Cuivre et laiton corrodent les conduites en acier galvanisé
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Cuivre et laiton corrodent les conduites en acier galvanisé
CSTC Cuivre et laiton corrodent les conduites en acier galvanisé Les conduites ou éléments en cuivre situés en amont de conduites en acier galvanisé peuvent contribuer à leur corrosion. Idem pour les éléments en laiton, celui-ci étant un alliage de cuivre et de zinc… L es conduites en acier galvanisé ou acier zingué (revêtu de zinc) sont courantes dans les installations sanitaires, neuves ou anciennes. Au contact de l’eau, le zinc de la galvanisation se corrode, mais ce phénomène peut rester sans incidence si une couche protectrice se forme à cet endroit pour séparer l’eau du métal et empêcher les échanges ioniques ultérieurs entre métal et eau. La formation et la composition de cette couche dépend de divers facteurs : caractéristiques de l’eau distribuée, façon dont l’installation a été conçue, débits qu’elle enregistre, volumes consommés, présence ou non d’eau stagnante, température, vidanges éventuelles, etc. Si la couche protectrice ne s’est pas formée, la corrosion peut se développer, notamment s’il y a en amont des métaux plus nobles que le zinc : cuivre et laiton. Si le zinc est en contact direct avec ces métaux, il se corrode, à moins d’être protégé par un manchon synthétique. Même sans contact direct, des particules de cuivre ou laiton peuvent se déposer sur la paroi des conduites en acier galvanisé et provoquer une corrosion galvanique ou bimétallique du zinc. LE LAITON, CORRODÉ… ET CORROSIF Il peut y avoir du laiton dans des compteurs, vannes, clapets anti-retour et robinets. Cet alliage contient entre 5 et 45 % de zinc pour donner au laiton sa dureté et sa résistance mécanique, le restant étant en cuivre pour donner une meilleure résistance à la corrosion. La norme NBN EN 12502-2 décrit les différents types de corrosion qui affectent le cuivre et ses alliages dans les installations de distribution et de stockage de l’eau. Le laiton y est présenté comme résistant mieux que le cuivre à la corrosion par érosion et ce, grâce à la présence de zinc. Il est, par contre, hautement sensible à la corrosion sous contrainte (contraintes de traction internes). On peut également voir apparaître une corrosion uniforme et même une corrosion 44 construction - juin 2015 Laiton neuf. Laiton ayant subi une dézincification de sa surface. sélective des laitons. On parlera, dans ce dernier cas, d’une dézincification. La corrosion du laiton libère des ions de cuivre qui vont se déposer sur la paroi interne des conduites en aval. Si les conduites sont en acier galvanisé, elles vont subir une corrosion de type galvanique. Le cuivre, plus noble que le zinc et le fer, a un potentiel électrochimique plus élevé que le zinc de la galvanisation ou que le fer de l’acier, ce qui provoque CSTC VOS INTÉRÊTS un échange d’électrons entre les métaux et une corrosion de la conduite. Les conduites à proximité des pièces en laiton seront les premières à se corroder mais les particules de cuivre qui se décrochent peuvent être entraînées bien au-delà en aval et y provoquer aussi de la corrosion. Une eau ayant longtemps stagné derrière son robinet peut contenir du plomb pouvant entraîner la corrosion de l’acier galvanisé situé en aval. Conditions d’utilisation La façon dont l’installation est conçue et fonctionne joue beaucoup dans l’apparition de la corrosion. L’eau qui stagne dans sa conduite et qui n’est que peu renouvelée favorise la corrosion, comme dans les immeubles de bureaux et commerces où les quelques points d’eau existants sont peu utilisés et ne permettent pas un renouvellement fréquent de l’eau. La situation est meilleure dans les immeubles de logement, encore qu’il y ait parfois des délais importants entre la fin de la construction et le début de l’occupation… Caractéristiques de l’eau Il vaut mieux ne pas trop adoucir l’eau (dureté > 5 °F) et ne pas le faire dans les six mois qui suivent l’installation. Une eau trop faiblement minéralisée (comme certaines eaux de ville) et pauvre en ions hydrogénocarbonates augmente le risque de corrosion. Evitez dans ce cas les matériaux métalliques. Repérer la corrosion Si l’eau du robinet est riche en cuivre ou de couleur rouille, si son débit est réduit (par la formation de nodules de corrosion dans la conduite) ou si vous observez certains percements et autres anomalies, il y a soupçon de corrosion, même un an ou deux seulement après la mise en service de l’installation. De nombreux types de laiton contiennent aussi un peu de plomb (de 1 à 3 %). La couche de zinc de l’acier galvanisé peut de même en contenir (jusqu’à 1 %). La corrosion peut alors libérer ce plomb et le laisser stagner dans l’installation. Ne buvez donc pas l’eau du premier tirage, qui a stagné, et ne la servez pas aux enfants en bas âge. n PROJETS & ENTREPRISES Référence Cet article est une adaptation libre du Dossier du CSTC 2014/4.9 paru sous l’égide du Comité Technique « Sanitaire et plomberie industrielle, installations de gaz » et signé Pascale Steenhoudt, ir., chef du laboratoire Chimie du bâtiment. Voir aussi le Dossier du CSTC 2007/2.8 « Corrosion des tuyauteries sanitaires en acier galvanisé » ainsi que la norme NBN EN 12502-3. Seules ces publications originales, également consultables sur www.cstc.be peuvent être citées en référence. construction - juin 2015 SECTEUR & MÉTIERS Nombre des pièces en laiton Avec un seul compteur et un ou deux autres éléments en laiton (comme dans la plupart des habitations unifamiliales), le risque de corrosion est faible. Par contre, dans les immeubles à appartements, commerces ou bureaux, il peut y avoir une multiplication d’éléments en laiton connectés en série. Dans ce cas, la surface du laiton en contact avec l’eau est importante, ce qui libère beaucoup de cuivre DOSSIER Nature des laitons mis en œuvre Multiples sont les alliages possibles de cuivre et de zinc. Parmi ceux qui servent à la fabrication d’éléments de plomberie, les alliages contenant plus de 35 % de zinc résistent mal à la dézincification. Ceux dont la teneur en zinc est comprise entre 15 et 35 % y résistent mieux, surtout s’ils contiennent une petite quantité d’inhibiteur tel que l’arsenic. Ceci dit, tous les laitons peuvent subir une corrosion uniforme et, lorsqu’ils sont plus riches en cuivre, cette corrosion entraînera la libération d’une plus grande quantité de cuivre. Difficile donc de conseiller un alliage plutôt qu’un autre. Le bon conseil, c’est d’opter pour des alliages portant le marquage DZR (Dezincification Resistant) ou CR (Corrosion Resistant), signifiant que le laiton utilisé répond aux critères imposés par la norme internationale ISO/ DIS 6509-2. © Photo N. Oldenhove LES FACTEURS DE CORROSION DE L’ACIER GALVANISÉ PAR LE LAITON 45 CSTC Béton de fibres : mûr après un demi-siècle ? Le béton armé traditionnel reste un maître-choix : bon rapport qualité prix, résistance, durabilité… Mais ses armatures en acier, indispensables pour améliorer la résistance en traction, demandent des plans de ferraillage, pas simples à produire, un lieu de stockage sécurisé sur chantier et une manutention spécifique. C es inconvénients, tout relatifs, relancent l’idée de donner au béton sa résistance en y incorporant des fibres métalliques à la place des armatures en acier. Intérêt pratique indéniable : Il suffit d’incorporer ces fibres au béton dans le camionmalaxeur et votre béton est renforcé ! UN VIEUX PRINCIPE Les Romains renforçaient déjà leur mortier à l’aide de fibres… L’application industrielle de ce procédé, avec adjonction de fibres métalliques date chez nous des années 60. Un demi-siècle plus tard, ce béton renforcé de fibres métalliques ne fait toujours que 3% de part de marché en Belgique. Il faut savoir que l’orientation aléatoire des fibres et leur dispersion forcée dans l’ensemble du volume de béton, représente un coût non négligeable. Des armatures traditionnelles, judicieusement positionnées, donnent une excellente résistance à moindre coût. Et pourtant, un second souffle semble se profiler aujourd’hui pour le béton de fibres, susceptible d’être utilisé à une échelle plus large et notamment dans les applications structurales. La maturité à 50 ans ? Fibres intégrées dans la toupie du béton via une bande transporteuse. les dosages praticables pour les applications structurales. Un matériau a ainsi été créé, dont le comportement mécanique se rapproche fort de celui d’un béton armé classique. ÉLARGIR LE CHAMP D’APPLICATION À côté des bétons truffés de fibres et à ultra-haute résistance, la recherche s’intéresse aussi aux bétons fibrés à résistance normale, en analysant les types de fibres et en élaborant des méthodes de calcul fiables pour doser un maximum de fibres de plus de 3 cm de long à incorporer dans la matrice cimentaire. Ces bétons sont réalisés à base d’une quantité importante de fines et contiennent des superplastifiants. On peut ainsi désormais intégrer et pomper, sans problème pour les centrales à béton, des bétons incorporant jusqu’à cent kilos de fibres par m3, là où auparavant la limite était à 60 kilos par m3. NOUVEAUX BÉTONS SANS FERRAILLAGE Intégrer davantage de longues fibres dans un béton sans réduire son ouvrabilité, c’est le rendre utilisable dans un plus grand nombre d’applications structurales. Le développement depuis une vingtaine d’années, des bétons autoplaçants, qu’on ne doit plus ‘vibrer’, a permis d’augmenter La recherche – et celle du CSTC en particulier – a mis en évidence l’intérêt de certaines méthodes d’essai pour caractériser le béton de fibres, quel que soit le type de fibres utilisé. En flexion, la norme de référence est actuellement basée sur un essai de flexion trois points sur prismes entaillés (norme NBN EN 14651). Le CSTC 46 construction - juin 2015 démontre l’intérêt d’effectuer d’autres essais sur dalles rondes, plus grandes. Ces essais sont caractérisés par une variation plus faible des résultats, de l’ordre de 10 % au lieu d’environ 25 % pour les essais sur prismes. Les essais sur dalles rondes devraient permettre plus de réalisme, tant statistique qu’économique, dans la définition des valeurs de résistance du matériau. Le Model Code 2010 marque une étape majeure pour les bureaux d’étude dans leur calcul de la composition d’un béton renforcé de fibres métalliques. Le calcul structural (généralement confié aux producteurs et chercheurs), se fait maintenant selon des règles unanimement admises tant pour les états limites ultimes que pour les états limites de service. Il est désormais possible de calculer la résistance d’un élément renforcé uniquement à l’aide de fibres. La résistance à l’ef- CSTC D’autres fabricants développent des fibres à base de verre ou en matière synthétique, C’EST LE MOMENT DE L’ESSAYER On a maintenant les outils qu’il faut pour concevoir des éléments préfabriqués ou coulés sur place en béton renforcé de fibres métalliques. On peut faire ce choix en le combinant avec l’emploi d’armatures traditionnelles, mais on peut aussi désormais armer un béton de ses seules fibres ! Remplacement d’armatures secondaires? Flexion transversale dans les éléments en 2D ? Armatures de retrait, étriers dans des poutres ? Remplacement total ou partiel les armatures principales dans des voiles, semelles, radiers ? Pour toutes ces applications, le béton renforcé de fibres métalliques est désormais une option à considérer, car ce produit a acquis sa maturité. Une option judicieuse pour un certain nombre d’applications, mais pas pour toutes… et pas avec toutes les fibres ! Pour faire le bon choix, le Model Code 2010 a développé une approche utile. Consultez aussi les normes produit (marquage CE selon les normes de la série NBN EN 14889). Par ailleurs, un Guide d’agrément technique belge sortira bientôt sur le sujet et l’Infofiche 71.2. donne une série de précisions quant aux applications pratiques du béton renforcé de fibres métalliques. n DOSSIER INNOVATIONS MULTIPLES De nouvelles fibres métalliques plus performantes cumulent les bénéfices d’un système d’ancrage inédit, dans la matrice, d’une meilleure résistance de fil et d’un acier dont la ductilité a été améliorée. par exemple. Ces dernières fibres ont généralement des propriétés intrinsèques plus modestes. Elles résistent par exemple moins bien à la traction et leur module d’élasticité est moins intéressant, mais cela est compensé par le fait qu’on en introduit un nombre beaucoup plus élevé dans la ou les section(s) fissurée(s) du béton. Le Model Code 2010 ne les propose pourtant que peu, du fait que leur performance à long terme reste une inconnue, notamment sous chargement de longue durée. VOS INTÉRÊTS fort tranchant d’une poutre et le moment résistant d’un plancher-dalle peuvent être calculés, dans une approche similaire aux concepts de l’Eurocode 2, qui est la norme dédiée au calcul du béton armé classique. Le Model Code 2010 introduit des classes pour les bétons renforcés de fibres métalliques, telles que les classes de résistance en compression. Il applique divers facteurs de sécurité, intègre l’effet d’orientation préférentielle des fibres dans les structures minces et prend en compte l’hyperstaticité de la structure, de même que la robustesse. Référence Ceci est une adaptation libre du « Dossier du CSTC 2014/4.2 » préparé par B. Parmentier, ir., chef de la division Structures, CSTC, sous l’égide du Comité technique « Gros œuvre et entreprise générale ». Seul ce texte original, également consultable sur www.cstc.be, peut être cité en référence. SECTEUR & MÉTIERS Avant-premières CSTC pour les entrepreneurs cet automne PROJETS & ENTREPRISES Plus de détails suivront. Ne perdez pas ces pages de vue ! Magazine5_fr.indd 1 8/05/2015 10:33:43 construction - juin 2015 47