ftech coton
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Centre national de recherche agronomique Bien produire du coton en Côte d’Ivoire Introduction Matériel végétal L’utilisation de variétés améliorées et un suivi rigoureux des itinéraires techniques permettent d’améliorer les rendements au champ, la qualité du coton graine et d’obtenir une meilleure rentabilité de cette culture. Les variétés actuellement vulgarisées en Côte d’Ivoire sont créées par la recherche. Ce sont en général des variétés classiques à fibres de longueur moyenne. Leurs caractériqutiques sont indiquées dans le tableau ci-dessous. Le coton ou l’or blanc est devenu à partir de 1959 le moteur du développement socio-économique de la zone des savanes de Côte d’Ivoire. Cultivé sur une superficie de 300 000 ha, le coton procure une part importante des ressources financières de plus de 200 000 paysans. Le cotonnier, Gossypium hirsutum, dicotylédone de la famille des malvacées, est une plante arbustive de 1 à 2 m de hauteur, pluriannuelle mais cultivée comme plante annuelle dont le fruit donne à maturité du coton graine. L’égrenage permet de séparer la fibre et la graine, deux produits du cotonnier. Elles sont adaptées aux conditions pédoclimatiques ivoiriennes et répondent aux exigences du marché mondial concernant la qualité des fibres et des graines de coton . Le CNRA fournit les semences de base aux sociétés cotonnières qui les multiplient chez les paysans semenciers. Son cycle de développement du semis à la récolte varie, selon les variétés, des les zones agro-écologiques et des dates de semis, entre 150 et 175 jours. Capsules ouvertes d’une variété améliorée de cotonnier Caractéristiques de quelques variétés de coton vulgarisées Nom de Cycle(1) la variété (jours) Morphologie plante Capsule et graine Agronomie Productivité Égrenage Technologie fibre (2) Maturité (HVI) R 405-98 152 Taille moyenne Végétation aérée Capsule moyenne Graine petite à moyenne Précocité moyenne Pilosité moyenne Très bonne Taux fibre 44,6% Seed index 8,1 g Longueur 29,2 mm Ténacité 23 g/tex W 448-A 120 Taille élevée Végétation aérée Grosse capsule Grosse graine Précocité bonne Pilosité bonne Bonne Taux fibre 47% Seed index 8,7 g Longueur 28,5 mm Ténacité 29,8 g/tex 90 % W 460-A 120 Taille élevée Végétation aérée Grosse capsule Grosse graine Précocité moyenne Pilosité moyenne Bonne Taux fibre 46% Seed index 8,1 g Longueur 28,8 mm Ténacité 29,0 g/tex 89 % W 471-A 115 Taille élevée Végétation aérée Grosse capsule Grosse graine Précocité bonne Pilosité moyenne Très bonne Taux fibre 46,7% Seed index 8,4 g Longueur 29,5 mm Ténacité 31,3 g/tex 87 % W 766-A 120 Taille élevée Végétation aérée Capsule moyenne Grosse graine Précocité bonne Pilosité moyenne Bonne Taux fibre 45,8% Seed index 7,9 g Longueur 29,7 mm Ténacité 30,5 g/tex 89 % Très bonne Taux fibre 46% Seed index 8,1 g Longueur 30,4 mm Taille moyenne X 442-A 122 Végétation dense (1) durée levée - 1e capsule ouverte Capsule moyenne Précocité moyenne à grosse Graine moyenne à Pilosité forte grosse 90 % Ténacité 30,7 g/tex (2) Longueur de la fibre mesurée au fibro et ténacité mesurée au stélo Bien produire du coton en Côte d’Ivoire Mise en place Zones de culture Voir la carte ci-dessous. Dispositif, densité et date de semis Le semis est réalisé à plat ou sur billons. KORHOGO Dispositif de semis Semis manuel Zones de culture du coton Interlignes : 80 cm ; distance entre poquets : 20 à 30 cm BOUAKE Mettre 4 à 6 graines par poquet (semences non délintées) ou 3 à 5 graines par poquet (semences délintées) et plus si le taux de germination est inférieur à 75%. ABIDJAN Semis au semoir Choix du matériel végétal Se procurer des semences de très bonne qualité germinative, de préférence issues des premières récoltes et des semis précoces. Préférer les semences dont le taux de germination est au minimum de 80 % pour les semences délintées (sans duvet) et de 75 % pour les semences non délintées. Traiter les semences (au moment du stockage ou du semis) avec un insecticide ou un mélange insecticide + fongicide. Prévoir 30 à 35 kg de semences non délintées ou 15 à 20 kg de semences délintées par hectare. Interlignes : 80 cm ; régler le semoir pour déposer 2 à 3 graines délintées tous les 10 cm. Enfouir les graines à 3 - 5 cm de profondeur ou les recouvrir de terre. Le jour du semis ou au plus tard le lendemain, traiter le champ avec un herbicide de pré-levée. Date de semis Respecter les dates de semis recommandées : zone Nord : 20 mai au 30 juin ; zone Sud : 01 juin au 10 juillet. Semer sur sol humide, de préférence après une pluie. avec un herbicide de pré-levée. Densité de semis Choix du terrain Préférer les sols gravillonnaires profonds, drainant bien. Eviter les zones hydromorphes, les sols sableux, les terrains à forte pente et les grands arbres. Eviter les parcelles à mauvaises herbes difficiles à maîtriser et les sols à fusariose. 5 à 10 jours après la levée, remplacer les graines qui n’ont pas levé. 10 à 20 jours après la levée, démarier en conservant 2 plants tous les 20 cm ou 1 plant tous les 10 cm pour ramener la densité à environ 125 000 plants par hectare. Préparation du sol Défricher le terrain; Eliminer les plantes par brûlis, par désherbage chimique ou manuel ou par gyrobroyage. En culture motorisée, Labourer à l'aide de charrue à socs ou à disques; pulvériser à l'aide d'un pulvériseur (à disques crénelés pour un sol lourd). En culture attelée, labourer à l'aide d'une charrue à socs ; passer un outil à dents (canadiennage); herser. En culture manuelle, faire le labour à la daba (binage). Préparation du sol Bien produire du coton en Côte d’Ivoire Entretien de la parcelle Désherbage Fertilisation Faire, si nécessaire, un premier désherbage 10 à 20 jours après levée : - manuel (sarclage), - chimique (apport d’un produit graminicide), - mécanique (à l’aide d’un outil à dents tracté par un animal ou un tracteur). Apporter 200 kg par hectare d’engrais de fond (NPKSB) après le labour et avant le pulvérisage, ou juste après le démariage, l’épandre le long de la ligne de semis à 5 cm des plants et le recouvrir. 40 à 45 jours après la levée, apporter 50 kg par hectare d’urée (l’épandre le long de la ligne de semis à environ 5 cm des plants). Buttage Faire un autre sarclage 30 à 45 jours après la levée. Faire un buttage ou un sarclo-buttage juste après l'apport de l'urée. Eventuellement, faire un sarclage complémentaire vers le 60ème jour Application d’un régulateur de croissance Sarclo-buttage En cas d'exubérance des plants (parcelles ayant reçu une fumure organique), appliquer un régulateur de croissance pour uniformiser la taille des cotonniers (le mélanger au second traitement insecticide. Ennemis de la culture Incidence économique des ravageurs En absence de traitement, les ravageurs induisent une baisse de production importante, environ 75% pour les semis postérieurs au 15 juillet et 50% pour les semis précoces. Les pertes de récolte croissent du NordOuest au Sud-Est de la Côte d’Ivoire. Insectes phyllophages Chenille enrouleuse Syllepte derogata des feuilles Manifestations souvent très ponctuelles dans les champs. Présence révélatrice d’un mauvais traitement du coton. Maladies Fusariose causée par le champignon Fusarium oxysporum. Lutte : traitements insecticides. Provoque le jaunissement puis le flétrissement des feuilles. Chenille arpenteuse Anomis flava Provoque une perforation du limbe des feuilles. Cette maladie est observée en milieu paysan dans les zones de Béoumi, Tiéningboué et Kounahiri. Se rencontre surtout au Nord. Les fortes infestations sont courantes ; dans ce cas, ne subsistent que les nervures des feuilles. Lutte préventive : nettoyer le matériel; faire une rotation culturale ; éviter le stress hydrique, une mauvaise fumure, les semis tardifs, etc. Virescence florale, maladie due à un virus qui rend les plants stériles. Dégât de chenille Son incidence économique dépend de la date où se produit la défoliation. Dégât de fusariose Transmise par un jasside, Orosius cellulosus, qui pique le jeune cotonnier ; les symptômes n’apparaissent que plus tard en juillet-août. De plus en plus fréquente dans la zone Nord. Les champs semés en mai et juin sont les plus affectés. Lutte : Traitement des semences avec un insecticide systémique Utilisation de variétés à forte pilosité. Lutte : traitements insecticides. Spodoptera littoralis Dépose des amas de plusieurs centaines d’œufs à la face inférieure des feuilles où les chenilles restent d’abord groupées après leur éclosion. Par la suite dispersion des chenilles qui peuvent entraîner une défoliation complète; les chenilles peuvent se nourrir également des organes fructifères. Bien produire du coton en Côte d’Ivoire Arthropodes piqueurs suceurs Chenilles des capsules et des boutons floraux Acarien Tarsonème Polyphagotarsonemus latus Chenilles épineuses Earias spp Développement des acariens à la face inférieure des feuilles. Earias biplaga favorisée par des conditions humides et Earias insulana par des conditions plus sèches. Provoquent des écimages très caractéristiques en début de saison et détruisent les organes fructiEarias logé dans fères. la tige Présentes dans l’ensemble de la zone cotonnière avec une prédilection au Sud. Provoque des déchirures des feuilles en « coup de couteau ». Se développe dans des conditions d’hygrométrie élevée et d’ensoleillement réduit. Dégâts dus aux acariens Régions à risques majeur : sud de la zone cotonnière, en particulier zone pré forestière . Lutte : traitements insecticides. Les fortes infestations sont généralement observées sur les semis précoces. Attaque les capsules ou les boutons floraux qui se fanent, se détachent du rameau qui les porte mais y restent suspendus par des fils de soie. Prédilection pour les zones sableuses. Plus présent dans l’extrême Nord de la Côte d’Ivoire. Lutte : application de produit acaricide à l’aide d’ appareils traitant avec un volume important de bouillie. Jasside Jacobiella fascialis Provoque des piqûres sur la face inférieure du limbe foliaire entraînant des déformations et un changement de coloration (jaunissement puis rougissement) de la feuille. Chenille de la capsule Helicoverpa armigera (ou Heliothis armigera) Dégât de Jasside Apparaît très tôt dans le cycle du cotonnier ; ses infestations surviennent tout au long de la campagne d’autant plus violemment que les pluies sont espacées et peu violentes. Insecte très sensible à la pilosité foliaire : les variétés créées en Côte d’Ivoire prennent en compte ce caractère variétal de tolérance. Puceron Aphis Gossypii Provoque de multiples piqûres affaiblissant la plante . Produit du miellat qui, dès l’ouverture des capsules, peut entraîner le collage des fibres en usine. Ver rouge Diparopsis watersi Pucerons et leurs dégâts Apparaît très tôt ; ses infestations surviennent tout au long du cycle du cotonnier. De nombreux insectes entomophages limitent les populations de pucerons en début de campagne ; en tenir compte dans les décisions d’intervention chimique. Infestations pouvant être dangereuses en début de cycle en cas de pluie insuffisante. Plus nombreux sur la ligne autour du 6° longitude Ouest. L’un des ravageurs les plus réguliers et les plus dangereux de la culture cotonnière. Les chenilles attaquent les boutons floraux, les fleurs et les capsules dont elles vident l’intérieur. Les premières infestations sont observées en juillet août, mais Helicoverpa armigera celles du début du mois d’octobre limitent de façon redoutable la production des semis tardifs. Les attaques sont d’autant plus fortes que les pluies sont espacées. Un mauvais traitement, une suppression ou même un retard peuvent avoir des conséquences irréparables dans le champ. Chenilles endocarpiques Ver rose Pectinophora gossypiella : L’attaque de la fleur se traduit par le symptôme caractéristique de « fleur en rosette ». Faux ver rose Cryptophlebia leucotreta d’importance majeure et susceptible de toucher toutes les dates de semis. Les dégâts, peu visibles durant la campagne, se manifestent par la présence d’un tortillon de substance mucilagineuse sécrétée au niveau du trou de pénétration de la chenille ou à l’ouverture des capsules. Capsule momifiée (chenille endocarpique). Bien produire du coton en Côte d’Ivoire Protection de la culture Lutte culturale Lutte chimique Faire un semis précoce pour éviter les attaques de certains ravageurs. Faire des semis groupés pour obtenir des champs homogènes et éviter le report des ravageurs d’un champ à l’autre. Détruire les pieds de cotonnier après la récolte. Eviter de cultiver le coton sur le même bloc pendant deux années successives. L’association de ces 2 dernières techniques permet de réduire le développement de la première génération des insectes du cotonnier (P. gossypiella ; D. watersi), de lutter contre la fusariose, ou d’éliminer directement les insectes présents dans les graines (P. gossypiella ; C. Leucotreta). Suivre un programme de 6 traitements à 14 jours d’intervalle Faire le premier traitement foliaire à partir du 45ème jour après la levée ; En cas d’attaques précoces d’altises, et particulièrement pour les variétés glandless, avancer la date du 1er traitement. En cas de fortes infestations entre les traitements, faire des traitements spécifiques à la demande . Il est interdit d'utiliser les produits à base de pyréthrinoïde avant le 10 août dans la zone cotonnière Nord avant le 20 août dans la zone cotonnière Sud Avant ces dates, utiliser des alternatives aux pyréthrinoïdes (endosulfan, profénofos, spinosad, indoxacarb, etc...). Après ces dates, utiliser les pyréthrinoïdes (cyperméthrine, deltamétrine, lambda-cyalothrine), en association avec un acaricide (dans les zones à acariose) ou en association avec un insecticide (dans les zones où il n’y a pas d’acariens). Dans les zones cotonnières nord, pour les deux derniers traitements (T5 et T6) associer des pyréthrinoïdes et des aleurodicides (diméthoate, acétamipride, etc.). Traitement chimique de la parcelle (appareil à piles) Dans les zones cotonnières sud, pour les deux derniers traitements (T5 et T6) associer des pyréthrinoïdes et des produits acaricides à dose faible (profénofos à 150 g/ha, chlorpyfoséthyl, triazophos, etc.). Récolte et activités post-récolte Récolte au champ Faire une récolte fractionnée (au moins 2 passages) : Stockage dans les silos Sécher et stocker le coton à l'abri de l'humidité et de la poussière dans un magasin propre, sec et bien aéré. La 1ère récolte à 50 % d'ouverture des capsules; Veiller à l’étanchéité du toit de la case servant de lieu de stockage. La 2ème récolte à 50 % d'ouverture des capsules restantes; Etaler le coton-graine sur une bâche et non à même le sol. La 3ème récolte à l'ouverture des capsules restantes. Récolter le coton sec ; éviter de récolter après une pluie ou tôt le matin à cause de la rosée; Activités post-récolte Sur les marchés Champ de coton Séparer le coton blanc et le coton d'autres couleurs. Grouper si possible le coton-graine en lots homogènes Protéger le coton-graine avec des grandes bâches pour éviter la poussière et la pluie. Utiliser des emballages en toîle (jute ou pagne), pas de sacs en plastique Transporter le coton graine au village. Arracher les pieds de cotonnier ou les gyrobroyer et les incorporer au sol.. Décembre 2005 Auteurs : Ochou Ochou Germain; Kouadio Niamien Norbert, Ouraga Yougo, Guessan Essoi, Touré Yaya, Téhia Kouakou Etienne Réalisation : Direction des programmes de recherche et de l’appui au développement - Direction des innovations et des systèmes d’information CNRA, 01 BP 1740 Abidjan 01, Côte d’Ivoire - Tél. : (225) 23 47 24 24 - E-mail : [email protected]