Soins de plaies et pansements : comment s`y

Transcription

Soins de plaies et pansements : comment s`y
à votre service SANS ORDONNANCE
Soins de plaies et pansements :
comment s’y retrouver (2e partie)
Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, la guérison d’une plaie présente
différentes phases et chacune d’elles requiert des soins particuliers. C’est pourquoi les
compagnies ont mis sur le marché une vaste gamme de produits afin de mieux répondre aux
besoins particuliers de chaque type de plaie. Dans cette deuxième partie, nous nous
intéresserons aux différents types de pansements offerts sur le marché. Puisqu’il en existe
une très grande variété, nous les aborderons par catégories afin d’en faciliter la
compréhension.
Pansements absorbants
Les pansements absorbants ont pour rôle principal d’absorber un exsudat modéré à abondant. Ils maintiennent
l’humidité en empêchant la macération au pourtour de la
plaie. Ils ont la propriété de former un gel hydrophile
protecteur lorsqu’ils sont en contact avec l’exsudat. Il
existe deux catégories de pansements absorbants : les alginates et les mousses.
mettrait la perfusion de la plaie et la formation de nouvelles cellules. Dans tous les cas, il nécessite un pansement
secondaire puisqu’il n’est pas adhérent. On ne doit pas
employer les alginates lorsque l’exsudat est faible
puisqu’ils dessècheront la plaie3. De plus, lors du retrait,
certains pansements pourront laisser des débris fibreux
dans la plaie. Ces pansements sont donc surtout utiles
dans le cas d’une plaie où la granulation est amorcée et
lorsqu’il y a un exsudat modéré à abondant ou des saignements puisque l’alginate de calcium a des propriétés
hémostatiques2. Quant aux pansements qui contiennent
aussi du sodium, ils se transforment en gel par un mécanisme d’échange ionique entre les ions sodiques de
l’exsudat et les ions calciques du pansement. L’alginate de
sodium contenu dans le pansement participe à la formation du gel et permet d’absorber l’exsudat sur une plus
longue période de temps6. Même si l’on pourrait employer ces pansements pour les plaies ayant un espace
mort important (il faut s’assurer de voir entièrement le
fond de la plaie), il n’est pas recommandé de les utiliser
en présence de cavités profondes étant donné la possibilité qu’ils laissent des débris fibreux. On doit changer ces
pansements tous les jours au début du traitement ou
lorsqu’ils sont saturés7. Ils ne doivent toutefois pas rester
en place plus de sept jours7.
Les alginates
Les alginates sont des polysaccharides dérivés d’algues1.
Puisqu’ils sont d’origine naturelle, ils sont considérés
comme non toxiques et non allergènes2. Ils contiennent
majoritairement de l’alginate de calcium avec ou sans
sodium. Certains pansements peuvent contenir du collagène. Ils sont offerts sous forme de compresses ou de
mèches et peuvent être utilisés pour combler l’espace
mort de la blessure1,3. Les alginates sont utiles en présence
d’une plaie débridée, exsudative et sanguinolente de stade
III ou IV puisqu’ils sont très absorbants4. C’est un pansement sec qui, au contact de l’exsudat, se transforme en
gel. On doit l’appliquer de façon assez lâche, car il prend
de l’expansion1,2. Il faut s’assurer que le pansement à l’intérieur d’une plaie ne fasse pas de pression, cela compro-
Les mousses
Ces pansements sont constitués d’une mousse de
polyuréthane hydrophile2,3. Ce sont de très bons
absorbants. De plus, ils n’adhèrent pas à la plaie et sont
très confortables pour le patient4. Certains requièrent un
pansement secondaire, alors que d’autres ont déjà une
pellicule adhésive et un film transparent1,3,5. Tout comme
les alginates, les mousses prennent de l’expansion au contact de l’exsudat, mais celles-ci ne forment pas de gel1,3.
On doit recouvrir ce type de pansement d’une pellicule
imperméable si le patient désire prendre une douche ou
un bain, car les mousses absorberont facilement l’eau2,4.
Elles peuvent rester en place jusqu’à sept jours, mais si
l’exsudat est abondant, il est préférable de les vérifier
régulièrement et de les remplacer lorsqu’elles sont
Vous trouverez au tableau I un résumé des fonctions des
divers pansements ainsi que des exemples de produits
commerciaux pour chaque catégorie. Le tableau II permettra aussi de mieux définir le rôle de chaque pansement puisqu’ils seront regroupés selon le type de plaies
qu’ils peuvent traiter. Selon la fonction qu’ils remplissent,
nous parlerons de pansement primaire ou de remplissage
s’ils s’appliquent directement sur ou dans la plaie. Ce
dernier pansement servira à combler l’espace mort, à
absorber l’exsudat, à maintenir le milieu humide ou à
débrider la plaie. Le pansement secondaire ou pansement
de recouvrement peut être utilisé seul ou servir à maintenir le pansement primaire en place et compléter son
action. Il n’adhère pas à la plaie, mais au pourtour de
celle-ci. Le pansement d’appoint n’aura d’autre fonction
que de protéger et couvrir la plaie5.
Texte rédigé par
Nancy Desmarais,
B. Pharm., Pharmacie
Nancy Morissette,
et Julie Martineau,
B. Pharm.,
Pharmacie Matte
et Petit.
Texte original soumis
le 1er juin 2005.
Texte final remis
le 8 août 2005.
Révision :
Réjeanne Bouchard,
B. Pharm., M.Sc.,
Pharmacie
Réjeanne Bouchard.
Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005
691
à votre service SANS ORDONNANCE
saturées4. Les pansements de mousse sont offerts en compresses ou en gaufres. On utilise plus souvent les compresses (par ex. : MépilexMD), car leur présentation permet
de bien épouser les formes, tandis que les gaufres servent
pour les cavités profondes. Contrairement aux alginates,
on a rapporté des réactions allergiques avec les mousses2.
Ces pansements sont utiles pour les plaies de stades II, III
ou IV ayant un exsudat modéré à abondant4.
Lors de leur
retrait, les
pansements
hydrocolloïdaux
produisent
une odeur
caractéristique
qui n'est pas
nécessairement
un signe
d'infection.
Pansements hydrofibres
Un seul pansement offert sur le marché fait partie de
cette classe, soit AquacelMD de Convatec. Ce pansement
est composé de fibres de carboxyméthylcellulose pures
non tissées et permet une absorption de l’exsudat
supérieure à tous les autres types de pansements1,2. Il est
semblable aux alginates et comporte sensiblement les
mêmes caractéristiques.
Il formera un gel en absorbant l’exsudat, ce qui permettra au pansement de remplir la plaie et d’être confortable pour le patient1. On le choisira en présence d’une
plaie très exsudative de stades II à IV.
Pansements hydrogels
Les hydrogels sont des polymères insolubles de carboxyméthylcellulose comportant au moins 75 % d’eau.
Ils nécessitent un pansement secondaire peu absorbant et
demandent généralement un changement assez fréquent
selon l’état de la plaie4. Étant donné qu’ils sécrètent l’eau
qu’ils contiennent au niveau de la plaie, on choisira donc
ce pansement si la plaie est sèche ou peu exsudative1,5. Il
est important de placer l’hydrogel seulement au milieu de
la plaie puisque l’application de celui-ci sur la peau saine
comme le pourtour de plaie peut entraîner la macération
du tissu. Son pouvoir hydratant permet un retrait indolore du pansement5. Les hydrogels se présentent sous
plusieurs formes. On favorise les gels amorphes pour les
cavités difficiles d’accès ou les plaies peu profondes, alors
qu’on utilisera les feuilles, les gazes imprégnées et les
mèches imprégnées pour les plaies profondes et peu
exsudatives.
D’autre part, il existe également un gel à base de chlorure
de sodium à 20 % (HypergelMD) qui favorisera le débridement autolytique plutôt que l’hydratation de la plaie4.
L’hypergel est aussi considéré comme un hydrogel.
Pansements hydrocolloïdaux
Les pansements hydrocolloïdaux sont imperméables et
semi-occlusifs (sauf le pansement DuodermMD qui est
occlusif). Ils protègent donc la plaie contre les contaminations puisqu’ils laissent seulement passer l’oxygène. Ils
forment un gel chaud et humide au contact de la plaie et
ils facilitent l’autolyse ainsi que la formation du tissu de
granulation5. Ils sont simples d’utilisation et ne nécessitent pas absolument un pansement secondaire. Par contre, ils peuvent occasionner une macération de la peau
puisque le pansement doit être appliqué de telle sorte
qu'il déborde de 3 cm des bords de la plaie, d’où l’impor-
692
Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005
tance de bien maîtriser l’exsudat à l’intérieur de la plaie8.
Ce type de pansement produit un gel visqueux
nauséabond. Lors de son retrait, il dégage une odeur
caractéristique (sauf CutinovaMD qui ne se décompose pas
dans la plaie) qui n’est pas nécessairement un signe d’infection1,4. Il faut se souvenir qu’une plaie contaminée ne
veut pas dire une plaie infectée. De plus, étant donné
qu’ils sont opaques, il est difficile d’évaluer la plaie sans
retirer le pansement5. Il existe des hydrocolloïdes qui sont
minces et d’autres plus épais. On peut employer les
hydrocolloïdes pour des plaies de stades I à IV, mais la
particularité des hydrocolloïdes plus épais est qu’on peut
les utiliser comme pansements secondaires, par exemple
lors de plaies nécrotiques ou fibrineuses en complément
d’un hydrogel4. On doit éviter les hydrocolloïdes en
présence d’une plaie infectée sans suivi médical
puisqu’une plaie infectée requiert des nettoyages et des
changements fréquents. On les évitera aussi pour les
plaies très exsudatives, en présence d’un ulcère diabétique
ou artériel ou lorsque le patient souffre d’une allergie à
l’un des composants du pansement5.
Gazes imprégnées
Les gazes imprégnées constituent une famille
hétérogène puisque la fonction de la gaze varie grandement en fonction de la substance qui y est imprégnée.
Nous allons donc les subdiviser en fonction du produit
qui leur est ajouté.
Les gazes de gelée de pétrole
La gelée de pétrole a pour but d’empêcher le pansement
d’adhérer à la plaie5. Les gazes imprégnées de gelée de
pétrole laissent passer librement l’exsudat qui peut alors
être absorbé par le pansement secondaire7. On peut les
utiliser afin d’empêcher le pansement secondaire
d’adhérer à la plaie4. On emploie ce type de pansement
principalement pour couvrir les sites de greffes, les
lacérations, les abrasions ou les brûlures mineures ainsi
que pour les ulcères7. Leur fréquence de changement est
généralement quotidienne, mais elle peut aussi correspondre à celle du pansement secondaire4.
Les gazes hypertoniques
Elles sont constituées de gaze de rayonne et de polyester
imprégnées de chlorure de sodium concentré. C’est l’hypertonicité du pansement qui permet d’absorber un
exsudat modéré à abondant et les tissus nécrotiques. Le
pansement qui est appliqué est sec, mais il est préférable
de l’irriguer au normal salin avant de le retirer4. Ils sont
utiles pour le débridement des plaies, car ils favorisent
l’autolyse. On peut aussi les utiliser lorsque la plaie est
infectée puisqu’ils absorbent les bactéries. Les principaux
désavantages de ce type de pansement sont la sensation de
brûlure transitoire qu’ils créent à l’application et l’irritation pour les tissus sains entourant la plaie. Il est donc
préférable de protéger la peau environnante en appliquant une barrière cutanée telle la pâte d’ihle9.
Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie)
Tableau I : Les rôles des différents types de pansements
Type de pansement
Fonctions1-4
Exemples1-3 (nom du fabricant)
Pansements non adhésifs • Empêchent le pansement secondaire de coller
secs
• Protection contre la friction et le milieu extérieur pour
les blessures mineures
• Peuvent remplir l’espace mort
• Absorbent l’exsudat
• Peuvent servir au débridement mécanique
(passage de humide à sec)
•
•
•
•
•
Telfa (KI)
Ete (Me)
Omniderm
NuGauze
Kling (gaze en rouleau)
Pellicules transparentes
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Opsite Flexigrid (stérile) (SN)
Opsite Flexifixt (non-stérile) (SN)
Tegaderm (3M)
Bioclusive (JJ)- Polyskin (KI)
Melfilm (Me)
Pansements absorbants :
Alginates
• Débridement autolytique des plaies jaunes (présentant
une nécrose humide ou une fibrine de couleur jaune)
• Absorbent l’exsudat
• Protègent des traumatismes
• Favorisent l’hémostase
• Gardent le milieu humide
•
•
•
•
•
Kaltostat (Cc)
Algisite M (SN)
Sorbsan
Restore Calcicare (Hr)
Melgisorb (Me)
Pansements absorbants :
Mousses
• Absorbent l’exsudat
• Favorisent la granulation
• Protègent des bactéries et des variations
de température
• Favorisent un débridement autolytique
• Remplissent l’espace mort
•
•
•
•
•
•
•
•
Allevyn (SN)
Lyofoam (Cc)
NuDerm
Curafoam (KI)
Tielle (JJ)
Hydrosorb (Kol)
Mépilex (Me)
Mépilex border (Me)
Hydrocolloïdes
•
•
•
•
•
Procurent un milieu humide
Favorisent l’autolyse
Favorisent la granulation et l’épithélisation
Absorbent un exsudat léger à modéré
Protègent des bactéries
• DuoDerm (pâte, gel, feuilles imperméables
et semi-perméables) (Cc)
Feuilles semi-perméables :
• Comfeel (Ct)
• Restore (Hr)
• Tegasorb (3M)
• Cutinova (SN)
Hydrofibres
•
•
•
•
Remplissent l’espace mort
Favorisent la granulation
Semblables aux alginates
Capacité d’absorption de l’exsudat supérieure à tous
les autres types de pansement
• Aquacel (Cc)
Hydrogels
•
•
•
•
•
•
•
Hydratent la plaie
Permettent un débridement autolytique
Utiles pour une plaie sèche peu exsudative
Peuvent entraîner la macération du tissu sain
Demandent un pansement secondaire
Diminuent la douleur
N’adhèrent pas à la plaie
• Amorphes: Tegagel (3M), Intrasite gel (SN)
Nu-gel (JJ) Normgel (Me), Curafil (KI),
Restore hydrogel (Hr)
• Feuilles : Curagel (KI), Nu-gel (JJ)
• Gazes imprégnées : Intrasite (SN), Restore
(Hr), Curafil (KI), Tegagel (3M)
• Mèches imprégnées : Restore (Hr)
Gazes imprégnées :
Gelée de pétrole
• Empêchent le pansement secondaire d’adhérer
à la plaie
• Laissent passer l’exsudat
• Adaptic (JJ)
• Jelonet (JJ)
Gazes imprégnées :
Antibactérien
• Empêchent la croissance bactérienne (toutefois, des
résistances sont possibles)
• Adjuvants à une thérapie antibiotique pour les plaies
infectées
• Empêchent le pansement secondaire d’adhérer à la plaie
• Bactigras
• Sofratulle
• Iodosorb (Sn)
D’autres pansements contiennent des ions
d’argent (par ex. : Actisorb Plus (JJ), Silverleaf
(DRM))
Gazes imprégnées :
Hypertonique (NaCl)
•
•
•
•
• Mesalt (Me)
• Curasalt
• Thalafix (Dx)
Permettent de favoriser un milieu humide
Protègent du frottement et du milieu extérieur
Permettent de visualiser la plaie
Peuvent servir de pansement secondaire
Pansement primaire en présence de plaies de stade I ou II
Permettent de ramollir le tissu nécrotique
Absorbent les bactéries
Favorisent le débridement de la plaie
Absorbent l’exsudat
Suite du tableau à la page suivante.
Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005
693
à votre service SANS ORDONNANCE
Type de pansement
Fonctions1-4
Exemples1-3 (nom du fabricant)
Gazes imprégnées : Silicone • N’adhèrent pas à la plaie
• Peuvent être laissées en place jusqu’à
cinq jours
• Mepitel (Me)
Pansements à périphérie
adhésive
• Recouvrent et protègent la plaie
• Pansements secondaires résistants
à l’eau
• Faible pouvoir d’absorption
• Alldress (Me)
• Airstrip
• Opsite Post Op (SN)
Pansements anti-odeurs
• Contrôlent les odeurs
• Carbonet (SN)
• Peuvent être utilisés pour les plaies infectées • Actisorb (JJ)
• Actisorb Plus et Carboflex
• Carboflex (Cc)
s’appliquent directement sur la plaie
Noms de fabricants (liste non exhaustive) : Cc : Convatec; Ct : Colopast; DRM: D.R Medical Inc.; Dx : Dumex; Hr: Hollister; KI: Kendall;
Kol : Knoll; JJ : Jonhson & Jonhson; Me : Mölnlycke; SN : Smith & Nephew; Wd: Winfield Laboratories; 3M : 3M
Les gazes imprégnées d’antibiotiques
ou d’antibactériens
Il existe une gamme de produits pour limiter la croissance
bactérienne, soit la framycétine, les ions d’argent, le
cadexomère d’iode et la chlorexidine. Comme nous
l’avons vu dans la première partie de cet article, la nécessité d’utiliser de tels produits lors du traitement d’une
plaie est grandement controversée. De plus, il faut être
vigilant et surveiller les incompatibilités, les contre-indications et les allergies à ces produits. En raison de sa composante en iode, l’IodosorbMD est contre-indiqué en cas
d’allergie à l’iode et de problèmes thyroïdiens. On doit
l’utiliser avec précaution chez la femme enceinte ou qui
allaite, ou en cas d’insuffisance rénale. Leur emploi pour
les plaies est donc surtout limité à la prévention des
infections, mais on peut aussi les utiliser comme adjuvant à un traitement antibiotique lors d’une infection
déjà existante5.
Les gazes imprégnées de silicone
Le seul représentant de cette classe est le MepitelMD.
L’enduit de gel de silicone permet au pansement de ne pas
adhérer à la plaie, de le retirer facilement sans endommager le nouveau tissu et d’examiner la plaie sans enlever
le pansement. Il est principalement utilisé pour les
brûlures du second degré, les maladies bulleuses de la
peau (par ex. : l’épidermolyse bulleuse), les plaies chirurgicales et les abrasions de la peau7. Ce pansement peut
rester en place jusqu’à cinq jours. Tout comme les gazes
imprégnées de gelée de pétrole, il laisse passer l’exsudat
sans l’absorber lui-même7.
Pansements à périphérie adhésive
On les utilise principalement comme pansements
secondaires et ils remplissent des tâches multiples selon
les composants de couches qu’ils comportent. Ils permettent une protection adéquate contre l’eau et les bactéries
tout en étant semi-perméables, ce qui permet une
maîtrise de l’humidité du milieu. Ces pansements présentent un contour adhésif et un filet poreux au centre10,11.
Cela permet au pansement de ne pas adhérer à la plaie au
centre tout en protégeant celle-ci du milieu extérieur
694
Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005
étant donné le pourtour adhésif en périphérie10,11. Le pouvoir absorbant de ces pansements est limité. Ils
empêchent toutefois le liquide de la plaie de couler à l’extérieur de celle-ci. On peut les employer autant pour des
plaies chirurgicales que pour des plaies chroniques9,10.
Leur principal désavantage est leur coût élevé.
Pansements anti-odeurs
Ces pansements sont utiles en présence de plaies infectées, malodorantes, fibrineuses ou lors d’une fistule fécale.
On peut les employer lorsqu’une plaie malodorante
présente une infection à champignons ou une nécrose7.
Ils permettent l’absorption des odeurs et une absorption
modérée des exsudats. Ils peuvent être laissés en place
jusqu’à saturation ou jusqu’à la réapparition de la mauvaise odeur4. Ces pansements sont formés d'une couche
de charbon actif associée à des propriétés absorbantes et
non adhérentes. Il ne faut pas mouiller ou couper ces
pansements4. Actisorb PlusMD et CarboflexMD s’appliquent
directement sur la plaie, tandis que CarbonetMD nécessite
un pansement secondaire. Les contre-indications peuvent
être liées au pansement choisi. Par exemple, Actisorb
PlusMD contient des ions d’argent et du nylon, et il n’est
donc pas recommandé chez les patients allergiques à ces
produits7. De plus, puisque ces pansements ont une
capacité d’absorption modérée, il faut être prudent lors
de leur utilisation sur une plaie peu exsudative afin qu’ils
ne la dessèchent pas.
Les associations
Enfin, il existe aussi des pansements constitués de l’association de deux groupes différents. Ces types de pansements permettent la combinaison des propriétés de
plusieurs classes. Deux associations contenant un alginate
sont sur le marché. La première contient un hydrocolloïde et est offerte sous le nom de UltecProMD de Kendall,
alors que la seconde, Fibracol PlusMD de Johnson &
Johnson, est constituée de collagène1. La compagnie
Convatec commercialise deux associations. La première
est composée d’un hydrofibre avec des ions d’argent
(Aquacel-AgMD) et la deuxième, VersivaMD, associe une
mousse, une hydrofibre et un hydrocolloïde. Lorsque
Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie)
toutes les conditions sont réunies pour utiliser l’association de ces mêmes types de pansements, cela peut éviter
l’achat de plusieurs produits.
Peut-on les substituer ?
Plusieurs compagnies proposent des produits pour
chaque catégorie de pansement. Il est donc peu concevable de tenir dans nos pharmacies des exemplaires de
tous les types de pansements de chacune de ces compagnies. Il faut être très vigilant lors du choix du pansement,
car plusieurs produits différents peuvent porter un nom
similaire (par ex. : produit de la gamme Opsite, Aquacel
et Aquacel Ag…). Cependant, avant de substituer un
pansement à celui qui est prescrit, il faut s’assurer qu’il
réponde à toutes les considérations relatives à la substitution d’une ordonnance présentée à l’article 21 de la Loi
sur la pharmacie12, lequel spécifie que « le pharmacien
doit exécuter une ordonnance suivant sa teneur intégrale,
mais il peut toutefois, pourvu qu’il avise le client et qu'il
l'inscrive à son dossier, substituer au médicament prescrit
un médicament dont la dénomination commune est la
même, à moins d'indication contraire formulée de sa
main par l'auteur de l'ordonnance ».
Conclusion
Les soins de plaies constituent un volet de la pharmacie
souvent négligé dans la pratique actuelle. Or, étant
donné le vieillissement de la population ainsi que le
maintien des patients à domicile, le pharmacien sera
l’un des professionnels de la santé le plus souvent questionné à ce sujet. Non seulement il devra connaître les
pansements offerts sur le marché, mais il devra également conseiller le patient quant au pansement qui serait
le plus approprié pour lui. Un choix judicieux pourrait
grandement influencer le processus de guérison. Le mot
de la fin : chaque plaie trouve son pansement ! ■
Tableau II : Les différents stades de la plaie et les pansements appropriés pour chaque stade2,4,5
Phase de la plaie Caractéristiques des plaies
Pansement
Stade 1
•
•
•
•
Peau intacte
Rougeur de la peau persistante
Pas d’exsudat
Douleur possible
Stade 2
• Lésion superficielle impliquant une perte
de l’épiderme
• Atteinte du derme possible
• Exsudat peut être présent, mais peu
abondant
• Douleur possible
• Film transparent
• Pansement hydrocolloïde
• Gaze imprégnée de NaCl 0,9 %
• Protecteur cutané
Si exsudat : alginate, hydrofibre, pansement
de mousse
Stade 3
•
•
•
•
•
La lésion atteint les tissus sous-cutanés
La plaie est rouge et irrégulière
Exsudat modéré à abondant
Tissu fibrineux ou nécrotique possible
Espace mort, fistule ou sinus peuvent être
présents
• Souvent indolore
• Alginate
• Mousse
• Hydrofibre
• Hydrogel
Pansement secondaire :
• Film transparent
• Hydrocolloïde
Stade 4
• Atteinte des structures profondes
(os, muscles, tendons)
• Exsudat léger à abondant
• Tissu nécrotique possible
• Souvent indolore
Le choix dépend de la quantité d’exsudat.
• Alginate
• Mousse
• Hydofibres
• Hydrogels
• Anti-odeur (si nauséabond)
Pansement secondaire :
• Film transparent
• Hydrocolloïde
Stade
non déterminé
• Plaie difficile à classer à cause de
l’importance du tissu nécrotique
• Tout pansement permettant l’autolyse
(Gaze imprégnée de solution hypertonique, hydrocolloïde, alginate…)
Références
1. Mallet L, Grenier L, Guimond J et coll. Manuel de soins
pharmaceutiques en gériatrie. 1re éd. Les Presses de
l’Université Laval, Québec, 2003 : 281-97.
2. Ruston L. Wound Care. Pharmacy Post 1998; CE : 1-7.
3. Cuzzell J. Wound Assessment and Evaluation. Wound
Dressing : Confusion or Choice ? Dermatology Nursing
2002; 14(3) : 187-91.
•
•
•
•
•
Film transparent
Pansement hydrocolloïde mince
Mousse
Hydrogel
Pansement protecteur cutané
4. Néron A (rédactrice). Guide pratique des soins palliatifs :
gestion de la douleur et autres symptômes, 3e édition.
Montréal : APES, 2002 : 241-55.
5. Smith RG. (2005, mai) « Wound Care Product Selection ».
U.S. Pharmacist [En ligne], Adresse URL : www.uspharma
cist.com/ce/2716/default.htm
Suite à la page 697
Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005
695
Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie)
6. Bolton L. Kaltostat : a calcium-sodium alginate dressing.
Bristol Myers Squibb 1997, 1-19.
7. Dressing.org (mai 2005) « Dressings Data Cards » Surgical
Materials Testing Lab. [En ligne], Adresse URL :
http://www.dressings.org/dressings-datacards-by-alpha.html
8. Farma 2004 Compendium (mai 2005) « Pansement
Duoderm Hydroactif » Farma 2004 [En ligne], Adresse URL :
h t t p : / / w w w. f a r m a c o m p e n d i u m . b e / H T M L / 0 9 9 7 317_F.htm
9. Bouchard H. Morin J. (août 2005) « Les pansements
d’utilisation courante ». Université de Sherbrooke [En ligne],
Adresse URL : http://cfc.med.usherbrooke.ca/SYLLABUSWEB/2004-2005/2004-10-15/bouchard_morin4.pdf
10. Mölnlycke Health Care : Wound Care Business Area.
(mai 2005) « AlldressMD ». Mölnlycke Health Care
[En ligne], Adresse URL : http://www.tendra.com/index.
asp?id= 917&pid=558&lang=2
11. Smith & Nephew : Wound management (mai 2005)
« Opsite Post-Op Technology » Smith&Nephew [En ligne],
Adresse URL : http://wound.smith-nephew.com/uk/node.
asp?Node Id=3266
12. Loi sur la pharmacie, L.R.Q, c. P-10, art.21.
Formation
Continue
Veuillez reporter vos réponses dans le formulaire de la page 746
7) Parmi les situations suivantes, laquelle est vraie ?
A Les hydrogels sont semblables aux alginates.
B Lors du retrait des pansements hydrocolloïdaux,
il faut être à l’affût d’une odeur nauséabonde
puisqu’elle serait un signe assuré d’une infection.
C Un film transparent peut être un pansement
approprié pour une plaie de stade I ou II.
D Les hydrofibres laissent des débris fibreux dans
les plaies.
E Il est important de mouiller une gaze imprégnée
de NaCl hypertonique avant de l’appliquer.
8) Parmi les situations suivantes, laquelle est
fausse ?
A Les hydrogels peuvent entraîner la macération
des tissus sains.
B Les pansements anti-odeurs peuvent être utilisés
sur des plaies infectées.
C Les alginates peuvent être appliqués sur une plaie
avec un faible exsudat.
D Les gazes imprégnées de gelée de pétrole laissent
passer l’exsudat.
E Les hydrofibres sont semblables aux alginates.
Québec Pharmacie vous souhaite
un joyeux temps des Fêtes !
Le comité de rédaction de Québec Pharmacie vous offre, chers lecteurs,
ses meilleurs vœux de bonheur, de santé et de prospérité.
Le comité désire souligner aussi le travail, la collaboration
et le soutien de toute l’équipe « pharmaceutique »
de Rogers Media : Caroline Bélisle,
Caroline Baril, Catherine Hébert, Stéphane Paradis,
Sylvie Gourde et Josée Boudreau.
Nous profitons également de l’occasion pour remercier
chaleureusement tous les collaborateurs, rédacteurs,
auteurs et réviseurs qui ont participé à la production
de la revue tout au cours de l’année 2005.
Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005
697