Soins de plaies et pansements : comment s`y
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Soins de plaies et pansements : comment s`y
à votre service SANS ORDONNANCE Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie) Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, la guérison d’une plaie présente différentes phases et chacune d’elles requiert des soins particuliers. C’est pourquoi les compagnies ont mis sur le marché une vaste gamme de produits afin de mieux répondre aux besoins particuliers de chaque type de plaie. Dans cette deuxième partie, nous nous intéresserons aux différents types de pansements offerts sur le marché. Puisqu’il en existe une très grande variété, nous les aborderons par catégories afin d’en faciliter la compréhension. Pansements absorbants Les pansements absorbants ont pour rôle principal d’absorber un exsudat modéré à abondant. Ils maintiennent l’humidité en empêchant la macération au pourtour de la plaie. Ils ont la propriété de former un gel hydrophile protecteur lorsqu’ils sont en contact avec l’exsudat. Il existe deux catégories de pansements absorbants : les alginates et les mousses. mettrait la perfusion de la plaie et la formation de nouvelles cellules. Dans tous les cas, il nécessite un pansement secondaire puisqu’il n’est pas adhérent. On ne doit pas employer les alginates lorsque l’exsudat est faible puisqu’ils dessècheront la plaie3. De plus, lors du retrait, certains pansements pourront laisser des débris fibreux dans la plaie. Ces pansements sont donc surtout utiles dans le cas d’une plaie où la granulation est amorcée et lorsqu’il y a un exsudat modéré à abondant ou des saignements puisque l’alginate de calcium a des propriétés hémostatiques2. Quant aux pansements qui contiennent aussi du sodium, ils se transforment en gel par un mécanisme d’échange ionique entre les ions sodiques de l’exsudat et les ions calciques du pansement. L’alginate de sodium contenu dans le pansement participe à la formation du gel et permet d’absorber l’exsudat sur une plus longue période de temps6. Même si l’on pourrait employer ces pansements pour les plaies ayant un espace mort important (il faut s’assurer de voir entièrement le fond de la plaie), il n’est pas recommandé de les utiliser en présence de cavités profondes étant donné la possibilité qu’ils laissent des débris fibreux. On doit changer ces pansements tous les jours au début du traitement ou lorsqu’ils sont saturés7. Ils ne doivent toutefois pas rester en place plus de sept jours7. Les alginates Les alginates sont des polysaccharides dérivés d’algues1. Puisqu’ils sont d’origine naturelle, ils sont considérés comme non toxiques et non allergènes2. Ils contiennent majoritairement de l’alginate de calcium avec ou sans sodium. Certains pansements peuvent contenir du collagène. Ils sont offerts sous forme de compresses ou de mèches et peuvent être utilisés pour combler l’espace mort de la blessure1,3. Les alginates sont utiles en présence d’une plaie débridée, exsudative et sanguinolente de stade III ou IV puisqu’ils sont très absorbants4. C’est un pansement sec qui, au contact de l’exsudat, se transforme en gel. On doit l’appliquer de façon assez lâche, car il prend de l’expansion1,2. Il faut s’assurer que le pansement à l’intérieur d’une plaie ne fasse pas de pression, cela compro- Les mousses Ces pansements sont constitués d’une mousse de polyuréthane hydrophile2,3. Ce sont de très bons absorbants. De plus, ils n’adhèrent pas à la plaie et sont très confortables pour le patient4. Certains requièrent un pansement secondaire, alors que d’autres ont déjà une pellicule adhésive et un film transparent1,3,5. Tout comme les alginates, les mousses prennent de l’expansion au contact de l’exsudat, mais celles-ci ne forment pas de gel1,3. On doit recouvrir ce type de pansement d’une pellicule imperméable si le patient désire prendre une douche ou un bain, car les mousses absorberont facilement l’eau2,4. Elles peuvent rester en place jusqu’à sept jours, mais si l’exsudat est abondant, il est préférable de les vérifier régulièrement et de les remplacer lorsqu’elles sont Vous trouverez au tableau I un résumé des fonctions des divers pansements ainsi que des exemples de produits commerciaux pour chaque catégorie. Le tableau II permettra aussi de mieux définir le rôle de chaque pansement puisqu’ils seront regroupés selon le type de plaies qu’ils peuvent traiter. Selon la fonction qu’ils remplissent, nous parlerons de pansement primaire ou de remplissage s’ils s’appliquent directement sur ou dans la plaie. Ce dernier pansement servira à combler l’espace mort, à absorber l’exsudat, à maintenir le milieu humide ou à débrider la plaie. Le pansement secondaire ou pansement de recouvrement peut être utilisé seul ou servir à maintenir le pansement primaire en place et compléter son action. Il n’adhère pas à la plaie, mais au pourtour de celle-ci. Le pansement d’appoint n’aura d’autre fonction que de protéger et couvrir la plaie5. Texte rédigé par Nancy Desmarais, B. Pharm., Pharmacie Nancy Morissette, et Julie Martineau, B. Pharm., Pharmacie Matte et Petit. Texte original soumis le 1er juin 2005. Texte final remis le 8 août 2005. Révision : Réjeanne Bouchard, B. Pharm., M.Sc., Pharmacie Réjeanne Bouchard. Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 691 à votre service SANS ORDONNANCE saturées4. Les pansements de mousse sont offerts en compresses ou en gaufres. On utilise plus souvent les compresses (par ex. : MépilexMD), car leur présentation permet de bien épouser les formes, tandis que les gaufres servent pour les cavités profondes. Contrairement aux alginates, on a rapporté des réactions allergiques avec les mousses2. Ces pansements sont utiles pour les plaies de stades II, III ou IV ayant un exsudat modéré à abondant4. Lors de leur retrait, les pansements hydrocolloïdaux produisent une odeur caractéristique qui n'est pas nécessairement un signe d'infection. Pansements hydrofibres Un seul pansement offert sur le marché fait partie de cette classe, soit AquacelMD de Convatec. Ce pansement est composé de fibres de carboxyméthylcellulose pures non tissées et permet une absorption de l’exsudat supérieure à tous les autres types de pansements1,2. Il est semblable aux alginates et comporte sensiblement les mêmes caractéristiques. Il formera un gel en absorbant l’exsudat, ce qui permettra au pansement de remplir la plaie et d’être confortable pour le patient1. On le choisira en présence d’une plaie très exsudative de stades II à IV. Pansements hydrogels Les hydrogels sont des polymères insolubles de carboxyméthylcellulose comportant au moins 75 % d’eau. Ils nécessitent un pansement secondaire peu absorbant et demandent généralement un changement assez fréquent selon l’état de la plaie4. Étant donné qu’ils sécrètent l’eau qu’ils contiennent au niveau de la plaie, on choisira donc ce pansement si la plaie est sèche ou peu exsudative1,5. Il est important de placer l’hydrogel seulement au milieu de la plaie puisque l’application de celui-ci sur la peau saine comme le pourtour de plaie peut entraîner la macération du tissu. Son pouvoir hydratant permet un retrait indolore du pansement5. Les hydrogels se présentent sous plusieurs formes. On favorise les gels amorphes pour les cavités difficiles d’accès ou les plaies peu profondes, alors qu’on utilisera les feuilles, les gazes imprégnées et les mèches imprégnées pour les plaies profondes et peu exsudatives. D’autre part, il existe également un gel à base de chlorure de sodium à 20 % (HypergelMD) qui favorisera le débridement autolytique plutôt que l’hydratation de la plaie4. L’hypergel est aussi considéré comme un hydrogel. Pansements hydrocolloïdaux Les pansements hydrocolloïdaux sont imperméables et semi-occlusifs (sauf le pansement DuodermMD qui est occlusif). Ils protègent donc la plaie contre les contaminations puisqu’ils laissent seulement passer l’oxygène. Ils forment un gel chaud et humide au contact de la plaie et ils facilitent l’autolyse ainsi que la formation du tissu de granulation5. Ils sont simples d’utilisation et ne nécessitent pas absolument un pansement secondaire. Par contre, ils peuvent occasionner une macération de la peau puisque le pansement doit être appliqué de telle sorte qu'il déborde de 3 cm des bords de la plaie, d’où l’impor- 692 Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 tance de bien maîtriser l’exsudat à l’intérieur de la plaie8. Ce type de pansement produit un gel visqueux nauséabond. Lors de son retrait, il dégage une odeur caractéristique (sauf CutinovaMD qui ne se décompose pas dans la plaie) qui n’est pas nécessairement un signe d’infection1,4. Il faut se souvenir qu’une plaie contaminée ne veut pas dire une plaie infectée. De plus, étant donné qu’ils sont opaques, il est difficile d’évaluer la plaie sans retirer le pansement5. Il existe des hydrocolloïdes qui sont minces et d’autres plus épais. On peut employer les hydrocolloïdes pour des plaies de stades I à IV, mais la particularité des hydrocolloïdes plus épais est qu’on peut les utiliser comme pansements secondaires, par exemple lors de plaies nécrotiques ou fibrineuses en complément d’un hydrogel4. On doit éviter les hydrocolloïdes en présence d’une plaie infectée sans suivi médical puisqu’une plaie infectée requiert des nettoyages et des changements fréquents. On les évitera aussi pour les plaies très exsudatives, en présence d’un ulcère diabétique ou artériel ou lorsque le patient souffre d’une allergie à l’un des composants du pansement5. Gazes imprégnées Les gazes imprégnées constituent une famille hétérogène puisque la fonction de la gaze varie grandement en fonction de la substance qui y est imprégnée. Nous allons donc les subdiviser en fonction du produit qui leur est ajouté. Les gazes de gelée de pétrole La gelée de pétrole a pour but d’empêcher le pansement d’adhérer à la plaie5. Les gazes imprégnées de gelée de pétrole laissent passer librement l’exsudat qui peut alors être absorbé par le pansement secondaire7. On peut les utiliser afin d’empêcher le pansement secondaire d’adhérer à la plaie4. On emploie ce type de pansement principalement pour couvrir les sites de greffes, les lacérations, les abrasions ou les brûlures mineures ainsi que pour les ulcères7. Leur fréquence de changement est généralement quotidienne, mais elle peut aussi correspondre à celle du pansement secondaire4. Les gazes hypertoniques Elles sont constituées de gaze de rayonne et de polyester imprégnées de chlorure de sodium concentré. C’est l’hypertonicité du pansement qui permet d’absorber un exsudat modéré à abondant et les tissus nécrotiques. Le pansement qui est appliqué est sec, mais il est préférable de l’irriguer au normal salin avant de le retirer4. Ils sont utiles pour le débridement des plaies, car ils favorisent l’autolyse. On peut aussi les utiliser lorsque la plaie est infectée puisqu’ils absorbent les bactéries. Les principaux désavantages de ce type de pansement sont la sensation de brûlure transitoire qu’ils créent à l’application et l’irritation pour les tissus sains entourant la plaie. Il est donc préférable de protéger la peau environnante en appliquant une barrière cutanée telle la pâte d’ihle9. Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie) Tableau I : Les rôles des différents types de pansements Type de pansement Fonctions1-4 Exemples1-3 (nom du fabricant) Pansements non adhésifs • Empêchent le pansement secondaire de coller secs • Protection contre la friction et le milieu extérieur pour les blessures mineures • Peuvent remplir l’espace mort • Absorbent l’exsudat • Peuvent servir au débridement mécanique (passage de humide à sec) • • • • • Telfa (KI) Ete (Me) Omniderm NuGauze Kling (gaze en rouleau) Pellicules transparentes • • • • • • • • • • Opsite Flexigrid (stérile) (SN) Opsite Flexifixt (non-stérile) (SN) Tegaderm (3M) Bioclusive (JJ)- Polyskin (KI) Melfilm (Me) Pansements absorbants : Alginates • Débridement autolytique des plaies jaunes (présentant une nécrose humide ou une fibrine de couleur jaune) • Absorbent l’exsudat • Protègent des traumatismes • Favorisent l’hémostase • Gardent le milieu humide • • • • • Kaltostat (Cc) Algisite M (SN) Sorbsan Restore Calcicare (Hr) Melgisorb (Me) Pansements absorbants : Mousses • Absorbent l’exsudat • Favorisent la granulation • Protègent des bactéries et des variations de température • Favorisent un débridement autolytique • Remplissent l’espace mort • • • • • • • • Allevyn (SN) Lyofoam (Cc) NuDerm Curafoam (KI) Tielle (JJ) Hydrosorb (Kol) Mépilex (Me) Mépilex border (Me) Hydrocolloïdes • • • • • Procurent un milieu humide Favorisent l’autolyse Favorisent la granulation et l’épithélisation Absorbent un exsudat léger à modéré Protègent des bactéries • DuoDerm (pâte, gel, feuilles imperméables et semi-perméables) (Cc) Feuilles semi-perméables : • Comfeel (Ct) • Restore (Hr) • Tegasorb (3M) • Cutinova (SN) Hydrofibres • • • • Remplissent l’espace mort Favorisent la granulation Semblables aux alginates Capacité d’absorption de l’exsudat supérieure à tous les autres types de pansement • Aquacel (Cc) Hydrogels • • • • • • • Hydratent la plaie Permettent un débridement autolytique Utiles pour une plaie sèche peu exsudative Peuvent entraîner la macération du tissu sain Demandent un pansement secondaire Diminuent la douleur N’adhèrent pas à la plaie • Amorphes: Tegagel (3M), Intrasite gel (SN) Nu-gel (JJ) Normgel (Me), Curafil (KI), Restore hydrogel (Hr) • Feuilles : Curagel (KI), Nu-gel (JJ) • Gazes imprégnées : Intrasite (SN), Restore (Hr), Curafil (KI), Tegagel (3M) • Mèches imprégnées : Restore (Hr) Gazes imprégnées : Gelée de pétrole • Empêchent le pansement secondaire d’adhérer à la plaie • Laissent passer l’exsudat • Adaptic (JJ) • Jelonet (JJ) Gazes imprégnées : Antibactérien • Empêchent la croissance bactérienne (toutefois, des résistances sont possibles) • Adjuvants à une thérapie antibiotique pour les plaies infectées • Empêchent le pansement secondaire d’adhérer à la plaie • Bactigras • Sofratulle • Iodosorb (Sn) D’autres pansements contiennent des ions d’argent (par ex. : Actisorb Plus (JJ), Silverleaf (DRM)) Gazes imprégnées : Hypertonique (NaCl) • • • • • Mesalt (Me) • Curasalt • Thalafix (Dx) Permettent de favoriser un milieu humide Protègent du frottement et du milieu extérieur Permettent de visualiser la plaie Peuvent servir de pansement secondaire Pansement primaire en présence de plaies de stade I ou II Permettent de ramollir le tissu nécrotique Absorbent les bactéries Favorisent le débridement de la plaie Absorbent l’exsudat Suite du tableau à la page suivante. Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 693 à votre service SANS ORDONNANCE Type de pansement Fonctions1-4 Exemples1-3 (nom du fabricant) Gazes imprégnées : Silicone • N’adhèrent pas à la plaie • Peuvent être laissées en place jusqu’à cinq jours • Mepitel (Me) Pansements à périphérie adhésive • Recouvrent et protègent la plaie • Pansements secondaires résistants à l’eau • Faible pouvoir d’absorption • Alldress (Me) • Airstrip • Opsite Post Op (SN) Pansements anti-odeurs • Contrôlent les odeurs • Carbonet (SN) • Peuvent être utilisés pour les plaies infectées • Actisorb (JJ) • Actisorb Plus et Carboflex • Carboflex (Cc) s’appliquent directement sur la plaie Noms de fabricants (liste non exhaustive) : Cc : Convatec; Ct : Colopast; DRM: D.R Medical Inc.; Dx : Dumex; Hr: Hollister; KI: Kendall; Kol : Knoll; JJ : Jonhson & Jonhson; Me : Mölnlycke; SN : Smith & Nephew; Wd: Winfield Laboratories; 3M : 3M Les gazes imprégnées d’antibiotiques ou d’antibactériens Il existe une gamme de produits pour limiter la croissance bactérienne, soit la framycétine, les ions d’argent, le cadexomère d’iode et la chlorexidine. Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, la nécessité d’utiliser de tels produits lors du traitement d’une plaie est grandement controversée. De plus, il faut être vigilant et surveiller les incompatibilités, les contre-indications et les allergies à ces produits. En raison de sa composante en iode, l’IodosorbMD est contre-indiqué en cas d’allergie à l’iode et de problèmes thyroïdiens. On doit l’utiliser avec précaution chez la femme enceinte ou qui allaite, ou en cas d’insuffisance rénale. Leur emploi pour les plaies est donc surtout limité à la prévention des infections, mais on peut aussi les utiliser comme adjuvant à un traitement antibiotique lors d’une infection déjà existante5. Les gazes imprégnées de silicone Le seul représentant de cette classe est le MepitelMD. L’enduit de gel de silicone permet au pansement de ne pas adhérer à la plaie, de le retirer facilement sans endommager le nouveau tissu et d’examiner la plaie sans enlever le pansement. Il est principalement utilisé pour les brûlures du second degré, les maladies bulleuses de la peau (par ex. : l’épidermolyse bulleuse), les plaies chirurgicales et les abrasions de la peau7. Ce pansement peut rester en place jusqu’à cinq jours. Tout comme les gazes imprégnées de gelée de pétrole, il laisse passer l’exsudat sans l’absorber lui-même7. Pansements à périphérie adhésive On les utilise principalement comme pansements secondaires et ils remplissent des tâches multiples selon les composants de couches qu’ils comportent. Ils permettent une protection adéquate contre l’eau et les bactéries tout en étant semi-perméables, ce qui permet une maîtrise de l’humidité du milieu. Ces pansements présentent un contour adhésif et un filet poreux au centre10,11. Cela permet au pansement de ne pas adhérer à la plaie au centre tout en protégeant celle-ci du milieu extérieur 694 Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 étant donné le pourtour adhésif en périphérie10,11. Le pouvoir absorbant de ces pansements est limité. Ils empêchent toutefois le liquide de la plaie de couler à l’extérieur de celle-ci. On peut les employer autant pour des plaies chirurgicales que pour des plaies chroniques9,10. Leur principal désavantage est leur coût élevé. Pansements anti-odeurs Ces pansements sont utiles en présence de plaies infectées, malodorantes, fibrineuses ou lors d’une fistule fécale. On peut les employer lorsqu’une plaie malodorante présente une infection à champignons ou une nécrose7. Ils permettent l’absorption des odeurs et une absorption modérée des exsudats. Ils peuvent être laissés en place jusqu’à saturation ou jusqu’à la réapparition de la mauvaise odeur4. Ces pansements sont formés d'une couche de charbon actif associée à des propriétés absorbantes et non adhérentes. Il ne faut pas mouiller ou couper ces pansements4. Actisorb PlusMD et CarboflexMD s’appliquent directement sur la plaie, tandis que CarbonetMD nécessite un pansement secondaire. Les contre-indications peuvent être liées au pansement choisi. Par exemple, Actisorb PlusMD contient des ions d’argent et du nylon, et il n’est donc pas recommandé chez les patients allergiques à ces produits7. De plus, puisque ces pansements ont une capacité d’absorption modérée, il faut être prudent lors de leur utilisation sur une plaie peu exsudative afin qu’ils ne la dessèchent pas. Les associations Enfin, il existe aussi des pansements constitués de l’association de deux groupes différents. Ces types de pansements permettent la combinaison des propriétés de plusieurs classes. Deux associations contenant un alginate sont sur le marché. La première contient un hydrocolloïde et est offerte sous le nom de UltecProMD de Kendall, alors que la seconde, Fibracol PlusMD de Johnson & Johnson, est constituée de collagène1. La compagnie Convatec commercialise deux associations. La première est composée d’un hydrofibre avec des ions d’argent (Aquacel-AgMD) et la deuxième, VersivaMD, associe une mousse, une hydrofibre et un hydrocolloïde. Lorsque Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie) toutes les conditions sont réunies pour utiliser l’association de ces mêmes types de pansements, cela peut éviter l’achat de plusieurs produits. Peut-on les substituer ? Plusieurs compagnies proposent des produits pour chaque catégorie de pansement. Il est donc peu concevable de tenir dans nos pharmacies des exemplaires de tous les types de pansements de chacune de ces compagnies. Il faut être très vigilant lors du choix du pansement, car plusieurs produits différents peuvent porter un nom similaire (par ex. : produit de la gamme Opsite, Aquacel et Aquacel Ag…). Cependant, avant de substituer un pansement à celui qui est prescrit, il faut s’assurer qu’il réponde à toutes les considérations relatives à la substitution d’une ordonnance présentée à l’article 21 de la Loi sur la pharmacie12, lequel spécifie que « le pharmacien doit exécuter une ordonnance suivant sa teneur intégrale, mais il peut toutefois, pourvu qu’il avise le client et qu'il l'inscrive à son dossier, substituer au médicament prescrit un médicament dont la dénomination commune est la même, à moins d'indication contraire formulée de sa main par l'auteur de l'ordonnance ». Conclusion Les soins de plaies constituent un volet de la pharmacie souvent négligé dans la pratique actuelle. Or, étant donné le vieillissement de la population ainsi que le maintien des patients à domicile, le pharmacien sera l’un des professionnels de la santé le plus souvent questionné à ce sujet. Non seulement il devra connaître les pansements offerts sur le marché, mais il devra également conseiller le patient quant au pansement qui serait le plus approprié pour lui. Un choix judicieux pourrait grandement influencer le processus de guérison. Le mot de la fin : chaque plaie trouve son pansement ! ■ Tableau II : Les différents stades de la plaie et les pansements appropriés pour chaque stade2,4,5 Phase de la plaie Caractéristiques des plaies Pansement Stade 1 • • • • Peau intacte Rougeur de la peau persistante Pas d’exsudat Douleur possible Stade 2 • Lésion superficielle impliquant une perte de l’épiderme • Atteinte du derme possible • Exsudat peut être présent, mais peu abondant • Douleur possible • Film transparent • Pansement hydrocolloïde • Gaze imprégnée de NaCl 0,9 % • Protecteur cutané Si exsudat : alginate, hydrofibre, pansement de mousse Stade 3 • • • • • La lésion atteint les tissus sous-cutanés La plaie est rouge et irrégulière Exsudat modéré à abondant Tissu fibrineux ou nécrotique possible Espace mort, fistule ou sinus peuvent être présents • Souvent indolore • Alginate • Mousse • Hydrofibre • Hydrogel Pansement secondaire : • Film transparent • Hydrocolloïde Stade 4 • Atteinte des structures profondes (os, muscles, tendons) • Exsudat léger à abondant • Tissu nécrotique possible • Souvent indolore Le choix dépend de la quantité d’exsudat. • Alginate • Mousse • Hydofibres • Hydrogels • Anti-odeur (si nauséabond) Pansement secondaire : • Film transparent • Hydrocolloïde Stade non déterminé • Plaie difficile à classer à cause de l’importance du tissu nécrotique • Tout pansement permettant l’autolyse (Gaze imprégnée de solution hypertonique, hydrocolloïde, alginate…) Références 1. Mallet L, Grenier L, Guimond J et coll. Manuel de soins pharmaceutiques en gériatrie. 1re éd. Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2003 : 281-97. 2. Ruston L. Wound Care. Pharmacy Post 1998; CE : 1-7. 3. Cuzzell J. Wound Assessment and Evaluation. Wound Dressing : Confusion or Choice ? Dermatology Nursing 2002; 14(3) : 187-91. • • • • • Film transparent Pansement hydrocolloïde mince Mousse Hydrogel Pansement protecteur cutané 4. Néron A (rédactrice). Guide pratique des soins palliatifs : gestion de la douleur et autres symptômes, 3e édition. Montréal : APES, 2002 : 241-55. 5. Smith RG. (2005, mai) « Wound Care Product Selection ». U.S. Pharmacist [En ligne], Adresse URL : www.uspharma cist.com/ce/2716/default.htm Suite à la page 697 Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 695 Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie) 6. Bolton L. Kaltostat : a calcium-sodium alginate dressing. Bristol Myers Squibb 1997, 1-19. 7. Dressing.org (mai 2005) « Dressings Data Cards » Surgical Materials Testing Lab. [En ligne], Adresse URL : http://www.dressings.org/dressings-datacards-by-alpha.html 8. Farma 2004 Compendium (mai 2005) « Pansement Duoderm Hydroactif » Farma 2004 [En ligne], Adresse URL : h t t p : / / w w w. f a r m a c o m p e n d i u m . b e / H T M L / 0 9 9 7 317_F.htm 9. Bouchard H. Morin J. (août 2005) « Les pansements d’utilisation courante ». Université de Sherbrooke [En ligne], Adresse URL : http://cfc.med.usherbrooke.ca/SYLLABUSWEB/2004-2005/2004-10-15/bouchard_morin4.pdf 10. Mölnlycke Health Care : Wound Care Business Area. (mai 2005) « AlldressMD ». Mölnlycke Health Care [En ligne], Adresse URL : http://www.tendra.com/index. asp?id= 917&pid=558&lang=2 11. Smith & Nephew : Wound management (mai 2005) « Opsite Post-Op Technology » Smith&Nephew [En ligne], Adresse URL : http://wound.smith-nephew.com/uk/node. asp?Node Id=3266 12. Loi sur la pharmacie, L.R.Q, c. P-10, art.21. Formation Continue Veuillez reporter vos réponses dans le formulaire de la page 746 7) Parmi les situations suivantes, laquelle est vraie ? A Les hydrogels sont semblables aux alginates. B Lors du retrait des pansements hydrocolloïdaux, il faut être à l’affût d’une odeur nauséabonde puisqu’elle serait un signe assuré d’une infection. C Un film transparent peut être un pansement approprié pour une plaie de stade I ou II. D Les hydrofibres laissent des débris fibreux dans les plaies. E Il est important de mouiller une gaze imprégnée de NaCl hypertonique avant de l’appliquer. 8) Parmi les situations suivantes, laquelle est fausse ? A Les hydrogels peuvent entraîner la macération des tissus sains. B Les pansements anti-odeurs peuvent être utilisés sur des plaies infectées. C Les alginates peuvent être appliqués sur une plaie avec un faible exsudat. D Les gazes imprégnées de gelée de pétrole laissent passer l’exsudat. E Les hydrofibres sont semblables aux alginates. Québec Pharmacie vous souhaite un joyeux temps des Fêtes ! Le comité de rédaction de Québec Pharmacie vous offre, chers lecteurs, ses meilleurs vœux de bonheur, de santé et de prospérité. Le comité désire souligner aussi le travail, la collaboration et le soutien de toute l’équipe « pharmaceutique » de Rogers Media : Caroline Bélisle, Caroline Baril, Catherine Hébert, Stéphane Paradis, Sylvie Gourde et Josée Boudreau. Nous profitons également de l’occasion pour remercier chaleureusement tous les collaborateurs, rédacteurs, auteurs et réviseurs qui ont participé à la production de la revue tout au cours de l’année 2005. Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 697