Trame 9 n°2, le webmagazine culturel sur la BD

Transcription

Trame 9 n°2, le webmagazine culturel sur la BD
ditorial
Eric Vidal
Au fait, c’est quoi le septième art ?
Editorial
« Ce film est une bande dessinée ». Les critiques de cinéma aiment encore asséner cette image condescendante pour désigner un film, souvent
médiocre leur point de vue tout aussi souvent discutable, dont les ressorts
narratifs sont empreints de simplisme. Ces affirmations qu’on sait fondées
sur l’ignorance, ou au moins sur une connaissance approximative de la
bande dessinée, laissent inévitablement des traces. L’impact est d’autant
plus grand que la plupart des grands médias généralistes consacrent au
cinéma une place enviable relativement à l’espace proche de l’infiniment
petit accordé au neuvième art. Aussi certains sont-ils tentés de voir dans
la profusion des adaptations de BD à l’écran une forme de consécration.
Appliqué à la littérature, ce raisonnement reviendrait à affirmer que le roman n’a acquis ses lettres de noblesse que par la grâce des multiples films
dont Les misérables ont fourni le propos. Qui a envie d’hurler à l’imposture
intellectuelle ?
La BD a souvent été réduite par les studios au rang de produit dérivé pour
prolonger le succès commercial d’un blockbuster. L’apport artistique au
médium importe bien moins en ce cas que les profits engrangés par les
ayants-droits. Le modèle ainsi développé place Jean Valjean, Lara Croft
et Spiderman sur un pied d’égalité. Malgré cela, l’industrie du cinéma, au
moins sa branche Hollywoodienne, qui n’hésite pas à renouveler son inspiration exsangue en puisant à tout va dans d’autres supports, n’a jamais
vu sa légitimité artistique remise en cause. Lara Croft, par exemple, dont
le tour de poitrine a fait l’objet d’une réunion du management de l’éditeur
du jeu Tomb Raider, s’est incarnée à l’écran dans deux films affligeants
avant d’exhiber son short (très approprié pour se promener dans la jungle,
non?) dans de très mauvais comics. Cela non plus n’a pas aidé à améliorer
la représentation de la bande dessinée dans les esprits.
Au fond, le cinéma est devenu frileux. Il peine à se régénérer tandis que la
BD innove. Jamais elle n’a connu un tel engouement du public, justement
en raison de son renouvellement thématique et graphique, ni attiré tant de
talents. Au point que la bande dessinée influence jusqu’à la réalisation des
films. Les adaptations cinématographiques de 300 ou de Sin City en sont
les preuves les plus évidentes. Le soin apporté à restituer l’univers visuel
de Franck Miller sur grand écran atteste d’ailleurs de la paralysie d’un 7e
art devenu illustratif faute de se donner les moyens d’être interprétatif.
Le cinéma respire mal, la bande dessinée lui fait du bouche-à-bouche. On
peut trouver les produits finis agréables à regarder, si l’on est distrait, et
même, si l’on est très bon public, les apprécier, on ne sent pas le souffle
d’air frais qu’on espère de la transposition d’une œuvre d’un support à un
autre.
Soyons honnêtes. La bande dessinée a elle aussi a importé des influences
d’autres arts (cinéma, peinture, littérature) pour se renouveler. Elle les
a simplement mieux digérées. Elle se les est appropriées sans complexe
d’infériorité, ni pêché d’orgueil. Signe d’une maturité qui renvoie à la sénilité d’un cinéma qui aurait besoin d’une cure de jouvence.
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Trame 9
Ne faisons pas preuve d’angélisme. La liberté dont jouissent les auteurs
de BD est toute relative même si supérieure à celle dont disposent leurs
homologues du cinéma. Les contraintes éditoriales, bousculées au cours
de la précédente décennie, pèsent encore lourds dans la balance. Il faudra
à nouveau prendre des risques pour que la BD soit enfin perçue comme
une forme d’expression à part entière, aussi respectable qu’une autre,
capable de porter tous les genres - fiction, documentaire, récit intimiste
ou autobiographique - dont la littérature ou le cinéma sont les véhicules.
Pour s’affirmer comme neuvième art, la bande dessinée n’a rien à attendre
du septième.
N°2 Novembre 2007
Numéro 2 – Mensuel – Novembre 2007
Trame 9 est une publication Foolstrip, 34 rue des Ormeaux
75020 Paris
Tél : 01.43.72.19.85
Email : [email protected]
Réalisation : Vincent Demons
Production : Anthony Maréchal ([email protected])
Scénario : Armelle Barré, Eric Vidal
Acteurs : Muriel Algayrès, Mike Beausang, Julie Bordenave, Lionel
Bordenave, Simon Brochard, Florian Drieux, Nicolas Golovanow, Pascal Nino, Vladimir Zborodine
Post production : Émilie Raguin
Affiche : Étienne Lécroart
Décor : David Charrier, Allan Barte
Prises de vue : Armelle Barré ([email protected])
Figuration : Franck Gasperini
Tous droits réservés pour tous pays. L’utilisation ou la reproduction, même partielle,
de toute information ou photographie publiée dans le magazine est interdite. Le magazine décline toute responsabilité pour tous manuscrits, planches et photos qui lui
sont envoyés. L’envoie de documents au magazine implique l’accord de l’auteur
pour leur libre publication. La rédaction n’est pas responsable des documents envoyés qui n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
Images de couvertures :
Dominique A. [textes illustrés] © Charrette, 2007
Femmes de Réconfort © Le Diable Vauvert – 6 pieds sous terre, 2007,
Jung Kyung-a
Preacher © DC Comics, 2002, Ennis et Dillon
Death Note © Kana, 2007, Obata & Ohba
QRN sur Bretzelburg © Dupuis, 1966, Franquin & Greg
Les Caïds de la Gaudriole © Fluide Glacial, 2007, Lécroart
Passionné depuis l’enfance de bandes dessinées, Kek se consacre
d’abord à l’infographie, créant jeux
vidéo et développant des sites internet. Introduit par Melaka, auteure
et blogueuse BD, dans cet univers,
il fait notamment la rencontre de
Pixel Vengeur, qui l’aide à la réalisation technique de Virginie, une
histoire qui sent la colle Cléopâtre, d’abord mis en ligne
sur son blog puis édité chez Delcourt, ou encore de Lewis
Trondheim. Aujourd’hui, Kek partage son temps entre la BD
qu’il publie sur son blog et les planches éditées chaque semaine par Foolstrip : il adore regarder toutes les conneries
que peut faire son chat… et il en fait des histoires, intitulées
Mon chat et moi.
Evangelista Cordeiro
est née au Mans,
en Sarthe, capitale mondiale des rillettes
vers la fin du règne du disco. Après des
études anecdotiques et un enchaînement
de petits jobs alimentaires, elle entre à
l’Ecole Nationale de Musique et de Danse
pour y étudier le théâtre. En parallèle,
elle travaille dans la conception de motifs pour des salons de tatouage et continue à donner des
représentations de théâtre et de spectacles transformistes.
Autodidacte du dessin, elle est une passionnée du comics à
l’ancienne et de MMORPG. Mademoiselle Block est une série
de super-héros décalée, à mi-chemin entre Wonder Woman
et Tank Girl.
Diplômé des Beaux-arts, Hervé Créach
part quelques années à Bruxelles pour
étudier la bande dessinée au fameux institut St Luc, d’où il ressort Graduat en poche.
Revenu s’installer à Lille, il y devient enseignant en Arts Plastiques au collège
et au lycée. Dynamique (parfois trop), il
anime en parallèle une carrière d’auteur/
illustrateur et un blog BD. L’esprit d’aventure est une série
légère déclinant une histoire policière sur fond de culture
geek et BD.
Mon chat et moi, Kek
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N°2 Novembre 2007

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