Universit de Lyon 2, Lumire

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Universit de Lyon 2, Lumire
Université de Lyon 2, Lumière
Gilbert PUECH, président
21 juin 2004
Lyon 2, Louis Lumière, est une université d'humanités et de sciences sociales. Elle est implantée sur
deux sites principaux : l'un en centre ville, l'autre en banlieue (campus Porte des Alpes) ; quelques
sites secondaires. 27.000 étudiants (y compris l'Institut d'Etudes Politiques)
La trajectoire
Gilbert Puech est né en 1946. Il est nommé à Lyon 2 en 1973, devient professeur des universités en
1985. Il est spécialiste de phonologie et phonétique expérimentale et de linguistique africaine. Il a
dirigé le Département des Sciences du langage et le centre de recherches linguistiques de 1985 à 1995.
Il est membre du Laboratoire Dynamique du langage (UMR).
De 1996 à 2001, il est VP CS dans l'équipe précédente, chargé de la recherche, de la documentation et
de la politique informatique. Il a été pendant plus de 10 ans élu membre du CNU et du CNRS, en tant
que SNESUP. De juillet 2002 à fin 2003, il a été président de la conférence Universitaire RhôneAlpes. Depuis décembre 2002, il est membre de la commission permanente de la CPU (dite CP2U) et
membre de la commission de la recherche.
L'élection
Election en mars 2001 pour prise de mandat en juin. Président donc depuis 3 ans au moment de
l’entretien. Gilbert Puech a été élu au second tour de scrutin par 78 voix contre 45 à Paul Rousset,
directeur de l'IUT. Au premier tour, il avait obtenu 59 ou 60 voix, alors que la majorité absolue était à
67 voix. Ce sont les étudiants qui ont fait l'élection (tous se sont portés sur la candidature de Gilbert
Puech au second tour) ; la majorité des personnels administratifs ont voté pour Paul Rousset ; les
enseignants se sont partagés. Les deux candidats avaient le soutien du SNESUP. L'élection semble
avoir été facile, mais la lutte a été chaude.
Pour Gilbert Puech, il n'était pas illégitime de se présenter, puisqu'il était VP CS (1er VP). Paul
Rousset était également légitime en tant que directeur d'IUT et avec une forte image locale (il avait
voulu être candidat 10 ans auparavant, mais il n'avait pas eu l'investiture du SNESUP). Différence de
politique entre deux figures du SNESUP ? L'élection ne s'est pas faite sur des différences de politique
au sein du SNESUP. Tous les deux étaient certes fidèles à leurs engagements syndicaux, mais ils
avaient une indépendance d'analyse, ils avaient pris une certaine distance par rapport "à l'appareil".
Gilbert Puech dit qu'il y a eu deux interprétations des résultats de l'élection. Pour certains, il n'y avait
aucune différence entre les deux candidats et une équipe s'est mieux débrouillée que l'autre dans la
chasse aux voix. Ce n'est pas l'interprétation de Gilbert Puech. Il dit que ça s'est joué sur une bataille
politique à propos du rôle de la recherche dans l'université ; le concurrent mettait l'approche sur une
approche intégrative de la recherche dans son environnement régional, dans son bassin local. Gilbert
Puech défendait une recherche fortement attelée au CNRS, avec une reconnaissance nationale et
internationale ; c'était plus facile pour lui de défendre ce type de politique, en sortant d'une fonction de
VP recherche et ayant eu des responsabilités nationales d'élu dans la recherche.
L'élection de l'équipe en même temps que le président. Lyon 2 a une spécificité statutaire, créée du
temps d'Eric Froment et qui se diffusera peut-être à l'avenir dans toutes les universités. Cette
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spécificité est sans doute illégale dans le cadre de la loi de 1984, mais elle n'a jamais été contestée et
attaquée en tribunal administratif. Cette spécificité est que le président doit faire campagne, avec un
programme et il doit annoncer une équipe. Cette équipe est élue immédiatement après lui par
l'ensemble du congrès (assemblée des 3 conseils) ; le VP de chacun des 3 conseils n'est donc pas élu
par son conseil. De plus, les VP de l'équipe sont élus pour la durée du mandat du président (ils ne sont
pas élus quand les conseils sont changés). Cette spécificité statutaire donne aussi une clé du résultat de
l'élection. L'équipe présentée par Gilbert Puech était plus solide que celle présentée par son
concurrent; l'équipe de l'adversaire n'a pas convaincu. Paul Rousset était le favori de l'élection, Gilbert
Puech le challenger ; le challenger a gagné à cause de la qualité de son équipe. Les passions se sont
assez déchaînées ; les deux candidats étaient persuadés de leur victoire jusqu'au jour J. Cela a laissé
des traces pendant un moment. Puis, il y a eu des recompositions de majorité.
Le programme
Des points importants se sont ajoutés en cours de mandat et qui ne pouvaient alors être prévus :
l'intégration des personnels administratifs temporaires dans le cadre de la loi Sapin, la mise en œuvre
de la réforme des études (LMD). Ces points n'ont pas été l'enjeu de l'élection. Gilbert Puech croyait
qu'il pourrait réaliser son programme en 3 ans, et qu'ensuite il pourrait se balader, faire le président qui
part en voyage (rires). Réaliser le programme en 3 ans : aller vite car après il sera trop tard.
En fait, il a fallu trois ans pour tout lancer et dans les deux dernières années, ce sera la course contre la
montre pour pouvoir finir ce programme et dresser un bon bilan. Un des axes du programme était, est
la question immobilière (création de locaux et réhabilitation). Lyon 2 se trouvait dans une situation
catastrophique. Elle sera revenue à niveau en fin de mandat. Il a fallu lancer et accompagner tous les
chantiers. A un moment, Gilbert Puech avait eu la charge du dossier des locaux ; cela l'a beaucoup
servi dans sa fonction de président. Il avait une fort bonne connaissance des dossiers. Finir des projets
immobiliers en 5 ans : c'est extrêmement rapide.
En fait, Gilbert Puech dit qu'il a eu la chance d'avoir de bons calendriers pour un président : il a
négocié le contrat avec l'Etat (contrat quadriennal 2003 – 2006), il a commencé son mandat au début
du contrat de plan entre l'Etat et la région. Il y a donc un énorme chantier de réhabilitations et de
constructions. Les dernières réalisations seront livrées avant la fin du mandat en juin 2006. Mais, pour
cela, il a fallu dépenser une énorme énergie. Pour les constructions, c'est plus simple de travailler avec
les collectivités territoriales ; le plus difficile, c'est de travailler avec le rectorat (constructions
financées par l'Etat) et le pire, c'est quand le rectorat délègue la maîtrise d'ouvrage à la direction
départementale de l'équipement.
Après le mandat, il y aura d'autres travaux à réaliser, mais les études précises et rigoureuses auront été
terminées avant la fin du mandat en cours. Ce sera a priori une chance importante car ces études seront
prêtes pour la discussion du prochain CPER (ou ce qui le remplacera) ; elles seront prêtes à exécuter ;
cela devrait faire gagner du temps en début de CPER.
La réforme des formations est apparue dès la deuxième année du mandat. Lyon 2 s'est fait la pionnière
et la propagandiste de la réforme LMD. L'université est passée à la réforme de la licence (les 3 années
en même temps) en 2003, à la réforme "master" (les deux années du M) à la rentrée 2004. C'est
vraiment miraculeux d'avoir réussi à passer les 3 années de licence en même temps, surtout quand on
ne fait pas que du ré étiquetage, ce qui est le cas à Lyon 2. Pour le Master, l'année M2 n'a pas posé de
problème ; pour l'année M1, il y a un peu plus de grogne. Pour 2004-2005, la logistique de l'année M1
sera assez "vasouillarde". A partir de la rentrée 2005, tout sera dans l'ordre.
La sélection ? Elle se fait à l'entrée du M2, comme la réglementation le prévoit. La réforme de 2002
est une réforme de transition, de compromis. Il n'était pas possible pour celui-ci de faire passer la
sélection à l'entrée du M1. La situation actuelle (pas de sélection à l'entrée du M1) ne pourra pas durer.
Le système nouveau trouvera sa régulation dans les 3-4 années qui viennent. Il a fallu faire accepter le
changement : les étudiants ont été en faveur du changement, les personnels administratifs grognent
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(augmentation des charges de travail). La réforme est passée avec une bonne majorité au CA. Il ne faut
pas vouloir aller trop vite. Il reste à clarifier la question de la 3ème année d'IUT (licences
technologiques ou licences professionnelles), mais il y a à régler dans quel cadre (dans le cadre de
l'article 33 ?) ; pour les IUP, Lyon 2 a ménagé la chèvre et le chou (il y a 3 IUP à Lyon 2 ; ils ont
accepté d'être mastérisés, sous la condition qu'ils gardent plus d'heures que les autres masters).
L'architecture de la licence en 3 ans ? Elle est audacieuse. En 1ère année, pour le 1er semestre a été
choisi un système de deux majeures de 10 crédits et d'enseignements transversaux (méthodes, TICE,
documentation ; l'université de Lyon a vraiment investi dans les TICE). L'idée est de donner plus de
culture générale aux étudiants, des enseignements dans deux champs disciplinaires. L'argumentation
est que les étudiants arrivent à l'université sans avoir de projet et sans savoir ce qu'est vraiment la
discipline dans laquelle ils s'inscrivent ; il y a ainsi réduction des risques, et une vraie réorientation
possible et pas d'inscription par dépit. La licence sera obtenue dans un domaine, avec une mention
intitulée par exemple "anglais". Pour la 1ère année, l'université garantit aux étudiants de pouvoir
s'inscrire dans les deux majeures qu'ils ont choisie (c'est un engagement unilatéral de l'université qui
vise à responsabiliser les étudiants).
Une autre innovation en licence est le tutorat au deuxième semestre de la première année pour les
étudiants en grande difficulté. Les étudiants savent qu'ils ont un effort de connaissance à faire : ils
doivent reprendre les cours du 1er semestre sur le système de l'enseignement à distance et, en
présentiel, ils ont du tutorat méthodologique (on sait que leurs difficultés sont avant tout des difficultés
de méthodes).
La rentrée a été avancée au 27 septembre. Pendant une semaine, les 4.500 nouveaux entrants ont un
stage d'une semaine dans lequel ils se familiarisent avec les TICE qu'utilise l'université ; ils doivent
apprendre à se servir des TICE mises à disposition (les emplois du temps par exemple sont à distance).
En L3 (troisième année de licence), il n'y a pas à Lyon 2 énormément de licences professionnelles. Ce
n'est pas un choix qui a été fait. La nomenclature nationale des licences pro n'était pas favorable à
Lyon 2 (et il n'y avait pas de chefs de projet). Autres arguments : on ne peut faire de licence pro dans
le champ de la psychologie (à bac + 3, les étudiants ne sont pas mûrs pour exercer un métier dans ce
champ). Mais tous les étudiants en L3 peuvent suivre un module de professionnalisation (par exemple,
en économie, un module sur la création d'entreprise). Lyon 2 a également mis l'accent sur la
préparation aux concours de l'enseignement (professeur des écoles).
Le président, son équipe, le cabinet, le cabinet élargi
Le président est un leader. Vu la tradition de Lyon 2, il a choisi son équipe. Il en est donc le leader
incontesté. L'équipe présidentielle comprend 8 vice-présidents dont 3 femmes : le VP CA (1er viceprésident en charge des ressources humaines), le VP CS, le VP CEVU, le VP chargée de la formation
continuée, le VP chargé des TICE et du système d'information, le VP à la vie universitaire, culturelle
et sportive, le VP chargé des moyens et des partenariats, le VP chargé des relations internationales.
3 des VP s'étaient engagés dans l'équipe pour faire un demi mandat. Gilbert Puech sait aujourd'hui que
toute son équipe l'accompagnera jusqu'à la fin de son mandat. Yves Grafmeyer (sociologue), VP
recherche, était dans ce cas ; il a fait un énorme boulot de déminage pour la recherche. Le président
Puech tire un grande satisfaction de la fidélité de toute son équipe.
Le cabinet est composé de l'équipe présidentielle et du secrétaire général, de l'agent comptable et du
secrétaire général adjoint. Le cabinet se réunit une fois par semaine. Le cabinet élargi est composé du
cabinet, des doyens (directeurs de composantes) et des chefs de service importants.
Gilbert Puech dit qu'il est plutôt perçu comme quelqu'un d'autoritaire. Pour pallier cela et pour
parvenir à une convivialité, il a son bureau toujours ouvert pour les personnes de l'équipe ; à côté de
son bureau, il a réservé une salle avec la machine à café ; tous les membres de l'équipe peuvent y
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travailler quand ils le désirent. Pour faciliter la coopération dans l'équipe, Gilbert Puech organise
également des journées "au vert", à la campagne pour faire avancer le travail.
Les conseils
Le CA a 60 membres, le CS 35 et le CEVU 37. Les 3 conseils sont présidés par le président Puech. Il
dit avoir une pratique lassante pour certains (en particulier pour certaines personnalités extérieures) : il
ne censure jamais la prise de parole. Le processus de décision est : impulsion du président, discussion
interne à l'équipe, et validation par les conseils.
Gilbert Puech n'a jamais été mis en minorité au CA. Il lui est arrivé par contre de ne pas faire voter un
projet s'il sent qu'il n'est pas mûr ou si un argument qui lui est opposé tient la route. Le drame de la loi
de 1984, c'est la très grande difficulté pour modifier les statuts. Gilbert Puech voudrait créer un
département de formation en langues et le loger dans le bâtiment de recherche FILTRE ; il sait qu'il a
l'opposition de l'UFR de langues (UFR fort conservatrice) ; il estime difficile d'atteindre les 2/3 des
inscrits du CA pour faire voter cette réforme statutaire. Autre exemple : Gilbert Puech voudrait
fusionner le Centre de ressources informatiques et le service TICE, il doute de pouvoir y parvenir alors
que c'est du bon sens.
Ce qui devrait être fait en matière de réforme sur les modifications statutaires. Il y a une possibilité de
réforme consensuelle (la réforme "bon chic bon genre") : créer une double majorité pour modifier les
statuts (50% des inscrits et deux tiers des présents par exemple).
Autre réforme statutaire. Gilbert Puech dit qu'il est en faveur de la réélection possible du président. Il
verrait bien deux mandats de 4 ans. Les directeurs d'IUT et d'UFR peuvent bien faire deux mandats !
La CPU est maintenant en retrait sur cette question. C'est aux conseils de décider s'ils veulent ou non
réélire le président. Il n'est pas sûr que Gilbert Puech se représenterait ; il aura 60 ans en fin de mandat
et pourrait donc faire un deuxième mandat ; mais ce n'est pas une obsession pour lui. Au plan
théorique, on sait bien qu'une politique globale ne se réalise pas en cinq ans.
Il faudrait également faire coïncider l'élection du président et celle des conseils. Rendre le président
rééligible mais instaurer de possibles motions de défiance, mais, sous une réserve, celle de la
réélection de tous après la défiance (élections de nouveaux conseils et élection d'un nouveau
président).
La composition des conseils, telle qu'elle est prévue par la loi de 1984, ne dérange pas le président
Puech. Le rêve des IATOS et des étudiants serait bien entendu d'avoir la majorité dans les conseils !
Le président et l'administration
En 3 ans, Gilbert Puech n'a pas changé le secrétaire général. A-t-il eu raison, se dit-il ? Il affirme la
prédominance du politique sur l'administration. La politique se fait au cabinet. Mais le Président
tranche sur tous les sujets. Cela provoque parfois des tensions. Par exemple, les budgets 2001, 2002 et
2003 ont été réalisés en équilibre ; 2004 le sera aussi vraisemblablement. Par contre 2005, sera en
déséquilibre ; il faudra donc sérieusement engager les réserves financières pour de grandes opérations
immobilières et pour réaliser la réforme des masters (année de transition pour la réforme). Le président
a fait cet arbitrage ; l'Agent comptable l'a accepté ; le secrétaire général en a été averti. Ainsi, Gilbert
Puech assume sa responsabilité. C'est la même chose pour le respect du code des marchés publics. Le
secrétaire général est dans son rôle quand il fait un contrôle de légalité ; Gilbert Puech apprécie le
risque d'enfreindre la légalité si c'est nécessaire et si c'est pour aller vers la politique annoncée ; il
prend sa responsabilité. La politique est toujours validée par les conseils.
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Les personnalités extérieures. L'avenir pour Lyon 2 ?
Il faudrait plutôt un comité d'orientation stratégique, comme le prévoyait la loi de modernisation. Mais
ce COS, il faudrait le mettre en place au niveau du site lyonnais, avec les 3 universités et peut-être 2
ou 3 grandes écoles. Ce ne serait pas forcément simple. A Lyon, il y a une rivalité historique qui
remonte à la création des universités en 1970 : Lyon 2, c'est à gauche ; Lyon 3, c'étaient les fascistes et
il y a eu l'histoire du révisionnisme. Ce n'est pas le futur de Lyon 3, mais c'est lourd à digérer pour
cette université.
Il faut envisager des fusions d'université à terme. Une fusion limitée entre les sciences dures (Lyon 1)
et Lyon 2 n'apporterait pas suffisamment. Lyon 2 et Lyon 3, il n'y a pas de raison, sauf historique, à ce
que ça ne forme pas une seule université. A l'échéance de 10 ans, il faut envisager une seule université,
avec, en satellites, les grandes écoles. Le problème est de trouver un mode de transition avant le terme
des 10 ans. Ou bien concevoir des universités campus.
Le modèle de Grenoble universités ? Grenoble est une petite ville avec une grande université. Lyon est
une grande ville avec des universités qui ne sont pas à la hauteur de la ville. Ce n'est que récemment
que Lyon a pris conscience des enjeux universitaires. A Grenoble, la situation n'est pas pétrifiée par les
conflits. A Lyon, il y a des contentieux profonds et durs à gérer. A Lyon, il y a une myriade de petites
grandes écoles ; cela obscurcit les enjeux de Lyon universités. La fusion est envisageable à 10 ans ; il
faut qu'une génération, celle de Gilbert Puech, disparaisse.
Le président et l'évaluation
L'évaluation des équipes de recherche est fort bien faite dans le cadre du contrat quadriennal ; elle
renvoie bien l'image de ce qui existe. L'évaluation ex-post de la réalisation du contrat quadriennal
devrait être plus forte. L'évaluation du CNE est trop lointaine et ancienne. Le rôle du conseiller
d'établissement est intéressant ; les discussions sont intéressantes avec lui.
En interne, il y avait des évaluations très partielles. Gilbert Puech, dans le cadre du contrat
quadriennal, met en place un principe différent. Il faut systématiser l'évaluation grâce aux dispositifs
TICE (les étudiants ont un bureau virtuel). Il faut faire des évaluations quantitatives grossières par
questionnaires et faire des évaluations qualitatives pour les points noirs observés. Il faut des
indicateurs de satisfaction des étudiants, par rapport à leur vécu. Il faut sortir l'évaluation de son
confinement ; il faut que le traitement des questionnaires soit entièrement automatisable. Le service
statistique peut alors s'approprier les résultats, identifier les problèmes (à moins que ceux-ci aient déjà
été identifiés)
L'OURIP ? Il y a eu plusieurs présidents dont celui de Saint Etienne. Le modèle OURIP est coûteux
pour des enquêtes fines qui n'apportent pas forcément de valeur ajoutée par rapport à celles du
CEREQ. L'OURIP a été restructuré et doit trouver un nouvel équilibre. Il faut qu'il fasse des enquêtes
plus resserrées dans le temps avec plus de productivité. Quant à l'évaluation en interne, elle doit
revenir à la cellule statistique ; elle doit fournir des indicateurs de fonctionnement et de
dysfonctionnement. Ce qui était reproché à l'OURIP, c'est que les enquêtes par discipline ne revenaient
pas assez souvent.
Pourquoi avoir fait le président ?
La présidence s'inscrit dans une logique de trajectoire. Gilbert Puech a pris très tôt des responsabilités
(voir la trajectoire décrite au début). L'université est un monde très complexe. Pour être président, il
faut maîtriser un grand nombre de facettes. Gilbert Puech connaît Lyon 2 "comme sa poche".
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Les universités au centre du système de recherche ?
A la CPU, il y a eu un exposé d'Elie Cohen sur la recherche au niveau mondial. Gouverner les
universités n'est pas neutre. En France, il y a le modèle napoléonien des grandes écoles, le modèle de
la post guerre avec la création des grands établissements pour la recherche; et les universités, dans ces
deux modèles, les universités ont été marginalisées. La massification des universités les a encore plus
marginalisées. Il faut remettre les universités au centre comme dans d'autres pays. Le modèle des
grandes écoles et des grands établissements est-il encore pertinent ? Mais les grandes Ecoles disent :
"soyez crédible et on vous parlera".
Le problème pour les universités est : toutes les universités peuvent-elles être des universités
excellentes en recherche ? Et qui seraient les universités d'excellence ? 10 universités en sciences
dures et 10 universités en sciences humaines ? La position de la CPU qui serait de dire que toutes les
universités sont d'excellence n'est pas tenable. C'est la difficulté de la CPU en tant que club.
Il faut vraiment une réforme du gouvernement des universités pour que les universités soient les
"patrons" au centre du système de recherche.
"C'est un peu prétentieux ce que je dis", mais si la loi de modernisation des universités avait été
adoptée, je serais volontiers candidat à un nouveau mandat, pour voir, si dans 3 ou 4 années, Lyon 2
serait suffisamment attractive et compétitive pour figurer dans les universités d'excellence.
Gouverner une université à gauche ?
Oui, cela a encore un sens. Le fait d'avoir joué la procédure Sapin (titularisation des personnels
précaires) est une politique de gauche. Mais l'Etat doit être cohérent : la titularisation de ces personnels
est financée à moitié par l'université et à moitié par l'Etat. Il n'est donc pas logique que l'Etat compte
les personnels titularisés dans le cadre de la procédure Sapin comme des personnels totalement
financés par l'Etat, dans le cadre du calcul de la dotation générale de fonctionnement (DGF).
C'est également une politique de gauche que de vouloir une expansion en master : pour réussir l'offre
de M2 (en deuxième année de master), il faut être attractif (nécessité d'une progression de 30% des
effectifs de M2) ; cela se jouera sur le lien avec la recherche.
Egalement une politique de gauche : le tutorat au second semestre de la première année pour les
étudiants en grand difficulté.
Sur les droits d'inscription payés par les étudiants (note : le SNESUP est contre), il faut être prudent.
Il faut placer cela dans un contexte plus large. Il est vrai que les universités ont besoin de davantage de
ressources. Il ne faudrait pas cependant qu'on aboutisse au processus suivant : augmentation des droits
d'inscription et diminution de l'engagement financier de l'Etat. Il est vrai que les étudiants paient peu.
L'université de Lyon 2 a décidé d'avoir des droits spécifiques payés par les étudiants (20 euros) ; il y a
eu une passe d'armes avec les étudiants ; la perception de droits spécifiques est fragile du point de vue
de la loi de 1984 ; mais les étudiants ne souhaiteront pas forcément recourir au tribunal administratif.
Le problème est plutôt celui du financement par l'Etat. Gilbert Puech dit qu'il a une attitude
corporatiste par rapport à l'Etat. Comme Lyon 2 est très mal traité par l'Etat (dotation réelle de
fonctionnement et dotation en postes bien inférieure à la dotation théorique), l'important est que l'Etat
fasse une dotation générale de fonctionnement (DGF) juste (la direction des enseignements supérieurs
le prend en compte : elle a amélioré la DGF). Gilbert Puech a signalé ce problème au président de la
commission des moyens de la CPU, Besson, président de l'université d'Orléans.
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La CPU
La CP2U (la commission permanente) est assez intéressante ; il y a de vrais débats. Sinon, l'assemblée
générale de tous les présidents, c'est la grande messe ; on "s'y emmerde" (dixit Gilbert Puech) ou on
"encule des mouches" (dixit encore le président Puech). La CPU donne dans le consensus.
Faire le VP de la CPU ? Non. On sent déjà les présidents qui veulent devenir 1er vice-président de la
CPU, Nicole le Querlé, présidente de l'université de Caen. Yannick Vallée, président de l'UJF de
Grenoble est également une "étoile montante" au sein de la CPU.
Après la présidence ?
Gilbert Puech ne sait pas s'il se représenterait pour un second mandat s'il en avait la possibilité ("il y a
aussi les questions de la vie privée ; les gens considèrent que je suis un moine, qui se dévoue
totalement à l'université et qui donc n'est pas tout à fait normal"). En fin de mandat en cours, il aura 60
ans ; il pourrait donc faire un autre mandat. Il parle alors du désarroi de certains anciens présidents
qui se retrouvent sans rien avoir à faire. Il est impossible de rester aux affaires dans son université. Il
est impossible d'accepter seulement une petite charge quand on a dirigé quelque chose d'aussi
complexe qu'une université. Ce serait triste d'être en situation de quémander quelque chose. Il faut
donc se préparer mentalement à ne plus être président, à réinvestir dans la fonction d'enseignant ; il se
voit bien enseigner de nouveau en première année, y faire des cours de synthèse tout en s'appuyant sur
les Tice. Mais on sent qu'il n'a pas envie de se contenter de cela.
Un président doit pouvoir passer immédiatement d'un dossier à l'autre, au cours de la journée ; c'est
une grande charge mentale. Ce n'est pas simple. Les deux années qui restent dans le mandat, ce sera la
course contre la montre, pour les masters. 2005, Gilbert Puech voudrait en faire l'année de
l'internationalisation, des masters et de parcours conjoints avec d'autres universités, de la validation
systématique des crédits acquis à l'étranger (les maquettes prévoient qu'un semestre à l'étranger vaut,
"de droit", 30 crédits ECTS, contre la volonté de certains mandarins). Ce sera également une course
contre la montre pour les projets de haut niveau en TICE.
Il faut faire la réforme de l'université. Le bureau de la CPU est mortifié de l'abandon de la loi de
modernisation des universités. Il est maintenant trop timoré. Il doit réagir.
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