Discours du - Académie de Strasbourg

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Discours du - Académie de Strasbourg
Discours
du
recteur
Mars 2015
Déplacement bilinguisme et politique
des langues
Lundi 30 mars 2015, Truchtersheim
J
d’être aujourd’hui à Truchtersheim pour vous présenter les grands axes de ma politique en faveur du bilinguisme et plus généralement
d’ailleurs en faveur des langues. Truchtersheim illustre parfaitement le volontarisme de cette politique puisqu’à la rentrée 2015 est ouverte une nouvelle classe à la
fois en élémentaire et au collège marquant bien là ma volonté d’assurer la continuité
et répondant par la même aussi à un engagement pris auprès de Monsieur le Maire
lorsque je l’avais reçu.
e suis particulièrement heureux
Avant de revenir plus en détail sur les 63 nouvelles ouvertures réalisées à la rentrée
2015, je souhaite partir de deux postulats essentiels qui président à ce choix :
La France est en retard dans le domaine de l’apprentissage des langues, ce qui pénalise nos jeunes. Une étude récente montre que 70% des Français possèdent seulement un niveau débutant après 8 ans d’instruction, plaçant la France en 35e position
sur les 60 pays observés. De même, un salarié sur deux estime ses évolutions de
carrière bloquées par manque de connaissances linguistiques. La France doit combler
cette lacune et l’Alsace doit servir de modèle.
En effet, l’atout linguistique apporté par la maîtrise de la langue allemande est décisif dans une réalité transfrontalière marquante et dans un contexte de recherche
d’emplois. Permettez-moi de rappeler qu’en Alsace 70% des offres d’emplois requièrent l’usage de l’allemand et que 540 succursales d’entreprises allemandes
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sont installées en Alsace. On constate également, d’après l’Agence d’attractivité de
l’Alsace, que la moitié des projets d’investissements dans la région proviennent de
pays germanophones.
A partir de ces données, une réalité s’impose : faire réussir l’Ecole, c’est aussi faire de
l’insertion professionnelle de nos jeunes une priorité. Dans cette optique, la connaissance des langues est un atout essentiel. Ce qui m’amène d’ailleurs à préciser que
l’apprentissage précoce d’une langue, ici l’allemand, prédispose à l’apprentissage
d’autres langues : dans l’académie de Strasbourg 64% des élèves de 6ème suivent
un cursus bilangue allemand-anglais, une augmentation de 5 points en un an, tout
comme 22% de nos lycéens choisissent une troisième langue vivante à partir de la
seconde, contre seulement 8% au niveau national.
C’est une force quand on sait que sur le territoire national. 22% des jeunes Français
sont toujours sans emplois trois ans après leur sortie d’études (48% pour les nondiplômés, 32% pour les titulaires d’un CAP/BEP et même 20% pour les détenteurs
d’un baccalauréat professionnel ou technologique) et quand on considère que selon
l’Association pour l’emploi des cadres même pour les plus diplômés le taux d’emploi
recule passant de 70% pour les diplômés de 2011 à 63% pour les diplômés de 2013.
L’Ecole a donc l’ardente obligation de donner toutes les chances aux jeunes, notamment ceux issus de la voie professionnelle, ce qui explique l’effort particulier que je
consacre à l’apprentissage des langues dans les filières correspondantes. J’y reviendrai.
Un certain nombre de dispositifs existe dans notre académie : enseignement extensif
3h d’allemand par semaine, enseignement bilingue progressif avec 8h ; enseignement bilingue paritaire 12h d’allemand (12h de français) avec déjà des résultats.
92% des élèves de maternelle et de primaire suivent un enseignement d’allemand
(renforcé ou paritaire)
78% des élèves du second degré étudient l’allemand (15% au niveau national) dont
57% des élèves de lycées professionnels)
64% des élèves de 6e suivent un cursus bilangue allemand-anglais contre 15% au
niveau national.
L’effort important que j’ai engagé avec mes équipes dès ma prise de fonction en
faveur du bilinguisme et de la politique des langues se poursuit et même s’accentue
à la rentrée 2015 autour de quatre axes principaux :
Le développement de l’enseignement bilingue paritaire avec l’ouverture dans le premier degré – élémentaire et primaire – de 63 nouvelles classes, 32 dans le Bas-Rhin,
31 dans le Haut-Rhin, ce qui permet de renforcer le maillage territorial sur toute
l’Alsace, avec comme immédiate traduction la présence de 6 nouveaux sites (Erstein,
Dettwiller, Mittelhausbergen, Oberhausbergen, Offendorf et Bischwiller).
Tout cela se déroulera évidemment – vous l’aurez aisément compris – sous la réserve
que les effectifs annoncés soient effectivement là à la rentrée.
Deux remarques sur ce premier point : - dans les écoles maternelles et élémentaires
concernées 6 sont REP+ (Strasbourg Fischart, Mulhouse Nordfeld, Mulhouse Koechlin, Mulhouse Matisse Plein ciel), 2 sont REP (Strasbourg Stoskopf, Strasbourg
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Wurtz). Cela montre que le bilinguisme est destiné à tous les élèves et non à un
public réservé.
La continuité de la filière après l’école, en collège donc, est développée avec l’ouverture dans 8 collèges (Grégoire de Tours à Marlenheim, Soultz sous Forêt, Stockfeld et
Twinger à Strasbourg, Kochersberg à Truchtersheim, Schoelcher à Ensisheim, Dreyfus
à Rixheim et Jean Monnet à Dannemarie, établissement pour lequel une ouverture
aménagée est prévue). Là encore, deux établissements en éducation prioritaire sont
concernés.
Un accent particulier est mis sur la voie professionnelle avec l’extension d’un dispositif créé l’année dernière : Azubi-bacpro, une coqualification franco-allemande dont
l’objectif est de permettre aux élèves et apprentis d’obtenir outre le diplôme de leur
pays d’origine une attestation de compétences reconnue de l’autre côté de la frontière, le tout en lien avec le monde économique. Aux quatre lycées dispensant cette
formation depuis la rentrée 2014, le lycée hôtelier d’Illkirch (67), le lycée Charles de
Gaulle de Pulversheim (68), le lycée Mermoz de St Louis (68) et le lycée Schongauer
de Colmar (68) s’ajouteront à la rentrée 2015 deux autres établissements : le lycée
Stanislas à Wissembourg et le lycée Charles Pointet à Thann.
Pour parfaire et amplifier l’apprentissage des langues, j’ai également souhaité, audelà des sections abibac des lycées (1 300 lycéens lycéens, soit 4% des lycéens de
voie générale), développer les sections européennes dont 29 seront ouvertes à la
rentrée 2015 (15 en collège, 14 en lycée) après 25 ouvertures à la rentrée 2014
(11 400 élèves dans le 2nd degré, soit 7,7%, contre 6% au niveau national). J’ajoute
qu’une section bilangue renforcée sera également ouverte au lycée Georges Imbert
de Sarre-Union permettant aux élèves à la fois de valoriser leur acquis en langue
allemande et de suivre des enseignements autres que linguistiques en langue allemande et anglaise, le tout adossé à un enseignement d’exploration d’économie et
de gestion en allemand.
Voilà l’amorce maintenant bien avancée d’une nouvelle politique en faveur du bilinguisme et des langues, conduite en partenariat et avec le soutien des collectivités
territoriales.
Cette politique se veut aussi le reflet de l’ouverture européenne qui a toujours fondé
l’identité de nos territoires
Jacques-Pierre Gougeon
Recteur de l'académie de Strasbourg
Chancelier des universités d'Alsace
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