Capsulotomie sous arthroscopie et capsulite rétractile
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Capsulotomie sous arthroscopie et capsulite rétractile
COMMENT TRAITER UNE CAPSULITE RÉTRACTILE Capsulotomie sous arthroscopie et capsulite rétractile Indications et résultats Arthroscopic capsular release for adhesive capsulitis of the shoulder Indications and results ● L. Nové-Josserand* P o i n t s f o r t s ■ L’arthrolyse gléno-humérale chirurgicale avec capsulotomie sous arthroscopie est une intervention bien codifiée et fiable. ■ Dans le cadre de la capsulite idiopathique, elle permet d’obtenir de bons résultats, tant sur le plan subjectif que sur le plan objectif. ■ Sa fiabilité repose sur la sélection préopératoire des patients. ■ Dans le cadre de la capsulite idiopathique, l’indication est posée devant un échec du traitement médical à deux ans d’évolution et sans signes d’évolutivité sur l’IRM au gadolinium. Mots-clés : Capsulite - Arthrolyse - Arthroscopie - Capsulotomie. Keywords: Adhesive capsulitis - Capsular release - Arthroscopy - Capsulotomy. L a capsulite rétractile est une pathologie fréquente dont l’évolution, volontiers désespérante, est le plus souvent favorable avec le traitement médical. Cependant, devant la résistance au traitement médical après une évolution de plusieurs mois, l’indication d’arthrolyse chirurgicale peut se discuter devant l’importance du handicap. L’objet de cette étude est de rapporter le principe de cette intervention ainsi que ses résultats. * Clinique Sainte-Anne-Lumière, Lyon. 42 INDICATIONS À qui s’adresse la capsulotomie sous arthroscopie ? Pour notre part, cette intervention est indiquée devant la résistance de la pathologie au traitement médical, c’est-à-dire quand un patient présente une raideur douloureuse au-delà de deux ans d’évolution. La gêne est significative dans la vie quotidienne avec, en particulier, douleur nocturne, limitation sévère de la mobilité (élévation antérieure inférieure ou égale à 90 degrés, rotation externe nulle ou négative) induisant une impotence fonctionnelle et une impossibilité de reprise professionnelle. Ce handicap fonctionnel persistant peut être responsable de troubles de l’humeur. Les objectifs de la capsulotomie arthroscopique sont les suivants : ● Amélioration de la mobilité dans tous les secteurs. Il est difficile de promettre une récupération complète. Sur le plan subjectif, la satisfaction des patients existe même avec une récupération partielle. Est importante la récupération de la rotation externe (vie relationnelle), de la rotation interne (soin de soi) et de l’élévation antérieure. ● Diminution, voire disparition des douleurs, y compris nocturnes. Disparition de la sensation permanente d’étau. La disparition des douleurs est, en soi, un facteur de récupération de la mobilité, par facilitation du travail de rééducation et par diminution de l’appréhension douloureuse au moindre mouvement. Quand proposer la capsulotomie sous arthroscopie ? La capsulotomie arthroscopique est proposée devant l’absence d’évolutivité significative du processus pathologique, au-delà de deux ans. En pratique, nous avons choisi d’attendre deux ans d’évolution compte tenu de la durée d’évolution naturelle de la maladie qui peut spontanément atteindre 18 mois, voire plus. L’absence d’évolutivité de l’état clinique (mobilité-douleur) est appréciée sur deux examens cliniques à six mois d’intervalle. L’examen clinique s’appuie sur un bilan paraclinique comprenant outre des radiographies standard, une IRM avec injection périphérique de gadolinium. Cet examen permet la recherche de la prise de contraste de la synoviale gléno-humérale, en particulier antérieure dans le récessus sous-coracoïdien (effet scintigraphique de l’IRM). Ce rehaussement est le témoin de phénomènes inflammatoires synoviaux, traduisant une activité persistante de la capsulite. L’absence de rehaussement synovial permet d’affirmer le caractère La Lettre du Rhumatologue - n° 316 - novembre 2005 COMMENT TRAITER UNE CAPSULITE RÉTRACTILE non évolutif de la capsulite. En cas de doute, cet examen peut être répété à six mois d’intervalle. Le principe de l’indication chirurgicale est d’intervenir sur une épaule “refroidie”. PRINCIPE DE LA RÉALISATION DE LA CAPSULOTOMIE ARTHROSCOPIQUE L’arthroscopie facilite la réalisation de l’arthrolyse, en permettant une meilleure approche de l’articulation gléno-humérale. L’arthrolyse à ciel ouvert est techniquement plus difficile, plus délabrante sur le plan anatomique, souvent incomplète. Le principe de l’arthrolyse sous arthroscopie est de réaliser une capsulotomie périglénoïdienne au ras de la glène, de haut en bas. L’intervention commence par un test de la mobilité sous anesthésie générale. L’arthroscopie comporte d’abord une étape exploratoire à la recherche de pathologies associées. Elle permet de vérifier l’état des surfaces cartilagineuses, les insertions des tendons de la coiffe des rotateurs et l’absence de SLAP lésion significative. L’arthrolyse commence par la capsulotomie antérieure (section du ligament gléno-huméral moyen et inférieur) qui permet de récupérer la rotation externe coude au corps (RE1). Il existe souvent une fibrose épaisse au niveau du ligament gléno-huméral moyen, masquant le tendon du sous-scapulaire (figure 1). La résection de la totalité de cette fibrose est nécessaire à la récupération de la rotation externe (figure 2). La section du ligament coraco-huméral permet de récupérer la rotation externe, en particulier en abduction à 90 degrés (RE2). La capsulotomie postérieure permet de récupérer la rotation interne (inversion des points d’entrée de l’optique – antérieure – et de l’instrumentation – postérieure). La capsulotomie inférieure (section du ligament gléno-huméral inférieur) permet de récupérer l’élévation antérieure et l’abduction. La capsulotomie inférieure est difficile ; elle est faite préférentiellement au bistouri électrique, du fait de la proximité du nerf axillaire. La bursoscopie exploratoire est la règle. Le plus souvent dans cette étiologie, il n’est pas nécessaire de réaliser d’arthrolyse au sens propre du terme à ce niveau. L’intervention se termine par une manipulation douce qui permet de compléter la libération articulaire. Les mobilités sont alors de nouveau testées sous anesthésie générale. En fin d’intervention, le membre supérieur opéré est placé dans une attelle de repos, coude au corps, et la rééducation est débutée immédiatement. Dans les suites opératoires immédiates, un séjour en centre spécialisé de rééducation peut se justifier en fonction du contexte et du patient. RÉSULTATS ET DISCUSSION Les résultats de l’arthrolyse arthroscopique avec capsulotomie circonférentielle sont relativement homogènes dans la littérature. Sur le plan subjectif, la majorité des patients (plus de 80 %) sont satisfaits de l’intervention (1-4). Le score de Constant pondéré final varie de 85 % à 91 %, avec un gain moyen de 45 points (1, 2, 4). Il existe une amélioration significative du score douleur (p < 0,001) (4). Tous les secteurs de mobilité sont améliorés de façon significative (4), malgré une perte systématique entre les constatations peropératoires et le résultat final (tableau). Le diabète est reconnu comme un facteur péjoratif à l’égard du résultat final. L’association de gestes tels que l’acromioplastie ou un débridement tendineux n’apporte rien au résultat final (4). Reste à connaître le meilleur moment pour proposer ce geste chirurgical d’arthrolyse. Les résultats du symposium de la Société Française d’Arthroscopie sont en faveur d’une indication tardive, alors que la raideur est au premier plan (1). Les auteurs américains proposent une indication volontiers plus précoce, à partir du neuvième mois d’évolution, avec des résultats équivalents (1-3). Tableau. Résultats de l’arthrolyse arthroscopique sur la mobilité de l’épaule (4). Préopératoire Postopératoire Résultat final Élévation antérieure passive 99° 152° 144° Rotation externe 2 31° 73° 65° Rotation interne 2 24° 59° 56° Rotation externe 1 10° 51° 40° CONCLUSION L’arthrolyse chirurgicale avec capsulotomie sous arthroscopie est une intervention bien codifiée et fiable. Elle permet d’obtenir de bons résultats, sur les plans subjectif et objectif. Elle ne permet cependant pas de recouvrer la totalité des amplitudes articulaires dans tous les cas. Sa fiabilité repose sur la sélection préopératoire des patients. Pour nous, cette indication est posée devant une capsulite avec un échec du traitement médical à deux ans d’évolution et sans signes d’évolutivité sur l’IRM au gadolinium. ■ Bibliographie Figure 1. Vue arthroscopique de la partie antérieure de l’articulation gléno-humérale d’une patiente présentant une capsulite en “phase froide”. Le tendon supérieur du sousscapulaire est partiellement recouvert d’une fibrose exubérante (palpateur). Figure 2. Vue arthroscopique de la partie antérieure de l’articulation gléno-humérale d’une patiente après arthrolyse arthroscopique. Le tendon supérieur du sous-scapulaire est visible sur toute sa longueur. Il est individualisé du plan capsulaire et labral. La Lettre du Rhumatologue - n° 316 - novembre 2005 1. Berghs BM, Sole-Molins X, Bunker TD. Arthroscopic release of adhesive capsulitis. J Shoulder Elbow Surg 2004;13:180-5. 2. Jerosch J. 360 degrees arthroscopic capsular release in patients with adhesive capsulitis of the gleno-humeral joint – indication, surgical technique, results. Knee Surg Sports traumatol Arthrosc 2001;9:178-86. 3. Warner JJ, Allen A, Marks PH, Wong P. Arthroscopic release for chronique, refractory adhesive capsulitis of the shoulder. J Bone Joint Surg 1996;78A:1808-16. 4. Molé D, Walch G. Symposium de la Société Française d’Arthroscopie : les raideurs de l’épaule. Perspectives en arthroscopie, 140-51. 43