Aider un proche malade alcoolique

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Aider un proche malade alcoolique
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Santé
Comment venir en aide à une personne de son entourage que l’on pense ou
que l’on sait alcoolique ? En reconnaissant avant tout que l’alcoolisme est
une maladie et que s’en défaire n’est pas seulement une affaire de volonté.
Aider un proche malade
alcoolique
F
JUIN 2010 - VIES DE FAMILLE
S’informer, inciter
à consulter
6
La première démarche à entreprendre est de s’informer sur l’alcoolisme (signes, facteurs de risque,
possibilités de traitement, etc.).
«L’information permet de prendre
conscience que la personne alcoolique ne fait pas exprès de boire,
que sa volonté ne suffira pas à lui
faire arrêter la boisson. Elle aide
à dédramatiser. On comprend
mieux l’idée de perte de contrôle
et de syndrome de manque ou de
sevrage», explique Michel Lejoyeux.
Bien informé, on sera mieux
armé pour lui faire comprendre qu’il ou elle souffre
d’une maladie qui doit être
soignée comme toutes les
autres. Et que cette prise en
charge passe, dans un premier temps, par la consultation du médecin traitant.
Le tout en ayant une approche la moins moralisante
et la plus positive possible.
« On peut lui dire que l’on
va l’aider à aller voir son médecin,
être actif en l’incitant à prendre le
téléphone », conseille Michel
Lejoyeux. Mais rien ne pourra se
faire tant que le malade n’aura pas
identifié son problème avec l’alcool et admis la nécessité de se faire
accompagner par un profession-
nel. Cette prise de conscience et la
décision qui s’en suit peuvent prendre
du temps. S’inscrire dans des groupes
de paroles ouverts aux proches peut
aider à tenir le cap durant cette
période. « On apprend beaucoup
dans ces groupes, chacun voit les
difficultés de l’autre, on partage
Témoignage de Léa
«Quand j’ai connu mon compagnon, il avait arrêté de boire.
Au bout de un an, il a rechuté. À chaque fois, j’allais le chercher sur les lieux où il buvait ou dans son refuge en lui disant
qu’il avait déjà réussi à arrêter, qu’il en était capable. Mais il
pensait: «Elle va me reprendre comme je suis, pourquoi ne pas
continuer?» J’ai alors cessé d’agir en protectrice, en lui faisant
comprendre qu’il était prisonnier de la boisson, qu’il ne pouvait pas, seul, gérer le problème, que notre couple ne pourrait
résister à ces épreuves. Il devait accepter le fait qu’il avait besoin
d’aide pour se libérer de sa dépendance. Je lui ai donné ma
confiance. Au bout d’un moment, il a pris lui-même la décision
de se faire soigner. Cette période a été pour moi très difficile
à vivre. Mais il faut se dire que c’est l’autre qui souffre le plus
car il se livre un combat très violent moralement. L’essentiel
est de rester dans une relation de respect, d’estime. Venir en
aide à une personne alcoolique, c’est accompagner quelqu’un
atteint de maladie grave sur le chemin de la guérison. »
ses expériences. Cela aide aussi à
déculpabiliser », souligne Daniel
de Saint Riquet, président de l’association Vie Libre – Comité de Paris.
Passé la première étape du médecin traitant, la personne alcoolique
pourra être orientée vers des structures spécialisées (consultations
« alcoologie » dans les hôpitaux,
etc.). « Le principe du traitement
repose sur des soins personnalisés
et sur la souplesse, rapporte Michel
Lejoyeux. Il doit permettre de restaurer, chez chaque malade, l’estime de soi et la confiance en soi,
essentielles pour pouvoir lutter
contre la maladie. » Avec l’entourage, les associations peuvent être
d’un grand soutien tout au long de
ce difficile parcours.
Claire Reuillon
Retrouvez les coordonnées
d’associations qui peuvent
vous aider et des sites
Internet pour vous informer
dans la rubrique Famille /
Se faire aider du site
www.viesdefamille.fr
© Burger/Phanie
ace à l’alcoolisme d’une
personne de son entourage, on se sent souvent
démuni quant à l’aide
à apporter. Sans parler
du sentiment de culpabilité que
l’on peut parfois éprouver. Comme
l’indique Michel Lejoyeux, chef de
service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat et à Maison Blanche, à Paris : « La première
étape du soutien est de reconnaître
que l’alcoolisme est une maladie
et de refréner son envie légitime
de soigner soi-même celui qui ne
va pas bien. » En étant, par exemple,
trop protecteur et dans une surveillance de tous les instants. En
faisant la morale ou en apportant
ses conseils, qui peuvent contribuer
à dévaloriser la personne qui souffre.
« On ne dévalorise pas un hypertendu ou un diabétique ! On doit
donc agir de même avec un alcoolique», commente Michel Lejoyeux.

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