Tourisme. Marrakech fait les yeux doux aux nationaux

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Tourisme. Marrakech fait les yeux doux aux nationaux
Tourisme. Marrakech fait les yeux doux aux
nationaux
30% des touristes qui se rendent à Marrakech sont des nationaux. Les
prestataires l'ont compris: les tarifs préférentiels pour les Marocains sont devenus
monnaie courante.
ur les 11 premiers mois de 2015, 620.000 touristes marocains, chiffres officiels, se
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sont rendus à Marrakech. "Avec l'estimation de décembre, on peut penser que la
fréquentation sur l'année a été de 750.000", précise Abdellatif Abouricha, du CRT, le
Conseil régional du tourisme, "soit une hausse spectaculaire de 18% par rapport à 2014".
Cela confirme un phénomène qui dure depuis plusieurs années. Et que Lahcen Zelmat,
président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière, explique ainsi: "Le tourisme
national se développe, parce que Marrakech bouge! De nouveaux établissements voient
le jour régulièrement, qui attisent la curiosité des Marocains de Casablanca ou de Rabat.
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Il y a aussi l'autoroute, qui met la capitale économique du pays à moins de 2h30 de chez
nous. Et il y a surtout une offre très large qui peut satisfaire toutes les bourses: on trouve
à Marrakech des appartements à 200 DH la nuit, des 5 étoiles parmi les plus beaux du
pays et toute une série d'hôtels intermédiaires. On peut dîner pour moins de 100 DH,
mais on peut aussi, si on en a les moyens, dépenser 10.000 DH pour un repas!".
A cela s'ajoute le climat, l'ambiance propre à cette ville et un sentiment de sécurité
que l'on ne retrouve pas forcément dans toutes les villes du Royaume. Sans négliger
l'événementiel: le Festival du rire, le Festival du cinéma ou le Grand prix automobile,
attirent d'abord les nationaux.
" Si bien qu'aujourd'hui, estime Abdellatif Abouricha, tout Marocain a envie de se rendre
au moins une fois à Marrakech, pour admirer la Koutoubia et diner sur la place Jamaâ
el-Fna, comme tout Français veut aller, au moins une fois dans sa vie, à Paris pour voir la
Tour Eiffel et visiter le Louvre".
La clientèle marocaine est de plus en plus exigeante
ette clientèle nouvelle, en partie issue de la classe moyenne, les hôteliers sont bien
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décidés à la choyer, en adaptant au mieux leur offre. Ali Chaoui, propriétaire de l'Eden
Andalou, un 4 étoiles, insiste sur un point: "L'hôtel, dès le départ, a été conçu pour
accueillir des familles marocaines. Notre cible: un couple avec 2 ou 3 enfants. Nos suites
ont été équipées pour cela". Et les tarifs sont attractifs: 1.200 DH la nuit pour l'ensemble
de la famille, en all inclusive, du petit-déjeuner au diner, sans oublier le goûter et les
boisons à volonté". Et ça marche: aujourd'hui, 50% de la clientèle de l'établissement
est marocaine.
a famille marocaine est aussi l'objet de toutes les attentions du club Sangho. "Nous
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pratiquons la gratuité pour les enfants, précise Hosni Djemmali, le propriétaire du club. Et
comme au Maroc, les enfants sont rois, et donc prescripteurs, nous attachons une
grande importance à l'animation: si les enfants se plaisent, ils vont pousser leurs parents
à revenir...".
i bien que désormais, certains hôtels sont fréquentés très majoritairement par des
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Marocains. Au Palm Plazza, un 5 étoiles que dirige Lahcen Zelmat, ils représentent
même 70% de la clientèle. "Je me suis spécialisé dans les congrès médicaux marocains.
Et comme les congressistes sont satisfaits de nos prestations, ils reviennent, à titre privé,
en famille. Or pour moi, la clientèle marocaine est la meilleure: les Marocains sont
généreux, ils marchandent peu, ils sont dépensiers, et ils sont beaucoup moins râleurs
que d'autres, que les Français notamment!".
Un propos qu'approuve Abdellatif Abouricha, mais en mettant tous les partenaires du
tourisme en garde: "Attention, les nationaux voyagent de plus en plus à l'étranger ; ils
sont de plus en plus connaisseurs et donc exigeants. Ils veulent être servis, comme
n'importe quel client étranger, ce qui est bien normal. Il faut donc que partout, on pense à
bien les traiter, si on veut les attirer et surtout les faire revenir !".
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Cet effort pour un accueil parfait des nationaux, les palaces de la ville l'ont bien compris,
car ils savent qu'un certain nombre de Marocains ont un fort pouvoir d'achat: "Nous
avons bien sûr une clientèle internationale, nous explique d'emblée Monsif Majdoubi,
directeur commercial et marketing du Selman. Nous avons même des représentations en
France, en Allemagne, aux Etats-Unis. Mais nous nous intéressons également beaucoup
à la clientèle marocaine qui connaît et apprécie le luxe et pour laquelle nous faisons de
vrais efforts: pour 2 nuits, le prix de la chambre, quelle qu'elle soit, est de 5.500 DH, soit
une réduction égale ou supérieure à 25%. Nous avons également des tarifs spécifiques
au SPA. Et ce que nous faisons pour les Marocains, nous le faisons aussi pour les
résidents étrangers".
Des tarifs préférentiels
De son côté, le Palais Namaskar voit la clientèle marocaine augmenter régulièrement:
elle représente aujourd'hui 15% de la clientèle totale et le service commercial du palace
est certain que le potentiel est important. D'où la mise en place, depuis les premiers jours
de 2016, d'un tarif spécifique pour les résidents marocains: pour eux, la chambre est à
3.600 DH au lieu de 5.500 DH, tarif appliqué aux étrangers.
Même constat au Four Seasons: les Marocains bougent beaucoup plus qu'avant et
Marrakech est une destination privilégiée: alors, pour ne pas rater cette opportunité
offerte par l'arrivée des nationaux, le Four Seasons, lui aussi, multiplie les offres: jusqu'au
28 février par exemple, la chambre est à partir de 2.500 DH (suivant la catégorie), pour
deux personnes, petit-déjeuner inclus, ce qui fait au moins 20% de réduction. L'hôtel offre
également aux Marocains du pays des tarifs spécifiques pour le SPA et le tennis. Et
comme le Four Seasons de Casablanca vient d'ouvrir, il est fort à parier que la synergie
va jouer entre les deux établissements.
Tous ces efforts financiers consentis par les hôteliers sont devenus essentiels: "Le
tourisme interne est fondamental, conclut Lahcen Zelmat, car c'est lui qui permet de
maintenir les établissements ouverts toute l'année. Marrakech ne peut se permettre
de devenir une station, ouverte quelques mois par an, comme, en Europe, les stations de
ski ou les cités balnéaires".
ais il n'y a pas que les hôtels qui misent désormais sur la clientèle marocaine. A titre
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d'exemple, pour visiter le Jardin Majorelle et son musée berbère, un touriste classique
débourse 100 DH: le Marocain, lui, ne paie que 50 DH. Une réduction de 50% dont
profitent également les résidents étrangers.
Et comme Marrakech est la ville du golf, c'est là encore un secteur où les nationaux sont
les bienvenus: le golf royal, comme d'autres golfs, accorde 30% de réductions aux
joueurs marocains et aux expatriés, à condition qu'ils soient membres d'un autre golf au
Maroc.
Les maisons d'hôte n'attirent pas les nationaux
Un seul secteur ne se sent pas vraiment concerné par le tourisme des nationaux, c'est
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celui des maisons d'hôte: "Les Marocains qui viennent à Marrakech ne recherchent pas
des riads, estime Christian Le Bour, président de l'AMHMS, l'Association des maisons
d'hôtes de Marrakech et du Sud. Ils veulent un endroit avec piscine et animation. Alors,
nous avons très peu de demande et pour les rares que nous avons, nous ne voyons pas
de raison de traiter cette clientèle différemment des autres, en lui accordant un tarif
préférentiel".
0% de touristes nationaux, c'est déjà un bon score. Mais que tous les partenaires du
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secteur -hôteliers, restaurateurs, mairie, wilaya et pouvoirs publics en général- aimeraient
bien voir passer à 40%, voire 45%, pour faire face à toute mauvaise surprise éventuelle
venant du tourisme international. Une décision devrait contribuer à réaliser cet objectif:
les ministres de l'Education et du Tourisme, à la demande des professionnels, ont créé,
pour la première fois cette année, 3 zones de vacances scolaires, comme cela se fait en
France, afin de rallonger au maximum les périodes de congés.
C'est un coup de pouce non négligeable en faveur du développement du tourisme
national et qui devrait profiter non seulement à Marrakech, mais aussi à l'arrière pays,
comme la vallée de l'Ourika, et pourquoi pas, à des villes plus éloignées comme Safi,
faisant désormais partie de la nouvelle région.
ais il ne faut surtout pas croire qu'un jour ou l'autre le tourisme national pourra
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remplacer le tourisme international: le Maroc en général et Marrakech en particulier, ont
besoin des deux. Ils sont d'ailleurs complémentaires: les pays comme la France, très
fréquentés par les étrangers, sont aussi les pays où le tourisme national est le plus
développé. Comme si l'un était un véritable tremplin pour l'autre...
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