans le Plan d’Action.
• La création, distribution, prévision, gestion,
utilisation et audit du budget du Plan d’Action
suivent la loi du budget. Les projets d’étude
scientifique suivant les directives du Ministère
des sciences et des technologies. Les projets issus des fonds destinés à la protection de l’environnement suivent les directives du Ministère
des Finances et du Ministère de l’Environnem
ment et des Ressources naturelles.
6. Mé
Mécanisme de rapport :
• Les
L Ministères et les organismes participants
on
ont le devoir de faire un rapport annuel sur le
ré
résultat obtenu destiné au Bureau 33.
• Le
L bureau 33 a le devoir de synthétiser les informations et de produire un rapport annuel au
gouvernement.
Point 2 : Cette décision entre en vigueur à partir
du jour de la signature. Les Ministères et les organismes liés ont la responsabilité d’exécuter
cette décision.
Destinataires :
• Comité central du Parti
• Premier Ministre et les Vice- Premiers Ministres
• Les Ministères et les Organismes gouvernementaux
• Conseils populaires, Comités Populaires des
départements et des villes
• Bureau central du Parti
• Bureau du Secrétaire général
• Bureau du président
• Conseils et Comités nationaux du Congrès
• Bureau du Congrès
• Bureau du comité de direction 33
• L’association des victimes de l’AO/dioxine
Vietnam
Signature Premier Ministre :
Nguyen Thiện Nhân
À Luoi, en 2009 les collines sont encore à nu
L
La forêt tropicale dense
La végétation boisée couvrait environ 60 % du Sud Vietnam, soit
10,4 millions d’hectares. La majeure
partie de la couverture était constituée par une forêt tropicale dense
(5,8 millions d’hectares) principalement sur les Hauts Plateaux, où des
arbres de haute futaie abritaient les
étages inférieurs d’arbres, arbustes,
buissons, lianes, herbes et fleurs.
Plus d’un million d’hectares de cette
forêt ont été détruits par des épandages répétés de défoliants1. On y
trouvait une faune abondante, avec
des éléphants, des tigres, des rhinocéros dont le rare rhinocéros de
Java, des antilopes, des gaurs, des
oiseaux, des serpents (python), des
papillons et une multitude d’autres
insectes. La défoliation des grands
arbres a bouleversé cet écosystème
complexe, leur mort entraînant par
contrecoup celle du reste de la
végétation et la mort ou la fuite
des animaux vers le Laos voisin.
De nombreuses espèces forestières
rares et précieuses ont disparu
(Pseudocarpus macrocarpus, Sindora siamensis, Hopea odorata…).
Des bambous et autres végétaux
sans grande valeur ont envahi la
terre appauvrie. 100 millions de m3
de bois d’œuvre ont été perdus2. Les
collines dénudées ont été envahies
d’une herbe haute surnommée
« l’herbe américaine », aussi tenace
que du chiendent et comme lui capable de repousser à partir d’un
fragment de racine, qui étouffe toute
autre végétation et empêche la repousse naturelle (Pennicetum polysCarte des épandages des défoliants au Viet Nam de 1961 à 1971 tachym). La déforestation a touché
les bassins versants de nombreuses
rivières en terrain escarpé, qui se transforment en torrents destructeurs, et de vastes étendues où les sols qui ne
sont plus fixés par la végétation connaissent une érosion massive due au ruissellement des pluies. Des effondrements se produisent, laissant à nu la latérite et coupant les routes. Les effets des changements climatiques
actuels, marqués par des moussons particulièrement abondantes et des pluies hors de saison, sont aggravés par
les conséquences de la déforestation au point de compromettre l’efficacité du plan « Vivre avec les inondations » qui a jadis sauvé tant de vies : il arrive que des hameaux soient non plus inondés par des crues mais
ensevelis sous des coulées de boue et des glissements de rochers imprévisibles. Le microclimat local est modifié et on pense même que la modification est peut-être à plus longue portée.
Des reboisements ont eu lieu et continuent à se faire. Mais la véritable « reforestation », la recréation d’une
forêt complète comme écosystème équilibré, avec toute sa diversité, est une entreprise difficile, longue et
très coûteuse. Après avoir nettoyé le sol de tout le bois mort, on plante des arbres à croissance rapide, comme
l’acacia, qui sont sans grand intérêt mais à l’ombre desquels on pourra au bout de trois ou quatre ans mettre
en terre et voir prospérer les jeunes plants d’essences indigènes précieuses provenant des pépinières, notamment de celles de Hué, installées avec le concours de la région Nord Pas de Calais, qui produisent des dizaines de milliers de plants par jour. Une gestion fine, un véritable jardinage, doit discipliner les buissons et
les plantes basses et en favoriser la réapparition tout en évitant l’étouffement des jeunes arbres. Quelques
milliers d’hectares de forêt tropicale ont ainsi été replantés avec succès, à l’instar des travaux de la Ma Da
Forest Farm. Toutefois il reste beaucoup à faire et les ressources disponibles sont très limitées3.
Dossier
Conséquences des épandages sur la nature : les résultats de la réhabilitation
1 Westing, A., H. Herbicides in War: Past and Present, in Westing, A., H., ed., 1984, Herbicides in war, the long-term Ecological and Human
Consequences, SIPRI, Taylor & Francis, London and Philadelphia,. Trad. française de ce chapitre par Yvonne Capdeville in AAFV, L’Agent
orange au Vietnam, crime d’hier tragédie d’aujourd’hui, Paris, Tirésias, 2005.
2 Phung Tuu Boi, Tran Quoc Dung, Le Van Cham, 2002, Effects of chemical warfare upon Vietnamese forest resources (1961-1971), VietnamUnited States Scientific Conference on Human Health and Environmental Effects of Agent orange/dioxin, Hanoi, March 3-6 2002.
11
Les forêts humides, mangroves et forêts de Melaleuca
La mangrove est une « forêt humide », une forêt qui pousse dans les zones marécageuses bordant la côte, les
pieds dans l’eau saumâtre ou salée. Elle est formée d’espèces variées, la plus intéressante étant le Rhizophora. Toutes ces essences sont fragiles et un seul épandage suffit à les détruire. La zone des mangroves est
sillonnée de canaux et d’arroyos et bien des hameaux ne sont accessibles qu’en pirogue. La mangrove abrite
une vie intense d’animaux aquatiques, palmipèdes, tortues, poissons et crustacés. Elle est une zone de
frayage et d’élevage notamment pour des espèces migratrices qui viennent s’y reproduire. Elle protège les
côtes basses de l’érosion du vent, des vagues, des marées et des courants. Sur les 500 000 hectares de mangroves, 150 000 ont été détruits par les épandages. Heureusement, la mangrove se reconstitue plus facilement que la forêt dense. Les habitants ont pris leur sort en main et pour l’essentiel, la mangrove est rétablie.
Les espèces animales et végétales ont réapparu et foisonnent Les crocodiles prospèrent. Signe favorable : les
grues sont revenues dans la Plaine des Joncs. Plusieurs réserves naturelles de grande superficie deviennent
des destinations touristiques, comme à Can Gio. Les forêts de Melaleuca4 sont des forêts semi-inondées que
l’on trouve uniquement dans le delta du Mékong. Elles couvraient 250 000 hectares dans les régions inondables. 120 000 hectares ont été anéantis mais, là encore, la population s’est attelée à la replantation des
Melaleuca, les seuls arbres à pousser dans ce sol acide.Ainsi, après vingt ans et plus d’un travail pénible et
dangereux dans des marécages empoisonnés, les Vietnamiens ont réussi à éliminer une partie des séquelles
de la guerre américaine5.
MHL
(extrait de l’article : Une guerre chimique sans fin : http://www.aafv.org/Une-guerre-chimique-sans-fin-l )
3 Les autorités vietnamiennes doivent encore lutter contre des déboisements volontaires dus à la contrebande de bois d’œuvre
(voir le film de Vuong Duc d’après une nouvelle de Nguyen Huy Thiep, Les coupeurs de bois) ou à la recherche de terres agricoles.
4 Le Melaleuca porte en français le nom d’arbre à thé, bien qu’il ne fournisse aucun thé. Il est employé au Vietnam pour son bois
et en pharmacopée traditionnelle, notamment comme fongicide, en usage exclusivement externe !
5 Westing, A.H., VoQuy, Phaung Tuu Boi, Bui Thi Lang, Dwernychuk, L. W. Long-term consequences of the Vietnam war, Ecosystems. Report to the Environmental Conference on Cambodia, Laos, Vietnam, Stockholm, July 2002.
Piste Ho Chi Minh
La déforestation et ses dégâts
catastrophiques
L
Reportage à Ho Chi Minh Ville
avec Silvain Aumon, ex-volontaire
du Service Civique au Vietnam
Mangrove de Can Gio :
Une écologie de terrain
Le site naturel de la mangrove de Can Gio s’oriente
résolument vers quatre axes forts : réhabilitation
et plantation d’essences rares et suivi de la faune,
approche scientifique d’un milieu naturel unique,
tourisme découverte, protection environnementale.
Can Gio Mangrove Forest Protection (CGMFPM),
organisme dépendant du ministère de l’agriculture
vietnamien est en charge du site naturel de la mangrove de Can Gio. Celle-ci peut se définir comme
un écosystème de marais maritime, ensemble inextricable de palétuviers et végétaux luxuriants qui se
développent sur de fortes racines dans les baies aux
eaux calmes.
12
La première mission de CGMFPM consiste à
réhabiliter cette forêt très particulière qui, à 40 km
de la ville phare du Sud Vietnam, n’abrite pas moins
de 150 espèces floristiques et presque autant dans
le domaine animal. Des caractéristiques exceptionnelles qui, comme le fait de s’étendre sur 70 000 ha
et de constituer la plus grande réserve de mollusques
au monde, lui a valu d’être inscrit comme site mondial de « Biosphère » par l’Unesco.
Pour ce faire, sous la direction de M. Sinh, elle dispose d’une centaine de salariés répartis dans les 24
« compartiments » qui ont été dessinés à cet effet.
Réhabiliter
Réhabiliter la forêt, replanter les essences, constituent la première et principale mission de CGMFP.
Après une destruction à 90 % pendant la guerre du
Vietnam, la réhabilitation de la forêt a été inscrite
comme prioritaire par la ville de Ho Chi Minh. Cette
action d’envergure a ainsi débuté au lendemain de la
fin du conflit grâce à la volonté et au travail d’une
poignée de volontaires (dont M. Sinh, actuel responsable). Une opération géante de déblaiement dans
un premier temps où les hommes tenteront d’oublier
les aléas environnementaux, présence d’insectes piqueurs en nombre et de crocodiles, notamment.
Puis la ville de Ho Chi Minh va créer l’organisation
Can Gio Mangrove Forest Protection Management.
Parallèlement, grâce à des financements de mécènes
japonais, des locaux d’accueil ont été entièrement
refaits, tandis qu’un restaurant, un bassin d’eau et
quatre maisons sont en construction dans le but
d’héberger au mieux les touristes.
Sensibiliser
Dernier axe d’action pour les responsables de CGMFPM, la sensibilisation des plus jeunes (8-14 ans) à
leur environnement et la mise en relief des richesses
naturelles qu’ils côtoient. Cette double approche concerne déjà une quinzaine d’écoles qui bénéficient régulièrement de la visite d’employés attachés à Can Gio.
L’organisation fournit des cahiers, des stylos et de
la documentation. Chaque mois, des petits concours
sont également proposés afin de récompenser les
élèves les plus motivés. Ces classes permettent de
travailler en véritable harmonie avec les populations
locales et ce n’est pas un hasard si de nombreux
salariés sont issus des villages situés à proximité de
la mangrove.
Dossier
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
Replantation de la mangrove
Silvain Aumon
Pour obtenir plus d’informations, s’inscrire à la
page Facebook « Can Gio Mangrove Biosphere » et consulter le site officiel « cangiomangrove.org.vn ».)
Mangrove restaurée
A
Des nouvelles des
Points Chauds
Après la cérémonie de juin 2011,
les travaux de décontamination de
la base de Danang ont une nouvelle
fois été inaugurés le 9 août 2012.
Plus de 70 journalistes, dont des
envoyés spéciaux de nombreux
journaux américains et d’autres ont
rendu compte de la cérémonie. Depuis, on n’a pas d’autres nouvelles
et les travaux ne semblent pas avoir
commencé. Ils sont confiés par
l’USAID à deux entreprises américaines, CDM-Smith pour l’extraction et le stockage
des terrains contaminés (73 000 m3) et Terra Therm
pour la destruction de la dioxine par méthode thermique.
Avec une aide du Fonds pour le Développement de
l’ONU, le Vietnam a extrait et stocké en des lieux
isolés les 43 000 m3 de terre contaminée à Bien Hoa
et les 7 000 m3 de Phu Cat. Certains journaux américains titraient « Phu Cat n’est plus un Point Chaud »,
à la grande indignation de Wayne Dwernychuck, de
Hatfield Consultant, qui rappelle que la dioxine est
toujours là.
13
D
Association des Anciens Combattants Vietnamiens
Date de création : 6 décembre 1989
Effectif : 2 400 000 membres dont 120 000 membres participant à la vie politique (85 % des anciens combattants du pays)
4 mots d’ordre : Fidélité, Solidarité, Exemplarité, Modernité
Plus de 100 000 comités
Président d’honneur : Le général Võ Nguyên Giáp
Organisation : 4 niveaux hiérarchiques internationaux
• 20 comités dans les 5 continents. L’un des plus actifs est celui de Californie.
• Membre de l’Association des anciens combattants de l’Asie du Sud-Est
(VECONAC)
• Membre de la ligue internationale des anciens combattants (WVF)
Actions :
• Participation au Village de l’Amitié Internationale pour le traitement et le soin
des victimes de l’Agent orange. Le village a accueilli 2 000 anciens combattants
et 500 enfants handicapés dus à l’Agent orange.
• Mobilisation générale pour la campagne de décontamination des zones touchées par la dioxine qui a débuté le 9 août 2012
• Contribuer à fournir des preuves et témoignages dans le recours collectif aux
États-Unis contre les fabricants d’herbicide (dont Dow Chemical et Monsanto)
pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
• Participer activement à la sécurité des quartiers résidentiels et des patrouilles
de nuit
• Abaisser les tensions dans les quartiers sensibles, assurer un suivi individuel
de 37 000 personnes
• Entre-aide pour développer l’économie, création de 2 500 entreprises, 22 600
fermes, avec 2 millions d’emplois
• Organisation des visites des lieux historiques, des réunions, des campagnes de
protection de l’environnement comme la fête des plantations chaque mois de février
• Organiser des collectes des fonds de solidarité (22 millions € sont déjà collectés), construire 61 000 maisons
pour les familles d’anciens combattants pauvres, 30 000 km de routes dans la campagne et 32 000 km de
canaux d’irrigation.
• Épauler l’association de la jeunesse volontaire.
• Participer à la vie politique. Grâce à son réseau large, bien implanté dans chaque quartier et à sa notoriété,
l’association devient le porte-parole du peuple, surtout des familles pauvres et handicapées. Elle a contribué
à faire évoluer plusieurs mesures gouvernementales comme la non-restriction des prêts pour certaines catégories sociales au Vietnam en 2011.
Tran Trung Tin (1933-2008)
Récompenses :
Un pilier de la peinture autodidacte vietnamienne qui
• Médaille de l’Indépendance de première classe
s’est éteint l’été 2008 Tin était un très grand handicapé
• Médaille du travail exemplaire
et ce, depuis la fin de la guerre du Vietnam.
• Titre de Héros du travail exemplaire de la nouvelle ère
Nguyen Nhu Nam
L
L’Union des Femmes
L’Union des Femmes du Vietnam a été fondée en 1930.
Son histoire est étroitement liée à l’histoire nationale de
la lutte pour l’indépendance et le développement. En tant
qu’organisation de masse, elle est membre du Front de la
Patrie aux termes de la Constitution de 1946 et fait valoir
auprès du gouvernement les droits légitimes des femmes et
la promotion de l’égalité des sexes. Son réseau opère dans
tout le Vietnam, à quatre niveaux : central, provincial, de
district et de commune. Elle compte actuellement environ 15 millions de membres, dans 10 472 comités locaux.
Son XIe Congrès, tenu le 14 mars 2012 a présenté un bilan
d’activité impressionnant allant de la lutte contre la pauvreté au développement du rôle des femmes chefs d’entreprise,
en passant par la lutte contre le trafic des femmes, l’aide à
14
l’éducation des enfants pauvres issus des minorités
et des archipels, l’aide aux handicapés et aux personnes âgées et établi un programme d’action ambitieux pour la prochaine période. Le soutien aux
victimes de l’Agent orange fait partie de ses actions
importantes, avec notamment une résolution adoptée
lors du XVe Congrès de la Fédération démocratique
Internationale des Femmes (Brasilia, 8-12 avril
2012) et une protestation solennelle auprès du CIO
et du LOCOG contre le mécénat de Dow Chemical
pour les Jeux Olympiques.
Activités de l’Union nationale des femmes du
Vietnam
Depuis des années, avec ses 15 millions de membres, le réseau des Associations à tous les échelons
l’Union des femmes du Vietnam, en collaboration
avec les membres du Front de la Patrie du Vietnam ont travaillé de façon très efficace pour aider
les victimes de l’Agent orange, particulièrement les
femmes et les enfants.
Tous les ans le comité central de l’Union donne
des directives à tous les échelons :
• Organiser et étendre les activités sur la famille,
le social, l’action humanitaire, le devoir de mémoire…
• Particulièrement pour les victimes de l’Agent
orange : les soutenir moralement, partager les
peines des victimes, les encourager, effectuer des
visites, des cadeaux, des distributions gratuites de
médicaments.
Honorer ceux ou celles qui s’occupent des victimes
Certaines villes, certaines provinces ont organisé la
Journée des femmes et par ce biais on s’occupe des
victimes de l’agent orange.
Déclencher un mouvement de masse parmi les membres de l’Union et toutes les femmes afin de soutenir
de façon plus efficace, de s’intéresser aux victimes
de la communauté et de les soigner ; en même temps
soutenir énergiquement le procès en collectant les
signatures depuis la base de la structure de l’Union.
On a choisi le 10 août comme jour pour les victimes
de l’Agent orange, « jour de pointe » pour toutes les
activités pour les victimes.
Actions et présence aux forums internationaux
Appel aux femmes et à la population américaines, à
l’équité du tribunal américain et à la responsabilité
des Sociétés américaines productrices, à la communauté internationale, à ceux qui ont soutenu la lutte
des Vietnamiens…
Thérèse Nguyen
U
Une expérience prometteuse
Depuis 2008 un programme d’association des familles à la rééducation fonctionnelle des victimes
des épandages a été mis à l’essai dans les provinces
de Thai Binh (nord) Quang Ngai (centre) et Dong
Nai (sud). Il est intitulé Community on-site rehabilitation (réhabilitation sur place dans les communautés). Il est placé sous la responsabilité de l’École de
Santé publique de Hanoi, sous l’égide du Ministère
de la santé. La durée de la première phase s’étend
jusqu’à 2013.
Un premier bilan a été présenté le 9 juillet 2012 au
Centre du VUFO pour les ONG (VUFO-NGO Center) par le Professeur Tran Trong Hai, président de
l’Association de Réhabilitation du Vietnam. Les résultats très encourageants font espérer sa généralisation progressive à tout le pays.
Objectifs
Le but global est d’améliorer la qualité de vie des
victimes de l’AO et des personnes souffrant de traumatisme de guerre et de favoriser leur insertion dans
la communauté villageoise. Il s’agit de transférer
aux victimes et à leurs familles les connaissances
utiles à la rééducation et de leur fournir une assistance technique, grâce à la formation d’éducateurs
de terrain, eux-mêmes formés par les services centraux de santé. On vise à augmenter la prise de
conscience de la question et la circulation de l’information, ainsi qu’à développer des guides de mise en
œuvre et d’évaluation des résultats au niveau local,
avec la création d’un Bureau de supervision au niveau des districts.
6 000 victimes de l’Agent orange et de traumatismes
de guerre connaîtront les méthodes de réhabilitation
à la maison.
1 000 victimes seront dirigées à l’échelon supérieur
pour des opérations appropriées.
900 victimes et traumatisés recevront des équipements d’aide.
600 membres des équipes locales augmenteront
leurs compétences en réhabilitation.
Des livrets, des manuels et d’autre matériel éducatif
seront édités.
Un rapport final sera établi.
Dossier
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
Domaines d’application
Les types de handicap visés par le programme sont
au nombre de 7 :
• Difficultés motrices
• problèmes de vue
• problèmes d‘audition et de langage
• difficultés d’apprentissage
• troubles du comportement
• épilepsie
• cancers et autres maladies chroniques
Réalisations de 2008 à 2011
I-Transfert de connaissances et services d’aide
• Formation aux enquêtes sur les handicaps : 750
collaborateurs ont été formés et 15 000 victimes
de l’AO et traumatisés de guerre ont été vues dans
les trois provinces.
15
• Utilisation de la télévision nationale : 02 TV et
VTV2 (présentations du programme, débats, matériel téléchargeable, clips vidéo sur les actions,
clips vidéo pour la propagande en faveur de la réhabilitation des victimes de l’AO…)
• Émission sur les télévisions et radios des provinces et sur les radios locales (3 000 émissions
sur les activités du projet, la détection des handicaps, l’action locale…)
• Transfert de connaissance par des sessions
ssions de
aires forformation à la réhabilitation : 900 stagiaires
més
• Formation au suivi et à l’évaluation : 700 personnes. Trois réseaux locaux de collaborateurs ont
été créés. Ils comportent 600 membres.
• Des fiches de diagnostic des besoins des traumatisés de guerre et de suivi de leurs progrès ont été
mises au point. 5 900 personnes ont été suivies.
• Formation à la réhabilitation à domicile : 7 300
familles ont été formées (gymnastique, massages,
exercices divers). 1 000 familles ont appris à fabriquer du matériel utile aux traitements.
• Examens et aide en matériels : 6 700 bilans de
santé (victimes de l’AO et traumatisés de guerre),
400 ont été opérés, 950 ont reçu du matériel (fauteuils roulants, tricycles, chaises de bébé, prothèses auditives) et ont appris à s’en servir. 25 enfants ont eu de la chirurgie esthétique.
2-Amélioration des compétences des éducateurs
et des équipements des services
• Équipement : 120 équipements ont été fournis a
à des hôpitaux de province et de district (générateurs d’ultrasons, par exemple).
• Création d’un logiciel pour les besoins du programme (collecte des données, suivis individuels,
rapports, informations…)
• Rencontres de suivi et d’évaluation des formateurs : tous les mois (point sur les mises en œuvre,
entraînement aux techniques de réhabilitation,
suivi des activités…)
3- Communication et partage de l’information
• 2 000 petites brochures sur la dioxine et son influence sur la santé
• 2 000 affiches sur la détection précoce de la
dioxine et de ses troubles possibles
• Édition de manuels illustrés de croquis et de photos pour chacun des handicaps soignés à domicile
16
Conclusions
L’expérience a remporté un vif succès dans la création d’un réseau de collaborateurs et montré l’efficacité du modèle de réhabilitation intégré au système
de santé existant au niveau local, elle a impliqué différents secteurs et mobilisé les familles et les traumatisés de guerre pour les soins et la fabrication de
matériel d’aide. Elle a obtenu des soutiens à différents niveaux. Une fondation pour le projet a été
créée et le modèle d’organisation a été validé. Les
victimes
de l’AO et les traumatisés de guerre ont été
victi
traités
traité systématiquement. Le concept de « Community Based Rehabilitation1 » (CBR, Réhabilitation
basée
basé sur la communauté) a été largement accepté et
la pa
participation des communautés a été très bonne.
En 22012-2013, l’action sera poursuivie et élargie,
avec pour objectif de toucher tous les districts des
trois provinces. Pour cela il faudra surmonter plusieurs obstacles : les ressources humaines pour les
rencontres de formation des éducateurs sont limitées ; leurs indemnités sont faibles ; les victimes
souffrant de handicaps graves ont des difficultés à
bénéficier du programme.
Pour l’avenir, l’extension à d’autres provinces requiert une formation de leurs personnels de santé à
la réhabilitation. Un effort particulier doit être fait
en direction des grands handicapés. La clé du succès
est le transfert des compétences aux familles et aux
handicapés eux-mêmes chaque fois que possible.
Le modèle implique trois composantes, la Santé, les
Affaire Sociales et l’Association des victimes de la
dioxine. La coopération avec d’autres secteurs tels
que l’éducation, la formation professionnelle et la
recherche d’emplois doit être recherchée et consolidée.
MHL,
d’après le texte du Pr. Tran Trong Hai
1 Le programme ici présenté est une variante vietnamienne du
programme international CBR qui a été utilisé à moindre échelle
au Vietnam de 1987 à 2005 mais ne concernait pas les victimes
de l’Agent orange.
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
En cette année où l’on commémore le Tricentenaire de la naissance de J.J.
Rousseau nous devons à Lê Phong Tuyet de l’Institut de Littérature auVietnam, cet article dans lequel il apparaît que les grands penseurs et révolutionnaires vietnamiens, à travers tout le XXe siècle, ont eu à l’esprit les idéaux de
Jean Jacques Rousseau — le refus de la monarchie, l’exaltation de la liberté
et de l’égalité, la défense de l’indépendance de la Justice, la volonté d’assurer
le bonheur de chacun dans le respect du Bien commun — et de génération en
génération, les ont réinterprétés et intégrés comme un ferment de démocratie
dans leur longue lutte pour l’indépendance, et l’élaboration de la République
q
démocratique
mocratiq du Vietnam.
Admirateurs de J.J. Rousseau au Vietnam
(D’après des écrits d’écrivains révolutionnaires du
début du XXe siècle) Lê Phong Tuyet de l’Institut
de la littérature au Vietnam.
Au Vietnam, au début du XXe siècle, l’influence des
idées du Siècle des Lumières en général et de JeanJacques Rousseau en particulier s’est manifestée
principalement à travers trois mouvements :
1 Phan Chu Trinh et le mouvement « Duy Tân »
(mouvement de Modernisation du Vietnam,
1906-1908) :
Duy tân fut organisé par Phan Chu Trinh, Huynh
Thuc Khang et Tran Quy Cap, trois lettrés de Quang
Nam, au centre du pays. L’objectif de leur combat
était de moderniser le Vietnam en suivant le modèle
de la démocratie européenne et en luttant pacifiquement contre le colonialisme français ; son instrument, des journaux écrits en français.
Phan Chu Trinh, après avoir connu les « Nouvelles
Lettres » 1, fut le premier à assimiler les idées européennes progressistes.
Ses amis et lui étaient habités par les notions de Liberté et de Démocratie. L’admiration de Phan Chu
Trinh pour l’Europe s’exprimait d’ailleurs par le
choix de son pseudonyme « Hy Mã » (Mazzini)
Ainsi, le Mouvement de la Modernisation s’établitil en Annam, avec trois slogans :
- Réveil de la conscience nationale pour amener
l’union du peuple contre l’Administration coloniale.
- Abolition du système d’éducation vietnamien avec
ses examens considérés comme routiniers et bornés,
encouragement à l’apprentissage du Français jugé
« utile à la recherche du progrès », abolition des
mœurs arriérées et fastueuses des lettrés.
- Encouragement à l’apprentissage par tous d’un
métier, pour développer la production des marchandises et le commerce.
La vision qu’avait Phan Chu Trinh de la démocratie
bourgeoise se manifeste dans plusieurs de ses écrits
et ses actions, tant au Vietnam qu’en France.
Ainsi donna-t-il des cours au Đông kinh nghĩa thục,
une école moderne patriotique qu’il créa pour de
jeunes hommes et femmes vietnamiens et qui demandait à ses étudiants de renoncer à leurs traditions
élitistes.Son poème Tỉnh Quốc hồn ca (la chanson
du Réveil de l’Esprit national), composé au Vietnam
en 1907 et à Marseille en 1922, exprime parfaitement son idée de la Modernisation bourgeoise et
démocratique. Il compare en douze fragments la
conscience et les connaissances de notre peuple
avec celles des Européens et en déduit douze « com1 On appelle Nouvelles Lettres les livres qui venaient de Chine,
traduisant des idées européennes, concernant en particulier les
Lumières et la démocratie.
Lê Phong Tuyet
mandements » concernant les problèmes les plus
concrets dans la quête d’une démocratie Vietnamienne : Avoir le courage de se sacrifier pour une
juste cause, Apprendre un métier, Prendre plus de
risques, Être solidaire, Faire des partenariats dans
les affaires, Organiser des funérailles simples, Améliorer la productivité des machines, Travailler avec
des délais précis, Vivre sans superstition, Travailler
pour l’intérêt général du peuple, Construire un grand
nombre d’industries de production, Avoir un système de santé publique organisé de manière efficace.
Une deuxième partie de cinq fragments accuse tant
le mécanisme corrompu de l’autorité féodale vietnamienne que l’oppression brutale du colonialisme
français. Elle fait aussi appel à une coopération
réelle entre la France et le Vietnam. Selon Phan Chu
Trinh, c’est l’éducation, qui est la valeur dominante
pour la modernisation du pays. Il développe notamment cette idée dans son article La situation actuelle
du problème (1933). L’expression de lui bien connue
« A leur rencontre, veuillez faire des efforts » oppose la difficile mais nécessaire lecture des philosophes des Lumières à la routinière éducation confucéenne en caractères Chinois. La loi occidentale est
également exaltée dans l’œuvre de Phan Chu Trinh,
surtout pour ce qui concerne la séparation des pouvoirs. Ainsi souhaite-t-il que la phrase de Rousseau
« Il n’est pas bon que celui qui fait les lois les exécute » interpelle vivement les intellectuels vietnamiens de ce début de XXe siècle. Malgré une inlassable lutte pacifique, Phan Chu Trinh n’a pas
remporté la victoire. Son chagrin de cet échec est
exprimé dans les Récits de Phan Chu Trinh de Vu
Gia : « Maintenant —alors que je suis sur le point de
mourir, que mes ossements blanchis par le temps
vont être confiés à ce pays étranger, que la vague me
poussant vers la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, ces
valeurs découvertes par Montesquieu et Rousseau,
n’a su verser aucune goutte sur ce terrain d’Annam— je me sens tout petit et affligé ».
Histoire
D
Françoise Paradis
2- Phan Boi Chau et le mouvement Đong Du :
Phan Bội Châu a tenté une autre démarche et organisé le mouvement Đông dans le but d’envoyer des
jeunes au Japon ou en Chine faire des études pour
qu’à leur retour, ils libèrent le pays du colonialisme
français. L’admiration pour J. J. Rousseau, qui se
manifeste à travers les écrits de Phan Bội Châu lui
vient et évolue avec le temps.
En 1909, une lettre de Phan Bội Châu exposait au
groupe de Phan Chu ce qu’il pensait être la cause de
sa défaite. Selon Phan Bội Châu, le combat de Phan
17
Hong Sam,
spécialiste
vietnamienne
de
Rousseau
et Balzac
18
Chu Trinh pour la démocratie au Vietnam était prématuré, compte tenu de l’insuffisant niveau intellectuel du peuple qui ne pouvait pas la recevoir.
Il écrit : « Depuis vingt ans je suis plongé dans la
vague de l’esclavage, au sein d’une mer déshonorée,
je me suis enivré avec la théorie de la relation entre
le roi et ses sujets portés par des lettrés routiniers et
bornés. Je ne sais pas qui sont Montesquieu et Rousseau ! On dit qu’actuellement vous faites bien des
efforts pour encourager
g le ppeuple
p en faisant valoir la
démocratie, ce monstre qu’on n’a jamais vu depuis
mille ans… En vous hâtant dde prendre l’initiative
d’une théoriee éclectique, en ppoussant les gens à la
croisée de trois, de sept chemins, vvous faites crier ce
mot, m
mais dans combien de
temps, combien de personnes seront-elles d’accord ?… » Mais en 1926,
dans Văn tế Phan Chu Trinh2
(Oraison funèbre de Phan
Chu Trinh), Phan Bội Châu
vante le mérite du défunt
dans l’introduction des pensées européennes au Vietnam et exalte les noms de
Mazzini, de Louis XVI pour
avoir encouragé la tolérance,
de Rousseau et de Montesquieu pour leur aspiration à
la démocratie. C’est après
avoir lu au Japon les « Nouvelles Lettres » que Phan Bội Châu avait changé de
position. Dans La lettre pleine de sincérité envoyée
de l’étranger Hải ngoại huyết thư (Japon, 1912)2, il
s’attache à conseiller au peuple vietnamien d’encourager les études des jeunes à l’étranger, afin qu’ils
acquièrent les meilleures connaissances possibles du
monde et des grands philosophes tels Dụ Cát (Fukuzawa Yukichi) ou Lư Thoa (J. J. Rousseau).
Une trace de l’admiration de Phan Bội Châu pour
Rousseau se trouve dans le récit de sa création de la
« Ligue pour la Restauration du Vietnam » (1920).
Dans Phan Bội Châu Chronique, il écrit : « En 1912,
l’Association de Restauration du Viet Nam fut créée
et dut tout d’abord répondre à la question : Monarchie ou Démocratie. Depuis mon séjour au Japon,
[…], j’admirais la théorie de Rousseau ; […] »
De fait, appuyé sur un changement de stratégie révolutionnaire après les échanges entre En Khai Luong
et Sun Yat-sen, Phan Bội Châu put en 1920 orienter
l’assemblée vers le refus de la monarchie et le choix
de la démocratie, celle-ci devenant le moyen et le but
de la libération. Bel hommage aux deux valeurs
rousseauistes essentielles, Liberté et Égalité…« La
perspective ayant changé, je pus me trouver dans la
salle de réunion pour demander aux auditeurs de ratifier la résolution « Démocratie », […] ; Le congrès
décida de dissoudre l’Association Duy Tân au profit
de la nouvelle dite Viet Nam Quang phục hội » La
raison d’être de l’Association était de chasser le colonialisme français et de fonder la République démocratique du Viet Nam.
Néanmoins, l’idée clef de Phan Bội Châu : atteindre
ces buts en s’appuyant sur les mouvements chinois
et japonais, ne mena pas non plus à la victoire.
2-Op.cit.Note 3. pp. 282, 284
3-Phan Bội Châu Chronique, Edition Littérature, Histoire,
Géographie, 1957, tr. 82
3 - Une autre force issue des deux grands mouvements précédents fut le Mouvement communiste
dont Nguyen Ai Quoc était le leader.
Un personnage très proche de Nguyễn Ái Quốc :
Nguyễn An Ninh.
Nguyễn An Ninh avait vite assimilé la pensée démocratique lors de ses études à la Sorbonne.
En 1922, il fonda le journal La Cloche fêlée, périodique en français, condamnant le régime colonial.
En 1923, lors de son deuxième retour au pays, il procéda à la première traduction du Contrat social de
Rousseau. Celle-ci visait à la vulgarisation de la
pensée sur l’égalité à partir de cette certitude du philosophe : « L’homme est né libre ». Elle présentait
également la position de Rousseau sur l’État : Dans
le Contrat social l’État est une institution de gouvernance. Le mérite de cette traduction ne s’arrête pas
là. Bùi Khánh Thế dans Nguyễn An Ninh et les problèmes de culture, de langue et d’éducation, Magazine Hồn Việt [Esprit vietnamien] n° du 2 décembre
2010 remarque : « Dans sa première traduction d’un
essai philosophique français, sont apparus des mots
qui sont récurrents aujourd’hui : loi, société, droit de
l’homme, autonomie, liberté, suffrage universel,
humanité, droit, force, politique, oppression…
La démocratie se trouvait donc confirmée comme le
but de la lutte révolutionnaire.
Mais c’est par excellence Nguyễn Ái Quốc qui l’associa à la libération nationale. Avec Nguyễn An
Ninh, il fonda et rédigea Le Paria. À la suite de sa
rencontre avec des représentants communistes français et russes, son itinéraire révolutionnaire fut différent de celui de Phan Chu Trinh et Phan Bội Châu.
La situation internationale à la fin de la Première
Guerre mondiale ouvrit de nouveaux horizons. On
se préoccupait des colonies. Revendications du
peuple annamite (1919), signé par Nguyễn Ái Quốc,
envoyé au Traité de Versailles, mit en garde les Alliés quant à la situation des pays colonisés. Dans
Procès de la colonisation française (1925 en français) Nguyễn Ái Quốc analysait la nature cruelle du
colonialisme français, le dénonçait et vantait le
mouvement de lutte des peuples colonisés.
Le souci principal de Nguyễn Ái Quốc comme de
ses camarades restait donc la Liberté, mais la mise
en accusation du régime monarchique érigé par le
colonialisme français fut aussi l’objet de plusieurs
ses écrits : Ainsi, en 1922, à l’occasion de la visite
du roi Khải Định en France, le club du Faubourg
présenta-t-il une pièce en français de Nguyễn Ái
Quốc : Dragon de bambou. L’auteur y ironise et critique un roi asiatique fantoche, qui ressemble à un
dragon mais qui n’est en fait qu’une racine de bambou. Lors de la libération du pays, Démocratie, République et Liberté sont entrées dans la Déclaration
d’Indépendance élaborée et établie par Hồ Chí Minh
le 2 septembre 1945, dans la Constitution votée par
l’Assemblée Nationale en 1946, mais aussi dans la
devise nationale qui forme l’en-tête des papiers officiels :
République Démocratique du Việt Nam
Indépendance, Liberté, Bonheur
Il est clair que ces mots d’ordre ont une résonance
avant tout rousseauiste.
Céline Marangé : « Le communisme
vietnamien (1919-1991),
Construction d’un État nation entre
Moscou et Pékin »,
Presses de Sciences Po, 2012, 612 p. 32 €
Voici un livre épais, agrémenté de photographies et
de documents, de reproductions de dessins de propagande, de notices biographiques et, chose rare
dans l’édition française, d’un index des noms de
personnes. La longueur, qui tient au fait qu’il s’agit
d’une thèse de doctorat en sciences politiques, ne
devrait pas rebuter le lecteur, car l’ouvrage est écrit
dans une langue fluide et fort respectueuse de la
concordance des temps, ce qui est encore plus rare.
Toute analyse d’un tel ouvrage doit partir de sa problématique, au sens plein du terme, c’est-à-dire de
l’interrogation à partir de laquelle la recherche a été
conduite et autour de laquelle le propos se développe. Implicite dans le sous-titre, elle est en fait
double, puisqu’elle porte sur
l’exportation et l’importation
de modèles politiques – en
l’occurrence, celle des matrices soviétique et chinoise
du communisme par le Vietnam – et sur les ressorts et les
limites de l’hégémonie politique. Problématique pertinente puisque le communisme vietnamien a bien été
nourri de ces deux expériences et de ces deux modèles, à un degré sans doute
inégalé dans cette région du
monde, tant dans sa construction face au colonisateur que
pendant les deux guerres
interminables au cours desquelles il a bénéficié de
l’aide de ces « pays et
partis-frères ». Aussi le plan
suivi est-il chronologique,
qui se décompose en trois
parties, la première – trois
chapitres - allant de
mars 1919 et de l’arrivée
rivée de
Ho Chi Minh en France
nce à la
réforme agraire de 1953,
953, cependant que la deuxième,
uxième,
constituée de quatre
re chapitres, poursuit l’étude
de jusqu’en 1991, c’est-à-dire
jusqu’à l’implosion dee l’Union soviétiq
soviétique, à un moment où le Vietnam était confronté à uune hostilité
quasi générale des puissances, qu’animaient alors la
Chine et les États-Unis. Les deux derniers chapitres
sont une tentative de définition du communisme
vietnamien avec l’outillage des sciences politiques.
On appréciera notamment les chapitres consacrés à
la naissance et au développement du parti communiste vietnamien, qui puisent notamment dans les
travaux d’Anatoli Sokolov, et font ressortir l’efficacité des services de sécurité de la puissance coloniale. Ou encore les pages consacrées au conflit
avec le régime polpotiste et le rappel des défis
énormes auxquels les Vietnamiens ont été confrontés dès le mois de mai 1975, du fait des énormes
déséquilibres de la société au sud du pays et aussi,
sans doute, du « vertige du succès » et du « syndrome de Genève » auquel l’auteur fait référence,
c’est-à-dire le sentiment vérifié d’avoir été floué lors
de l’application des accords signés en 1954 et la
volonté d’empêcher que cela ne se reproduise.
Il ressort que s’il y a bien eu importation de modèles, ceux-ci ont été intégrés, adaptés et remodelés
de façon autonome et originale, ce qui ne saurait
véritablement surprendre. Même il y a eu une ou
deux matrices, il n’y a pas UN mais DES communismes. Dans le cas précis du Vietnam, la naturalisation tient au rôle personnel de l’oncle Ho, aux réalités et traditions historiques du pays, au rôle essentiel
de la question nationale, aux conditions mêmes de
la guerre et des contraintes imposées par le conflit
sino-soviétique. L’auteur le démontre fort bien, qui
a conduit son travail avec rigueur et en s’appuyant
sur de nombreuses sources, françaises, vietnamiennes, soviétiques ou russes, comme chinoises et
américaines. On soulignera ici l’exploitation d’archives du parti communiste
français, en particulier
ommun
des papiers de Marius Made
gnien et, semble-t-il pour la
gn
première fois, de Léo Figuères.
Le débat, et si débat il doit y
avoir c’est la preuve même
que l’ouvrage est riche,
découle des limites de
l’approche classique des
sciences politiques. Il s’agit,
d’une part, de la doxa occidentale
qui
fonctionne
comme une cage de verre.
L’auteur évoque ainsi le soutien apporté par l’URSS aux
mouvements d’indépendance
des colonies portugaises dont
la libération a coïncidé avec
la réunification du Vietnam et
a été interprétée alors comme
une illustration de l’aventurisme soviétique. Bien plus
intéressante nous paraît être
l’analyse du regretté Éric
Hobsbawm qui a parlé à ce
propos de la « troisième
vague révolutionnaire » de ce
qu’il a appelé le « court
XXe siècle », au sens où les
défaites américaines en Indochine et la libération des colonies portugaises s’entrelaçaient à la fin des dictatures en Europe méridionale (Portugal, Espagne,
Grèce), à l’apparent essor de l’« eurocommunisme », à la crise économique des pays avancés
(système monétaire, énergie, stagflation, etc.) et à la
revendication d’un « nouvel ordre économique international » dont plusieurs pays du sud étaient alors
porteurs. Cette doxa peut d’ailleurs être changeante
et l’on a aujourd’hui oublié les titres publiés par
rayonnages entiers durant les décennies 1950 et
1960, autour d’une donnée réelle, à savoir l’aura,
l’influence et la diffusion du communisme, ou pour
le moins du marxisme, en Asie orientale. Le phénomène a été général, y compris au Japon où il a marqué durablement les intellectuels et dont il a inspiré
le modèle économique, qui, à partir des années
soixante du siècle dernier, fut souvent présenté
Livres
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
19
comme exemplaire. Pendant la deuxième guerre
mondiale, la lutte anti-japonaise a été conduite par
des communistes, de la péninsule coréenne aux Philippines et à la Malaisie, le Vietnam n’étant en aucun
cas une exception. Plus tard, des guérillas à direction communiste ont étéconduites dans la plupart
des pays d’Asie du sud-est et le Vietnam s’est alors
distingué, puisqu’il l’a emporté. Cet élargissement
du champ de vision aurait donné, nous semble-t-il,
plus de profondeur à la problématique, sans nécessairement en décentrer le propos.
La deuxième faiblesse de l’approche classique découle de sa focalisation excessive sur le politique
conçu comme l’affaire des théoriciens et des dirigeants. Pour comprendre l’ancrage du communisme
vietnamien, on ne peut se borner à l’étude de ce qui
s’est passé « en haut », au sein de la direction du
PCV et dans ses relations avec les partis soviétique
et chinois. Il convient aussi de partir d’« en bas », de
la rizière et du village, du bo doi et des lettrés de
base, des traditions culturelles et cultuelles du pays.
Il va de soi qu’une telle entreprise était irréalisable
sur une période aussi longue et pour l’ensemble du
pays. Ce sera donc pour la suite et l’auteur a devant
elle un vaste champ de recherche qui reste, il importe de le souligner, difficile à exploiter dans la
mesure où les archives sont loin d’être totalement
ouvertes.
Le point le plus discutable porte sur le terme « totalitarisme », que l’auteur refuse d’utiliser à propos du
Vietnam parce qu’il ignore la dimension de libération nationale, ce en quoi elle a amplement raison,
mais pour le réintroduire à son corps défendant.
C’est avec cette parallaxe, qui revient à assimiler
communismes et fascismes, qu’elle tend à analyser
la réalité du communisme vietnamien : système à
parti unique d’encadrement de la population et de
transformation de l’individu au nom de la construction d’un « homme nouveau ». On ne peut nier que
cela a existé ou existe encore au Vietnam, mais, par
exemple, l’« homme nouveau » que d’aucuns auraient voulu voir surgir au Vietnam aurait-il été
identique à l’homo sovieticus et, aussi nouveau qu’il
fût, aurait-il cessé d’être vietnamien ? De même,
démontrer que le parti encadre la société et dans une
certaine mesure – mais laquelle ? - la force, nous
paraît insuffisant, car il serait intéressant de savoir
dans quel but cet encadrement s’exerce, pour édifier
quelle société – rapports entre les genres, les groupes
sociaux et les ethnies, entre autres -, dans quels rapports avec le passé et avec quelle vision de l’avenir,
toutes choses qui ont une épaisseur et se révèlent
vite complexes. Sans oublier que cela s’est produit
dans les conditions de la guerre, et ce, pendant près
d’un demi-siècle.
Quand un livre ne plaît pas, on peut l’ignorer ou tenter de le déconstruire. En l’occurrence, il ne s’agit ni
de goût ni de choix idéologique. L’ouvrage de Céline Marangé est à lire, la plume à la main, car il
fournit une masse de faits, d’informations et d’analyses dont chacun pourra faire son miel. Mieux, il
incite sans cesse à la réflexion et appelle au débat, ce
qui, dans notre bas monde, reste une des activités
humaines les plus indispensables.
P. Jorland
20
Peste et choléra
Patrick Deville
Ed. du Seuil, coll.
Fiction & Cie 224 p.,
18 €
Splendide roman !
Quand Patrick Deville
croise les pas de l’épopée Yersinienne. Les
carnets du magique
explorateur, scientifique touche à tout,
sont étudiés, mis en perspectives dans la densité historique qu’il a traversée. Patrick Deville se joue du
temps, des lieux et des expressions : le livre commence, trois ans avant la mort de Yersin, c’est le dernier vol Air France vers l’Asie. Au fil des pages,
nous découvrons entre autres, l’excellence des premières décennies pasteuriennes, mais aussi les tribulations du jeune aventurier suisse dans ses différentes traversées vers l’Extrême-Orient, d’Aden ou
Madagascar à l’empire du Milieu, dans les ports et
les jungles indochinoises entrecoupées cependant
d’incontournables séjours parisiens.
Toujours en quête d’étonnement, c’est l’Annam de
Nha Trang à Dalat que le génial Yersin, choisit de
parcourir et où il reposera sa tête. Le Vietnam d’aujourd’hui doit encore beaucoup à A. Yersin vénéré
comme un Bouddha. Mais en France, qui connaît la
vie extraordinaire du Docteur bactériologiste ?
Alexandre Yersin, né le 22 septembre 1863 dans le
Canton de Vaud en Suisse (son père vient de mourir), meurt le 28 février 1943 à Nha Trang. A 22 ans
Yersin découvre le bacille de la peste, ses travaux
sur le choléra ou la tuberculose sont remarquables !
Sa vie ne s’arrêtera pas là, fuyant le carcan des honneurs il ne fera pas carrière. Ce solitaire aventurier
s’est taillé une destinée deux fois plus longue que
celle de son contemporain Rimbaud ! De Morges à
Nha Trang il relie ses terres natales. Sa correspondance nourrie, avec sa mère puis avec sa sœur
jusqu’en 1932 en témoignent. Le marcheur invétéré
n’a de cesse d’importer : graines et arbres et autres
matériels afin de se créer un environnement plus favorable et propice. L’Indochine du Docteur est
d’une certaine manière, sans doute, plus dangereuse
et inhospitalière que le Vietnam d’aujourd’hui.
En marge de ce roman médiatisé, notre ami le
Docteur Vu Ngoc Quynh, lui même, faisant partie
de « la petite bande » des pasteuriens et spécialiste
de Yersin, pourrait nous révéler quelques secrets.
Plus largement, ce livre nous fait revisiter le Vietnam. Une très bonne publicité, et une incitation au
voyage.
http://www.publibook.com/librairie/livrephp?isbn=
9782748347630
DdM
Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
Nguyên Huy Thiêp a
été empêché de venir en
France pour la sortie de
ce nouveau livre. Pas de
visa. Les uns ricanent:
décidément, les autorités vietnamiennes ne lui
ont pas pardonné sa liberté de ton. Les autres ironisent : bonne pub pour la
sortie du bouquin, non ? On ne prendra pas parti...
En tous cas, alléchés par ce titre bizarre qui laisserait
supposer que le grand écrivain vietnamien aurait
abordé un autre style ou d’autres sujets de réflexion,
ne vous y trompez pas: il s’agit bien d’une anthologie, et même s’il y a quelques rares inédits, vous allez retrouver tous ces textes que vous avez aimés, à
commencer par le magistral Général à la retraite...
C’est la vie à la campagne, et tout particulièrement
dans ces hauts plateaux, peuplés de minorités, où
tout est dur, tellement dur.... Le narrateur est souvent
un jeune instituteur, qui débarque de la « grande
ville » -Hanoi et qui découvre ce monde à travers ses
yeux naïfs de jeune puceau. Et tout un univers de
superstitions, de contes et légendes.... C’est l’opposition ville /campagne : pour le paysan, la capitale
c’est le danger, le vice, la débauche, alors que pour
le citadin, la campagne apparaît totalement arriérée.
Mais Thiêp, c’est l’anti-Rousseau. Il ne croit pas à la
bonté de l’homme. Les riches et les puissants sont
corrompus, cruels, vulgaires. Quant aux pauvres, la
misère les réduit à l’état de bête. Les femmes sont
prématurément usées, mais aussi toujours prêtes à
tromper ce mari auxquels elles ont été unies sans
avoir leur mot à dire. Quant Thiêp met en scène un
couple pur de deux innocents amoureux, on peut
être sûr que ça va très mal finir pour eux. Il n’y a pas
de soleil dans ce monde : mais il y a la nature, avec
sa luxuriance, ses fruits, ses fleurs, ses buissons
d’arbustes, les lentes rivières sur lesquelles tourbillonnent les étourneaux, et la beauté des rizières
sous la lumière déclinante d’une fin de journée.
C’est pourquoi la poésie est toujours là, sousjacente...
Il y a aussi un certain nombre de nouvelles historiques, qui nous accrochent moins : on s’y perd un
peu dans tous ces noms qui se ressemblent, et pourtant, elles valent la peine qu’on s’y arrête en détail
car c’est là que l’auteur a pu transposer sa critique de
la société. Voyons par exemple l’histoire de Nguyen
Trai, qui fut un des conseillers de l’empereur Lê Loi.
Le premier veut bâtir le nouveau règne sur les deux
piliers : humanité /justice. Le monarque pense que
ces notions ne servent à rien pour l’exécutif, mais
sont un bon « étendard de début de cortège »…La
cour « qui n’en était qu’à sa première génération,
était fruste dans sa façon de vivre, sans bagage intellectuel, sans esprit critique… » Bon, vous imaginez
bien que le pouvoir communiste a pris ça pour lui.
Anne Hugot Le Goff
Histoire du
Vietnam
écrits sous les
bombes
articles écrits par
Théo Ronco de
1967 à 1972
Livres
Crimes, amour et
châtiment, anthologie
des nouvelles de
Nguyên Huy Thiêp
L’aube, 741 pages,
28 €
De façon générale, Thiêp pense que l’inculture est
un fléau majeur de son pays. Il la dénonce chez les
puissants, mais aussi chez les enseignants qu’il dépeint, le plus souvent, comme totalement incapables.
Pourtant, tout le monde écrit de la poésie dans ce
peuple, et les pages de ce volume en sont truffées
-souvent longuettes, elles nous séduisent moins
qu’un haïku japonais....
Merci aux Editions de l’Aube, d’avoir popularisé
cet écrivain majeur. Parce que Nguyên Huy Thiêp
n’est pas un grand écrivain vietnamien: c’est un
grand écrivain, tout court !
par Danielle de
March-Ronco
Grand témoin de notre temps, le journaliste français
Théodore Ronco fut, durant huit années, l’envoyé
spécial du journal L’Humanité pour la guerre du
Vietnam. Étienne Fajon confia à ce jeune homme,
natif de la Loire, la lourde mission de rendre compte
quotidiennement des ravages d’une guerre terrible
menée par l’année américaine, usant des moyens
techniques des plus sophistiqués, napalm, défoliants,
bombes à billes, produits chimiques, dont l’Agent
orange, contre tout un peuple. Cette correspondance,
entre Hanoi et Paris, donne à connaître le rôle du
journal L’Humanité comme éveilleur de conscience
prenant part à la lutte de libération. Théodore Ronco
participa, avec sa plume et sa vie, au long chemin
menant vers la libération du Vietnam. Il fut le seul
journaliste européen à parler et à écrire le vietnamien. Il rencontra à trois reprises le président Hô
Chi Minh, qui le tenait en grande estime. Lors de sa
venue à Hanoi, Jane Fonda laissa des messages
d’amitié « à ce journaliste courageux ». Vous lirez
aussi comment Henri Alleg, Henri Martin, José Fort
et ses amis eurent les mots du cœur pour évoquer la
mémoire de cet homme cultivé et généreux. Théo
Ronco donna vie à cette phrase de Jean Jaurès : « il
faut chercher la vérité et avoir le courage de la
dire. ») Ses écrits sous les bombes. ses photos et ses
analyses sont d’une brûlante actualité au regard des
temps mouvementés que connaît le Moyen-Orient.
Les souffrances des peuples qui, comme le peuple
vietnamien, réclament la paix et la justice sont toujours d’actualité.
21
Exposition
Du Fleuve Rouge au Mékong, visions
du Vietnam
Une exposition au musée Cernuschi,
7 avenue Vélasquez, 75008 Paris,
du 21 septembre 2012 au 27 janvier 2013
À la suite des premiers explorateurs français qui
avaient parcouru les contrées du sud-est asiatique,
comme Francis Garnier (1864), des voyageurs et
des peintres français s’aventurèrent à partir de la
seconde moitié du XIXe siècle dans les toutes
jjeunes colonies françaises. Ils en rapportèrent des
aquarelles et des peintures, saisissant avec un reaquarell
juste des lieux jusque-là seulement imaginés
gard jus
comme paradisiaques. Depuis Hanoi construite sur
la rive droite du Fleuve Rouge, dans le nord du
Vietnam (ancien Tonkin) jusqu’à Saigon et au fleuve
uve Mékongg dans le sud (ancienne Cochinchine), les hommes
et les monuments suscitèrent leur intérêt. Au début
ut du XXe siècle, l’É
l’État français encouragea des artistes à enseigner et à établir des écoles d’art ici comme dans ses autres colonies
colonies. En 1910, il créa le Prix de l’Indochine qui
offrit à des artistes français une bourse en Indochine. Cette présence artistique contribua à l’ouverture en 1924
de l’École des Beaux-Arts de Hanoi, sous la direction du peintre Victor Tardieu, appuyé par un jeune Vietnamien, Nguyen Nam Son. L’École accueillit de nombreux professeurs qui formèrent les artistes indochinois aux
techniques occidentales : architecture, peinture, sculpture, arts appliqués. Des écoles d’arts appliqués furent
également créées, certaines plus particulièrement spécialisées dans des domaines artistiques : l’École de Thu
Dau-Mot (1901) dans l’ébénisterie et le laque, l’École d’Art de Bien-Hoa (1903) dans la fonderie d’art et la
céramique, l’École des Arts décoratifs de Gia-Dinh (1913) dans la gravure. Parmi les professeurs qui contribuèrent à la mise en place d’un nouveau style, il faut mentionner Joseph Inguimberty, Evariste Jonchère, André
Maire, Alix Ayme, Louis Bate. Ces institutions apportèrent un nouvel élan à la production locale, renouvelant
ses thématiques et son approche stylistique. Les artistes qui sortirent diplômés de l’École de Hanoi adoptèrent
une facture réaliste basée sur l’utilisation de la perspective linéaire et la recherche de volumes. Les scènes, souvent intimistes, qu’ils dépeignirent nous livrent un regard sensible sur la vie contemporaine où la femme occupe
une place souvent centrale Lê Pho, Le Văn Đe, Lương Xuan Nhi, Mai Thu, Nguyen Gia Tri, Nguyen Phan
Chanh, Nguyen Tiên Chung, Nguyen Tuong Lan, Pham Hâu, To Ngoc Vân, Vũ Cao Đàm, Les uns s’exprimèrent sur des supports traditionnels comme la soie, d’autres optèrent pour la peinture à l’huile. Nguyen Gia Tri
développa la technique de la peinture en laque poncée. Témoignages émouvants d’une fusion entre deux civilisations, les œuvres présentées dans cette exposition font revivre une époque et nous offrent une promenade dans
un pays attachant.
AHLG
Nous nous proposons d’organiser (en principe fin novembre) des visites de cette exposition, réservées aux membres de l’AAFV
et guidées par une conférencière de l’AFAO.
Si vous êtes intéressés, vous pouvez d’ores et déjà le faire savoir à : [email protected]
✃
Bulletin d’adhésion, d’abonnement et de soutien 2012
à retourner à l’AAFV : 44 rue Alexis Lepère, 93100 Montreuil
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Vous pourrez suivre les activités de l’AAFV en lisant notre revue trimestrielle Perspectives France-Vietnam et en visitant notre site www.aafv.org
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Perspectives France - Vietnam • N°83 • Novembre 2012
© Body Cinéma - photographies Franck Boulègue
Natural Phenomena (Nina Simone Suite) pas de deux
Chorégraphie : Marisa C. Hayes, musique : Nina Simone
et Franck Boulègue, costumes : Karl Green,
durée : 30 mn, production : le Centre National de la
Danse (France), Hanoi Dance Theatre, Critical Dance,
A.T.E.C. (Paris) et Elon University (costumes). Danseurs : Thanh Lê Phong et Nikki Leopold.
Cette pièce pour deux danseurs est composée d’un pas
de deux et de plusieurs solos pour chaque interprète, elle
sera montée dans le cadre de l’année du Viêtnam en
France en 2014 en partenariat avec le « Dance Theatre
of Hanoï » et le danseur étoile du Ballet de l’Opéra du
Viêtnam, Cao Chi Thanh. Cette création est née d’un
échange franco-vietnamien qui a eu lieu en 2011 à Hanoï soutenu par le Conseil Régional de Bourgogne. la
musique est de Nina Simone, musicienne américaine qui a vécu en
France et milité contre la
guerre au Viêtnam. Ainsi, un triangle entre notre
chorégraphe
francoaméricaine, notre danseur vietnamien et une
danseuse française-vietkieu se construit.
Danse classique
Contemporary Ballet
«Les grands témoins s’éteignent… mais la nouvelle génération à laquelle ils ont
ouvert la voie, poursuit leur œuvre et la fait vivre»
Notre amie Lê Thị Nhâm Tuyết (29-10-1927/15-8-2012)
vient de mourir
Notre amie Lê Thị Nhâm Tuyết vient de mourir à Hanoi, où elle dirigeait un laboratoire
d’anthropologie attaché à la cause des femmes, le CGFED (Centre de recherche pour le
Genre, Famille et de l’environnement dans le développement ; site : www.cgfed.org.vn).
Professeure d’anthropologie sociale, Tuyết avait fondé ce laboratoire dans le contexte
de l’élan qui porte aujourd’hui à l’échelle mondiale l’émancipation des femmes,, pparallèlement à la lutte pour liquider les préjugés racistes des colonisateurs.
Francophone, Tuyết appartenait à la génération de Georges Condominas (1921-2011),
-2011),
pionnier de l’anthropologie vietnamienne post-coloniale ; parmi les problèmes du Vietnam nouveau, elle s’était particulièrement consacrée à l’étude d’une des principales
ncipales
catastrophes causées par la guerre américaine : le malheur des mères qui mettent
enfants malnt au monde des en
formés parce qu’elles ou leurs conjoints ont été intoxiqués par les défoliants de Monsanto et au
autres firmes
chimiques sinistrement célèbres. Il y a dix ans, Tuyet a demandé à Bernard Doray,
CEDRATE
ra président ddu C
(Centre d’étude de recherche et d’action sur les traumatisme et l’exclusion), et à Jacques Maître, de travailler
avec le CGFED dans le cadre d’une recherche anthropologique sur le thème de l’Agent orange auprès d’ethnies montagnardes dans la vallée d’A Lưới (province de Thừa Thiên-Huế). Cette collaboration fraternelle
vietnamo-française a été menée jusqu’au bout et Tuyet eut même le temps de rédiger le chapitre qui ouvre le
livre (actuellement sous presse) où les résultats sont exposés pour le public français.
Avec une longévité remarquable, Tuyet aura ainsi travaillé durant toute sa vie de chercheuse et de professeure
au service de la population vietnamienne et des sciences sociales en s’appuyant sur l’amitié entre nos peuples.
Jacques Maître
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