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1 , 2 , 3 S O L EI L 3 Mercredi 18 août 2010 X2--- Sur la voie de Montpellier à Rabieux Chemin de fer (1/4) On les aurait presque oubliés. Ces anciens chemins de fer qui sillonnaient la campagne héraultaise ne voient plus passer de trains depuis plus d’un demi-siècle. Le tout-routier a pris le pas sur ces tortillards à vapeur qui ne manquaient pourtant pas de charme. Aujourd’hui, la végétation a recouvré ses droits, les vestiges ont presque disparu. La vie est pourtant toujours là. La preuve avec ce premier volet sur le tracé de la ligne Montpellier-Rabieux. Suivez le guide. REPÈRES Les trains ont disparu depuis belle lurette mais la ligne est encore fréquentée par les randonneurs et vététistes. Il n’est pas rare de rencontrer des pèlerins de Compostelle qui l’empruntent entre La Boissière et Aniane pour se rendre à Saint-Guilhem. L’un des viaducs est même utilisé par des adeptes du canyoning, qui s’initient aux techniques de rappel. La vocation initiale de la ligne Montpellier-Rabieux n’était pas le transport de voyageurs. La ligne était essentiellement dédiée au transport du vin et du raisin de table. Chaque village voulait sa gare, sous la pression des négociants. Transfert de minerais (bauxite), de calcaire pour les fours à chaux ou même de bestiaux, ont également précédé les voyageurs. 쑼 Ponts et viaducs La particularité de la ligne réside dans son relief accidenté. C’est surtout vrai sur la section de 23 km entre Saint-Georges-d’Orques et Aniane. Les cinq viaducs et les deux tunnels ont résisté à l’outrage du temps. Le train passait ensuite sur le pont sur l’Hérault à Gignac. Tracé accidenté La ligne Montpellier-Rabieux s’élançait de la gare de Celleneuve au nord de Montpellier, d’où partait également le train pour Béziers. Chaque ligne traversait la Mosson sur sa propre voie, au niveau de Juvignac. Après 3 km, Saint-Georges-d’Orques constituait le premier arrêt. Direction ensuite Saint-Paul-et-Valmalle après 9 km, puis La Boissière (6 km), Aniane (9 km), Saint-André-de-Sangonis (8 km) et Rabieux (6 km). Ce hameau, qui fait partie de la commune de Ceyras, est situé un peu plus au nord de Saint-Félix-de-Lodez. Soit un itinéraire pittoresque de 42 km en pleine garrigue. Quelques dates L’intérêt local C’était un temps où la SNCF n’existait pas. Plusieurs compagnies se partageaient l’exploitation des chemins de fer. La plus célèbre, car la plus ancienne, est la PLM : Paris Lyon Méditerranée. Sa voie principale reliait la capitale à Marseille. Le Midi en Hérault était la troisième compagnie en activité dans le Languedoc. "L’Intérêt local" exploitait 5 lignes : Montpellier à Palavas, Montpellier à Saint-Chinian via Béziers, Montpellier à Rabieux, Mèze à Agde, Maureilhan à Colombiers. Pour mémoire, le tout premier chemin de fer en Languedoc reliait Montpellier à Cette (Sète). La dernière ligne, entre la capitale languedocienne et Palavas, a fermé en 1968. Celleneuve était l’une des trois gares de Montpellier avec l’Esplanade et Chaptal. Sans oublier la gare de triage d’Arènes. Les trains traversaient ensuite l’Hérault sur le pont de Gignac, élevé de 1777 à 1806. 씱 Au fil des rencontres Origine marchande L’idée d’une voie ferrée d’intérêt local Montpellier-Rabieux germe en 1866. Le premier tronçon jusqu’à Saint-Georges est livré en 1892, jusqu’à Gignac en 1894 et Rabieux en 1896. Le service voyageurs est supprimé en 1948, tandis que le transport de marchandises cesse en 1952. Les rails sont retirés en 1964, sauf en de très rares endroits. 쑿 En gare de Celleneuve Terminus La vie à Rabieux Aucun sifflet n’a plus retenti depuis bien longtemps sur le quai de la gare de Rabieux. Le lieu, terminus de la ligne, n’a pourtant rien perdu de son âme. On imagine sans peine les voyageurs descendre du train, tandis que des wagons de chasselas remontent vers Montpellier. Il faut dire que Françoise et Jean-Louis Pous, aujourd’hui propriétaires des lieux, ont œuvré sans relâche pour renouer avec l’esprit d’origine. Après la fermeture de la ligne, en 1952, la municipalité de Ceyras acquiert la bâtisse. Divers locataires l’occupent, tel cet héliciculteur, avant de tomber entre les mains, en 1996, de ce jeune couple de retraités. Françoise, randonneuse et adepte des gîtes et chambres d’hôte, souhaite accueillir, à son tour, des touristes. « Je pensais à une ancienne école ou un couvent. Nous sommes tombés par hasard sur ce bâtiment. Nous avons eu un coup de cœur avant même de savoir qu’il était à vendre. » Neuf mois après, les voilà propriétaires. Quelques travaux plus tard, ils réalisent leur rêve. Un gîte est aménagé dans l’ancien hall de la gare, une chambre d’hôte à côté. Le couple a pris garde de ne pas dénaturer la façade malgré une ouverture supplémentaire. Lui, ex-mécanicien, et elle, ex-agent administratif, se prennent de passion pour la chose ferroviaire. Photos jaunies, vieux papiers… Ils collectent tout ce qui a trait à leur nouvelle demeure. La gare de Rabieux faisait la jonction entre deux lignes : Montpellier à Rabieux, exploitée par les Chemins de fer d’intérêt local de l’Hérault ; et Béziers à Lodève, exploitée par la Compagnie du Midi. Une voie d’évitement et une autre de débordement complétaient 쑿 Un petit coin au paradis Un petit coin de paradis se cache à la sortie de La Boissière, en direction d’Aniane. L’ancienne carrière de bauxite a laissé place à un lac émeraude lové dans une terre couleur ocre. Un mini-Salagou préservé de toute fréquentation, hormi quelques autochtones. Ces derniers ne s’aventurent pas dans l’eau à cause des possibles effondrements liés à l’extraction du minerai. Prisé des pêcheurs, le lieu est parfois fréquenté par les adeptes de BMX tel Sébastien, guide aussi inattendu que prolixe. Une bosse de water jump offre aux bikers leur lot de sensations fortes. Chut... L’endroit doit rester secret. Textes : Cathy SOUN Photos : Michel PIEYRE 쑿 5 voies au terminus La gare de Rabieux comprenait cinq voies au total, dont il ne reste plus rien aujourd’hui. le dispositif. Malgré le retrait des rails, en 1964, la voie reste la propriété de Réseau ferré de France (RFF). Elle délimite leur propriété, qui jouxte une vigne. Ses feuilles vert fluo se détachent sur la terre ocre, semblable aux ruffes du Salagou. Le couple souhaite à présent installer un wagon au beau milieu de son jardin, pour le transformer en chambre d’hôte. Un rêve qui tarde à se réaliser pour des raisons techniques. Mais les barrières ne sont-elles pas faites pour être levées ? ◗ Contact : 04 67 96 67 56 ou franç[email protected] 쑼 Une bâtisse préservée Le bâtiment n’a pas perdu son lustre d’antan. La plaque subsiste au fronton de l’édifice, l’horloge et même la lampisterie annexe à la gare.