N°190 du 4 janvier 2017 - Cinéma l`Image, Plougastel
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N°190 du 4 janvier 2017 - Cinéma l`Image, Plougastel
Associa on IMAGES « Clos de l’Image » 29470 PLOUGASTEL-DAOULAS Tél. bureau 02 98 04 22 79 Tél programmes 02 98 40 30 79 Fax 02 98 04 26 09 ; Et h-p://www.imagecinema.org E-mail : [email protected] La le re de l’Image est un programme spécifique Art & Essai N° 189 (Décembre 2016) Semaine du 4 janvier 2017 partir de 10/11 ans. Franç. (Durée : 1h38). Comédie de Sophie Reine avec Gustave Kervern, Camille Cottin, Héloïse Dugas… Denis Patar est un père aimant mais débordé qui se débat seul avec l’éducation de ses filles, Janis 13 ans et Mercredi 9 ans, deux boulots et une bonne dose de système D. Un soir Denis oublie, une fois de trop, Mercredi à la sortie de l’école. Une enquêtrice sociale passe alors le quotidien de la famille Patar à la loupe et oblige Denis à un « stage de parentalité ». Désormais les Patar vont devoir rentrer dans le rang… À C hez les Patar, on considère David Bowie comme un membre de la famille, on porte des chaussettes dépareillées et on se débrouille avec ce monde « où les mamans et les cochons d'inde meurent sans prévenir ». Denis, le père veuf, a deux boulots et mange des chips au petit déjeuner. Janis, 13 ans, est très fière que sa mère ait été une « grande compositrice de chansons de manifs ». Mercredi, 9 ans, fait du catch et trouve marrant d'avoir des poux. Un jour, Denis oublie, une fois de plus, sa cadette à la sortie de l'école. Une enquêtrice sociale le prévient : s'il ne veut pas perdre la garde de ses deux amours, il va devoir suivre un « stage de parentalité »... Monteuse, entre autres, des films de Rémi Bezançon (Le Premier Jour du reste de ta vie), Régis Roinsard (Populaire) ou Laurent Cantet (Foxfire), Sophie Reine passe à la réalisation avec une comédie mélancolique qui fleure bon les souvenirs personnels. Les couleurs pop, pimpantes juste ce qu'il faut, et l'éloge tendre de la marginalité en famille évoquent Little Miss Sunchine. Cigarettes et chocolat chaud aborde aussi, avec une fantaisie réconfortante, une « différence » rarement traitée au cinéma : le syndrome de Gilles de la Tourette... Face aux deux jeunes comédiennes remarquables (dont la pétulante Fanie Zanini, qui a bien grandi depuis Suzanne, de Katell Quillévéré), Gustave Kervern confirme qu'il est le nounours triste le plus fondant du cinéma français. Guillemette Odicino, Télérama. portrait de Denis, veuf qui élève ses deux filles selon une méthode atypique et, surtout, selon ses moyens limités. Ancien gauchiste, il privilégie le bordel et l’autogestion ; employé modeste, il fait des économies sur tout et n’importe quoi, recyclant tout ce qu’il peut. Ciblé par une enquête de l’assistance sociale, il va devoir rentrer dans le rang sous peine de perdre la garde de ses filles. Le doux géant Gustave Kervern est remarquable dans le rôle du papa gâteau un peu déconnecté de la réalité, incapable de faire face aux problèmes psy grandissants rencontrés par son aînée. Le film aborde la problématique du deuil et de la reconstruction l’air de rien, avec le souci de rester à hauteur des personnages que Sophie Reine regarde avec tendresse. Elle applique le même traitement au personnage de l’assistante sociale, joué par Camille Cottin, de moins en moins caricatural à mesure que l’intrigue avance. Il y a bien quelques trous d’air dans le scénario, des maladresses (les affreux tics de l’ado) mais le caractère touchant et un brin iconoclaste du film l’emporte sur ses petits défauts. Christophe Narbonne, Première. A M onteuse attitrée de Rémi Bezançon (Le premier jour du reste de ta vie, Zarafa), Sophie Reine partage avec son mentor le goût des chroniques intimistes contaminées par la dinguerie et l’émotion. Elle y fait le près un court-métrage réussi Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel, Sophie Reine, monteuse réputée, éprouve désormais l’envie d’orienter sa carrière vers la réalisation en signant avec Cigarettes et chocolat chaud une œuvre non seulement en grande partie autobiographique, mais surtout drôle et décalée. Denis et Caroline formaient un couple hippie contestataire. Le film s’ouvre sur une scène de manifestation à laquelle ils participent et qui scelle leur rencontre. (La musique de David Bowie, rappel de cette époque de leur jeunesse, nous accompagne alors agréablement). -1- M a lhe ur e us e m e nt, C a r oline d is p a r a ît prématurément laissant à Denis le soin de s’occuper de leurs deux filles. Le voilà donc responsable, bien malgré lui, d’une famille de bric et de broc mais soudée et pleine de vie. Incarné par un Gustave Kervern touchant, cet homme nonchalant mais au caractère bien trempé va devoir assurer le quotidien, lui qui peine à s’assumer lui-même, qui n’a comme principe d’éducation que son amour paternel et qui financièrement a bien du mal à joindre les deux bouts. Chez les Patar, il est courant de porter des chaussettes dépareillées ou des vêtements bariolés, le pantalon de l’un ayant déteint sur le tee-shirt de l’autre. Ce papa déboussolé n’a qu’un credo : protéger ses enfants à tout prix d’un monde brutal « où les mamans et les cochons d’Inde meurent sans prévenir ». Incapable d’allier théorie et pratique, désarçonné par la maladie de sa fille aînée encore aggravée par le décès de sa mère, il est jugé parent défaillant par l’administration qui lui impose un stage de responsabilité parentale. Mais Denis, anticonformiste depuis son plus jeune âge, n’a pas l’habitude de se plier aussi facilement aux injonctions de la loi. Il devra donc se frotter au mode d’éducation normé que symbolise l’assistante sociale Séverine Grellot, dans la peau de laquelle la désormais incontournable et excellente Camille Cottin se glisse avec une belle aisance. Cette confrontation est évidemment prétexte à une kyrielle de scènes drôles et tendres car s’il l’on prend d’emblée parti pour la faconde débonnaire de Denis, on découvre peu à peu, à travers le personnage de Séverine, un humour délicat, pris en étau entre devoirs administratifs et désirs personnels. Les personnalités des deux filles, de l’aînée qui navigue avec une facilité déconcertante entre fragilité et humour à la plus jeune d’une spontanéité naturelle touchante complètent un casting impeccable. Un récit sincère, un rythme sans temps mort, une réalisation efficace et des dialogues à double niveau de lecture et donc interprétables à la fois par les parents et par les enfants font de ce film poétique, entre sourire et gravité, un spectacle familial par excellence. Claudine Levanneur, avoir-alire.com. Semaines du 4 et 11 janvier 2017 partir de 10/11 ans. Franç. (Durée : 1h15). Film d'animation de Jean-François Laguionie avec la voix de Dominique Frot, Diane Dassigny, Antony Hickling… À la fin de l’été, Louise voit le dernier train de la saison, qui dessert la petite station balnéaire de Biligen, partir sans elle. La ville est désertée. Le temps rapidement se dégrade, les grandes marées d’équinoxe surviennent condamnant maintenant électricité et moyens de communication. Fragile et coquette, bien moins armée que Robinson, Louise ne devrait pas survivre à l’hiver. Mais elle n’a pas peur et considère son abandon comme un pari. Elle va apprivoiser les éléments naturels et la solitude. Ses souvenirs profitent de l’occasion pour s’inviter dans l’aventure. Jusqu’à ce qu’une explication lui soit révélée et que tout rentre dans l’ordre. À Le mardi 10 janvier à 14h15 E n 1979, le huitième court -métrage de Jean-François -Laguionie, La Traversée de l'Atlantique à la rame, débutait sur une plage. Presque quarante ans et quatre longs métrages plus tard, il dessine toujours la mer. Mais là, plus de bateau : juste une vieille dame, le sable et l'eau. En vacances dans sa bicoque bleue, Louise loupe le dernier train de la saison, alors que le ciel, déjà, s'assombrit. La voilà seule au monde dans cette petite station balnéaire imaginaire aux façades depuis longtemps délavées. « Ils » sont tous partis, mais « ils » reviendront, forcément, la chercher. Pourtant, alors que l'océan envahit les rues vides, et que la tempête bat sur les volets de sa chambre, « ils » ne reviennent pas. Alors, dès que le temps redevient clément, Louise prend une décision : elle abandonne sa maison et part s'installer sur la plage pour passer l'hiver. Commence pour cette mamie, plus résistante qu'elle ne le croyait elle-même, une vraie vie de Robinsonne. Avec quelques planches, elle se construit une cabane, et va faire son marché aux Nouvelles Galeries désertées, dans lesquelles elle pénètre en cassant une vitre ! Une capeline pour le soleil, un bonnet rouge, des baskets jaunes et des bottes en caoutchouc, elle a fière allure, Louise, pour partir pêcher avec Pépère, un chien aussi abandonné qu'elle, et sa seule compagnie. Et où trouve-t-elle une bonne terre fertile pour planter son potager ? Au cimetière ! Louise en hiver, le cinquième long métrage de Jean-François Laguionie, est le plus beau des voyages immobiles, à la fois invitation à la vie et flirt facétieux avec la mort. Quand Louise se souvient de son enfance, il la représente petite fille conversant tranquillement avec le cadavre d'un parachutiste anglais suspendu pour l'éternité dans une forêt. C'est aussi à cet « ami » que Louise, devenue jeune fille, présentera ses amoureux ! Mais de quoi se souvient exactement Louise ? « On a sûrement dû me marier. J'ai eu des enfants et des petits-enfants, sans doute... » soliloquet-elle, avec la voix à la fois vigoureuse et un peu flottante de l'étonnante Dominique Frot. Ses souvenirs sont comme la marée : ils se retirent, puis reviennent. Et peut-être même a-t-elle perdu la tête depuis longtemps...La magie du film est dans ce délicat mystère existentiel, ce temps sus-pendu troué de flash-back et de rêves surréalistes. Qu'importe, en fait, sa vie passée : avec ses cheveux neigeux, son nez épaté et ses joues légèrement -rosies, Louise représente toutes les vieilles dames qui marchent à petits pas dans le monde et que l'on croise sans y prêter attention. Sans penser une seconde qu'un jour elles ont été jeunes, amoureuses ou cruelles. Cette impression d'éternité, de merveilleux flottement vient, aussi, du dessin de Jean-François Laguionie. Quand tous les studios du monde se repaissent de couleurs et de technologie, cet héritier de Paul Grimault peint comme on respire et capte l'essence d'une existence et d'un décor avec des pastels et de la gouache. Grains du papier, grains de sable, vie égrenée en jaune soleil d'hiver et en bleus qui se grisent par vagues : chaque image vibre. L'avenir de Louise ? Tel le cow-boy solitaire, elle a l'horizon devant elle. Et maintenant, elle est armée pour le prochain hiver. Dans une décharge d'objets abandonnés, elle a trouvé un couteau suisse, avec toutes les options habituelles... plus une : il fait aussi pinceau. Guillemette Odicino, Télérama. Soirée spéciale Jean-François Laguionie : Le rêveur éveillé, en présence du réalisateur (Jean-Paul Mathelier) suivi de Louise en Hiver. Le Jeudi 12 janvier à 20h30. Rares sont les témoignages de ces rêveurs que sont les réalisateurs de films d’animation. C’est dans une atmosphère marine feutrée que Jean-François Laguionie, réalisateur de “L’île de Black Mor” et “Le Tableau”, nous livre une mémoire pleine de tendresse et d’onirisme. Dans la maison-atelier se conjuguent le passé des souvenirs, le présent du chantier en cours et le futur du film en gestation. Au centre de cet espace, ponctué par le rythme des marées, le rêveur éveillé façonne son imaginaire poétique. Portrait d’un homme qui a su porter ses rêves d’enfant à l’écran. Un hommage à une certaine conception du cinéma. Semaine du 11 janvier 2017 E n Version Originale et Sous-Titrée. À partir de 11/12 ans. Amér. (Durée : 1h58). Comédie dramatique de Jim Jarmusch avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Kara Hayward… Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas… C e qu'on aime dans le cinéma ? Qu'il nous transporte. A vitesse plus ou moins rapide. Celle de ce nouveau film de Jim Jarmusch est modérée, pépère presque. C'est Paterson qui conduit : ce grand échalas à la voix grave est chauffeur de bus dans une petite ville du New Jersey. Il a l'air d'apprécier son métier, ne s'en plaint jamais, arrive toujours à l'heure. Paterson transporte, donc, des passagers, dont il aime capter au vol les bribes de conversations. Ainsi, celle de cette jeune femme qui raconte à son compagnon de voyage le destin de Gaetano Bresci, anarchiste italien du début du xxe siècle. Ou celle de ces deux costauds qui jouent les machos tout en s'avérant très prudes. Sourire aux lèvres, Paterson écoute ces mots, qui défilent comme le paysage urbain derrière la vitre. Peut-être s'en sert-il. Car Paterson est poète. On ne le voit pas au premier abord. Il prend des notes, pourtant, dans un carnet. Des vers libres, qui ne chantent ni la rose, ni la mer, ni l'infini, ni le passé enfui. Mais les petits riens du quotidien, des choses ordinaires comme ces boîtes d'allumettes désuètes qui traînent sur le bar de sa cuisine. (« Nous avons plein d'allumettes à la maison/Nous -2- les gardons à portée de main/ Actuellement notre marque préférée est l'Ohio Blue Tip »). De la poésie apoétique si l'on veut, sans lyrisme, ou alors très discret. Ces traces écrites pourraient faire l'objet d'un livre. Mais Paterson n'y pense pas vraiment. Au grand dam de son épouse (Golshifteh Farahani), admiratrice de la première heure, qui le supplie d'envoyer ses poèmes chez un éditeur. Un curieux phénomène, cette Laura. Autant Paterson est un type placide, autant elle s'enthousiasme au quart de tour. Toquée de travaux domestiques et de cuisine, elle passe son temps à redécorer leur petite demeure en variant à peine les motifs : des cercles ou des courbes, toujours en noir et blanc. Une maîtresse de maison un peu kitsch, un peu zinzin, qui se rêve un jour en reine du cupcake, un autre en chanteuse country avec une guitare (noir et blanc !). De ce couple dissemblable mais complémentaire, Jarmusch tire une fable conjugale d'autant plus cocasse qu'un troisième zig habite le foyer avec eux. Un enfant ? Non, un bouledogue anglais, Marvin, à la fois collant et rogue, qui a fâcheusement tendance à dicter sa loi. Ils sont un peu rivaux, Paterson et lui : à tour de rôle, l'un traîne l'autre comme un boulet. L'animal donne malgré tout l'occasion à son maître de sortir, chaque soir, pour rejoindre un bar bien cosy. Paterson y retrouve le patron, un ami, avec lequel il discute tranquillement, devant une bonne bière, de tout et de rien. Une existence paisible, harmonieuse, réglée comme du papier à musique. Aux antipodes de l'image rock associée au cinéaste. Or Jarmusch loue ce quotidien, qui pourrait paraître ennuyeux, voire rebutant, avec une suprême élégance. Question de rythme, de lent balancement. Sur une semaine pleine, du lundi au dimanche, le film suit le déroulé de chaque journée, qui débute de la même manière : Paterson se réveille avant que le réveil ne sonne, à 6h15. Un baiser à sa femme qui dort, le petit déjeuner, le trajet pour aller au travail. Agréables, structurants rituels. Douce répétition des jours, des mots, des images, qui devient musique en soi. Qui dit répétitions dit variations, plus ou moins infimes. La beauté se niche dans ce qui se ressemble, se différencie et s'assemble. La poésie est un art de l'analogie, de la déclinaison et du redoublement que Jarmusch illustre avec beaucoup de simplicité et de malice : Paterson ne cesse de croiser des jumelles ou des jumeaux, un peu partout. Et puis il y a ce patronyme, -Paterson, qui renvoie à un livre de William Carlos Williams, mais aussi à cette petite ville, non loin de New York, que le chauffeur sillonne avec son bus ou arpente à pied. Une cité chargée d'histoire, berceau de nombre d'artistes (en effigie derrière le comptoir du bar). Comme à son habitude, la caméra de Jarmusch, grand filmeur urbain (Tanger ou Detroit dans Only lovers left alive) glisse en douceur, pour nous faire traverser toutes sortes de lieux, en prenant leur pouls. Grâce à lui, même un bus pansu qui tourne à un carrefour peut dessiner une perspective sensuelle. Le cinéaste fait coïncider le corps de la ville, son passé, sa géographie, avec les personnages. Un homme sur le banc d'un parc, face à une cascade, le même qui marche dans la rue, sa gamelle à la main, sur un fond de briques : voilà le genre d'instantanés qui restent gravés en nous. Dans ces eaux tranquilles du quotidien, il arrive qu'il y ait de l'imprévu. Des incidents, dont un semble d'abord catastrophique, avant d'être relativisé. C'est que Paterson n'est pas homme à se laisser démonter. Etranger aux modes, presque démodé, ce poète sans portable et sans oeuvre avance, confiant dans la vie. A son image, le film a la valeur d'un vade-mecum. Qui ne prône ni méthode ni discipline pour trouver le bonheur ou la santé — Jarmusch ne vend pas de ces choses. Il vante seulement un certain art de vivre et de voir. Jacques Morice, Télérama. Ouest France Gilles Kerdreux Jim Jarmusch signe, sans nul doute, le film le plus poétique de l'année. Le Figaro - Eric Neuhoff Jim Jarmush, touché par la grâce, signe un film d'une délicatesse bienveillante, un petit miracle de poésie. Semaine du 18 janvier 2017 E n Version Originale et Sous-Titrée. Amer. (Durée : 2h18). Drame de Kenneth Lonergan avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler... MANCHESTER BY THE SEA nous raconte l’histoire des Chandler, une famille de classe ouvrière, du Massachusetts. Après le décès soudain de son frère Joe (Kyle Chandler), Lee (Casey Affleck) est désigné comme le tuteur de son neveu Patrick (Lucas Hedges). Il se retrouve confronté à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi (Michelle Williams) et de la communauté où il est né et a grandi. PORTÉ PAR UN P UN PUR CHEF-D’ŒUVRE, CASEY AFFLECK INOUBLIABLE DANS LE RÔLE D'UN HOMME BRISÉ. our les Américains de la côte Est, Manchester by the Sea est un port de pêche et une station balnéaire. Mais pour le héros trentenaire, Lee, c'est un champ de ruines. Homme à tout faire dans une boîte de plomberie, en banlieue de Boston, il a fui le monde de sa jeunesse. A la mort de son grand frère, il doit pourtant reprendre en urgence la route de son village natal, où il est désigné tuteur de son neveu adolescent. Un voyage dans le passé commence : Lee revient sur les lieux de l'effroyable tragédie qui a détruit sa vie et l'a lesté à jamais d'un sentiment de culpabilité. Entre Hollywood, où la pénible multiplication des superhéros vire à l'hégémonie, et le cinéma américain dit indépendant, paupérisé, souvent atone, il y a donc une voie médiane séduisante. Kenneth Lonergan a coécrit le scénario de Gangs of New York, de Martin Scorsese (2002). Il a dirigé naguère la star Matt Damon (lequel produit Manchester by the Sea). Ce flirt avec le grand public le positionne au croisement de l'auteurisme et du divertissement. La beauté presque classique de Manchester by the Sea évoque ces drames destinés à un public adulte, que Holywood produisait encore jusque dans les années 1980, avec des Al Pacino, Dustin Hoffman, Robert De Niro... Casey Affleck (petit frère de Ben, qui se laisse étrangement oublier entre deux grands rôles) est l'acteur fascinant qui donne au film sa dignité. Alors que tout, rencontres et réminiscences, devrait provoquer des torrents de larmes ou des cris de douleur chez Lee, le comédien résiste, lointain, impassible. C'est une éthique de jeu (on l'a souvent vu ainsi intériorisé), mais qui, en l'occurrence, dessine un personnage endurci jusqu'à l'os, minéralisé par le chagrin, sans plaisirs ni désirs. Le contraste est saisissant avec l'expressivité de Michelle Williams (l'ex-femme de Lee), toujours au bord des pleurs derrière le masque de la résilience. La galerie des endeuillés recèle un autre spécimen passionnant : l'adolescent désormais sans père Les Inrockuptibles (l'excellent Lucas Hedges, vu chez Serge Kaganski Wes Anderson), dont Lee est Loin de la machine à faire pleurer supposé devenir le tuteur. Ce neveu dans les chaumières, loin des se montre cynique, revêche, tout facilités du feel good movie, occupé à sa collection de copines et bouleversant grâce à sa tenue à à une sexualité compulsive, avant distance du pathos, à son absence une volte-face remarquablement de putasserie, à son exigence de imprévisible et émouvante, moment justesse et à sa précision dans les de bascule du récit... Car cuissons émotionnelles, Manchester by the Sea dépasse la "Manchester by the Sea" réussit chronique d'un retour au pays. Au(...). Kenneth Lonergan vient de delà de son ancrage réaliste — pondre, en toute humilité, un communauté de marins prolétaires, grand et superbe spécimen de lumière hivernale —, c'est bien un cette espèce en voie de conte. A la fois rugueux et lyrique. disparition : le mélodrame. Ouvert sur le seul horizon que Le Monde - Jacques méritent tous ces personnages Mandelbaum fracassés : la consolation. Auteur d’un cinéma intimiste d’une Louis Guichard, Télérama. amplitude et d’une sensibilité devenues rarissimes dans le cinéma américain, Lonergan livre avec "Manchester by The Sea" un récit bouleversant, mélodrame noueux et cristallin comme un matin d’hiver, débarrassé des canons comme des facilités du genre. -3- Semaine du 25 janvier 2017 E n Version Originale et Sous-Titrée. À partir de 14/15 ans. Franco-italien. (Durée : 2h10). Drame de Marco Bellocchio avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Guido Caprino… Turin, 1969. Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle est désormais au Paradis. Massimo refuse d’accepter cette disparition brutale. Année 1990. Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son passé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses parents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession… sûr tourné dans les rues de Turin, la villa Le film est adapté de Fais de beaux rêves, mon enfant, un livre sur la colline, l’hôpital c’est Turin aussi. Cela paraissait logique puisque le autobiographique écrit par Massimo Gramellini. Paru en 2013 en France, il récit se passe là", raconte Marco Bellocchio. Certains trucages numériques ont également été nécessaires, afin de donner vie aux extérieurs visibles a été un best-seller en Italie. depuis l'appartement. "On a même dû reconstituer le stade car celui Histoire fascinante d’aujourd’hui est très différent". Marco Bellocchio a été fasciné par cette histoire vraie, en tous points différente de la sienne. S'il n'avait pas lu le livre, c'est le producteur Beppe Des doutes vite dissipés Caschetto, qui en avait les droits, qui le lui a fait découvrir. "L’histoire de Au départ, Marco Bellocchio avait quelques doutes sur le choix de Valerio cet enfant et des vicissitudes de sa vie d’adulte m’a profondément Mastandrea comme acteur principal. Bien qu'il soit un excellent comédien, intéressé, c’est clairement un contrepoint flagrant à ma propre le réalisateur redoutait en effet que son origine romaine, soit un handicap biographie", analyse-t-il. "Ce type de lien, de rapport à la mère n’a jamais pour jouer un personnage turinois. Bellocchio s'est finalement laissé existé dans ma vie et j’avais beaucoup de curiosité pour cette relation convaincre par le regard de l'acteur, empreint de tristesse malgré une d’amour absolu, qui prendra fin brutalement avec son décès. Je me crois force de caractère évidente ; un contraste qui sied selon lui finalement assez vacciné contre un certain sentimentalisme, contre le pathos, mais je bien au film. Belle rencontre ne voulais pas pour autant aller contre le livre. Le film lui reste fidèle". Fan de cinéma italien, Bérénice Bejo a particulièrement apprécié de De Belphégor à Bellocchio Si le réalisateur a été fidèle pour retracer l'enfance et l'adolescence du tourner pour Marco Bellocchio. Pendant le Festival de Cannes 2016, personnage principal, il s'est permis plus de libertés en ce qui concerne sa l'actrice a notamment confié au micro d'AlloCiné : "Il adore les acteurs, il vie d'adulte. Comme dans le livre, Marco Bellocchio a toutefois introduit la veut toujours les mettre en valeur, il est très généreux... C'est un homme série Belphégor avec Juliette Gréco, comme contrepoint aux tourments du qui est dans la héros : "Il y a cette analogie, assez importante, au niveau du récit, le recherche du plaisir. suicide de Juliette Gréco. Nous avons fait apparaître cette scène comme Ce n'est pas un film une révélation partielle : si ce n’est la découverte de la vérité, c’est au de plus, il a envie de quelque moins une première intuition concernant la mort de la mère", explique-t-il. raconter chose et va défendre Tournage à Turin son sujet. C'est Fais de beaux rêves a été entièrement tourné à Turin, aussi bien les vraiment très extérieurs que les intérieurs. "Même l’appartement a été reconstitué dans agréable". un petit studio de Turin, pas très loin des usines de FIAT. (...) On a bien Adaptation littéraire : Programme des Court-Métrages du mois du mois, en partenariat avec Semaine du 4 janvier : A la française de Morrigane Boyer. Animation. (Durée : 7min). C'est un après-midi à Versailles, du temps de Louis XIV. Semaine du 4 et 11 janvier : La belle fille et le sorcier de Michel Ocelot. Animation. (Durée : 4min). Je suis moche, je suis seule, je m'ennuie'. Dans trois secondes, tout va changer... Semaine du 11 janvier : Gratte papier de Guillaume Martinez. Fiction. (Durée : 8min). Une journée comme toutes les autres dans le métro parisien en apparence du moins… Semaine du 25 janvier : Viejo pascuero (Une petite histoire de Noël) de Jean-Baptiste Huber. Fiction. (Durée : 3min). Au lendemain des fêtes de Noël, un gamin des bidonvilles de Santiago écrit au Père Noël pour se plaindre des cadeaux qu'il a reçus. Prochainement sur nos écrans : Dalida Biopic de Lisa Azuelos avec Sveva Alviti, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve... (en sortie nationale) Norm Film d'animation de Trevor Wall avec Omar Sy, Med Hondo, Lucien JeanBaptiste... (à partir de 5/6 ans) Il a déjà tes yeux Comédie de et avec Lucien Jean-Baptiste avec aussi Aïssa Maïga, Zabou Breitman... (en sortie nationale) Ouvert la nuit Comédie dramatique de et avec Edouard Baer avec aussi Sabrina Ouazani, Audrey Tautou... Tous en scène Film d'animation de Garth Jennings et Christophe Lourdelet avec les voix de Patrick Bruel, Jenifer Bartoli, Elodie Martelet ... (en sortie nationale, à partir de 5/6 ans, en 2D et 3D) -4- P o u r p l u s d’information sur la programmation du cinéma Image, consultez son site internet : www.imagecinema.org