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Vendredi 7 février 2014 // No 178
Bevaix
La coupe
des vices P. 4
CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch
Nyon
Dieudonné mais
pas gratuit P. 5
Lausanne
Poulet aux prunes
P. 7
* nom connu de la rédaction
JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA
*
14 février
Nos arrangements
floraux P. 17
2
C ’ ES T P AS P OUR D IRE !
Eh bien, jouez
maintenant !
Roger Jaunin
C
irculez, les retardataires, il n’y a plus rien à voir.
C’est con, ça : à quelques jours près, on vous en
aurait fichu plein la vue. Des images de forêts
dévastées, de rivières à l’écosystème à jamais
bousillé, de familles expropriées par les flics
et les bulldozers, puis relogées dans des taudis sans eau ni
électricité, de kilomètres d’autoroutes à prix pharaoniques, de
bâtiments de dix étages construits sur des sables mouvants et
de champs de gravats pour une demi-éternité répandus sur ce
qui était encore, il y a peu, des jardins.
Mais tout ça, c’était avant. Avant que le bastringue commence.
Que les caméras, forcément dociles puisque inféodées au
pouvoir, balaient les pistes immaculées et les enceintes
rutilantes (pour combien de temps ?) ; qu’elles multiplient les
gros plans sur le gratin des sports d’hiver, membres du CIO et
dirigeants russes confondus « au nom de l’olympisme ».
Les Jeux de Sotchi coûteront quarante ou, on ne sait trop,
cinquante milliards de dollars au peuple russe. Un tiers, voire
la moitié de cette somme est partie en pots-de-vin ; et il n’est
pas exclu qu’un certain Vladimir premier du nom – dont selon
certains analystes la fortune tournerait autour des cinquante
milliards de nos francs – ne se soit lui aussi servi au passage.
Et alors ? Alors, on s’en fout ! Nous, ce qu’on veut, ce sont
des Jeux. Et c’est bien ce qu’on va nous montrer : le sourire
de Lara Gut, celui, édenté, d’un joueur de hockey canadien,
mille matches de NHL dans les gencives, des bobeurs plus
rapides que l’éclair, et les petits culs des danseuses sur glace.
Du sport, du vrai, quoi ! Pas des embrouilles politico-écolocrimino-économiques.
Du sport et puis des médailles. Beaucoup de médailles pour
bien figurer au classement par nations et par bibelots. Et là,
on verra bien qui des Russes, des Américains, des Français et
des Suisses sont les plus forts.
Le reste est sans importance aucune. Sauf, peut-être, qu’il ne
faudrait pas que le tremplin de saut à skis, comme c’est déjà
arrivé deux fois parce que lui aussi a été construit là où il
n’aurait pas fallu, s’effondre sous les soixante kilos de notre
Simon Ammann. Lequel, dans cette vaste escroquerie, est loin
d’être le seul à voler pour de l’or.
Vigousse vendredi 7 février 2014
Q UE L L E SE M AINE !
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Ç A , C ' ES T FAI T !
Cannibalisme enfariné
La Fédération romande des consommateurs (FRC) craint que la Suisse
n'emboîte le pas à l’Union européenne en autorisant à nouveau les farines
animales (Mieux Choisir, 28.01.14). La FRC a débusqué des marchands
suisses prêts à se faire du blé avec la farine. « Actuellement, une grande
partie des morceaux non consommés en Suisse sont exportés ; d’autres
résidus sont transformés en nourriture pour animaux domestiques, un
débouché très rentable. » De la vache folle aux lasagnes de cheval, les
autorités sanitaires n’ont pas une mémoire d’éléphant.
Ça l’affiche mal
« Bientôt 1 million
de musulmans ? »
questionne une pub
parue dans la presse
romande. Sous un
graphique abscons, les
logos de la Lega et du
Mouvement citoyens
genevois accompagnent
la référence au « comité
d’Egerkingen ». Le
Mouvement citoyens
genevois se dit victime
d’un malentendu, lui
dont le conseiller d’Etat
Mauro Poggia s’est
converti à l’islam en
1996. Un malentendu ?
Inch’Allah !
LE CHIFFRE
67 000
francs
C’est la somme que réclamait
la mère d’un enfant de Buenos
Aires fauché par une voiture.
Pas n’importe laquelle, celle
de l’ambassadeur suisse en
Argentine Johannes Matyassy.
Au volant de la VW blanche
diplomatique se trouvait le
jeune compagnon du diplomate.
L’assurance propose 1300 francs
à la famille de la victime. Et une
boîte de Ferrero Rocher ?
Mauvais genre
Effrayés par la « théorie
du genre » à laquelle ils
n’ont manifestement
pas tout compris, des
milliers de protestataires
français, pour la plupart
catholiques conservateurs, descendent dans
la rue : ils accusent le
gouvernement de vouloir changer les garçons
en filles et réciproquement. Emportés par leur
élan, ces dignes militants
ne devraient pas tarder
à manifester contre la
théorie du chaos et la
théorie de la relativité.
Musique
de chanvre
Le vieux débat sur la libéralisation du cannabis est
relancé par des experts
fédéraux. Sur les modèles
de vente libre états-unien
et uruguayen, ainsi que les
« Cannabis Social Club »
espagnols, des solutions
vont être examinées pour
réduire marché noir et trafic. Peine perdue : d’ici que
nos autorités se mettent
d’accord, les consommateurs seront tous passés au
joint électronique.
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FAI T S D IVERS E T VARIÉS
FAI T S D IVERS E T VARIÉS
La bête noire de but en blanc
Un parc ratiboisé
Zone à pâtir La commune de Bevaix a fait abattre
230 arbres prétendument malades. Craignant que cette
coupe rase ne dissimule un projet immobilier, bien
des habitants en sont malades.
A Bevaix, riante bourgade de
3800 habitants au bord du lac de
Neuchâtel, les autorités tentent
tant bien que mal de calmer la
population, qui pleure un parc sublime au centre du village. Propriété de la famille Zutter, la maison de
maître du Closel a été rachetée par
la commune pour 3 millions de
francs, suite à un référendum. Et le
29 novembre dernier, les tronçonneuses sont entrées dans la danse.
Fer de lance de la contestation,
le chanteur lyrique retraité Armand Arapian ne décolère pas :
« Au début, je me battais pour les
arbres, mais là je sens l’arnaque
politique. Car dézoner cette parcelle
de 10 000 mètres carrés rapporterait
gros », s’enflamme-t-il. Il a photographié les 230 souches, histoire
de prouver que les arbres sacrifiés
étaient sains.
Mis en cause, le président de
commune, le bien nommé Cédric
Maire, se défend : « Il y avait un
Shoah et bonne humeur
Sans propos antisémites mais
sans concessions, sans peur mais
sans reproches, Dieudonné a fait
beaucoup rire. C’est très triste pour
les censeurs.
problème sanitaire, mais aussi de
sécurité. » Dans un reportage de
la RTS, il parle d’arbres malades
à partir de 1,5 mètre de hauteur
(ce qui fait rire les spécialistes)
et de danger de chute sur la ligne
CFF et les bâtiments.
Ce vendredi 7 février, Armand
Arapian et ses amis déposent une
pétition munie de plus de 570 signatures (« et sur 1400 votants, c’est
plutôt bon ! ») pour que le terrain
soit replanté. Et comme ces râleurs
craignent que leur « poumon vert »
soit dézoné pour passer en zone
constructible, ils réclament aussi
que la population soit consultée
en cas de réaffectation.
Il faut dire que le soupçon se nourrit du nouvel emploi de Cédric
Maire. Depuis décembre, il travaille
en effet chez Foncia Geco, une régie immobilière. Et la rumeur lui
prête le rôle de sous-marin pour la
construction de luxueuses villas.
« J’ai bien pensé que certains verraient d’un mauvais œil mon nouvel
emploi. Foncia est une grande entreprise, je m’occupe d’administration
et non de construire des PPE. »
D’autres imaginent des appar-
tements en terrasse pour attirer
une riche clientèle. « Toujours un
sourire aux lèvres, c’est un bonimenteur de première, disent les
adversaires de Cédric Maire ; il a
été représentant de croquettes pour
chiens, puis de matériel médical. »
Elu de l’Entente bevaisanne, il
s’est présenté au Grand Conseil en
2013 sur la liste des Verts libéraux,
sans succès.
Habitant à ban
Dans le reportage diffusé le 23 janvier par la RTS, on voit Armand Arapian devant un grillage avec en toile
de fond le vide laissé par l’abattage des arbres du Closel.
« J'avais rendez-vous avec le journaliste et le cameraman devant le portail. Lorsque je suis entré dans le
parc pour voir les souches, un agent de sécurité m’a demandé de sortir du Closel. Il a appelé son supérieur
et m’a dénoncé à la police cantonale. » Sur quoi un grand policier plutôt sympa et un petit policier pas
commode ont débarqué : « Le petit roquet ne voulait pas qu’on le filme, il s’en est pris au cameraman qui
a continué malgré les éclats de voix. » Finalement, ça s’est calmé. « J’ai promis de ne plus entrer dans Le
Closel et ça s’est arrêté là. Les journalistes se sont vraiment rendu compte des tensions bevaisannes. »
De fait, Cédric Maire avait autorisé le tournage, mais exclu la présence, à l’intérieur du parc, d’Armand
Arapian. Lequel est le seul citoyen interdit de séjour au Closel… « Si c’est un bien public, ça reste une
propriété privée », justifie Maire. Arapian réplique : « Je n’avais enfreint aucune loi parce que Le Closel,
que je sache, n’a pas été mis à ban. Il n’y a aucun panneau l’indiquant. » Il n’y a plus qu’à en mettre un qui
stipule « interdit aux chanteurs d’opéra ».
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« Cette affaire est montée en
épingle par un quérulent, retraité
du monde du spectacle, qui a envie
de rester sur scène », argue Cédric
Maire qui, visiblement, n’est pas
amateur d’opéra. « Il faut être
clair : ça ne sera jamais comme
avant. On fait un drame avec rien.
Moi, je suis né au village et nous
passions volontiers la haie pour
aller jouer dans le parc, autour de
la maison de la sorcière », se souvient-il. « On n’a pas acheté pour
en faire quelque chose de précis,
mais la situation idéale du Closel
nous fait une magnifique réserve
pour la collectivité si le village
s’agrandit. Et nous ne sommes pas
New York : avec 466 hectares de
forêt, la commune n’a pas besoin
de poumon vert… »
Armand Arapian le reconnaît, il
est colérique : « Normal, je suis
marseillais. Mais si cette situation
découle de l’incompétence, c’est
grave. S’il y a un projet caché, c’est
encore plus grave. » Etabli depuis
vingt ans à Bevaix, il a des convictions bien ancrées. Il a goûté à la
matraque des CRS en 1968 sur la
Canebière, il a refusé de chanter
dans le Chili de Pinochet. Et s’il
apprécie la démocratie helvète, il
ne supporte pas les mensonges.
Si dans quelques années Le Closel est devenu une zone villas, on
saura que ce Marseillais-là n’exagérait pas. Jean-Luc Wenger
Nyon, lundi 3 février, 19 heures. Le parvis du théâtre
rappelle celui d’un tribunal lors d’un procès sulfureux :
une armée de flics et de vigiles, des grappes de journalistes. Avec Caro, on est là pour Vigousse ; mais pas
moyen d’échapper à la ruée des stylos, des micros et
des caméras : Le Matin, 24 heures, La Télé, RTS « Mise
au point », RTS « Le 12.45 », RTS La 1ère, la Radio suisse
italienne… tous avec les mêmes questions : « Que pensez-vous de Dieudonné ? », « A quoi vous attendez-vous ? »,
« Et la polémique ? » Une heure et demie plus tard, rebelote : « Comment avez-vous trouvé le spectacle ? A-t-il
dépassé les bornes ? » Légitime curiosité, sachant que
l’immense majorité des journalistes agglutinés dehors
n’a pas pu voir la représentation, faute de billet. « C’était
complet, notre rédaction n’a pas été fichue d’obtenir des
entrées », rouspètent certains.
A Vigousse, au moins, on est débrouille. On a eu des
sésames de dernière minute grâce à Djily Diagne (merci), qui produit la tournée suisse de Dieudonné. On
entre avant tout le monde. Dans le hall, entre deux
silhouettes grandeur nature de l’artiste, la boutique
attend les chalands : T-shirts à « quenelles », affiches,
DVD. Tréfilée entre agents de sécurité et scanneurs de tickets, la foule entre
au compte-gouttes. Que des
mecs ou presque, jeunes
pour la plupart. Et des
contrôleurs de la Licra
et de la commune de
Nyon, assez faciles
à repérer.
Dans le théâtre
bondé, Dieudonné démarre
fort, balance les
vannes, torpille
les censeurs, les
huissiers et les
caméras municipales à l’affût
du dérapage.
« Je ne suis pas
antisémite », répètet-il. Il singe un
représentant de la
Coordination intercommunautaire contre
l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), évoque les
Rothschild et les nazis, étrille Elie Semoun... Un vrai
fouteur de merde, quoi, qui fait dans la provocation
féroce et jubilatoire. Mais qui ne fait aucunement l’apologie d’un crime contre l’humanité ni ne rit de ses victimes. Et puis tout ça est assez secondaire : l’humoriste
(oui, c’en est un, et un bon) caricature abondamment
les Africains, la chair à canon noire sous les drapeaux
tricolores ou les usines à bébés du Niger, organes séparés sur demande.
Bien sûr, une partie du public applaudit bien plus fort
ses bravades contre certains Juifs. Tous antisémites ?
Sans doute pas : inconditionnels de Dieudonné, ils
jouent son jeu du héros seul contre tous.
Après plusieurs « quenelles » dirigées tous azimuts, le
spectacle s’achève dans le grinçant et même l’émotion :
Dieudonné évoque non sans humour le souvenir d’un
jeune Genevois atteint d’un cancer généralisé en phase
terminale, et qui rêvait de le rencontrer. Accueilli à
Paris et monté sur scène, le malade amaigri, sans cheveux ni sourcils, a fait quoi ? Une « quenelle », enfoncée
« dans le fion de la peur ». Noir.
C’est quand la salle se rallume pour l’ovation que sur-
vient un léger malaise : des dizaines de jeunes types debout, fervents, uniformes, alignés, font la « quenelle »
comme à la parade. Un détail semble échapper à ces
idiots : quel qu’en soit le sens symbolique, les formes
grégaires de salut discipliné, garde-à-vous ou autres,
conviennent plutôt mal à l’esprit libertaire… Tant
pis : après tout ils ont le droit, eux aussi, de faire rire.
Laurent Flutsch, dessins Caro
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FAI T S D IVERS E T VARIÉS
FAI T S D IVERS E T VARIÉS
C’est pour emporter ?
Happy Meal Selon une étude, les condamnés à mort envisagent leur dernier repas différemment
selon qu’ils clament leur innocence ou non. Un petit digestif pour la route ?
Voilà une épreuve intéressante
pour une de ces innombrables
émissions culinaires genre Master
Chef : composer le dernier repas
d’un condamné à mort. Oui, c’est
morbide mais pas aussi débile
que de « revisiter » la choucroute
ou « sublimer » une sardine. Et
puis il se trouve que c’est plein
de surprises, les derniers repas de
condamnés. Instructif même.
Tenez : exécuté en 1992 dans
l’Etat d’Arkansas, Ricky Ray
Rector avait demandé une
tarte aux noix de pécan
comme dernier dessert.
Excellent choix ! Tellement
il était heureux, ce brave
Ricky, qu’il avait demandé à
ce qu’on lui mette les restes de
côté, « pour plus tard »… C’est
que ce garçon souffrait d’un retard
mental sévère depuis qu’il avait
tenté de se suicider en se tirant
une balle dans la tête : pour comprendre qu’on va mourir pour de
bon, ça aide d’avoir un lobe frontal.
En 1998, Frank Basil McFarland,
lui, s’est contenté d’une portion de
laitue et quatre racines de céleri :
c’est pas parce qu’on va mourir qu’il
faut se laisser aller ! Une modération à comparer aux exigences de
Lawrence Russell Brewer, exécuté
en 2011 au Texas : poulet frit, sauce
repas et trépas
et oignons ; triple cheeseburger,
omelette au fromage et bœuf haché,
tomates, oignons et piments ; un bol
de gombos frits avec ketchup ; une
livre de viande de barbecue avec
une demi-miche de pain blanc ; trois
fajitas ; une pizza à la viande ; un
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Vigousse vendredi 7 février 2014
LE COURRIER
pot de crème glacée ; du beurre de
cacahuète aux cacahuètes brisées ; et
trois « root beers ».
Considérant qu’il s’agissait là d’un
foutage de gueule caractérisé, un
sénateur de Houston obtint non
seulement l’annulation de cette
commande mais carrément celle
de la tradition du dernier repas au
Texas. Ce qui n’a pas empêché Gary
Carl Simmons, en 2012, au Mississippi, de s’envoyer 28 974 calories
en pizza, parmesan, glace à la fraise,
chips au fromage, frites, milkshakes
et Coca… Le goût du paradis sans
doute.
Au-delà des anecdotes, que dit
exactement le choix du dernier
repas sur la psychologie d’un
condamné ? Deux chercheurs
en management et économie de
l’université Cornell, à New York,
ont tenté d’aborder cette
question. Compulsant les
dossiers de 247 condamnés à mort aux Etats-Unis
entre 2002 et 2006, ils parviennent à un résultat intrigant. D’abord, ils trouvent
que dans leur grande majorité les condamnés à mort
commandent un dernier repas (209/247). Seulement,
il y a une nuance : ceux qui
clament leur innocence ont
2,7 fois plus de chances de
décliner le dernier repas que
ceux qui admettent leur culpabilité (29 % contre 8 %). Et quand
ils le demandent, les premiers
mangent (un peu) plus léger : 2085
contre 2786 calories, soit 34 % en
moins.
Faut-il en conclure que le sentiment d’injustice coupe l’appétit ?
Qu’accepter un dernier repas serait
légitimer un rituel barbare et, partant, admettre sa culpabilité ? Ou
que l’acceptation de son sort rend
plus vorace ? Difficile d’interpréter ces résultats sans en savoir plus
sur chaque cas, mais les auteurs
proposent tout de même d’examiner le dernier repas comme un
possible « test d’innocence » chez
les condamnés à mort. On ne peut
décidément plus rien bouffer sans
Sebastian
se sentir coupable…
Dieguez
Death Row Confessions and the Last
Meal Test of Innocence, K.M. Kniffin et
B. Wansink, Laws 2014, 3, 1–11.
Appel à témoins : fermez-la !
DU CHIEUR
Daube de poulet A Lausanne, le témoin d’une arrestation musclée pose une question au policier.
Réponse : une prune.
A Valentin
Le 31 mars prochain, Jacques*
comparaîtra devant le Tribunal
de police de Lausanne : il a fait
opposition à une amende d’ordre
de 250 francs. Pour quel abominable crime lui fut-elle infligée ?
Sortant d’une soirée entre amis,
lui et son épouse auraient « troublé l’ordre public », le samedi
27 avril, rue Pépinet à Lausanne.
En fait, le couple s’est arrêté à
la vue d’une scène courante de
la nuit lausannoise : un policier tenait un Africain menotté.
Toutes les affaires du jeune
homme arrêté gisaient sur le sol :
un téléphone, une carte SIM, un
porte-monnaie, du shampoing,
une brosse à dents… « Nous avons
demandé au policier s’il trouvait
Saint des femmes
Cher Valentin,
Depuis des lustres, on ne
connaît plus de toi que cette
maudite fête qui gangrène le
mois de février. Fête à double
tranchant s’il en est… En effet, si le bienheureux qui s’en
souvient récolte à tous les
coups les faveurs de sa dulcinée, le beau diable qui, pour
une raison ou pour une autre, a
le malheur de te zapper risque
bien de pouvoir se la mettre
derrière
l’oreille.
Qu’il
l’oublie deux années de suite,
il ne lui reste plus qu’à pointer chez Meetic.
Revenons-en aux faits. Valentin, donc. Prêtre chrétien,
condamné à mort par l’empereur
Claude II pour avoir célébré
des mariages dans la clandestinité, si ton époque t’a
désavoué, sache qu’aujourd’hui
chacun te vénère. Ou presque.
A l’exception des célibataires
auxquels tu rappelles annuellement la vacuité de leur existence, des hommes sous pression
qui peinent à trouver l’idée
cadeau qui ne vexera pas leur
douce moitié et de toutes ces
tourterelles
qui
redoutent
comme la peste l’affreux présent qu’il va falloir ratifier
d’une étreinte un peu forcée.
Cependant, cher Saint, ton martyr n’est pas vain : à l’instar
de Bastian Baker, tu fais rêver
de naïves prépubères. Et ça, ce
n’est pas rien.
Sacha Durant
7
PLUS VRAI QUE
VECU
normal d’éparpiller ainsi les affaires
sur le trottoir », relate Jacques.
Honnête citoyen, il pensait avoir
le droit de se renseigner ainsi sur
les procédés de la force publique.
L’agent concerné a bien sûr une
autre vision des choses. Il prétend
que Jacques l’aurait pris à partie
verbalement et qu’il n’aurait pas
respecté la « distance de sécurité »
de 1,50 mètre. Du coup, réflexe, il
somme Jacques et son épouse de
présenter leurs papiers d’identité.
Le couple obtempère. Mais voilà :
selon Jacques, « le policier était
tout simplement dans l’impossibilité de tenir son captif africain, son
stylo et nos cartes d’identité. Il a dû
attendre du renfort. » Arrive alors
un second agent. Pour
ce fin limier, Jacques et
sa femme vocifèrent et
attirent l’attention des
badauds sur l’intervention (comme si
elle allait passer inaperçue dans une rue
encore très animée).
Sanction : 250 balles d’amende par
personne. Quelques minutes plus
tard, l’Africain est relâché.
Seuls condamnés dans cette
grave affaire, Jacques et son
épouse contestent. Une première
audience réduit la contravention
de 250 à 140 francs par tête. Mais
Jacques ne lâche pas, question de
principe. Il entend même réunir
les témoins de violence policière à
Lausanne en les encourageant à ne
pas abandonner les procédures. Et
dans son cas, c’est donc le 31 mars
que le tribunal de police devra dire
si, oui ou non, certaines amendes
d’ordre ne font pas un peu désordre. Jean-Luc Wenger
* prénom d’emprunt
Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels
et dialogues authentiques.
« Vous téléchargez de manière quasi industrielle
d’ignobles photos pédophiles ! »
Monsieur Lefèvre est accusé d’actes d’ordre sexuel
avec des enfants, d’actes d’ordre sexuel commis
sur une personne incapable de discernement ou de
résistance, et de pornographie. Les faits :
1. Entre 2006 et 2011, par le biais du réseau
de partage fourni par le programme « e-mule »,
l’accusé a régulièrement téléchargé via internet
des représentations à caractère principalement
pédophile, parfois doublé d’un caractère urolagnique,
scatologique ou violent, avant de les enregistrer sur
le disque dur de son ordinateur ou un disque dur
externe. Ce procédé a par ailleurs permis à d’autres
utilisateurs du programme de télécharger à leur tour
lesdits fichiers. L’analyse du matériel informatique
a entraîné la découverte de 4595 fichiers, dont
620 vidéos, mettant en scène de la pornographie
enfantine.
2. A plusieurs reprises, le prévenu a profité d’instants
passés seul avec sa filleule, âgée de 3 à 6 ans, pour
tenter de l’embrasser sur la bouche, lui caresser le
sexe par-dessus ses habits et lui pincer les seins. Il a
également pris des clichés du corps nu de l’enfant sur
son téléphone portable alors qu’il l’accompagnait aux
toilettes.
– Je ne vais pas lire l’acte d’accusation, qui est
juste répugnant et que vous connaissez, annonce le
juge. Vous admettez ?
– Pour les photos et les vidéos, oui, mais pas pour
ma filleule. Je ne lui aurais jamais fait de mal,
murmure l’accusé.
– Donc elle a menti ?
– C’était sûrement par vengeance, parce que je l’ai
abandonnée.
– Vous n’avez pas encore tout compris, vous,
déclare le magistrat en respirant profondément.
Vous téléchargez de manière quasi industrielle
d’ignobles photos pédophiles, mais vous prétendez
qu’une enfant de 6 ans a inventé des accusations
aussi ciblées pour se venger ? Ça suffit maintenant,
admettez !
– A trois reprises, c’est elle qui m’a attrapé le sexe,
ça m’a gêné, alors je lui ai dit d’arrêter. C’est peutêtre pour ça qu’elle s’est vengée.
– Et je tiens à préciser, intervient son avocat, que
ces fichiers se téléchargent en bloc. Il y a tout et
n’importe quoi. Mon client cherchait des photos
de préadolescentes dénudées, pas les clichés de
violences.
– « C’est l’enfant qui a commencé » est la réponse
de tous les abuseurs, poursuit le juge. Le traitement
psy entrepris suite à votre condamnation pour
pornographie en 2004 ne vous a pas apporté grandchose, n’est-ce pas ?
– Non, il n’y avait aucun dialogue avec le
thérapeute.
– Vous êtes imperméable au traitement comme
beaucoup de prévenus ces temps-ci… Et vous n’avez
pas demandé ou cherché quelqu’un d’autre ?
– J’ai pris contact avec deux psys, mais ils ne
pouvaient pas me recevoir.
– Tout ça est d’une légèreté désastreuse et
dangereuse. Vous ne réalisez pas la gravité de la
situation !
– Mais je veux changer ! D’ailleurs je vais mieux,
j’ai une vie sociale, un groupe d’amis, un travail…
– Bon, je ne vais pas passer une heure à tenter de
vous raisonner. Je suspends l’audience pour vous
laisser réfléchir et parler avec votre avocat, et
j’espère que vous reviendrez avec une autre version.
Reprise :
– Autre chose à déclarer ? demande le juge.
– Oui, c’est vrai, ça s’est passé, bégaie l’accusé.
Mais je m’en voulais tellement d’avoir eu des gestes
déplacés avec elle…
– Vous reconnaissez tout ? Les caresses, le baiser
et les photos ?
– Oui.
– Bien, maintenant il va falloir assumer.
– Je sais, je veux me soigner, vraiment.
– Vous ne téléchargez plus ? interroge le magistrat.
– Non, je sais que vous pouvez tout contrôler !
– Et il vous arrive de trouver un plaisir sexuel hors
des enfants ?
– Oui.
– Eh bien alors, foutez la paix aux enfants !
Reconnu coupable, monsieur Lefèvre est condamné
à 15 mois de prison, dont 6 mois ferme et 9 mois
avec un sursis de 5 ans. De plus, un traitement sera
entrepris durant l’incarcération et les frais de justice,
soit 10 615 francs, sont à sa charge. Lily
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FAI T S D IVERS E T VARIÉS
A la faveur de l’ennui
Zéros sociaux Grâce à Facebook, un demi-milliard de Terriens
s’emmerdent en moyenne 103 heures par an à force de meubler
sa vie avec celle des autres.
Le magazine états-unien Time
présentait la semaine dernière un
machin en ligne grâce auquel
chaque utilisateur de Facebook peut savoir combien de
temps il y a passé depuis son
inscription. Si la méthode de
calcul est un peu hasardeuse,
un chiffre a toutefois été confirmé par la direction du réseau
social : en moyenne, les membres
consacrent 17 minutes par jour à
exhiber leur vie et surtout à regarder, aimer ou commenter celle
des autres. Et 17 minutes, c’est la
durée de visite moyenne la plus
longue de toute la Toile, presque
à égalité avec un grand portail de
vidéos érotiques.
Curieusement, une personne
sondée sur deux affirme pourtant
s’ennuyer régulièrement sur Facebook. On en déduit que la consultation du réseau social est devenue
un réflexe tellement ancré qu’on y
reste même quand on s’embête. La
visite de Facebook est désormais
une sorte de tâche quotidienne,
machinale, sinon obligatoire. Au
lieu de s’accorder plus de temps
pour rêver, imaginer ou réfléchir,
d’innombrables internautes préfèrent ainsi consulter passivement
et obsessionnellement les plats,
les chats, les tronches et les bébés
de leurs « amis ».
C’est que le flux massif et distrayant de ces banalités a la triste
vertu d’empêcher de rester seul
avec soi-même. Une espèce de
peur du vide pousse à se farcir
l’esprit de n’importe quoi, à la
manière d’un boulimique en crise
qui bouffe jusqu’à l’emballage en
carton de ses frites.
A ce sujet, le psychanalyste
Jacques Lacan avait tout résumé dix
ans avant la naissance de Zuckerberg : « C’est quand le manque vient
à manquer que l’angoisse surgit. »
Jonas Schneiter
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L’actu au passé recomposé !
Encore
un privilège
éhonté pour
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Vigousse vendredi 7 février 2014
Les 73 chroniques « Le fin mot de
l'Histoire » parues dans Vigousse
depuis fin 2011, enfin réunies
dans un volume compact et
maniable en papier véritable.
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Q UE L L E SE M AINE !
9
rebuts de presse
Tamedia à hue et à dia
En octobre 2009, Pierre Lamunière, alors propriétaire d’Edipresse
Suisse et désireux de vendre l’essentiel de ses journaux romands au
groupe zurichois Tamedia, avait chargé Eric Hoesli de faire, comme on
dit, « la mariée belle ». Bilan des coupes sombres : 100 postes de travail
supprimés, quelques-uns par le biais de départs volontaires, la grande
majorité par celui de licenciements accompagnés d’un plan social
accepté par l’ensemble des partenaires sociaux.
Depuis, sous l’appellation de Tamedia Publications Romandes SA, le
groupe zurichois n’a cessé de dégraisser, par touches successives et dans
tous les secteurs. Dernier exercice en date, celui qui pas plus tard que la
semaine dernière a consisté à appeler, par téléphone, une vingtaine de
collaborateurs et à les inciter à « accepter de nouvelles conditions de
travail »… Horaires modifiés, réduction du temps de travail, ceux qui
diront non doivent s’attendre à recevoir leur lettre de licenciement. C’est
sans doute ce que chez Tamedia on qualifie de liberté de la presse. Celle
des employés, en revanche…
Le fait est qu'aux postes à responsabilités du groupe on s'interroge sur
l'avenir. Après Eric Hoesli, directeur des rédactions démissionnaire en
raison de « divergences de vues » avec ses employeurs zurichois, après
François Pilet, responsable du cahier économique du Matin Dimanche,
c'est Sandra Jean, rédactrice en cheffe du Matin semaine qui a décidé
d'aller voir ailleurs. Elle occupera le poste de directrice des rédactions
du groupe Nouvelliste. La rédaction en chef du quotidien valaisan a
quant à elle été confiée à Vincent Fragnière, transfert de la télévision
locale Canal 9. R. J.
Ne l’interrompez pas !
A l’occasion des 10 ans de
l’émission Infrarouge, ce
portrait dithyrambique de
l’animatrice Esther Mamarbachi
dans 24 heures (04.02.14) :
« La dompteuse de bêtes
politiques connaît son travail et
tient le cap. Intelligente et habile,
elle ne se laisse pas intimider
et ne lâche pas le morceau
(…) Brillante, bosseuse et
directe – loin du journalisme de
connivence – [elle] a su imposer
la brutalité de la transparence
par son attitude affûtée et son
indépendance d’esprit (…) Elle
se définit comme perfectionniste,
rigoureuse. » C’est fou ce qu’on
peut dire comme conneries
quand personne ne vous
interrompt. S. D.
Vidéo-gag
Stupeur en France après les vidéos
d’un chat maltraité et d’un handicapé
mental agressé, postées sur la Toile
par les auteurs de ces actes eux-mêmes.
Voyons les choses du bon côté : avec des
abrutis pareils, il n’y aura bientôt plus
besoin de vidéosurveillance.
C’est pas sourcé !
Pour faire du bourdonnement
(du buzz, quoi !), Le Matin en
ligne pompe allègrement les sites
participatifs. Retrouver la source
de ces divertissantes nouvelles
est un sport auquel s’adonnent de
nombreux « suiveurs » qui nourrissent
la page Facebook « Où va le
journalisme en Suisse romande ? ».
Les exemples de sources non
mentionnées, remplacées par une
signature orange pullulent. La vidéo
d’un gardien de hockey sur glace
tchèque ivre postée le 31 janvier par
Le Matin avait fait son apparition
une semaine auparavant. Une pub
pour la bière Budweiser mettant
en scène un cheval et un chiot
avait cartonné la veille sur Koreus.
com. Idem pour « le soutien-gorge
qui ne s’ouvre que si la femme est
amoureuse », publié trois jours avant
par Koreus. Le 22 janvier, autre
papier signé sur la « grosse frayeur
d’une baigneuse un peu trop fofolle
pour sa sécurité à Santander ». Une
« info » qui datait de deux jours.
Plutôt que de consommer des
produits périmés, autant s’abreuver
à la source. J.-L. W.
Vigousse vendredi 7 février 2014
Pitch
10
b i e n p r o f o n d d a n s l ' a ct u
Conso & consorts
11
t e s t à cl a q u e s
Ils nous font marcher
Cinéma cuisse
Les balades dominicales du professeur Junge Cette semaine : comment je défile pour une cause qui paraît noble,
mais qui cache ses véritables buts.
Ultracon Détruire la graisse aux ultrasons, voilà
une nouvelle technique infaillible pour mincir. Et ça
fonctionne parfaitement : le résultat est maigre.
C’est un beau dimanche qui s’annonce. On ne dirait pas qu’on est
en février. Ce serait bête de ne
pas profiter du temps clément
pour aller se balader. Voyons
voir, qu’est-ce qu’il y a comme
activités aujourd’hui ? La manif
pour tous ? Ça a l’air pas mal.
En plus, c’est pour défendre des
idées. C’est bien, ça, les idées.
J’en ai toujours plein. Et puis
c’est accueillant si c’est pour
tous. Au moins c’est varié,
je suis certain de ne pas
m’embêter.
Je me rends au départ de
la manif. L’ambiance est
bigarrée et bon enfant.
Normal, plein de gens sont
venus en famille. C’est
d’ailleurs le thème général
de la manif : la famille. Ça
tombe bien : je suis pour.
Enfin, c’est vrai, qui pourrait être contre la famille ?
Voilà bien un thème universel, un enjeu noble
dans lequel tout le monde
peut se reconnaître. Je
sens que ça va être une
chouette balade.
Le cortège s’ébranle doucement
dans la bonne humeur. Les slogans commencent à s’élever de
la foule galvanisée par les meneurs. « Les réformes, on n’en
veut pas ! », « La famille, c’est un
papa et une maman ! » Je scande
joyeusement avec mes camarades, content d’appartenir à une
communauté. La foule grossit. De
nouveaux slogans apparaissent.
« Aux chiottes les gouines et
les PD ! Pas d’adoption pour les
dégénérés ! » Je cesse de scander, un peu interloqué. N’étaitce pas une manif pour tous ? Les
homosexuels risquent de se sentir
un peu exclus avec de tels messages… Enfin bon, il fait beau,
je prends l’air, je continue ma
balade.
La foule grossit encore. Pancartes
et calicots arborent des mots
d’ordre de plus en plus hétéro-
clites et dont le rapport avec le
thème de la famille commence
à m’échapper : « L’avortement
est un meurtre ! », « Dehors les
nègres et les bougnoules ! », « Les
darwinistes brûleront en enfer ! »
Je commence à me sentir mal à
l’aise. Mais qu’est-ce que c’est
que ce ramassis d’arriérés obscurantistes qui défilent avec moi ?
C’est pas croyable. Dès qu’il y a
un thème important et rassembleur, les fachos et les tarés
de tous bords le récupèrent
pour faire la promotion de
leurs idées débiles.
Et soudain, je comprends
tout. Quel con ! Je me suis
trompé de manif ! En fait
je voulais participer à celle
en faveur de vrais enjeux
nobles : lutter contre la pollution et le bétonnage du
pays, faire baisser le chômage, protéger nos valeurs.
Comment elle s’appelle déjà ?
Ah oui, l’initiative contre
l’immigration de masse.
Professeur Junge, phare de la
pensée contemporaine
Le 8e conseiller fédéral
Qu’en dites-vous,
professeur Mamadou ?
Vous y en a
être fou
ou quoi ?
Mais oui !
Vous, Mamadou ?
Un étranger ?
Et en plus eux y en a
faire le sale boulot que
les Suisses ils veulent
pas faire.
Mais dites-moi, si vous
êtes étranger, pourquoi
est-ce que vos services
me coûtent si cher ?
D’un côté,
je comprends.
Personne n’aime
les étrangers.
Les travailleurs
immigrés, c’est de
la main-d’œuvre
quasi gratuite !
Mais je me demande si
c’est bien pour la Suisse.
Vigousse vendredi 7 février 2014
Et enfin, le régime « biotyping »,
Fin janvier 2014 : les magazines
féminins préconisent de préparer
sans tarder le passage fatidique à
l’été. Et parmi les inepties récentes
censées effacer la cellulite et dégraisser la silhouette en un tournemain figurent les ultrasons. Dotés
de multiples talents, les ultrasons
permettent de découper des denrées alimentaires à très haute vitesse et sans pertes, de mesurer des
distances, de disloquer la corrosion
métallique ou encore de chasser les
nuisibles tels que les moustiques,
les rongeurs ou les jeunes. Et le
gras ? Il n’y a qu’une façon de le
savoir : essayons !
Le traitement d’une heure coûte
en principe et en général dans les
160 francs, mais à force de persévérance j’obtiens une « séance d’essai » dans un institut lausannois.
Evoquant le fameux procédé révolutionnaire, la patronne annonce,
pas peu fière : « Le Cellumed nous
vient de Belgique. » Une histoire
belge, ça commence bien.
Une fois en cabine, la dame commence par étaler du gel à ultrasons
sur ce qu’elle appelle ma culotte de
cheval en me demandant de préciser mes attentes. Passons donc
aux aveux : « J’ai beau faire du
sport, là, à l’intérieur des cuisses,
c’est jamais vraiment ça… » Elle
tapote le secteur pour évaluer
l’étendue des dégâts : « Ah, ben là,
évidemment, c’est une des zones de
stockage. Vous pouvez faire ce que
vous voulez, à part un traitement
très ciblé… Bon, je vous explique
comment ça marche. Il y a trois
actions combinées. »
Toi y en a être
énorme pigeon.
Toi payer n’importe
quoi sans regarder.
Elle précise que les cellules graisseuses, non contentes de se tapir
dans des coques quasi incassables,
se liguent entre elles pour créer
un amas résistant aux volontés les
plus féroces. La première phase, les
ultrasons basse fréquence, vise à
disjoindre ce magma en secouant
les cellules et en les faisant s’entrechoquer : diviser pour mieux régner,
quoi. S’ensuit l’aspiration-répulsion,
qui « casse la coque ». Enfin, le drainage lymphatique achemine ces
graisses libérées vers les voies d’évacuation naturelles.
PITIé ! GRAISSE !
Au passage, la patronne en profite
pour dézinguer les autres techniques
disponibles, qui selon elle sont bien
moins efficaces, plus coûteuses et
qui laissent des séquelles : « Comme
dans le cas de la cliente d’avant que
vous avez croisée : elle s’était retrouvée avec des trous dans les cuisses. »
Ennuyeux, en effet.
La dame enchaîne aussi sec sur
les modalités en vantant la formule forfaitaire par abonnement à
2000 francs, « parce que 20 séances,
c’est quand même l’idéal ». En effet,
« au bout de 5 séances, les résultats,
c’est pas vraiment qu’on les voit, mais
on commence à les voir ». Tandis
qu’après 20 séances, « c’est 4 centimètres de cuisse en moins ». D’accord,
d’accord. Mais après le traitement,
que se passe-t-il ? « Alors c’est un peu
le problème. Le métabolisme reprend
ses droits… C’est pourquoi je préconise des séances d’entretien toutes
les 4 à 6 semaines. » Soit un budget
total de 3000 francs par an, ce qui
fait cher le centimètre de cuisse en
moins.
D’autant
que les opérations,
disons-le, s’avèrent un brin douloureuses. Certains conseillent
d’ailleurs de se bourrer d’Arnica
avant chaque séance. Comme la
dame trouve que malgré tout je
supporte bien, elle propose de
considérer cette séance comme la
première séance. Euh… non merci,
une simple « séance d’essai », ça va
bien.
Le supplice terminé (et l’absence de
changement confirmée), je remets
mon manteau, remercie et me dirige
gaillardement vers la sortie. Là, la
patronne intervient, un peu gênée :
elle a oublié de le préciser, mais la
« séance d’essai » coûte quand même
50 francs.
Obtempérons sans ergoter : inutile de discuter le bout de gras…
Sacha Durant
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Ouvert du lundi au samedi
Incroyable !
Moi bien connaître
la question.
Moi aussi être
étranger.
113
Ah bon ?
Ah, je n’y avais
pas pensé…
Pourtant
être vérité.
C’est inouï !
En début d’année, après les orgies
des fêtes et l’inactivité hivernale,
beaucoup contemplent leur gras
avec consternation et décident qu’il
est temps de maigrir. D’où la foison
de régimes et autres solutions d’assèchement miracles qui pullulent
dans la presse. Après les classiques,
comme le controversé régime
Dukan, diverses cures ont fait leur
apparition.
Petite mise en bouche avec les
trois plus dangereusement consternantes :
Le « respirianisme », ou Breatharian Diet en version originale, qui
consiste à ne s’alimenter que d’air et
de lumière, et à s’adonner un maximum à la méditation. Ce régime
pratiqué par des stars tarées comme
Madonna et Michelle Pfeiffer atteint
surtout le nirvana de la bêtise.
L’« alcorexia », ou « drunkorexia »,
prône le jeûne quasi complet en
semaine, histoire de pouvoir se
lâcher sur les calories en week-end
en ingurgitant – uniquement ! – des
litres d’alcool. Une cure qui se cuve
péniblement.
dont le chanteur Boy George, qui
a tellement fondu qu’on ne le voit
plus, vante les bienfaits. Une méthode tarabiscotée qui, après avoir
mystérieusement déterminé la signature biologique d’une personne
– on peut être muriatiki, sulfuriki,
phos et autres délires –, fixe une alimentation draconienne ne tolérant
que de maigres denrées et provoquant de grosses carences.
Mieux vaut donc se bouger la
moindre, manger sainement, sans
s’affamer, et ne pas se bousiller
la santé avec des régimes qui ne
méritent qu’un gras d’honneur.
Alinda Dufey
Comment ?
Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.
Je ne sais pas quoi
penser de cette initiative
de l’UDC pour stopper
l’immigration de masse.
Mince alors !
Centre commercial Charpentiers, 4 rue des Fossés, 1110 Morges, tél 021 801 07 55
Vigousse vendredi 7 février 2014
12
C U L T URE
Une expo
C U L T URE
Ô Cavanna !
Un film
En pleine figure De la poursuite dans les idées
Le polar et la manière Fred Cavayé fait cavaler ses acteurs dans Mea culpa sans s’excuser
d’américaniser le film policier français. Le spectateur, qui a d’autres films à fuir, peut y courir…
Un Suisse, un Italien, une Française.
Trois artistes contemporains qui
se forment dans leur pays respectif avant de se (re)trouver à Paris,
capitale craquelée par l’Entre-deuxGuerres, mais au scintillement artistique inextinguible. Trois esthètes,
aussi bien peintres que sculpteurs,
qui font de la figure leur modèle
de prédilection, contemplent et
caressent les formes, façonnent et
tâtonnent les corps. Trois créateurs
qui baignent dans l’art abstrait et s’en
inspirent librement, mais ne veulent,
ou ne peuvent, s’affranchir de l’essence de la figuration. Giacometti,
Marini, Richier, trois figures de style.
Sous la direction du conservateur Camille Lévêque-Claudet,
le Musée cantonal des beaux-arts
de Lausanne a réuni une septantaine de sculptures, ainsi que diverses œuvres graphiques, de ces
artistes internationaux largement
connus et reconnus, vus et revus.
Pourtant, cette exposition d’une
qualité rare, qui réunit des œuvres
issues d’illustres collections, vaut
bigrement la visite. De la libératrice
Cage (première version) du Grison
au paisible Griffu de la Française, en
passant par le débonnaire Cavaliere
de l’Italien, les pièces, belles et poétiques, se laissent contempler avec
délice. Et à l’entrée, un supplément
à ne pas taire : le torse sensuel d’une
femme se frottant le dos avec une
éponge, de Degas… Une tourmente
apaisante. Alinda Dufey
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
6
Avant un accident de la route meurtrier qui a tout fait voler en éclats.
Radiation, prison, explosion de la
cellule familiale, Simon a tout perdu. Le poulet en a pris un coup dans
l’aile. Cramé, il se noie dans la picole
et le remords. Désormais convoyeur
de fonds, il s’y connaît, il l’a touché.
Un jour, son fils de 9 ans assiste à un
règlement de comptes et devient une
cible. Franck pourra alors compter
sur Simon…
Certes, les personnages sont un peu
caricaturaux, le scénario moyennement convaincant – le mea culpa
du titre, on l’avait vu venir –, mais
la mise en scène, elle, pardon, c’est
Des védés
libidineux assassiné à Paris, ça
enchaîne avec des expérimentations
nazies au Chili et ça finit dans une
secte chanteuse belge… Ni sensé
ni palpitant, à une scène près (pour
le palpitant, pas pour le sensé vu
qu’elle va dans tous les sens, mais
n’en a aucun) : la course-poursuite
entre le vieux Depardieu et un
fringant jeune homme est une pure
merveille d’humour, même si ce
n’est pas le but recherché.
Des anges dont on se passe. A. D.
Pas de pitié
La marque des anges – Miserere,
film au casting et au début
prometteurs, s’embourbe hélas
assez vite dans le polar sociohistorico-paranormal difficile à
digérer. Les rôles principaux sont
ennuyeux. Il y a Depardieu, flic
retraité mais encore doué qui
larmoie sur sa femme défunte,
Joey Starr, agent d’Interpol cogneur
mais pas penseur qui pleure sa
sœur décédée, et Héléna Noguerra,
supérieure hiérarchique potiche et
irritante. L’histoire est tarabiscotée.
Ça commence avec des enfants
sourds kidnappés dans le désert,
ça continue avec un chef de chœur
Giacometti, Marini, Richier. La figure
tourmentée, Musée cantonal des beauxarts, Lausanne, jusqu’au 27 avril,
www.mcba.ch
Gare aux grilles par
En général, quand on filme une voiture qui, dans un parking souterrain désert, «teste» ses suspensions,
c’est que ses occupants s’y livrent à
des exercices gymnasticatoires qui
se contrefoutent de la morale et du
confort. Pas chez Fred Cavayé où
les cavaleurs sont d’un autre genre:
ils ont la mort aux trousses! Le réalisateur ne se nourrit pas du lait de
la tendresse humaine, mais de gros
rouge qui tache. Dans une bagnole,
une disco ou un TGV, ça cogne, ça
flingue, ça pisse le sang.
A Toulon, la violence ne reste pas en
rade. Franck et Simon le savent. Ils
étaient flics, mais ça, c’était avant.
La marque des
anges – Miserere,
de Sylvain
White, d’après
le roman de
Jean-Christophe
Grangé, 2013,
DVD, 106 min.
égé
7
8
9
10
HORIZONTAL 1 Etat d’un ex privé de sexe 2 Introduction en association
3 Récoltes bon an mal an – Comme Eve de pied en cap 4 On nage dans ce
virage 5 Son huile est la favorite d’agroalimentaire délétère – Son ascension
met l’Hellène hors d’haleine 6 Go au magot – Las à Dallas 7 Salutation à
l’immaculée conception – Entre RFA et RDA – Mention de réflexion 8 Vers
rimant avec Ovide 9 Gnangnan débutant – Quand les nénés piquent du nez
10 Se vide lors d’un bide du bidet – Le cacochyme Blocher y fait chimie.
9
VERTICAL 1 Sculpta pietà 2 Du bas de l’initiale du journal – Engagent des
gens prêts à tout engagement 3 Cinquante-quatre du Jules de Cléopâtre –
A sa gare chez les Magyars 4 Gnons nippons – Dur à aplatir sur cuir 5 Pas
mises à table – Animal qui fait mal au futal 6 On y croque maïs – Que de sang
avec cette Marie sans pitié 7 Terme rajeunissant terme – Trop mêlant rouge
et blanc 8 Les Teutonnes en chantonnent – Grand bain germain 9 Le Mongol
y rigole et batifole – Amour douloureux 10 Preuves par neuf.
10
Solution pour les nuls dans le prochain numéro
[email protected]
6
7
8
Vigousse vendredi 7 février 2014
de la balle et pas du petit calibre.
Cavayé filme comme personne les
courses-poursuites dans des lieux
souvent clos et bondés. Même les
Américains sont impressionnés.
Pour elle a déjà eu droit à son remake (Les trois derniers jours avec
Russell Crowe), A bout portant aura
sa version US (mais aussi coréenne
et indienne !) alors que Mea culpa
a déjà été acheté par la 20th Century Fox. Tout le monde court et ça
marche! Bertrand Lesarmes
Mea culpa, de Fred Cavayé, avec Vincent
Lindon, Gilles Lellouche. Durée: 1 h 30.
En salles.
Hoffman céleste
La mort prématurée de Philip Seymour
Hoffman, le 2 février dernier, est une
bien triste nouvelle. Peu d’acteurs
américains de cette dernière décennie
auront su choisir leurs rôles avec autant
de détermination et de courage, à
commencer par le pédophile triste de
Happiness ou le très ambigu Truman
Capote. En hommage, il convient de
revenir sur un film méconnu dans
lequel il brilla et qui s’avère aussi être
le dernier du grand réalisateur Sidney
Lumet.
L’histoire de deux frères, qui, lassés
par les petits boulots et une vie sans
avenir, décident de braquer la bijouterie
de leurs propres parents, se déroule
comme toutes les très mauvaises idées ;
ça se termine atrocement mal. Polar
malade, rapports filiaux et tragédie
grecque, tout y est. L’interprétation tout
en nuances d’Hoffman est jouissive et
ce n’est que dans ses yeux que l’on croit
remarquer la mélancolie qui l’amena
à l’héroïne. Et il convient de relever le
titre, en version originale, tristement
prémonitoire de ce petit bijou : Before
the devil knows
you’re dead.
Michael Frei,
Karloff, films
cultes, rares
et classiques,
Lausanne
7 h 58 ce samedi-là,
de Sidney Lumet,
2007, UGC, Vf et
Vost, DVD, 115 min.
Cavanna est mort. Bon, les hommages, symboles, commémorations
et autres fanfreluches décoratives,
c’était pas tellement son truc, il l’a
assez répété. Mais de là à le réduire
à un « provocateur », faut pas pousser quand même. Bien sûr, il y eut
les fameuses unes de Hara-Kiri,
les gonzesses à poil, les bites à l’air,
l’humour trash, mais faut-il manquer d’imagination pour évoquer sa
disparition sur l’air éculé de « Pour
ou contre peut-on rire de tout ? ».
Alors non, Cavanna, ce n’était pas
un « provocateur », en tout cas pas
dans le sens crétin du terme. S’il
provoquait bien quelque chose,
c’étaient le rire et les larmes. Oui,
les larmes : vous pensiez vous
marrer un bon moment en lisant
un truc léger et vous vous retrouvez, comme un con, submergé
par l’émotion. Pour que la simple
évocation de la camelote que son
maçon de papa trimballait dans ses
poches parvienne à vous tirer des
larmes, il faut être un sacré écrivain.
Et Cavanna, avant tout, en était un.
Un tout grand même. Son œuvre est
gigantesque, bordélique, éparpillée
partout. Il faut absolument rééditer
tout ce bazar. Il a écrit sur lui, beaucoup. Les Ritals (1978) et Les Russkoffs (1979) restent à cet égard des
œuvres majeures, qu’on enseigne-
d'art et décès
rait partout s’il existait des classes
d’humanité. L’enfance, la guerre,
l’amour, la mort, la rencontre avec
les Choron, Fred, Reiser et toute
la bande, toutes choses parfaitement insignifiantes face au cosmos
indifférent, mais qui sous sa plume
devenaient la seule, l’unique réalité.
Lire Cavanna, c’est réaliser à quel
point tout est fascinant, et important. Quand on est habité par cette
13
BD
Rome en cendres
curiosité omnivore, alors oui, on
peut rire de tout, mais simplement
parce que c’est alors impossible de
faire autrement. « Tout », ça vaut
pour Hitler, les pubs pour dentifrice, les documentaires sur les pingouins, Dieu et toute sa clique, la
maladie, les grands noms de l’Histoire, le fromage rassis et surtout
– surtout ! – le point-virgule, « ce
parasite, ce timoré, cet affadisseur,
qui ne marque que l’incertitude, le
manque d’audace, le flou de la pensée... ».
Oui, la pensée. Chez lui, elle était
claire, rigoureuse, intransigeante,
spontanée. Petit, Cavanna adorait l’école. Quel provocateur ! Il
vénérait la langue, la grammaire
et l’orthographe. Sacré fouteur de
merde, va ! Il ne jurait que par la
connaissance, l’histoire, la science,
le raisonnement juste. Anarchiste !
Alors d’accord, Hara-Kiri et Charlie, c’était sympa. Mais sortons
Cavanna de cette case réductrice et
insultante. Sa place n’est pas dans
nos débats stériles : elle est dans la
Pléiade. Sebastian Dieguez
Philippe Delaby, talentueux dessinateur belge de bande dessinée,
est décédé fin janvier à l’âge de
53 ans. Connu notamment pour
la saga Murena, qui narre brillamment les frasques de Néron,
Britannicus, Agrippine et autres
épiques personnages, cet artiste
créait des fresques fines, précises
et incroyablement vivantes. Hommage donc à celui qui a consacré
un tome grandiose à l’incendie de
Rome, qui dessinait les plus beaux
corps masculins nus et musclés, les
drapés féminins les plus torrides, le
décor et la vie antiques avec autant
de réalisme que de poésie.
Un maître du crayon sur qui il est
très triste de devoir tirer un trait.
L. F. et A. D.
Murena, dessin de Philippe Delaby et
scénario de Jean Dufaux, tomes 1 à 9,
Editions Dargaud.
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Vendredi 7 février (20 h 30)
Samedi 8 février (20 h 30)
Dimanche 9 février (17 h)
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« Vagabonds des mers »
Vendredi 7 février (1re partie)
Hugo
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Vigousse vendredi 7 février 2014
14
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émanations aigres-frousses. Valse
aux cyprès, anamnèse d’un prochain
massacre, par le collectif Division,
Petithéâtre, Sion, du 6 au 9 février,
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GRELOTTER Apéros, concerts,
fondues, marché artisanal, marche
aux flambeaux et autres animations
pour faire sa fête au froid ! La
Sibérie de la Suisse vous accueille
chaleureusement. Fête du froid,
vallée de la Brévine, les 7 et 8 février,
www.vallee-brevine.ch
VADROUILLER Le comédien
Jean-François Châtelain narre avec
force les bribes de l’enfance épique et
fantastique du grand écrivain et poète
suisse Blaise Cendrars. Le monologue
du badin. Bourlinguer, mise en scène :
Darius Peyamiras, Le Poche, Genève,
Théâtre en vieille ville, du 10 février au
2 mars, www.lepoche.ch
SOURIRE Trois paires de pieds
couronnées par autant de paires de
mains qui s’activent avec frénésie
et maîtrisent, entre des coquilles
d’œufs, des briques, des caisses,
de la sciure et autre joyeuse pagaille.
Quel cirque ! Six pieds sur terre,
par la Cie Lapsus, Théâtre Bicubic,
Romont, samedi 15 février à 20 h,
www.bicubic.ch
SAVOURER Une voix douce et
fragile, des textes poétiques et
chimériques, une musique improvisée
et vivante, le tout dans des concerts
Fleury. Oh ma lune !, chanson électrobricolo d’Edmée Fleury, le 7 février à
20 h à La Corde de Moudon, les 15 et
16 février à 20 h et 17 h au Théâtre
de la Ruelle à La Chaux (Cossonay),
www.laruelle.ch
RIRE Dimitri présente les meilleures
scènes de ses trois spectacles en
solo, Porteur, Theatro et Rittatro.
Deux soirées pour (re)découvrir un
clown, sinon LE clown. Théâtre Préaux-Moine, à Cossonay (VD), les 13
et 14 février, 20 h. Réservations sur
www.theatrepam.ch ou au
021 861 04 75.
DéGUSTER Sensible et drôle, le
spectacle de Pierre-Do accompagné
d’un quintette à cordes. La chanson
francophone suisse dans tous ses
éclats. A la Maison de quartier
sous-gare (Lausanne). Le 13 février.
Réservations à [email protected]
ou au 077 421 49 50.
VOYAGER A la même Maison de
CADEAUES
L
À TOUS ÉS
ABONN
quartier sous-gare, une soirée de
la St-Valentin aux accents (et à la
cuisine) éthopiens, avec Imperial
Tiger Orchestra, Cliff et Nathanaël.
Réservations à [email protected]
ou au 078 914 41 84.
RETROUVER L’ambiance et les
accents du Paris canaille, celui
de Fréhel, Piaf et Vian avec le duo
guitare-voix Emile et Ginette. A la
Grange de Culliairy (Ste-Croix), le
8 février, dès 20 h 30. Apéro offert,
chapeau à la sortie. Réservation à
[email protected] ou au
024 454 18 46.
Vigousse vendredi 7 février 2014
Classes du siècle
L’émission « En ligne directe »
(RTS La 1ère, 30.01.14) revenait
sur une info récente : des écoles
privées romandes enseignent, en
cours de sciences, le créationnisme au même titre que la théorie
de l’évolution.
Invité pour en parler, le sociologue
Philippe Gonzales a clairement expliqué que le créationnisme n’est
pas une science mais une croyance
religieuse, qu’on peut respecter,
mais qui n’a rien à voir avec les travaux de milliers de biologistes et
de géologues depuis deux siècles.
Des gens sérieux qui, ma foi, pratiquent le doute.
Maudit doute, éternel fardeau de
l’humble scientifique agnostique
qui, défiant Dieu, souhaite goûter
aux fruits défendus de l’arbre de la
connaissance.
Hélas, du doute à la confusion, il
n’y a qu’un pas. Comme quand
le journaliste animant le débat
répète vingt fois « l’homme descend du singe, alors ? », entonnant
« l’argument » que les adversaires
de Darwin ressassent depuis la publication de L’origine des espèces.
(L’homme partage 98,6 % de son
capital génétique avec le chimpanzé et le bonobo ; il est un primate
et il est cousin des grands singes
actuels, banane !)
Pire, la confusion règne dans la
population : « 28 % des Suisses
rejettent les théories de Darwin »
au profit d’une forme de création-
Le strip de Bénédicte
Pour tout renouvellement ou nouvel abonnement,
vous recevrez en bonus le recueil « Le mieux de Vigousse 2013».
88 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.–
FêTER La St-Valentin en écoutant
Maria Mettral en version duo au
Vieux Bourg, à Mase. L’occasion de
découvrir le nouveau CD de l’artiste
genevoise réalisé avec la complicité
du duo Aliose. Le 14 février, à 19 h.
Réservation sur
www.masemenchante.ch ou au
027 565 01 58.
021 612 02 56 / [email protected] / www.vigousse.ch
LE CAHIER
DES SPORTS
Tarés pour tarés
Ce qu’il y a de bien, du côté de
chez l’Oncle Sam, c’est que tout se
termine par des millions de dollars.
Enfin, pas pour tout le monde, mais
pour les déjà riches, le jackpot
n’est jamais très loin. La preuve. La
finale du Super Bowl vient tout juste
de s’achever avec la victoire des
Seahawks de Seattle sur les Broncos
de Denver que ressurgit l’affaire dite
« des indemnités » accordées aux
anciens joueurs de la NFL victimes de
traumatismes post-carrière.
nisme plus ou moins édulcorée.
Parmi ceux-ci, Johan Silly, membre
des Jeunes UDC genevois (pour
qui par ailleurs 50 % des Suisses
seront bientôt des étrangers,
source de 100 % de problèmes :
une croyance qui risque d’être
partagée par plus de la moitié des
votants le 9 février prochain).
Inconsciemment, la foi aveugle
habite ceux qui prétendent défendre un enseignement juste. Lui
aussi invité à l’émission, PierreAntoine Hildbrand, secrétaire
général de l’Association vaudoise
des écoles privées et homme très
libéral, enseignerait-il aussi la
maxime d’Adam Smith pour qui
« all money is a matter of belief »,
tout argent est une question de
croyance ?
De son côté, le très conservateur
Jean Romain Putallaz, sur le blog
lesobservateurs.ch (31.01.14), ne
prend note des études PISA que
lorsqu’elles démontrent que les
élèves suisses font les singes. Ce
pédagogue politiquement hémiplégique ne doute pas ; il a sûrement à moitié raison. Stéphane
Bovon
En jeu, pas moins de 765 millions
de dollars, à répartir entre quelque
4500 joueurs mis à la casse
et chez lesquels les médecins
ont diagnostiqué des restes de
commotions cérébrales à répétition,
des troubles cognitifs et/ou
sensoriels, des effets dépressifs, voire
de fortes propensions au suicide.
L’accord avait été passé entre
les représentants de ces mutilés
du bulbe et la Ligue nationale de
football (NFL) ; sauf qu’une juge
du tribunal de Pennsylvanie, une
certaine Anita Brody, a estimé que
la somme était insuffisante et qu’il
convenait de remettre tout ce beau
monde autour de la table. Les avocats
vont se goinfrer… en attendant
que les plus atteints d’entre tous
crèvent d’alzheimer, de la maladie de
Parkinson ou de celle de Charcot.
Du coup, les responsables de la Ligue
de hockey sur glace professionnelle
(NHL), comme ceux de la National
Collegiate Athletic Association (le
sport universitaire), sont inquiets :
et si tous ceux qui terminent leur
carrière tarés suivaient l’exemple
des footballeurs ? Vous imaginez le
pétchi ? Les milliards qu’il leur faudra
sortir des caisses et le nombre de
maisons de retraite médicalisées qu’il
va falloir construire ?
Le plus simple, à mon sens, serait de
soumettre tous les candidats au sport
professionnel à un test de QI. Afin, le
cas échéant, de le ressortir à l’heure
de leur payer quelques indemnités.
Ou pas.
Une chose est certaine, c’est que
cela coûterait beaucoup moins cher.
Et ce sera tout pour cette semaine.
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S’éVEILLER Une talentueuse
pianiste pour ouvrir les yeux en
douceur ; de la musique de chambre
pour quitter la sienne. Récital de
piano de Valentine Buttard, Café
du Soleil, Saignelégier, dimanche
16 février à 11 h, www.cafe-du-soleil.ch
15
zoom avant Sur l'info
En vente chez Payot et Naville
Roger Jaunin
Vigousse vendredi 7 février 2014
16
{
B é B E RT D E
PLONK & REPLONK
}
L A SUI T E AU P RO C H AIN NU M ÉRO
Charles Kleiber ramène sa science
Charles Kleiber a commencé par
être architecte, comme son grandpapa Charles Kleiber et son papa
Charles Kleiber. Puis Charles
Kleiber III s’est reconverti dans la
construction de savants concepts.
Sans avoir fait médecine, le voilà
chef du Service vaudois de la santé
publique en 1981. Neuf ans plus
tard, il défend sa thèse de doctorat : « Incitation économique à la
performance dans les services de
soins ». Ce qui dénote une haute
pensée humaine et philosophique.
L’économie, ça, il adore. Les économies aussi : les Vaudois se souviennent encore de son programme
de coupes budgétaires « Orchidée 1 », qui a sévèrement affecté
les organismes dont le grand gestionnaire avait la charge. Ses amis
radicaux étaient très contents de
lui, d’autres nettement moins : « Il
a mis toute sa compétence à priver
au maximum le Parlement de son
pouvoir et à créer un brouillard tenace sur les comptes et la gestion du
CHUV », résumait alors le journal
Gauche Hebdo.
Vigousse vendredi 7 février 2014
En 1997, Charles Kleiber fut
bombardé secrétaire d’Etat à la
Science et à la Recherche auprès
du Conseil fédéral. Là, du haut
de son autorité, il ratifia pour
la Suisse les fameux accords de
Bologne en 1999 contre l’avis des
recteurs des hautes écoles : un
« coup d’Etat », selon les milieux
universitaires où « Bologne » rime
avec « rogne ».
Kleiber allait-il cesser de ramener
sa science en prenant sa retraite en
2007 ? Non : en 2011, le conseil
d’Etat valaisan ne trouva pas meilleur cheval de retour pour diriger
le conseil d’administration d’Hôpital du Valais, histoire d’y « ramener paix et sérénité ». Très réussi,
comme on sait.
De fait, il aurait mieux fait de se
contenter d’une paisible retraite
vaudoise plutôt que d’embarquer dans la galère valaisanne.
Non content de soutenir mordicus Vincent Bettschart contre les
méchants médias, il absout en
octobre 2013 le néphrologue Pascal Meier, privé de son titre académique par le CHUV et l’UNIL pour
avoir manipulé des données de
recherche. L’ex-secrétaire d’Etat à
l’Education et à la recherche ne
voit pas malice à ce bidouillage,
car « il ne concerne pas la pratique
médicale ». A force d’être coulant,
Kleiber risque d’être définitivement coulé. Joël Cerutti/Agence PJ
Investigations
C'EST ARRIVÉ
LA SEMAINE
PROCHAINE
(ou du moins ça se pourrait bien)
Ukraine du bal
Il est bien long,
le temps des crises
Thaï que vaille
L’opposition persiste
et saigne
Jeux demain
Jeux de vilains
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