N° 44 - MARS 2006 - CERCLE franco

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N° 44 - MARS 2006 - CERCLE franco
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Mars 2006 N°44
C.E.R.C.L.E
FRANCO-HELLENIQUE
LE
BULLETIN
D’information
Sommaire
Editorial
Page 1
Ma mère disait
Page 7
La bataille navale de Lepante
Page 2
La fête du Nouvel An
Page 7
Les Petits Princes
La Grèce au fil des jours
l’antiquité
Club lecture ‘Apologie pour Clytemnestre » de Simone Bertière
Page 4
Le loto
Page 8
Page3
Si nous parlions cuisine
Page 8
Chansons d’hier et d’aujourd’hui
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Page 5
Editorial
Un ami au grand cœur vient de
nous quitter
Je te pleure Spyros, je te pleure de rage de ne pas
avoir été à tes côtés dernièrement, alors que je te savais
malade depuis quelque temps. Je te pleure parce que j’ai
été indigne de ton amitié, de toi qui as tant fait pour les
grecs et l’hellénisme à Toulouse. Et pas seulement en paroles, en actes concrets, discrètement, sans bruit, avec le
sourire, le bon mot et le cœur toujours sur la main.
La vie ne t’avait pas épargné depuis que tu avais quitté ta Corfou natale à quatorze ans à peine, pour sillonner
les mers, jeune Ulysse en quête du bonheur que l’ île que
tu adorais – à quelques encablures d’Ithaque- n’avait pas
pu te donner.
Te voilà à Toulouse, très jeune, dans la restauration,
métier de relations et de contacts qui te collait à la peau.
De « Mon Caf » au restaurant le ZORBA, que tu as créé
juste à côté, tu ne cessais de t’intéresser aux grecs, et plus
particulièrement aux étudiants, de Toulouse. Ton obsession de nous réunir, de nous aider, de nous gâter en partageant le peu que tu avais (en nous donnant aussi ce que
Conférence de Michel Bruneau
‘les Pontiques et la mémoire »
De l’enracinement au déracinement d’une diaspora (1)
Agenda du C.E.R.C.L.E
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tu arrivais à mettre de côté par force subterfuge !), tu as
créé un lieu mythique où nous prenions plaisir à nous retrouver et qui a été pour beaucoup dans la future création
du CERCLE.
C’est grâce à toi que nous nous sommes connus,
nous autres grecs dispersés, occupés chacun par nos propres soucis. Des soirées mémorables, grâce à toi ; ce ne
sont pas les Familiadès, ni Andréas, ni les Baylet et autres
Puech qui me démentiront. Tu étais notre Zorba, en
chair et en os, pour nous les jeunes déracinés de l’époque
qui cherchions inconsciemment à retrouver un bout de
cette terre bénie qu’on peut maudire quand on y habite
mais que l’on chérit dès qu’on s’en éloigne…Personne
mieux que toi ne pouvait incarner l’âme* grecque ! Et j’ai
toujours rêvé de danser le rébétiko comme toi !
Je me rappellerai toujours de ta fierté quand tu apprenais que nous réussissions dans nos études, toi
l’agrégé, le docteur de l’Université de la vie qui nous encourageais et suivais attentivement nos parcours. Je me
rappellerai aussi du bonheur qui était le tien au moment
de la création du CERCLE, que tu as toujours fidèlement
soutenu. Je me rappellerai surtout de ta joie immense à
l’annonce de la création de notre Ecole où nos enfants et
petits-enfants allaient pouvoir apprendre notre langue
maternelle…Comme si tu retrouvais ce dont la vie t’avait
privé dans ta jeunesse…
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Et puis la vie, la maladie, « to pepromeno », nous ont
éloignés. Cette vie que tu as croqué à pleines dents,
comme si tu voulais rattraper le temps perdu. Et c’est elle
qui t’a rattrapée brutalement, dans la fleur de l’âge. Oui
l’ami, tu es parti trop jeune ; j’avais la certitude de te retrouver, tant je te croyais indestructible. Zorba ne meurt
jamais. Tu es parti avant que j’aie eu la chance de te revoir. Je porterai ce lourd regret longtemps dans ma conscience ; et je ne serai probablement pas le seul…Il me
restera pour toujours les souvenirs de tous ces moments
de bonheur simple mais intense que tu nous as offerts.
Ces quelques mots Spyros, reçois-les là où tu es désormais, comme une demande de pardon pour l’amitié
que je n’ai pas su te témoigner ces derniers temps...
DIAMANTIS, ANDRÉAS, AMBROISE, NICOLAS, MICHEL ET LES AUTRES…
* Je te dédie aussi ce magnifique mot de notre amie
Brigitte Santamaria (prononcé en introduction aux chants
de la fête de fin d’année dernière des cours de grec) dans
lequel je te retrouve totalement : « Ce qui fait la spécificité
de l’âme grecque c’est que sa culture –sa poésie, sa musique, ses danses- joue un rôle déterminant dans l’histoire.
Ce n’est pas quelque chose qui est à part, qui se limite au
temps des loisirs. La musique en Grèce ce n’est pas un
divertissement, elle a une fonction sociale. La liberté pour
les grecs c’est le pain et la musique. Le chant comme la
danse, c’est beaucoup plus qu’un rituel, c’est une nécessité où s’expriment la solidarité, l’angoisse, l’espoir et la
joie ». Tu étais libre, tu étais tout ça Spyros !
renouvelèrent leurs horreurs habituelles l’année suivante
lors de la prise de Famagouste (Amohostos). L’émotion
fut considérable en Occident. Ronsard écrivit un poème
« Vœu à Venus pour garder Chypre de l’armée du Turc » ;
Mais le poème…. n’y fit rien. Et le gouverneur de l’île
Bragadino, après avoir négocié une reddition honorable
fut traîtreusement torturé (les Turcs ne respectant pas,
comme d’habitude, leurs accords), puis écorché vif et ses
compagnons décapités au sabre devant la population.
L’Europe, n’arrive pas à s’unir, face à la menace turque. La France entretient même des relations amicales
avec la Sublime Porte. Les efforts du pape St Pie V aboutissent enfin à l’établissement d’une alliance (SainteLigue) avec l’Espagne, Venise et Malte.
On a réuni une flotte importante (environ 250 bateaux) qui est confiée à don Juan d’Autriche demi-frère
de Philippe II d’Espagne. La Sicile, Gênes et Naples ont
aussi participé, ainsi que 5 bateaux Crétois et 9 bateaux
des îles Ioniennes (Corfou, Céphalonie, Zante). Les bateaux vénitiens étaient munis d’équipages grecs (8000 marins). La flotte s’était réunie à Messine et se dirigea vers
Corfou (26 Septembre 1751) puis est rentrée dans le
golfe de Patras où mouillait la flotte Turque, près du port
de Lépante. La flotte turque (300 bateaux) était dirigée
par Ali Pacha aidé des Beys d’Alger et d’Alexandrie.
La bataille navale de Lépante (La
Sainte-Ligue contre les Turcs)
Le 7 Octobre 1571 une grande bataille navale a eu
lieu près du port de la ville de Lépante (Nafpaktos), dans
le golf de Patras, à l’ouest de l’Isthme de Corinthe. La raison en était l’île de Chypre.
Chypre était byzantine jusqu’à l’arrivée des croisés de
Richard Cœur de Lion ; mais avant de partir pour Jérusalem, Richard vendit l’île aux Templiers qui se firent haïr
en un temps record (impositions excessives, répression
dans le sang…). Les Templiers préférèrent revendre l’île
en 1192 à Guy de Lusignan, chevalier poitevin, roi de Jérusalem depuis six mois. Ainsi naquit le royaume latin de
Chypre qui devait durer près de trois siècles jusqu’à 1489,
année où les vénitiens occupèrent l’île.
Mais le XVIème siècle est marqué par l’expansion de
l’empire Ottoman. Les Turcs maîtrisent presque la totalité du bassin méditerranéen. Ils échouent toutefois devant
Malte et se tournent vers Chypre. Nicosie fut enlevée en
septembre 1570 après un siège de 45 jours. Elle fut mise
à sac et 20.000 jeunes furent massacrés par les Turcs. Ils
La victoire de Lépante par Véronèse (Palais des Doges à Venise)
La bataille décisive a lieu le 7 Octobre 1571. Les galères turques attaquent les premières. Mais elles se heurtent aux galéasses de la Ligue qui grâce à leur puissante
artillerie brisent l’offensive turque. Le sort de la bataille
semble balancer un moment, mais lorsque la galère amirale turque est prise et l’amiral …décapité, la débandade
du côté turc est générale.
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Le bilan est lourd : 20.000-30.000 morts dans les
rangs des turcs; la presque totalité de leurs vaisseaux ont
été pris ou coulés et 15.000 captifs chrétiens libérés. Du
côté de la Ligue il y a eu 8.000 morts.
La victoire des Occidentaux a été complète; elle a eu,
à l’époque, un immense retentissement, car elle libérait les
Occidentaux de la peur ancestrale des Turcs.
Mais malgré leur défaite, les Turcs ont reconstruit
une flotte mieux équipée et, l’année suivante, ont battu
les Vénitiens devant Modon (Méthoni, au sud du Péloponèse). Les Vénitiens ont été obligés de signer une paix
séparée avec la Sublime Porte, payer une indemnité et
abandonner définitivement l’île de Chypre, que les Turcs
ont conservée jusqu’en 1878 ; ils la vendront alors aux
Anglais….qui voulaient contrôler la route vers Suez…
On peut donc se poser la question : à quoi cette bataille navale a-t-elle réellement servi ?
Pour la petite histoire :
A un moment , la bataille devient si féroce que les
soldats turcs, à court de munitions, dans un geste
d’impuissance et de désespoir, lancent sur leurs opposants des oranges et des citrons, ce qui déclenche l’hilarité
des équipages de la Ligue.
Un soldat espagnol du nom de Cervantès , prit part
à cette bataille ; il a été blessé et perdit sa main gauche, ce
qui ne l’a pas empêché, par la suite d’écrire, (avec la
main…. droite), Don Quichotte.
IOANNIS SOTIROPOULOS
La Grèce au fil des jours
Vendredi 30 Décembre 2005
Etait-ce une réduction de personnel due à l’approche
des fêtes ? Toujours est-il qu’il n’y avait que deux policiers, au lieu des quatre règlementaires, pour transférer
trois détenus (un russe et deux albanais)vers les prisons
de Volos et de Larissa, avec, comme destination finale
pour le plus dangereux d’entre eux, la prison de Komotini. De plus, les policiers ne disposaient que de leur arme
de service et ne portaient pas de gilet pare-balles comme
l’exigeait encore le règlement. Enfin, ils n’avaient pas été
prévenus du danger que représentait le prisonnier russe,
condamné pour avoir tué de 15 coups de couteau une
habitante de Corfou, âgée de 42 ans et mère de deux enfants, qui avait eu l’imprudence de le prendre en autostop. Le mobile invoqué était particulièrement cynique. Il
voulait, avait-il avoué lors de sa déposition, expérimenter
ce que l’on ressent lorsqu’on tue quelqu’un.
En cours de route, alors que le fourgon cellulaire ( h
klou>ba) traversait une région montagneuse et désertique, dans la région de Kalambaka, le détenu russe demanda à sortir pour satisfaire un « besoin corporel »
(swmatikh> ana>gkh ). Trop confiants, les policiers libèrent les prisonniers de leurs menottes. Aussitôt le russe et
l’un des albanais se jettent sur les policiers, s’emparent de
leurs armes et les tuent de sang-froid. Ils s’éloignent ensuite dans des directions opposées pour rendre leur poursuite plus difficile tandis que le prisonnier albanais qui
n’avait pas participé au meurtre demeure près du fourgon.
Mercredi 4 Janvier 2006
Terminons le récit de ce « thriller », comme on dit
aussi bien en anglais, en français qu’en…grec (Qri>ler).
C’était, depuis près d’une semaine, la préoccupation quasi
exclusive des médias: il y a deux jours, au journal de 21
heures, la télévision nationale (ERT) a consacré 20 minutes à l’affaire) et, même s’il ne s’agit que d’un fait divers
sanglant, il faut bien s’en faire l’écho. Et puis, au bout du
compte, il n’y a que le fait divers pour rompre la monotonie de la vie quotidienne : la balance des paiements, la
dette, l’inflation, le taux du chômage, les grands équilibres
internationaux, les problèmes sociologiques et les bouleversements qu’entraîne la mondialisation sont de lourdes
masses qu’il est difficile de déplacer. En parler prête à répétition. Revenons donc à notre fait divers. Le meurtre
des deux policiers, âgés respectivement de 45 et 47 ans et
qui laissent trois orphelins, ne pouvait qu’inciter le ministère de l’intérieur à engager des moyens considérables
pour retrouver les deux fuyards : des dizaines de gendarmes, huit chiens policiers, trois hélicoptères…Les autorités étaient surtout préoccupées par le jeune meurtrier
russe. On savait qu’il restait une balle dans le révolver arraché au policier. Quel usage en ferait-il ? Ne serait-t-il
pas tenté, poussé par le froid et la faim, de s’attaquer à
une ferme isolée ou de prendre des otages dans une
bourgade ? Toute la région vivait dans la peur. Les habitants ne furent qu’à moitié rassurés par l’arrestation du
complice albanais qui n’avait pu résister plus d’une nuit à
la rigueur du froid. Ce ne sera que le lundi à 10h15, trois
jours et demi après le meurtre des deux policiers, que sera
retrouvé le cadavre du malfaiteur. Il avait réservé la dernière balle pour lui-même. Cible : la tempe droite. Le
fuyard ne marchait que la nuit, le long de la rive du fleuve
Malakanotis, pour que les chiens policiers perdent sa
trace. Mais, dos au fleuve qu’il ne pouvait franchir, il se
savait traqué. Il a préféré la mort à la prison à vie.
Une controverse s’est aussitôt élevée pour savoir s’il
s’agissait vraiment d’un suicide ou d’une exécution sommaire. Le premier médecin légiste avait conclu au suicide.
Mais un juge aréopagite, Dimitris Linos, demanda une
contre-expertise. Le nouveau médecin légiste confirma
les conclusions de son prédecesseur. Mais, comme dans
tout roman policier, plane un doute, car personne n’a entendu le coup de feu que s’est donné le fugitif.
Samedi 7 Janvier 2006
C’était hier la fête de l’Epiphanie que les grecs appellent plus volontiers Théophanie. C’est le jour où, pour
commémorer le baptême du Christ, le pope jette dans
l’eau du fleuve ou de la mer, une croix de bois. La tradition veut que des jeunes gens plongent dans l’eau froide
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pour se disputer l’honneur de s’emparer le premier de la
croix. Le cérémonial s’appelle aussi la « bénédiction des
eaux ». Il a été endeuillé cette année par l’hydrocution
d’un plongeur.
Que la fête soit religieuse ou profane, elle
s’accompagne toujours de chants divers, depuis les « calanda » ( ta ka>lanta) qui se chantent aussi bien à Noël
et au premier de l’an qu’à l’Epiphanie jusqu’aux poésies
de Ritsos mises en musique par Théodorakis dont les 80
ans ont donné lieu récemment à plusieurs manifestations.
Entre ces deux extrêmes, les genres de chansons sont
multiples et l’on discute parfois sans fin pour savoir si
telle ou telle appartient à tel ou tel genre.
Une fête profane (glendi) commence tard et se termine au petit matin. Elle se caractérise par des changements de rythme et d’ambiance selon la chanson
qu’exécute l’orchestre. Un Hasaposerviko, par exemple
« Ce soir sur les plages » (Apojye stiv akrogialie>v) de
Tsitsanis ou un tsiftètèli électrisent l’atmosphère tandis
qu’un zeïbèkiko, surtout s’il est « lourd » ( baru>), c’est-àdire grave de par sa mélodie et son thème, par exemple :
Nu>ctwse cwri>v fegga>ri, de Kaldaras « la nuit est
tombée, une nuit sans lune » incite sans transition à un
repli sur soi que favorise également la gestuelle du danseur. Car le zeïbèkiko est une danse solitaire qui laisse une
large place à l’improvisation. Dès les premières mesures,
l’expression des visages se fige ; chacun se tourne à
l’intérieur de soi, à commencer par le danseur qui, tête
penchée, genoux à moitié fléchis, dos courbé, les yeux
fixés constamment vers le sol, tangue comme une chaloupe dans la tempête, simule l’ivresse, titube, se reprend,
les bras parfois tendus ou déployés comme des ailes, parfois abandonnés comme des membres inertes vers le sol,
tandis que, accroupis en cercle autour de lui, ses amis
ponctuent la mesure de battements de mains. Ce rituel
est un acte d’humilité, un aveu d’insignifiance à la lisière
de la prière, une reconnaissance de la fragilité de la condition humaine.
Ainsi s’insinuent dans la fête grecque de précieux
moments de méditation qui font qu’elle n’est pas qu’un
divertissement. Elle est, depuis l’antiquité, une insolite alliance du profane et du sacré.
Samedi 21 Janvier 2006
Surgissent de temps en temps dans l’actualité des
personnages hauts en couleur dont les médias, de jour en
jour, se complaisent à parfaire le portrait. Aujourd’hui,
sous le titre « Dernier tango à Paris », le journal Eleftherotypia nous fait part d’un nouveau « thriller » qualifié
cette fois-ci de «judiciaire », car il s’agit en effet des aventures d’une dame de la bonne société, juge d’instruction
de son état, sur laquelle s’accumulent une multitude de
charges. Madame Konstantina Bourboulia, pour ne parler
que d’elle et non des comparses avec lesquels elle formait une sorte de gang ( summori>a ), est en effet accusée d’opérations frauduleuses en bourse, d’association de
malfaiteurs, de corruption, d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent. Le journal, en trois mots, décrit sa vie :
argent, amours, voitures. Seul élément à décharge : son
sens esthétique et sa passion pour l’Art. Le journal Ta
Nea de ce jour nous raconte qu’elle divorça de son mari
parce qu’il lui avait opposé deux refus :celui de
l’accompagner à Zurich pour une exposition Picasso et
celui de visiter le Louvre. On ne peut être tout à fait
mauvais quand on aime à la fois Picasso et la Victoire de
Samothrace.
« Dernier tango à Paris » car, se sentant traquée,
Mme Bourboulia s’est réfugiée à Paris chez sa sœur, du
côté de St Germain des Prés. Elle n’a pas échappé cependant à la police française et reste détenue en attendant
son transfert en Grèce. Les comptes qu’elle détient en
Suisse révèleront peut-être la nature exacte des malversations.
Mercredi 25 Janvier 2006
Deux rumeurs circulent avec insistance : celle d’une
réforme de la Constitution qui redéfinirait, entre autres
mesures, les rapports de l’Eglise et de l’Etat et une autre
qui permettrait la création d’universités privées.
Deuxième rumeur : celle d’un remaniement ministériel
qui permettrait à Mme Bakogianni, actuel maire
d’Athènes( et non mairesse : pourquoi n’y aurait-il pas en
français des noms neutres ? Cela rendrait caduc le combat
grammaticalement stupide entre féministes et antiféministes) d’obtenir le ministère des Affaires étrangères qu’elle
convoite depuis longtemps.
La première rumeur suggère à un caricaturiste du
journal Ethnos un dessin où l’on voit des journalistes accourir auprès d’un bûcheron en qui l’on peut reconnaître
le premier ministre qui va donner le coup de grâce à un
gros arbre. « Que fera-t-on de ce bois, président ? » Réponse : « du papier ! pour imprimer la nouvelle constitution ».
Mais ce sont les calamités naturelles ( neige, verglas,
tempêtes) qui sont le sujet de toutes les conversations.
Les îles de Kéfallonia et d’Ithaque sont restées plusieurs
jours sans électricité, la tempête ayant couché des pylônes
métalliques. On a compté plus de 400 villages isolés. Les
plus sages gardent leur sang-froid et affrontent parfois les
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éléments avec humour, comme ce paysan auquel un
journaliste demande : « Depuis combien de temps êtesvous bloqué dans votre village ? » Réponse du campagnard : « Depuis que je suis né, il y a 62 ans. »
Jeudi 9 Février 2006
Konstantinos Tsalikidis 39 ans, s’est suicidé ce matin par pendaison dans la salle d’eau de son appartement.
C’est sa mère habitant, un appartement voisin, qui a fait
la macabre découverte. Ce fait divers serait banal si le
personnage n’était mêlé à une énorme affaire d’écoutes
téléphoniques qui eurent lieu entre juin 2004 et mars
2005 et qui concernent plus d’une centaine de personnes
parmi lesquelles plusieurs membres du gouvernement, le
premier ministre, le ministre de la défense et des attachés
d’ambassades étrangères. Or K.Tsalikidis était l’un des
cadres dirigeants de la société Vodaphone chargée de
l’établissement du réseau téléphonique pour les Jeux
Olympiques. L’affaire a été révélée au début du mois par
le Journal Ta Nea ; elle présente beaucoup d’aspects
troubles et la disparition de K.Tsalikidis ne facilitera pas
les investigations pour remonter jusqu’aux commanditaires des écoutes. Les hypothèses sont si nombreuses qu’il
vaut mieux remettre à plus tard le soin de rendre compte
de ce que la presse appelle un « rébus » ( gri>fov ) que
devra résoudre le juge Ioannis Dhiotis.
Vendredi 10 Février 2006
Coup de colère en apprenant par le journal électronique Phantis que la BBC a cessé ses émissions en grec
depuis le début de l’année. Perfide Albion !…et ingrate,
car, selon ses propres linguistes, la langue anglaise doit au
grec une grande part de son vocabulaire.
Jeudi 16 Février 2006
Le remaniement ministériel que l’on attendait depuis longtemps présente à la fois une surprise et une
confirmation. La surprise vient de la nomination au ministère de « l’ordre public »
de Mr Viron Polydoras,
fonction à contre-emploi,
semble-il, car, homme de
grande culture et orateur
inspiré, on le voyait plutôt à
la Culture que le Premier
ministre cumulait jusqu’ici
avec ses propres fonctions.
La confirmation est la
nomination aux Affaires étrangères de Mme Dora Bakogianni, qui a tenu à conserver le nom de son premier mari, assassiné en 1989 par les terroristes du 17 Novembre.
Elle est incontestablement la personnalité politique la
plus populaire de Grèce. « Main de fer dans un gant de
velours » : son éternel sourire peut exprimer une vraie
sympathie aussi bien qu’une malicieuse ironie. Elle est redoutable dans les débats car elle met en pratique merveilleusement (et spontanément sans doute) la méthode socratique appelée « maïeutique » dont le principe fonda-
mental est le suivant. En présence d’un journaliste, au lieu
d’attendre passivement ses questions, c’est vous qui prenez l’initiative d’interroger. « Ne croyez-vous pas que… »,
et, comme vous avez pris soin de choisir des questions
qu’en terme de communication on appelle « fermées »,
votre interlocuteur, médusé, acculé à l’affirmative, reste
coi et vous enchaînez sur d’autres questions tout aussi
perfides.
Les milieux conservateurs craignent les initiatives
qu’elle pourrait prendre sur les problèmes de Chypre et
de l’ex-Macédoine Yougoslave. Quoi qu’il en soit, elle ne
restera pas inactive. Dès aujourd’hui, elle accompagne le
premier ministre à Berlin où ils auront des entretiens avec
Mme Merkel.
LOUIS DELON
Club de lecture
« Apologie pour Clytemnestre » de Simone Bertière
Nous étions une petite vingtaine ce 15 Février au
Club de lecture pour nous entretenir du livre de Simone
Bertière , « Apologie de Clytemnestre ». Notre assemblée
a fait l’apologie de l’ Apologie, le récit ayant réuni les suffrages de la plupart des convives.
De sa naissance à Sparte où elle a vécu « l’enfance la
plus merveilleuse de toutes » à sa vie post mortem dans
«le séjour souterrain », Clytemnestre rétablit sa biographie
malmenée par la tragédie (Eschyle, Sophocle, Euripide
puis Racine). Après tout son crime s’explique par la douleur d’une mère dont on a immolé la fille. Et puis, elle se
trouve entourée d’hommes si médiocres et si souvent ridicules que son attitude se trouve magnifiée, elle qui a su
régner sur Mycènes qu’elle a maintenue en paix et prospère avec l’aide d’Egisthe cantonné cependant dans
l’entretien des troupeaux, puis dans le rôle d’amant de
cœur.
Féministe avant l’heure, Clytemnestre domine les
hommes et les utilise jusqu’à l’arrivée d’Oreste qui par
son matricide la « lave de ses fautes ».
Confortée par Euripide qu’elle rencontre dans
le « séjour souterrain » et qui lui reconnaît des qualités viriles : intelligence, aptitude à réfléchir, énergie, courage,
lucidité, elle peut espérer « remonter la pente ». Ce livre
est au moins une première marche.
Nous retiendrons aussi une écriture facile, les descriptions intéressantes de la campagne grecque et du palais de Mycènes, la chaleur et les odeurs de la Grèce…et
une bonne révision de la mythologie.
JOSETTE DELON
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Chansons d’hier et d’aujourd’hui
En Grèce, les chansons d’hier sont en même temps
des chansons d’aujourd’hui tant elles sont liées à l’histoire
du pays et constituent un répertoire toujours vivant.
Dans ce domaine, les grecs cultivent spontanément le devoir de mémoire. De génération en génération, on se
transmet les chansons du folklore régional, puis les chansons de Smyrne ou de Constantinople, puis les
« rèbètica » : par exemple la « Francosyriani » de Vamvakaris (1935) ou le « Synnèfiasmèni Kyriaki »de Tsitsanis
(1943), puis les chansons plus intellectuelles de Hatzidakis ou Thèodorakis. La Grèce est le seul pays au monde
où le public peut reprendre en chœur des poésies de ses
prix Nobel, comme par exemple « Arnissi » de Sephèris
sur une musique de Théodorakis.
Pour inaugurer cette rubrique nouvelle, nous ne
pouvons faire mieux que de donner texte et traduction
d’une chanson grecque qui a fait le tour du monde depuis
qu’elle a obtenu l’Oscar de la chanson en 1961, aidée, il
est vrai, par le succès du film « Jamais le Dimanche »
(Pote> thn Kuriakh>) de Jules Dassin et le génie de Mélina Mercouri. Le nom de l’auteur (musique et paroles),
Manos Hatzidakis, est souvent associé à celui de Mikis
Théodorakis, car ils sont, tous genres confondus, les deux
grands de la musique grecque contemporaine.
Le personnage principal du film est une prostituée
au grand cœur qui, en même temps qu’elle chante la
gloire du Pirée, retourne sur sa vie pour exprimer ses regrets et ses rêves.
Ta paidia> tou Peiraia>
Ap/to para>quro> mou ste>lnw
e>na, du>o kai tri>a kai te>ssera filia>
pou fta>noun sto lima>ni
e>na kai du>o kai te>ssera poulia>.
Pw>v qa >qela na ei>ca e>na kai du>o
kai tri>a kai te>ssera paidia>
pou san qa megalw>soun o>la
qa gi>noun lebe>ntev gia ca>rh tou Peiraia>.
>Oso ki an ya>xw, den bri>skw a>llo lima>ni
trelh> na m >e>cei ka>nei, o>so ton Peiraia>
pou o>tan bradia>zei, tragou>dia m >aradia>zei
kai tiv penie>v pou alla>zei, gemi>zei apo> paidia>.
Apo> thn po>rta mou san bgw
den upa>rcei kanei>v pou na mhn ton agapw>
kai san to bra>du koimhqw>, xe>rw pwv,
xe>rw pwv, pwv qa ton oneireutw>.
Petra>dia ba>zw sto laimo> kai mia ca>kai mia ca>,- kai mia ca>ntra fulacto>
giati >ta bra>dia karterw>, sto lima>ni san bgw>
ka>poion a>gnwsto na brw.
>Oso ki an ya>xw…
Les enfants du Pirée
De ma fenêtre, j’envoie des baisers :
un, deux et trois et quatre ; des baisers devenus oiseaux
quand ils arrivent au port : un, deux et trois et quatre.
Comme j’aimerais avoir un et deux et trois
et quatre enfants qui, en grandissant, deviendraient
des braves faisant honneur au Pirée !
J’ai beau chercher, je ne trouve pas un autre port
qui m’ait rendue folle autant que le Pirée.
Quand tombe la nuit, il ne cesse de me dire des chansons
et il transforme sa pauvreté en la peuplant d’enfants.
Dès le pas de ma porte, quand je sors,
il y a toujours quelqu’un que j’aime,
et je sais que je le retrouverai,
la nuit , quand je dors, dans mes rêves.
Je mets des perles autour du cou et une amulette,
car, le soir, j’attends, quand je sors sur le port,
de trouver quelque inconnu.
La chanson fit le tour du monde. « Elle a un parfum
de dollar », avait dit lors de sa création le compositeur
Zabeta qui s’y entendait en matière de fabrication
de « tubes ». Le bouzouki triomphait, mais les vrais amateurs de chansons rèbètiques sentaient que, pour eux,
c’était la fin d’une époque. Vamvakaris, le génial autodidacte de Syros, venu au Pirée à l’âge de 15 ans pour parfaire sa maîtrise de l’instrument, écrivit alors une chanson
où l’on sent une pointe d’amertume et d’ironie : « Le
bouzouki à Paris. »
Il avait tort de s’inquiéter : ce que Vamvakaris appelle les « doux pincements de corde » (glukie>v penie>v)
du bouzouki résonnent aujourd’hui encore comme un
appel de la Grèce et font partie de l’enchantement qu’elle
suscite.
LOUIS DELON
Ma mère disait
Voici par sa bouche des histoires de ……..puces
Gia yujlou phjdjhma « Pour un saut de puce »
Tout le monde connaît le mauvais œil ( majtiasma) :
c’est un regard qui, selon une superstition bien ancrée
surtout en Grèce et en Italie, porterait malheur.
Cette croyance, à l’influence maléfique, remonterait
à l’époque romaine au début du Ier siècle. Les victimes
atteintes du mauvais œil avaient recours à des « sorcières » qui possédaient des puces exercées à faire des sauts
au-dessus d’un plat rempli d’eau. Si la puce en sautant
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sautant tombait dans l’eau et se noyait c’est que le mauvais œil était dû à un ennemi de la victime ce qui était
grave, tandis que si la puce passait au-dessus de l’eau sans
se noyer, le mauvais œil était dû à un ami, donc sans gravité majeure.
Un jour, un matiasmejnov eut recours à l’exercice
du saut de puce. Par malheur, celle-ci tomba dans l’eau et
fait aggravant la « magicienne » lui donna le nom de celui
qui lui voulait du mal. Fou furieux le matiasmejnov se
précipita chez lui et le tua.
Depuis, quand on dit en Grèce : pour un saut de
puce cela signifie qu’une superstition peut entraîner des
faits dramatiques et nous pourrions trouver des exemples
dans certains événements graves récents
Mais de nos jours on donne un autre sens à ce proverbe : Lorsqu’une personne se fâche pour un saut de
puce cela signifie qu’elle est contrariée pour un oui ou
pour un non.
Restons avec les puces :
Tou mphjkan yujlloi st/ autiaj
« Des puces lui sont
rentrés dans les oreilles »
Ainsi certaines informations deviennent des soupçons, finissent par envahir nos pensées et ne nous laissent
plus en paix.
En fait, l’origine de ce proverbe remonte à l’époque
de l’empereur byzantin Julien qui détestait les gens qui
« écoutaient aux portes » les wtakoustejv.
Pour les punir, il faisait introduire de l’huile
bouillante dans leurs
oreilles, ce qui les rendait
sourds. Il a même prescrit
une loi les punissant de
la peine de mort. Le Sénat, trouvant cette peine excessive la rejeta et en même
temps supprima le supplice de l’huile bouillante.
L’Empereur se mit en colère et chercha une autre façon de punir ces indiscrets. Il leur faisait mettre
des…puces dans les oreilles ce qui semblait amusant mais
finalement s’avéra machiavélique : douleurs, prurit jour et
nuit entraînant, paraît-il, des troubles psychiques graves.
D’où le proverbe « des puces lui sont rentrés
dans les oreilles ».
Les puces nous ont aussi laissé l’expression voisine
« mettre la puce à l’oreille » ce qui signifie éveiller
l’attention de quelqu’un par un détail en apparence anodin qui laisse soupçonner un éventuel danger et même un
véritable tourment physique en analogie avec la douleur
d’une personne dans le cas réel où une puce se serait introduite dans son conduit auditif……ce qui nous ramène
à l’origine ancienne du proverbe grec.
Mais par la suite, le sens d’« avoir la puce à
l’oreille » a, semble-t-il bien changé et à partir du 14ème
siècle l’expression a pris un sens plus érotique, et signifiait
« avoir des démangeaisons amoureuses »
Ainsi ces vers de La Fontaine :
« Fille qui pense à son amant absent
toute la nuit dit-on a la puce à l’oreille »
Mais voilà que les puces nous amènent trop loin
Et, pour terminer, avec ces petits insectes piqueurs,
une dernière et courte expression
.
Yajcnei yujllouv st/ajcura
« Il cherche des puces
dans la paille »
Il s’agit des personnes qui
perdent leur temps à chercher des
détails pour des choses sans
aucun intérêt. Autrement dit qui
coupent les cheveux en quatre .
NICOLAS FAMILIADÈS
Fête du Nouvel An
C’est dans les locaux de la Feuilleraie que nous nous
sommes retrouvés à 120 pour fêter la Nouvelle Année le
samedi 15 janvier. Le lieu (choisi par nos organisateurs,
Chefs du Protocole, Ambroise et Luccio) a fait
l’unanimité. L’animation et le repas aussi !
Nous avons commencé par un apéritif amélioré
grâce aux talents de plusieurs de nos amis qui nous ont
gâté d’une multitude de mezzés plus succulents les uns
que les autres. C’était, comme d’habitude un moment
privilégié du début de soirée où nous avons pu nous retrouver et échanger joyeusement sur les fêtes de fin
d’année qui venaient juste de passer.
La température était déjà montée d’un cran quand
nous sommes passés à la salle à manger magnifiquement
dressée par tables de dix. Je vous laisse imaginer
l’ambiance quand notre ami Nicolas Syros et son groupe
musical ont entrepris l’animation de la soirée ! Ils nous
ont régalé de leur immense répertoire et fait voyager à
travers Constantinople, Smyrne, Alexandrie, Athènes, Salonique… un siècle de musiques traditionnelles grecques.
De multiples talents de chanteurs et de danseurs se sont
révélés pendant la soirée au plus grand plaisir de
l’assistance. Certains, ont même été récompensés d’un séjour au King Saron de Corinthe tellement Giorgos, le directeur de cette institution, a apprécié leur performance !
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Rarement une soirée avait atteint un tel degré de joie partagée et de participation. Et ce n’est pas l’absence, remarquée une fois de plus, de certains « officiels » qui aurait
pu porter atteinte à la qualité de cette rencontre…
Tous nos remerciements à tous les amis, au groupe
Syros que nous avons déjà réservé pour l’année prochaine, à nos organisateurs. Nos félicitations à Cécile qui
est repartie de la soirée plus riche d’un Napoléon en or
gagné dans le partage de la « pita » (galette des Rois) offerte par le CERCLE.
A l’année prochaine !
Le LOTO
Avec Luccio au boulier et Ambroise à l’animation, le
déroulement du Loto du dimanche 5 février, s’annonçait
sous les meilleurs hospices. Et nous n’avons pas été déçus ! Ajoutez à cela des lots de grande qualité, comme à
l’accoutumée collectés par nos amis, et vous aurez une
idée de l’ambiance qui a régné tout au long de cet aprèsmidi. Notre ami Georges, le directeur du King Saron à
Corinthe a offert, comme gros lot, un séjour pour deux
personnes à son hôtel, qui devient le rendez-vous régulier
des amis du CERCLE en vacances en Grèce. Un grand
merci au généreux donateur qui a promis de renouveler
son offre chaque année.
Entre les quines, les doubles quines, les cartons
pleins, les annonces en plusieurs langues de Luccio, les
anecdotes d’Ambroise, la joie des nombreux gagnants
(toujours les mêmes…), le partage des gâteaux et des
boissons à la mi-temps…nous n’avons pas vu passer le
temps. Tous les participants avaient l’air satisfaits, même
ceux qui n’ont rien gagné, de ce moment convivial. Le
trésorier n’était pas mécontent non plus même si, en bon
trésorier, il espérait une meilleure recette. Ce sera pour
l’année prochaine où nous nous sommes promis de nous
retrouver, dans le secret espoir de décrocher le gros lot
mais surtout pour passer ensemble un agréable moment.
Et si nous parlions cuisine ……..
Grecque
bien
sûr ! ! !une nouvelle rubrique festive ouverte à tous.
Chacun ou chacune a des
spécialités culinaires que
nous serions tous heureux
de connaître. Alors merci
à ceux qui voudront bien
confier leurs secrets à notre journal.
Et pour commencer
la recette d’un plat qui, pour tous, est typique de la cuisine grecque, la
LA MOUSSAKA
Les ingrédients (
pour 5 à 6 personnes )
Les aubergines Détailler en tranche 4 à 5 aubergines sans les peler- les
saupoudrer de sel et les laisser reposer 1h environ.
Quand elles ont transpiré les essuyer et les faire frire dans
de l’huile d’olive. Bien les éponger dans du sopalin. Les
assaisonner.
La viande hachée : Faire revenir dans de l’huile
d’olive un oignon émincé, y mélanger 500gr de viande
hachée de bœuf émiettée, faire revenir, ajouter 2 à 3 tomates fraîches concassées ou à défaut une boîte de pulpe
de tomates. Assaisonner : sel, poivre, 1 gousse d’ail, origan ou herbes de provence.
Laisser mijoter 45minutes environ – tout le jus doit
avoir disparu.
Préparation :
Dans un plat à four disposer la moitié des aubergines. Recouvrir avec la viande hachée et former une 2ème
couche avec les aubergines restantes.
Napper le tout avec une sauce béchamel épaisse
dans laquelle on peut ajouter un œuf battu.
Saupoudrer éventuellement de gruyère râpé .
Cuire à feu moyen (150°) pendant 30 minutes environ jusqu’à ce que le gratin soit doré.
Ce plat peut être avantageusement préparé 1h à
l’avance. Il sera plus facile à couper en morceaux carrés.
Une variante : très souvent utilisée dans les restaurants grecs.
Le fond du plat à four est
d’abord recouvert d’une couche
de pommes de terre coupées en
rondelles et légèrement rissolées
.
Le reste de la préparation
est identique.
A déguster avec une bonne
retsina.
Bon appétit.
LINE FAMILIADÈS
Adresser vos recettes à Line Familiades, au 44, rue
Rempart Saint Etienne à Toulouse ou mieux par e-mail à
l’adresse suivante : [email protected]
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Conférence de Michel BRUNEAU
Les Pontiques et la Mémoire
Pour sa troisième conférence de l’année, le
C.E.R.C.L.E a eu l’honneur et le privilège d’accueillir
Monsieur Michel Bruneau, chercheur au C.N.R.S., éminent spécialiste des grecs pontiques. C’était une redoutable gageure qui lui était posée : présenter en une heure et
demie un sujet aussi vaste que celui de l’histoire et de la
destinée des grecs du Pont.
Tant il est vrai que pour une partie de l’assemblée,
cette notion de « grecs pontiques » était étrange et quelque peu mystérieuse. Et Michel Bruneau de nous rappeler
que l’on désigne par là, les grecs installés sur les rives de
la Mer Noire (le Pont Euxin), particulièrement sur les côtes Sud et Ouest. Il s’agit d’une implantation très ancienne puisque dès le 8ème siècle avant notre ère, on relève
la présence de colonies grecques venues de Milet et qui
fondent les cités de Sinope et de Trébizonde.
Dans l’antiquité, ces régions et celles du Caucase
constitueront le royaume de Mithridate avant d’être incorporées, par la suite, à l’empire Byzantin. Lors de la décadence de ce dernier, se constituera un temps un empire
séparé, l’empire Romania de Trébizonde.
Cette volonté d’exister en tant qu’état indépendant,
ressurgira, précisait Michel Bruneau, lors de la décomposition de l’empire Ottoman, avec l’apparition de
l’éphémère République du Pont.
Tenter de faire l’histoire des grecs pontiques c’est
donc tenter de faire l’histoire de communautés plurimillénaires. Communautés dont Michel Bruneau nous a
montré comment elles ont été ballottées par l’histoire, au
gré des confrontations impériales, entre l’empire Ottoman et l’empire Russe. L’empathie spontanée des communautés grecques pour la Russie orthodoxe, les a amenées, dans les périodes de reflux, à trouver refuge sur les
rives Nord de la Mer Noire où la toponymie est sans
équivoque (villes de Marioupol, Stavropol, Nikopol…).
Pour les communautés grecques de l’empire ottoman, l’histoire s’est arrêtée en 1919, avec l’effondrement
de cet empire et la création de la république d’Ataturk. A
l’instar du sort réservé aux arméniens en 1915, les populations grecques, jugées peu sûres, ont été exterminées
ou entraînées dans des marches de la mort (voir à ce sujet
le livre de Théa Hallo –Livre disponible dans notre bibliothèque).
Les survivants ont fait partie des personnes déplacées dans le cadre de l’échange de population (on parlait
alors très officiellement de « clarification ethnique »). On
estime à 400.000 le nombre de réfugiés pontiques sur les
1.500.000 réfugiés d’Asie Mineure.
La seconde partie de la conférence de Michel Bruneau a été consacrée à la mémoire des pontiques. Plus de
80 ans après les événements ayant entraîné leur départ
des côtes turques de la Mer Noire, les communautés
conservent
une très forte
identité au
travers d’une
intense vie
associative.
Les
conditions de
l’échange de
population
avaient
conduit les
autorités
grecques à
les installer
principalement dans
les grandes
villes
ainsi
que dans le
Nord de la
Grèce,
en
Macédoine et
en Thrace, dans des zones abandonnées par les populations turques. Ces populations ont procédé à des changements de toponymes recréant leurs villages d’origine.
Michel Bruneau a souligné le rôle de nombreuses associations dans le processus de conservation de la mémoire pontique. La vie associative des pontiques après
une période d’affaiblissement a connu une véritable renaissance à partir du début des années 1980. Elle est parvenue à obtenir du gouvernement grec, en 1994, la reconnaissance du génocide des pontiques.
Chercheur très présent sur le terrain, Michel Bruneau
a présenté à l’assemblée, au travers de diapositives, quelques uns des monuments érigés par les associations de
pontiques afin de perpétuer la mémoire.
Exposé précis, brillant, soutenu par une judicieuse
documentation photographique, Michel BRUNEAU a
terminé son intervention par la diffusion d’un film sur les
pontiques.
L’assemblée était intimement convaincue que Michel
Bruneau avait encore beaucoup de choses à nous dire sur
un sujet pour lequel il a su faire partager sa passion. C’est
avec un grand plaisir que nous l’accueillerons pour continuer cette aventure.
Par ailleurs, il a eu l’extrême gentillesse d’autoriser le
Bulletin à publier deux articles consacrés à l’hellénisme en
Asie Mineure. Qu’il en soit ici remercié.
Sous la direction de Michel BRUNEAU, les actes
d’un colloque international tenu à l’Ecole Française
d’Athènes en 1995, colloque rassemblant historiens, géographes, sociologues et ethnolinguistes, ont été publiés
aux éditions du CNRS. L’ouvrage aujourd’hui momentanément épuisé est disponible dans notre bibliothèque
ainsi qu’auprès de Petros Sideras.
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L'HELLENISME D'ASIE MINEURE :
DE L'ENRACINEMENT AU DÉRACINEMENT D'UNE DIASPORA
Michel BRUNEAU
(Article publié dans Hommes et terres d’Islam – mélanges
en hommage à Xavier de Planhol
)
Sur une très longue durée (trois millénaires), le centre de I'Hellénisme est la mer Égée, son archipel, ses côtes européennes et asiatiques. L'Asie, d'abord une province lydienne, puis par extension toute la péninsule anatolienne et, avec le développement des voyages, l'ensemble du continent, est une dénomination grecque à I'origine. La péninsule est devenue ensuite I'Asie Mineure
pour les Grecs jusqu'à nos jours, alors que les nationalistes turcs lui préfèrent le terme d'Anatolie, autre mot grec
signifiant Levant (soleil levant, ou Orient) et désignant
d'abord les plateaux de l'intérieur de I'Asie Mineure, puis
la Turquie d'Asie.
Le terme d'Asie Mineure est toujours utilisé en
Grèce pour désigner le territoire d'origine d'un million et
demi de réfugiés arrivés entre l9l4 et 1924. On parle de
Mikrasiates d'Hellénisme d'Asie Mineure, pour désigner
les Grecs qui viennent de ces "patries perdues" (Khame-
nes Patrides). En 1993 la population et I'Etat grecs ont
commémoré le soixante-dixième anniversaire de la perte
de cette Asie Mineure, grecque depuis trois millénaires.
Elle est aujourd'hui présente dans de nombreux noms de
villages, banlieues de grandes villes, rues ou places de
Grèce. L'abondance et l'ubiquité des vestiges archéologiques grecs datant de I'antiquité et de la période byzantine
sur la côte turque de la mer Égée rappellent qu'à deux reprises au moins cette région a été le centre principal de
I'Hellénisme. En contraste, la présence grecque en Turquie, réduite aujourd'hui à une communauté de quelques
milliers de personnes et au siège du Patriarcat oecuménique à Istanbul, est symbolique mais numériquement très
faible en comparaison de ce qu'elle était au début du siècle.
Comment peut-on expliquer le déracinement brutal
de plus d'un million de personnes profondément enracinées sur leur territoire d'origine ? Un tel phénomène était
alors sans précédent en Europe.
L'ampleur et le caractère catastrophique de ce transfert de population, ses conséquences géographiques, la
persistance aujourd'hui encore en Grèce d'une référence à
I'Asie Mineure, méritent analyse et explication. L'Hellénisme, pris au sens de I'ensemble des populations se réclamant d'une identité grecque entretient une relation
avec cette entité géographique nommée Asie Mineure par
les uns, Anatolie par les autres, depuis trois millénaires
environ. On ne peut donc faire abstraction d'une analyse
dans la longue durée même si on privilégie les deux siècles derniers pour la compréhension de la situation actuelle. Le concept de diaspora (Bruneau 1994) peut être
d'un précieux secours, autant pour I'analyse de I'implantation des Grecs en Asie Mineure et de la constitution
d'un espace hellénisé que pour celle de leur déracinement
au moment de la dissolution de I'Empire ottoman et de
I'apparition de l'État-nation.
LA CONSTITUTION D'UN ESPACE HELLÉNISÉ EN ASIE
MINEURE
L'implantation des Grecs en Asie Mineure s'est faite
d'abord et avant tout par le littoral égéen. Les Grecs sont
arrivés par la mer dès la fin du deuxième millénaire
av.J.C. (XIIIème -XIIème siècles). Ils ont fondé des cités
portuaires au débouché des vallées fluviales permettant
de remonter loin dans I'intérieur (Méandre, Caystre,
Hermos, Caïque).
Ils sont dès le départ, comme les Phéniciens plus au
sud, des intermédiaires entre le monde des côtes méditerranéennes et l'Asie antérieure,en particulier les États de
I'intérieur, royaume de Lydie puis Empire perse. Leur colonisation, agricole au début, devient rapidement commerciale ; vers 800 av. J.-C. toute la côte anatolienne occidentale est grecque (Éoliens au nord, Ioniens au centre
et Doriens au sud). Les grandes îles voisines (Mytilène,
Samos, Chios, Kos, Rhodes), grecques également font
partie du même ensemble.
Du VIIIème au VIème siècles l'Ionie est devenue le
principal centre économique et culturel de I'Hellénisme.
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On a estimé à 320 000 le nombre des Grecs sur cette côte
vers 500 av. J.-c., dont 65.000 à Milet et 80.000 à Chios,
les deux cités les plus importantes (Lévêque 1964: 151).
Malgré leur richesse et leur rayonnement artistique et intellectuel, ces cités ioniennes étaient minoritaires et dominées par les États de l'intérieur, en particulier I'Empire
perse qui leur imposait son autorité politique (tribut, garnisons, tyrans). Leur révolte en 499-493 fut très durement
réprimée par Darius, Milet étant rasée. Ni Sparte, ni
Athènes ne sont intervenues pour les défendre. Minoritaires, jouissant d'une plus ou moins grande autonomies
selon les époques, assujettis le plus souvent, les Grecs ioniens se trouvaient dans la situation d'une diaspora.
Aux VIIème-VIème siècles I 'expansion de ces cités
prospères, en particulier celle de Milet, s'est faite non vers
I'intérieur, mais par la mer, en Propontide, puis le long
des côtes sud du Pont-Euxin où furent fondées des cités
agricoles mais aussi en relations commerciales avec leur
métropole ionienne. Du XIIIème au IVème siècles a v. J.-C,
les implantations grecques étaient donc littorales et de
type diasporique. Après les guerres médiques les cités de
la côte anatolienne, affaiblies par la répression perse qui a
précédé, furent englobées dans l'empire égéen d'Athènes.
Cette situation ne s'est trouvée profondément modifiée qu'après les conquêtes d'Alexandre qui ont entraîné
la chute de I'Empire perse. C'est à l'époque hellénistique
que les Grecs se sont implantés à I'intérieur des terres,
sur le plateau anatolien et dans ses bordures montagneuses. Sous les Séleucides, puis sous les Attalides, le grand
mouvement d'urbanisation commencé par Alexandre se
poursuit très efficacement dans toute I'Anatolie occidentale et centrale plus particulièrement. Entre les cités dotées d'une autonomie municipale s'installent des colons,
soldats ou anciens soldats grecs ou hellénisés (clérouques), en agglomérations plus petites (politeumata). Une
polyculture sèche méditerranéenne, à base de cultures
pluviales (céréales) et arbustives (vigne, oliviers, figuiers)
,s'est développée jusque sur les hautes terres centrales en
combinaison avec un élevage. Un climat plus doux qu'aujourd'hui aurait permis à cette agriculture méditerranéenne de perdurer pendant toute cette période hellénistique et romaine jusqu'aux invasions arabes des VIIèmeVIIIème siècles (Planhol 1968 :204 sqq').
Cette implantation continentale de I'Hellénisme, essentiellement urbaine, nourrie par des migrations à partir
des côtes et des cités grecques d'Europe et des îles, fait
tache d'huile. Une élite locale est hellénisée grâce à la
multiplication des gymnases dans tous les centres. Les
campagnes ne sont touchées qu'en partie, les langues locales (pisidien, lydien, galate, carien....) restant encore largement en usage et de nombreuses communautés indigènes conservant leur autonomie. L'hellénisation n'a donc
jamais été totale mais a concerné principalement les centres urbains pendant quatorze siècles puisqu'elle n'a
commencé à être sérieusement entamée qu'avec I'arrivée
des Turcs seldjoukides à la fin du XIème siècle.
Au cours de cette longue période hellénistique, romaine puis byzantine, l'Asie Mineure hellénisée a été un
centre, sinon le centre majeur de l'Hellénisme. Les Attalides ont fait de Pergame située sur la côte ionienne le second centre culturel du monde hellénistique après
Alexandrie. Constantinople, capitale de I'Empire romain
d'Orient puis de I'Empire byzantin, est une ville grecque
dont la zone d'influence la plus directe inclut I'Anatolie
du nord-ouest (Bithynie) dont la population grecque est
relativement dense.
Le christianisme s'est répandu très tôt en Asie Mineure, à la suite des prêches de Paul. Les premiers conciles œcuméniques sont tenus à Nicée et à Constantinople.
Au IVeme ap.J.-C. la Cappadoce est devenue un grand
centre spirituel de I'Hellénisme avec les Pères de l'Église
saint Grégoire de Nazianze, saint Grégoire de Nysse et
son frère saint Basile, évêque de Césarée. De grands monastères ont été construits sur de hauts lieux: Olympe de
Bithynie, Latmos à I'ouest, Panagia Soumela et les autres
monastères du Pont. C'est donc le christianisme qui a le
plus contribué à I'ancrage continental de I'Hellénisme en
Asie Mineure. L'Anatolie orientale, arménienne n'a pas
été vraiment touchée par l'hellénisation qui n'a pas pénétré à l'est de la Cilicie et de la Cappadoce, sauf sur la côte
pontique où Trébizonde et son arrière-pays ont été le
centre d'un État apparu après la prise de Constantinople
par les Croisés( 1204) qui a duré jusqu'en 1461. A la
même époque I'Empire de Nicée avait, à I'ouest de l'Anatolie, pris le relais de l'État byzantin contre les Latins. Du
IVème au XVème siècles le centre de gravité de l'Hellénisme
se situait bien en Asie Mineure. Les Grecs y étaient en
position dominante sur un espace ethniquement hétérogène. Ils ne constituaient plus une diaspora mais un peuple impérial.
ISLAMISATION ET CONTRACTION DE L'HELLÉNISME
ème
ème
(IX
–XVII
SIECLES)
La victoire des Turcs Seldjoukides sur les Byzantins
à Manzikert (1071) leur ouvre la voie pour une implantation qui n'a cessé de se renforcer par la suite. Dès les VIlIème –IXème siècles la multiplication des razzias estivales
des Arabes sur le plateau anatolien provoque le déclin de
la vie citadine et rurale grecque dans la steppe centrale. Le
climat hivernal est trop froid pour favoriser l’installation
des Arabes. Les villes petites et moyennes tendent à disparaître au profit des grosses agglomérations-forteresses.
L’habitat a tendance à se percher et le semis urbain
d’Anatolie centrale et occidentale à devenir de plus en
plus clairsemé(Planhol 1968).
L'islamisation des plaines a progressé aisément parce
que le système quasi-féodal de la fin de l’Empire byzantin
était très lourd pour la paysannerie. Après 1453, l’absence
de perspective quant à un retour d’un pouvoir chrétien
orthodoxe, l’impôt par tête (kharatsi) et les diverses autres
contraintes auxquelles les chrétiens étaient soumis ont favorisé les conversions individuelles ou collectives.
L’enlèvement des enfants les plus robustes et les plus intelligents en vue de leur incorporation dans le corps des
janissaires, ou l’enlèvement de jeunes femmes pour les
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harems, ont privé les chrétiens d’une grande partie de
leurs forces vives. Les familles qui voulaient conserver
leurs richesses et leur rang social, ou bien en acquérir un
par ascension sociale, devaient être musulmanes.
L’administration ottomane a compté jusque dans ses plus
hauts rangs un grand nombre de convertis.
Ceux qui ont voulu rester fidèles à leur foi avaient
trois solutions :
-
l’exil (diaspora), en Occident pour les habitants de
la côte occidentale, en Russie, Moldavie ou Valachie pour ceux de la côte pontique ;
-
l’installation dans un grand centre urbain où subsistait une métropole ou évêché (Constantinople, Nicée ou Nicomédie par exemple) ;
-
la fuite dans une zone montagneuse ou difficile
d’accès dans laquelle les Turcs n’ont pas ou très
peu pénétré jusqu’au XXème siècle et où de grands
monastères servaient à la fois de refuge et conservatoire de la religion orthodoxe et de la culture hellénique (arrière-pays montagneux de Trébizonde,
Cappadoce) ;
Jusqu’à la fin du XVIIème siècle le christianisme et
l’hellénisme n’ont cessé de reculer en Asie Mineure, islamisation et turquisation allant de pair. Pourquoi n’ont-ils
pas disparu ?
Le système des millet, faisant du patriarche de Constantinople le responsable non seulement religieux mais
aussi, dans une certaine mesure, politique et judiciaire des
chrétiens de l’empire, a permis le maintien d’une structure
étatique et culturelle en même temps que religieuse qui,
même très affaiblie à certains moments, a empêché
l’étouffement. L’Hellénisme n’avait pas disparu des côtes
de la mer de Marmara et de la Bithynie à cause de la
proximité d’Istanbul (Constantinople), même si une partie était devenue turcophone. Les villages placés sous la
protection des grands monastères en Cappadoce et surtout dans le Pont (région de Matzouka et de Sanda par
exemple) ont pu se développer plus librement, les sultans
ayant accordé des privilèges. D’autre part l’exploitation
des mines dans laquelle s’étaient spécialisés bon nombre
de Grecs pontiques, autoure de Gümüshane (Argyroupolis) puis dans l’ensemble de l’Asie Mineure, était accompagnée de privilèges fiscaux, religieux et culturels. Leur
enrichissement jusqu’à la fin du XVIIIème siècle a renforcé
ce pôle de résistance hellénique qu’était le Pont.
MICHEL BRUNEAU
(suite de l’article dans le prochain numéro du bulletin)
AGENDA DU C.E.R.C.L.E
Jumelage
Samedi 18 mars 2006 à 20 heures
Salle des fêtes de Couffouleux (Tarn) soirée cabaret dans le cadre du jumelage Pays Salvagnacois –
Rapsani (inscription obligatoire)
Ciné-Club
Jeudi 23 mars 2006 à 19 heures
au siège de l’association. Cinéma avec au programme Politiki Kousina, film de Tassos Boulmetis
Théâtre
Vendredi 24 mars 2006
au Théâtre Jules Julien « Les Oiseaux »
d’Aristophane et débat avec les acteurs (s’inscrire
auprès de Georges Gouin téléphone 05.61.00.22.61 ou
[email protected]
Fête Nationale
Samedi 25 mars 2006 à 18 heures
Salons de l’Hôtel Mercure ,
Place Saint Georges
Toulouse
(réservation auprès de Ioannis Sotiropoulos
05.61.13.04.16
Conférence
Le 30 mars 2006
« Origines et conséquences de la Grande
Catastrophe »
Par
Madame Catherine NAZLOGLOU
Voyage
Voyage autour de la mer de Marmara du 23
avril au 30 avril 2006
Fête de Pâques
Dimanche 14 mai 2006 Fête de Pâques au Château de Mons
Réservation auprès de Ioannis Sotiropoulos
05.61.13.04.16
Club lecture
17 mai 2006 20 h au Sibémol
« La caverne aux idées » de
José Carlos Somoza
Bulletin d'information n°44 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique
C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16
E-Mail : [email protected]
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Réservation une semaine avant auprès de
M.T Bonnet 05.61.80.45.10
Bulletin d'information n°44 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique
C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16
E-Mail : [email protected]