Prise en charge des traumatismes des corps caverneux du pénis

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Prise en charge des traumatismes des corps caverneux du pénis
◆ ARTICLE DE REVUE
Progrès en Urologie (2006), 16, 12-18
Prise en charge des traumatismes des corps caverneux du pénis
François GRIMA (1), Philippe PAPAREL (1), Marian DEVONEC (1), Paul PERRIN (1),
Jean-Louis CAILLOT(2), Alain RUFFION (1)
(2)
(1) Service de Chirurgie Urologique et de la transplantation rénale,
Service des Urgences chirurgicales viscérales, Centre Hospitalier Lyon Sud, Pierre Bénite, France
RESUME
La rupture de l’albuginée des corps caverneux du pénis est une pathologie rare survenant le plus souvent chez
l’adulte jeune au cours d’un rapport sexuel. Dans les pays occidentaux, la cause la plus fréquente est le “fauxpas du coït”. Une échographie, une cavernographie ou encore une imagerie par résonance magnétique nucléaire
de la verge peuvent être réalisées pour rechercher le siège exact du foyer de fracture. Le traitement est le plus
souvent chirurgical par voie élective et consiste à évacuer l’hématome sous-cutané et à suturer la déchirure de
l’albuginée des corps caverneux. Il faut rechercher une rupture de l’urèthre associée. Les complications de ces
fractures de l’albuginée comportent notamment la dysfonction érectile, une déviation de la verge en érection, le
développement de plaques ressemblant à celles de la maladie de La Peyronie, une fistule urèthro-caverneuse ou
urèthro-cutanée ou encore une dysurie par lésion sténosante urèthrale.
Mots clés : Fracture du pénis, albuginée des corps caverneux, échographie du pénis, urèthre.
Déjà observés il y a plus de mille ans par Abul KASEM à Cordoue,
les ruptures des corps caverneux ont été décrites pour la première
fois en 1925 [64]. Il s’agit d’une pathologie rare provoquée par une
courbure non physiologique du pénis en érection [9, 23, 58, 64]. Les
modalités de la prise en charge de cette pathologie sont détaillées
dans cette revue de la littérature.
l’Afrique du Nord. [4, 22, 94]. En Iran, ZAARGOOSHI compte en
moyenne un cas par semaine aux urgences du Centre Hospitalier
Universitaire ce qui représente 0,63% des urgences urologiques
[94].
ETIOLOGIE
A cause de la gêne du patient, les circonstances exactes de la survenue d’une rupture des corps caverneux sont parfois difficiles à
faire préciser. Dans les pays occidentaux, la cause la plus fréquente (30 à 50% des cas) est un rapport sexuel vaginal vigoureux [11].
Le pénis en érection vient percuter la symphyse pubienne de la partenaire lorsqu’il glisse hors du vagin [36, 52, 70]. Ceci est couramment appelé le “faux-pas du coït”. Le coït en position verticale peut
aussi entraîner une rupture du pénis lorsque la partenaire tombe
soudainement, entraînant une courbure brutale du pénis [4, 32, 91,
95]. La fracture peut également survenir lors de jeux sexuels [24].
EPIDEMIOLOGIE
Age
Il s’agit principalement d’une pathologie du sujet jeune avec un âge
moyen de 28,9 ans (de 12 à 82 ans) [21, 94]. Pour EKE, cela s’explique par une plus grande vigueur des rapports sexuels à cet âge
[21]. Ishikawa confirme dans sa série que 81% des patients ont
entre 20 et 50 ans, âge où les rapports sexuels sont en principe plus
fréquents [40]. A titre anecdotique, 73% des hommes ne sont pas
mariés dans la série de NOURI [71].
La prépondérance des cas liés au coït en occident serait liée à une
plus grande liberté dans les mœurs qu’en orient [21]. Il s’agit dans
la majorité des cas de rapports hétérosexuels vaginaux consentants
mais un cas lors d’un viol a été rapporté [20].
Fréquence
C’est une pathologie rare. La plus grande série rapportée dans la littérature concerne la série iranienne de ZARGOOSHI avec 172 cas
[94]. Seulement 185 cas avaient été rapportés jusque en 1985 [83].
En 1991, MANSI [52] en comptabilisait 235 dont 14 de sa série personnelle et en 1998, MYDLO [64] en recensait 250 dans toute la littérature anglosaxone. L’incidence de cette pathologie semble donc
en augmentation. Pour EKE, cela pourrait être lié à l’apparition de
traitements efficaces dans la dysfonction érectile comme le sildénafil. Le nombre total de cas décris dans la littérature entre 1935 et
2001 est de 1642 [21].
Au Moyen-Orient [23, 52, 83, 94], ce sont les manipulations du
pénis visant à stopper l’érection matinale qui sont responsables de
la plupart des cas de rupture des corps caverneux. La masturbation
est aussi une cause fréquente dans ces pays [94]. Le Tableau I
regroupe les nombreuses autres causes anecdotiques et parfois
Manuscrit reçu : juillet 2005, accepté : septembre 2005
Adresse pour correspondance : Dr. P. Paparel, Service d’Urologie, Centre Hospitalier
Lyon Sud, 165, Chemin du Grand Revoyet, 69495 Pierre Bénite Cedex.
Répartition géographique
e-mail : [email protected]
Plus de la moitié des cas sont rapportés dans le Moyen Orient et
Ref : GRIMA F., PAPAREL P., DEVONEC M., PERRIN P., CAILLOT J.L., RUFFION A.
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Tableau I. Liste des différentes étiologies des ruptures de l’albuginée des corps caverneux retrouvées dans la littérature.
Masturbation à travers le col étroit d’un shaker à cocktail ou dans le tuyau d’un aspirateur [20]
Chute du lit la nuit ou mouvements dans le lit, lorsque le pénis est en érection, voire manipulations inconscientes du pénis pendant le sommeil
Projection contre le tableau de bord d’une voiture, pénis en érection, lors d’un freinage brutal [21]
Pénis coincé dans la portière d’une voiture [20]
Choc direct
Chute du coin d’une glace
Chute d’une brique sur le pénis [94]
Blessure en cuisinant [94]
Coup de sabot d’un cheval
Coup de pied au football
Coup lors d’une rixe ou d’un combat de lutte [94]
Blessure par balle
Morsure par un singe, pénis en érection [94]
Iatrogénique : chirurgie rectale avec écrasement du pénis du patient entre les deux parties de la table d’opération
En démêlant le pénçs d’un vêtement
Spontanément lors d’une miction
Frapper un pénis en érection contre le siège des toilettes ou un robinet [94]
étonnantes de rupture des corps caverneux. Il n’y a pas de cas
décrits lors de rapports anaux ou de fellation. Certains auteurs ont
donné des facteurs de risque comme la diminution de l’élasticité de
l’albuginée (par uréthrite gonococcique ou fibrosclérose de l’albuginée [16, 27, 54] ou la disproportion péno-vaginale [82, 84]. A titre
anecdotique, cette pathologie traumatique existe aussi chez les animaux et notamment chez les chiens [68].
suspenseur du pénis [94]. La longueur du trait de fracture varie de
10 à 25 mm lorsqu’il n’y a pas d’atteinte urèthrale associée [28].
Après la fracture, un hématome va se développer autour du pénis et
progresser vers le périnée, la région sus-pubienne et le scrotum [18,
47].
Lésion urèthrale associée
La rupture de l’urèthre est la principale lésion associée à rechercher.
Elle s’observe volontiers en cas de fracture bilatérale des corps
caverneux. Elle peut être partielle ou complète [6, 9, 28, 30, 49, 59].
Dans le Golfe Persique et au Japon, où la cause la plus fréquente de
rupture des corps caverneux est la manipulation pénienne, l’atteinte urèthrale est rare avec une fréquence variant de 0 à 3% [4, 23,
94]. En revanche, la rupture de l’urèthre est plus fréquemment
retrouvée lorsque la fracture est causée par le coït en raison de la
plus grande violence du traumatisme [4, 28, 94] Le coït renversé où
la femme se place sur l’homme ne semble pas augmenter le risque
de lésion urèthrale même si les forces mises en jeux sont plus
importantes [59, 92].
PHYSIOPATHOLOGIE
La rupture des corps caverneux s’observe quasi-exclusivement sur
un pénis en érection et est causée par une courbure non physiologique de l’axe du pénis entraînant une surpression intra-caverneuse
[3, 4, 8, 40, 41, 42, 73, 78, 80].
Micro-architecture du pénis
La micro-architecture du pénis est faite de fibres de collagènes
transversales et de fibres élastiques alignées longitudinales. Les
fibres collagènes évitent une trop grande expansion du pénis en
érection et permet un retour à la position de repos lors de la détumescence [39]. L’albuginée des corps caverneux mesure 2 mm d’épaisseur lorsque le pénis est au repos, mais s’amincit jusqu’à 0,25
mm lors de l’érection où elle devient plus vulnérable aux contraintes mécaniques brusques [15, 58, 72]. L’albuginée se rompt au dessus de 1500 mmHg de pression [16].
DIAGNOSTIC
Interrogatoire
L’interrogatoire tente de faire préciser les circonstances exactes du
traumatisme. Le délai moyen de consultation est généralement inférieur à 24 heures (21,5 heures pour ZARGOOSHI, 3,5 heures pour
MUENTENER) [63, 94]. Le traumatisme se produit sur un pénis en
érection et s’accompagne d’un craquement soudain évoquant la
rupture d’une tige de maïs ou de verre pouvant d’ailleurs être entendu par la partenaire [29, 40, 55, 61, 78, 86]. La douleur, variable
mais le plus souvent intense, s’accompagne d’une détumescence
rapide [19, 36, 43, 63]. Certains patients finissent pourtant le rapport sexuel [42, 87].
Topographie de la fracture
La fracture du pénis correspond donc à une rupture de l’albuginée
et du corps caverneux sous-jacent. Cette rupture peut s’étendre au
corps spongieux et à l’urèthre [6, 49, 74]. Il peut exister des lésions
du corps caverneux sans atteinte de l’albuginée [78].
Le trait de fracture est le plus souvent unilatéral et à droite sans que
cela puisse être expliqué [16, 19, 21, 43, 50, 54, 66, 81, 83, 92, 94].
La direction du trait est le plus souvent transversal [4, 16, 19, 21,
79, 90]. La fracture peut être bilatérale avec une atteinte de l’urèthre associée [12, 49, 61, 64, 74].La localisation est le plus souvent
proximale sur le pénis [16, 28, 94] et plus rarement au niveau du
tiers distal [10, 67]. Par ailleurs, le trait de fracture s’observe volontiers à la face dorsale du corps caverneux (55,6% des cas pour ELTAHER et 86,8% des cas pour ZARGOOSHI [24, 94]. Dans la série de
ZARGOOSHI, la majorité des lésions siège à la partie proximale et
dorsale du pénis à distance de l’urèthre qui n’est lésé que dans 1,3%
des cas. La lésion est toujours distale par rapport au ligament
Examen clinique
Après la fracture du corps caverneux, un hématome et un oedème
sous-cutané vont progressivement se développer donnant l’aspect
du pénis en aubergine (Figure 1) [10, 58, 69]. Il existe souvent une
déviation de l’axe du pénis du côté opposé à la fracture et une
dépression palpable à travers les enveloppes du pénis au niveau du
site de fracture lorsque l’hématome n’est pas trop important [3, 4,
18, 25, 43, 48, 67, 69, 72, 89]. Le “Rolling sign” est un signe qui
permet d’identifier le site de la fracture : le caillot qui se forme au
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de fracture du pénis [18, 33], d’autres en limitent l’indication à
l’évaluation des patients consultant plus de 24 heures après le
traumatisme afin de guider l’indication de traitement conservateur ou chirurgical [31]. Cet examen peut se compliquer d’un
priapisme [17, 75], de réactions allergiques [75], d’une fibrose
des corps caverneux par extravasa de produit de contraste, d’infection [88] et il existe des faux négatifs lorsqu’un caillot vient
obturer rapidement la brèche [18, 36, 47, 64]. Cet examen peut
aggraver l’hématome post traumatique et demeure irradiant et
douloureux [25, 88]. Les contre-indications sont superposables à
celles de l’urographie intra-veineuse. En cas de rupture des
corps caverneux, il existe un extravasa de produit de contraste
hors du corps caverneux par la fracture de l’albuginée.
P l a c e d e l’ I m a g e r i e p ar r é s o n a n c e m a g n é t i qu e n u c l é ai r e
(I R M )
Figure 1. Aspect pré-opératoire d’une rupture du corps caverneux
droit chez un patient de 28 ans après “faux-pas du coït”. Aspect
typique du pénis aubergine.
L’Imagerie par résonance magnétique nucléaire donne des résultats encourageants et prometteurs dans cette pathologie traumatique [10, 25]. Cet examen est d’ailleurs déjà utilisé dans le bilan
d’extension local des tumeurs du pénis [38, 44] ou dans la maladie de La Peyronie [2, 35, 70, 76]. MAUBON rapporte une étude
dans laquelle il a comparé la sensibilité de l’échographie et de
l’IRM dans le diagnostic de rupture des corps caverneux. L’IRM
était supérieure avec une sensibilité de 100% [25]. Pour d’autres
auteurs, il s’agit d’un examen coûteux, de disponibilité réduite et
qui peut rallonger le délai de la prise en charge chirurgicale
[25,28].
niveau de la fracture est palpable sous la peau du pénis qui roule
dessus [67, 94]. Un hématome en aile de papillon s’étendant sur le
périnée suggère une atteinte urèthrale [51]. Dans certains cas, le
patient victime d’une rupture des corps caverneux peut consulter
tardivement au stade de séquelles avec par exemple une dysfonction
érectile [60, 93],une déviation du pénis en érection [36, 52, 73, 85],
des plaques ressemblant à celles de la maladie de La Peyronie [4,
16, 23], une fistule urèthro-caverneuse ou urèthro-cutanée ou encore une dysurie par lésion sténosante urèthrale [7, 9, 30, 34, 46, 62,
65, 67].
Sur un plan pratique, l’IRM est réalisée sur un patient en décubitus
dorsal avec un pénis maintenu dans un support ce qui permet de
l’observer dans une position proche de l’érection et d’examiner correctement la partie proximale et distale du pénis sans recourir à une
érection artificielle en phase aiguë [88]. Immédiatement après le
traumatisme, l’albuginée visible sous la forme d’un trait en hyposignal présente une solution de continuité bien visible en T1 et souvent non détectable en T2 [88]. L’hématome sous-cutané est mieux
visible en T1 qu’en T2 alors que l’hématome intra-caverneux, visible en T2, l’est surtout en T1 après injection de produit de contraste [88]. Après injection de produit de contraste en T1, la muqueuse
de l’urèthre renvoie un hypersignal précoce qui permet de suivre
son trajet et de mettre en évidence un éventuel défect muqueux [25,
53]. Il faut noter que l’urèthre distal n’est pas visualisé sauf si l’on
a pris le soin de mettre en place une sonde urinaire préalablement
au méat urèthral. L’IRM a aussi un intérêt pour suivre la cicatrisation à distance des tissus lésés [88].
Imagerie
Le diagnostic de rupture des corps caverneux repose sur l’anamnèse et l’examen clinique cependant les examens d’imagerie peuvent
apporter des renseignements importants pour préciser le siège exact
de la fracture [3, 4, 14, 18, 31, 36, 41, 42, 43, 73, 77, 78, 80, 94].
Place de l’échographie
C’est l’examen morphologique de première intention qui peut montrer le siège de la fracture ainsi que la taille de l’hématome souscutané s’il existe [22, 36, 37]. C’est un examen peu coûteux, non
invasif, facilement accessible mais qui a certaines limites : fractures
de petite taille difficilement visibles, volumineux hématome associé à un œdème sous-cutané gênant l’interprétation ou encore un
opérateur qui a peu l’habitude de ce type d’examen [17, 40, 94]. La
recherche d’une fracture est parfois difficile à mettre en évidence
notamment à la partie distale du pénis pour des raisons de contraste et d’échogénicité entre les différents tissus [88]. L’échographie
permet d’identifier la localisation exacte et l’orientation transversale ou longitudinale du ou des traits de fracture sous la forme d’un
défect de l’albuginée. L’hématome sous cutané associé est bien visible sous la forme d’une collection échogène. Il n’existe pas de
signal Doppler dans l’hématome qu’il soit intra ou extra caverneux.
Place de l’urèthrocystographie rétrograde
C’est l’examen qui a été le plus utilisé pour faire le diagnostic de
rupture de l’urèthre associé à une rupture des corps caverneux. Plusieurs études rapportent des faux négatifs en raison de la compression urèthrale par l’hématome du pénis [1, 30, 64, 73, 94]. Cet examen peut parfois transformer une rupture urèthrale partielle en rupture complète [57]. FERGANY propose une uréthrocystographie
avant chirurgie à tous les patients qui présentent une uréthrorragie
après fracture du pénis. ZARGOOSHI réalise cet examen en cas d’uréthrorragie, d’hématurie macroscopique ou de dysurie associée à
la rupture des corps caverneux mais pas en cas d’hématurie microscopique isolée. L’absence d’extravasation du produit de contraste
ne doit pas, en cas de sémiologie clinique évocatrice, faire sousestimer le risque de rupture de l’urèthre qui justifie un contrôle
endoscopique per-opératoire [13, 17, 67].
L’échographie doit utiliser une sonde superficielle de haute fréquence (7,5-MHz). Le pénis, placée sur l’abdomen du patient, est
examinée sur ses faces latérales et ventrales [46]. Le doppler couleur permet de vérifier l’intégrité du réseau artériel et veineux du
pénis [46].
Place de la cavernographie
Il s’agit en fait de l’examen le plus simple qui permet le diagnostic. La cavernographie est réalisable avec ou sans anesthésie
[43, 64, 66]. Si certains auteurs la préconisent pour tous les cas
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Evacuation de l’hématome et hémostase
TRAITEMENT
Les grands principes du traitement chirurgical consistent à évacuer l’hématome, faire l’hémostase des vaisseaux qui saignent,
parer et suturer la déchirure de l’albuginée des corps caverneux
et enfin, si elle existe, réparer une rupture de l’urèthre associée.
Les saignements d’origine veineux sont contrôlés par ligature.
L’utilisation de la coagulation électrique doit être prudente en
raison de la présence souvent très proche de l’urèthre. La prise
en charge des plaies artérielles est plus controversée avec différentes options de traitements possibles comme la ligature, l’artérialisation de la veine dorsale du pénis ou encore la réalisation de
microanastomoses vasculaires. Les deux derniers traitements
n’offrent pas de bons résultats [60]. De plus, la dysfonction érectile parfois observée après fracture du pénis semble plus liée à
une cause veineuse (fuite de sang veineux dans le corps spongieux) qu’à une cause artérielle rendant alors illusoire ces tentatives de réparations artérielles [31].
En 1936, FETTER rapporte le premier cas de traitement chirurgical
d’une rupture du corps caverneux [27]. Plus tard, en 1957, FERNSTROM défendra les avantages d'une telle prise en charge dans cette
pathologie [26]. A l’heure actuelle, le traitement de référence de la
rupture des corps caverneux à la phase aigue repose sur un traitement chirurgical destiné à évacuer l’hématome sous-cutané et à
suturer la déchirure de l’albuginée du corps caverneux. Dans certains cas, notamment lorsque le patient refuse la chirurgie, un traitement conservateur est alors réalisé.
Principes du traitement conservateur
Il faut bien souligner qu’il ne s’agit pas du traitement de référence.
Ce traitement consiste à appliquer des compresses froides sur le
pénis associé à la prescription d’anti-inflammatoires et d'antalgiques. Une antibiothérapie sera prescrite s’il existe une rupture
urèthrale associée. Les antiandrogènes et les benzodiazépines destinés à limiter les érections pendant la période de convalescence peuvent être utilisés. Néanmoins, pour EL-SHERIF, l’obtention d’érections de bonne qualité après fracture du pénis peut avoir un effet
psychologique positif sur le patient [23].
Suture de l’albuginée
La réparation de l’albuginée se fait généralement en suivant
l’axe longitudinal du pénis à l’aide de points séparés de fil résorbable ou non résorbable de taille 3/0 ou 4/0 Les fils non résorbables sont volontiers réservés aux rares cas de récidives. ZARGOOSHI conseille de faire des points séparés inversants lorsqu’on
utilise du fil non résorbable pour éviter de palper ces fils sous la
peau [94]. Cependant, ces fils non résorbables peuvent être une
source d'inconfort notamment au moment des rapports sexuels
en raison de la finesse de la peau du pénis. La cicatrisation de
l'albuginée riche en fibres de collagène dure environ 6 semaines
et selon PUNEKAR, des phénomènes de réorganisation architecturale du réseau de collagène à ce niveau peuvent se poursuivre
pendant pratiquement 2 ans. Selon ces données, il faut donc
recommander une abstinence sexuelle post-opératoire. Un test
d’érection per-opératoire par injection de sérum physiologique
dans un des corps caverneux pour s’assurer de l’absence de courbure du pénis et de fuite au niveau de l’albuginée peut être réalisé.
Principes du traitement chirurgical
Après une revue exhaustive de la littérature, il semble bien que la
rupture des corps caverneux semble devoir être opérée, dés que le
diagnostic est posé. L'antibiothérapie proposée dans cette pathologie est extrêmement variable en fonction des équipes. Les céphalosporines sont le plus souvent utilisées jusqu’à un maximum de
huit jours après l’intervention [24].
Anesthésie
Le traitement peut se faire sous anesthésie locale, sous rachianesthésie ou sous anesthésie générale. L’anesthésie locale peut n’avoir
qu’une efficacité partielle sur la douleur générant un inconfort et
une certaine anxiété pour le patient. Malgré cela, ALBANY défend
l'abord électif du pénis sous anesthésie locale permettant un retour
du patient à domicile le jour même [20].
Lésion urèthrale associée
Voies d’abord
Etant donné la fréquence des ruptures de l’urèthre en cas de fracture bilatérale ventrale des corps caverneux, FERGANY recommande
une exploration du corps spongieux dans ce cas. Il recommande
aussi l’exploration du corps caverneux contro-latéral quand il existe une rupture d’un des corps caverneux associée à une rupture de
l’urèthre [28]. Une urèthroscopie per-opératoire sera réalisée au
moindre doute de rupture urèthrale.
Plusieurs voies d’abord sont possibles. L’incision coronale au
niveau du sillon balano-préputial avec dégantage complet du pénis
a l’avantage de permettre un large accès aux corps caverneux et au
corps spongieux mais expose à des complications telles que l’infection, l'oedème et la nécrose cutanée dont la fréquence varie de 14
à 25% [20]. Pour ALBANY, défenseur de l'abord électif, l'incision
coronale est inutile et traumatisante car dans l'immense majorité des
cas la déchirure de l'albuginée siège à la partie proximale du pénis
[20]. De plus, selon ce même auteur, cette incision risque de léser
des rameaux nerveux sous cutanés pouvant par la suite générer des
troubles de la sensibilité au niveau du pénis. Il faut penser à prévenir le patient avant l'intervention qu'en cas d'incision coronale, une
circoncision sera souvent réalisée. Pour FERGAGNY, s'il existe une
rupture urèthrale associée, il faut tenter de conserver le prépuce car
celui-ci pourra être utilisé plus tard pour une éventuelle urèthroplastie [28]. L’incision latérale et longitudinale en regard d’un des
corps caverneux permet un abord électif du foyer de fracture sans
risque cutané mais parfois au prix d’une cicatrice inesthétique. L’incision scrotale haute, plus esthétique, peut être utilisée pour les
fractures proximales. Le dégantage du pénis est aussi possible par
cette voie.
Drainage
Le drainage du tissu cellulaire sous-cutané est inutile et source d'infections.
Pansement
Les pansements, quel que soit la voie d’abord choisie, doivent laisser visible le gland pour identifier le plus précocement possible un
problème ischémique.
Prescription post-opératoire
En post-opératoire, MYDLO recommande la prescription quotidienne de dietylstilbestrol pendant 1 à 2 semaines pour diminuer les
érections et ainsi le risque de récidive de la rupture de l'albuginée
[64].
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6. BERTERO E.B., CAMPOS R.S., MATTOS D. JR. : Penile fracture with urethral injury. Int. Braz. J. Urol., 2000 ; 26 : 295-297.
Indications
Il y a donc deux grandes attitudes possibles dans la prise en charge
des ruptures des corps caverneux cependant le traitement chirurgical précoce, comme nous l’avons dit, représente actuellement le
traitement de référence dans cette pathologie. D'une manière générale, le traitement chirurgical permet une hospitalisation plus courte et réduit le risque de dysfonction érectile et de courbure du pénisrésiduelle.
7. BITKER M.O., BELIN J., JARDIN A., CHATELAIN C.H. : “Faux pas du
coït” with associated rupture of corpora cavernosa and urethra. Urology,
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8. CECCHI M., PAGNI G.L., IPPOLITO C., SUMMONTI D., SEPICH C.A.,
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Urol. Androl., 1997 ; 69 : 137-139.
9. CENDRON M., WHITMORE K.E., CARPINIELLO V.,KURZWEIL S.J.,
HANNO P.M., SNYDER H.M., DUCKETT J.W. Traumatic rupture of the
corpus cavernosum : evaluation and management. J. Urol., 1990 ; 144 : 987991.
Le traitement conservateur reste d'indication exceptionnelle et
marginale dans la littérature. Certains auteurs la recommandent
dans des indications bien précises : absence de déformation du
pénis pour PHILIPS et COLLIN ; cavernographie normale en présence d’une histoire clinique évocatrice pour DAS ; cavernographie montrant une minime rupture unilatérale de l’albuginée pour
DEVER ; rupture des corps caverneux par morsure de singe en raison du risque septique pour ZARGOOSHI [94]. Le refus par le
patient de l’intervention chirurgicale, attitude en fait relativement
fréquente, est bien sûr aussi une indication forcée de traitement
conservateur. Le taux de complications dans les traitements
conservateurs varie de 10 à 53% et comporte notamment un
risque d'érections douloureuses, d'hématomes persistants pouvant
s'infecter et évoluer vers l'abcédation, de fistules artério-veineuses, d'impuissances et de ruptures urèthrales méconnues [28, 41,
42, 56]. NICOLAISEN rapporte un taux de complications de 29%
dans l'expérience du San Francisco General Hospital en cas de
traitement conservateur et aucune complications chez les patients
qui ont bénéficié d'une réparation chirurgicale précoce [70]. BENNANI, quant à lui, montrait un taux de complications de 40,7% et
8,2% respectivement [5]. M YDLO a récemment publié de
meilleurs résultats chez 5 patients qui avaient refusé la chirurgie.
Ainsi, 4 patients sur 5 présentaient une fonction érectile normale
et un seul présentait une courbure du pénis séquellaire.
10. CHOI M.H., KIM B., RYU J.A., LEE S.W., LEE K.S. : MR imaging of acute
penile fracture. Radiographics, 2000 ; 20 : 1397-1405.
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CONCLUSION
21. EKE N. : Fracture of the penis. Br. J. Urol., 2002 ; 89 : 555-565.
La rupture de l’albuginée des corps caverneux du pénis est une
pathologie rare survenant le plus souvent chez l’adulte jeune au
cours d’un rapport sexuel. Une échographie voire une IRM du pénis
peuvent être réalisées pour identifier le siège exact de la fracture. Le
traitement est le plus souvent chirurgical et consiste à évacuer l’hématome sous-cutané et à suturer l’albuginée si possible par une voie
élective. Il faut toujours s’assurer de l’absence de rupture de l’urèthre associée.
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Rupture of the tunica albuginea of the corpus cavernosum of the penis
is a rare disease, usually occurring in young adults during sexual
intercourse. In Western countries, the most frequent causes is coital
injuries. Ultrasound, cavernography or magnetic resonance imaging
of the penis can be performed to determine the exact site of the fracture. Treatment is usually elective surgery and consists of evacuating
the subcutaneous haematoma and suturing the tear of the tunica albuginea. An associated rupture of the urethra must be excluded. Complications of these fractures of the tunica albuginea especially comprise
erectile dysfunction, deviation of the erect penis, development of
plaques resembling those of La Peyronie disease, urethro-cavernous
or urethro-cutaneous fistula or dysuria secondary to urethral stricture.
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