Extraits des Fables de La Fontaine
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Extraits des Fables de La Fontaine
Extraits des Fables de La Fontaine Biographie de Jean de la Fontaine Jean de la Fontaine est né à ChateauThierry le 8 juillet 1621. Son père Charles, alors âgé de 27 ans, était maître des Eaux et Forêts et Capitaine des Chasses. Sa mère, née Françoise Pidoux, était originaire de Coulommiers dans le Poitou. Elle avait 12 ans de plus que son époux et était déjà mère d'une fille d'un premier mariage. On ne connaît que peu les premières années de La Fontaine. On sait néanmoins qu'il étudia au collège de Château-Thierry jusqu'en troisième. Il y apprit surtout le latin, mais, soit par négligence, soit par paresse, ne s'intéressa pas au grec. Il le regrettera plus tard quand il aura besoin de certains textes anciens dont il ne pourra lire que les traductions latines. C'est à cette époque qu'il fit la connaissance des frères Maucroix: Louis et François qui restera son plus fidèle ami et son confident. En 1641, il entra à l'Oratoire, rue St Honoré, à Paris. Mais la vie monacale ne l'intéressait pas plus que le travail scolaire qu'il avait rejeté. Dans cette école, il appréciait surtout le calme et la tranquillité qui lui permettait de s'adonner à la lecture, son passe-temps préféré. Malheureusement pour ses maîtres, ses lectures n'étaient pas celles prônées par l'Oratoire. Il quitta cet établissement 18 mois plus tard. Il se remit alors aux études de droit et décrocha, en 1649, un diplôme d'avocat au parlement de Paris. Entre temps, en 1647, son père le maria à Marie Héricart, alors âgée de 14 ans (1647). Mais ce mariage de complaisance ne fut pas un mariage heureux, c'est le moins que l'on puisse dire. Et malgré la naissance d'une enfant, Charles, en 1653, La Fontaine ne fut jamais ni un bon mari, ni un bon père. En 1652, La Fontaine fut reçu en qualité de Maître des Eaux et Forêts. Il essaya du mieux qu'il pût d'exercer cette lourde tâche. On retrouve sa signature jusqu'en 1671 sur certains écrits du canton de Château-Thierry. En 1672, il vendra l'intégralité de cette charge. Lorsque le travail lui en laissait le temps (de plus en plus souvent au fil des années !), il partait à Paris rencontrer ses amis. Là, il se mêlait aux sociétés précieuses et surtout libertines de l'époque. Il y rencontrait Maucroix, Furetière, les frères Tallemant, Antoine de la Sablière. Sa vocation poétique s'éveillait de plus en plus. Il passait de longues heures à lire Malherbe, son préféré, mais il admirait aussi les écrits de Benserade et Voiture, Rabelais et Boccace. C'était pour lui le moment des petits vers, épîtres, épigrammes, ballades à la façon de Marot. Il traduisit l'Eunuque de Térence (1654), composa une comédie Clymène vers 1659, et un poème: Adonis qu'il offrit à Nicolas Fouquet, alors surintendant des finances. Il entra à cette époque au service de Fouquet. Il lui dédia 'le Songe de Vaux', ainsi qu'une trentaine de poèmes qu'il devait donner, par contrat, au surintendant. Au moment de la chute de Fouquet, La Fontaine resta son plus fidèle défenseur. Il écrivit à cette occasion 'l'ode au roi' et surtout l'admirable 'Élégie aux nymphes de Vaux. Cette fidélité à Fouquet lui valut rapidement la haine de Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même. Peu après, il se lia intimement avec Molière, Boileau et Racine et écrit 'les amours de Psyché et Cupidon', charmant roman en prose entremêlé de vers(1669). Après Fouquet, il fut le protégé de la Duchesse de Bouillon et la Duchesse d'Orléans. En 1673, il passa chez Madame de la Sablière, et après la mort de celle-ci en 1693, chez Madame Hervart. En 1684, il fut élu, non sans mal à l'Académie, au fauteuil de Colbert !! Lisez à ce propos la page consacrée à cette élection. Il fut un excellent académicien, régulièrement présent aux séances. Dans la Querelle des Anciens et des Modernes, il se rangea résolument dans le clan des anciens qu'il défendit avec acharnement. A l'Académie, il retrouva Boileau, Perrault, Furetière. La vieillesse et la maladie amenèrent sa conversion (1692). Il fut obligé de renier ses écrits licencieux. Il mourut en 1695. Lire à ce sujet la page consacrée à ses derniers mois. Outre les contes, et surtout les fables qui constituent toute sa gloire, La Fontaine s'est essayé dans tous les genres. Il faut citer Philémon et Baucis en 1685, et particulièrement les épîtres dans lesquelles il excelle: 'épître à Huet', 'Discours à Madame de la Sablière' Il a laissé une énorme correspondance, notamment des lettres à Madame de La Fontaine (1663) écrites lors de son exil volontaire dans le Limousin, mais aussi une importante série de lettres à son oncle Jannard et à son ami Maucroix. Ses contes sont divisés en cinq livres publiés en 1664, 1665, 1666, 1668, 1671, 1674 et 1682. Ecrits pour la Duchesse de Bouillon, ils empruntent leurs sujets à Boccace, à l'Arioste et aux nouvellistes italiens. Ses fables, au nombre de 243 restent son chef d'oeuvre. Certains considèrent la Fontaine comme un copieur qui n'a rien inventé, mais il est certain que sans sa contribution, les noms d'Esope et de Phèdre, entre autres, n'auraient pas le retentissement qu'ils ont maintenant. La Fontaine s'est certes inspiré de ces fables anciennes, mais il les a considérablement améliorées et écrites dans une langue belle et douce à lire. Plus de 12 000 vers, rien que pour les fables !!! Pas si mal pour un paresseux et un oisif !!! L’Aigle et la Pie Le Corbeau et le Renard Livre XII – Fable 11 L 'aigle, reine des airs, avec Margot la pie, Différentes d'humeur, de langage et d'esprit, Et d'habit, Traversaient un bout de prairie. Le hasard les assemble en un coin détourné. L'agasse eut peur; mais l'aigle, ayant fort bien dîné, La rassure, et lui dit: « Allons de compagnie ; Si le maître des dieux assez souvent s'ennuie, Lui qui gouverne l'univers, J'en puis bien faire autant, moi qu'on sait qui le sers. Entretenez-moi donc, et sans cérémonie. » Caquet-bon-bec alors de jaser au plus dru, Sur ceci, sur cela, sur tout. L'homme d'Horace, Disant le bien, le mal à travers champs, n'eût su Ce qu'en fait de babil y savait notre agasse. Elle offre d'avertir de tout ce qui se passe, Sautant, allant de place en place, Bon espion, Dieu sait. Son offre ayant déplu, L'aigle lui dit tout en colère : «Ne quittez point votre séjour, Caquet-bon -bec, mamie ; adieu ; je n'ai que faire D'une babillarde à ma cour : C'est un fort méchant caractère.» Margot ne demandait pas mieux. Ce n'est pas ce qu'on croit que d'entrer chez les dieux: Cet honneur a souvent de mortelles angoisses. Rediseurs, espions, gens à l'air gracieux, Au coeur tout différent, s'y rendent odieux, Quoique ainsi que la pie il faille dans ces lieux Porter habit de deux paroisses. Le Chêne et le Roseau Livre I – Fable 2 M aître corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître renard par l'odeur alléché , Lui tint à peu près ce langage : «Et bonjour Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli! que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois» A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec laisse tomber sa proie. Le renard s'en saisit et dit: "Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute: Cette leçon vaut bien un fromage sans doute." Le corbeau honteux et confus Jura mais un peu tard , qu'on ne l'y prendrait plus. Livre I – Fable 22 L e chêne un jour dit au roseau : "Vous avez bien sujet d'accuser la nature ; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ; Le moindre vent qui d'aventure Fait rider la face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête. Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête. Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphyr. Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrai de l'orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent. La nature envers vous me semble bien injuste. - Votre compassion, lui répondit l'arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci : Les vents me sont moins qu'à vous redoutables ; Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos ; Mais attendons la fin." Comme il disait ces mots, Du bout de l'horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le nord eût porté jusque là dans ses flancs. L'arbre tient bon ; le roseau plie. Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. Le Cerf Malade L’Homme et la Couleuvre Livre XII – Fable 6 E n pays pleins de cerfs , un cerf tomba malade. Incontinent maint camarade Accourt à son grabat le voir, le secourir, Le consoler du moins multitude importune. « Eh! messieurs, laissez-moi mourir. Permettez qu'en forme commune La Parque m'expédie ; et finissez vos pleurs.» Point du tout les consolateurs De ce triste devoir tout au long s'acquittèrent, Quand il plut à Dieu s'en allèrent Ce ne fut pas sans boire un coup, C'est à dire sans prendre un droit de pâturage. Tout se mit à brouter les bois du voisinage. La pitance du cerf en déchut de beaucoup. Il ne trouva plus rien à frire D'un mal il tomba dans un pire, Et se vit réduit à la fin A jeûner et mourir de faim. Il en coûte à qui vous réclame, Médecins du corps et de l'âme! Ô temps! ô moeurs! j'ai beau crier, Tout le monde se fait payer. Livre X – Fable 1 n homme vit une couleuvre : « Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une oeuvre Agréable à tout l'univers ! » A ces mots, l'animal pervers (C'est le serpent que je veux dire, Et non l'homme : on pourrait aisément s'y tromper), A ces mots, le serpent, se laissant attraper, Est pris, mis en un sac ; et ce qui fut le pire, On résolut sa mort, fût-il coupable ou non. Afin de le payer toutefois de raison, L'autre lui fit cette harangue : « Symbole des ingrats ! être bon aux méchants, C'est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents Ne me nuiront jamais. » Le serpent, en sa langue, Reprit du mieux qu'il put : « S'il fallait condamner Tous les ingrats qui sont au monde, A qui pourrait-on pardonner ? Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi. Mes jours sont en tes mains, tranche-les ; ta justice, C'est ton utilité, ton plaisir, ton caprice : Selon ces lois, condamne-moi ; Mais trouve bon qu'avec franchise En mourant au moins je te dise Que le symbole des ingrats, Ce n'est point le serpent, c'est l'homme. » Ces paroles Firent arrêter l'autre ; il recula d'un pas. Enfin il repartit : « Tes raisons sont frivoles. Je pourrais décider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. - Soit fait, » dit le reptile. Une vache était là : on l'appelle ; elle vient : Le cas est proposé. C'était chose facile : « Fallait-il, pour cela, dit-elle, m'appeler ? La couleuvre a raison : pourquoi dissimuler ? Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n'a sans mes bienfaits passé nulles journées : Tout n'est que pour lui seul: mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines : Même j'ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée ; et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. Enfin me voilà vieille, il me laisse en un coin Sans herbe : s'il voulait encor me laisser paître ! Mais je suis attachée : et si j'eusse eu pour maître Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin L'ingratitude ? Adieu, j'ai dit ce que je pense. » U L'homme, tout étonné d'une telle sentence, Dit au serpent : « Faut-il croire ce qu'elle dit ? C'est une radoteuse ; elle a perdu l'esprit. Croyons ce boeuf. - Croyons, » dit la rampante. Ainsi dit, ainsi fait. Le boeuf vient à pas lents. Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesse ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l'honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l'indulgence des dieux. Ainsi parla le bœuf. L'homme dit : « Faisons taire Cet ennuyeux déclamateur ; Il cherche de grands mots et vient ici se faire, Au lieu d'arbitre, accusateur. Je le récuse aussi. » L'arbre étant pris pour juge, Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ; Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs ; L'ombrage n'était pas le seul bien qu'il sût faire : Il courbait sous les fruits. Cependant pour salaire Un rustre l'abattait : c'était là son loyer, Quoique, pendant tout l'an libéral il nous donne, Ou des fleurs au printemps, ou du fruit en automne, L'ombre l'été, l'hiver les plaisirs du foyer. Que ne l'émondait-on, sans prendre la cognée ? De son tempérament, il eût encor vécu. L'homme, trouvant mauvais que l'on l'eût convaincu, Voulut à toute force avoir cause gagnée. « Je suis bien bon, dit-il, d'écouter ces gens-là ! » Du sac et du serpent aussitôt il donna Contre les murs, tant qu'il tua la bête. On en use ainsi chez les grands : La raison les offense, ils se mettent en tête Que tout est né pour eux, quadrupèdes et gens Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot. - J'en conviens : mais que faut-il faire ? - Parler de loin ou bien se taire. Liste des animaux des Fables de La Fontaine A Aigle · 2 C Cerf · 3 Corbeau · 2 Couleuvre · 3 P Pie · 2 R Renard · 2