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4 Le biographique
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! page 225 du manuel
Autoportrait au chevalet, 1926,
Otto Dix (1891-1969),
tempera sur bois, 80 x 55 cm, Leopold Hösch Museum,
Duren, Allemagne
Le peintre
Otto Dix (1891-1969)
• Peintre, dessinateur et graveur allemand, Otto Dix décrivit dans ses œuvres la
décadence régnant en Allemagne après la Première Guerre mondiale et devint
l’un des chefs de file du mouvement Neue Sachlichkeit (« Nouvelle
Objectivité »).
• Après s’être formé à l’école des Beaux-Arts de Dresde, Dix se tourna vers l’expressionnisme. Combattant sur le front dès 1914, il fut profondément marqué
par la brutalité de la guerre de tranchées et s’inspira de ces terribles événements
dans une série de cinquante eaux-fortes.
• À partir de 1920, il adhéra au groupe Dada de Berlin et décrivit dans ses toiles
et ses collages la réalité sociale contemporaine et les affreuses conséquences du
conflit, en particulier la perte de la dignité des hommes blessés au front Le
Marchand d’allumettes, 1920 (Staatsgalerie, Stuttgart), Rue de Prague, 1920
(Städtische Galerie, Stuttgart). Il donne aussi une vision très critique de la bourgeoisie (Portrait du peintre Adolf Uzarski, 1923, Düsseldorf, Kunstmuseum).
• En 1923 il participa à Düsseldorf à la création du mouvement de la Neue
Sachlichkeit et continua de dénoncer la perte des valeurs morales et l’injustice
sociale régnant dans l’Allemagne de l’après-guerre. Il réalisa également à partir
de cette époque de nombreux portraits (Portrait de mes parents, 1921,
Landesgalerie, Hanovre).
• Dans d’autres toiles, il parle de l’angoisse devant le vieillissement, ce qui l’apparente aux maîtres allemands du XVe (Vieux Amants, 1923, Berlin,
Nationalgalerie). Dix ne craignait pas de choquer et son tableau Jeune Fille
devant le miroir, 1921, détruit pendant la guerre fut mis à l’index, accusé de
« diffuser des images obscènes ».
• Son œuvre, d’une cruauté satirique, insiste sur des détails impitoyables et décrit
la laideur « objective » de la réalité (Les Sept Péchés capitaux, 1933, Karlsruhe,
Staatliche Kunsthalle).
• Contraint par les nazis d’abandonner son poste de professeur à l’Académie de
Berlin en 1933, il lui fut également interdit d’exposer ses œuvres. Dix s’installa à
partir de 1936 en Suisse et se consacra dès lors à la réalisation d’allégories religieuses, se rapprochant de nouveau, à la fin de sa carrière, d’une sensibilité
expressionniste.
IMAGE D’OUVERTURE – 4. Le biographique 1
Le tableau
• Faire son autoportrait, c’est se mettre en scène. En peinture, le triangle
sujet/miroir/surface picturale représente une aire close dans laquelle le peintre se
joue de lui-même en temps que modèle, fuyant et cherchant sans cesse du regard
les lieux de son image : la toile, le miroir.
• Dix était fasciné par tous les aspects de l’existence humaine et surtout par les
plus extrêmes. Toute observation des phénomènes qu’il abordait avec curiosité et
passion partait étrangement du corps. « L’extérieur des choses est important
pour moi, car en exprimant la forme extérieure on saisit également l’intérieur...
La première impression est la bonne et doit être conservée dans toute sa fraîcheur. Je ne veux voir que l’extérieur, l’intérieur en découle de lui-même. »
• Dix accordait donc à la forme spécifique des choses des qualités relevant de
l’ordre du contenu. Au cours de toutes les phases de son évolution, il resta absolument fidèle à cette attitude ouverte et impartiale qui fait de lui un cas particulier à l’intérieur du groupe des artistes de la « Nouvelle Objectivité ». Avec Max
Beckmann, dont il est l’antipode, Dix est l’autre grand solitaire de l’art des
années vingt.
• Le visage et les mains sont les deux signes qui caractérisent le mieux l’individu.
Sur un fond neutre, le visage est exécuté avec soin et précision (cheveux bien peignés, sourcils épars froncés, rides au front, aux yeux, autour des lèvres, veines au
front), de même son buste vêtu d’un costume brun, d’une chemise et d’un nœud
papillon aux reflets jaunes, écho des mains, du bord de la toile et des cheveux.
• Son regard bleu gris nous fixe, fixe quelque chose hors champ vers la droite.
L’expression traduit une tension et une attention. Regarde-t-il un miroir pour se
représenter ? Nous ne saurons jamais ce qui figure sur la toile.
• Ses mains ont des contours précis : Dix peint de la main gauche. Le haut des
phalanges est caché par la toile, les veines transparentes aux reflets bleus renvoyant aux aplats de la chemise, au bord de l’œil. Saisie sur le vif : quel instant
éternise-t-elle ? La main droite est difforme, posée sur le ventre dans une tension.
• Mais d’où vient la lumière ? Aucune ombre pour se cacher... Dos du chevalet,
peintre se représentant en costume pour se donner un statut « bourgeois » :
nous ne saurons jamais comment Dix a voulu se représenter : autant d’éléments
étranges qui participent à la création. N’est-il plus ce chercheur froid, vêtu d’une
blouse bleue de peintre qui met la dernière touche à sa muse dans Autoportrait
avec muses (1924) ? Il a ce même œil observateur, scrutateur d’âme, mais n’a plus
ce sourire d’autodérision qui marquait alors son visage.
Pour aller plus loin
Il serait intéressant d’analyser plusieurs autoportraits réalisés par Otto Dix.
En voici quelques exemples parus dans Dix, Éva karcher, édition Taschen :
• Petit autoportrait (1913),
• Autoportrait avec œillet (1912),
• Autoportrait en soldat (1914),
• Autoportrait en cible (1915),
• Autoportrait en mars (1915),
• Autoportrait avec modèle nu (1923),
• Autoportrait avec muses (1924),
IMAGE D’OUVERTURE – 4. Le biographique 2
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Autoportrait
Autoportrait
Autoportrait
Autoportrait
en blouse de peintre avec boule de cristal et palette (1931),
avec palette devant un rideau rouge (1942),
en prisonnier de guerre (1947),
avec bonnet de fourrure devant paysage d’hiver (1947)
La « Nouvelle Objectivité »
Entre 1918 et 1933, une nouvelle génération d’artistes et d’intellectuels allemands affirme sa responsabilité sociale. La tendance Neue Sachlichkeit
(« Nouvelle Objectivité ») manifeste cette attitude dans les domaines de la littérature, du cinéma, de la photographie, de l’architecture et de la peinture. Les
peintres optent pour une figuration réaliste détaillée et rejettent l’effusion sentimentale et picturale des expressionnistes. Beaucoup d’entre eux proviennent du
mouvement Dada. En 1925, l’exposition « La Nouvelle Objectivité. La peinture
allemande depuis l’expressionnisme », organisée à la Kunsthalle de Mannheim
par l’historien de l’art Gustav H. Hartiaub, consacre le style.
Les artistes pratiquent beaucoup le portrait et l’autoportrait. Ils analysent la
société contemporaine avec cruauté et pessimisme. Les tableaux présentent la
ville industrielle sous ses aspects les plus sombres, renvoient l’image d’une société médiocre et malsaine et exposent les trafiquants, les profiteurs de guerre, les
militaristes, les mutilés, les prostituées et les mendiants. Les physionomies apparaissent simplistes ou caricaturales. En revanche, les objets sont minutieusement
détaillés. Les angles droits rythment l’espace et enferment les personnages. Le
dessin analyse avec la même précision le premier plan et le fond. Les artistes
accusent la froideur des tableaux par l’insensibilité de la touche.
Quelques exemples
• Max Beckmann (1884-1950) peint avec une objectivité froide une ville qui
devient le miroir d’une société mesquine et banale.
• Otto Dix (1891-1969), le peintre le plus important de cette tendance.
• George Grosz (1893-1959) revient anéanti du front et exprime sa haine de la
guerre dans le contexte des villes. Sa satire est dirigée contre les militaires et les
capitalistes.
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