Le skateboard

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Le skateboard
Le skateboard
Analyse sociologique d’une pratique physique urbaine
Logiques Sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante
reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend favoriser les liens entre la
recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les
recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la
connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation
méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes
conceptuels classiques.
Dernières parutions
Ulrich BRAND, Michael LÖWY, Globalisation et crise écologique. Une critique de
l’économie politique par des écologistes allemands, 2011.
Fred DERVIN, Impostures interculturelles, 2011.
Anne-Lise SERAZIN, Vies de travail en Loire-Atlantique au XXe siècle. Traversées du
siècle, 2011.
Jacqueline DEGUISE-LE ROY, Les solidarités à l'épreuve de la pauvreté. Expériences
anglaises et françaises aux XIXE et XXe siècles, 2012.
William GASPARINI et Lilian PICHOT (sous la dir. de), Les compétences au travail :
sport et corps à l’épreuve des organisations, 2011.
André GOUNOT, Denis JALLAT, Michel KOEBEL (sous le dir. de), Les usages
politiques du football, 2011.
Martine CHAUDRON, L’exception culturelle, une passion française ? Éléments pour
une histoire culturelle comparée, 2011
Philippe ZARIFIAN, La question écologique, 2011.
Anne LAVANCHY, Anahy GAJARDO, Fred DERVON (sous la dir.) Anthropologies
de l’interculturalité, 2011.
André DUCRET et Olivier MOESCHLER (sous la dir. de), Nouveaux regards sur les
pratiques culturelles. Contraintes collectives, logiques individuelles et transformation
des modes de vie, 2011.
Frédéric MOLLÉ, Servir. Engagement, dévouement, asservissement... les ambiguïtés,
2011.
Bernard FORMOSO, L’identité reconsidérée. Des mécanismes de base de l’identité à
ses formes d’expression les plus actuelles, 2011.
Hermano Roberto THIRY-CHERQUES, Survivre au travail, 2011.
Isabelle LOIODICE, Philippe PLAS, Núria RAJADELL PUIGGROS (sous la dir.de),
Université et formation tout au long de la vie, Un partenariat européen de mobilité sur
les thèmes de l’éducation des adultes, 2011.
Maxime QUIJOUX, Flaviene LANNA, Raúl MATTA, Julien REBOTIER et Gildas DE
SECHELLES (sous la dir. de), Cultures et inégalités. Enquête sur les dimensions
culturelles des rapports sociaux, 2011.
Nathalie GUIMARD et Juliette PETIT-GATS, Le contrat jeune majeur. Un temps négocié,
2011.
Julien LAURENT
Le skateboard
Analyse sociologique d’une pratique physique urbaine
This is Street Skateboarding
Préfaces de
Christophe Gibout et Larry Balma
© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[email protected]
[email protected]
ISBN : 978-2-296-96051-0
EAN : 9782296960510
Remerciements
Le sous-titre peut paraître présomptueux et assez direct pointant
que cet ouvrage va vous révéler ce qu’est le skateboard qui se déroule
dans la rue. Il a été choisi pour faire un clin d’œil à une vidéo de la
marque Emerica. Celle-ci a influencé une majorité des skaters qui ont
été observés durant mon travail de terrain, lors d’une période
considérée comme un des plus significatifs pics de popularité du
skateboard. Cet ouvrage est un condensé de ma recherche de doctorat
« Le skateboard à Montpellier. Approches ethnosociologiques de
populations, pratiques et espaces en tensions » soutenue en novembre
2008.
Je tiens à remercier mon épouse, Agathe et toute ma famille qui
m’ont supporté durant ce long processus de recherche doctorale puis
de rédaction. Pour moi, ça n’a pas été compliqué de vivre cette
aventure intellectuelle mais eux se sont posés beaucoup de questions
sur les retombées professionnelles d’une telle épreuve. De plus la
rédaction d’une thèse puis d’un ouvrage est une période tellement
prenante qu’il devient difficile de s’en détourner ce qui conduit
forcément à la perte d’autres moments de vie avec ses proches.
Je ne remercierai jamais assez mes directeurs de thèse Mme Guédez
et M. Gibout qui ont eu confiance en mon projet et qui mon accordé
l’attention nécessaire pour me faire progresser. Je n’ai pas eu la chance
de rencontrer M. Duvignaud mais par ses lectures et la transmission de
sa pensée et de ses réflexions, j’espère me positionner comme un de
ses disciples qui fait survivre sa vision intellectuelle et sa manière de
déchiffrer la réalité sociale.
Le skateboard à Montpellier :
Analyse sociologique d’une pratique physique urbaine
Sommaire
Préfaces
Le skate : de l’objet social à l’objet scientifique
Une vie dédiée au surf et au skateboard
Avant-propos
Introduction, L’univers de la rue
Chapitre 1. Une enquête ethnographique
Chapitre 2. La ville, ce terrain de jeu
Chapitre 3. Le street
Chapitre 4. Les streets skateboarders
1. Les skaters d’Albert Ier
2. Les légendes, puristes et experts
Chapitre 5. Deux collectifs, deux approches
1. Les « skaters-vendeurs »
2. La transition
3. Les experts sponsorisés
4. Les garants du street
Chapitre 6. Les spots de street
1. La place Albert Ier
2. Un spot de street idéal-typique
3. Défendre son territoire
4. Des transactions impossibles
5. Richter, un espace délaissé ?
6. Le hangar et le D.I.Y
Chapitre 7. Un mode de vie
Chapitre 8. L'underground
Conclusion, Une bipolarité
Bibliographie
Liste des photos
Table des Matières
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Préfaces
Le skate : de l’objet social à l’objet
scientifique. Regards sur une expérience de
recherche socio-anthropologique
Christophe Gibout1
« Les livres les plus attachants sont souvent ceux qui provoquent la
contradiction ou qui suscitent tout au moins le désir de les compléter.
Une foule de choses nous viennent à l’esprit, choses que l’auteur ne
mentionne même pas, bien que les rapprochements s’imposent (…).
Nous restons ses débiteurs même là où la contradiction nous stimule »
(Frisch : 1964, p. 102)
Parce que le skateur est devenu une figure ordinaire de l’urbanité
contemporaine, tenter un saisissement le plus exhaustif de cette population apparaissait plus que jamais comme une urgente nécessité. A
l’instar de ce qui avait été fait pour les rollers avec le travail d’Yves
Pedrazzini (2001), il importait de tirer le portrait juste, précis et achevé
de ce groupe bigarré de personnes de tous âges, de conditions sociales
variées et dont les pratiques ludo-sportives - dans leurs formes, leurs
finalités et leurs enjeux - sont elles-mêmes hétérogènes. C’est, au travers d’une monographie montpelliéraine, le pari tenté – et tenu – par
Julien Laurent. Ce travail est d’ailleurs bien plus qu’une simple monographie des skateurs de la capitale régionale de Languedoc-Roussillon.
S’inscrivant dans une longue tradition ethnographique, l’auteur s’est
servi du cas singulier de la ville natale d’Auguste Comte pour opérer
ensuite une montée en généralité. Pour résumer en une expression, il
s’est placé dans l’ambition décrite, en septembre 1994, par le cinéaste Louis Malle dans un entretien à la revue Positif : « Plus on est culturellement spécifique, plus on est universel ».
1
Christophe Gibout est sociologue au laboratoire « Territoires, Ville, Environnement,
Société » (TVES, EA 4477, PRES Lille – Nord de France), Professeur des Universités
en Aménagement et Urbanisme à l’Université du Littoral – Côte d’Opale (ULCO),
Directeur de la Maison de la recherche en Sciences de l’Homme (MrSH) de Dunkerque, Président du CR 21 « Transactions Sociales » et coresponsable du GT 16 « Sociologie du Sport » de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française
(AISLF).
9
De fait, le cas montpelliérain est un « pré-texte » pour saisir, à un
niveau plus global, les manières d’être et les arts de faire des skateurs,
leurs formes de sociabilité et leurs rapports à Autrui, leurs référents
culturels ou les formes d’espace publics qu’ils mettent à l’œuvre. Il est
tout à la fois le sous-texte, qui permet de donner chair et substrat
empirique à une production de compréhension du skate comme fait
social, et le prétexte, qui dans la logique du kaïros offre un rapport
d’opportunité à la production d’une explication quant à l’entrelacs
d’individus et de groupes, de lieux et d’espaces, de faits culturels
communautaires et/ou sociétaux qui caractérisent la pratique
contemporaine du skate à l’échelle du monde occidentale. Avant
cependant de revenir rapidement sur le fonds de l’ouvrage que vous
avez en main, il convient d’en préciser les ambitions et les modalités
épistémologiques. Ainsi que nous le rappelait en effet Jean Duvignaud,
"tout sociologue [doit] commence[r] par s'interroger sur la sociologie.
Comme s'il fallait qu'une révision générale précédât l'analyse" (1966,
p. 7).
I. L’ambition d’un penser complexe pour donner sens à la
banalité du social
La richesse initiale du travail ci-après présenté tient, dans une première mesure, du rapport herméneutique dans lequel l’auteur l’a instruit. Considérant qu’il existe trois formes essentielles d’appréhension
du social – le Corps, les Autres enfin la Raison -, il n’a pas arbitré entre
elles mais a tenté une approche totale du fait social « skate » dans la
ville contemporaine. Une approche d’ « artisan intellectuel [qui] associe son cheminement intellectuel et son aventure d’homme » (Mills,
1967, p. 206).
Le rapport de connaissance fut d’abord un rapport sensible avec une
mobilisation des sens, des sensations et des émotions. Skateur luimême et résidant à Montpellier à l’époque de l’enquête, Julien Laurent
s’est servi de son vécu personnel et des expériences partagées avec ses
collègionnaires – chutes, blessures, réunions plus ou moins formelles
pour pratiquer, échanges avec d’autres usagers de l’espace public, etc.
- pour amorcer une pré-enquête et, ensuite, pour alimenter en matériau
empirique son travail sociologique. Pour autant, il n’est pas tomber
dans le travers de nombre d’études en Sciences et Techniques des
Activités Physiques et Sportives qui consiste à pratiquer bien plus une
participation observante qu’une observation participante. Ici, dans
l’inspiration d’un Pascal Dibie (1998), l’observation suscite un
engagement passionné qui refuse une science froide mais qui n’exclue
pas un souci de distanciation (Weber : 1991). S’il a bien réalisé un
10
« apprentissage par corps » des pratiques de skate, ce premier temps
fut compléter par un apprentissage par la confrontation à l’altérité.
Muni des outils scientifiques pertinents qu’il a tiré de ses lectures en
épistémologie et méthodologie des sciences sociales, et opérant une
distanciation avec son terrain, il a pu se plonger au cœur des pratiques
de skate, rencontrer les différents usagers, échanger de façon
informelle avec eux avant d’initier une série d’entretiens
compréhensifs (Kaufmann : 2001) avec nombre d’entre eux. Facilité
par sa connaissance intime du milieu social enquêté et par la légitimité
qu’il y avait acquis par la récurrence de sa présence sur les principaux
spots, ce second temps d’appréhension du social lui à permis de
dessiner une cartographie plus juste des lieux de pratiques, des modes
de pratiquer, des différents groupes de skateurs, des rapports aux
institutions et à autrui. Il fut aussi compléter par des temps d’entretiens
avec les personnes en interaction avec les groupes de skateurs :
administration et élus locaux, riverains des lieux de pratiques, autres
groupes de sportifs ou d’usagers des mêmes espaces publics ou privés
au cœur de Montpellier, forces de l’ordre, associations locales, etc. Le
troisième et dernier temps fut celui du recours à la raison. Le travail de
Julien Laurent s’inscrit ici dans le souci d’une « sociologie
plurielle » (Dubar : 2006) où les différents paradigmes et les multiples
grilles de lecture ne sont posées a priori sur le fait social mais où ils
s’imposent du fait de l’objet et de la pertinence heuristique de leur
confrontation pour donner sens à l’objet étudié. Si, à l’invite de
Bernard Lahire (2001), nous nous rappelons la métaphore qui assimile
le social a une feuille de papier pliée ou froissée qui ne se donne à voir
que de façon univoque et multiplie les zones d’ombre autant qu’il ne
laisse à voir des zones éclairées par le regard sociologique, l’appétence
scientifique de Julien Laurent l’a conduit à multiplier les éclairages et
les angles d’approche de l’objet afin de le « désombrer » au maximum.
II. La densité d’un matériau empirique au service d’une ambition de saisissement de la totalité de l’objet skate
Dans une seconde volonté, c’est la richesse du matériau qui doit est
mentionné. S’il avait pu exister plusieurs travaux précurseurs ou plus
anciens qui exploraient – çà et là – quelques aspects de ce monde social (Adamkiewicz : 1995 ; Bach : 1993 ; Beal : 1995 & 1996 ; Calogirou, & Touché : 1995-1 & 1995-2 ; Chantelat, Fodimbi & Camy :
1996 ; Fize & Touché : 1992 ; Loret & Waser : 2001 ; Pedrazzini :
2001 ; Pegard, O. : 1998 ; Vieille Marchiset : 2000 ; Wooley & Johns :
2001 ; Gibout : 2004) et/ou qui avaient participé de sa légitimation
comme objet scientifique à défaut de reposer sur de lourdes recherches
empiriques (Loret : 1995), le travail qui est ici présenté surprend et
11
séduit d’abord par son ampleur et son ambition : Proposer au monde
l’ordre possible d’une lecture du skate et des skateurs dans l’urbain
contemporain.
Ce qui fonde la valeur de ce travail sur la pratique street du
skateboard réside dans l’appréhension de la complexité de la pratique.
Y sont d’abord saisies les populations de skaters, des premiers à avoir
balbutier la pratique sur les terrains montpelliérains à ceux qui – aux
yeux des actuels pratiquants de rue - sont devenus des légendes de
cette pratique ludo-sportive, des débutants aux experts, des puristes à
ceux qui agrègent leur passion pour la planche avec la possibilité d’une
réussite commerciale, de ceux qui se professionnalisent et aspirent à
vivre de leur sport à ceux qui cultivent une culture souvent qualifiée de
fun (Calogirou & Touché : 1995-2 ; Loret : 1995 ; Pedrazzini : 2001),
en tous les cas revendiquée comme libertaire, contestatrice, anticonsommatrice et antilibérale, même si elle ne l’est pas toujours
(Gibout : 2004). Plus qu’un panorama juxtaposant les catégories de
populations, il s’agit aussi de mesurer les relations à l’œuvre, les
collaborations, les conflits et les tensions qui émergent entre ces
groupes. Ainsi que d’apprécier et de nuancer les différentes formes de
sociabilité et de socialité dans l’urbain et, finalement, de révéler les
ambivalences du lien social dans les loisirs et sports de rue (Vieille
Marchiset & Cretin : 2007).
Ensuite sont référés et décortiqués les différents lieux et espaces où
s’organisent les pratiques de skate. Là encore, il n’est pas seulement
question de proposer un passage en revue des espaces montpelliérains
arpentés par les skateurs mais plutôt, au travers de l’approche
compréhensive de ces lieux, de mesurer les enjeux qui y prennent
corps, de comprendre les actions sociales qui y sont à l’œuvre (Laurent
& Gibout : 2010 ; Laurent : 2010 ; Pégard : 1998 ; Vieille Marchiset :
2007 ; Wooley & Johns : 2001), de saisir les formes et les
fonctionnalités de l’espace public (Beal : 1995 ; Gibout : 2009) qui y
émergent.
Cette approche de la pratique du skate et de la population de
skateurs à la fois par les lieux et les liens permet, in fine, de poser la
question de la culture du skate et de sa bipolarité. L’outil compréhensif
est alors mis au service d’une volonté explicative dans la mesure où
l’auteur nous donne des clefs de compréhension essentielles de ce qui,
ici et maintenant, fonde la culture de l’urbanité.
Pour conclure, j’aimerai souligner également que le travail qui arrive ici à lecture n’est pas la simple reproduction d’un travail de recherche doctorale que, avec Annie Guédez, nous avons eu le bonheur
de codiriger en aidant l’auteur à accoucher de son entreprise initiale12
ment bien trop monumentale et ambitieuse pour être menée à bien dans
les temps aujourd’hui impartis à la recherche doctorale. Il s’est aussi
nourri des expériences ultérieures de l’auteur.
De son parcours enseignant aux Antilles ou au Québec, de sa
trajectoire de chercheur travaillant sur les cultures urbaines et menant
ses recherches çà et là – parfois sur des objets assez éloignés comme
les grapheurs ou les vitraillistes, les politiques publiques de santé et de
prévention ou le management des courses de Formule 1 - , de la
poursuite de ses lectures et de ses productions scientifiques (Laurent :
2008, 2009, 2010, 2010 & 2011 ; Gibout & Laurent : 2008), de ses
confrontations renouvelées aux terrains ludo-sportifs montpelliérains
ou à d’autres en Europe (Barcelone, Madrid, Marseille, Nice...) ou en
Amérique (Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Los Angeles, Montréal,
New-York, Québec, San Diego, San Francisco, Toronto, TroisRivières…), Julien Laurent a su en faire le miel dont il nous livre ici la
substance encore enrichie. Alors que la vie le mène aujourd’hui vers
d’autres projets et d’autres lieux, il conclue ainsi – et de façon fort
plaisante – une première période déjà féconde de sa vie de skateur, de
citoyen, de chercheur et finalement d’honnête homme… Se faisant, il
nous rappelle combien souvent, encore aujourd’hui, il est nécessaire
qu’un temps meurt pour qu’un livre naisse.
Références bibliographiques :
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urbains », dans (coll.) Sport, relations sociales et action collective. Talence : Editions de la MSHA, pp. 513-515.
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Sport, n°28, 2+3, pp. 281-296.
BEAL, B. (1995). « Disqualifying the official: an exploration of social
resistance through the subculture of skateboarding.», Sociology of
Sport Journal (SSJ), n°12(3), pp. 252 – 267.
BEAL, B. (1996). Alternative Masculinity and its Effect on Gender
Relations in the Subculture of Skateboarding », Journal of Sport Behavior, Vol. 19, n°3, pp. 204-220.
CALOGIROU, C. & TOUCHÉ, M. (1995-1). « Sport-passion dans la
ville : le skateboard », Terrain, n°25, pp. 37-48.
13
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l’exemple des pratiquants du skateboard », Le Journal des Anthropologues, n°61-62, pp. 67-77.
CHANTELAT, P., FODIMBI, M. & CAMY, J. (1996). Sports de la
Cité. Anthropologie de la jeunesse sportive. Paris : L’Harmattan.
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Arcane-Beaunieux.
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et quand il “racle” : la violence comme indicateur de la diversité des
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sociales : une lecture à partir des pratiques de loisirs urbains », Pensée
plurielle, n°20 (2009-1), pp. 153-165.
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l’animation de la rue comme élément fondateur d’un mode de vie »,
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roller : Liberté, apesanteur, tolérance. Paris : Autrement.
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n°29-2, pp. 377-400.
VIEILLE MARCHISET, G. (2000). Sports de rue et champ des pouvoirs sportifs. Les conflits comme expression du changement social
dans l’espace sportif local. Thèse de Doctorat en Sociologie, Université Marc Bloch, Strasbourg.
VIEILLE MARCHISET, G. (2007). « La construction sociale des espaces sportifs ouverts dans la ville .Enjeux politiques et liens sociaux
en question », L'Homme et la société, n° 165-166 (2007/3-4), pp. 141159.
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censurer son journal de terrain ? », Espaces Temps, n° 47-48, pp. 7181.
WOOLEY, H. & JOHNS, R. (2001) « Skateboarding : The City as a
Playground », Journal of Urban Design, Vol. 6, n° 2, pp. 211-230.
15
Une vie dédiée au surf
et au skateboard
Larry Balma2
J’ai commencé le skateboard en 1958 comme un adjuvant au surf.
Dans l’océan la puissance des vagues propulse le surf, porte la planche.
En skateboard la simple gravité permet de rouler, dévaler des collines.
Le skateboard peut aussi être propulsé par la force motrice et
mécanique du skater. Rouler avec son skate offre des sensations de
liberté, d'euphorie, de vol et parfois même d'apesanteur.
Le skateboard, engin sportif relativement peu onéreux peut être
utilisé sur la plupart des surfaces à la fois dure et lisse. Le skateboard
est une activité saine promouvant le tonus musculaire, le
développement de la coordination, l’attention et la prise de décision.
C’est une activité qui doit être encouragée et adoptée par les parents,
les professeurs et nos décideurs parce qu’elles offrent beaucoup
comme va le démontrer cet ouvrage.
Tous les skaters, jeunes comme vieux, bénéficient de ces exercices
et les nombreux sentiments d’accomplissement et de satisfaction à la
suite d’une session de skate. Ce sont les mêmes bénéfices qu’après une
journée de surf ou de ski. Cependant le skateboard est bien moins
dispendieux, plus sûre au niveau de la santé et tellement plus
accessible à tous les âges et à toutes les catégories socio-économiques
puisque la pratique est possible dans la rue, dans sa ville.
Julien est passionné par l’analyse sociologique et anthropologique
des skaters et de l’activité skateboard, ce dont vous vous rendrez
compte en lisant son ouvrage. J’encourage sa lecture et sa traduction
pour que la population dans sa globalité, étudiants, parents, décideurs
locaux et nationaux, puisse se rendre compte de la portée du
skateboard, la comprenne et ne se contente plus de relever ses aspects
négatifs. Cet ouvrage est un excellent outil pour comprendre les skaters
et le skateboard.
2
Larry Balma a grandi en Californie du sud, lieu de naissance du skateboard. Il a fondé Tracker Trucks en 1975 et a inventé le truck moderne, l’embase où vient se fixer les
roues afin de rendre optimale l’exploitation de l’engin. Il a ensuite fondé TransWorld
Skateboarding Magazine en 1983, le magazine le plus populaire et diffusé dans le
monde.
17
Avant-propos
C’est suite au refus de voir publier de nombreux articles dans des
revues de sociologie que j’ai réellement commencé l’écriture de cet
ouvrage. Englué dans le processus universitaire et celui de la
publication pour gravir les échelons académiques, ce que j’écrivais sur
le skateboard manquait d’apports théoriques, mes articles n’avançaient
pas une problématique suffisamment séduisante pour susciter des
publications dans des revues à comité de lecture de rang international :
Cher Collègue,
J'ai le regret de vous informer que l'article "Comment les street skaters
utilisent et défendent leur spot" a fait l'objet d'un retour négatif de la
part des relecteurs de la revue. Le texte est en effet apparu, sur plusieurs plans, insuffisamment abouti pour faire l'objet d'une publication. Il a été noté que l'article souffre d'une absence de réelle problématique : on ne voit pas véritablement ce qu'il apporte ni d'un point de
vue théorique, ni simplement en terme de connaissance du milieu des
skaters ; les références théoriques apparaissent plaquées, n'étant ni
véritablement utilisées, ni non plus remises en question. Enfin, la
forme (construction des phrases, etc.) pose des problèmes récurrents.
Par contre, je ne cessais de lire des articles écrits sur ce sujet qui
n’évoquaient que le rapport à l’urbain soulignant d’ailleurs
explicitement l’incapacité des chercheurs à pénétrer ce milieu et à
avancer des données concrètes sur les skaters. Ils semblaient les étudier
de loin, sans pouvoir parler de leur mode de vie, de ce qu’ils faisaient
dans la ville, pourquoi ils le faisaient alors qu’une montée toujours
plus prononcée des interdits à l’encontre de cette pratique ne les
empêchaient pas de rester dans les rues et d’utiliser les places
publiques. J’étais conscient que mes connaissances sur le sujet qui
avaient été relevées par quelques articles mais surtout ma thèse de
sociologie apportaient une avancée pertinente et significative, relevée
par les membres de mon jury, dans la compréhension des pratiques
urbaines sans pouvoir me permettre de l’exposer à une plus grande
échelle. Ces échecs de publication finissaient par faire monter à la
surface certaines réflexions au sujet de la production scientifique, et le
système dans lequel j’étais inscrit du fait de ma volonté de poursuivre
une carrière universitaire. Pour débuter sa carrière universitaire, être
élevé au rang de Maîtres de Conférences, il faut avoir publié dans des
revues prestigieuses pour ensuite commencer un autre parcours du
combattant et obtenir un poste dans une université. Dans ce milieu, il
19
faut être affilié à un département, se positionner dans la lignée d’une
filiation intellectuelle, être « parrainé ». Apprenti sociologue aguerri au
mode de vie du skateboard, je pensais pouvoir appliquer le « Do It
Yourself » de la culture urbaine et le « make it by myself » en tentant
de publier seul mes articles. Mais les règles de la rue ne sont pas les
mêmes que celles de l’université et de la publication scientifique.
Lesquelles sont les plus franches et honnêtes ? Cependant et à travers
cet ouvrage, je vais pouvoir révéler ce qui me semble le plus pertinent
au sujet du skateboard que j’ai commencé à étudier en suivant des
critères académiques depuis mon inscription à l’université en 1999.
Cet ouvrage reprend les grandes lignes de ma thèse. Ne voulant
absolument pas corrompre la réalité des skaters en tentant de faire
émerger une problématique abracadabrante ou tenter de les comparer à
d’autres échantillons de jeunes (les basketteurs des playgrounds, les
jeunes en trottinettes, les jeunes adultes qui font des randonnées en
roller, les surfers, ceux qui pratiquent le parkours...) alors que ça n’a
pas de sens, il ne m’a pas encore été permis de révéler dans des revues
prestigieuses mes connaissances sur cette jeunesse, ce loisir, les
multiples et diverses formes de ce mode de vie urbain contemporain.
Certains directeurs de publication s’attendaient à ce que je
corrompe mes données, la réalité des faits observés, mon analyse du
quotidien des skaters, ma compréhension de cet objet, au final ma
rigueur scientifique pour proposer une approche plus théorisée et une
problématique à leur sens plus percutante, plus séduisante, plus
novatrice mais qui ne me semblait pas traduire la réalité analysée pour
mettre en avant ce qu’eux souhaitaient que la pratique et ces individus
soient pour la problématique générale de leur numéro spécial.
Comment est-ce possible de détourner une analyse scientifique et
édulcorer une forme de réalité ? Je vais conserver cette posture dans
cet ouvrage qui ne sera pas un livre de sociologie théorique mais plutôt
un ouvrage de sociologie pratique et compréhensive. Je souhaite que ce
livre permette à des parents, à des enseignants, à des élus locaux, à des
personnes impliquées dans la jeunesse, dans le milieu associatif, à des
jeunes qui souhaitent obtenir un skatepark bien conçu, mais aussi aux
opposants qui ne supportent pas, chose parfaitement légitime, le bruit
et les dégradations causées par les skaters, que toute cette population
obtienne des explications, une vision de l’intérieur de ce que représente
réellement cette pratique pour ceux qui s’y adonnent, pour mieux
envisager ces pseudo «outsiders».
Je ne cautionne pas l’occupation des places publiques ou une
anarchie qui n’existe pas dans le skateboard. Cette activité présente des
mauvais côtés qui lui sont inhérents et inévitables puisqu’elle est
associée à la jeunesse, cette période durant laquelle de nombreuses
expériences « festives parfois à l’excès » sont possibles. Seulement, les
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