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Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques Evolution du calcul charpente métallique des assemblages boulonnés en Maël Couchaux1 1 CTICM, 91193 Saint-Aubin, France Abstract. Le calcul des assemblages en acier de charpente métallique est maintenant régi par l'Eurocode 3 partie 1-8 qui doit être complétée par l'Eurocode 2 pour les pieds de poteaux. La mise en place de ces normes entraîne d'importants changements par rapport à la pratique française au niveau du calcul des attaches (méthode des tronçons en T, semi-rigidité) mais aussi des produits de boulonnerie (boulons SB/HR/HV/HRC) pouvant être utilisés. Les calculs devenant plus complexes, il devient nécessaire de se reporter sur des logiciels, des abaques ou des méthodes simplifiées plaçant en sécurité. L'objet de cet article est de présenter les principales nouveautés/difficultés dans le calcul des assemblages par platines boulonnées en acier selon les Eurocodes. 1 Introduction Le remplacement des normes françaises de calcul de structure par les Eurocodes a fortement modifié les méthodologies de calcul utilisées. Les assemblages de charpente métallique ne font pas exception puisque la partie 1-8 de l’Eurocode 3 [1] qui régit leur calcul introduit de nouveaux concepts pour les calculateurs de bureau d’étude. Le calcul des assemblages par platines boulonnées est ainsi assez significativement modifié avec l’introduction de la méthode des composants. L’assemblage est ainsi décomposé en un ensemble d’éléments simples (voir Figure 1) tels les boulons, platine, âme du poteau… auxquels sont associées une résistance et une rigidité élastique. φattache φw φj Rangées tendues φj Mj Mj Panneau d’âme Figure 1. Modélisation d’un assemblage poutre-poteau fléchi La résistance des platines et boulons est ainsi déterminée à l’aide de la méthode des tronçons en T qui peut être assez délicate à mettre en œuvre. Cette méthodologie sera présentée dans le paragraphe 2. Le Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques calcul du moment résistant des assemblages par platines boulonnées, basé sur la méthode des tronçons en T, sera ensuite présenté dans le paragraphe 3. La rigidité élastique des différents composants permet de tenir compte de la déformabilité des assemblages par platine encastrés qui n’était pas prise en compte dans les règles de calcul françaises [2,3]. Une rigidité flexionnelle, qui correspond au moment appliqué à l’assemblage divisé par la rotation de l’assemblage, est ainsi associée aux assemblages qui transfèrent un moment fléchissant. Le calcul de cette rigidité et son impact sur l’analyse globale des ossatures seront traités dans le paragraphe 4. 2 Méthode des tronçons en T Dans l’EN 1993-1-8 [1], les rangées de boulons tendues sont modélisées par des tronçons en T composés d’une platine, d’un nombre pair de boulons et de l’âme du T (voir Figure 2). La résistance et la rigidité des rangées sont déterminées en se basant sur ces éléments simples. Une longueur efficace permet de faire le lien entre l’assemblage réel, qui peut être raidi dans plusieurs directions, et ce système idéalisé. Les CM66 [2] et la NF P 22-460 [3] considéraient également un tronçon en T pour le calcul de la résistance des rangées de boulons tendues mais sans passer par des longueurs efficaces associées à chaque typologie de rangée. FT e bp 0,8 2a m tp m a Ame du T Tronçon en T de l’EN 1993-1-8 Tronçon en T des CM66 Figure 2. Dimensions d’un tronçon en T simple dans l’Eurocode et les CM66 Dans l’EN 1993-1-8, la résistance en traction des tronçons en T est évaluée en supposant la formation de mécanismes plastiques. Les différents modes possibles, correspondant à la ruine des différents composants, sont balayés et une résistance leur est associée (voir Tableau 1). La résistance minimale ainsi obtenue correspond à la résistance du tronçon en T. Les modes à considérer dépendent de la présence d’effet de levier ou non, l’effet de levier correspondant au développement de forces de contact en extrémité de platine qui augmentent les efforts de traction dans les boulons. Le Tableau 6.2 de l’EN 1993-1-8 donne un critère permettant de justifier la présence d’effet de levier basé sur une analyse élastique. On notera néanmoins qu’il peut directement être supposé que l’effet de levier se développe dans le cas des assemblages par platine (note 1 du Tableau 6.2 de l’EN 1993-1-8). En l’absence d’effet de levier, l’état limite est atteint pas ruine des boulons (mode 3) ou plastification de la platine (mode 1-2). Dans le cas du mode 1-2, une charnière plastique se forme dans la platine de part et d’autre de l’âme du T. Le mode 1-2 fait donc intervenir le moment plastique de la platine et notamment des longueurs efficaces circulaires ou non circulaires qui dépendent de la géométrie de la rangée. Les longueurs efficaces sont basées sur la formation de mécanismes plastiques qui se développent dans la platine. Ces mécanismes ont une résistance propre qui donne une longueur efficace par identification. Ainsi dans le cas du tronçon en T présenté à la Figure 2, le mécanisme circulaire correspond à la formation de cônes au droit de chaque boulon et la longueur associée est égale à 2πm. Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques Pour les modes non circulaires, deux modes sont possibles : • La formation de charnières parallèles à l’âme du T, la longueur efficace est alors égale à la longueur des charnières soit la largeur du tronçon, bp. • La formation d’un mécanisme local au droit des boulons dont la longueur efficace est égale à 4m+1,25e. Ce mécanisme sera dimensionnant lorsque les boulons sont éloignés des bords. Table 1. Modes de ruine et résistance de tronçons en T tendus Mode de ruine Résistance FT,1,Rd 4M pl,1,Rd FT,1,Rd = Mode 1 : Plastification totale de la semelle ou platine (avec effet de levier) Mécanisme de ruine m Avec : M pl,1,Rd = m leff,1tf2 f y,f ( 4γ M0 leff,1 = min leff,cp ; leff,nc FT,2,Rd = Mode 2 : Ruine des boulons avec plastification de la semelle ou platine (avec effet de levier) 2M pl,2,Rd + n tf ) ∑F t,Rd FT,2,Rd m emin m+n Ft,Rd Avec : M pl,2,Rd = leff,2tf2 f y,f 4γ M0 Ft,Rd , tf leff,2 = leff,nc , n = min ( emin ; 1,25m ) FT,3,Rd Mode 3 : Ruine des boulons (sans effet de levier) FT,3,Rd = ∑F Ft,Rd Ft,Rd t,Rd FT,1-2,Rd Mode 1-2 : Plastification partielle de la semelle ou platine (sans effet de levier) m, emin : fy,f : leff,cp : leff,nc : Ft,Rd : FT,1-2,Rd = 2M pl,1,Rd m Dimensions définies aux Figures 6.2 et 6.8 de la NF EN 1993-1-8, Limite d’élasticité de la semelle ou platine, Longueur efficace des modes circulaires égale à 2πm pour le tronçon en T de la Figure 2, Longueur efficace des modes non circulaires égale au minimum de bp et 4m+1,25e pour le tronçon en T de la Figure 2, Résistance en traction d’un boulon calculée suivant le Tableau 3.4 de l’EN 1993-1-8. Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques En présence d’effet de levier, la plastification au droit de la platine se fait de part et d’autre de l’âme et au droit des boulons (voir Tableau 1). Le mode 1 a ainsi une résistance qui est le double de celle du mode 1-2. L’effet de levier augmente donc la résistance des platines. Ce n’est bien entendu pas le cas pour les boulons qui doivent reprendre un supplément d’effort de levier. Le mode 2 permet de caractériser la ruine des boulons en présence d’effet de levier. Enfin, le mode 3 doit également être pris en compte même en présence d’effet de levier. Dans la norme française, la résistance des rangées était limitée par la résistance des boulons sans tenir compte de la présence d’effet de levier (équation (1)). Cet effet de levier pouvait être négligé car l’épaisseur de la platine devait être suffisamment importante pour le limiter. Cette condition était pilotée par l’équation (2). N1 ≤ Pv = 0,8 Asσ e (1) N1 ≤ 3750e a2 s a1 s + a2 (2) Avec : As : Section résistante des boulons, σe : Limite d’élasticité des boulons. Ces vérifications avaient l’avantage d’être simples mais peuvent s’avérer un peu trop conservatives en présence de platines épaisses. Par ailleurs, les formulations de l’Eurocode 3 tiennent compte de la limite d’élasticité et donc de la montée en gamme des aciers. La résistance obtenue avec les formules de l’Eurocode est donc généralement supérieure à celle obtenue à partir des CM66 [4] et est assez fidèle aux résultats d’essais. On notera également que dans l’Eurocode 3 la résistance des rangées de boulons tendues est identique, que les boulons soient précontraints ou non. Ce n’était pas le cas dans la norme française qui donnait une résistance en traction supérieure pour les boulons précontraints. 3 Moment résistant des assemblages par platine 3.1 Moment résistant Le moment fléchissant dans le plan constitue la sollicitation principale transmise par les assemblages par platine, que ce soit les continuités de poutre ou les pieds de poteaux. Ce moment, calculé aux Etats Limites Ultimes, doit donc être comparé au moment résistant associé. Pour les assemblages de poutre, le moment résistant est calculé au centre de la semelle comprimée de la poutre en supposant l’effort normal nul (voir Figure 3). Ft1,Rd Ft2,Rd Ft3,Rd h1 h2 Ft4,Rd h3 Ft5,Rd h4 h5 Mj,Rd Fc,Rd=Σ ΣFti,Rd Centre de compression Figure 3. Calcul du moment résistant dans l’Eurocode 3 Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques Le moment résistant a alors pour expression : M j,Rd = ∑h F (3) r tr,Rd r Avec : hr : Bras de levier de la rangée r (voir Figure 3), Ftr,Rd : Effort transmis par la rangée r. L’effort transmis par la rangée r est au maximum égal à sa résistance qui sera présentée dans le paragraphe 3.2. Il est normalement possible de mobiliser la résistance de toutes les rangées de boulons et ainsi d’effectuer un calcul plastique de l’assemblage comme le montre la Figure 3. Il peut cependant être nécessaire de réduire la résistance de certaines rangées afin de maintenir un équilibre entre les parties tendues et comprimées/cisaillée de l’assemblage (voir Figure 4). Ainsi lorsque la somme des résistances de toutes les rangées est supérieure à celle des parties comprimées/cisaillée, il est nécessaire d’annuler les tractions dans les rangées les plus proches du centre de compression. Les composants comprimés/cisaillés correspondent aux zones où transite le moment fléchissant, à savoir : • La compression locale du jarret sur l’âme de la poutre, • La compression de la semelle et de l’âme de la poutre/jarret, • La compression transversale de l’âme du poteau, • Le panneau d’âme cisaillé. En pratique toutes les rangées tendues ne sont pas efficaces. Ce qui aura tendance à favoriser la conception d’assemblages comportant des rangées localisées au droit des semelles tendues et non plus sur toute la hauteur de l’assemblage comme il était d’usage dans la pratique française. Ame du poteau cisaillée, Vwp,Rd Ft1,Rd Ft2,Rd Ame de la poutre comprimée, Fc,jr,Rd Ft3,Rd Mj,Rd Ame/semelle du jarret comprimées, Fc,fb,Rd ΣFti,Rd =min(Fc,wc,Rd; Fc,fb,Rd ; Fc,jr,Rd ; Vwp,Rd/β) Ame du poteau comprimée, Fc,wc,Rd Figure 4. Réduction des efforts de traction par les composants comprimés/cisaillés On notera également que l’Eurocode ne limite plus la hauteur des encastrements comme c’était le cas dans la NF P 22-460. La hauteur des encastrements par platine était ainsi limitée à 1 m, ce qui pouvait poser de gros problèmes constructifs. L’Eurocode 3 partie 1-8 demande seulement de considérer une répartition triangulaire des efforts dans les rangées tendues et limite la contribution de l’âme de la poutre à 20% de Fc,fb,Rd lorsque la hauteur de la poutre attachée dépasse 600 mm. Enfin, les résistances des rangées de boulons peuvent devoir être ajustées, afin d'aboutir à une répartition triangulaire des efforts de traction sur tout ou partie de la hauteur de l'assemblage. Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques Ces répartitions triangulaires sont à appliquer en partant des rangées intérieure et centrale (voir Figure 5) lorsque l’une des conditions suivantes est vérifiée : • La résistance d’une rangée (généralement intérieure ou extérieure) est supérieure à 1,9×Ft,Rd (avec Ft,Rd la résistance d’un boulon tendu), • La somme des résistances des rangées est supérieure à la résistance des composants comprimés/cisaillé, • La hauteur de la poutre jarret compris est supérieure à 600 mm. En pratique, l’une de ces conditions est toujours vérifiée et donc les répartitions triangulaires des efforts doivent être considérées. 2ème Rangée centrale 1ère Rangée centrale Ft1,Rd Ft2,Rd Ft1,Rd Rangée intérieure Figure 5. Répartitions triangulaires à partir des rangées intérieure et centrale 3.2 Résistance des rangées tendues La résistance des rangées tendues est évaluée à partir de la méthode des tronçons en T décrite dans le paragraphe 2. Un tronçon en T est associé à chaque rangée (voir Figure 6). Pour chaque rangée, les longueurs efficaces, leff, des modes circulaires et non circulaires sont calculées et utilisées afin de déterminer la résistance du tronçon en T associé à partir du Tableau 1. Les Tableaux 6.4, 6.5 et 6.6 de l’EN 1993-1-8 donnent des éléments sur le calcul de ces longueurs efficaces qui dépendent du raidissage. FT,Rd 0,8 2a tf e m leff m a Tronçon en T tendu FT,Rd FT,Rd Mj,Rd Figure 6. Modélisation d’une rangée tendue par un tronçon en T Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques Le calcul de la résistance d’une rangée centrale est particulièrement fastidieux puisqu’il est nécessaire de la calculer individuellement ainsi qu’en groupe avec tout ou partie des rangées qui la précède. Le Tableau 2 illustre ce calcul au travers d’un exemple correspondant à la deuxième rangée centrale. La deuxième rangée centrale (ici la rangée n°3) doit être étudiée isolément ainsi qu’en groupe avec la rangée n°2 (1ère rangée centrale) et avec les rangées n°1 et n°2. En pratique c’est le calcul du groupe comprenant toutes les rangées qui est dimensionnant. Les autres calculs sont quasiment inutiles. Avec ce processus, le nombre de calcul peut devenir important à mesure que les rangées s’éloignent de la rangée intérieure. Table 2. Exemple du calcul de la résistance d’une rangée centrale Ft(2-3),Rd Ft(1-2-3),Rd Ft(3),Rd Rangée n°3 isolée Rangées n°2 et n°3 en groupe ( Rangées n°1 à n°3 en groupe Ft3,Rd = min Ft(3),Rd ; Ft(2-3),Rd − Ft2,Rd ; Ft(1-2-3),Rd − Ft2,Rd − Ft1,Rd ) Légende : Ft(3),Rd : Résistance du tronçon en T équivalent à la rangée n°3 isolée, Ft(2-3),Rd : Résistance du tronçon en T équivalent aux rangées n°2 et n°3, Ft(1-2-3),Rd : Résistance du tronçon en T équivalent aux rangées n°1 à n°3, Ft2,Rd : Résistance de la rangée n°2, Ft1,Rd : Résistance de la rangée n°1. L’application complète d’une telle méthodologie s’avère délicate à mettre en œuvre manuellement et nécessite l’utilisation d’outils informatiques. Le logiciel PlatineX mis à disposition gratuitement sur le site du CTICM (www.cticm.com) permet de calculer des assemblages par platines boulonnées de poutre sur poutre et poutre sur poteau. Des méthodologies ont également été développées afin de simplifier le calcul de ces assemblages [5,6]. Enfin, des tables d’assemblages prédimensionnés sont proposées dans les ASCAP [7,8]. 4 Rigidité des assemblages par platine 4.1 Rigidité en rotation La déformabilité d’un assemblage soumis à un moment de flexion est caractérisée par sa rigidité en rotation. Par définition la rigidité en rotation correspond au rapport du moment appliqué à l’assemblage sur la rotation : S j = M j / φj (4) Avec : Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques Mj : Moment appliqué à l’assemblage, φj : Rotation au droit de l’assemblage. Mj Mj,Rd 2Mj,Rd/3 Sj Mj Sj,ini φj Figure 7. Déformabilité flexionnelle et courbe moment rotation d’un assemblage poutre-poteau soudé Dans le domaine élastique, soit pour un moment inférieur aux 2/3 de Mj,Rd, la rigidité est constante et égale à la rigidité initiale en rotation : S j,ini = Ez 2 1 ∑i k i (5) Avec : z : Bras de levier, soit la distance entre les centre de compression et traction, ki : Coefficients de rigidité des différents composants (rangées de boulons tendues, panneau d’âme cisaillé/comprimé du poteau). Pour un moment supérieur à 2/3 du moment résistant, la rigidité dépend du moment (voir Figure 7) : Sj = S j,ini µ (6) Avec : µ = (1,5M j / M j,Rd )Ψ ψ : Coefficient égal à 3,1 pour les cornières boulonnées et à 2,7 sinon. Dans l’Eurocode 3, il est nécessaire d’introduire un ressort de rigidité Sj calculé à partir des relations (5) et (6) au droit de l’assemblage afin de mener l’analyse globale de l’ossature (voir Figure 8-b). Ce qui amène à effectuer un calcul non linéaire lorsque le moment sollicitant est supérieur à 2/3 du moment résistant. Dans la pratique Française [2,3], les assemblages étaient modélisés articulés (cornières d’âme boulonnées) ou encastrés (platines boulonnées). L’introduction de la rigidité des assemblages vient donc modifier le mode d’analyse des structures métalliques. Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques 4.2 Classement des assemblages Dans le cadre de l’analyse globale élastique, il est possible d’après le §5.2.2.5 de l’EN 1993-1-8 de classer les assemblages rigides, articulés voir semi-rigides. Un assemblage de poutre d’un portique peut être classé rigide si l’on vérifie : S j,ini ≥ 25EI b / Lb (7) Avec : Ib : Inertie flexionnelle de la poutre, Lb : Entraxe entre poteaux. (E,Ib) Lb a- Assemblages rigides (E,Ib) Ressorts en rotation Lb Sj Sj b- Assemblages semi-rigides (E,Ib) Lb c- Assemblages articulés nominalement Figure 8. Modélisation d’assemblages de poutre sur poteau d’un portique industriel Une continuité peut ainsi être considérée au droit de l’assemblage dans le cadre de l’analyse élastique (voir Figure 8-a). Au contraire, un assemblage peut être classé nominalement articulé si la condition suivante est vérifiée : S j,ini ≤ 0,5EI b / Lb (8) Dans le cadre de l’analyse globale élastique, une articulation peut être introduite (voir Figure 8-c). Si aucune des relations (7) et (8) n’est vérifiée l’assemblage est semi-rigide. Sa rigidité doit être considérée dans le cadre de l’analyse globale (voir Figure 8-b). Pour les assemblages par platines boulonnées, il est conseillé de montrer qu’ils peuvent être modélisés rigides dans le cadre de l’analyse globale élastique [5, 6]. Pour les assemblages par platines au faîtage, la justification de cette condition est assez aisée en pratique. Cette justification peut être plus délicate pour les assemblages par platines boulonnées de poutre sur poteau. En l’absence de raidisseurs Colloque Supméca 2015 - Les Assemblages Mécaniques horizontaux dans l’âme du poteau, il est fort probable que l’assemblage sera classé semi-rigide (voir Figure 9-a). L’ajout de raidisseurs et d’un jarret pour les profilés laminés (voir Figure 9-b) facilitera la justification de la rigidité de l’attache. Les raidisseurs diagonaux (Figure 9-c) sont également très intéressants mais difficiles à mettre en œuvre. La mise en place de ces renforcements peut ne pas suffire pour justifier que ces attaches sont rigides dans le cas des portiques de stabilité ou des structures supports d’équipements lourds. a- Non renforcé b- Raidisseurs horizontaux et jarret c- Raidisseurs horizontaux et diagonaux Figure 9. Assemblages de poutre sur poteau par platine d’about boulonnée 5 Conclusion La méthode des composants introduite par l’Eurocode 3 pour le calcul des assemblages par platines boulonnées est très performante mais reste délicate à mettre en œuvre. Le calcul manuel du moment résistant peut devenir très difficile et nécessite l’utilisation de logiciels ou de méthodes de calculs simplifiées plaçant en sécurité. Des tables de dimensionnement peuvent également être envisagées. La notion de semi-rigidité introduite par l’Eurocode 3 peut sembler modifier profondément la modélisation des structures métalliques puisqu’elle nécessite a priori d’introduire un ressort flexionnel au droit des assemblages qui alourdit le calcul de structure. Il est cependant possible de maintenir les hypothèses de modélisation des assemblages classiques ; encastré ou articulé, en respectant les critères du paragraphe 5.2.2.5 de l’EN 1993-1-8. Le respect de ces critères peut être obtenu par des renforcements couramment utilisés dans la pratique. Références 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. EN 1993-1-8: Eurocode 3 – Calcul des structures en acier - Partie 1-8: Calcul des assemblages. 4ème édition (2010) NF P 22-460 - Assemblages par boulons à serrage contrôlé : Dispositions constructives et vérifications des assemblages (1979) CM 66, Règles de calcul des constructions en acier – CTICM/ITBTP (1966) I.Ryan, Calculs d’assemblages poutre-poteau selon l’annexe J de l’Eurocode 3, Revue Construction Métallique, 1 (2004) M.Couchaux, Méthode de calcul simplifiée d’assemblages par platines boulonnées, Revue Construction Métallique, 4 (2013) A.Rodier, Calcul suivant les Eurocodes d’un bâtiment simple en acier à l’usage des praticiens, CTICM (2015) Volume 1 - Assemblages de continuité de poutres réalisés par platines d’about – Guide de choix et dimensionnement- Collection : « les guides Ascap », CTICM (2008) Volume 2 - Encastrements de poutres sur poteaux réalisés par platines d'about – Guide de choix et dimensionnement - Collection : « les guides Ascap », CTICM (2008)