textes - Musée Jean-Jacques Rousseau

Transcription

textes - Musée Jean-Jacques Rousseau
Chez Jean-Jacques
♦ Eléments de chronologie
p. 2
♦ Chez Jean-Jacques au Mont-Louis
p. 4
♦ Une journée avec Jean-Jacques
p. 5
♦ A table chez Jean-Jacques
p. 6
♦ A table au XVIIIe siècle
p. 8
♦ Le vêtement
p. 9
♦ L’hygiène
p. 10
♦ La poste
p. 11
♦ La monnaie
p. 13
♦ Le mariage de Jean-Jacques et Thérèse
p. 15
♦ Les documents « Chez Jean-Jacques »
p. 16
Eléments de chronologie
Jean-Jacques Rousseau
1712-1778
Rousseau naît à Genève le 28 juin 1712
A l’âge de 16 ans, en 1728, il quitte sa ville natale de Genève. Il fait différents
métiers : laquais, secrétaire, professeur de chant…
Il commence à copier de la musique pour gagner sa vie et acquérir son indépendance.
Il poursuit cette activité tout au long de son existence.
Il arrive à Paris en 1750. et commence son activité de philosophe. En 1756, las de la
vie à Paris, « ville de boue de bruit et de fumée », il décide de vivre près de la nature
en se retirant à la campagne. Il choisit de s'installer sur la colline de Montmorency
avec Paris à l'horizon.
Montmorency
1756/1762
En avril 1756, Rousseau emménage dans une maison située en lisière de la forêt de
Montmorency, puis au centre du bourg au petit Mont-Louis en décembre 1757. Il a
45 ans. Il loue cette maison à Monsieur Mathas.
En 1758, Rousseau réalise, devant notaire, un inventaire des objets qu’il possède et
qui se trouvent dans la maison. L’original de ce document a été perdu mais une copie
nous est parvenue. Elle a permis, avec d’autres documents, de faire la restitution de la
maison.
Au Mont-Louis, Rousseau publie la Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Julie ou la nouvelle
Héloïse, Du Contrat social, Emile ou de l’éducation...
C’est un philosophe très connu, il reçoit de nombreuses visites. Certains visiteurs ont
laissé des témoignages qui nous donnent des indications sur le mode de vie du
philosophe : ses repas, sa façon de se vêtir.
De plus, dans son ouvrage Les Confessions, dans sa correspondance, Rousseau nous
donne des renseignements précieux sur sa vie au Mont-Louis et la vie à
Montmorency à cette période.
Le 9 juin 1762, l’Emile est condamné, Rousseau est décrété de prise de corps. Il
s’enfuit en Suisse.
Les années d’exil
1762/1767
A partir de 1762, Rousseau vit en exil en Suisse puis en Angleterre. Il y écrit
les Confessions.
Il revient en France en mai 1767.
-2-
Paris
1770/1778
Rousseau s’installe à Paris en 1770, rue Plâtrière (actuelle rue Jean-Jacques Rousseau).
Il poursuit son métier de copiste jusqu’en 1777 et il écrit Les Rêveries du Promeneur
solitaire.
Ermenonville
1778
En mai Rousseau s’installe à Ermenonville. Il s’y rend avec sa compagne Thérèse. Le
philosophe meurt subitement le 2 juillet. Rousseau est inhumé dans l’île des
peupliers.
1791
Fête populaire à Montmorency en l’honneur de « l’Homme de la nature et de la
Vérité».
1794
Transfert des cendres de Rousseau au Panthéon, lors d’une grande fête
révolutionnaire.
-3-
Chez Jean-Jacques au Mont-Louis
Jean-Jacques Rousseau s'installe au Mont-Louis le 15 décembre 1757 dans une
maison qu'il loue à M. Mathas. Celle-ci est en très mauvais état. Des travaux y sont
effectués au printemps 1759 pour la réaménager.
Les Confessions, livre 10
« Sitôt que la petite maison de Mont Louis fut prête, je la fis meubler proprement,
simplement [...] J'étais peut-être alors le particulier de l'Europe le mieux et le plus
agréablement logé. Mon hôte, M. Mathas, qui était le meilleur homme du monde,
m'avait absolument laissé la direction des réparations de Mont Louis, et voulut que je
disposasse de ses ouvriers sans même qu'il s'en mêlât. Je trouvai donc le moyen de
me faire d'une seule chambre au premier un appartement complet, composé d'une
chambre, d'une antichambre et d'une garde-robe. Au rez-de-chaussée, étaient la
cuisine et la chambre de Thérèse. Le Donjon me servait de cabinet au moyen d'une
bonne cloison vitrée et d'une cheminée qu'on y fit faire. Je m'amusai quand j'y fus à
orner la terrasse qu'ombrageaient déjà deux rangs de jeunes tilleuls, j'y en fis ajouter
deux pour faire un cabinet de verdure ; j'y fis poser une table et des bancs de pierre ;
je l'entourai de lilas, de seringa, de chèvrefeuille, j'y fis faire une belle plate-bande de
fleurs parallèle aux deux rangs d'arbres ; et cette terrasse, plus élevée que celle du
Château, dont la vue était du moins aussi belle et sur laquelle j'avais apprivoisé des
multitudes d'oiseaux, me servait de salle de compagnie. »
-4-
Une journée avec Jean-Jacques
Le « déjeuner » (appelé aujourd'hui « petit déjeuner »)
Les Confessions, livre 6
« Nous déjeunions ordinairement avec du café au lait. C’était le temps de la journée
où nous étions le plus tranquilles, où nous causions le plus à notre aise. Ces séances,
pour l’ordinaire assez longues, m’ont laissé un goût vif pour les déjeuners, et je
préfère infiniment l’usage d’Angleterre et de Suisse où le déjeuner est un vrai repas
qui rassemble tout le monde, à celui de France où chacun déjeune seul sans sa
chambre, ou le plus souvent, ne déjeune point du tout. Apres une heure ou deux de
causerie, j’allais à mes livres jusqu’au dîner.»
Le « dîner » (appelé aujourd'hui « déjeuner »)
Les Confessions, livre 10
« Pendant un hiver assez rude, au mois de février, j’allais tous les jours passer deux
heures le matin et autant l’après-dîner dans un donjon tout ouvert que j’avais au bout
du jardin où était mon habitation. Ce donjon, qui terminait une allée en terrasse,
donnait sur la vallée et l’étang de Montmorency.»
Le « souper » (appelé aujourd'hui « dîner »)
Les Confessions, livre 10
« Je revenais à petits pas, la tête un peu fatiguée mais le cœur content ; je me reposais
agréablement au retour, en me livrant à l’impression des objets mais sans penser, sans
imaginer, sans rien faire autre chose que sentir le calme et le bonheur de ma situation.
Je trouvais mon couvert mis sur ma terrasse. Je soupais de grand appétit dans mon
petit domestique, nulle image de servitude et de dépendance ne troublait la
bienveillance qui nous unissait tous.»
-5-
A table chez Jean-Jacques
Lettre de François Favre à Paul-Claude Moultou
De Paris, le 11 décembre 1759
« [...] je jetai les yeux sur la table, quel fut mon étonnement d’y trouver un grand
cahier de menus de cuisine. Que cela ne vous surprenne pas, dit-il, j’ai été curieux de
voir au moins les noms singuliers de tous les ragoûts fins qui nous empoisonnent si
agréablement, un maître d’hôtel me l’a envoyé, lisez, vous verrez des poulets à la
mousseline (1), du bœuf à la Sylvie (2) des mauviettes à la Genevoise (3) et après
nous être divertis à cette lecture, et de voir l’ordre et la propreté de son appartement
et des écritures qu’il copie, nous descendîmes dans notre jardin qui a la plus belle vue
du monde, il a des arbres qui, heureusement, lui cachent Paris.[…]
Nous revînmes dans sa cuisine et nous nous mîmes à table avec sa servante et son
chien [...] le dîner ne se ressentit nullement du livre du maître d’hôtel. Comment
trouvez-vous le vin, me dit Rousseau. Eh ! mais assez mauvais. Vous avez raison;
tout en disant cela, notre cher Jean-Jacques en avalait deux rasades aussi
délicieusement que c’en eût été du nectar. Pour moi, je m’en tins à prendre des
Bavaroises à la Silhouette (4), c’est-à-dire de l’eau claire. Notre bouilli réchauffé fut
immédiatement suivi du dessert, c’était du fruit et du fromage avec un pot de
confiture qui faisait le plat de façon (5).»
(1) Ce plat, qu’on servait chaud ou froid, exigeait une préparation très savante : on remplissait le
poulet d’une farce mousseline composée de veau ou de volaille, de blancs d’œufs et de crème
fraîche.
(2) Les Soupers de la Cour ou l’Art de travailler toutes sortes d’aliments pour servir les meilleurs tables, suivant
les quatre saisons (Paris, 1755, 4 vol. in-12), de Menon, donnent plus de 90 façons
d’accommoder le bœuf, mais ne parlent pas de bœuf à la Sylvie. Il s’agit probablement d’une
confusion, soit de la part de J.-J., soit de celle de Favre, car on trouve dans cet ouvrage :
« poularde à la Sylvie » : troussez une poularde en poule après l’avoir flambée, épluchée et
vidée ; coupez-la par la moitié, mettez-la à mariner une heure avec deux cuillerées de bonne
huile et deux pains de beurre, sel, gros poivre, persil, ciboules, truffes, champignons,
échalotes, basilic, le tout haché très fin ; enveloppez chaque morceau de poularde dans deux
doubles de papier avec tout son assaisonnement. Faites-la cuire à petit feu dessous un
couvercle de tourtière, entre deux cendres chaudes ; ensuite ramassez toutes les fines herbes
qui tiennent après le papier, la poularde et le jus qu’elle a rendu, pour les mettre dans une
casserole avec un peu de consommé ou bon bouillon, deux cuillerées de coulis. Faites bouillir
deux bouillons, dégraissez et pressez y un jus de citron en servant dessus la poularde.
(3) Dans Le Manuel des Officiers de bouche ou Le Précis de tous les apprêts que l’on peut faire des aliments
pour servir toutes les tables… (Paris, 1759, 1 vol. in-12 de 618 p., p. 135) de Menon, on trouve :
« Mauviette : oiseau un peu plus gros et plus estimé que l’alouette ; on n’en connaît la
différence que parce que les mauviettes ont la queue plus courte.
Mauviettes à la genevoise : vidées et troussées, on les fait cuire avec bouillon, truffes, fines herbes
hachées, en servant un pain de beurre manié de farine. ».
(4) Etienne de Silhouette, nommé contrôleur général le 4 mars 1759, célèbre pour ses mesures
fiscales qui inquiètent les nobles. Il devient alors synonyme de personnage inconsistant dont
on ne voit que la « silhouette ». Son nom est brocardé.
(5) Plat pour lequel on avait fait le plus d'efforts. Expression prise ici ironiquement.
-6-
Un visiteur hongrois à Montmorency
Extrait du Journal de voyage de Joseph Teleki, comte de Szek
Le vendredi 6 mars 1761
« Nous nous mîmes ensuite à table, dans la pièce dont il a été question tout à l’heure.
Je n’ai pas mangé beaucoup, mais très bien : il y avait une soupe, de la viande de
vache et du lapin en sauce. En outre, un pâté, entamé depuis longtemps, du bon
fromage, du beurre, du raisin sec, en un mot, un excellent dîner, mais tout à fait
ordinaire et sans aucune espèce de cérémonie ; il ne m’en a pas moins plu, surtout
parce qu’il était tout à fait ordinaire. »
-7-
A table au XVIIIe siècle
La manière de se tenir à table
« Jadis le potage on mangeait
Dans le plat, sans cérémonie,
Et sa cuiller on essuyait
Souvent sur la poule bouillie,
Dans la fricassée autrefois
On sauçait son pain et ses doigts.
Chacun mange présentement
Son potage sur son assiette
Il faut se servir poliment
Et de cuiller et fourchette
Et de temps en temps qu’un valet
Les aille laver au buffet.
Tant qu’on peut il faut éviter
Sur la nappe de rien répandre
Tirer au plat sans hésiter
Le morceau que l’on veut prendre
Et votre assiette jamais
Ne serve pour différents mets.
Très souvent il faut en changer
Pour en changer elles sont faites
Tout ainsi que pour s’essuyer
On vous donne des serviettes
A table comme ailleurs enfin
Il faut songer à son prochain. »
Marquis de Coulanges
Le service de la boisson
Emile, livre 4
« J’ai pensé cent fois qu’ayant à table mon verre à côté de moi, je bois à l’instant qu’il
me plaît, au lieu que si j’avais un grand couvert, il faudrait que vingt voix répétassent :
à boire, avant que je puisse étancher ma soif. Tout ce qu’on fait par autrui se fait mal
comme qu’on s’y prenne.»
-8-
Le vêtement
Définition de l'habillement à la française
La robe à la française : la robe à la Française possède au dos une double série de
doubles plis ronds. Elle est portée sur un corset et un panier de dimension variable.
Elle a des parements de manches dits en pagode, composés de volants, plus étroits à la
saignée du bras. Elle est souvent réalisée dans une indienne (étoffe alors peinte et
teinte aux Indes).
L'habit à la française : l'habit complet français se compose du gilet, de la veste et de la
culotte ajustée. Il comprenait également des bas de soie et des souliers à boucles. Il
est également appelé "habit européen". Il change peu et la mode s'exerce uniquement
sur les accessoires (boutons, galons, broderies, plis...). Sa confection est difficile à
réaliser.
Depuis qu’il a quitté Paris et qu’il vit dans le bourg de Montmorency, Rousseau quitte
fréquemment cet habit pour s'habiller avec des vêtements plus amples dans lesquels il
se sent plus à l'aise. Lors de sa visite, le jeune aristocrate Teleki, est surpris par la
tenue du philosophe.
Un visiteur hongrois à Montmorency
Extrait du Journal de voyage de Joseph Teleki, comte de Szek
Le vendredi 6 mars 1761
« En entrant chez lui, nous l’avons trouvé vêtu d’une mauvaise robe de chambre,
pleine de taches ; si nous n’avions pas su que c’était Rousseau, nous l’aurions pris
pour un cordonnier malpropre [...]
Je soupçonne que dans son habillement et dans d’autres choses aussi, il cherche la
bizarrerie. Sans doute à cause de ses doigts de pied noueux, ou pour toute autre
raison, un trou est pratiqué, en forme d’étoile, au milieu de l’extrémité de ses
pantoufles. Les semelles de ses pantoufles sont de bois ; autant, nous disait-il, afin de
pouvoir marcher sur quelque chose de sec, que pour que ses pantoufles durent plus
longtemps.»
-9-
L'hygiène
Il n'y a pas d'eau courante au Mont-Louis comme dans la plupart des maisons du 18e
siècle. Il n'y a donc pas de salle de bains, de douche, ni de toilettes comme on les
connaît aujourd'hui. Le nécessaire de la chambre de Thérèse permet de faire une
toilette rapide à l'eau froide des parties du corps les plus exposées.
Le linge a pour fonction d’absorber la saleté du corps. En changer équivaut à être
propre.
Pour ce qui est de l’eau, on s’en méfie car on n’est pas sûr de sa qualité.
- 10 -
La poste
Il existe trois types de poste, la poste aux chevaux pour le transport du courrier, la
poste aux lettres pour la réception et l’expédition, la petite poste (créée en 1760)
pour la distribution à domicile des lettres expédiées d’une localité pour une
distribution dans la même localité. Les villes bénéficiaient souvent du service d’un
messager. A Montmorency, le messager Lépine se charge d’acheminer le courrier de
Montmorency à Paris avec sa voiture la guinguette (petite voiture légère découverte à
2 roues).
Le tarif est fonction de la distance (une lettre met 4 jours de Paris à Marseille). C’est
le destinataire qui paie.
Les Confessions, livre 10
« Une femme m’écrivait-elle de Paris […] à Montmorency ? [voulant éviter] quatre
sols de port que sa lettre m’aurait coûtés, elle me l’envoyait par un de ses gens qui
arrivait à pied, tout en nage, et à qui je donnais à dîner et un écu qu’il avait
assurément bien gagné ».
Lettre de Rousseau à Marc-Michel Rey
A Montmorency, le 8 mai 1760
« Je mets aujourd’hui jeudi [les épreuves] à la poste de Montmorency afin qu’elles
partent de Paris par le courrier de demain […].»
Lettre de Charles-François-Frédéric de Montmorency-Luxembourg, à
Rousseau
A Paris, ce 19 juin 1760
²
« J’espère que vous êtes en état d’accepter une proposition que j’ai à vous faire, ce
serait de venir souper ici avec nous vendredi 27 de ce mois ; je serais enchanté de
souper avec vous ce jour-là et d’y dîner le lendemain, car on ne peut se flatter de
vous posséder plus longtemps ici, mandez moi je vous prie jeudi par la guinguette [il
s’agit ici de la voiture de Lépine, messager de Montmorency.] si cette proposition
vous convient […].»
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Lettre de Rousseau à François Coindet
A Montmorency, le 11 novembre 1760
«Tandis que Lépine va et vient si souvent les exprès [messager chargé de remettre
immédiatement une lettre à son destinataire] sont mal imaginés […]»
Lettre de Rousseau à Marc-Michel Rey
A Montmorency, le 14 octobre 1761
«Si vous prenez le parti de m’envoyer de l’argent par lettre de change, je vous prie de
le partager en deux, à divers jours d’échéance, parce que notre messager est un
homme très sûr, mais que le chemin ne l’est pas, surtout en cette saison qu’il revient
de nuit […].»
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La monnaie sous Louis XV
Le système monétaire est complexe car il ne repose pas sur le système décimal :
1 sou : 4 liards ou 12 deniers
1 livre : 20 sous
1 écu : 3 livres
1 pistole : 10 livres
1 louis d’or : 24 livres
Les comptes sont difficiles à réaliser, surtout pour le peuple qui n’a reçu aucune
éducation et ne connait pas les règles de calcul : même Jean-Jacques Rousseau (ou
Thérèse ?) fait des erreurs dans ses comptes de blanchisserie !
Exemple de comptes de blanchisserie de Jean-Jacques Rousseau
Sous ; Deniers
Sous ; Deniers
Le compte est bon
Rousseau ne doit que 62 sous.
Le système monétaire est complètement modifié à le Révolution afin de le rendre
plus simple et plus fiable.
- 13 -
Lettre de sœur Marie Duchesne à Rousseau
A Montmorency ce 5 janvier 1763
« […] j’ai l’honneur d’écrire une lettre à Mlle Le Vasseur pour lui faire
ressouvenir qu’elle n’a pas pensé à payer à la marchande de volaille d’Argenteuil
23 livres et 6 sous et 2 louis 24 livres à moi pour sa chère mère qui font 48 livres,
elle m’avait promis de les envoyer à Paris[…] M. Mathas m’avait dit de vous
marquer qu’il vous était redevable de bouteille et qu’il y avait une cheminée à
Mont-Louis dans le pavillon à la prussienne, et qu’il pouvait payer la femme
d’Argenteuil s’il est bien vrai que Mlle Le Vasseur lui doit […] »
Lettre de sœur Marie Duchesne à Thérèse Le Vasseur
A Montmorency ce 5 janvier 1763 (CC 2425)
« […] Voilà un petit mémoire de Mme Maingot, elle pense que vous avez oublié
que vous lui deviez, pour moi les 2 louis que je vous ai prêtés il y a près de deux
ans, vous m’aviez dit que vous me l’enverriez de Paris, et même que vous aviez
chargé M. de la Roche de me les remettre […] »
Lettre de Rousseau à sœur Marie Duchesne
A Motiers, le 16 février 1763 (CC 2438)
« […] Non, mademoiselle, on n’oublie ici ni votre amitié, ni vos services ; et si
Mlle Le Vasseur ne vous a pas remboursé plus tôt les deux louis que vous avez eu
la bonté de lui prêter, c’est que sa mère qui les a reçus, lui avait promis et lui a
encore fait écrire qu’elle vous les rendrait. Elle n’a rien fait, cela n’est pas
étonnant […] Si vous pouvez, mademoiselle, attendre sans vous gêner jusqu’à
Pâques, cet argent vous sera remboursé à Montmorency ; sinon, prenez la peine,
quand vous serez à paris, de passer à l’hôtel de Luxembourg, et en montrant cette
lettre à M. de La Roche […] il vous remettra ces deux louis pour lesquels Mlle Le
Vasseur vous fait ses tendres remerciements […] »
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Le mariage de Jean-Jacques et Thérèse
Jean-Jacques et Thérèse se sont rencontrés à Paris vers 1745. Ils vivent ensemble
depuis 1750, cependant, ils ne se marient pas. Ce n’est que le 30 août 1768 à
Bourgouin (près de Lyon), que Jean-Jacques Rousseau organise une petite
cérémonie civile en présence du maire, M. Champagneux. Cependant, le
mariage en France au 18ème siècle n’est valide que s’il est prononcé par un
prêtre catholique. L’union entre Jean-Jacques et Thérèse n’est donc pas
officiellement reconnu durant tout l’Ancien Régime.
Le mariage de Jean-Jacques et Thérèse est en accord avec les futurs préceptes de
la Révolution car c’est une union civile et non religieuse. Après le décès du
philosophe, l’Assemblée constituante vote en décembre 1790, une pension annuelle
pour Mme Rousseau « veuve de Jean-Jacques Rousseau ».
Témoignage de Luc-Antoine Donin de Champagneux, maire de Bourgouin
« […] Rousseau était paré plus qu’à l’ordinaire ; l’ajustement de Mlle Renou était
aussi plus soigné. Il nous conduit l’un et l’autre dans une chambre reculée, et là
Rousseau nous pria d’être témoins de l’acte le plus important de sa vie ; prenant
ensuite la main de Mlle Renou, il parla de l’amitié qui les unissait ensemble
depuis 25 ans et de la résolution où il était de rendre ces liens indissolubles par le
nœud conjugal.
Il demanda à Mlle Renou si elle partageait ses sentiments et sur un oui prononcé
avec le transport de la tendresse, Rousseau, tenant toujours la main de Mlle Renou
dans la sienne, prononça un discours […] mon cousin et moi versions des torrents
de larmes […] »
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Les documents « Chez Jean-Jacques »
1 : acte notarié passé par Rousseau en 1758
Copie manuscrite du 18e siècle. Collection Musée Jean-Jacques Rousseau
2 : Le petit Mont-Louis, à Montmorency
Gravure de Schroeder d’après un dessin de C. Bourgeois. 1819. Collection Musée
Jean-Jacques Rousseau
3 : - le soufflet
- la mouchette, le porte-mouchette, l’éteignoir, le chandelier à main
- les pincettes à feu
- la table
Collection Musée Jean-Jacques Rousseau
4 : - la chambre de Thérèse
- la chambre de Rousseau
5 : - la cuisine du Mont-Louis
- L'Ecureuse
Gravure d'après un dessin de Greuze. Collection de la B.N.F.
6 : - Rousseau en habit à la française
Statuette d'Albert Carrier-Belleuse. Collection Musée Jean-Jacques Rousseau
- Rousseau et Madame d'Epinay.
Gravure d’après un dessin de Maurice Leloir. 1889. Collection Musée JeanJacques Rousseau
7 : Jean-Jacques Rousseau de Genève [...]
Gravure d’après un dessin de Houel de 1759
8 : - la chaise de commodité
- le battoir à linge
- les fers à repasser
- le nécessaire à toilette
Collection Musée Jean-Jacques Rousseau
9 : lettre autographe signée de Rousseau à Madame Dupin, le 11 février 1759
Collection Musée Jean-Jacques Rousseau
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