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SONS OF METAL
WEBZINE
50% Brutal, 50% Metal, 100% Passion
Grorr: un groupe « fourmidable »
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous
rendre à l’évidence: la scène metal française est
extrêmement riche en groupes prometteurs par
leur doigté et/ou par leur originalité. Sons Of
Metal a tenu a intéragir avec l’un d’entre eux,
Grorr, et c’est Bertrand (chant/guitare) qui a
accepté de nous en dire plus sur son dernier
album Anthill, mais également sur la vie des
fourmis.
SOM: Bonjour les gars. Vous commencez à avoir une certaine renommée mais
dans le cas où votre existence serait passée entre les mailles du filet pour
certains, nous feriez-vous l’’honneur de vous présenter?
Bertrand: Grorr est un groupe de Pau, dans le sud ouest de la France. Notre premier
album, Pravda est sorti en 2011. On peut qualifier, en simplifiant de prower métal
avec des petits bouts de prog dedans. Notre deuxième album, « Anthill », sorti en fin
2012, est un concept album qui évolue dans une sorte de death prog avec des
influences world music.
SOM: À l’’origine, vous aviez pour ambition de faire dans le metal purement
bête et méchant. Qu’’est-ce qui, finalement, vous a poussé à entrer dans un
registre plus « intello » sans vouloir être grossier?
B.:Je prends intello comme un compliment. Au départ, nous n’étions que deux dans
le groupe, Gaël et moi, et nous voulions juste nous faire plaisir. Avec l’arrivée de
Yoann à la basse, les morceaux ont évolué, et finalement, comme on écoute tous
beaucoup de styles différents qui vont bien au-delà du métal, assez logiquement, on
a tendu de plus en plus vers le « prog ». Ça ressemble vraiment à ce qu’on a tous
toujours eu envie de jouer.
SOM: « Pravda » affichait déjà une patte assez personnelle. Ne trouvez-vous
pas les termes « death » et « prog’’ » un peu réducteurs pour vous définir?
B.:C’est LA question piège ! Le côté progressif, on ne peut pas en douter. Nos
morceaux se développent sur des phases longues et sont la plupart du temps
dégagés des questions de couplet refrain. Par contre, quand on dit faire du métal,
comme pas mal de partie chants sont en « growl », on nous dit qu’on fait du death.
Et quand on dit faire du death, comme je chante souvent avec une voix claire, on
nous dit qu’on n’est pas assez violent… Comme en plus on intègre de nombreux
instruments traditionnelles dans notre dernier album « Anthill » ( de la cornemuse, de
la vieille à roue, des tablas etc…) il devient franchement difficile de nous définir… Au
final, comme on arrive à toucher des publics très divers, qui retirent de notre musique
des ressentis très différents, on peut dire que c’est à l’auditeur de dire ce qu’il
entend. Alors, tu entends quoi toi ? (et bien ma foi, j’entend…du Grorr!, ndlr)
SOM: Comment vous est venue l’’idée de concevoir un concept-album sur les
fourmis? Est-ce en référence à la trilogie de Bernard Werber ou est-ce
purement fortuit?
B.:Depuis le tout début, les histoires que nous racontons parlent d’insectes. Le but,
au final, n’est pas de faire un cours de biologie, mais d’utiliser les différents
caractères comme la base de fables traitant des êtres humains. Lorsque l’on a
envisagé de composer un concept album, l’histoire d’une fourmilière s’est imposée.
Les sociétés fourmis sont tellement diverses et intéressantes qu’on pouvait y plaquer
beaucoup de questions sur le genre humain. Et oui, je dois avouer avoir lu la trilogie
des fourmis il y a longtemps et c’est là qu’est né mon attrait pour les fourmis. Mais
pour « Anthill » j’ai fait toute une bibliographie sur le sujet pour nourrir notre histoire.
SOM: Si mes sources sont exactes, Loïc a rejoint la bande après la sortie de
Pravda. Avez-vous fait le tour de la Terre pour avoir eu envie de synthétiser
autant d’’instruments traditionnels?
B.:Alors, malheureusement, pour des questions de disponibilité, Loïc a dû nous
quitter. C’est un homme très très occupé, et caler Grorr dans son emploi du temps
s’est très vite révélé impossible. C’est donc Julien Gefflot, un multi-instrumentiste
assez incroyable, qui l’a remplacé aux claviers. Pour les parties « trad », l’inspiration
est venue assez naturellement de toutes les musiques traditionnelles que nous
écoutons (indienne, japonaise, iranienne, africaine etc…) et bien sûr, de musiques
de films. Et magie de la technologie, avec internet, on peut voir et entendre tout ce
qu’on veut sans prendre l’avion !
SOM: Pour ne pas avoir encore eu l’’occasion de vous voir sur scène, la
retranscription d’’un tel album est-elle aisée?
B.:En composant l’album avec Yoann, on s’est en permanence posé la question
« est-ce que telle ou telle partie est jouable en live ? ». Donc le passage de la
maquette à la réalité s’est passé sans trop de difficultés. Après, pour le public, il est
certain que quand on ne connaît pas le groupe, voir défiler un bloc de 45 minutes
sans réelle interruption peut être surprenant… Mais dans la majorité des cas, ça
marche bien.
SOM: La magnifique pochette de Anthill a été réalisée par la polonaise Karolina
Jedryczka, auteur de fresques pour le moins étranges. D’’où provient une telle
collaboration?
B.:Dès le départ, nous voulions un visuel qui sorte des sentiers battus. On s’est donc
mis en chasse d’un graphiste sur de nombreux sites internet. Karolina, une artiste
polonaise, faisait partie de ceux qui nous plaisaient le plus. Elle est capable de créer
autant des ambiances sombres que lumineuses en étant toujours à propos. On l’a
contactée par mail et elle a dit oui. On lui a décrit plus ou moins ce que l’on aimerait
et le résultat a dépassé toutes nos attentes dès le premier jet.
SOM: Bertrand semble accorder une certaine importance au chant clair. Êtesvous d’’accord pour dire qu’’il ne suffit pas de « beugler » dans un micro pour
chanter dans un groupe de metal dit « extreme »?
B.:Tout dépend de ton intention de départ. Certains groupes recherchent la violence
la plus extrême dans tous leurs morceaux. Ce n’est pas notre cas. Quand on
compose un morceau, on veut faire varier les intensités, les ambiances, et hurler
d’un bout à l’autre ne nous le permettrait pas. Les mélodies au chant, comme aux
claviers, sont d’autant plus importantes que nous concevons les guitares que comme
des instruments rythmiques… En plus, on reste persuadé que si l’on veut avoir une
partie vraiment ressentie comme « extrême », elle a beaucoup plus d’impact si elle
n’est pas déjà noyée dans un déchaînement de violence.
SOM: Un petit mot sur la scène metal française? Par exemple, êtes-vous
d’’accord pour dire que certains groupes n’’ont pas le succès qu’’ils méritent?
On ne peut vraiment pas dire le contraire. On a vu des groupes absolument géniaux
apparaître et disparaître sans avoir eu le dixième de reconnaissance qu’ils auraient
dû connaitre. Mais on a énormément de groupes de talents en France comme
Hacride ou Trepalium, et beaucoup de gens qui suent sang et eau pour le métal. Il y
a forcément un moment où ça va finir par se voir. De plus en plus de groupes signent
à l’étranger et ce n’est pas pour rien. Tant que les médias continueront de se
persuader que le métal est un style underground, on n’arrivera pas à grand-chose.
Mais gardons espoir mon ami !! Un jour Gorod passera sur Fun Radio !
SOM: Allez, une requête idiote pour conclure: pourriez-vous hurler à la face
des lecteurs de Sons of Metal que, sans aucune prétention, Anthill est un
album « fourmidable »?
B.:*Hum* * Hum* ANTHILL EST UN ALBOUM FOUUUUURMIDAAAAAABLE !! sans
aucune prétention bien sûr.
Bertrand (chant/guitare)