la colombe aux couleurs de la paix

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la colombe aux couleurs de la paix
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Dimanche N°30
zoom
Dimanche 6 septembre 2015
5
Diplomatie
La colombe aux couleurs de la paix
toujours besoin, à un certain moment,
d’un espace hors de la pression des
médias, du politique, pour réfléchir
aux vraies causes de la guerre, du
conflit ou des affrontements. Ce qui
se passe à Sant’Egidio est complémentaire, ce n’est pas quelque chose
d’avoué du grand cadre de médiation
internationale. Chaque pays est différent, a son histoire. A Sant’Egidio, il
n’y a pas une structure lourde, mais
un effort commun de tous les membres
de la communauté pour soutenir la
paix. Parfois, il faut demander le soutien de certains Etats ou d’agences
internationales, mais le plus souvent
c’est la communauté elle-même qui
soutient ces initiatives. J’avais 15
ans au lycée quand j’ai commencé à
travailler à l’Ecole de la Paix dans les
périphéries de Rome. A Sant’Egidio,
nous sommes des experts d’humanité,
pas forcément de diplomatie! Je suis
d’ailleurs archéologue!"
tutelle avec 12.000 casques bleus. La
communauté internationale prend en
charge le paiement des salaires. C’est
un pays qui doit renaître. Sa classe
politique est le reflet de ses contradictions", commente encore Prosper
N’Douba, un ancien ministre reconverti en rédacteur en chef du blog
Centrafrique-Presse. Si les tensions
sont perceptibles, même dans la salle
du Parlement où siège la diaspora, la
venue du pape François en novembre
prochain réjouit l’ensemble des participants. Car comme le rappelle
Mauro Garofalo, de la communauté
Sant’Egidio, "le pape commence ses
voyages par la périphérie du monde".
Et finalement, "l’avenir du pays ne
se trouve pas dans son homogénéisation, mais dans le vivre ensemble
avec respect et amour."
✐✐Angélique TASIAUX
Membre de la communauté,
Els Verlinden est enseignante à l’ILT
de la Katholieke Universiteit Leuven.
Enthousiaste, elle n’hésite pas à se
joindre en famille aux activités de
Sant’Egidio, comme par exemple
une rencontre bimensuelle avec
des personnes âgées des environs
de Louvain. Elle souhaiterait se
rendre en Afrique pour épauler un
projet de la communauté, le temps
d’un été. Elle s’est d’ailleurs rendue
en Albanie, il y a quelques années,
pour travailler avec des patients
psychiatriques.
60.000 membres dans 70 pays
© mcbf
l
e 14 juillet dernier, une table
ronde s’est tenue au Parlement
européen. Politiciens, économiste, porte-parole et ambassadeur y étaient réunis à l’appel de la
communauté Sant’Egidio pour évoquer la situation de la Centrafrique,
un pays où les blessures sont encore
vives. Le processus démocratique initié y est très lent; il requiert patience
et dialogue, respect et tolérance.
Des qualités diplomatiques qui sont
le propre des négociations placées
sous la houlette de la communauté
Sant’Egidio. Le point commun de
celles-ci est l’écoute, la confrontation des points de vue en favorisant
les échanges entre les interlocuteurs
et en donnant la parole aux acteurs
locaux, pour qu’ils puissent se retrouver ensemble, en terrain neutre, loin
des a priori partisans.
Le rôle joué par Sant’Egidio dans
cette "médiation difficile" a été souligné par Louis Michel, qui a mis à
disposition de la communauté un
hémicycle du Parlement européen, le
temps d’une matinée. Pour le ministre
d’Etat, "la République Centrafricaine
risque de devenir une nation orpheline. Il y a une fatigue par rapport à
la RCA qui est due aux crises à répétition et à sa classe politique de piètre
qualité." Or, pour organiser les prochaines élections, il faut de l’argent,
beaucoup d’argent. Un tel besoin de
fonds conséquent et répété lasse les
nations donatrices, alors même que
"les instances européennes ont déjà
financé 530 millions d’euros en deux
ans". Grand est le risque "d’instrumentaliser le conflit et qu’il ne devienne un conflit interreligieux".
Porte-parole de la communauté
musulmane, Ibrahim Hassan Frede,
a souligné combien les dissensions
actuelles ont été suscitées par les responsables politiques. Il s’agit ni plus
ni moins d’un "conflit instrumentalisé
par les hommes politiques". La population civile se trouve "en danger".
Pire, "elle s’entretue". "La politique
est venue nous diviser. Nous sommes
fatigués." Et de souligner comme "la
ville de Bangui est devenue une ville
de rumeur", où la violence se propage
au gré des bruits ou des colères. Ainsi
en est-il de l’interdiction faite aux
musulmans d’enterrer leurs morts
dans les cimetières de la capitale.
"C’est un piège", prévient-il. Pourtant,
dans ce tableau sombre, ce musulman
confie les rencontres organisées par
des citoyens chrétiens et musulmans,
en quête de dialogue.
C’est toute une partie de l’Afrique qui
n’a "plus le sommeil tranquille", tant
les risques d’extension du conflit sont
grands, observe un Camerounais présent dans l’assemblée. "Aucune strate
de la société n’est épargnée par la
misère. Aujourd’hui, la République
de Centrafrique est un pays sous
© mcbf
La communauté Sant’Egidio joue souvent un rôle de médiation dans les pays où sévissent des
conflits. L’efficacité de la communauté s’est imposée discrètement dans l’arène diplomatique.
Dans les coulisses…
Membre de la communauté
Sant’Egidio, Mauro Garofalo revient
sur le mode de tractation en usage
dans l’organisation.
"Ce n’est pas vraiment une méthode
diplomatique, c’est plutôt une méthode humaine. Nous travaillons pour
soigner les âmes de la guerre, qui est
comme un poison. Il y a bien sûr des
questions stratégiques et politiques à
résoudre, mais il faut surtout guérir
les esprits de la violence. La méthodologie requiert d’abord de la patience.
Il n’y a pas de date d’expiration dans
les médiations de Sant’Egidio, même
si la communauté internationale pose
parfois une date limite aux acteurs de
la crise. Nous sommes perçus comme
des acteurs religieux, des croyants
et des bénévoles. Cela nous donne de
l’autorité dans la faiblesse, surtout
dans les conflits qui ont des connotations interreligieuses. Si vous regardez nos médiations les plus récentes,
c’est dans des pays à grande majorité musulmane, comme le Niger, le
Mali ou la Guinée. Des organisations
musulmanes nous appelent à intervenir. Même dans le cadre compliqué
d’une médiation internationale, il y a
Des laïcs engagés dans la réalité sociale composent les communautés locales de
ce mouvement chrétien aux origines romaines. C’est en 1968 que les premiers
rassemblements ont vu le jour dans l’église Sant’Egidio à Rome. Près d’un demisiècle plus tard, la solidarité n’est toujours pas un vain mot. Les personnes engagées dans le mouvement se montrent sensibles à la réalité vécue par l’Autre, qu’il
s’agisse des démunis, des plus âgés, des personnes précarisées ou isolées, sans
oublier les enfants des quartiers défavorisés. Les écoles de la paix ont d’ailleurs
été créées à leur attention. En Belgique francophone, il en existe deux: l’une est
installée à Bruxelles, l’autre à Liège. Toutes deux sont animées par des jeunes,
âgés de 16 à 22 ans.
Infos: rue des Riches Claires, 26 à 1000 Bruxelles – tél. 02. 512 45 46 – bruxelles@
santegidio.be ou place Saint-Barthélemy, 8 à 4000 Liège – 0476. 71 01 65 –
[email protected] ou le centre pour le Benelux: Kammenstraat, 51 à 2000
Antwerpen – 03. 229 04 10 – [email protected]
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