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Association de Défense de la Nature et de l'Environnement
MAGUELONE – GARDIOLE
38, rue des Mimosas 34 750 VILLENEUVE LES MAGUELONE
Projet de poursuite d'exploitation
de la carrière de "la Madeleine"
Enquête publique
Avis de l'Association Maguelone-Gardiole
Le projet:
La carrière de la madeleine a été mise en exploitation en 1929.
Sa reconnaissance juridique ne date que de 1974, date à laquelle un arrêté préfectoral
d'autorisation d'exploitation fut délivré (13 décembre 1974).
D'une durée de 30 ans cette autorisation arrive à échéance en décembre 2004.
La société Carrières de la Madeleine considère que " la réserve de gisement dans l'emprise
de l'autorisation actuelle n'étant pas totalement épuisée, elle sollicite le renouvellement de
son autorisation dans le but de poursuivre l'exploitation de cette carrière. Toutefois, la
présence de l'installation de concassage-criblage, dans l'emprise de la carrière, contribue à
geler une part importante de cette réserve; la société ne désirant pas déplacer cette unité
industrielle pour libérer le gisement, compte tenu des contraintes techniques et financières
considérables liées aux opérations de démontage remontage, elle envisage d'augmenter
l'emprise foncière de la carrière à des terrains contigus localisés sur le territoire de la
Commune de Villeneuve lès Maguelone.."
La société demande donc l'extension de superficie de l'exploitation actuelle.
D'autre part, la société envisage également la mise en service d'un centre de stockage
de matériaux inertes issus des travaux publics et de démolition de bâtiments.
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L'avis de l'Association Maguelone-Gardiole sur l'exploitation actuelle
L'Association Maguelone-Gardiole dénonce depuis de nombreuses années les conditions
d'exploitation de cette carrière. Elle relaie en cela les nombreuses plaintes et récriminations
formulées par la population locale: bruits, poussières, fissures dans les habitations liées aux
tirs, destruction des habitats naturels….
L'ensemble des promesses tenues par les responsables d'exploitation du site n'a jamais été
tenu: aménagement paysager, réduction des poussières….
La dernière promesse en date était la réhabilitation du site en espace naturel.
L'Association Maguelone-Gardiole s'étonne que déjà cette carrière ait servi au stockage de
déchets sans autorisation.
L'avis de Maguelone-Gardiole sur le projet d'extension et de décharge:
Si en 1929, les préoccupations politiques n'étaient probablement pas environnementales (crise
financière et économique), la population de Montpellier et de son agglomération était sans
commune mesure avec la population actuelle et de ses besoins en matière notamment d'eau
potable et de cadre de vie.
Cette demande d'extension de la carrière et d'autorisation de décharge d'inertes, constitue
aujourd'hui une véritable injure aux populations de l'agglomération montpelliéraine et de son
environnement:
1. Un projet totalement destructeur d'espaces naturels
Ce projet se situe au cœur du massif de la Gardiole, classé au Titre IV du Livre III du
Code de l'Environnement parmi les sites à caractère pittoresque du département de
l'Hérault depuis le 25 février 1930, zone constituant le dernier "poumon vert" de
l'agglomération montpelliéraine. Cette zone est par ailleurs classée Zone Naturelle
d'Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique ( ZNIEFF n° 4120 dite de la montagne de
la Gardiole) dont la prescription remonte à 1990. Si la carrière actuelle n'est pas incluse
dans ce périmètre et constitue donc une enclave, cela démontre:
- qu'en 1929 les préoccupations environnementales n'étaient pas les mêmes
qu'aujourd'hui,
- que les conditions d'exploitation de cette carrière ont totalement dégradé le site et
qu'il n'a pu être intégré dans la prescription de 1990.
Les conséquences seront les mêmes si l'autorisation d'extension devait être prise.
Par ailleurs ce projet d'extension se situe à moins de 850 m d'une ZNIEFF de type I
(enclos de la madeleine) et sa zone d'impact, notamment au niveau des nuisances sonores
et des poussières, atteindra d'autres zones d'intérêt écologique:
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-
La ZICO LR09 (Zone d' Intérêt Communautaire pour les Oiseaux) des étangs
palavasiens. L'avifaune se compose de 93 espèces remarquables. Sur 175 espèces
d'oiseaux remarquables au niveau européen (annexe II de la Directive Oiseaux), 38
espèces - soit plus d'une sur 5 - sont présentes dans cette zone, malgré sa taille
insignifiante à l'échelle de l'Europe. C'est pourquoi l'impact des poussières et ses
conséquences sur la destruction des ripisylves ainsi que les nuisances sonores sont
une menace importante pour la biodiversité,
-
La réserve Naturelle et la ZPS n° FR 9110042 (Zone de Protection Spéciale) de
l'étang de l'Estagnol menacé par l'augmentation de la turbidité de l'eau,
Le site Natura 2000 n° FR 9101410 des Etangs Palavasiens englobant la ZICO et
l'étang de l'Estagnol, ( bruits, poussières et risques de contaminations )
Le site Natura 2000 n° FR 9101413 des posidonies de la côte palavasienne
(destruction des herbiers liée à l'augmentation de la turbidité de l'eau).
-
L'étude d'impact jointe au dossier d'enquête publique minimise ces impacts alors
qu'une seule observation visuelle des zones périphériques de cette carrière
montre l'étendue de l'impact des poussières sur les habitats naturels.
Quant à l'impact direct sur la zone d'exploitation projetée, ce sont plus de 21
hectares de ZNIEFF qui devraient être défrichées sans besoin d'autorisation,
contrairement aux prescriptions du Code forestier, au motif que la D.D.A.F. n'a
pas reconnu ces terrains comme étant boisés !!
2. Un projet contraire à la réglementation du SDAGE et du SAGE
Le Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin RhôneMéditerranée - Corse adopté le 20 décembre 1996 réaffirme, dans ses orientations
fondamentales, l'importance stratégique et la fragilité des eaux souterraines. La carte n° 9
d'objectifs et de priorités du SDAGE inclus la zone concernée. Elle est caractérisée
comme milieux aquatiques remarquables à forte valeur patrimoniale en tant
qu'aquifère karstique à potentialités intéressantes sur un plan régional, à étudier en
priorité.
Le projet est également contraire aux objectifs du SAGE Lez-Mosson-Etangs palavasiens
(approuvé le 29 juillet 2003). Ce schéma présente une carte de vulnérabilité des eaux
souterraines qui montre que le site retenu pour le projet se situe en zone vulnérable. Le
caractère perméable du karst de la zone concernée pose un problème de sécurisation de
la ressource en eau potable, au regard des risques de pollution chronique ou accidentelle.
Or le SAGE, dans ses orientations fondamentales prévoit de tendre vers un risque nul en
matière d'alimentation en eau potable. L'objectif assigné est que toute les communes du
périmètre du SAGE soient en risque 1 ou 2 et préconise de favoriser toute mesure tendant
une plus grande sécurisation de l'alimentation en eau potable. La Commune de Villeneuve
lès Maguelone est classée dans ce document en risque 3 sans possibilité de secours
existante en quantité suffisante. Le projet se situe dans le périmètre de protection des
captages d'alimentation en eau potable de la commune de Villeneuve Lès Maguelone
"FLES Nord et FLES Sud" localisés au lieu-dit "Pont de Villeneuve" (DUP du 9 juillet
1999). La zone du projet d'extension se situe vers l'Est de la fracture géologique, dans la
partie la plus active du système aquifère avec un risque extrêmement grand de
contamination des captages d'alimentation en eau potable.
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Ce projet est donc en totale contradiction avec les objectifs du SDAGE et du SAGE.
3. Plus généralement, le massif de la Gardiole est identifié comme renfermant un aquifère
karstique d'importance régionale. L'impact de tout projet ne doit souffrir d'aucune
approximation. Or l'étude d'impact jointe au dossier et synthétisant les travaux d'ANTEA
et de Bergasud présente de nombreuses erreurs ou d'éléments d'information inquiétants et
souvent contradictoires:
Nord-Sud ou Est-Ouest??
- pièce 3-10 l'étude précise que "dans le domaine Nord (secteur du projet
d'extension), on trouve un aquifère peu actif avec un niveau piézomètrique
dépassant les 25 m NGF. Dans le domaine Sud ( zone d'exploitation actuelle)
on trouve un aquifère plus actif avec des niveaux piézomètriques de moyennes
eaux se trouvant vers 3 m NGF, soit deux mètres environ sous le carreau
actuel."
Le rapport ANTEA précise lui que l'on observe une faille Nord-Sud qui sépare
deux compartiments Est et Ouest indépendants." les essais hydrogéologiques
réalisés (pompage et tests d'injection) montrent deux compartiments très
différents de par et d'autre de cet accident majeur. A l'Ouest les circulations
sont très lentes du fait d'une fissuration très faible tandis qu'à l'Est les fissures
sont suffisamment ouvertes et interconnectées pour permettre des débits de
plusieurs m3/h sur les forages réalisés. "
Il faut donc retenir, au delà de deux informations différentes, que le site
d'exploitation actuel, se trouve sur un aquifère karstique (c'est-à-dire où l'eau
peut s'infiltrer et circuler vite), qui plus est dans un "compartiment plus actif",
où l'eau circule mieux encore…
Ce qui est valable pour l'eau est tout aussi valable pour les contaminants. Or
sur ce site est projeté l'accueil d'une décharge...
- pièce 3-31: "les ruissellements seront favorisés du fait de la suppression de la
couverture végétale, étant données les faibles possibilités d'infiltration
proposées par le massif calcaire qui s'avère être peu perméable.."
quelques lignes plus loin:
"la nature carbonatée des terrains peut favoriser l'infiltration et les
circulations souterraines"…
pièce 3-31 "Pour ce qui est des eaux de pluies qui tombent et tomberont dans
l'emprise de la zone d'exploitation, celles-ci seront "piégées" sans pouvoir
rejoindre les thalwegs alentour. En dehors des infiltrations, toutes les eaux
ruisselant sur les différents niveaux de la carrière seront collectées en fond de
fouille puis pompées pour être réutilisées dans l'enceinte même de la carrière
-4-
ou bien renvoyées vers le milieu naturel après décantation et contrôle
préalable de leur qualité".
Ces informations sont essentielles pour les "inertes" qu'il est projeté de mettre
en décharge. Ils seront lessivés et les eaux iront ainsi rejoindre par infiltration
la nappe, les sources et les forages.. Ceci est d'ailleurs confirmé quelques
paragraphes après:
"un approfondissement du niveau actuel du carreau nécessiterait une
exploitation avec un rabattement de nappe. Ce projet pourrait être
envisageable si l'aquifère en présence était peu actif, peu vulnérable,
particulièrement stable. En période de crue, il a été observé au niveau de la
faille majeure une perte capable d'absorber l'ensemble du débit de
ruissellement de la carrière, il existe un réseau actif capable de fournir un
débit potentiel très élevé. Un pompage à fort débit risquerait de modifier le
gradient d'écoulement local et provoquer une évolution de la position du
biseau salé et donc risquerait de modifier la qualité des eaux. 'un aquifère"
Les lessivages d'"inertes" seront donc absorbés par la faille et contamineront
l'ensemble de la nappe !!
Pièce 3-32 :Position par rapport au Schéma Directeur d'Aménagement et de
Gestion des Eaux : " le projet est localisé en secteur à fort intérêt pour
l'alimentation en eau potable, puisqu'il s'agit d'un aquifère karstique à
l'affleurement reconnu comme "patrimonial" (système Montbazin-GigeanGardiole-Issanka). Toutefois il est important de préciser que la reconnaissance
de cet aquifère est postérieure à l'existence de la carrière dont la mise en
exploitation industrielle remonte aux années cinquante".
Raison de plus pour ne pas autoriser son extension, ni la décharge d'"inertes".
Pièce 3-32 effet sur l'air et le climat local: " les seuls effets sur l'air sont alors
liés aux émissions de fumée issues du fonctionnement des engins et à la mise
en suspension de fines particules de poussières dans l'atmosphère"
L'impact de ces particules, par définition très volatiles, sur les habitats naturels
et sur la faune n'est pas appréhendé dans l'étude d'impact!!
Page 3-60 "Concernant le dépôt de matériaux inertes, la société CARRIERES
de la Madeleine veillera à ce que les matériaux de remblaiement qui pourront
être mis en place dans les excavations actuelles et futures soient parfaitement
et durablement inertes".
Le caractère commercial de cette activité rend difficile à tenir cet engagement.
L'expérience de gestion des déchets dans l'agglomération de Montpellier et la
notion de gestion des "ultimes" montre l'incapacité de tout promoteur à gérer
ces contraintes. Ce sont donc des déchets de toute nature qui seront entreposés
et qui pollueront gravement les nappes souterraines.
La preuve est apportée dans les lignes suivantes: "un suivi de percolation des
lixiviats du dépôt vers les eaux souterraines .."
-5-
pièce 3-60 "les installations de traitement ne renfermant aucun circuit de
lavage des matériaux, il n'y a aucun donc aucun rejet d'eaux chargées de
particules minérales vers le milieu naturel. De l'eau y est cependant utilisée
pour l'abattage des poussières, mais celle ci est absorbée par le matériau.."
et donc s'infiltre!!
pièce 3-61 " les centrales d'enrobage à chaud et à froid, respectivement
exploitées par les sociétés LANGUEDOC ENROBES et Colas, utilisent des
quantités d'hydrocarbures importantes pour leurs procédés de fabrication
(bitume, fioul lourd, fioul domestique)"
Comment a t'on pu autoriser des activités aussi sensibles sur un site aussi
sensible??
4. Sur la direction de l'écoulement: Nord-Sud ou Est ou Ouest??
Le rapport ANTEA fait part "de l'accident géologique majeur d'orientation
NS qui compartimente la carrière sur le plan hydrogéologique. Cet accident
semble constituer un drain majeur pour les eaux souterraines. Les eaux
pluviales du carreau, lorsqu'elles sont rejetées au Nord empruntent cet axe
drainant et reviennent dans la carrière. Par contre, si ces eaux sont rejetées à
l'est de la faille, elles ne sont pas reprises par l'accident"
Il précise par ailleurs que les écoulements se font vers le Sud Est .Ceci
démontre que les eaux pluviales viendront lessiver de façon permanente la
décharge avant de s'infiltrer dans le karst. Le drainage se fera naturellement
vers les sources naturelles de la Madeleine et rien ne s'oppose à un
écoulement général vers Villeneuve et la zone de captage de Flès.
Toutefois le même rapport précise que "toutefois ces données ne sont pas
confirmées par les observations que l'on peut faire sur le terrain
aujourd'hui…"
Le rapport Bergasud précise "que le massif de la Gardiole renferme un
aquifère karstique d'importance régionale. Il est en relation avec le Causse
d'Aumelas par les circulations aquifères sous le bassin de Montbazin-Gigean.
Les exutoires majeurs se trouvent au Sud Ouest du massif: ce sont les sources
d'Issanka (captées pour l'AEP de Sète), la source Cauvy (captée également) le
gouffre de la Vise, la source d'Inversac". Localement le rapport précise que
"les traçages effectués ont montré qu'en hautes eaux, l'aquifère présent au
niveau de la carrière a comme exutoire la source de la Madeleine, alors qu'en
basses eaux les écoulements se dirigent vers la source de la Robine de Vic".
" la zone d'extension de la carrière est, comme la carrière actuelle, incluse
dans le périmètre de protection éloigné des captages de Flès dans lequel il est
prescrit de veiller à ce que les nouvelles installations ne puissent porter
atteinte à la qualité des eaux souterraines"
Le rapport précise encore "les dernières mesures réalisées en intégrant le
piézomètre "Good Year" et le piézomètre du fond de carrière ne montrent pas
de différence fondamentale au niveau de la piézomètrie entre les
compartiments Ouest et Est de part et d'autre de la faille majeure, mais plutôt
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une différence entre les domaines Nord et sud, surtout visible en hautes et
moyennes eaux".
Le rapport ENCEM précise pour sa part: "Selon d'autres études, les
écoulements seraient radiaux par rapport au relief de la colline.."
En conclusion: Les documents présentés à l'enquête publique, sont contradictoires. Ils
démontrent une profonde méconnaissance de ce secteur sur son fonctionnement
hydrogéologique. Ils n'apportent aucune garantie que le projet n'entraînera pas de risques
supplémentaires au regard de la qualité des eaux souterraines. Ils démontrent au contraire des
liaisons possibles entre la carrière et les zones de captage d'eau potable de Mireval et de
Villeneuve lès Maguelone. Il convient dès lors, en vertu du principe de précaution et en
application du SDAGE, de cesser toute exploitation industrielle sur ce site, d'interdire tout
dépôt et de le réhabiliter sur la base d'un avis d'expert en hydrogéologie mandaté par la
préfecture.
L'Association Maguelone-Gardiole après en avoir délibéré:
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Considère qu'après 70 années d'exploitation, ce site, au cœur du dernier poumon
vert de l'Agglomération de Montpellier, classée ZNIEFF et identifié comme
aquifère karstique à forte valeur patrimoniale, ne doit bénéficier d'aucune
autorisation de prolongement d'activité,
considère que le projet soumis à enquête publique peut présenter de graves risques
de pollution des ressources en eau potable,
considère que ce projet est en totale contradiction avec les objectifs du SAGE et du
SDAGE du bassin Rhône Méditerranée Corse,
S'oppose de façon pleine et entière à ce projet d'extension de la carrière de la
Madeleine,
réclame le déménagement des activités industrielles qui peuvent contaminer ce site
hypersensible,
s'oppose à tout projet de stockage de déchets sur ce site, considérant l'incapacité
des promoteurs à gérer de façon satisfaisante les déchets de toute nature (comme
cela est démontré de façon quotidienne sur la décharge des Jardins de Maguelone),
et l'incapacité du promoteur du projet qui semble avoir déjà accepté sur ce site des
déchets sans autorisation,
exige un avis d'expert (hydrogéologue) mandaté par la Préfecture, dont la mission
devra notamment préciser les conditions de réhabilitation de ce site afin d'éviter
tout risque de contamination des nappes souterraines,
appelle les populations concernées à se mobiliser pour faire obstacle à ce projet
dont les conséquences seront désastreuses pour nos ressources en eau potable et les
habitats naturels
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