JOUR DE FETE

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JOUR DE FETE
ECOLE ET CINEMA – ORNE
Ce document accompagne le Cahier de notes national écrit par Jacques Aumont et édité par Les Enfants de
Cinéma (remis gracieusement à chaque enseignant ou école inscrite au dispositif)
[document téléchargeable sur le site Ecole et cinéma Orne > Année 2014-15 > Ressources liées au film]
JOUR DE FETE
de Jacques TATI
1949 (France)
1h18 minutes
Scénario original de Jacques Tati et Henri Marquet
avec la collaboration de René Wheeler.
Prix du meilleur scénario à La Mostra de Venise, 1949
Grand prix du cinéma français, 1950.
En 35 mm : version couleur d’origine, 1949 restaurée
En DCP : version noir et blanc, de 1949
L’HISTOIRE :
Dans le petit village de Follainville (en fait, Sainte Sevère sur Indre) tout est calme, lorsqu’arrivent les
roulottes d’une troupe de forains.
Le village se pare de guirlandes et de drapeaux, la terrasse du café s’apprête à accueillir un grand bal
populaire. Le manège de chevaux de bois, la loterie, le cinéma ambulant, tous les stands s’installent peu à
peu.
Arrive alors François (Françoué), le facteur, qui rend ici et là des services qui n’ont rien à voir avec son
service postal. Il propose son aide aux forains pour monter les stands mais ne parvient, finalement, qu’à
provoquer des catastrophes. La fête va bientôt battre son plein…
Dans une baraque foraine, François voit un film documentaire sur Les Postes aux Etats-Unis
ultramodernes.
Une fois la fête terminée, il décide, comme dans le film, de faire sa tournée « à l’américaine » et s’élance
sur son vieux vélo… Plus vite, toujours plus vite. Le résultat est parfois plaisant mais le plus souvent
désastreux pour les habitants
Les villageois calment ses ardeurs qui troublent la quiétude enfin revenue à Follainville.
Dès sa sortie, en noir et blanc, en 1949, le succès fut immédiat et populaire. Il y avait bien longtemps
qu’aucun tempérament comique ne s’était manifesté en France.
Jacques Tati, avec peu de moyens et beaucoup d’idées, avait retrouvé le secret perdu de la tradition
burlesque. Gags visuels, gags sonores, poésie des personnages : un plaisir total.
Cette version de Jour de fête en couleur a été tournée en 1947 mais il fallut attendre 1994 pour la voir
(Jacques Tati, mort en 1982 ne la verra donc pas).
En effet, le procédé couleur (Thomsoncolor) utilisé par Jacques Tati et qui aurait fait de Jour de fête le 1er
film français en couleur, se montra inexploitable. Heureusement, par précaution, le réalisateur et le
producteur avaient pris soin de doubler les prises en noir et blanc.
En fait il y eut 3 (voir même 4) versions de Jour de fête (lire le Cahier de notes).
Ecole et Cinéma – Orne – 2014-2015 – Thierry Delamotte, CPD C.H.A.V
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ELEMENTS CULTURELS POUR L’ENSEIGNANT
LE CINEASTE :
Jacques Tati, de son vrai nom Jacques Tatischeff, est né le 9 octobre 1907 au Pecq (Yvelines). Son père,
d’origine russe, a repris le commerce d’encadrement de son beau-père, Van Hoof, célèbre pour avoir
refusé à Van Gogh trois toiles en paiement de ses cadres.
Elève semble-t-il médiocre, il arrête ses études à 16 ans et entre comme apprenti dans l'entreprise
familiale. Passionné de rugby, Tati s’inscrit en 1928, après son service militaire, au Racing Club de France.
C’est à cette époque qu’il improvise ses premières pantomimes comiques et donne, de 1930 à 1934,
dans la revue annuelle du Racing, son premier spectacle, qui deviendra Impressions sportives au Théâtre
Michel (1935).
Malgré l’opposition de son père, il part en 1936 en tournée avec Marie Dubas et la troupe de l’ABC,
désigné comme « La révélation de l’année », il a droit aux éloges de Colette dans son journal.
Tout en promenant Impressions sportives à travers l’Europe jusqu’à la guerre, il débute au cinéma en
écrivant et interprétant en 1932 Oscar champion de tennis, demeuré inachevé faute de moyens. C’est
ensuite deux films avec le clown Rhum, petit et nerveux, parfaite antithèse de Tati. Après On demande
une brute (1934), écrit avec Sauvy, et Gai dimanche (1935), écrit par Rhum et Tati, Soigne ton gauche
(1936), réalisé par René Clément et produit par Fred Orain, préfigure enfin l’œuvre à venir. Tati y
interprète un valet de ferme qui assiste à l’entraînement d’un boxeur et se retrouve sur le ring.
Démobilisé en 1943, Tati s’installe en zone libre, près du village de Sainte-Sévère-sur-Indre, avec son ami
Henri Marquet. Ils y écrivent le scénario de L’école des facteurs (1946), dont René Clément, pris par le
tournage de La Bataille du rail, abandonne à Tati la réalisation. Fred Orain lui donne carte blanche. Le
film est un succès et recevra le Prix Max Linder en 1949.
Tati commence, en mai 47, son premier long métrage, extension et transformation de L’école des
facteurs. Si Jour de fête ne trouve un distributeur qu’en 1949, c’est ensuite un succès, à Paris, Londres,
New York, on salue l’apparition non seulement d’un mime, mais surtout d’une nouvelle forme de
burlesque. Primé à Venise, le film reçoit le Grand Prix du Cinéma Français en 1950. Insensible aux
multiples propositions, Tati refuse de poursuivre les aventures de François le facteur. Il le trouve trop
français et veut surtout suivre sa propre voie avec une rigueur et un entêtement qu’il partage avec peu
d’autres cinéastes français de cette époque, à l’exception de Robert Bresson. Tati réalisera ainsi
seulement six longs métrages en trente ans. « Pas un chèque au monde qui puisse faire que je change »,
dira-t-il plus tard.
Pour Les Vacances de Monsieur Hulot, qui ne sort donc que cinq ans plus tard, Tati écrit cette fois le
scénario indépendamment du décor avec Henri Marquet et Jacques Lagrange, peintre et décorateur de
théâtre, avec lequel il collaborera jusqu’à la fin de sa vie. Toujours produit par Pierre Orain, tourné en
1952 à Saint-Marc-sur-Mer, près de Saint-Nazaire, le film est un gros succès public et critique, Il reçoit le
prix Louis Delluc, est primé à Cannes, Bruxelles, Berlin, New York, en Algérie, en Suède, à Cuba, nominé
aux Oscars (en 1955)… Le cinéaste y fait un grand pas en avant vers la dissolution du héros parmi les
estivants de l’hôtel de la plage : Hulot est le plus souvent à l’écran, mais chaque personnage est
susceptible d’occuper l’espace le temps d’un gag. Le gag lui-même fait de plus en plus appel à l’attention,
l’imagination et l’aptitude du spectateur à le construire. Aux antipodes du comique verbal de l’époque,
Hulot prend place dans la mythologie, entre Don Quichotte et Charlot.
Mon oncle, cinq ans plus tard, bénéficie d’un financement plus confortable et est tourné, enfin en
couleurs, en deux versions, anglaise et américaine. Tati reconstitue le vieux Saint-Maur en studio,
nécessaire à la minutie de son travail, et développe un regard critique sur l’évolution de la société
seulement sous-jacent dans les films antérieurs. Prix du Jury à Cannes, Oscar du meilleur film étranger,
Tati est consacré partout dans le monde.
Il peut alors entreprendre son film le plus ambitieux : un film dont Hulot serait la plaque tournante, mais
ni le seul ni même le principal héros. Playtime, tourné d’octobre 1965 à octobre 1967, est une entreprise
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énorme pour le cinéma français : après avoir refusé de tourner aux Etats-Unis, Tati fait construire durant
six mois un immense décor de béton, mais surtout de verre et d’acier, près de Vincennes, et décide de
filmer en 70 mm avec son stéréophonique sur six pistes magnétiques. Le devis initial est largement
dépassé. Le film dure initialement 2h32. Tati, devant l’échec public, accepte de le ramener à 2h17. Cela
ne change rien. Le réalisateur a pris ses risques : « Jour de fête a coûté 17 millions, en a rapporté 80. Les
Vacances de M. Hulot ont coûté 120 millions et en ont rapporté 210. Mon Oncle a coûté 250 millions et
en a rapporté 600… Je me suis dit : Ah non ! Ça a marché, j’ai une belle maison à Saint-Germain, il y du
répondant, il faut y aller. J’ai donc commencé à construire ce fameux décor, et Playtime a coûté 1 500
millions et a eu un déficit de 800 millions… »
La suite de la carrière de Tati est plus triste. Ne pouvant plus produire ses propres films, il est engagé
comme acteur sur une production hollandaise dont le réalisateur en titre, Bert Haanstra, lui cède
rapidement la direction. Hulot revient en personnage central dans un film satirique et au récit linéaire sur
l’automobile, Trafic (1971). Pour payer les dettes de Playtime, sa maison de production, Specta-Films, est
mise en liquidation judiciaire et ses quatre premiers films sont saisis. Le coûteux décor est détruit. Tati
réalise des spots publicitaires (Simca, Taillefine, Panzani’85) et ne signera plus que Parade, commande de
la télévision suédoise en vidéo où il joue, dans un cirque, le rôle de M. Loyal et interprète quelques-uns de
ses sketches d’Impressions sportives. Malade, il reçoit un César en 1974 pour l’ensemble de son œuvre. Il
meurt le 4 novembre 1982 laissant inachevé le projet de Confusion, auquel il travaillait avec Jacques
Lagrange.
Filmographie
1935 : Gai Dimanche, coréalisé avec Jacques Berr (Court métrage)
1947 : L'École des facteurs (court métrage, qui fait partie du programme de Courts au catalogue de
Ecole et Cinéma)
er
1949 : Jour de fête (1 long métrage)
1953 : Les Vacances de monsieur Hulot
1958 : Mon oncle
1967 : Playtime
1971 : Trafic
1974 : Parade
1978 : Forza Bastia, coréalisé avec Sophie Tatischeff
A voir également : « L’illusionniste » film d’animation du réalisateur français Sylvain Chomet sorti en 2010
basé sur un scénario que Jacques Tati avait écrit entre 1955 et 1959 en collaboration avec Henri Marquet.
LE CONTEXTE DE REALISATION DU FILM
Extrait du Point de vue du Cahier de notes sur... écrit par Jacques Aumont
« J’avais été requis par les Allemands en 43, et puis je m’étais évadé, et j’étais allé me réfugier au
Marembert, qui est situé à six kilomètres de Sainte-Sévère. Là j’ai été surpris, parce qu’il y avait la guerre,
mais on avait l’impression qu’à l’intérieur même de Sainte-Sévère, on ne s’en apercevait pas du tout. C’est
quand même formidable de voir des gens qui savent vivre. J’ai pensé que si un jour je faisais un film, je
viendrais le tourner là. »
Trois ans plus tard, Jacques Tati réalisait ce souhait ; après avoir fait semblant d’en chercher les
extérieurs dans le Midi, il finirait par tourner L’École des facteurs presque entièrement dans le sud du
département de l’Indre, dans ce qu’il n’était pas besoin alors d’appeler « France profonde », parce que
cette profondeur (ou profondité) était banale. Tati filme aussitôt après un conflit armé qui a marqué
durablement l’histoire de l’Occident, et par contrecoup, l’histoire du monde ; il filme en un moment où les
affrontements, pour avoir changé de nature et redéfini autrement les camps, restent violents. ….Quant au
grand soir, c’en est bien une version, mais absolument carnavalesque, qui est donnée : les rapports
sociaux sont redéfinis, le temps de la fête, mais comme dans une parenthèse acceptée et une fois pour
toutes réglée. Tati le dit bien : ce qui lui a plu à Sainte-Sévère, ce qui l’a intéressé, c’est précisément qu’il
s’agit d’un endroit hors du temps, hors de l’époque et hors de l’histoire, d’un coin de France, et rien
d’autre (après tout, le facteur s’appelle exactement François, et même « Françoués »). La France rurale du
milieu du vingtième siècle est prodigieusement attardée : c’est ce dont se souvient quiconque a séjourné
à la campagne en ces années-là (pas d’eau courante, pas de tout-à-l’égout, pas toujours l’électricité,
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jamais de téléphone évidemment). Un pays pas très riche, qui en outre sort de la guerre, où par
conséquent les gens sont encore maigres, plutôt mal nourris (les grandes grèves de 1946 à 48
n’arrangèrent rien, ce fut par moments une pénurie pire que celle du temps de guerre). Les paysans y
labourent avec un unique cheval, y moissonnent avec d’antiques instruments de bois, fourches et râteaux
rudimentaires, à force de bras. Jour de fête ne parle pas de tout cela, mais il l’enregistre avec le reste ; les
gestes des paysans que fugitivement l’on aperçoit, avant et juste après la fête, sont les vrais gestes
qu’accomplissaient journellement des familles qu’il fallait nombreuses pour avoir des bras (ces bras dont,
dans les discours des ministres, manquait l’agriculture) ; les tracteurs sont absents, et seul le forain en
possède un – ce qui dès le premier plan le distingue et dit déjà que la fête est une greffe toute provisoire
sur le corps rural.
Le pays de l’innocence
Ce pays « où les gens savent vivre », et où – c’est le sens de la remarque de Tati – ils savent vivre parce
qu’ils échappent aux vicissitudes du temps, c’est donc le pays où perdure en dépit de tout un certain état
d’innocence. Le pays où se déroule la fête est un pays inexistant au milieu de nulle part, habité par des
êtres qui n’ont pas d’histoire, et par conséquent pas d’âge…
L’ART DE JACQUES TATI
Le cinéma, c'est un stylo, du papier et des heures à observer le monde et les gens. Jacques Tati
Tati vient du music-hall (comme Chaplin) où il obtint quelques succès avec ses numéro de mimes
(très souvent des mimes de figures de sports : tennis, foot, équitation…) avec un travail de mise en
jeu du corps très important amenant Tati à des performances corporelles, des acrobaties qu’il
accomplit avec tellement d’aisance qu’on ne perçoit pas la difficulté de la réalisation.
Le personnage burlesque :
Jacques Tati tire l’essentiel de son comique du « décalage » que son personnage (François / Hulot)
entretient avec son environnement. C’est un art qui s’inscrit dans la lignée de celui de Chaplin : un
personnage typé, marqué, sensible au monde qui l’entoure avec lequel il est en interaction, un
monde réel, parfois cruel, qu’il observe et dont il dénonce les excès et les travers.
Du facteur à Hulot : Tati abandonnera la figure du facteur, un peu trop marquée, un peu trop
française, pour celle de Hulot, plus neutre, mais dont la silhouette sera très vite reconnaissable
(comme pouvait l’être celle de Chaplin) : un chapeau, un imper, un parapluie et une pipe, des tics et
automatismes récurrents, des attitudes qui confinent à la caricature (Tati joue beaucoup avec son
corps : ses attitudes penchées formant un angle à 45°, sa démarche d’échassiers utilisant ses longues
jambes…), sa curiosité, sa maladresse, sa sensibilité et son empathie, son innocence…
Le son chez Tati :
Le traitement du son, personnage à part entière est très particulier chez Tati. La parole n’a pas
d’importance (à peine audible > art du grommelot, voire inaudible ou absente chez Monsieur Hulot),
contrairement aux bruits amplifiés, mis en valeur, détournés, transformés au détriment des bruits
d’ambiance naturels : les exemples fourmillent dans le film (clochette de François, l’insecte
intempestif, la voix off de la déclaration d’amour américaine, les sons mystérieux du vestiaire du
bureau de Poste).
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L’ŒUVRE DE JACQUES TATI
Tout au long de sa (très petite) filmographie, Jacques Tati développe des thèmes de prédilection :
La nostalgie du monde rural, la mutation d’une France profonde et « éternelle » vers un monde
moderne, sa méfiance de ce monde moderne dans lequel l’objet, la robotique, est prédominant.
Sa fascination / répulsion de l’Amérique (comme La poste dans Jour de fête, Mon Oncle et Playtime).
Un comique (surtout de gestes et de situation) qui vient du décalage (voir plus haut) que son
personnage entretient avec l’environnement (Monsieur Hulot avec la station balnéaire ou l’univers
de la banlieue parisienne).
La fête foraine :
La dimension collective de la fête populaire est très importante chez Tati, elle est facteur de lien
social (et s’oppose au monde moderne urbain qui cloisonne et isole).
Symbolique et motif du cercle :
La fête s’incarne dans une forme géométrique qui traverse tout le film et qui peut être une piste de
travail avec les élèves :
1 - Repérer / se remémorer, tous les mouvements et figures autour du cercle, de la roue
(chapiteau, manège, roues de bicyclettes, de charrettes, roue de la loterie, cocardes tricolores
du plan d’ouverture du film, cercle noir autour de l’œil de François...). Voir que le motif du
« cercle et le mouvement circulaire » sillonne tout le film.
2 - Voir œuvres en réseau : le motif du cercle dans la peinture
Le personnage de Hulot
Le personnage de Hulot est devenu "Monsieur Tout-le-Monde" à quelques bévues près. Ces petites
bêtises nous font toucher du doigt l’absurdité de certains rites de la vie quotidienne. Le comique de
Tati est avant tout un comique de gestes. C’est le décalage entre notre regard et le sien qui rend
certaines séquences drôles. Il rend le spectateur complice et actif vis à vis des gags qu’il réalise. C’est
en cela qu’il est un cinéaste moderne.
Monsieur Hulot est un personnage qui enchaîne les bêtises dans ce monde moderne et superficiel.
Lui préfère la bonne vieille France chaleureuse, ou les gens savent se dire "bonjour", prendre le
temps de parler, de partager...
Il essaie de réparer les bêtises que font les autres mais il les aggrave toujours.
Hulot, est un pauvre homme au grand cœur, éternel incompris de cette société qui se développe
trop vite.
«Dans l’univers aseptisé de Mon oncle (1958) où rien n’est laissé au hasard et où l’humain n’a pas sa
place, Monsieur Hulot c’est l’incident, l’intrusion qui provoque la vie, la gaffe essentielle, l’acte
manqué fertile, l’inutile indispensable, la poésie. Plutôt qu'en rétrograde, Tati parodie la société
contemporaine en sociologue souriant. Jean-Louis Scheffer
Tati à propos de Mon Oncle
"J'ai défendu le petit quartier, le coin tranquille, contre les autoroutes, les aérodromes, l'organisation,
une forme de la vie moderne, car je ne crois pas que les lignes géométriques rendent les gens
aimables."(Jacques Tati).
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AU CŒUR DU COMIQUE : LE BURLESQUE & LE GAG
Le genre
Impossible de résumer en quelques phrases les caractéristiques de ce genre qui nous vient du
théâtre et dont l’une des toutes premières œuvres dans l’histoire du cinéma est l’Arroseur arrosé,
des frères Lumière (1895).
Voir le dossier consacré au Burlesque dans l’espace « Ressources pédagogiques » du site Eole et
cinéma Orne
> http://www.ac-caen.fr/ia61/ress/culture/cinema/ecole_et_cinema/ressources/docs_peda/le_burlesque.pdf
On peut signaler que de nombreux artistes de cinéma ont consacré des séries de courts métrages à
un personnage récurrent qui endosse les panoplies de différents métiers et dont on exploite toutes
les ficelles comiques possibles.
Celui qui a marqué ce genre est Buster Keaton avec la série des Frigo (déménageur, navigateur…) et
la série des Malec (aéronaute, joueur de golf, chasseur de fantômes…).
En France aussi, Max Linder incarne un personnage burlesque récurrent (Max).
Jacques Tati a choisi cette veine pour son premier film, un court métrage mettant en scène des
…facteurs (L’école des facteurs – 1947). Mais contrairement à ses illustres inspirateurs, Tati a
toujours refusé de tourner une suite à Jour de fête. Il a préféré créer un nouveau personnage, M.
Hulot (voir plus haut).
Le gag :
La tâche du « gagman », en tant que scénariste, est de raconter une histoire, rapide : le gag est donc
une « intrigue » en raccourci.
Contrairement à l’effet, qui est immédiat, le gag utilise le temps. Celui-ci se déroule généralement et
traditionnellement en trois temps :
- l’exposition (ce qui va être donné à voir au spectateur)
- le développement (le spectateur attend la chute, prévisible, en rit d’avance même)
- et la conclusion ou la chute (qui n’est pas nécessairement toujours celle attendue !).
Le premier ou les deux premiers temps sont souvent ramenés à un simple effet préparatoire.
Il s’agit généralement pour le cinéaste ou le gagman de placer le spectateur dans l’attente et de jouer
avec lui en organisant le déroulement du gag de manière à retarder le moment où cette attente sera
satisfaite, ou même trompée en substituant à la chute escomptée et attendue une autre chute (on
retrouve cette situation au cirque dans les numéros de clowns).
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P I S T E S
P E D A G O G I Q U E S …
I – AVANT LA SEANCE :
Il s’agira de mettre les élèves en appétence par rapport au film, de susciter chez eux de la curiosité par
rapport à l’œuvre et de leur apporter des éléments de connaissances et autres repères qui leur
permettront de pénétrer plus facilement dans l’œuvre.
On pourra préparer le Portfolio / Cahier, classeur, mémoire du parcours culturel et artistique :
Envisager des recherches sur le film, l’auteur, les œuvres connexes, mise en place d’une frise
« cinéma »,…
1 - LE TITRE
Jour de fête : quel sens est donné à cette expression ?, quelles sont les fêtes que l’on connaît ? Peut-on
les classer (fête personnelle, fête collective)…
Quels sont les sentiments associés à la fête…
2 - L’AFFICHE
(Affiches disponibles sur le site des Enfants de cinéma :
http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/jour-de-fete.html)
Ou en grand format sur le site Ecole et cinéma Orne [Affiche 1 - Affiche 2]
Dénotation / connotation : observer, prélever, nommer les éléments, analyser (les couleurs la
composition de l’image…), dire à quoi cela nous fait penser, ce qu’on imagine, les hypothèses que l’ont
peut formuler (sur le genre, sur l’histoire, sur le personnage central du film : le héros ….)
Ecrire en quelques phrases ce que peut être l’histoire du film…
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3 – Lecture de la carte postale :
A – Face photogrammes
Dénotation / connotation : relever, lister les hypothèses des élèves sur le film, son histoire
B – Face textes
Date de réalisation :
Repérer la date de réalisation : 1947, sur une frise chronologique (une frise qui a été collée ou qui
sera à coller dans le Cahier ou classeur du Parcours artistique)
Etablir un lien avec les années de naissance des parents puis grands-parents des élèves…
Avec le temps, ce film revêt un caractère de document « historique » sur la façon dont on vivait à
l’époque des grands-parents des élèves.
L’histoire :
Faire le lien avec les affiches, les photogrammes
Relever et expliciter le vocabulaire difficile
Le vocabulaire lié à la fête : forains, manèges, chevaux de bois, le mât, jeux de massacre, tir à la
carabine
Fêtes et stands :
Echanger sur les connaissances que les élèves ont des fêtes de villages (ou villes), les stands, les
manèges qu’ils connaissent.
Les personnages :
Noter que l’auteur du film, Jacques Tati, est un artiste « complet ». Il est à la fois réalisateur,
scénariste et comédien.
Ce sera l’occasion de distinguer quelques métiers au cinéma.
Ce sera aussi l’occasion de faire la distinction entre le nom du comédien, dans la vie, et le nom de
son personnage dans le film.
Donner des exemples dans d’autres films vus ensemble.
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II - APRES LA SEANCE
Assez rapidement après la projection, faire verbaliser les élèves sur leurs réactions par rapport au film.
Comment qualifier ce film, les émotions qu’il a procuré (faire une collection d’adjectifs).
Tout est-il drôle, amusant ? Y a-t-il eu des moments qui nous ont rendus tristes ? Lesquels ?
LE RECIT
Ressource : Le déroulant du film en photogrammes (166 photos) est téléchargeable
dans l’espace Ressources associé au film sur le site Ecole et Cinéma [Lien direct]
La structure narrative respecte la règle des trois unités quasi-théâtrale : lieu, temps et
action.
On a reproché au film son manque de construction. En fait, les évènements se
succèdent, font boule de neige comme dans le cinéma burlesque. Le film suit
librement son cours, au gré des faits et gestes de François, qui n’apparaît qu’au bout
de 10 minutes de film (dont l’action –le récit diégétique- dure approximativement 24h,
dont la soirée et la nuit de fête).
Film-boucle qui débute par l’arrivée des forains et qui s’achève par leur départ (figure
du cercle, voir plus loin).
Le film est construit en trois parties :
L’arrivée des forains - la préparation de la fête – le village et ses habitants :
juxtaposition de « portraits » : les forains, le coiffeur, le cafetier, Jeannette.
la fête
le lendemain de la fête – La tournée à l’américaine
* noter que la troisième partie est bien plus longue et comporte un véritable héros : le
facteur.
La cohérence de l’attitude des divers personnages et de leurs actions vient du fait que
l’on est dans un instant temporel précédant la fête du village, donc précédant un
évènement exceptionnel de la vie du village. Chaque personnage exécute des gestes
qui sortent de l’ordinaire : essayage d’une nouvelle robe à la mode parisienne, le
cafetier repeint ses chaises, le coiffeur est débordé…
L’arrivée de François entraîne rythme et vitesse. Mais ce rythme et cette vitesse sont
remis en cause par le propre rythme et la propre vitesse de la vie du village. La tournée
à l’américaine se trouve par ce fait confrontée à la vie quotidienne du village.
La commère souligne en fin de film que même les Américains avec leur vitesse ne
feront pas pousser la moisson plus vite.
LE TEMPS
Pistes : Le rythme étant un élément important du film, on peut faire réfléchir les élèves
sur les différents rythmes qu’ils ont perçus et en proposer une analyse. Au début du film
surtout, ce rythme peut dérouter les élèves par une certaine lenteur. Il est nécessaire de
lier cette lenteur avec la vie paysanne ancienne ; de montrer l’accélération progressive du
film (à partir de la séquence du frelon), due à la perturbation de la fête, qui culmine avec la
tournée américaine (le modernisme > axe de critique du réalisateur) : lenteur au début (vie
paysanne ancienne), accélération progressive (à partir d’où ?)
1 – La durée du film : 1h 18
2 – La durée du récit (de l’arrivée des forains à leur départ) : le récit diégétique dure
approximativement 24h, dont la soirée et la nuit de fête.
Pistes : Temps/durée d’un film et temps de l’histoire d’un film (temps diégétique).
Un film ne montre pas toute la durée du « temps » réel. Le cinéma fonctionne par
ellipse (qu’on retrouve aussi dans la littérature, avec souvent des marqueurs
temporels : Quelques jours après, une heure après, le lendemain…
> Reconstituer avec les élèves la durée de l’histoire du film, indiquer les moments non
montrés…
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3 – Le film dans l’histoire
Situer le film dans le temps, sur une frise. Faire le rapport avec les années de naissance
des élèves, de leurs parents, de leurs grands-parents, et arrière-grands-parents.
Pistes : Le film n’est pas une reconstitution. Tourné en 1947, il nous offre une
fenêtre « documentaire » sur la vie d’un village français au sortir de la guerre.
Cependant, le village ne semble pas porter les stigmates de ce conflit (contrairement à
des villages bas-normands par exemple…)
Faire un inventaire des modes de vie de ce village :
- les moyens de transports (le tracteur – le vélo – la charrette - le cheval – la voiture –le
train – l'avion) :
NB : la voiture, qui est élément de modernisme, nous est présenté comme un élément
qui dérange le paisible village : elle fait du bruit, va vite, est dangereuse : méfiance pour
le monde moderne ?
- les moyens de communication : le courrier, le téléphone,
- les vêtements, les métiers (dont certains ont disparu : le garde champêtre)
- le travail aux champs,
- le prix du coiffeur en franc
- Musée de classe : collectionner et comparer des « cartes postales » d’hier et
d’aujourd’hui de notre village, notre ville
L’ESPACE
Que la mise en scène du village résulte de choix artistiques et narratifs est évident. Il
n’en reste pas moins que le film porte en lui une valeur documentaire.
Il permet un éventail d’observations et de considérations sur la vie à la campagne au
milieu du XXème siècle dans un petit village de « la France profonde » ; il est
intéressant de faire le lien avec un autre film au catalogue de Ecole et Cinéma « Mon
Voisin Totoro », qui présente le Japon rural des années 50.
Pistes Description du village, possibilité de représenter sous forme de dessin /
croquis les espaces du film :
- Le village : sa place, lieu central des rencontres
- les commerces, les professions : le cafetier, le barbier, le coiffeur, le boucher, les
employés de la poste, le garde-champêtre, la couturière…
- l’architecture (village rue / habitat groupé)
L’ambiance tranquille du village : pas de bruit de moteur, atmosphère feutrée
La campagne autour du village : espaces naturels, champs, mare, ruisseau
Le travail de la ferme : fermiers (troupeaux de vache), vachers, glaneurs…
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LES PERSONNAGES
NB : Tati ayant peu de budget pour réaliser ce premier long métrage, il fit appel aux villageois qui
devinrent alors acteurs dans leur propre village ; c’est sûrement ce qui donne aussi aux spectateurs
de ce film un sentiment de vraisemblance.
Le facteur (voir dans le cahier de notes, les Promenades pédagogiques (p.33) :
Interprété par Tati, c’est le héros du film.
C’est un personnage burlesque, tout en mimiques, avec une démarche typique, un
regard naïf, un corps en perpétuel mouvement. C’est un personnage d'une grande
maladresse. Les obstacles se succèdent mais n'entament en rien son enthousiasme.
Joyeux mais aussi naïf, François est bien souvent sujet de moqueries même si celles-ci
sont bienveillantes.
Il vit « à côté » des autres, mais il est sans relations sociales fortes et établies (on ne
sait pas d’où il vient, ni où il va). Il semble exister pour rendre service aux autres.
Il occupe ainsi un poste à responsabilité dans le village : il est facteur et sert
l’administration française (comme l’instituteur…) : La Poste est alors un service public !
Il crée du lien entre les hommes, il apporte les nouvelles (les bonnes comme les
mauvaises).
Il croit en son rôle indispensable même si la distribution du courrier est folklorique et
peu rigoureuse. Il a une grande conscience professionnelle et un sens du service public
qui le pousse souvent à réaliser des actions qui ne relève pas strictement de sa
mission.
Pistes :
1 – Faire le portrait physique et moral de François le facteur
- Physique : silhouette, sa démarche, son visage, comment Tati joue de sa grandeur (il
mesurait 1,91 m)
- moral : il apparaît naïf, simple, maladroit, joyeux, sautillant, mais aussi enthousiaste,
altruiste, avec beaucoup de conscience professionnelle, et le souci d’aider son
prochain.
> Faire s’exprimer les élèves sur ce personnage sympathique qu’on a envie d’aider et
de défendre et dont la naïveté (presque maladive) fait parfois pitié (objet de moqueries
des enfants comme des adultes…)
- lister les attributs du facteur : uniforme, sacoche, vélo…
2 – Qu’est-ce qui caractérise son côté comique ? burlesque ?
3 – Relever dans le film toutes les aides qu’il apporte à la population : planter un mât,
tenir la lance d’arrosage pendant que le paysan va lire son courrier, réparer le piano
mécanique....
4 – Etablir le lien avec un autre personnage burlesque rencontré : Charlot.
Faire la comparaison des deux personnages burlesques : physique et moral.
Les forains : Le plus important : Roger (celui qui tient la loterie). C’est un farceur qui se
moque de la naïveté de François le facteur. Il semble bien aimer la belle Jeannette,
innocente, mais pas nécessairement naïve. Il s'amuse à se moquer du facteur et avec
Marcel (l’homme du manège) poussent François à boire plus que de coutume.
Il y a aussi Marcel.
La commère :
Pour créer ce personnage, Tati s’est inspiré d’un vrai personnage d’un hameau proche
de Ste Sevère. Le rôle est tenu en fait par un comédien professionnel (Delcassan) qui
est déguisé en vieille femme.
Le personnage n'intervient pas dans l'histoire mais la ponctue par sa présence et sa
silhouette noire et courbée (avec une coiffe blanche et une canne). Elle est toujours
accompagnée d'une chèvre. Elle semble venir d'un autre temps, d’une autre histoire.
Certains élèves établiront peut-être des comparaisons avec le Grand’mère dans Mon
Voisin Totoro.
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le coiffeur et la couturière qui s’activent.
Le cafetier qui a fait repeindre ses chaises qui n’en finissent pas de ne pas sécher...
Les enfants :
- Ceux de la boîte aux lettres, ceux de la fête, l’enfant-facteur de la scène finale
Le vélo
C’est en effet, presque un objet-personnage à lui tout seul, un ami… qui vit parfois sa
propre vie ( !), un fidèle complice du facteur, même s’il n'est pas toujours facile de
l'enfourcher…
Pistes :
Le vieux vélo voisine avec des modes variés de déplacement dont on peut faire
l'inventaire. De la charrette tractée par l'âne à la voiture la plus moderne en passant
par la bicyclette, tous ont un rôle bien précis dans le film que l'on peut étudier (voir
plus haut en histoire).
Les animaux ont aussi une grande importance. On les voit à l'image mais souvent leur
présence hors-champ quasi permanente, est soulignée par leurs cris (sons amplifiés).
Ce sont les oies qui obligent la roulotte (la modernité) à entrer doucement dans le
village, c'est le coq même enroué qui rythme la journée…
Pistes :
- Faire l’inventaire du bestiaire du film
- Aborder la question du Champ / Hors champ – son in / off (avec des extraits vidéos
en appui)
AU CŒUR DU COMIQUE, BURLESQUE : LES GAGS
Voir plus haut dans la culture de l’enseignant
Objets
Comme dans le burlesque, très souvent et particulièrement chez Chaplin, les objets
jouent un grand rôle.
Pistes :
1) On peut lister les objets importants du film :
- le grelot du vélo, la chaise de bistrot, le mât du drapeau, la clé à molettes, la besace,
le téléphone…
2) …Et constater qu'ils sont souvent liés à la présence d'un gag (cf. ci-dessous).
Gags
On peut essayer de lister ensemble les gags dont on se souvient, par exemple :
• la chute du mât
• l'itinéraire de François dans le café pour l'éviter
• les gags liés à l'homme qui louche
• la clé anglaise du forain utilisée comme un colt
• les chutes évitées, les écarts en roulant, les franchissements d'obstacles divers
• la biquette qui mange le télégramme
• la sacoche- hélicoptère du facteur
• le vélo qui roule seul
• François et le code de la route
• les rapports de couple chez le forain
• le ballon qui éclate
le vélo bloqué sur le bitume
• la lettre sous la queue du cheval
• le jeu de massacre sur la charcuterie
• l'œil contourné de noir…
>> Piste pédagogique : faire raconter les gags aux élèves en s’appuyant sur les photogrammes
fournis en annexes et dans le dossier à télécharger
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Typologie du comique :
Certains relèvent du comique de situation (chevaux de bois / hennissements de vrais
chevaux, chute dans la mare…), d'autres du comique de répétition (gag de la guêpe,
envol avec la corde de la cloche de l'église), d'autres jouent sur des situations
impensables, des dialogues incompréhensibles.
Procédés
Les procédés burlesques utilisés par Jacques Tati
burlesques « Burlesque » se dit aujourd'hui couramment pour désigner un comique exagéré,
extravagant qui repose généralement sur un décalage entre la tonalité et le sujet traité
dans un texte.
Le comique burlesque repose sur un certain nombre de procédés que l’on retrouve
dans « Jour de fête » :
1 - Le jeu avec les caractéristiques physiques :
- Le strabisme de l’ouvrier qui plante un clou
2 - Le jeu corporel :
- La gestuelle de François le facteur (Tati vient du mime, il a par ailleurs beaucoup les
gens. Enfin, il joue beaucoup de sa hauteur (1.91m). Certaines gestuelles sont proches
de la chorégraphie : voir la scène du mat
- Sa tenue rigide sur le vélo
- Ses gestes incohérents
Les esquives :
- La scène avec l’abeille
- Les impertinences :
- L’enfant avec sa sarbacane
L’esquive et l’inachevé
Il plait à Tati de contourner ou de laisser sciemment inachevés certains gags
qu’auraient développés et exploités la tradition burlesque :
- La scène du tuyau d’arrosage
Les chutes :
- La chute du mât
- La chute du tenancier du bar de sa chaise
- La chute du vélo dans le stand de tir
- La chute du monsieur qui porte des pommes
- La chute dans la rivière
3 - Les incohérences :
- Le téléphone sur le vélo (difficile à comprendre pour les élèves d’aujourd’hui)
4 - Les répétitions :
- La scène avec l’abeille
- La scène où il entre en vélo dans le bar et se retrouve à l’étage
5- Les maladresses :
- François est coincé entre le cheval et la charrette avec le gâteau à la main
- Scène avec le vélo et la barrière de passage à niveau
- Il est coincé derrière le volet ouvert brutalement
- Il donne un grand coup dans le képi de son chef avec son sac
6 - Les destructions :
- Le boucher qui tranche les chaussures en deux
- Il casse de la vaisselle dans le stand voisin à celui de tir
7 - Les effets de surprise :
- La chute inattendue dans le trou avec le tuyau d’arrosage
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8 - Bruitages et paroles
Tati souhaite donner une place importante au langage du corps au détriment du
dialogue. Il considère celui-ci comme « un bruit parmi d’autres ». La parole, peu
présente dans ses films, a une place particulière : ou bien les phrases restent
suspendues, inachevées, ou bien elles sont au contraire interminables et vaines. Ce
sont souvent les bruits du quotidien (bruits des animaux, de la campagne…) qui
prennent la place de la parole
Jeux sonores
- La synchronisation d’un phénomène visuel avec une source sonore qui lui est
étrangère : Les faux chevaux de bois doublés par des vrais dont ils nous
cachaient la vue
- Le dialogue de western accompagnant la rencontre du forain et de la paysanne
9 - Les trucages
- Bien que la plupart des scènes en vélo aient été tournées en « réel » par Tati, il a eu
recourt à des trucages pour :
- La scène du vélo qui entre dans le café alors qu’il apparaît simultanément à la fenêtre
du 1er étage
- Le vélo qui roule seul sur la route
- La dame qui est emportée par la corde reliée aux cloches de l’église
LA MUSIQUE (voir les 4 thèmes fournis en téléchargement dans les ressources)
La musique du film est composée autour de 4 thèmes principaux :
Le générique
Les forains
Le facteur
Le Jazz
Ces 4 thèmes peuvent être regroupés en deux familles en référence aux deux cultures
française et américaine qui traversent le film :
- La valse (danse) avec l’instrument accordéon, emblématique de la France populaire
(et un lien très étroit avec le motif du cercle > c’est une danse qui se pratique en
décrivant des cercles)
- Le Jazz > l’orchestre de cuivres > Les Etats-Unis
Vous trouverez en téléchargement dans les Ressources accompagnant le film un
dossier comprenant les 4 thèmes (Lien direct)
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ŒUVRES EN RESEAU
1 - Œuvres cinématographiques (empruntables auprès du Conseiller pédagogique) :
- « L’arroseur arrosé » des frères Lumières (plusieurs versions)
- autres courts des frères Lumière
- Œuvres de Charlie Chaplin, dont « Le cirque » (au catalogue d’Ecole et cinéma)
- Œuvres de Tati : dont « Les vacances de M. Hulot » (au catalogue d’Ecole et cinéma)
2 – Peintures
A - Le motif du cercle :
Le motif du cercle qui traverse Jour de fête peut être mis en relation avec la peinture de Sonia et
Robert Delaunay (nés en 1885) fascinés par la figure du cercle, expression du dynamisme et du
monde moderne (le soleil, le cirque, la grande roue des fêtes foraines, le manège, les hélices d’avion,
la bobine de cinéma que l’on retrouve dans Hommage à Blériot, dans Manège de cochons et les
Prismes électriques).
Robert DELAUNAY (1885-1941)
Hommage à Blériot – 1914
(2,50 m x 2,50 m).
Paris, Collection particulière
Lien vers l’œuvre en grande définition
Analyse du tableau (collège Brossolette)
Robert DELAUNAY (1885-1941)
Manège de cochons
60x74 cm
Sonia DELAUNAY (1895-1979)
Prismes électriques 1914
2,50 m x 2,50 m
[Lien vers l’œuvre en bonne définition]
[Lien vers le Centre Pompidou]
[Lien vers l’œuvre en grande dimension]
Centre Pompidou
Robert (1885-1941) et Sonia Delaunay (1895-1979) pratiquèrent une peinture tendant vers
l’abstraction faite à partir de décompositions de plans de couleurs pures juxtaposées en cercles
concentriques et rythmiques. Robert Delaunay parla de sa pratique en termes de contrastes
simultanés. Les contrastes de couleurs rythment et structurent le tableau en énergie pure.
Apollinaire qualifia leur peinture d’Orphisme. On trouvera également le terme de Rayonnisme.
B- Le motif de la fête dans la peinture
Une proposition de Francine Hauwelle, CPD Arts visuels [dossier]
3 – L’art forain et son histoire
http://www.pavillons-de-bercy.com/PDF/arts_forains_HIS.pdf
http://www.museedelamagie.com/h_pages/pedehef/expo_forain%20.pdf
4 – L’art postal
Le site de Pierre-Stéphane PROUST : http://artpostal.com/
Le projet « Art postal » OCCE - DOSSIER PEDAGOGIQUE
Mail art : http://www.ac-nice.fr/ia06/eac/file/PDFAV/Le%20Mail%20Art%20ou%20Art%20postal.pdf
Fondation “La Poste” : http://www.fondationlaposte.org/rubrique_carnet.php3?id_rubrique=6
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ANNEXES
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Dessine et compare les deux personnages comiques de cinéma que tu as vu au cinéma : « Charlot » (Charlie Chaplin) et « François le facteur » (Jacques Tati)
CHARLOT
FRANCOIS LE FACTEUR
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Déroulant du film en photogrammes
Cette planche est téléchargeable en pdf depuis le site internet Ecole et Cinéma Orne dans les
documents associés à ce film (en version 35 images par page > PDF de 5 pages ou 9 images par page
(soit PDF de 19 pages) en couleur ou noir et blanc.
- Planche photogrammes 35/page > couleur - noir et blanc
- planche de photogrammes 9/page > couleur - noir et blanc
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Photogrammes de gags : décrire et raconter le gag
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Le gag des cloches
« Une construction millimétrée »
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Une photographie
Robert Doisneau, Le Vélo de Tati, Paris, 1949
Tirage argentique vers 1985, 40,2 x 32,1 cm © Atelier Robert Doisneau.
La bicyclette a entièrement été démontée par Jacques Tati lui même. Comme un puzzle, elle git àmême le sol comme une énigme...
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Notes – références – sitographie
Ce document s’est appuyé sur quelques ressources en lignes, dont :
http://www.acmontpellier.fr/apps/dsden30/ia30/dossiers/arts/ecolecine/ressources/pbabay_021.pdf
http://sites.cddp33.fr/ecran-numerique/files/2008/03/dossier-pedagogique_jour1.pdf
(De Françoise Verpillat, CP IA du Haut-Rhin)
Visitez le site officiel de Jacques TATI : Tati ville
http://www.tativille.com/
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Sélection documentaire - CANOPE Basse-Normandie
Goudet, Stéphane. Jacques Tati : de François le facteur à Monsieur Hulot. Paris : CNDP / Cahiers du
Cinéma, 2002. 95 p. (Les petits cahiers)
Une étude qui permet de mieux connaître Jacques Tati, acteur et réalisateur, grâce à ses films (de
Jour de Fête à Parade) et aux personnages qu’il interpréta lui-même. En utilisant des analyses de
séquences, des commentaires de documents et des témoignages de collaborateurs, cet ouvrage
caractérise le style Tati et évalue son apport à l’histoire du genre burlesque.
791.3 TATI
Briatte, Robert. Une certaine idée de l'enfance, Jour de fête, 1949. Lire au collège, 12/2001, n°61,
p.16-18.
Présentation du film de Jacques Tati "Jour de fête" sorti en 1949. Fiche technique.
Tativille : site officiel consacré à l’œuvre de Jacques Tati
http://www.tativille.com/
Documents pour travailler sur le thème de la poste et des postiers
C'est pas sorcier. 32 : la poste. Paris : CNDP, 2002.1 vidéocassette, 26 min. + 1 notice.
Dans cette émission, les animateurs nous proposent de découvrir le fonctionnement de
l'acheminement du courrier postal. La logistique mise en place par La Poste pour mener à bien sa
mission de service public nous est présentée dans ses moindres détails, en alternant les séquences
de mise en situation et les séquences d'explication technique. L'émission nous présente aussi
certaines innovations technologiques, trieuses automatiques, postes de reconnaissance optique, etc.
500 SORCIER-32
Ecrire, envoyer, recevoir... une lettre. Grand J, 06/2000, n°76, p.15-26
Pour tout connaître du cheminement d'une lettre, une fois qu'elle a été écrite, timbrée et postée : la
boîte aux lettres, le centre de tri, l'acheminement du courrier par camion, train ou avion dans les
différentes postes, et la distribution du courrier par le facteur.
La poste. Paris : La Nouvelle Arche de Noé, 1999. 36 p. (Raconte-moi)
Découverte de l'histoire de la poste et du serment des postiers. Présentation de son fonctionnement
: sa place dans le service public, les bureaux de poste, le courrier, le parcours d'une lettre, les services
financiers, les colis et la logistique, les métiers, les moyens logistiques. Timbre et philatélie.
656.8 POS
Auquière, Mylène. Le petit facteur. Paris : Casterman, 1995. 52 p.
Activités plastiques à réaliser sur le thème de la lettre, de la carte postale, des enveloppes, du mailart etc.
372.476 AUQ
L'histoire du timbre-poste. Le Petit Léonard, 10/1999, n°30, p.18-27.
L'art de collectionner les timbres : la philatélie. Historique des systèmes d'envoi de messages. Origine
du nom "poste". Naissance du premier timbre. Le mail-art, art de décorer les enveloppes.
L'histoire de la poste. Textes et documents pour la classe, 01/02/1995, n°689, 3-44.
Illustrée des richesses du Musée de la Poste, histoire de la Poste en France de Louis XI à
l'Aéropostale, du service du Roi au service public. Chronologie. Moyens d'acheminer le courrier. Rôle
de la poste. Les femmes. Affiches. Bibliographie.
Des documents pour travailler sur l'art postal
Morin, Nicole. Artémot Ecrit : interactions arts plastiques et apprentissage de la langue de la
maternelle au lycée et pourquoi pas ...ailleurs. Poitiers : CRDP de Poitou-Charentes, 1996 ; n.p.
Ouvrage se situant dans une démarche d'arts plastiques à l'occasion de laquelle peuvent être
découverts, utilisés, développés, transgressés des savoir-faire ressortant à l'apprentissage de la
Ecole et Cinéma – Orne – 2014-2015 – Thierry Delamotte, CPD C.H.A.V
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langue. On y découvre la calligraphie, l'enluminure, les lettrines, la typographie, l'illustration. Travail
sur les mots dans l’œuvre, la signature, l'adresse ou la dédicace, l'imitation ou l'invention d'écritures.
Travail sur la poésie, le récit, le mail art.
372.475 MOR
Proust, P-S. Belles lettres en maternelle. Cahiers pédagogiques, 01/2005, n°429-430, p.36-37.
Compte rendu, en 2005, d'un projet pédagogique sur l'art postal en classe de maternelle en France :
démarche et objectifs pédagogiques, mise en place du projet, son évaluation. Webographie.
Wittmann, Agnès. J'écris des lettres : et j'en fais toute une histoire !. Paris : Vuibert, 1999. 64 p.
Levons l'encre !.
Tous les ingrédients pour écrire des lettres : apprendre à trouver le ton, à faire partager une
émotion, à confectionner des supports originaux...
372.842 WIT
Levasseur, Elisabeth / Proust, Pierre-Stéphane. L'art postal : fichier d'activités. Caen : Musée de la
Poste et des Techniques de communication de Caen, 2004. n.p.
Historique de l'art postal ou mail art accompagné d'activités à mettre en place sur le thème de la
poste, de l'enveloppe, de la carte postale, de la lettre-objet, du timbre, de l'adresse et du tampon.
Rappel de quelques règles pour la correspondance. Histoire du timbre, le voyage d'une lettre.
372.475.7 LEV
Popet, Anne. L'Art postal. L'Atelier des images, 01/2001, 023, p.2-46.
A l'époque du courrier électronique l'art postal (ou mail-art) regorge de richesses. Les activités
construites autour de 5 posters, qui représentent une planche de timbres, une enveloppe, des objets
postaux vus par des artistes, un tapis-jardin pour un musée de la Poste et des cartes de vœux,
mettent en valeur la part de générosité et de rêve derrière toute communication postale. Parmi les
oeuvres proposées on trouvera : Une planche de timbres de Mark Rose, une enveloppe décorée de
Florine Asch, des objets postaux, un tapis-jardin pour un musée de la poste d'Aline Rutily, des cartes
de vœux du début du XXe siècle, Rideau composé d'objets postaux d'Hélène Juren, la naissance d'un
timbre (La Poste).
La correspondance au pied de la lettre. Le nouvel éducateur, 10/2004, 162, p.7-20.
Dossier sur la correspondance scolaire en pédagogie Freinet à l'occasion d'une exposition réalisée
par le groupe départemental de l'Aveyron, en 2004. Modalités d'organisation d'une correspondance.
Point de vue des enfants qui ont visité l'exposition. Présentation d'un atelier d'art postal. Exemple de
correspondance multiple entre une classe de CP-CE1 et trois autres classes. Correspondance
mathématique par télécopie.
Dumas, Christian. Pierre François : L'art postal. Toulouse : CRDP de Midi-Pyrénées, 1999. 1
vidéocassette, 18 min + 1 livret (19 p.). (Les arts et l'école, 04)
Présentation d'un artiste dont une partie de la création passe par l'art postal (mail art). On le voit
correspondre avec des enfants de certaines classes et leur répondre. Découverte par les enfants du
courrier qu'il leur envoie. Réflexions des enfants sur leur ami artiste et des instituteurs sur cet
échange.
La correspondance. Textes et documents pour la classe, 01/09/2003, n°859, p.6-54.
Dossier sur le genre épistolaire. Historique et essor au 17e siècle. Extraits, illustrations, liens entre
épistolaire et peinture. Définition de l'art postal et du mail art. Présentation des nouveaux types de
correspondances : écriture numérique, courrier électronique ; questionnement. Interview de Paul
Soriano président de l'IREP (Institut de recherches et de prospectives postales). Bibliographie,
séquences pédagogiques, webographie.
(Sélection réalisée par Pierre Gallo, CPD Arts visuels IA 14)
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