chemins sauvages

Transcription

chemins sauvages
Surf mystiks
et
dharma punks
N° 7
Écologie profonde, Beat Generation, musik, surf, tribalisme
et zen urbain
Hiver 2013/14
AGNÈS VILLETTE
ALEXANDRE MICHON
CHRISTOPHE CHAT-VERRE
EKA FAUNE
FRANçOISE LESAGE
GARY SNYDER
G. KOSMICKI
GUYSEIKA
IKKYU
NANAO SAKAKI
T.FABRE MINUIT
CHEMINS
SAUVAGES
DANS LA VILLE / KEROUAC SAUVAGE /
POETRY’S NOT DEAD / DÉLIRES MULTIPLES EN N. & B. /
VISION DE FÊTES LIBRES / SONGES DE LUNE
prix LIBRE !
En librairie : 2 euros
GUYSEIKA, ÉDITO
Vous avez entre les mains et sous les yeux
le nouveau numéro de Surf Mystiks et
Dharma Punks, un zine collectif artisanal
un peu barré qui ne s’attardera guère sur
la surface des choses, mais tentera humblement d’approfondir nos visions et d’approcher le coeur de la réalité. Yesss…
Trop souvent Sauvage a une connotation
péjorative dans nos cerveaux civilisés.
Sauvage, selon le Robert c’est : ce qui est
à l’état de nature ou qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme. Souvent on
entend sauvage et on projette la menace,
le farouche, l’impénétrable, l’invivable.
Sauvage serait à l’opposé de ce vers quoi
l’humain tend à travers la civilisation. Ce
vers quoi il tend à travers le contrôle maximum de son environnement, mais aussi
de ses espaces intérieurs. Bien sûr il s’agit
souvent d’un élan vers plus de sécurité.
Mais zalors pourquoi ne pas aussi dompter la mort ? Ce serait le stade ultime de
notre progression technologique ! Quelle
sauvagerie cette mort qui nous attend
avec arrogance au détour du temps. Oui,
on voudrait tant échapper à cette emprise
du naturel sur nos vies. Costards 3 pièces,
smartphones, coke, antidépresseurs et
brushing millimétrés ! Montres, horaires,
police, supermarchés ! Mais non, il faut encore se sustenter, courir aux toilettes, et
parfois tomber malade. Mourir… On tente de reléguer le sauvage dans ce que l’on
appelle « la nature », ce flou verdâtre et
brun aux portes de nos villes. Mais qu’en
est-il de ce lichen, de cette pousse malencontreuse qui vient taper l’incruste dans
l’une de nos architectures si savamment étudiées. À quelle loi est-elle sujette ? Herbicide
sur l’intruse ! Et qu’en est-il de nos intérieurs, de nos organes, de nos entrailles
sourds à nos désirs ? Cœur battant… qui
s’arrête soudainement. Mille rivières sanguines s’écoulant à notre insu ! Qu’en estil de ces pensées, ces passions, violences,
intuitions, récalcitrances, qui surgissent
au détour d’un neurone oublié. Qu’en
est-il de cette poussière d’étoile qui nous
constitue, ces atomes, électrons, énergies
sautillantes de partout ? Sont-ils bien civilisés ces neutrinons-protons-électrons ?
Ce flux, ce flot, cet air, cette eau ? Alors
oui, dans les pas de Kerouac, Gary Snyder
ou Tête de Fantôme, retrouver le chemin
du Sauvage. Sauvage musik dans la forêt.
Sauvage comme un vent pur ou un clair
de lune, dans les pas d’Ikkyu… Voies Sauvages pour notre plus grand bien…
CHRISTOPHE CHAT-VERRE, COMMENTE SES PHOTOS
Le mythe du sauvage a connu un essor durant l’ère pré coloniale, culminant sans doute dans la première partie du 20ème siècle, mais ressort
encore sous différentes formes dans nos âges dits civilisées. Il fut étayé
de différentes manières par les récits des explorateurs et trop souvent
dans le même sens inhumain par les consorts conquistadors, esclavagistes ou évangélistes, se référant bien vite a deux catégories. Les gentils
acceptant les nouvelles croix et bannières sans faire trop d’histoires,
et les mauvais, rétifs, dangereux, belliqueux voire cannibales... Le bon
sauvage, ou le sauvage tout court !!
Je n’ai pas eu le temps de leur demander ce qu’ils en pensaient tous les
trois... !! : un Maori néo zélandais venu retrouver son frère qui vit avec
une iroquoise, dans une réserve du nord de l’État de New York. Cette
photo (ci-dessus) a été prise en territoire Mohawk, au Québec, près de
la frontière avec le N.Y. State.
Si aujourd’hui ce mythe de sauvage, de killer tatoué, fait plutôt sourire
en Europe – le côté guerrier tribal devient même souvent idéalisé, que
ce soit au niveau esthétique, sportif, ou « spirituel » – quand on en vient
à des réalités de cohabitation, de coexistence, avec des modes de vie
différents, ça prend souvent une toute autre tournure... En somme, dès
qu’il y a des intérêts territoriaux, des richesses à exploiter, des statuts
protégeant les premières nations – par exemple au Canada, les amérindiens ne paient pas de taxes sur les achats, ce qui énerve une bonne
partie de la population, devenue amnésique à sa propre Histoire – les
jalousies et les tensions montent, et la bonne société montre soudain
les crocs. Sans parler des cas très médiatisés comme l’Amazonie ou le
Tibet, il suffit de voir ce qu’il se passe au Canada, aux USA, en Australie,
en Nouvelle Zélande, au Chili – des soit disant grandes démocraties –
pour se dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge. Enfin surtout eux, avant
tout ! Eux les dits «peuples premiers», qui sont fêtés en héros aux expos du musée du Quai Branly, mais qui subissent un vrai mal de vivre
sur leurs terres qui se réduisent bien souvent à peau de chagrin au fur
et à mesure de l’avancée triomphante du développement défendu par
le dogme de la Sainte Croissance. Situation qu’on retrouve dans plus de
trois pays sur quatre, si l’on considère les tribus traditionnelles et les
peuples au mode de vie pastorale d’Afrique et d’Asie. On les aime beaucoup dans les expos ceux-là, aussi... Chez nous en Europe, quoi de neuf
à ce propos ? Rien, RAS... Les Roms avec leur cheveux dépenaillés et
leurs airs de débarqués du Rajasthan ont de nouveau le droit à la même
vieille soupe amère....
Si vous devinez d’où provient la photographie, après avoir payé au prix fort votre exemplaire de Punk Mystique,
Guy Seïka se fera un plaisir de vous offrir un verre ! (No fuckin’ way ! NDLR)
Les hordes de cavaliers déferlant font partie de l’inconscient collectif européen, à l’est en particulier. Les barbares
asiatiques surgissant comme le tonnerre, moustaches au vent et sabre au clair... Certains pays en restent marqués
de manière indélébile, comme la Hongrie. Hungarya, c’est la terre des Huns littéralement... Les Hongrois sont en
effet des européens ... aux yeux relativement bridés, dans la majorité des cas ! Mais trêve de généalogie, et d’idées
galopantes, revenons à nos cavaliers nomade, ceux qui ont inspiré la terreur et fait l’admiration des pauvres sédentaires que nous sommes. Les Cosaques, les Tartares (rois de la monte à cru, d’où la fameuse recette de steack),
les Turco-Mongoles, les Arabes de Lawrence, les Chiricahuas aux montures peintes de jolis signes, les gauchos des
pampas (rois du galop ventre à terre) dont le vénéré Martin Fierro, les afghans se disputant ardemment une carcasse de mouton (le célèbre jeu du bozkachi), les courses de Vincennes...
Autant de héros qui galopent plus vites que nos pensées nostalgiques, et qui me donnent à croire que nous pourrions bien faire marche arrière prochainement, laisser de côté ces tas de ferraille prétentieux (15, 30 chevaux disent-ils !!) pour retrouver le noble plaisir d’aller et venir avec notre meilleur ami, le cheval...
THÉOPHILE FABRE MINUIT, URIT, extrait d’une nouvelle de quelques pages. De nombreux txtes
sont à retrouver sur son blog (voir dos).
Marion. Mon nom est Marion. Je suis un être de chair et de sang, au cœur qui bat et aux idées qui fusent telles des
gouttes de nitroglycérine.
Je suis un sexe, des hormones, une odeur, un toucher s’évaporant. Je suis des courbes qui se tordent et un souffle
fiévreux se muant en un soupir étouffé.
As-tu déjà vu les yeux d’une femme abandonnée au plaisir ? As-tu déjà entendu cette symphonie s’échapper des lèvres de la créature qu’on désire, ce son bestial et voluptueux qu’on nomme gémissement ? As-tu déjà mordu un cou
frémissant à ton toucher ? As-tu déjà léché une poitrine généreuse trempée de sueur ?
Toute ma vie je n’ai fait que danser. Toute ma vie je n’ai été qu’un corps, une entité se mouvant au rythme d’une
musique; toute ma vie je n’ai été qu’une invitation à la chair. La perversion. L’oubli entouré d’un drap.
Je ne suis qu’un objet sexuel né pour satisfaire l’Envie. Je me sais empoisonnée. Je me sais née pour vous posséder
et ensuite vous abandonner, l’esprit troublé et encore plein des impromptus de votre nuit, la plus belle de votre
vie. J’aurai empli votre cœur et permis en vous la naissance du manque. Je passe et je disparais, on ne me possède
qu’une fois. Seulement une courte et intense étreinte. Je ne suis qu’un objet sexuel né pour satisfaire l’Envie. Celle
de l’Acte.
Jouissance. Désir. Cris. Soupirs. Sodomie. Baiser.
Comme un menu habituel. Comme une commande quelconque à un bar anonyme. Toujours un triste sentiment de
déjà-vu au regard du visage déjà révulsé par les prémisses de l’orgasme. Je ne sais ce que je recherche chez tous ces
hommes. Je ne sais ce qui me pousse à me décevoir dans les bras d’un rond-de-cuir chaque nuit, qui après m’avoir
déclaré un amour inconditionnel, la semence adultère en mon sein, m’insulte le lendemain en me jetant un billet. Je
ne sais ce que je recherche, pourquoi je laisse le commun des mortels graver sur mon front les lettres du métier le
plus déshonorant au monde. Pute, catin, cocotte, prostituée, salope. Fille de rien. Ce que je suis.
Une fille de rien qui rêve de l’Etreinte. Qui rêve d’une seule nuit, faite de drogues, d’amour, de regards en forme
de morsure de serpent et d’alcool. La fille de rien rêve de brûler en une seule nuit, pour pouvoir ensuite mourir, et
quitter cette perdition qu’on appelle existence.
Quitte à aimer, autant se consumer.
•••
Ca y est, la nuit est finie. Peu à peu, les rues s’animent de nouveau, se remplissent de voitures sous amphétamines et
de Citoyens qui se Lèvent Tôt, respectable engeance de notre monde.
Les lampadaires, témoins de la nuit passée, semblent s’éteindre soudain, comme une bougie qu’on soufflerait. Les
Citoyens qui se Lèvent Tôt se dirigent d’un pas stalinien à leur travail, avec l’assurance sans faille de ceux qui ont
trouvé leur place sur cette terre.
Grand bruit, les portes du métro s’ouvrent. Le couperet d’entrée-sortie du moyen de transport facile et citadin par
excellence s’ouvre, et vomit la France qui se lève tôt. Et c’est vrai, il est tôt, et le jour qui n’est pas encore levé s’apprête à vivre une autre tranche de vingt-quatre heures, comptant parmi ces phases effrénées de la vie qui vous avale
ou vous recrache comme une diarrhée carabinée. Les ménagères de moins de cinquante ans, le top bon marché déjà
recouvert du vomi juvénile, courent pour emmener la progéniture vers un haut lieu d’Apprentissage quelconque ;
des grappes de VRP cloués à quatre épingles sur du papier glacé suant à grosses gouttes se dirigent d’un pas modérément pressé vers un lieu où ils gagneront des sommes considérables d’argent, et marchent sur les corps comateux
des sdf, cadavériques témoins des débauches nocturnes, dormant du sommeil abyssal de ceux qui ont passé les dernières heures à se griller les neurones à coups de substances illicites.
Ca y est, la France qui se lève tôt est réveillée, et elle explose d’énergie. Et ils sortent tous par grappes de la bouche
de métro, gueule de loup moderne et électrique, témoin carnassier de toutes ces âmes vouées à l’économie de marché.
Alexandre Michon 2008
GUYSEIKA, TÊTE DE FANTÔME REMIX (extrait)
Le corbeau se dandine en marchant tel un bourgeois endimanché fier de lui-même, crooâ… Tête de Fantôme est
de nouveau perché sur le haut d’une poubelle et son corps accueille les premières lueurs du jour. Tête de Fantôme :
pantacourt-World-blanc motifs-noirs, torse-poil, T-shirt-bleu-électrique noué à la taille, basket Travel Fox dépouillées aux pieds, une plume de corbeau tombant de sa tignasse, derrière l’oreille. Et partout autour, le grand
carnaval des jours de semaine qui se met en branle… Tête de Fantôme fredonne :
T’as l’cœur qui bat comme un tambour/ car toi tu crois depuis toujours/ à la promesse d’une nouvelle aube/ pour
toi et moi et tous les autres.
Fidèle tu t’es levé très tôt/ à l’heure où les poubelles se vident/ tu marches vite à cause du froid/ tu laisses le vieux
monde derrière toi/ Et même si elle n’existe pas/ on fera comme si elle était là/ Rendez-vous sur la colline ou sur
les toits de la ville …
En Inde, les hors castes étaient obligés d’arborer les plumes noires et luisantes des corbeaux comme des affirmations de leur opprobre. Mais tout autour du monde et depuis des temps immémoriaux, les humains ont décelé en
corbeau celui qui, tel le filet d’une fumée d’encens, lie le monde des phénomènes à l’invisible. Et Tête de Fantôme
pense que cette plume ténébreuse va l’aider à comprendre ce qu’il se passe autour de lui. Ces longs murs qui se
projettent vers les cieux, ces marées humaines, ces véhicules bruyants et puants, cette terre étouffée sous des
matières dures et froides.
Descendant de sa poubelle il sillonne les trottoirs souillés, patauge dans les caniveaux, erre d’une poubelle à
l’autre, évite le métal enragé des voitures. Son regard se lève sur cette tour himalayenne. Centre Point… Tabarnak !,
mille petits orifices carrés, lignes impitoyables, lame acérée, un ciel d’acier. En fermant les yeux il imagine : la forêt
d’antan, arbres centenaires, les cours d’eau, les rivières, loups, chouettes, sangliers, cerfs, broussailles impénétrables, champignons vénéneux. Et aujourd’hui… Tête de Fantôme pivote sur lui-même pour regarder la cité. Mais
que s’est-il passé ? Il visualise… La ville a ses racines dans un autre âge où l’homme avait la Lune dans les yeux,
les animaux, les arbres et les rocs pour frères et soeurs, les dieux et les esprits marchaient à ses côtés. Là sont ses
racines, et tout a bougé. Maintenant les humains vont plus vite que le soleil, la terre et les étoiles. Les nébuleuses, les galaxies. Tout est allé trop vite, pensée après pensée. Et maintenant tout un peuple s’affaire tant et plus,
court dans tous les sens pour porter cette civilisation à bout de bras. Trimer incessamment pour que Centre Point
reste debout. Trimer, trimer. Ne pas s’effondrer… Ils soutiennent les murs, soutiennent tous ces murs. Ne pas
s’effondrer. Tête de Fantôme visualise tout cela, tout un peuple hypnotisé retenant les murs des villes du monde,
piétinant ceux qui n’en ont pas la force, ou pas l’envie…
Sur le chemin de Phoenix Garden, Tête de Fantôme croise les travailleurs anonymes des lundis matin. Leurs regards interloqués à sa vue. Il s’arrête et les observe, certains d’entre eux attroupés à un arrêt de bus. La ville. Tous
ces gens à côtoyer. S’entasser avec eux, chacun dans sa tanière de briques ou de béton. Trimballer ses joies, ses
peines, ses sales soucis… Promener ses gueules d’enterrement et ses entortillements d’organes dans les boyaux
puants du métro. Et une fois arrivé, être déversé comme une diarrhée dans le torrent des rues... Pourtant, admirant ces visages éclairés par les clartés matinales, ces yeux qui pétillent tant bien que mal au milieu, Tête de
Fantôme ressent de l’amour…
Gagné par la mélancolie, il continue son chemin et s’engouffre dans une ruelle, comment survivre dans la ville ?
Quelle place pour les ours, les loups et les brebis ? Comment survivre ici ? Au-delà de Phoenix Garden, sur le parking au goudron défoncé, Tête de Fantôme s’assoie sur quelques parpaings empilés. Son regard se fige sur une
poignée de plantes s’épanouissant dans une craquelure, près d’un mur de ciment barbouillé. Tête de Fantôme
s’émeut. Flore sauvage s’immisçant dans la moindre béance, le moindre interstice, faisant simplement ce qu’elle a
à faire : pousser sous le soleil en prenant racine dans le moindre volume d’humus, et repoussant de sa voie asphalte
pourri et béton déglingué. Herbes Folles traçant tant bien que mal leur voie à travers les contingences étriquées,
civilisées. Envers et contre tout. Une pure sauvagerie trouvant sa place dans cette urbanité omnipotente…
AGNÈS VILLETTE, KEROUAC IN THE WILD
Misérable et mouillé, c’est ainsi que Jack Kerouac décrit ce matin de juillet 1956, où arrimé à sa monture, et
accompagné de deux gardes forestiers et de mules chargées de vivres et d’équipements, il grimpe les flancs escarpés
de Desolation Peak, au nord du parc naturel des North Cascades, dans l’état de Washington. Cet état du Pacifique
Nord Ouest, dans les années 50, possède des étendues illimitées et boisées vides de toute présence humaine, un
univers du grand ouest encore intact. Pour rallier ce coin reculé de la vallée du Skagit, pas de routes, mais des lacs
qu’il faut franchir pour attraper à flanc de montagne un chemin escarpé. Deux milles mètres d’ascension pentue, à
travers les sous bois d’une forêt dense, débouchant sur les hauteurs rocailleuses d’une montagne dénudée. Là, dans
les années 30, une cabane forestière avait été construite afin d’héberger des vigiles pendant la période estivale des
feux de forêts.
Desolation Peak porte bien son nom, en 1919, un incendie en avait ravagé pendant deux mois entiers les
pentes boisées, dénuant un pic dépouillé où des plaques de neige survivent jusqu’au milieu de l’été. A perte de vue,
des montagnes, dotées de noms évocateurs, Mount Fury, Little Jackass Mountain, Mount Terror, Mount Despair,
en contre-bas, les entrelacs serpentant de lacs bleutés et de réservoirs. Le Canada, à une vingtaine de kilomètres
s’étire vers le nord, pas âme qui vive. A perte de vue, le ciel et les montagnes.
Kerouac a trente ans cet été 56, il s’est porté volontaire et a, en stop, rejoint Seattle depuis San Francisco,
pour monter plus au nord. Ce sera d’ailleurs l’un des rares emplois rémunérés de sa vie, $250 par mois, logé mais pas
nourri, il acquiert à crédit pour $45 de ravitaillement. Pendant une semaine, il ronge son frein au milieu des recrues
pendant les cours obligatoires sur les feux de forêts et, provocateur, porte son casque de pompier rejeté en arrière.
Il patiente. Il attend de se mesurer à la solitude, à l’isolement ultime. Il anticipe cette retraite, envisageant d’y écrire
et de vivre l’austère discipline de l’ermite. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que ces deux mois seront les derniers
moments de tranquillité avant que ne déboule, adulée et redoutée, la célébrité avec la publication de On the road.
Le manuscrit passé de main en main, trimballé chez différents éditeurs, sera finalement imprimé par Viking, trois
mois après son retour à la civilisation. On pourrait y voir l’apogée de sa quête de vérité, la dernière grande aventure,
le pari solitaire, avant d’être englouti par les médias et la renommée. Belle métaphore de l’élévation ultime, mais
rien n’est simple avec Kerouac. Le séjour fantasmé, l’éloignement du monde, l’ermite magnifique, la pleine nature
sublimée ne le ramèneront finalement qu’à lui même. « Je m’en fous, tout ce que je veux c’est être seul là haut tout
l’été» clame-t-il au vieux garde forestier qui l’accompagne pour l’ascension. Goguenard, le cow boy du Wyoming lui
rétorque, « Tu dis cela maintenant, mais tu vas vite changer de musique. Ils disent tous ça !»
Kerouac a quitté son univers de prédilection : les routes, les gares et les grandes mégapoles qu’il ne cesse de
croiser et de quitter et qui insufflent la dynamique de ses ouvrages comme sa posture libertaire et poétique. Ce rêve
d’ermite au milieu des montagnes lui vient d’une rencontre, celle, en 1955, à San Francisco, d’un ami d’Allen Ginsberg, le poète zen Gary Snyder. Leur amitié immédiate sera nourrie d’une admiration respective. Venu de l’Oregon,
Snyder est un précurseur de l’écologie moderne, un vrai voyageur, annonciateur des hordes de randonneurs qui
sillonnent aujourd’hui le globe. C’est à travers les yeux de Snyder, devenu dans les Clochard célestes, le personnage
de Japhy, qu’il découvre l’état de Washington, « c’était exactement comme il avait dit : humide, immense, boisé,
montagneux, froid et exaltant. » La première grande randonnée, sorte d’initiation à la nature, sera l’ascension avec
Snyder du Matterhorn. Kerouac n’arrive pas jusqu’au sommet, mais attrape immédiatement le goût des grands
espaces, fasciné par la vie au grand air, l’isolement au cœur de la nature, que ce rejeton des villes ne connaît pas.
Snyder est aussi un érudit des textes zen dont il a traduit certains auteurs. Kerouac, comme beaucoup d’écrivains
de la Beat Generation sera influencé par le bouddhisme japonais qui venait d’arriver en Occident. En Snyder, il reconnaît pleinement la figure du bhikku, le moine vagabond, le cinglé zen. Ce modèle d’errance rejoint pleinement
l’imaginaire américain, la figure du hobo, que nourrit le picaresque américain, l’idéalisation du cow boy et du pionnier. La nature est fantasmée comme un espace de l’extrême, une confrontation à une nature intacte, loin de la
civilisation. Une sublimation qui renoue avec l’enfance, « les noms de Nooksak, de Mount Baker National Forest
excitaient dans mon imagination une magnifique vision cristalline de neige, de glace et de pins du Grand Nord de
mes rêves d’enfance. » Cet échappatoire dans l’immensité du paysage, - subtile forme de déni – lui permet de mieux
passer sous silence les années McCarthy, la guerre du Vietnam ou la guerre froide.
Ce matin de juillet, dans l’exaltation de la découverte et l’émulation du voyage, alors qu’amusé, le cow boy
le tance « Tu es certain que t’as pas apporté une bouteille de brandy ? », il est tout entier à son expédition solitaire et spirituelle. « Pas de Benzédrine, pas d’alcool, juste du tabac. » Au milieu du brouillard glacé, arrivé à la cime
montagneuse, le cow boy pointe le look out. « Je vis alors une grotesque petite cabane au toit pointu, presque
chinoise, au milieu d’arbustes et de rocs, érigée au sommet d’un rocher chauve entourée de neige et de pans d’herbe mouillée. » La cabane ressemble à une cellule d’ermite, couche de cordage, réchaud à gaz, table d’orientation et
appareil récepteur-transmetteur qui constituera le seul contact avec le monde pendant les 63 jours de vie alpestre
du poète. Avant de le quitter, le cow boy lui rappelle « N’oublie pas ! Tout va bien jusqu’au moment où tu feras,
à haute voix, les questions et les réponses.» L’isolement est total, sauf les souris et les rats auxquels il faut reprendre le lieu délaissé depuis l’été dernier.
Le paysage enveloppé dans le brouillard reste longtemps une abstraction. « J’ai commencé à voir la première étoile
à 10 heures » et c’est au milieu de la première nuit, réveillé par la lune qu’il comprendra l’étrangeté et l’effroi de la
vie aux confins du monde. « Je me suis soudain réveillé, les cheveux hérissés sur la tête, je venais d’apercevoir par
la fenêtre, une monstrueuse masse sombre. Le brouillard s’était levé. Hozomeen, la plus effrayante des montagnes
jamais vues et la plus belle dès que j’appris à la connaître, lorsque derrière elle, pointent les lumières boréales reflétant les glaces du pole nord depuis l’autre côté du monde. » C’est dans ce lieu improbable, qu’il entreprend de mener
une existence domestique, créative et méditative. La neige toute proche lui procure l’eau nécessaire, les conserves
fournissent la nourriture quotidienne. Si aujourd’hui, Desolation est un lieu où passent quelques randonneurs ou
des fans du poète, en 1956, la solitude est totale, juste entrecoupée des conversations radio des autres guetteurs
en manque de conversation. L’été 56, il n’y eut aucun feu de forêt. Kerouac d’ailleurs, éteignait à dessein la radio
ne supportant pas l’inanité des propos de ses camarades, juste intéressé par les conseils pour améliorer l’ordinaire,
comme par exemple la recette des muffins concoctés sur un réchaud. Quant aux ordres de surveiller les potentiels
avions espions russes, il s’en contrefiche et découpe les pages du guide de reconnaissance aérienne pour rouler ses
cigarettes. Les journées s’éternisent. Seule activité: poursuivre les insectes qui pullulent autour de la cabane. Le
matin, il fait le poirier, une habitude prise pour apaiser les douleurs dans les jambes dues aux prises de drogues. Il
remplit avidement son journal. Mais d’écriture, peu. Il met deux mois pour écrire une unique lettre à mémère, la
mère adulée restée sur la côte est. Rapidement, la vie d’ermite impose ses limites, la nature l’impressionne toujours,
mais il est assailli par ses démons. « Les aventures Désolées me trouvent au tréfonds de moi même: un vide abyssal
pire que toute illusion. Mon esprit est en charpie. » La dernière entrée dans son journal est plus qu’explicite, « Ca
suffit! J’ai tout dit. »
La radio l’informe de son retour. Il sera resté 63 jours dans une solitude totale. Il lui faudra plusieurs heures,
cigarettes et cafés pour reprendre contact avec le monde, c’est seulement en apprenant les résultats du baseball
qu’il prend conscience d’être revenu de très loin. De retour à Seattle, il se rend dans les bars et les shows de striptease. Les habitudes ont la vie dure. Il reprend immédiatement la route pour San Francisco.
Les deux mois de solitude seront, malgré les désillusions de la vie solitaire et l’incapacité à écrire une source d’inspiration continue pour les ouvrages à venir. Ce sera aussi la dernière immersion dans la nature, les villes reprenant
immanquablement leur ascendant.
VISION DE FREE PARTIES
Extraits d’entretiens tirés de « Free Party, une histoire, des histoires » de Guillaume Kosmicki, publié en 2010 par
l’éditeur marseillais Le mot et le reste. Pour faire court, à la suite de la criminalisation croissante des fêtes tekno
en Angleterre à partir de 1992, des sound system (ex:Spiral Tribe) décident de s’exiler et d’exporter leur sons et
leur mode de vie de saltimbanques trash à travers l’Europe. Ils se déplacent en camion et posent leurs milliers de
watt de musique répétitive dans entrepôts et forêts... Pour faire danser le peuple et chambouler la civilisation.
Redge : Cette synthèse de nomadisme, de techno, cette épopée underground, je la trouve excellente. J’ai creusé
cette histoire pour démystifier le truc, ce qui est chose faite, néanmoins ce geste artistique m’impressionne toujours ! Ils ont changé la vie de plein de gens, ils ont fait tourner la tête de plein de monde, ils ont fait une musique
excellente, même si ce ne sont pas eux qui l’ont inventée, ils l’ont distillée de partout, ils sont allés nous chercher
dans nos campagnes de bouseux, et ils nous ont mis direct dans le cyber-espace. Trop bien ! Nous les occidentaux,
nous sommes peu habitués à entrer en transe, et ils nous l’ont amenée à la campagne gratos. (p.332)
Josy : J’aime vraiment la musique de dancefloor qui te fait entrer en transe ! Pour moi c’est une célébration, c’est
un peu comme une grand messe, ou une grande réunion où chacun prierait son propre dieu. Tu peux trouver ce
que tu veux dedans, l’interpréter comme tu veux, tu es libre. « Free », c’était ça, c’était pas une histoire d’argent :
ça veut dire libre ! Franchement tu peux rajouter ce que tu veux, faire ce que tu veux alors que toutes les autres
musiques sont ultra codées. Le rock m’a cassé les pieds : chaque riff de guitare est prévisible. Avec la techno tu
étais quand même étonné.
C’est dans le même esprit qu’il ne faut pas trop de lumière sur un dancefloor, ah non ! Le moins possible ! Pas
trop éclairé, c’est logique, parce que c’est le moyen de se libérer. Ah mais oui, c’est un endroit où tu es là pour tout
lâcher. C’est comme un rituel, un endroit pour entrer en transe, tout seul et en sentant les autres à tes côtés. Ce
ne sont pas des danses codées, raides, comme le tango. Non, tu es là pour te lâcher, ce n’est pas la boîte du samedi
soir où tu es là pour trouver une copine, non ! Quand tu sors d’un bon teknival de 5 jours, tu t’es bien éclaté, tu as
transpiré à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il y a eu un moment où vraiment tu t’es lâché, tu rentres
chez toi, tu es bien. (p.178)
Jeff (Spiral Tribe) : …Je crois que celui qui pense qu’il est un dieu ou un chaman musical, il ne l’est pas. Non, au
contraire, celui qui fait les choses innocemment, uniquement pour l’amour, il est à fond dedans. Là c’est chamanique, et c’est la seule vraie chose. Le DJ ou le live qui ne sait pas ce qu’il fait mais qui est dedans, même dans sa
chambre, c’est l’innocence et quand il sort, il kiffe et ça marche bien ! C’est comme ça qu’on a joué à nos premières
soirées, en Angleterre ou en France. Nos DJ envoyaient une espèce d’énergie énorme parce qu’on ne faisait pas ça
pour l’ego, pour l’argent ou pour autre chose que pour le besoin de faire la fête, et c’est tout ! L’énergie qui était
projetée, couplée avec le côté cosmique que certaines personnes avaient, et aussi avec le fait que les psychédéliques traînaient bien dans le coin, ça a démarré un truc énorme, qui était quand même bien tordu !
Quelques années plus tard, par la corruption de certains labels ou de certaines personnes qui ont pensé qu’elles
pouvaient gagner des sous, ça a gâché l’affaire. Nous même quand on projette de faire de l’argent, on essaye de
garder notre côté artistique. Quand tu sors avec une attitude du type : « Moi je suis mieux que les autres, je suis
là pour les sous et je me fous du reste », eh bien tu ne vas pas faire ta meilleure prestation, ça peut être très bien
mais tu ne vas pas envoyer une énergie pure.
Ce que j’ai retiré de tout ça, c’est que lorsque tu vas jouer avec ce côté spirituel et magique, il faut que tu sois
pur dans tes pensées. Sinon tu vas te faire baiser, tout simplement, je pense que ça ne va pas marcher pour toi.
Lorsque tu utilise de la magie pour faire des choses, si c’est pour ton ego au lieu d’être au bénéfice des autres, de
la tribu, du public ou de la fête, ça ne marche pas ! (p.198)
Seb (alias 69db, Spiral Tribe) : 6 et 9, d et b, c’est l’équilibre des opposés, c’est une vision. Ce sont les deux côtés du
miroir. C’est pour ça que j’ai choisi de rester avec (ce pseudo), parce que je peux me battre pour ça, c’est comme le
yin et le yang, même si je ne suis pas moi-même un sage, j’aime cette aspiration d’aller vers ça, ça a toujours été
mon truc. Si on prend le risque d’aller danser avec les psychédéliques, d’aller dans la nature faire un événement
gratuit, et même d’aller dans le mur dans notre vie, je veux que ce soit pour de bonnes raisons, pas pour no future,
mais pour cette petite possibilité de voir de l’autre côté du miroir, voyager ensemble. Dans le mouvement ces
vingt dernières années, on a tous eu des soirées cosmiques, peut-être juste une en vingt ans, mais cette soirée là
on ne l’a pas oubliée. J’étais là pour cette communication, un petit moment où, dans la liberté et l’anarchie de la
situation, on a une petite porte qui s’ouvre pour nous. Si on est malin on s’accroche, si on est con on se perd dans
les drogues dures et l’égoïsme.
Pour 69db, une autre manière encore de l’expliquer est qu’en règle générale, la dynamique dont on parle pour
l’être humain est entre 0 et 140 db. 120 c’est mal barré, 140, c’est ridicule, mais certains micros peuvent aller jusque là parce que ça existe, et tu as des chocs qui peuvent atteindre cette intensité. 69 c’est à peu près le milieu,
et c’est encore l’équilibre. Je ne suis pas extrémiste, je crois dans la voie du milieu, c’est mon but. C’est cool quand
tu es jeune d’aller tester les choses, mais j’ai fait mes années de folie on va dire. Heureusement que j’ai été assez
malin pour comprendre que certaines substances n’étaient pas du tout le chemin (coke, kéta, héro), en tout cas
pas pour moi, et que je n’ai jamais laissé les gens me forcer à aller quelque part. J’étais conscient que je jouais avec
ma santé, avec ma vie, que je jouais avec mon équilibre cosmique. Les choses que j’ai prises c’était toujours pour
aller vers un extrême, pour voir une certaine réalité, pour chercher une inspiration et mettre ça dans ma vie, pour
mieux savoir où je suis dans l’univers. Ça c’est ma version de la rave, et c’est pour ça que les gens dansent depuis
des siècles partout, pour aller vers l’unité du sentiment. (p.52)
Raff (OQP et Sound Conspiracy) : ça a foiré en Inde parce que ce n’était pas possible de gagner de l’argent. Le
voyage nous a bouleversés, retournés. On est arrivé dans un endroit où ils n’avaient pas besoin de free parties.
Je ne parle pas de Goa, je parle de l’Inde. On voulait faire quelque chose de super. On voulait faire bouger les
indiens et on a fait bouger les touristes. Les indiens, on leur parle de musique gratuite dans la rue, mais ils en ont
tous les jours ! Ils n’ont pas que ça à foutre d’aller en free party, c’est un délire de petit-bourgeois occidental. Les
occidentaux sont les petits bourgeois du monde, basta, c’est comme ça, le décalage est immense. Quand on est
partis, on était super naïfs. L’Inde on ne savait pas ce que c’était. Je pense que la plupart d’entre nous ne savait
même pas la situer sur une carte. On est partis en Inde comme on partait au Portugal, c’était le même truc. On a
été étonné tout le long. La plupart d’entre nous n’avait jamais quitté l’Europe. Rien que la Bosnie ça nous faisait
halluciner, combien ils étaient pauvres et à quel point c’était le carnage, pourquoi est-ce qu’on arrivait avec nos
délires alternatifs alors qu’ils sortaient d’une guerre ? Et l’Inde, de toute manière ça te fout une claque. On est
parti pour fuir l’Europe de la free party, et on s’est retrouvé avec la Goa de la trance, qui est à peu près la même
merde, et ensuite avec des problèmes d’argent. C’est difficile de faire de l’argent quand tu dois payer la police, la
mafia qui te fout la pression, et que le bar est aux locaux. (p.397)
Debbie (Spiral Tribe et Sound Conspiracy) : Voyager m’a fait comprendre qu’on a une sacrée chance d’être européens ! Mais aussi que n’importe où tu es toujours toi-même, l’endroit ne va rien changer à ça. Maintenant je fais
le plus grand voyage : c’est le voyage à l’intérieur. Je pratique la méditation vipassana et ça a changé ma vie. Et
ça continue. Il faut poursuivre le changement, surtout nous-mêmes, comme une ouverture de porte : doorway.
Le mouvement a ouvert l’esprit des gens, il les a amenés à découvrir des nouvelles choses, à rencontrer plein
d’autres personnes. Il a fait voir que tout est possible, que l’on est tous des personnes créatives et que l’on peu
exprimer ça si on en a envie. Le monde s’est transformé énormément depuis la fin des années 80, et je suis sûr que
le mouvement tekno a bien aidé. Tous les changements dans le monde viennent de changement de l’intérieur.
(p.403)
POUR LES ENFANTS
Les collines élevées, les pentes,
des statistiques
surgissent devant nous.
Rude ascension
de toutes ces choses, qui grimpent,
grimpent, alors que nous
déclinons tous.
Dans le prochain siècle
ou celui d’après,
disent-ils,
il y a des vallées, des prairies,
nous pouvons nous y retrouver en paix
si nous y parvenons.
Pour gravir ces crêtes à venir
un mot pour vous, pour
vous et vos enfants :
restez ensemble
apprenez les plantes
vivez simplement
Gary Snyder dans Turtle Island, USA, XXe siècle
Certains prétendent corriger le mal et mener au bien,
Mais ce ne sont que passion conjecturale.
Gagner ou perdre est illusion
Qui fait croire en la réalité de la séparation et du moi.
Je voudrais être
Un sage hors des poussières.
Ciel bleu et lune blanche.
Le vent nous envoie un air pur.
Ikkyu, Japon, XVe siècle
De la terre
Emerge la neige
Au ciel
Retourne la sève
Pierre
Ronde
En laquelle habite
Toute la patience
Des jours à venir
Au fin fond de l’univers
Apparaît la vie
Dans le vent
Marche le temps
Nanao Sakaki, Japon, XXe siècle
Que souffles-tu donc au vent
Que je n’entends pas ?
Medhi, France, XXIe siècle
Arbre je suis
Mes racines s’enfoncent profondes,
A la recherche du soleil noir .
Mes branches s’étirent vers le ciel,
A la recherche du soleil d’or.
Qu’au cœur de l’arbre, enfin
Se mêlent leurs contraires,
Dans une harmonie d’être,
Transparente et vivante.
Françoise Lesage, France XXIe siècle
Connaissance,
Eka Faune 2013
Fabre Asphodèle Minuit : Saltimbanque les jours de pleine lune, poète raté les jours impairs, magicienne maladroite et musicienne du dimanche qui rêverait de vivre
du théâtre, de sa plume et de ses rêves de gamin. En
attendant, elle écrit un blog dans lequel elle reconstruit
son monde : www.anachroniques-pendulaires.com
Agnès Villette : Française presque anglaise versée dans les
lettres et la pratique assidue du zazen.
Alexandre Michon : artiste burlesque, cinéaste fou, auteur
de dessins grotesques d’inspiration pataphysique, vous
pouvez retrouver ses œuvres vidéo et graphiques sur cinemich.free.fr…
Françoise Lesage : Nonne zen calligraphe et peintre,
tout simplement.
Guyseika : Artiste polymorphe versé dans les cultures
extrême-orientales, entre autres choses. À retrouver
notamment sur www.guyseika.com…
Mehdi : Il balaie les allées des Parcs, il vous coupe le
gazon sous les pieds, il taille les haies d’une paire de
ciseaux affutée. C’est l’oeil acéré des espaces verts, le
joyaux caché sous les feuilles mortes de l’automne.
Christophe Chat-verre : photographe d’origine nantaise
qui passe pas mal de temps en Amérique Latine à documenter les cultures populaires et indigènes les plus diverses. Il ne s’agit pas pour lui de voler des images mais bien
de construire un dialogue avec ses sujets et d’en dégager
la noblesse inhérente. Vous pouvez découvrir son travail
et le contacter à travers sa page Facebook…
Si vous voulez colaborer avec nous n’hésitez pas à nous
contacter. Nous avons besoin de mains agiles, d’esprits
affutés, de tous les horizons, de tous les sexes,de tous
les âges, pour offrir de nouvelles visions à ceux qui en
veulent bien...
Eka Faune : À la tête d’un projet tribal d’art accessible au
plus grand nombre. Page consultable sur FB.
Contact général :
[email protected]
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