F - Buena vista social club

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F - Buena vista social club
Buena Vista Social Club
Win WENDERS (1999)
Nombreux prix du meilleur documentaire (Seattle international film festival,
prix du cinéma européen, prix du film allemand …)
Meilleur film étranger : Festival international norvégien du film,
Cinema Brazil Grand Prize …)
Avec : Amadito Valdés, Barbarito Torres, Cachaito Lopez,
Compay Segundo, Eliades Ochoa, Ibrahim Ferrer,
Juan de Marcos, Manuel Mirabal, Manuel Licea,
Omara Portuondo, Pio Leiva, Rubén González …
C’est un collègue qui m’a fait découvrir ce documentaire : « J’ai acheté ce film sans l’avoir
vu », m’a-t-il dit, « une amie m’en a parlé, elle est retournée trois fois au cinéma, il est
génial. » Son amie et lui avaient raison : Buena Vista Social Club s’est avéré être l’un des
plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir ; je n’hésite donc pas à en parler à mon tour,
même quinze ans après sa sortie. Je le revois de temps à autre et prête volontiers le DVD.
Ses nombreuses qualités expliquent son succès.
L’une parmi tant d’autres est celle des plans de la Havane, tellement superbes qu’ils
donnent envie de sauter dans l’avion. Ce que j’ai fini par faire, d’ailleurs : j’ai découvert et
adoré Cuba grâce à ce film. Les élèves à qui j’ai prêté le DVD ont tous été sensibles à
l’ambiance particulière de cette ville, que le réalisateur transmet si bien.
Le montage, construit avec beaucoup d’intelligence, entremêle les extraits de concert, les
prises de vue en studio lors de l’enregistrement et les interviews des musiciens.
Bien sûr, la musique est exceptionnelle. Les vieux musiciens du Buena Vista Social Club
étaient tous de très grosses pointures et leur réunion a donné un son extraordinairement
puissant, chaleureux et limpide.
Il est difficile de ne pas penser que sans le nord-américain Ry Cooder (qui s’était mis en
tête l’excellente idée de réaliser un album avec les musiciens cubains spécialistes du son1),
ces talents auraient disparu sans laisser une trace aussi sublime. Car hélas, cinq de ces
comparses ne sont déjà plus de ce monde : le chanteur et guitariste Compay Segundo et le
grand pianiste Rubén González sont décédés dès 2003, Ibrahim Ferrer en 2005.
Mais ce qui frappe surtout, dans ce documentaire, c’est l’exceptionnelle qualité humaine qui
s’en dégage. Il est impossible de ne pas être touché quand Ibrahim Ferrer parle de sa mère,
disparue quand il était âgé de treize ans. Seul au monde, le garçon a dû se débrouiller,
survivre. Impossible, à l’inverse, de ne pas rire quand Compay Segundo (quatre-vingt-dix
ans passés) raconte avec un sourire de coquin comment, enfant, il allumait les cigares de sa
grand-mère et concluant : « Et c’est comme ça que je fume depuis l’âge de quatre ans … ».
Barbarito Torres et Orlando Cachaito Lopez parlent du laúd et de la contrebasse avec une
affection et un respect si grands qu’il est évident que la musique, plus qu’une passion, est
leur vie même.
L’âge, les aléas de la notoriété ou de l’existence, la dureté de la vie en général et celle de
leur pays en particulier, rien n’a pu altérer leur capacité à être pleinement vivants,
entièrement dans la vie. Leur aptitude à jouir du bonheur quand il se présente et à ne pas
se plaindre du reste force l’admiration. Comme l’écrivait Jean-Yves Katelan dans Première :
« on ne peut que s'émerveiller [...] devant ces personnages, pauvres et cultivés, joyeux et
musiciens. »
Buena Vista Social Club est donc plus qu’un documentaire : c’est une grande bouffée de
talent, de joie de vivre, d’optimisme et de dignité.
1
Le son cubano est un genre musical originaire de la région est de Cuba (région orientale) et qui comprend les
provinces de Guantánamo, Granma, Holguín et Santiago de Cuba. (source : Wikipedia, la enciclopedia libre)
Karin Lafont-Miranda – 2002 / 2014
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