L`acquisition d`un concept en géométrie
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L`acquisition d`un concept en géométrie
Concours professeur des écoles Fabienne Carimantrant Iufm Nevers Directeur de mémoire : Nicolas Bostel. L’acquisition d’un concept en géométrie Numéro de stagiaire : 02STA03763 2 Année 2003 Sommaire Introduction………………………………………………………………page 2 A) Partie théorique I)LA GEOMETRIE …………………………………………………………page 3 1) définition : 2) la géométrie à l’école : les instructions officielles. A- COMPÉTENCES RELATIVES AUX FORMES ET AUX GRANDEURS au cycle I B- ESPACE ET GÉOMÉTRIE au cycle II. C- ESPACE ET GÉOMÉTRIE au cycle III 3) Pourquoi travailler la géométrie ? II) L’ACQUISITION D’UN CONCEPT : …………………………………..page 5 1) définition : 2) de l’objet au concept ou l’abstraction : III) LES ERREURS ET LA GEOMETRIE : ………………………………page 7 B) Analyse de la séquence Conditions d’expérimentation :…………………………………………….. page 9 Analyse de la séance1 : ……………………………………………………… page 9 Analyse de la séance 2 :……………………………………………………… page 11 Analyse de la séance 3 : ……………………………………………………….page 13 Analyse de la séance 4 : ……………………………………………………….page 15 Analyse de la séance 5 : ……………………………………………………… page 16 Analyse de la séance 6 :………………………………………………………. page 18 Bilan de la séquence :………………………………………………………….page 19 Conclusion………………………………………………………………….page20 Bibliographie ………………………………………………………………page 20 1 INTRODUCTION La géométrie fait peur. Les enseignants et les élèves ne se sentent généralement pas très à l’aise avec les contenus et les méthodes d’apprentissage de cette discipline. Bien souvent, on ne cherche pas à savoir ce qui faudrait faire pour que cela change parce que l’on pense que la géométrie consiste à savoir appliquer des définitions. Lors des différentes expériences de remplacement que j’ai effectué, je me suis toujours demandé comment les élèves faisaient pour assimiler ce que je leur apprenais. Je n’avais jamais vraiment réfléchi aux différents processus d’apprentissage. qui plus est la géométrie me posait des problèmes lors de mon enseignement. La problématique de l’acquisition d’un concept m’est alors venue en tête. Comment faire pour que les enfants acquièrent une notion ? Comment amener les élèves à assimiler un concept de géométrie ? Lors de ce stage, je voulais découvrir à travers ces élèves le processus de l’abstraction. Pour ce stage, je décide de choisir comme notion le patron d’un solide. L’objectif final de cette séquence était « reconnaître le patron d’un solide ». Tout au long de ce stage, je me suis appliquée à trouver des situations, des stratagèmes pour que l’apprentissage de cette notion se fasse en suivant le rythme d’abstraction des enfants. Le premier volet de ce mémoire se composera d’un rappel des enseignements de géométrie. Il explicitera également les différents stades d’abstractions à suivre pour l’apprentissage. Puis une analyse du travail proposé aux élèves sera exposée. Dans celle-ci, on trouvera une illustration de ce qui est énoncé dans la première partie. 2 PARTIE THEORIQUE I)LA GEOMETRIE 1) définition : La géométrie est une science mathématique qui étudie les relations entre points, droites, courbes, surfaces et volumes de l’espace. 2) la géométrie à l’école : les instructions officielles. A- COMPÉTENCES RELATIVES AUX FORMES ET AUX GRANDEURS au cycle I Etre capable : - différencier et classer des objets en fonction de leur caractéristiques liées à leur forme, - reconnaître, classer et nommer des formes simples : carré, triangle, rond, - reproduire un assemblage d’objets de formes simples à partir d’un modèle (puzzle, pavage, assemblage de solides) 3 - comparer, classer et ranger des objets selon leur taille, leur masse ou leur contenance. B- ESPACE ET GÉOMÉTRIE au cycle II. 1) Repérage, orientation - connaître et utiliser le vocabulaire lié aux positions relatives d'objets ou à la description de déplacements (devant, derrière, entre, à gauche de, à droite de, sur, sous, dessus, dessous, audessus de, en dessous de) ; - situer un objet, une personne par rapport à soi ou par rapport à une autre personne ou à un autre objet ; - situer des objets d'un espace réel sur une maquette ou un plan, et inversement situer dans l'espace réel des objets placés sur une maquette ou un plan ; - repérer et coder des cases et des nœuds sur un quadrillage. 2) Relations et propriétés : alignement, angle droit, axe de symétrie, égalité de longueurs - percevoir ces relations sur un objet, un ensemble d'objets, ou sur un dessin pour le reproduire ou le décrire ; - vérifier ces relations ou réaliser des tracés en utilisant des instruments (gabarits de longueurs ou d'angle droit, règle) et des techniques (pliage, calque, papier quadrillé) ; - utiliser le vocabulaire : aligné, angle droit. 3) Solides : cube, pavé droit - distinguer ces solides, de manière perceptive, parmi d'autres solides ; - utiliser le vocabulaire approprié : cube, pavé droit, face, arête, sommet. 4) Figures planes : triangle, carré, rectangle, cercle - distinguer ces figures, de manière perceptive, parmi d'autres figures planes ; - vérifier si une figure est un carré ou un rectangle en ayant recours aux propriétés (longueurs des côtés et angles droits) et en utilisant les instruments ; - utiliser le vocabulaire approprié : carré, rectangle, triangle, cercle, côté, sommet, angle droit; - reproduire ou compléter une figure sur papier quadrillé ; - vérifier si deux figures sont superposables à l'aide de techniques simples (superposition effective, calque). C- ESPACE ET GÉOMÉTRIE au cycle III 1) Repérage, utilisation de plans, de cartes - repérer une case ou un point sur un quadrillage ; - utiliser un plan ou une carte pour situer un objet, anticiper ou réaliser un déplacement, évaluer une distance. 2) Relations et propriétés : alignement, perpendicularité, parallélisme, égalité de longueurs, symétrie axiale - vérifier, à l'aide des instruments : l'alignement de points (règle), l'égalité des longueurs de segments (compas ou instrument de mesure), la perpendicularité et le parallélisme entre droites (règle et équerre) ; - effectuer les tracés correspondants ; - trouver le milieu d'un segment ; - percevoir qu'une figure possède un ou plusieurs axes de symétrie et le vérifier en utilisant différentes techniques (pliage, papier calque, miroir) ; - compléter une figure par symétrie axiale en utilisant des techniques telles que pliage, papier calque, miroir ; - tracer, sur papier quadrillé, la figure symétrique d'une figure donnée par rapport à une droite donnée ; - utiliser à bon escient le vocabulaire suivant : points alignés, droite, droites perpendiculaires, droites parallèles, segment, milieu, angle, figure symétrique d'une figure donnée par rapport à 4 une droite, axe de symétrie. 3) Figures planes : triangle (et cas particuliers), carré, rectangle, losange, cercle - reconnaître de manière perceptive une figure plane (en particulier dans une configuration plus complexe), en donner le nom, vérifier son existence en ayant recours aux propriétés et aux instruments ; - décomposer une figure en figures plus simples ; - tracer une figure (sur papier uni, quadrillé ou pointé), soit à partir d'un modèle, soit à partir d'une description, d'un programme de construction ou d'un dessin à main levée ; - décrire une figure en vue de l'identifier dans un lot de figures ou de la faire reproduire sans équivoque ; - utiliser à bon escient le vocabulaire suivant : triangle, triangle rectangle, triangle isocèle, triangle équilatéral, carré, rectangle, losange, cercle ; sommet, côté ; centre, rayon et diamètre pour le cercle. 4) Solides : cube, parallélépipède rectangle - percevoir un solide, en donner le nom, vérifier certaines propriétés relatives aux faces ou arêtes d'un solide à l'aide des instruments ; - décrire un solide en vue de l'identifier dans un lot de solides divers ou de le faire reproduire sans équivoque ; - construire un cube ou un parallélépipède rectangle ; - reconnaître, construire ou compléter un patron de cube, de parallélépipède rectangle ; - utiliser à bon escient le vocabulaire suivant : cube, parallélépipède rectangle ; sommet, arête, face. 5) Agrandissement, réduction - réaliser, dans des cas simples, des agrandissements ou des réductions de figures planes ; - contrôler si une figure est un agrandissement ou une réduction d'une autre figure. 3) Pourquoi travailler la géométrie ? Pour ce mémoire, j’ai choisi d’aborder le thème de la géométrie pour deux principales raisons. Tout d’abord, ce travail émane d’un passé douloureux avec cette discipline. En tant qu’élève, j’ai toujours été refroidie par la géométrie, je n’y comprenais rien. J’ai passé mes années d’élémentaire et de collège à détester ces cours. Il a fallu que j’arrive en seconde pour me réconcilier avec elle. On me l’a faite découvrir de manière ludique, avec des pratiques intéressantes, pas seulement en me donnant des définitions et des théorèmes qu’il fallait appliquer. Je voulais travailler donc la géométrie pour essayer de découvrir un moyen plus ludique d’accéder à ces savoirs. Le travail fait en classe me semble parfois trop théorique et quand on regarde les manuels, cela n’encourage ni l’enseignant ni l’élève. La géométrie est parfois abordée de manière trop abstraite, alors qu’elle devrait partir du réel, de l’existence de l’élève. La seconde raison me place cette fois-ci du côté de l’enseignante. J’ai désiré travailler la géométrie pour comprendre comment un élève pouvait acquérir un concept, comment se mettent en place les savoirs géométriques. Cette discipline est pour ma part très intéressante car elle s’appuie sur la vision des choses et elle permet de suivre le mécanisme de l’abstraction, de l’acquisition d’un concept. On peut alors se rendre compte de toutes les étapes à franchir pour s’approprier une idée, un savoir. II) L’ACQUISITION D’UN CONCEPT : 1) définition : 5 Qu’est-ce qu’un concept ? C’est une idée générale et abstraite permettant de classer les objets et comportant une compréhension et une extension. Un concept est composé de plusieurs attributs, de caractéristiques essentielles que tous les exemples ont en commun, malgré les différences qu’ils peuvent avoir ailleurs. 2) de l’objet au concept ou l’abstraction : Apprendre c’est assimiler des concepts. C’est être capable de discerner des attributs, de sélectionner ce qu'on retient et ce qu'on laisse de côté. La construction des concepts ne se fait pas tout de suite, il faut passer par différentes étapes. On part des objets, puis on les représente, et on apprend progressivement à les remplacer par des représentations codifiées, que l’on organise logiquement pour qu’elles finissent par exister indépendamment de l’objet initial. En géométrie, on compte quatre instances : ≡l’objet physique ≡la reproduction physique de l’objet ≡la représentation géométrique sur papier ≡le concept Pour arriver au concept, il faut donc tout d’abord s’intéresser au monde réel, à l’existence de l’individu. Souvent, les notions que l’on fait apprendre à nos élèves sont trop abstraites, et n’ont rien à voir avec leur existence, leur expérience. L’élève ne peut pas alors mobiliser ses connaissances pour acquérir ces notions. Il faut donc toujours s’attacher de partir du vécu de l’enfant pour l’apprentissage d’une notion abstraite. Le processus d’apprentissage commence par une phase de manipulation des objets physiques. Elle permet de les classer, de sélectionner un critère de classement pour arriver à une propriété. Pour arriver à la dégager, il faut être capable de regarder les choses d’une autre manière. Il faut se débarrasser des caractéristiques physiques (matériau, taille, couleur) mais aussi faire attention à ce que les exemples illustrent bien le critère de classement, la propriété. Si l’illustration est pertinente, le niveau de compréhension sera meilleur. Il est donc nécessaire de présenter beaucoup d’exemples et de savoir les varier. La phase de manipulation fait partie du mode enactif ou mode sensorimoteur d’après Bruner. On apprend par l’action. c’est une phase d’exploration, d’observation. Les individus (enfants ou adultes) apprennent tout d’abord par les sens. Ils se servent de la vue, du toucher, etc. Pour connaître les choses, il faut d’abord agir. Pour conceptualiser, il faut que l’enfant soit actif; il doit construire son savoir. Quand on est à l’initiative de son travail, on sait de quoi on a besoin, on sait ce qu’il faut poser comme question pour résoudre le problème, quelles informations il faut prendre. Pour cela il faut que l’enseignant lui offre toutes les possibilités pour mobiliser ce qu’il sait déjà. L’enseignant devient plus alors un assistant de la construction du savoir. Après cette phase de manipulation, on entre dans le mode iconique. Il s’agit de se représenter quelquechose sans l’avoir sous les yeux. On entre dans la représentation mentale. On peut dire que la troisième instance géométrique en fait partie. On s’appuie sur la représentation sur papier. La manipulation disparaît . Le seul sens qui entre en jeu est la vue. A ce moment, il faut que l’enfant interprète ce qu’il voit grâce à ce qu’il sait. Il faut qu’il transforme l’image en sens. Après le mode iconique, on entre dans le mode symbolique. A cet instant, on opère une traduction de la représentation mentale en une représentation abstraite. Il s’agit de se représenter l’objet, la notion ou le concept sans avoir une référence visuelle. C’est le monde de l’abstraction ou le monde conçu. On entre alors dans le savoir purement mathématique puisque les mathématiques consistent à apprendre à se passer de manipuler. Pour ainsi dire conceptualiser, c’est passer du monde vécu au monde perçu, et du monde perçu au monde conçu. Au cycle I, on se décentre en passant du monde vécu au monde 6 perçu et aux cycles II et III d’un espace perçu à un monde conçu. Les instructions officielles indiquent qu’il faut manipuler au cycle I, percevoir au cycle II et au cycle III avoir assimiler certaines propriétés donc certains concepts. Mais le fait d’être au cycle III n’empêche pas de se rattacher, à chaque apprentissage d’une notion abstraite, au monde vécu. Chaque enfant n’est pas toujours prêt à passer d’un monde à l’autre. Dans ces apprentissages, il est nécessaire de respecter les rythmes de chacun. Tout le monde n’a pas le même niveau de réflexion. C’est très important de ne pas aller trop vite dans les différentes étapes de l’abstraction. III) LES ERREURS ET LA GEOMETRIE : En géométrie, on retrouve toujours plus ou moins le même type d’erreurs . Tout d’abord, les élèves et les adultes commettent des erreurs parce qu’ils ont une vision stéréotypée des choses. On constate qu’une figure géométrique est quasiment toujours représentée de la même manière, on ne trouve aucune variété des dispositions. Même les manuels scolaires représentent toujours les figures de la même façon. Voici un carré : et voici un rectangle : Si on demande à quiconque de dessiner un carré, il le représentera très souvent de cette manière. Et quand on demande de tracer un rectangle, on utilise toujours les mêmes proportions c’est à dire la largeur mesure presque toujours soixante-quinze pour cent de la longueur. Si on dispose les rectangles et les carrés autrement, la plupart des gens ne les remarque pas. Il est important de varier les représentations des figures géométriques. En conservant toujours la même représentation, on empêche la conceptualisation d’opérer et on induit donc les élèves en erreur. De plus, la géométrie est complexe et elle est faite de beaucoup d’interactions entre les figures, les concepts. Il faut sans cesse jongler entre eux pour pouvoir faire un recoupement et avoir toujours l’ensemble des propriétés. Par exemple, on oublie souvent que le carré est aussi un losange. Si vous posez la question, on vous dira bien souvent que c’est une erreur. Il est difficile de penser à toutes les caractéristiques à la fois pour un adulte donc on imagine la difficulté pour un enfant. Les erreurs faites par les enfants dans l’observation de figures peut venir du fait que la plupart du temps, l’enfant ne voit pas les attributs recherchés. Dans un premier temps, les caractéristiques représentées ne sont pas observables. Il est donc difficile à l’enfant de les identifier. C’est plus une erreur de choix matériel de l’enseignant. Il peut y avoir une raison affective. Les mathématiques, et bien souvent la géométrie, font peur aux élèves. L’enfant, de par le fait, ne voit rien. Il ne peut en aucun cas trouver ce qu’il cherche. Il a bien trop peur de dire une bêtise alors sa vision se bloque. Le fait de faire découvrir les concepts de manière ludique permet de débloquer certaines situations. Enfin on peut dire que l’enfant ne voit pas pour des raisons personnelles. Il n’a peut-être pas l’habitude de regarder certains aspects d’un objet. Il ne sait donc pas où et comment regarder. Les enseignants engendrent eux –mêmes parfois ces erreurs, ils mettent des obstacles à l’acquisition des apprentissages. Trop souvent la géométrie est enseignée de manière transmissive et dogmatique. On donne des définitions et des théorèmes et vous appliquez. Voilà comment on pourrait caricaturer l’enseignement de la géométrie à l’école. 7 ANALYSE DE LA SE QUENCE 8 Conditions d’expérimentation : Cette expérimentation s’est déroulée lors de mon premier stage en responsabilité du 25 novembre au 14 décembre 2002. Je l’ai effectué avec des élèves de cycle III, plus exactement en CM2, à l’école Albert Camus à Nevers. Cette classe était composée de 22 élèves ; on ne constatait pas un très grand écart de niveau entre les élèves. Les enfants étaient motivés (même très motivés), avaient l’habitude de travailler en groupe ou en autonomie, ce qui m’a beaucoup facilité la tâche lors de l’expérimentation et lors du stage dans son ensemble. Analyse de la séance1 : Séance 1 Objectifs : Matériel : Percevoir un solide Décrire un solide Trier selon certains critères un ensemble de solides Caractériser les faces d’un solide, le polyèdre Nommer sommet, face et arête. Différents solides de formes, tailles, matières et couleurs différentes. Déroulement : Etape1 : phase de recherche. Travail de groupe Chaque groupe a devant lui différents solides de formes différentes, de tailles différentes, de matériaux et de couleurs différents. Consigne : effectuer un classement selon un critère. Expliquez-le. Si les enfants n’ont pas trouvé le critère tout de suite les orienter vers la géométrie. Etape2 : mise en commun. Travail collectif Chaque groupe énonce son classement et son critère Solides qui ont des faces planes sont des polyèdres Recherche d’exemple dans la classe. Etape3 :recherche Travail de groupe On élimine les cylindres. On recherche un autre classement des polyèdres. Toujours faire attention au critère. Le classement doit être en fonction des faces. Etape4 :mise en commun. Confrontation et explicitation des classements. Etape 5 : vocabulaire. Faire apparaître les mots arêtes, sommet et face. Sur leur solide, chaque enfant matérialise les sommets en vert, les arêtes en rouge et hachurent les faces. Vérification individuelle. Etape6 :trace écrite Carte d’identité du cube Définition des arêtes, des sommets, et des faces. Définition du polyèdre. 9 Cette séance s’est déroulée le lundi 25 novembre à 10h30. Il s’agissait du premier jour de stage. La durée de cette séance a été d’environ une heure. L’objectif de cette séance est d’acquérir un vocabulaire afin de décrire un solide. Tout le travail s’est fait à partir de manipulations. Comme le précise la fiche de préparation, plusieurs solides de formes, de tailles, de couleurs et de matières différentes ont été proposés aux élèves. Ils devaient trouver un critère de classement. Pour leur travail de recherche, les enfants ont pu manipuler les solides, les tourner, les comparer en les juxtaposant. Cette manipulation a permis une meilleure visualisation, et on a pu remarquer que les enfants n’ont pas tous vu la même chose. Ils ne partent pas tous du même point de vue. Pour certains, le critère a été la matière, pour d’autres la couleur, la forme. Pour d’autres encore, il a été la fonction du solide (boîte,…). Leur degré d’abstraction n’est donc pas le même au départ. Ils ne regardent pas les objets tous de la même façon. Seul un groupe de quatre filles a effectué du premier coup le « bon » classement. Elles ont fait la réflexion que nous étions entrés dans le pays de la géométrie (expression couramment employée en classe pour savoir dans quel domaine ils travaillent). On a alors rappelé ce détail. Cela paraissait aller de soi quand j’ai distribué les solides. Je pensais qu’il n’était pas nécessaire de le souligner. L’omission de ce rappel a fait que le regard des enfants n’a pas été orienté dès le départ de la séance. C’est ce qui a posé un problème lors du classement, les enfants ne voyaient pas où classer certains objets qui, d’après leur critère, n’avaient aucune place précise. Après avoir rappelé donc ce détail, le regard des enfants a alors changé. Ils ont enfin vu des formes géométriques et non plus des objets, des matières et des couleurs. On a donc abouti au premier classement : les solides à faces planes et les autres. Après une mise en commun, on a décidé d’affiner ce classement. Nous avons gardé les solides à faces planes et nous avons écarté les autres. Dès cet instant, le travail se fait plus en profondeur sur le vocabulaire : face, arête et sommet. La manipulation des objets favorise l’acquisition du vocabulaire. Pour le mot «arête », par exemple, chaque enfant tient dans sa main un solide (au choix). Un élève explique ce qu’est une arête. Un autre le montre sur son solide. Chacun d’entre eux ensuite refait cette manipulation en suivant bien avec son doigt l’arête. Après cette étape, ils surlignent chaque arête sur leur solide. Ce travail nous permettra de créer la définition du mot. En repassant au stylo les arêtes, les élèves se sont rendu compte qu’une arête est la rencontre de deux faces. Pour les autres définitions, nous avons utilisé la même démarche. Pour le sommet, les enfants ont remarqué qu’il piquait le doigt. Grâce à la manipulation, ils ont pu reconnaître la caractéristique du sommet. Ce qui a été dommageable, c’est que je n’ai pas profité de cette remarque pour l’insérer dans la définition de la trace écrite. Cela aurait été profitable comme procédé de mémorisation et de reconnaissance pour la découverte d’autres solides. Après avoir effectué toutes ces manipulations, on peut alors décrire les solides en fonction de leur nombre d’arêtes, de sommets et de faces. En guise de trace écrite, on construit tous ensemble la carte d’identité du cube et on rédige sur le cahier de leçon les différentes définitions. Le problème de la représentation du solide s’est alors posé. Est-ce que je devais leur proposer un polyèdre en perspective ? j’ai préféré ne rien leur donné plutôt que de provoquer une confusion, qui peut-être n’aurais jamais eu lieu, dans leur esprit. Cette séance a permis aux enfants de bien s’investir dans leur travail. Ils ont fait un vrai travail de recherche en groupe, des confrontations et des débats sur les critères ont eu lieu. Cette activité a permis aux élèves d’entrer dans l’activité de la séquence dans son entier. Le caractère ludique de cette séance n’a pas bloqué les enfants. Le matériel aurait pu être totalement neutre, sans aucune illustration mais j’ai choisi d’apporter des solides de la vie 10 de tous les jours (boîte de céréales, chocolat, jeton, etc.). Bien sûr, le début de la séance n’a pas été très calme, il leur a fallu le temps de découvrir les objets. Cela a permis également de montrer aux enfants que la géométrie se trouve partout autour d’eux. On part tout d’abord de leur réalité pour aboutir en fin de séquence à une abstraction. Ce qui m’a un peu gêné, c’est que j’estime ne pas avoir eu une assez grande diversité de solides, d’exemples. Il y aurait plus de recherche pour établir le critère. J’ai l’impression d’avoir restreint leur champ de vision sur les polyèdres. Même si le cube et le parallélépipède sont les seuls solides au programme en ce qui concerne la construction de patron, il n’aurait pas été négligeable de simplement leur en montrer d’autres. J’aurais pu leur montrer des polyèdres irréguliers. Toutes ces remarques n’ont pas empêché le bon déroulement de la séance et d’atteindre l’objectif mais on aurait pu l’approfondir. Analyse de la séance 2 : Séance2 Objectifs : Matériel : Acquérir la notion de patron Reconnaître les faces d’un solide. (cube) Reconnaître la disposition des faces. (cube) Cubes de couleurs différentes(1 par élève) Crayons de couleurs carrés cartonnés Feuille exercice les patrons Carte d’identité du cube Déroulement : Etape1 : Chaque enfant possède un cube composé de six faces de couleurs différentes. Observation du cube : nombre de faces, d’arêtes et de sommets. Etape2 : Distribution de carrés de couleurs identiques à celles du cube ; 6 chacun, une par face. Sur la table, positionner les faces de telles sortes que si on découpait le cube on aurait la représentation que vous avez sur la table (évaluation diagnostique : représentation initiale du patron) Etape3 : Trace écrite Carte d’identité du cube Définition du patron Etape4 : Compléter les différents patrons du cube. Sur les différents patrons, coller une face cartonnée. Compléter les autres faces avec les bonnes couleurs. Possibilité de manipulation avec le cube (vivement conseillée) Cette séance a eu lieu deux jours après la première séance. Elle a également duré une heure environ. L’objectif de cette séance est d’acquérir la notion de patron et de comprendre que les faces d’un solide ne sont pas disposées de manière aléatoire sur le patron. Pour aboutir à cet objectif, les élèves devront encore manipuler. 11 Chacun d’entre eux possède un cube dont les faces sont de couleurs différentes. Il s’agit d’un objet personnel (chacun a noté son nom sur une des faces). Ils n’étaient pas tous identiques. J’ai opté pour ce système car je souhaitais une réflexion individuelle lors de l’étape 2. Je voulais savoir où en était chaque élève par rapport à la notion de patron. Lors de cette étape, on remarque que les élèves ont une représentation stéréotypée du patron du cube. La majorité d’entre eux a disposé les faces en croix. Ils avaient donc une certaine idée du patron. Dans l’étape 4, les enfants ont été confrontés à différentes représentations du patron du cube. Chaque enfant possède un cube, six autres carrés représentant les faces et la feuille d’exercice où les patrons sont taille réelle. C’est important de le souligner car cela permettra aux enfants de manipuler avec une certaine aisance. Sur un patron, on colle une face à l’endroit désiré, et on colorie les autres faces en fonction de la première (annexe 1). Comme les représentations sont en taille réelle, les enfants peuvent poser le cube sur le patron et le basculer, le bouger pour connaître la couleur qu’ils doivent utiliser. Cette manipulation permet également aux élèves de comprendre que le patron représente le cube que l’on déroule. Il visualise l’action en le faisant. L’élève fait l’action inverse à celle qui lui sera demandé en fin de séquence, c’est pour cela qu’il est important qu’il manipule. La taille réelle du patron permet également une auto-évaluation à la fin de la tâche. Les enfants peuvent vérifier d’eux-mêmes s’ils ont accompli ce qu’il leur était demandé. Pour que le travail soit validé, il faut que chaque couleur corresponde à celle qui se trouve sous elle. Cette manipulation a posé quelques problèmes pour certains. Peut-être aurait-il fallu une étape supplémentaire ? Après coup, je pense que j’aurais dû leur donner un cube dont ils auraient enduit les faces de peinture et qu’ils auraient fait rouler pour créer l’empreinte du cube. L’entrée dans l’activité aurait été plus rapide et la tâche mieux comprise. En fait, il manquait une étape concrète, je les ai fait entrer directement par une abstraction. Même si celle-ci avait un support, les élèves devaient imaginer ce qu’ils faisaient. J’ai occulté un stade et cela s’est un peu ressenti. En définitive, l’activité a réussi mais cette étape supplémentaire aurait permis à ceux qui avaient des difficultés de mieux s’imprégner du travail. D’ailleurs pour qu’ils puissent comprendre, j’ai choisi l’image de la peinture et de l’empreinte. Cela a fait un déclic, c’est la preuve qu’il manquait quelquechose. Dans la fiche d’exercice, s’est glissée une erreur (annexe 1ter). Au départ, elle n’était pas voulue mais elle a eu des retombées bénéfiques sur le travail. Elle m’a permis de voir si les élèves faisaient un travail systématique ou s’ils apportaient une réflexion à leur coloriage. On a observé ces deux cas. Dans un deuxième temps, cette erreur a démontré que la disposition des faces n’est pas faite de manière aléatoire. Elle a un sens. On ne met pas les faces ainsi pour le simple plaisir. Grâce à cette erreur les élèves n’étaient plus dans la simple application, ils étaient obligés de se poser d’autres questions. Par exemple, j’ai apporté une nouvelle consigne : à l’aide d’une croix, dites-moi où pourrait se trouver la face manquante. Les élèves devaient alors imaginer à l’aide du solide où ils dessineraient la dernière face. Cela a été très complexe car jusqu’à maintenant on travaillait sur des choses plutôt concrètes et le fait qu’un élément soit absent, les a un peu perturbé. A ce moment là, ils n’étaient pas tous près encore à imaginer leur solide sous la forme aplanie. Quand je leur demandais où est la face manquante, il voyait où elle était sur le cube, mais il ne l’imaginait pas avec un effet de bascule supplémentaire. L’approche de la séance a pêché un peu. J’aurais pu trouver une situation qui les aurait amener à se poser la question du patron. Un paquet de gâteau éclaté aurait fait l’affaire. Mais ce que je reprocherais le plus à cette séance est la disposition des patrons sur la feuille. Elle est beaucoup trop stéréotypée. Pourquoi n’ai-je pas mis les patrons à l’oblique ? 12 La manipulation aurait eu plus d’intérêt, et la vision n’aurait pas toujours été la même. Cela aurait également gommé la représentation stéréotypée du carré. La réflexion aurait été plus importante puisqu’il aurait fallu que les enfants se mettent dans une autre configuration. Ils se seraient sûrement mis debout pour avoir une autre approche du patron ou tourner la feuille. Ce problème supplémentaire aurait complexifié la tâche pour certains déjà à l’aise. Peut-être aurais-je dû également séparer les patrons pour faire une différenciation, position plus complexe pour ceux qui me semblent à l’aise et simplifiée pour les autres. Dans les séances suivantes, j’ai pris en compte ce constat. Analyse de la séance 3 : Séance 3 Objectifs : Matériel : Associer un patron à un solide. Reconnaître les faces d’un solide. Reconnaître les caractéristiques d’un solide. Différents solides (pyramide, tétraèdre, parallélépipède, cube, rhomboèdre.) Feuilles polycopiées avec différents patrons Feuilles polycopiées avec parallélépipède. Déroulement : Etape1 : rappel de la séance précédente. Rappel du vocabulaire. Rappel du travail effectué sur le patron. Etape2 : travail de recherche. Support de travail : la classe. Faire repérer des solides dans la classe (armoire, fenêtre, porte, etc.…) Quel type de polyèdre est l’armoire ? C’est un parallélépipède. Donner d’autres exemples (boîte). Aboutir à la classe en tant que parallélépipède. Distribution de la feuille polycopiée représentant le patron de la classe. Consigne : repérer les différentes faces de la classe et noter leur nom sur les faces correspondantes. (Faire attention à la taille). Etape3 : application. Chaque secteur de table a devant lui un ensemble de solides. Chaque élève a une feuille d’exercice. Consigne : repérer les patrons de parallélépipède, rhomboèdre, pyramides qui sont correctement représentés. Les élèves ont la possibilité de manipuler les objets, de matérialiser les faces sur la feuille. Cette séance a pour objectif associer un patron à un solide. Pour cela, on travaille sur les faces et leurs caractéristiques. Dans un premier temps, l’activité a pour support la classe. On recherche des polyèdres particuliers, des parallélépipèdes. On s’appuie encore une fois du réel des enfants pour amener une nouvelle notion, un nouveau mot de vocabulaire : parallélépipède. Comme référence, je prends la classe. Je leur fais se rendre compte que la salle est un solide comme la boîte de céréales. Les enfants paraissent étonnés et se mettent alors à observer la classe, mais d’un 13 point de vue géométrique. On regarde le nombre de faces, de sommets et d’arêtes. A ce moment, je distribue la feuille d’exercice pour travailler sur le patron de la classe (annexe 2). Les élèves doivent rechercher les faces qui correspondent à la réalité et les nommer(tableau, fenêtre, plafond, etc.). Dans cette activité, j’ai constaté deux difficultés. Tout d’abord, ils devaient repérer les faces mais dans un parallélépipède toutes les faces ne sont pas identiques. De plus, je ne leur donnais pas une face de départ, je leur laissais le choix d’attaquer le patron comme bon leur semblait. Cela les a perturbés car dans la séance précédente ils avaient un point de départ. Ils devaient eux-mêmes se représenter la classe sans inductions quelconques. La perturbation venait du fait qu’ils ont dû se positionner en même temps dans la classe et sur le patron. De plus, ils regardaient le solide de l’intérieur. D’un côté, cela peut aider car le pliage ramène les faces vers soi, mais d’un autre il faut visualiser le solide par-dedans alors que jusque-là on regardait les polyèdres de l’extérieur. Il a fallu changer de point de vue. Dans cette séance, j’ai donc pris pour support la salle de classe en guise de solide. Il n’était pas vraiment manipulable mais les élèves s’appuyaient tout de même sur lui. Ils se déplaçaient pour repérer les faces et les confronter au patron. Avec ce support, on commence à s’extraire petit à petit du concret. Les enfants doivent se distancer quelque peu de leur support. Ils ne peuvent pas le retourner ou le bouger alors ils sont obligés de leur regarder différemment. Même s’il n’y a pas de manipulation, il y a toujours un support visuel. On s’oriente vers l’abstraction. Dans un second temps, on travaille sur feuille avec divers solides. Différents patrons sont dessinés et ils doivent retrouver les erreurs (annexe 2bis). Cette activité n’a pas vraiment fonctionné. Les patrons dessinés étaient petits. Les enfants ont eu du mal à les visualiser par rapport aux solides présents. Quand un objet est plus grand, il n’y a pas de problème mais plus petit ils n’y arrivent pas. En plus les solides n’étaient pas des objets du réel. Je suis passée trop vite dans l’abstrait. Sur les solides, il n’y avait peut être pas assez de moyen de visualiser les faces, de les matérialiser sur le dessin. Les enfants n’avaient pas de moyen de reconnaître les faces, de les identifier pleinement ; il y a eu une grande confusion. Ils avaient la possibilité d’écrire sur le document, colorier, nommer les faces. Comme il n’y avait pas assez de repères, ils ont pris cette possibilité plus dans un souci de décoration que dans une aide de réflexion sur le travail qui était demandé. Ce travail reposait sur l’erreur. Il fallait les retrouver. Cette étape est nécessaire car l’erreur permet de retrouver les caractéristiques, les attributs essentiels d’une notion. Le problème est que pour travailler dans cette optique, on aurait dû travailler sur les procédures pour retrouver les patrons correctement établis. C’est ce qui a empêché la bonne réalisation de cette activité. Pourtant on constate que l’idée du pliage est comprise car pour les pyramides il n’y avait pas trop d’erreurs pour reconnaître la bonne proposition. Cela vient du fait également que ce solide n’a pas trop de faces, donc pour le pliage il n’y a pas beaucoup d’opérations mentales à effectuer. En conséquence, cette séance n’a pas eu les effets escomptés. 14 Analyse de la séance 4 : Séance 4 Objectifs : Matériel : Reconnaître les arêtes d’un polyèdre (sur un polyèdre, sur un patron). Reconnaître la disposition des faces. Cube de couleur Feuille polycopiée (un jeu de deux) Crayon de couleur. Déroulement : Etape1 :rappel. Définition du mot arête. Localisation sur un solide (la classe) Etape2 : repérage. Distribution de la feuille polycopiée. Deux patrons : un de cube et un de parallélépipède. Consigne : retrouver les arêtes identiques. Les repasser d’une même couleur. Si besoin, manipulation (selon les enfants) Etape3 : approfondissement. Quand le repérage avec les patrons taille réelle effectué, prendre la seconde feuille et faire le même travail sur des patrons à taille réduite. Travail effectué suivant le rythme de l’élève. Cette séance n’était pas prévue initialement. Je l’ai insérée dans la séquence dans le but de remédier à la séance 3. Comme dans cette dernière les élèves n’avaient qu’une seule procédure pour repérer les patrons corrects, il a fallu diversifier les techniques pour que ceux qui ont eu du mal à résoudre l’exercice puissent avoir une autre méthode. Et cela était nécessaire également pour ceux qui arrivaient au résultat pour avoir un moyen de vérification, et d’approfondissement. Dans cette séance, on a donc travaillé plus particulièrement sur les arêtes des polyèdres. L’objectif était de reconnaître les arêtes identiques sur un patron et donc de comprendre la disposition des faces (annexe 3). L’outil indispensable pour cette activité a été la couleur. En effet, les enfants devaient repasser sur des patrons les arêtes identiques. On a donc revu tout d’abord la définition de l’arête et on a localisé les arêtes de la salle de classe pour se remettre tout cela en tête. On travaille dans un premier temps sur le parallélépipède. Cela nous permettra de prendre comme repère la salle. Pour commencer le travail, je prends un exemple et on fait le premier surlignage au tableau. Un élève montre les faces correspondantes en taille réelle et puis on montre les arêtes sur le patron, on remarque que les deux traits représentent la même arête. Les élèves continuent le travail seuls, avec la possibilité de se déplacer dans la salle. Cette technique permet à l’enfant de construire le polyèdre mentalement, il est obligé de le visualiser dans sa tête pour retrouver qu’elles sont les arêtes identiques. Les enfants ont une vision stéréotypée du patron, ils sont persuadés que les arêtes identiques sont celles qui sont opposées. De plus, il suffit qu’elles soient de même mesure et la solution est toute trouvée. Pour leur montrer le contraire, lors de la vérification on se sert du cube de couleur et on observe la disposition des arêtes. Ils se rendent compte que le travail n’est pas aussi simple que cela. Pour faire correctement cette activité, il a fallu deux étapes pour la plupart. La représentation des arêtes intérieures a gêné les élèves. Les traits pleins ne 15 sont pas appropriés car il y a une confusion avec les arêtes extérieures. Les pointillés seraient plus adaptés. On remarque également que les enfants n’ont plus à ce moment de la séquence l’idée du pliage successif ce qui les dérange pour certaines arêtes. Ils ne comprennent plus où elles doivent arriver après. Ils savent qu’elles se rattachent à une autre mais ils ne savent plus où. Pour vérifier dans un deuxième temps si le travail était assimilé, une fiche leur a été distribuée (annexe 3bis). Sur celle-ci, la tâche était identique mais les tailles des patrons étaient réduites. De plus, j’ai inséré le patron d’un tétraèdre pour savoir s’il y avait une réflexion. La majorité d’entre eux a compris le déroulement. Je pense que la réussite pour le tétraèdre vient du fait qu’il a moins de faces, donc moins d’arêtes. Plus il y a de faces, plus il y a d’arêtes donc plus le processus mental est important. Ce travail demande un gros effort mental. Leur attitude par rapport à leur feuille était intéressante à observer. On remarquait un gros effort de concentration. Certains fixaient cette feuille comme s’ils voulaient qu’elle se plie sous l’effet de leur regard. Même si ce travail était mental, donc normalement imperceptible, on pouvait lire dans leur regard et dans leurs gestes ce qu’il se passait dans leur tête. A ce moment-là, on peut se dire que le processus d’abstraction est bien enclenché et que l’on peut continuer la séquence. On remarque alors que, lors de la séance 3, il manquait bien une étape. Cette séance a permis de reconnaître le degré de visualisation, d’abstraction ou de vision dans l’espace pour chacun d’entre eux. Pour certains, ce travail n’a été qu’une formalité ; en très peu de temps, il a été fait. Pour d’autres, cela a demandé un moment intense de réflexion. C’est pourquoi tous n’ont pas fait l’ensemble du travail. Ceux qui ont seulement fait la première partie n’ont pas pour autant eu une dose de travail moins importante, je pense qu’elle a même été beaucoup plus intense que pour ceux qui avaient rapidement terminé. La séance 4 a été profitable pour remédier à la séance 3. Analyse de la séance 5 : Séance5 Objectifs : Matériel : Reconstituer un patron et terminer sa construction. Expliciter sa démarche Règle, équerre, crayon de papier. Feuille polycopiée. Déroulement : Etape1 :rappel. Carte d’identité du cube. Carte d’identité du parallélépipède. Etape2 :recherche. Distribution de la feuille polycopiée. Consigne : je n’ai pas eu le temps de terminer la construction du patron. Vous allez devoir m’aider à le finir. Attention il va falloir que vous soyez capable de me dire pourquoi vous le dessiner à cet endroit et pourquoi de cette façon. Etape3 : travail supplémentaire. Si certains ont terminé, on peut leur demander d’imaginer comment il pourrait eux faire un patron. (Au brouillon). Travail complémentaire. 16 Cette séance s’est déroulée le jour de la visite d’un membre de mon équipe de suivi. Cette information est importante à souligner pour le commencement de la séance. Cela m’a servi pour introduire le sujet du jour, qui était: compléter un patron. Je souhaitais que les enfants continuent le patron que je leur proposais (annexe 4). Alors je leur ai rappelé qu’une personne venait nous observer et que j’avais beaucoup travaillé sur la leçon de sciences, si bien que je n’ai plus eu le temps pour terminer les exercices de géométrie. Je leur ai demandé de terminer les fiches afin que personne ne se rende compte de rien. Bien sûr les enfants n’ont pas été dupes et savaient très bien que «c’était fait exprès ». Mais cette approche les a beaucoup amusés et ils se sont investis d’autant mieux dans leur «mission ». Une connivence s’est installée et les exercices ont paru plus ludiques. L’objectif principal de cette séance reposait sur l’explicitation de leur démarche. Pour y arriver, il fallait dans un premier temps reconstituer un patron. Dans cette séance, on ne manipule plus, il s’agit surtout de visualiser le polyèdre en question. Lors des autres séances, on enlevait petit à petit le référent au réel pour se plonger progressivement dans l’abstraction du polyèdre. Dans celle-ci, on occulte totalement donc la référence au solide. La seule chose dont ils peuvent se servir pour matérialiser une face est leurs mains. Le fait d’avoir tenté une quasi-abstraction a posé quelques problèmes. Comme on l’avait constaté en séance 4, le degré d’abstraction n’est pas le même. Certains enfants n’étaient pas prêts à ne plus avoir de supports visuels réels pour réussir le travail demandé. Même si les enfants ne le manipulaient pas, ils s’en servaient comme support psychologique. Ils avaient l’impression de s’aider du cube ou du parallélépipède. A ce stade du travail, les enfants acquièrent une réflexion plus importante sur leur travail. Jusqu’à maintenant, ils avaient pour tâche de réfléchir à partir de ce que je leur donnais. Dans cette séance, ils n’ont pas toutes les données pour résoudre le problème, c’est à eux de dire pourquoi on va faire ce qu’il faut faire. C’est là que la difficulté arrive même pour ceux qui jusqu’à maintenant avaient des facilités. Il faut mettre des mots sur ce qu’il se passe dans la tête. C’est une possibilité pour moi de savoir quel mécanisme ils utilisent. Il ne s’agit plus de faire un travail répétitif mais il s’agit de réfléchir à ce que l’on fait. On se rend compte que chacun d’entre eux à sa propre méthode. Certains utilisent une référence concrète (armoire, salle de classe, etc. ) ils désignent une face de référence (le plafond par exemple) et s’imaginent les autres faces à côté. Ils peuvent donc savoir ce qu’il manque et où cette face pourrait se placer. D’autres vont se servir de la technique des arêtes. Ils vont repérer, comme lors de la séance 4, ce qui allait ensemble et les arêtes isolées. Ils peuvent alors compléter le patron en traçant les arêtes manquantes. D’autres ont plié mentalement leur patron sans se soucier du nom des faces, sans avoir de référent. Ils ont utilisé le patron comme objet géométrique sans le comparer à autre chose. Ces élèves ont assimilé le concept géométrique du patron. Ils sont partis de l’objet réel en séance 1 pour arriver à occulter tout ce qui n’appartient pas à la géométrie, pour comprendre la structure du patron, en forme plane d’un solide. Le plus dur est de mettre en mot une action. C’est une compétence que doit acquérir l’élève. C’est aussi surtout un moyen de savoir si les enfants ont assimilé le concept. On peut alors voir à quel niveau d’abstraction est chaque élève. Il ne s’agit plus dans cette séance de faire un travail où seulement le regard agit, il est nécessaire de faire un travail plus en profondeur. Pour le parallélépipède, les enfants ont amenés à encore plus explorer ses différentes faces. Ils doivent faire attention à la forme des faces encore davantage. Tout ce travail de réflexion sur les solides incomplets permet aux élèves de comprendre que les faces d’un patron ne sont pas disposées de manière aléatoire et qu’il y a une raison de tracer telle ou telle face à un endroit précis. Ce travail permet également aux 17 élèves d’avoir une approche de la construction. Je pense que c’est une étape importante pour comprendre le mécanisme de la construction d’un patron. Cela éviterait une surcharge de travail pour les enfants lors de la construction. Je m’explique. Quand on demande de construire un patron, il faut comprendre comment disposer les faces et en même temps, il faut penser à ses gestes, au tracé, à la mesure à différentes choses qui peuvent alors surcharger l’esprit. En travaillant au préalable sur la disposition, on peut alors minimiser cette surcharge. Dans cette séance, je changerai certaines choses. J’ai remarqué que la différence de visualisation n’a pas été prise en compte suffisamment. J’aurais pu par exemple pour certains élèves effacer plusieurs faces. Certains élèves avaient donc une très grosse charge de travail alors que d’autres n’avaient quasiment aucune difficulté à remplir leur mission. Pour ceux qui étaient à l’aise j’aurais pu encore plus casser la disposition trop stéréotypée des patrons. De plus, les élèves en difficulté auraient pu encore manipuler en découpant les patrons et en essayant de construire le solide. Puis ils auraient pu le recoller et alors tracer la face manquante. Analyse de la séance 6 : Séance6 :évaluation Objectifs : Matériel : Reconnaître un patron. Compléter un patron. Equerre, règle, crayon de papier Feuilles polycopiées. Déroulement : Etape1 :travail autonome. Travail individuel sur feuille. Consigne : reconnaître les patrons. Compléter les patrons inachevés. Etape2 :explicitation de la démarche. Quand un élève estime avoir terminé son travail, il vient expliquer à l’enseignant pour quelles raisons il a complété ses patrons de cette manière, et pourquoi a-t-il jugé que certaines représentations étaient erronées. Barème de l’évaluation : Premier exercice : retrouver les représentations erronées. 1pt par patron erroné retrouvé. 1.5 pt par patron et par explicitation correcte. Second exercice : compléter les patrons. 1pt par face correcte. 1.5pt d’explicitation correcte par face. Travail noté sur 20. Cette séance est donc l’évaluation du travail fourni par les élèves. Il s’agissait d’évaluer si les élèves pouvaient reconnaître un patron, retrouver un patron parmi certaines représentations complètement erronées (annexe 5 et 5bis). Le travail se divisait en deux étapes : tout d’abord, un travail autonome, puis une explicitation à l’enseignant en passage individuel. La démarche du passage individuel est longue mais intéressante pour plusieurs raisons. En effet, le passage à l’écrit nécessite une étape supplémentaire pour l’élève. Pour écrire, il faut qu’il pense dans un premier temps à ce qu’il fait, puis qu’il recherche une formulation pour transcrire correctement sa pensée. Il ne peut pas écrire directement ce qu’il pense. Si l’élève explique directement sa démarche à l’oral, il n’est pas obligé de rechercher une formulation adéquate. Il peut dire directement ce qu’il pense. On retrouve une plus grande spontanéité à 18 l’oral. Certains élèves sont bloqués quand il s’agit d’écrire, ce n’est pas une communication qui est rassurante pour eux, ils sont plus à l’aise quand il s’agit de parler (pour peu qu’on les mette en confiance). De plus, cette démarche est intéressante car l’explicitation est valorisée dans l’évaluation du travail. Les enfants ont la possibilité de se rattraper avec l’explicitation. Ils peuvent avoir eu un blocage sur le papier et tout à fait avoir compris, avoir visualiser le patron, la tâche qu’il y avait à faire. L’écrit est important pour avoir une trace, un support. Le tracé des différentes faces n’a pas toujours été réussi. La verbalisation du travail a permis à certains élèves de se rendre compte de leurs erreurs. On voit alors que la réflexion n’a pas été faite dans un premier temps ; c’est pour cela qu’il a été important de les faire s’expliquer sur ce qu’ils ont fait. Dans ce moment particulier, j’ai pu voir alors le processus mental que les enfants utilisaient. J’ai pu constater leur niveau d’abstraction. Cette étape m’a beaucoup impressionnée. Je ne m’attendais pas du tout à ce résultat. Certains élèves ont fourni un raisonnement incroyable. Sans aucune manipulation, ils ont pu me donner les raisons de leur travail, avec tout le vocabulaire acquis. Ces élèves ont fait preuve d’une totale abstraction, ils n’ont fait aucune allusion au réel, à un objet support. Ils sont donc arrivés au dernier stade. J’ai pu constater que, pour certains élèves, il était difficile d’avoir du recul sur son ouvrage. Certains d’entre eux (environ 3 ou 4) n’ont pas pu sortir un mot. Ils n’arrivaient pas à verbaliser leur action. Tout au long du déroulement de la séquence, je mettais pourtant employée à ce qu’ils parlent de leur travail ; ce n’était pas une nouveauté pour l’évaluation. Dans l’ensemble, le bilan a été positif, la majorité a bien assimilé le concept du patron et comment il est composé. Pour d’autres, il faudra un peu plus de temps pour y accéder. Le point le plus négatif de cette séance est l’occupation des élèves qui ont terminé pendant l’explicitation des camarades. Il ne faut pas qu’ils soient oisifs si on ne souhaite pas qu’ils perturbent le bon déroulement de l’évaluation. Bilan général de la séquence Le bilan de la séquence est plutôt positif. Mon objectif principal était de permettre aux élèves de reconnaître un patron de solide, et j’estime être parvenu à un bon résultat. Les élèves de la classe ont en général assimilé ce qu’était un patron, comment il s’agence, et surtout ont compris qu’un patron n’a pas une disposition aléatoire. Dans cette séquence, les élèves ont toujours été actifs. Il n’y a pas eu de leçon de géométrie magistrale, où l’on donne des définitions, des concepts et où on demande ensuite d’appliquer ces savoirs. Les élèves ont été, tout au long de la séquence, acteurs de leurs savoirs, ils ont appris et compris par eux-mêmes. Bien sûr, il a fallu intervenir pour amorcer une réflexion, pour expliquer certaines procédures, mais dans l’ensemble de la séquence, j’ai plutôt fait office de personne ressource ou de secours quand vraiment les élèves bloquaient. Le déroulement de l’apprentissage a été très progressif. Grâce aux manipulations, les élèves ont pu rentrer petit à petit dans un monde plus abstrait, à leur rythme. Il est arrivé que je bouscule ce rythme, et j’ai dû remédier à ce problème. Cette séquence a permis de comprendre les différents stades à respecter pour acquérir un concept. Il ne faut pas vouloir aller trop vite, il faut progressivement passer du concret (où l’on utilise le sens tactile) au réel (où l’on utilise le sens visuel) à l’abstrait où la pensée et la représentation sont prédominantes. 19 Conclusion L’apprentissage d’une notion en géométrie ne se suffit pas d’une seule séance. Il faut passer du temps pour que les élèves acquièrent vraiment l’intégralité de la notion. Il est nécessaire de respecter le rythme de l’enfant. Ce stage m’a permis de remarquer que chaque individu possède sa propre vision des choses au départ et qu’il faut petit à petit la transformer en respectant différentes étapes. Pour certains élèves, cela va très vite mais pour d’autres, les séances proposées n’y ont pas suffit. Les aboutissements de mon travail m’ont moi-même stupéfaite. Les activités proposées ont permis aux enfants de prendre du recul par rapport au réel et donc d’entrer petit à petit dans de l’abstrait. je peux donc conclure cette réflexion en préconisant un travail ludique, s’appuyant sur du réel au commencement. Le plus important reste à faire une pédagogie adaptée à chacun, prendre en considération chaque rythme et ne pas trop anticiper. Cela ne sert à rien et dessert plus qu’autre chose. Ce travail a été intéressant de mon point de vue et du point de vue des enfants. L’approche a été ludique pour tout le monde et personne ne s’est ennuyé lors de ses séances. Cet objectif a donc été rempli en ce qui me concerne. Toute cette réflexion m’a permis de comprendre comment un enfant ou tout autre individu pouvait assimiler une notion abstraite. BIBLIOGRAPHIE L’Apprentissage de l’abstraction Britt-Mari Barth – édition Retz – Réédition 2001 Enseigner la géométrie cycle 3 Catherine Fournié/Josiane Hélayel – Bordas pédagogie - édition 2002 Apprentissages géométriques aux cycles II et III Jean-François Grelier - CRDP Midi-Pyrénées – édition 2001 Les différents modes de symbolisation article JDI n°3 novembre 1997 Bulletin Officiel hors série n°1 du 14 février 2002 ministère de l’éducation nationale 20 ANNEXES Annexe 1 : séance 2 Les élèves doivent mettre en couleur les faces du patron en fonction de leur cube. 1 Annexe 1bis : séance 2 Certains enfants prennent en compte l’aspect décoratif et ludique de l’exercice. 2 Annexe 1 ter : séance 2 Le patron est erroné. Il y a une face de mal placée. Les élèves doivent retrouver laquelle et la face manquante. 3 Annexe 2 : séance 3 Les élèves doivent nommer les différentes faces en fonction d’un solide : la classe. 4 Annexe 2bis : séance3 Les élèves doivent retrouver les patrons erronés. 5 Annexe 3 : séance 4 Les élèves doivent retrouver les arêtes identiques. 6 Annexe 3bis : séance 4 (idem que annexe 3) 7 Annexe 4 : séance 5 Les élèves doivent compléter le patron et justifier leur choix. 8 Annexe 5 : évaluation. 9 Annexe 5bis : évaluation. 10